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Poèmes En vrac ! De Gérard Trougnou.

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1 Poèmes En vrac ! De Gérard Trougnou

2 Préface Témoin d’une époque tyrannisant les rêves, les désirs et les âmes, Gérard Trougnou apparaît comme le baladin des déroutes quotidiennes, des luttes pour respirer, des engagements pour tenir le coup. Vivante et puissante sa poésie va de la confidence au cri, de l’appel au chant, elle est émotion nue et vibrante, expression d’une urgence aussi réelle que la joie, la souffrance, la rage, dans une langue véhémente surgie des profondeurs du corps dont la résonance survit à l’état de sensibilité qui l’avait suggérée. Les titres sont révélateurs, de « La mort pour Pardon » à « La chanson d’un p’tit gas », des « Serres de la déchirure » aux « Verbiages de fin de siècle », la gouaille succède à la tendresse, la raillerie cache l’angoisse, le réel se mêle au rêve. Tantôt fougueuse révolte, style vif et coloré, parole drue et rugueuse à l’instar du Richepin de la "Chanson des Gueux " – ne craignant pas quelque audacieuse incursion dans la langue populaire- tantôt lyrique nostalgique, proche du " Pierrot " de Jules Laforgue, découragé devant les ironies cruelles du destin qui frappent les faibles, accablé devant la fatalité toute puissante, déçu par la vie dérisoire et impitoyable. Pour Gérard Trougnou, la poésie est la compagne favorite, libre, débordante de vie ; en habit de guerre ou de lumière elle est de tous les combats, défaite ou en lambeaux elle chante toujours, sensuelle, généreuse, elle seule sait consoler, et par temps de disette elle a toujours un cœur d’enfant. Nicole Durand

3 Avant et après-propos !... C’est dans l’adversité que l’on trouve ses amis !!! Alors merci à tous ceux qui, par leur mépris m’ont apporté un soutien dont ils ignorent la grandeur. Que les êtres qui, par leur crachat ont fortifié ma poésie, sachent combien je leur en suis reconnaissant, car aujourd’hui je leur prouve que je ne suis pas inférieur à eux. Tout être a en soi un domaine où il peut confondre l’autre. © Gérard Trougnou

4 Quand j’s’rai grand j’s’rai papa. Au cinéma on ira voir les films
A mes enfants Alexis et Grégory Quand j’s’rai grand J’s’rai papa Quand j’s’rai grand j’s’rai papa. Au cinéma on ira voir les films Qui font peur comme ça ! Il se blottira en mes bras. Et puis ! On ira dans les fêtes foraines Là où les manèges tournent ! Tournent ! Et puis on mangera des barbes à papa, Qui collent au nez parfois ! Quand j’s’rai papa, Et ben on rira, on pleur' ra ensemble, Car mon papa à moi il n’est jamais là ! Il fait des poésies au bout de la grande table, Il est loin dans les planètes, celles des poètes ! Et puis ! Moi aussi j’s’rai poète ! Parce qu’au fond, J’sais qu’mon papa y m’aime ! © Gérard Trougnou 06/1990

5 Au temps lointain J’avais sept ans et toutes les larmes de la terre.
Quand mes parents décidèrent de quitter la Porte de Choisy pour aller s’installer dans un pavillon du côté de Champigny-sur-Marne, non loin de Gégène et du petit Robinson, ces guinguettes qui ont fait danser nos grands-parents. Il est vrai que la mansarde où nous habitions rue Maurice Berteaux devenait étroite, en effet, comment pouvions-nous vivre à cinq dans une seule pièce ? Devenu adulte, je compris ce déménagement, mais enfant, je ne pouvais l’admettre. Quand je laissais à mille lieues derrière moi un instituteur (Mr Bansse) que j’aimais. La rupture fut immédiate, mon inconscient m’ordonna de cesser toute activité scolaire dés l’instant où je mis les pieds dans ma nouvelle école. Quand je devins l’habitué du fond de la classe. Souvent je me dirigeais à pas lents, sous le regard amusé des autres élèves vers le tableau noir. Le maître m’y interrogeait ! Pour ensuite me faire copier dix, vingt ou cinquante fois, selon son humeur, la leçon non apprise. Quand je guettais les minutes qui trop lentement défilaient, impatient d’ouïr la sonnerie qui annoncerait la récréation ou la fin de classe du soir. Ah ! Que d’heures ai-je passées à scruter les aiguilles de l’horloge rêvant aux billes et soldats de plomb que j’allais gagner. Si aujourd’hui le temps passe aussi vite qu’une Formule 1, en cette époque lointaine, il n’allait assurément pas à la vitesse d’un T.G.V. J’ai trente-sept ans de plus et parfois quelques larmes. Quand le film trop âgé de mon enfance surgit en ma mémoire et que j’y décèle quelques bribes de bonheur. J’ai la nostalgie de ce temps où l’envol d’un papillon m’émerveillait. © Gérard Trougnou

6 J’écris comme j’veux !... J’écris comme J’cause !
Ben oui ! J’aurais pu dire ben ouais ! Mais j’sais me t’nir, J’respecte mon public. J’écris comme J’cause et alors J’sais qu’j’ne fais pas dans la finesse C’est du brut, c’est du costaud N’en déplaise aux scribouillards Si j’ne fais pas dans la dentelle ! Mais il est d’autres, domaines Où j’peux les confondre ! Si j’écris comme J’cause C’n’est pas ma faute ! J’étais encore minos Quand qu’j’ai quitté la communale Pour d’venir plombard Vous voyez non seulement J’manie la plume Qu’j’nai pas dans l’cul Mais aussi la truelle et l’marteau Sans la faucille bien entendu ! J’ne suis pas né druide Même si mes vieux étaient gaulois Ca ne fait pas d’moi un arracheur de gui J’écris simplement d’la poésie ! J’écris comme J’cause Ben oui ! Et alors ! C’est du brut, c’est du costaud Si j’ne fais pas dans la finesse J’fais peut-être dans la tendresse !... © Gérard Trougnou

