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Comment se fâcher avec 60 millions de personnes, en un bouquin…

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Présentation au sujet: "Comment se fâcher avec 60 millions de personnes, en un bouquin…"— Transcription de la présentation:

1 Comment se fâcher avec 60 millions de personnes, en un bouquin…
En cherchant un titre à ce qui suit, il en est un chouette qui me soit venu. « Pensées ». C’était sobre, un rien prétentieux, mais ça en imposait. Las, un certain Pascal l’avait déjà utilisé. Si, si, on me l’a certifié. Privé de ce laconisme, pourtant bien pratique parce qu’évocateur, j’ai songé un moment à « coup de gueule ». C’était pas mal non plus. Moins classe bien sûr, mais dynamique, agressif. Et bien vous ne le croirez pas, Monsieur Cavanna l’a pris avant moi. Face à cette conspiration, j’ai décidé de me fâcher une bonne fois avec tout le monde. En conséquence, je baptiserai ce qui suit ainsi : « Comment se fâcher avec 60 millions de personnes, en un bouquin… » (je mets des pointillés, j’aime bien). J’ambitionne donc de me brouiller, devant vous, avec l’essentiel de la population française, soit environ soixante millions de personnes. Et ce, en quelques pages. (Note à ceux, il en est peut-être, que mes écrits ne mettraient pas en colère : « dites le moi, on se sent parfois si seul… ») Le pari est osé. Prétentieux peut-être. Pourtant à bien y réfléchir, cela ne devrait pas être si difficile. Je gage même qu’une simple énumération de mes goûts, de mes idées devrait suffire. Alors voilà, muni de ce beau titre, j’ai choisi un mode de fonctionnement connu de tous, celui du dictionnaire. Un mot clef, et juste dessous, bien bien rangé, mes élucubrations. C’est simple, pratique d’emploi, et depuis longtemps la méthode a fait ses preuves (Voir Larousse, Robert, Desproges avec son Dictionnaire superflu…) Vous me pardonnerez ce manque de modestie. Je ne prétend égaler ni l’ennuie à la lecture du dictionnaire, ni le bonheur de lire Monsieur Desproges. Alors voila, je me lance. 1

2 Apartheid... 2 Beurk. Quelle horreur ! Les salauds !
Beurk. Quelle horreur ! Les salauds ! Dans le monde, les grandes « démocraties » ont fait pression, et se sont réjouies. Même aux Etats Unis ! Même dans ce pays, le plus riche du globe, le plus grand gaspilleur de la planète, où les trois quarts des noirs vivent sous le seuil de pauvreté. Dans ce pays de l’apartheid hypocrite ont affiche une grande satisfaction face à la disparition du régime des blancs fachos d’Afrique du Sud. Même la Suisse s’est dite heureuse de ce passage pacifique vers un état d’égalité des droits entre noirs africains et afrikaners. Même la Suisse... En France, pays des droits de l’homme, la population se satisfait aussi de cette progression démocratique en Afrique. Tous, unanimement, les bonnes gens avaient condamné cette abomination. D’un même élan, de Passy à Gennevilliers, de Neuilly aux Minguettes, la condamnation est tombée. Pourtant la réjouissance n’est pas de mise. Nous admettons une société ségrégationniste sur notre propre sole. Saviez-vous qu’à niveau de compétence égale il est quatre fois plus difficile pour un français qui ne soit pas de souche de trouver du travail ? Cette situation, notre apartheid hexagonal commence dés l’école. En admettant qu’existe une école privée, à laquelle je refuse l’appellation de « libre », l’état permet que le bon peuple puisse séparer sa progéniture de celle peu fréquentable de son voisin de quartier. Par l’argent, en douceur, la société a créer des domaines d’exceptions. On monte en première classe pour ne pas être dérangé par la présence de son populeux et populaire semblable. On tolère des établissement à « tenue correcte exigée »… Le fric assure en France une ségrégation, non entre blancs et noirs, mais entre riches et pauvres. Mais qu’importe au fond, puisque le peuple s’en accommode. Il s’en accommode d’ailleurs d’autant mieux qu’il garde chaque fois le secret espoir, même au fond de sa plus crasse misère, qu’un jour viendra où lui aussi montera en première classe… Avec les Toubabs. 2