7 Pour croquer la tronche d’un piaf
Pastiche de Pour faire le portrait d’un oiseau De Jacques Prévert D’abord acheter une cage, une grosse cage Aux puces de préférence Une grosse cage pour un gros piaf ! Parce que cela fait plusieurs jours Que l’on n’a pas becté ! Donc acheter Quelque chose de primaire, quelque chose de laid Quelque chose d’inutile, pour un piaf, Parce qu’un piaf c’est con… Pourquoi faire dans la finesse ? ? ? Même pour un poème ! ! ! Placer ensuite la cage sur un résineux Dans un potager, dans un fourré ou un bosquet Où vous voulez ! C’que j’en dis ! C’est pour vous, moi j’m’en tape Je n’aime pas la bidoche Ensuite s’planquer derrière l’résineux ou autre, C’est vous qui voyez ! Attendre, sans jacter, sans broncher Attendre que l’piaf veuille bien s’décider A s’pointer. Attendre mais pas l’éternité Quand l’piaf s’pointe ! Dans la cage, refermer fissa la cage Ensuite le ram’ner dans sa piaule Faire bouillir de l’eau L’tremper d’dans pour l’dépouiller Puis l’mettre dans l’four, au moins une plombe Si l’piaf chante au bout d’une plombe C’est mauvais signe, signe qu’il est encore vivant Si l’piaf ne chante pas c’est bon signe Signe que l’on peut s’bâfrer Un dernier conseil Si l’putain d’piaf Ne vient pas dans la putain d’cage Oui ! Je sais putain c’est vulgaire Mais je n’ai pas trouvé mieux Donc ! Si l’piaf ne se pointe pas Allez chez l’commerçant du coin Acheter un p’tit poulet fermier C’est moins chiant Car déjà plumé et vidé Et si vous n’avez pas de thune Et bien volez-le ! © Gérard Trougnou

8 Je suis pervers J’aime les femmes en chair Je suis pervers J’ai mal à la tête Barman ! Une autre bière. Un coude sur le zinc Le verre à l’autre main Tranquillement je lève Celui-ci Et le porte à mes lèvres. Je suis pervers J’aime les femmes en chair Je suis pervers Et j’ai toujours mal à la tête Barman ! Encore une bière. A terre, j’y pose mon cul Et dans mon crâne tout s’bouscule J’y vois des femmes aux mains crochues Près d’mon porte-monnaie Pour un dernier tour de fête. Je suis pervers J’aime les femmes J’aime les femmes Tout explose dans ma tête Barman ! Amenez la civière. © Gérard Trougnou

9 Partir, revenir. Partir en des contrés lointaines puis revenir, avec un pied-bot ou borgne ou estropié je ne sais où ! Voila qui alimenterait un roman d’aventures. Revenir avec des tas de mensonges qui feraient saliver le lecteur. Chercheur d’or en Amazonie, éleveur de chèvres chez les Touaregs, poète militant en Irlande, mercenaire des bonnes causes. Partir à pied, à cheval, en voiture, en bateau, en avion, en train, en RER, en montgolfière, à mobylette, à trottinette, mais toujours avec le sac à dos. Revenir avec la petite vérole, revenir tel un Christ vieillissant prêchant la mauvaise parole. Oui ! Revenir tel un gourou (tiens cela me plairait et puis gourou rime avec Trougnou ça pourrait faire un petit poème sympa !...) donc ! Revenir avec des milliers d’adeptes à qui j’aurais rendu le cerveau mou. Revenir avec de nouveaux évangiles et je deviendrais le pape de tous les tarés de la terre. Partir et ne jamais revenir, me cacher tel un lâche pour ne plus être pollué par l’homme bien-pensant, aux discours vils, aux pensées destructrices. Homme réveille-toi ! Nul dogme n’est sacré, nul ne détient une vérité absolue. Brisons la chaîne des doctrines qui emprisonne notre esprit et par-delà notre liberté. © Gérard Trougnou

10 Dérisoire !... Les heures passent pareilles à elles-mêmes Les heures filent comme une vieille bergère Les heures coulent comme une rivière en colère Et je passe en ce siècle Ecoutant le tic! Tac! De l’horloge qui rend fou Tic! Tac! Tic! Tac! Guettant d’un œil sombre Les demains austères Espérant chaque jour Voir un futur de lumière Las du temps qui passe J’assoie ma conscience Sur un tas d’excréments Me confondant En ce nouvel espace Pour ne faire qu’un. Les heures passent, filent, coulent Aujourd’hui je sais J’appartiens au Monde. © Gérard Trougnou

11 C’est… C’est dans l’eau des rivières Que ton visage se reflète Et où mes pleurs se jettent C’est dans l’eau des torrents Que sont gravés les ans Et où se sculpte ma barbe blanche Je te dédie toutes mes larmes Comme des vagues de mer Se heurtant au récif de ton cœur. © Gérard Trougnou Deuil Et des siècles et des siècles Ont passé sur les rives du temps Abreuvant notre terre De la sève des ans Et perdu dans sa nasse Eros sur le Mont-Parnasse Titille la muse à l’encre noire Comme on porte le deuil ! De l’espoir. © Gérard Trougnou

12 Que regarde-t-il ? Il regarde le fleuve Qui traverse une ville De n’importe quel pays d’Europe L’Europe qui se trouve Sur le vieux continent Le vieux continent Qui se trouve sur la terre La terre qui se trouve Dans la galaxie La galaxie qui se trouve Dans l’Univers L’Univers que regarde Dieu. Et Dieu aperçoit l’homme L’homme sur le pont L’homme d’une grande tristesse L’homme penché Et se pose la question La fameuse question Que regarde l’homme sur le pont ? Oui ! En effet que regarde-t-il ? Si Dieu ne le sait pas ! Comment voulez-vous que je le sache. © Gérard Trougnou Sur un pont Quel pont ? Je ne sais pas moi ! N’importe quel pont Qui enjambe un fleuve Quel fleuve ? Je ne sais pas moi ! N’importe quel fleuve qui traverse une ville Quelle ville ? Je ne sais pas moi ! N’importe quelle ville D’un quelconque pays Quel pays ? Je ne sais pas moi ! N’importe quel pays D’Europe Quelle.... Oh ! Vous m’agacez ! Donc ! Sur un pont Un homme N’importe quel homme D’une grande tristesse Se penche et regarde le fleuve.

13 Et c’est l’bordel Qui m’prend vraiment la tête. Moi l’Esprit
Et c’est l’bordel Qui m’prend vraiment la tête ! Moi l’Esprit ! Moi l’Invisible Comment démolir ! Démolir mon père L’Homme mon créateur ? S’il disparaît j’disparais avec ! … C’est l’bordel ! C’est vraiment l’bordel ! Tout fout l’camp sur la Terre Plus rien ne m’émerveille Tout est couleur vermeille. Y aura donc jamais la paix Sur cette foutue planète ? © Gérard Trougnou C’est l’bordel ! Tout fout l’camp sur la Terre Et moi du fond de l’Univers Sur mon trône éternel Assis bien pépère J’vous r’garde faire la guerre Y a tant d’poussière Qu’j’vois plus l’bleu des mers ! Encore moins les hémisphères Y a pas d’quoi être fier ! Oui ! Y a pas d’quoi être fier D’avoir créé c’monde en galère J’ai un mal, un mal planétaire Qui est loin d’être éphémère ! C’est l’bordel ! Tout fout l’camp sur la Terre J’sais c’que j’vais faire Pour réparer mon erreur D’avoir créé l’homme Faire sauter la planète Et voir ! Voir ailleurs Voir si j’y suis Mais y a un blême

14 Nos amours Elles ont vécu ce qu’elles devaient vivre ! Fortifier nos cœurs pour de nouvelles moissons, humidifier nos chairs à plus soif ! Elles ont ouvert leurs terres, aux sillons où d’autres voyageurs hument leurs parfums et se perdent ! Sur l’arbre on a cueilli leurs fruits qui se tendaient dans le verger des passions. Avec volupté on a caressé leurs frondaisons et bu la sève, spiritueux magique où va la vie ! Ô terre fertile ! Combien de fois avons nous ensemencé ce sombre tombeau où s’égarer il est si bon ? Combien de fois encore irons-nous nous noyer en cette mer où nous sommes nés ? Autant de fois que l’aube se lèvera, nous irons boire à la fontaine de jouvence ! © Gérard Trougnou

15 Il y a bien longtemps... C’était, il y a bien longtemps. En un temps Où la paix régnait sur la terre. En un temps Où le verger de ses fleurs s’épanouissait. En un temps Où Eve nue s’éveillait. En un temps Où Adam nu s’étirait, Et tous deux eurent faim, Une faim de pomme ! Alors, ils consommèrent le fruit interdit... Et depuis ce jour le monde fut damné. Qui inventa une telle histoire, Où l’amour de deux êtres était à bannir ? Certainement un eunuque... © Gérard Trougnou

16 Le Corbac et le Combinard Merci
Monsieur De La Fontaine Un Corbac sur un arbre planqué T’nait entre ses crocs Un comac frodogome. Renard le combinard Qui n’avait pas becté S’radina en loucedé Pour lui chouraver. - Eh ! Salut mon pote ! J’n’avais pas vu qu’t’étais si bath !!! Et si balancé... A ces vannes Le corbac n’s’sentit plus Et pour mieux jacter Lâcha son calendosse. Ah ! Ah ! J’t’ai eu tête de nave Avec mon baratin Et v’la un coulant Qu’mon estomac Appréciera ! Le Corbac d’vint écarlate Et pour pas perdre les pédales Répondit : - J’m’en tape ce fromgis avait des bloches. Moralité: Tout mecton qui veut point faire de bourdes F’rait mieux d’gamberger avant d’la ram’ner. © Gérard Trougnou La Pouffe et la Nase Parodie de La Cigale et la Fourmi de Jean De La Fontaine Une Pouffe ayant braillé tout l’été S’trouva sans rien à becter Quand l’froid fut v’nu. La Pouffe pas dégonflée Alla mendier (quel culot !) Chez la Nase d’à coté La quémandant Quelque reste pour bouffer "J’te casquerai, lui jacte t-elle, Avant l'été, foi, d’ Pétasse Agios et capital. " Manque de pot ! La Nase est une Pleure-misère : C'est bien là sa tare. Que faisais tu à la canicule ? Gloussa t-elle à cette emmerdeuse. - Du crépuscule à l’aube Je gazouillais, ne vous contrarie. - Vous gazouilliez ? Vous gueuliez oui ! .Eh bien ! Gesticulez maintenant. © Gérard Trougnou

17 Blessure Au lever du soleil
Dans le tombeau froid et obscur De ma blessure, ma déchirure J’aime boire la sève, le suc Comme un nectar de luxure, Comme une goutte de rosée Un matin d’automne lézardé De brume. Encor me nicher Là d’où je viens, où j’aime aller. © Gérard Trougnou Au lever du soleil J’aime prendre le chemin Qui sent bon l’apathie du matin Ce chemin d’où je viens Me voit chaque fois de bon teint Car c'est à sa claire fontaine Que j’aime me ressourcer Quant à l’aurore je vais baiser Quelque fraîche goutte de rosée Au buisson ardent des voluptés. © Gérard Trougnou

18 Je n’ai plus rien à vous offrir
Je n’ai plus rien à vous offrir Que ma présence misérable, Mon esprit méprisable, Et mes maux en délires. Je n’ai plus rien à vous offrir Que des vocables ordinaires ! Qui de mon gosier vocifèrent ! Des métaphores infertiles. Je n’ai plus rien à vous offrir Que des mots sur le papier ! En forme de larmes, de rires, Qui me servent à noircir la vie ! Je n’ai plus rien à vous offrir Au seuil de la vieillesse Que différents souvenirs En fragments de jeunesse ! Je n’ai plus rien à vous offrir Au soir de ma pauvre fin Que mes vieux os en déclin Qui ne peuvent vous séduire ! © Gérard Trougnou On aurait pu encor s’aimer Tu aurais pu prendre encor ma main, On aurait pu boire du mauvais vin, Qui donne aux amants un air coquin, Où baguenaudent les plaisirs anciens. Tu aurais pu dire des mots anodins, On se serait dit des mots enfantins, Qui limpides vont ressourcer les chagrins, Où se perdent les vers en leurs écrins. Tu aurais pu pour un dernier office, Me donner m’offrir cette cicatrice, Où explosent mille feux d’artifice. Tu aurais pu prendre encor ma main, Mais ! Mais l’amour s’est drapé de satin, Dans le tombeau des jours sans lendemain. © Gérard Trougnou

19 Je crèv’rai c’est sûr ! Je crèverai avant d’être grand père
Je les f’rai pas chier avec mes guerres Celles que l’on raconte sans complexe Pour des vieux cons et leur morale malsaine. Avant ! Avant d’avoir les cheveux gris Avant ! Avant de dire des conneries Et qu’dans ma tête, déraille mon esprit. J’ crèv’rai c’est sûr ! En pleine jeunesse D’un bel éclatement de la cervelle Ou p’t’être d’avoir trop fait la vaisselle. Sûrement d’une maladie vénérienne Ou empalé sur un vélo sans selle Et c’est normal, je suis homosexuel. La tête dans le caniveau d’l’oubli Pareil à l’homme bête et lubrique Ou alors de coliques néphrétiques. Et tant que j’vivrai, ne vous en déplaise J’écrirai, j’écrirai que j’crèverai Comme un vulgaire ver de terre. © Gérard Trougnou

20 Inventaire Pour une poubelle Un ordinateur Un pot de moutarde mi-forte Une boîte de sel extra fin iodé Un thé à la framboise Un pain de campagne coupé Un fromage de chèvre Et un aïl et fines herbes Une corbeille de fruits Une paires de lunettes Une ronde Qui donne l’air intello Une télécommande câble Une télécommande télévision Télécommandes pour s'ramollir le cerveau Un tube de colle pas à snifer Deux petites cuillères Deux verres Un reste de rien Un rien inutile Un boîte de cure-dents en bois Un programme câble et satellite Un sirop Fluisédal Une boîte d’Ultra-levure Une bouteille d’eau de deux litres Un paquet de Gauloise Un paquet d’ Royale menthol Une boîte de disquettes Un appareil Olympus numérique Une revue poétique Une atmosphère sordide Un reste de rien Un rien inutile Et moi et moi et moi…. © Gérard Trougnou

21 Un homme chien A Robert Desnos Juin 1987 Un chien seul dans la nuit hurlait Au visage morne d’la citadelle Tandis qu’une lumière balayait Le baraqu’ment d’tôle ondulée. Un chien seul dans la nuit hurlait Au regard fou de la sentinelle Tandis qu’la neige se tapissait Dans l’silence froid de l’hiver. Un chien seul dans la nuit hurlait Au rire sinistre du criminel Tandis que des soldats rythmaient De sombres cantiques mauvais. Un chien seul dans la nuit hurlait Aux yeux lumineux du tortionnaire Tandis que le jour se levait L’Humain en terre on portait © Gérard Trougnou

22 Ah ! L’amour L’amour c’est ! Des larmes parfois Des larmes de soie Qui saignent les cœurs D’ignoble douleur ! L’amour c’est ! Des larmes amères Des larmes acerbes Qui creusent la terre De boueuses ornières ! L’amour, c’est une charogne Pleine d’exhalaisons Qui nous, nous ronge l’âme ! © Gérard Trougnou A la passante Sur les rives de l’espérance Sur les coteaux de transhumance Une rose aux épines moqueuses S’est faite un jour lumineuse. Ô clarté, aliment mystique Amour infini et tragique Qui porte en son sein trémière Toute la rime du trouvère. Chemin de croix aux braises ardentes Lève le glaive et pourfends Les cieux de nos maladies Sur la scène de nos comédies ! Enfant, Pierrot et Arlequin Ecoute ! Ecoutez le matin Que chantent les cœurs qui saignent Ils vous seront peut-être des bienfaits. © Gérard Trougnou

23 Belle d’un jour Sous mes mains hasardeuses Indolente maîtresse Je vous sentis rêveuse A mes lentes caresses Ô combien affectueuses. Ô divine ivresse Où naquit la charmeuse Et où avec hardiesse J’allais en ma logeuse Déposer l’allégresse D’un désir amoureux. © Gérard Trougnou Prière Vieil amant Au sexe flou Envahit la chimère Envahit la camarde Charpente de flammes Momie de courage Vieil amant Au sexe mou Pénètre le néant Pénètre la mort Squelette infâme Ossature sans âme Où renaissent Nos cendres. © Gérard Trougnou

24 Fantasme A Une antillaise M.L.G Oh ! Madame quels sont ces seins Que ma bouche saurait saluer. Que mes mains sauraient caresser Dans un combat Olympien. Votre image m’a perverti Et c’est pour moi un martyre Acceptez cet élixir Je ne puis plus me contenir. M’abreuver dans le délire A la fontaine de vos cuisses, Goûtant au fruit exotique Il me semblera m’épanouir. © Gérard Trougnou

25 Paresse Je me souviens d’un temps lointain Où mon corps enlacé au tien, En une frénésie, non artificielle, Nous permettaient de paresser de longues heures. Et nous rêvions aux demains Qui seraient fait de sauvages aventures. Et nous fantasmions et nous nous enlacions A nouveau en des bruits de fureurs Et de râles afin de reposer nos corps Comblés et las de ces joutes enflammées. Ô ma jeunesse ô doux souvenirs, Je rêve encore de ta paresse Sur la couche où ondulaient les plaisirs Et où tu n’as goûté parfois Qu’aux bienfaits éphémères. Ô vieillesse ta paresse N’a plus les mêmes sens d’autrefois, Tu te courbes du fardeau des ans Et l’envie disparaît peu a peu Dans la nuit de tes yeux clos. © Gérard Trougnou

26 Par tous les temps (bis) Dans les prés, dans les champs (bis)
En la mémoire (Chanson) En un hameau de France Galope un enfant Par tous les temps (bis) Dans les prés, dans les champs (bis) Où sont passés Mon cahier d’écolier Mon livre d’histoire Et le tableau noir La table de bois L’encrier d’porcelaine Et son encre violette. Ma trousse de cuir Mes crayons bigarrés Et mon sac de billes Les gamins et leurs chahuts Le cancre et le lèche-cul Et mes soldats de plomb Où sont passés Henriette et Marcel Leur vieille maison Et son toit de chaume Ils sont tous en ma mémoire Je n’oublierai jamais l’histoire Du temps de mon enfance A Pommay petit hameau de France En un hameau de France Galope un enfant Par tous les temps (bis) Dans les prés, dans les champs (bis) © Gérard Trougnou

27 Peinture ou Poème intello !!!
Il y a Picasso Il y a le pic assiette Il y a le pic à glace, La glace dans le seau Et la Glace qui reflète les âmes D’amis absents, Les ans qui passent Et les passes de la prostituée Et le tué des champs de batailles Et l’ail du rosbif, Bifton du pauvre Et l’autre qui n’a rien à dire Direct à l’asile, île déserte Désertion du monde, onde d’amour Ourdir les cancrelats, las de la paix Paisible et fondre comme la glace Glace dans le seau Le sot pas si sot, qui saute la haie Pas Brigitte mais d’horreur Heure propice pour l’hospice Et les pissenlits, lit d’orgueil Deuil d’espoir, poire Williams Amante (où âme hante) mes nuits, Nuisible au temps Tant qu’il y aura des hommes, Omelette au lardon Don de soi, sois toi-même Même si le sot n’est pas celui qu’on croit Crois en toi. © Gérard Trougnou

28 En vrac ! Tout ou rien En un seul lot Mesdames, Messieurs ! Nous ne faisons pas dans le détail. A vendre Un compas à faire des ronds dans l'eau Un marteau à briser les nuages Une fourchette à coiffer Le clou d'un fakir homosexuel L'érection d'un Eunuque La main gauche d'un cul-de-jatte Le pied droit d'un manchot Les lunettes d'un sourd Le sonotone d'un aveugle L'ouïe d'un muet Un bout d'ongle du non-être. Les moissons de novembre Les vendanges de décembre Le Beaujolais d'avril La pâque de mai Le muguet d'août L'été de janvier L'hiver de juillet L'Automne de mars Des saisons insaisissables. Tout ou rien, je vous dis ! En un seul lot Mesdames, Messieurs ! Nous ne faisons pas dans le détail A vendre, une raison déraisonnée © Gérard Trougnou

29 Au secours ! J’accroche mes mains Au bar du désespoir Chante le juke-box A l’ivrogne solitaire Je me noie Dans un pastis aigre. Dans les nuits De débauche Aux aurores Je patauge Au gré du vent Impitoyable Qui hurle A l’impotent Que le chagrin S’efface Au fil des ans. Au bar des angoisses Sous la tonnelle je noie Ma tristesse Le cœur à l’ouvrage J’y construis l’ivresse Comme un appel De détresse. © Gérard Trougnou

30 La p’tit chanson Où est passée la p’tit chanson
Cell’que j’chantais dans la maison Quand j’étais qu’un p’tit garçon Qui n’apprenait pas ses leçons Dans le verger de mon père Les lilas sont flétris Et la belle perdrix A tire-d’aile s’est enfuie Vers d’autres pays (bis) Meunier si tu dors Près de la claire fontaine A l’ombre de l’Orme Ecoute le vent (bis) Et s’il pleut bergère Savoure les gouttes d’eaux En remplissant ton seau Pour ton cœur tari (bis) Pierrot est en peine Oui ! Pierrot de la lune A cassé sa plume A écrire trop de mots Pour son frère Jacques Et l’ami Dagobert Pierrot de la lune A rendu son cahier (bis) Sanglote mère Michèle Son chat s’en est allé Flairer les Colchiques dans les prés Ne pleure pas Jeannette Cadet Rousselle Est descendu en son jardin Y cueillir du romarin Et les roses couleur carmin (bis) Dans les prisons de Nantes La fille du geôlier A jamais s’est envolée Sur les marches du palais Le prince et la princesse On depuis longtemps expiré (bis) Où est passée la p’tit chanson ! Cell’que j’chantais dans la maison Quand j’étais qu’un petit garçon Qui n’apprenait pas ses leçons © Gérard Trougnou

31 Spectre La mort survole l’infini Entre les tombeaux de l’oubli Et monte jusqu’à leur père Les brumes pâles et amères. Les vagues faites de larmes S’échouent au lointain rivage Creusant sillages et remparts De dunes sculptées de marbre. © Gérard Trougnou Lorsque dormira Lorsque dormira mon âme damnée Au fond d’un crasseux caveau Et que la pluie en mon tombeau Bercera mes jours sacrés Je vous verrai barbouillée de Rimmel L’échine courbée sur ma demeure Implorant d’inutiles pardons Au pauvre poète rimailleur. © Gérard Trougnou

32 Mes cieux !!! Mes cieux ! Que je me courbasse ! A tous vos désirs. Que je m’aplatisse ! A tous vos fantasmes. Que je satisfasse ! Tous ! Tous vos plaisirs. Ne serait de votre part Qu’un rêve vil ! Mes cieux ! Sachez tout de même Que j’eusse aimé de votre part ! Recevoir une honnête caresse, Que j’eusse aimé je l’avoue Etre à cet instant à votre place. Pour savourer ce bienfait Qui vous fit maître. Mais sachez encore Que rien ne me fera, À vos pieds m’allonger Pour une place au soleil assurée. © Gérard Trougnou Purs impurs Il y a les purs Les croyants Les bonnes gens Ceux qui prient Et qui n’ont nul regard Pour les plus indigents ! Il y a les impurs Les mécréants Les mauvaises gens Ceux qui jamais ne prient Et qui donnent aux plus démunis Si Dieu est !… Des deux qui en est le plus près ? © Gérard Trougnou

33 Un homme dans la foule Un homme était parmi les hommes, égaré dans la foule des hommes. Ce soir j’écris l’histoire des hommes ! Avait-il crié à la foule des hommes et les hommes continuaient la marche des hommes. De marbre étaient les hommes et ils marchaient droit devant, et rien ne résistait à la foule des hommes pas même les murs de béton qu’ils avaient édifiés pour laisser une empreinte de leur passage, comme les chiens qui lèvent la patte le long des arbres pour marquer leur territoire. L’homme parmi les hommes, las, avait posé son arrière-train sur le premier banc venu et l’homme parmi les hommes regardait la foule des hommes passer dans leurs costumes trois-pièces-cravate, l’attaché-case à la main droite. La foule des hommes avait le même habit, avait la même cravate, avait le même attaché-case à la main droite. L’homme parmi les hommes en habit de guenille était triste, sa musette était vide, le regard sombre l’homme fixait la foule des hommes et pleurait. L’homme parmi les hommes soudain ! Se mit debout sur le banc et tel un orateur, il haranguait la foule des hommes mais les hommes restaient sourds à son vomissement verbal. Il hurlait, crachait des mots d’injures qui telles des légions sataniques semblaient sortir de la gueule d’un démon. Ses insultes ne touchaient pas les hommes qui imperturbables, continuaient leur marche. La foule des hommes ignorait l’homme sur le banc. Alors l’homme parmi les hommes leur parla d’amour, de liberté, de justice, de fraternité et de paix. Surprise ! La foule des hommes comme un seul homme stoppa son allure et tous les hommes tournèrent la tête d’un seul mouvement vers l’homme parmi les hommes. Un homme sortit de la foule des hommes, s’approcha de l’homme parmi les hommes, posa son attaché-case, fouilla dans sa poche revolver, en extrait un P38, ajusta son tir et un bruit sec retentit. L’homme parmi la foule des hommes s’écroula une balle dans la tête. L’homme sortit du rang, fit demi tour, rallia les siens, la marche des hommes pouvait se poursuivre. © Gérard Trougnou

34 Je ne sais plus, je ne sais plus !
Un soir Il est tard ce soir. Froid, chaud ! Ouvre, ferme ! La fenêtre ! Je ne sais plus, je ne sais plus ! Assis au bout de la grande table les mots s’inscrivent un à un. Mots qui se cherchent, s’entrechoquent, explosent comme des pétards ! Mots venus d’un lointain passé où encore spermatozoïde, je combattais mes congénères pour trouver la lumière. Sur le balcon un éléphant hurle à la mort !... Un fantôme se balance dans le rocking-chair ! Sous leurs couettes chaudement dorment les enfants. Dans le cendrier une clope se consume en soupirant c’est bon ! Souvenir d’une liaison ancienne qui me fait toujours de l’effet ! Relecture de poèmes, écrits par un adolescent attardé. Un chien fait ses courses au supermarché. Le Christ poing levé chante “La Jeune Garde” et les douze tiennent réunion sur l’Europe. Une grenouille aux commandes d’un ULM survole mon HLM J’ai bu mes savates et enfilé mon café. Sous le pont Mirabeau la Seine n’est plus, on y installe le chemin de fer. Baudelaire, Desnos, Vian jouent à la marelle et chacun d’eux a atteint le ciel et nous << Nous resterons sur la terre qui est quelquefois si jolie>> Il est deux heures du matin, le requiem Allemand de Brahms tourne en trente trois et me chatouille les sens. Juste le temps ! Le temps d’écrire pour être un souvenir, une ombre. Une ombre qui se cherche et qui jamais ne se trouvera ! Sauf peut-être lorsqu’elle sera une ombre parmi les ombres. Passé, présent, futur, mots qui ne s’accordent qu’avec les simples mortels. Car seuls les Poètes sont éternels. © Gérard Trougnou

35 Voyage posthume Elle avait fait son lit dans la Seine asséchée, elle regardait les péniches roulant sur la rive. Notre-Dame plantée sur le Pont des Arts sonnait le tocsin. C’était la Pâque du Jour de l’An, les troglodytes du Pont de l’Alma sortant de l’hibernation s’étiraient. L’instant était splendide, le littoral couvert d’œillets embaumait l’air. La bergerie de la rue des Martyrs se vidait, de toutes les fermes les loups partaient en transhumance, c’était la fête. Elle chantait des refrains anciens, sa longue chevelure noire cachait ses seins nus. Une légère brise parfois dégageait quelques mèches on y voyait apparaître un téton de lune noir. Ô doux automne de mai, nature berce de ton indolence le réveil de l’humanité. Le temps ne nous préoccupait pas, notre insouciance était égale à notre jeunesse et pourtant déjà au fond de nous l’amer avenir se faisait jour. Te souvient-il des autobus à plate-forme, on y grillait une cibiche été comme hiver et la chaînette du receveur ordonnant au conducteur le départ ? Te souvient-il du Cent Six qui, de Champigny-sur-Marne à Joinville le Pont, traversait le bois et terminait sa course au Château de Vincennes ? Nous partions dès l’aube, la nuit était encore sur les visages, le bus exhalait les parfums de mauvaise qualité, les bleus de travail étaient repassés, nous étions lundi. Te souvient-il des Dimanches, le pot-au-feu avait rempli nos ventres, les restes étaient servis dans la gamelle toute la semaine. Du marché des Citées Jardin, lieu de rendez-vous, on cherchait à gagner quelques sous en déchargeant les camions de leurs marchandises et on revenait sur les coups de treize heures, remballer ce qui n’avait pas été vendu. On repartait heureux d’avoir quelques Francs, nous faisions partie du monde des grands. Te souvient-il du chemin de la Mercière, du Ru en bas du champ, de l’itinéraire de l’école Albert Thomas, de la grande pente où l’hiver nous mettions à terre nos cartables qui nous servaient de luges, de l’horloge du temps qui trop lentement défilait au-dessus du tableau noir ? …/…

36 Te souvient-il du petit hameau en pays beauceron, de la passe à brebis où le berger menait son troupeau, de la classe avec les petits devant et les grands derrière, de Marie, André, Noël et les autres... D’Henriette et Marcel et de leur maison au toit de chaume ? Et puis vint l’heure de saluer le drapeau et puis vint l’heure de ressembler à ceux qui nous avaient élevés afin d’être grand !... Et puis vint l’heure à notre tour d’être parent. Éternel recommencement, d’un temps qui tourne... tourne... Te souvient-il de notre première rencontre, rue du Clos de Bourges, rien n’existait que son regard en ce soir de nouvel an tu l’as tenue en tes bras et depuis trente cinq ans elle dort près de toi. Vos enfants devenus grands ont largué les amarres et votre solitude s’amuse à vous rendre séniles. C’était en un temps oublié, quand la mémoire des hommes ne faisait pas défaut, aujourd’hui quelques bribes du passé remontent en surface comme des images voilées. Le Montparnasse n’est plus qu’un cratère où pleurent les défunts, quelques poètes de leur lyre chantent les vers de demain, gardiens du savoir ils ne savent plus. Les nations les plus clairvoyantes n’ont rien vu, aveugles de leur destinée, ils ont armé de grands vaisseaux et par delà les galaxies ils se sont perdus, ils errent en des lieux d’où nul n’est revenu. Elle avait fait son lit dans la Seine asséchée, elle regardait les péniches roulant sur la rive. Notre-Dame plantée sur le Pont des Arts sonnait le tocsin. C’était la Pâque du jour de l’an, les troglodytes du Pont de l’Alma sortant de l’hibernation s’étiraient. La Tour Eiffel enjambait la Manche, les pommiers donnaient leurs premières cerises. Elle était belle dans sa robe noire comme une veuve à éternité. Oui ! La mort était belle. © Gérard Trougnou

37 Le mangeux d’vin - J’parie qui tache sa ch’mise ? Dans l’bar
A Christian Gros Dans l’bar D’mon l’village Ousque j’habite Du souère au matin Vu qu’fait pus ren Qu’à bouère el bon vin Y a un gas qu’a pas l’air malin Mais il l’est coumme un singe On l’nomme Le mangeux d’vin. Oh ! Ne riez poins Bonne gens Car c’est du sérieux ! Quand il trempe dans son varre Son gatieau c’est l’silence Alentour du zinc ! Les hoummes l’r’gardent Tremper son gatieau Ben a lèse Il le lève Jusqu'à sa bouche Et ça dégouline ! Partout sus sa moustache - J’parie qui tache sa ch’mise ? Lance un étranger - Pari t’nu disent les habitués. Et ça dégouline ! Et le mangeux d’vin N’a poins taché sa ch’mise Mais l’étranger a pardu la sienne Etranger toi qui pass’ra Près du bar d’cheux nous Si tu as faim Passe ton ch’min Car A bouère Et à manger Y en a qu’dans l’fond’ varre Du mangeux d’vin. © Gérard Trougnou

38 Épithalame Depuis que l’on a décroché Le dénommé De Nerval
“ Au loin voguent les réverbères têtes nues “ Nabokov Depuis que l’on a décroché Le dénommé De Nerval Les réverbères sont nus. Ils s’étirent vers la lune Recherchant l’ectoplasme Qui chante les vers de l’allumeur. De Nerval, Poe, Gainsbarre Ont foutu l’camp sous l’bar Et sur les voies sidérales Ils skient sur le scandale Éructant l’outrage. Ils sont nus comme des vers Nus comme les réverbères De Nabo le Russe Kov !... Sur la voie lactée au lait amer Les réverbères ne sont pas nus mon cher ! Qui brille si haut ? Les poètes ! De leurs, éclats, ils ont habillé nos âmes Comme lacérées d’épigrammes. © Gérard Trougnou

39 Tu as bien fait de partir Arthur Rimbaud Ton petit val qui mousse de rayons N’est plus. Les hommes y ont bâti de hauts murs. Le veilleur du mal (Pastiche du Dormeur du Val) C’est un trou de béton où hurle la colère S’effritant tristement aux portes aux haillons Obscurs, où le soleil sur la ville fourmilière Ne luit, c’est une grande cité à l’abandon. Un homme jeune, pauvre, salement vêtu Et rugissant d’écume d’être miséreux, Veille. Raide, sous le froid battant ses mains nues, Blême, il cherche ce que le monde a de pieux. Les pieds sur le bitume, il rêve. Pleurant comme Pleurerait en habit noir la mère de l’enfant mort. Humain aidez-le à survivre : il exhorte L’exhalaison des nuits aux chemins des enfers, Vomissant les jurons de l’agonie des hommes. Il veille dans la haine, les poings dans le ciel. © Gérard Trougnou

40 Poème à ne pas dire Ah ! Comme j’aimerais Voir Rimbaud et Verlaine Travestis en brésilienne Tenir une conférence de presse Sur le S.I.D.A de notre siècle. Ah ! Comme j’aimerais Prendre la main de Baudelaire Pour ensemble rue Blondel Voir les putes les plus belles Qui ont les seins comme je les aime. Ah ! Comme j’aimerais Jouer au poker avec Villon Avec lui me saouler dans un vieux tripot, Et dégueuler l’ennui des mornes cités Pour avoir des histoires à raconter. © Gérard Trougnou

41 Discours Sur les perchoirs aux bonnes mœurs, Les scribouillards littérateurs Ont dans leurs poches des censures Qui débordent de vomissures. Ô race des Mandarinats, Maquilleurs hautains de l’histoire ! Comme ces dames du trottoir, Vous vivez de maquignonnage. Vous édifiez comme fossoyeurs, Les tombeaux blasphémateurs, Où tous vos doigts inquisiteurs Nous montrent toutes vos laideurs. Dans tous les hémicycles aveugles, L’exhalaison des orateurs Embaume pareils à des bâtisseurs, Nos crânes de morales veules. © Gérard Trougnou

42 Te Deum Les crimes les plus laids et les plus immondes, S’absolvent dans la prière en ce lieu, à genoux. Et demain de nouveau en ce lieu à genoux, Il priera encore pour l’éternel pardon. Et demain l’homme refera ce chemin, Crachant, écumant, les excréments prophétiques, Sur un monde condamné à la bouffonnerie. Alors autant sur vos crânes faire avant demain ! Doctrinal, épiscopal, cérémonial, Discours sacrés aux canons du désastre, Je vous injecte mon Sida avant l’ère posthume ! La flamme même du bûcher se refuse, A lécher toute cette vermine en peignoir. En enfer seul, se plantera le drapeau noir ! © Gérard Trougnou

43 Marin mon frère Entendez-vous l’écho du flux des errements
De la mer en ce coquillage esseulé ? Ecoutez, les vastes pleurs de l’océan, Où se berce un chant, cruellement pleurer ! Marins ensevelis, que de larmes versées Qui enfantent le cri des demains ténébreux Où les pêcheurs ont donné leurs âmes à Dieu ! Recommandez pour sereine éternité ! Deuils aux yeux embués et pourpres accueillies Aux crachats de haine sans cesse ravalée Pour leurs mers déchaînées, sans pitié à noyer ! Fils enfant de la côte, pour toujours prier ! De l’espoir volé en la vague emporté Scintille un cierge à jamais dans la nuit. © Gérard Trougnou

44 Ma gloire Te trouverai-je en un coin de ce monde, assise, paisible et la mine réjouie ? Te trouverai-je courbée au poids des douleurs, ou sanguinolente, ou encore au feu d’un quelconque bûcher ? Je te salue ! Mon agonie et je ris et je ris ! A ce temps d’ironie où l’écho des palabres en ma caisse de bois, à mon ouïe parviendra. Je te salue ! Mon ennemie toi qui versera d’impudiques larmes, au pied de ce marbre qui en la nuit de paix sera mon domaine. Je te salue ! Ô ma gloire en la mort trouvée. © Gérard Trougnou

45 Les copains ! Quand partiront les vieux copains, Je leur chant’rai les vieux refrains, Ceux de nos drapeaux d’espérance, Qui abolissaient la souffrance ! Quand partiront les vieux copains, Je leur clamerai les quatrains, Ceux de nos chants de délivrance, Qui amnistiaient l’intolérance !!! Quand partiront les vieux copains, Je leur cit’rai les mots d’airain, Ceux de nos pas de doléances, Qui sacrifiaient tant de romances ! Quand partiront les vieux copains, Ils sont partis les vieux copains, Sans se retourner. Un Dimanche, Triste comme la pluie sur la Manche ! © Gérard Trougnou

46 Pensées et autres sottises
La poésie est trop souvent inaccessible, Sauf ! Avec un escabeau de dix mètres. *** Le poète est-il utopiste? Heureux il est! Car lui seul encore, rêve. *** La poésie est le reflet d’images intérieures Du poète: Elle est à mourir de rire ou d’ennui. A vous de choisir! ... *** Etre où ne pas être ? Est-ce là la question ? Oui ! Etre ce que l’on est Non pas ce qu’ils Voudraient que l’on soit. *** La femme n’est pas inférieure à l’homme ! Car l’homme n’est pas supérieur à la femme ! (Ah ! c’est marrant !...) J’aime les femmes Elles me le rendent si mal (Ah ! c’est triste !...) …/… Le Penseur Auguste Rodin

47 Je trouve la jouissance dans le mal J’aime éjaculer mes larmes ! ***
N’arrachez pas les feuilles du vieux chêne Même pour achever vos poèmes. J’escaladerai la lune Comme une vielle salope Pleine ! Pleine de pustules Et les raboterai de ma varlope ! J’attends les vagues Sur le bitume de mes pas J’attends le lever de rideau Sur la scène de mes délires Aux bétons des villes mornes Les murs suintent la mort Aux dortoirs de la haine On meurt comme on naît © Gérard Trougnou Le Penseur Auguste Rodin

48 Calliope, muse de la poésie
Pour elle et par elle. Le temps a chassé les croquenots de l’hiver et nous avons chaussé les sandales de l’été. Le temps va cahin-caha son bonhomme de chemin, semant ça et là les graines du renouveau et le soleil fait germer en nos cœurs un avenir radieux. Ma plume aux froidures de l’hiver, s’était il est vrai quelque peu engourdie. Aux premières heures du Printemps les rayons du soleil ont réchauffé mon âme et comme réveillé après un long sommeil, je vais de nouveau graver sur la page les mots, les vers de cette poésie pour laquelle chaque fois je vibre. La poésie est une femme, forte et fragile, détestant et aimant la vie, hurlant de haine et d’amour. J’aime profondément cette féminité charmeuse, qui me le rend bien puisqu’elle apaise tant de maux en moi. Cette féminité qui me fait aimer la vie et qui me fait dire et écrire mille mots, me semble inépuisable tant sa source est profonde en mon esprit. J’aimerais la posséder chaque jour, chaque nuit, la sentir près de moi vingt-quatre heures sur vingt-quatre pour ne vivre que pour elle et par elle. - Ah ! Madame la poésie, le poète est quelque part un peu fou ! Se dit l’étranger. - Fou ! Certes mais fou d’elle ! Répond le poète © Gérard Trougnou Calliope, muse de la poésie

49 La mort pour pardon Je suis à toi, plus proche encore
Du fruit pourri que du Condor. Des cendres du feu que de l’or. Ecriture achevée de remords Saine comme un passeport Ouvrant l’astre de miséricorde Là où tous les saints dorment. Poussière d’étoiles rayonnantes Aux confins solaires des vents Pose ta froide main, au corps tombant. Drape du linceul comme ornement L’âme qui se veut humblement Etre ! Etre bénie des Saint Sacrements. © Gérard Trougnou

50 Epitaphe Et la mer aux vagues amères Bercera les chants du poète Et le vent versera ses larmes Sur la niche du chien Au clair d’une lune imparfaite Comme un ver disgracieux ! Criant sa déroute aux pieds bétonnés D’une épitaphe malheureuse On lira : Ci-gît Poète inconnu. © Gérard Trougnou

51 Quand la pendule aura cessé de battre
Je reviendrai usé, le dos courbé, Vous conter l’homme qu’il voulut être. Je reviendrai de ce pas lent de la vieillesse, Comme l’émotion qui ne trouve plus ses mots. Je reviendrai un jour peut-être !... Je reviendrai de ces lointaines lunes Qui sourient entre les soleils. Je reviendrai vous narrer le long chemin Des hommes qui ne sont pas encore nés. Je reviendrai un jour peut-être !... © Gérard Trougnou

52 Mon Panthéon © Gérard Trougnou
Aux petits hommes la patrie mécontente Au Panthéon des cons J’irai comme les autres Allongé sur le dos Les yeux fermés au monde Je veux une seule chanson Celle d’Aragon Le Réséda et la Rose. J’ai inversé le titre Pour vous donner la rime Mais est-ce que cela suffit Pour trouver mon poème sublime Quelle importance cela a-t-il Je serai bouffé par la vermine J’aurai alors triste mine. La Rose et le Réséda Je ne veux que celle-là A l’heure de mon trépas Je serai alors respectable Enfermé dans la cage Pour l’ultime croisade Au Panthéon des cons. © Gérard Trougnou

53 Fin


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