3 Archange... 3 Après-midi d’un janvier.
Après-midi d’un janvier. Théâtre magique du monde urbain pour qui veut voir, le RER referme ses portes. Le privilégier que je suis termine tôt sa journée de labeur. Une banquette m’invite, je vais pouvoir me plonger dans mon bouquin et oublier le spectacle ambiant pour retrouver l’Europe carolingienne de Cavanna. Première ligne. Premier sourire. Première jubilation. Pourtant mon esprit n’est pas à ce point absorbé qu’il n’entende la mélopée légère qui vient de s’élever dans le wagon. Je lève les yeux et cherche curieux l’origine de cette musique. Mon regard s’accompagne de deux réflexions presque simultanées. « Tiens, ils se sont enfin décidés à diffuser de la musique sur les rames... » « Tiens, l’Ave Maria » Pourtant si la musique est bien là, douce, enveloppante, je n’en trouve pas la source. Nul haut-parleur, qui d’ailleurs eut été certainement un poil nasillard. Je reste dubitatif... Et finalement je remet le nez dans mon roman. Je profite de cette douce interprétation, de ces phrases musicales lentement et joliment reprisent, sans cesse. Pardonne-moi Cavanna, je fais semblant de lire, j’écoute. Un mouvement de tête de quelques autres passagers assis en face de moi trouble ma vision périphérique et éveille ma curiosité. D’autre que moi se dandinent pour découvrir le visage de cette harmonie à une clarinette. Je pivote sur mon séant. Je cherche entre les ombres debout. Un soleil franc, réconfortant, darde le wagon et le ciel de cette après-midi bleue d’hiver, échantillon d’un printemps encore si loin. Les ombres se sont faites humaines, mais non, toujours rien. Aucune ne peut être suspectée d’être à l’origine de l’enchantement qui nous berce depuis un moment. Entrée en gare. Mouvement de foule. On descend plus qu’on ne monte ici, et... Et lui. Lui, dans un rayon de soleil, être magique et irréelle. Il est blond, porte une courte barbe, de celle qui enveloppe la bouche, que l’on nomme couramment bouc. Sa grande silhouette mince est courbée sur l’instrument. Il garde les yeux presque constamment fermés. Il communie. 3

4 Sa clarinette n’est plus une clarinette, elle est le prolongement harmonieux de son corps.
Nimbés de lumière, elle est de chrome et de bois sombre, il est blond, vêtu de noir. La lumière sur lui comme sur elle s’accroche comme hypnotisée, charmée. De sa musique, il enveloppe toute la voiture. Tout le wagon devient lui en cet instant magique. C’est une grand messe donnée en l’honneur de la beauté. Un hymne au simple et au formidable éclate doucement ici. Après midi d’un janvier. J’ai rencontré un archange. Il jouait de la clarinette. 4

5  Archéologie... Comme ils seront étonnés les archéologues des siècles à venir. Ils auront à leur disposition la formidable somme de documents que leur aura laissé notre monde de communication. En se penchant sur les archives filmées, en parcourant nos journaux, en relisant nos romans, en découvrant nos modes de pensées, ils pénétreront notre civilisation. Ils comprendront notre mode d’organisation. Ils contempleront notre société de l’éphémère. Cette société dans laquelle les objets sont conçus pour ne surtout pas durer. Ils s’étonneront certainement de la mode. Ce concept si particulier, qui fait qu’on peut être très prisé un jour et complètement obsolète le lendemain. Forts de ces observations, ces archéologues des années 6000, citoyens du monde enfin uni de demain, se poseront des questions. Ils seront sans doute troublés par l’inégalité qui caractérisait le monde de leurs ancêtres. Ils auront certainement du mal à comprendre, comment leurs ancêtres si lointains pouvaient, sans en perdre le sommeil, se vautrer dans le luxe et l’abondance à quelques kilomètres de peuples noyés de misères. Ils resteront sans voix face à l’aberration de notre système, qui laisse les uns s’abrutir de travail et les autres se suicider du sentiment désespéré de leur inutilité sociale. La fascination les prendra quand ils auront compris l’incompréhensible. Ils auront regardé leurs aïeux, ces gens capables de voyager vers l’espace et de guérir la plupart des maladies, tolérant que meurent des enfants victime de tuberculose et négligeant le plus élémentaire instinct de préservation, l’amour qui devrait unir les peuples. Ils riront. Puis, ils pleureront. 5

6 Bête… 6 La bête est sournoise.
La bête est sournoise. Tapie, presque invisible, elle attend son heure. Elle est patiente. Diaboliquement patiente. Elle sait que notre vigilance n’est pas parfaite. Que notre nature nous conduit à la colère et à la violence. Que notre paresse nous porte à nous satisfaire de notre ignorance. Opiniâtre, la bête guette notre faiblesse. Elle peut se terrer longtemps. Se faire oublier, au point que comme le dragon, on la puisse croire créature de légende. Pourtant toujours, toujours elle reparaît. Tôt ou tard, notre attention se relâche. Vaincue par la banalisation qu’apportent les ans et nos médias, notre défiance devient méfiance, puis habitude. Alors elle surgit. La bête immonde à nouveau s’installe, et comme chaque fois après son long sommeil, elle a soif. Soif de haine et de sang. Et elle a tôt fait de s’abreuver, exacerbant dans ses libations le racisme, la haine et la violence qui l’ont ressuscitée. Contre elle, le combat ne peut jamais finir. Presque anéantie, exsangue, c’est à ce moment qu’elle est la plus forte, car le chasseur reprend confiance et baisse sa garde. Nous aurions envie d’un peu de repos, besoin de paix, dans un monde juste et bon, mais toujours nous devrons être en alerte… Ou tomber sous son joug. 6

7 Brel… On appellera ça dévotion de midinette, délire de « groupie » ou encore soupires d’adolescent attardé. Tant pis. Une seule voix me fait cet effet là. L’effet d’être né trop tard. D’avoir raté un rendez-vous important, capital. Cette voix, c’est celle de Jacques Brel. Je la connais, devenue familière au travers des entretiens aux journalistes, des films, des chansons. Par ses aphorismes ou ses discours, par ses répliques et ses refrains. Chaque fois l’émotion. Vierge. Intacte dans sa puissance. A l’écouter, à le regarder, à rire et à pleurer avec lui, naît invariablement cette ignoble sensation du temps qui nous sépare, qui parfois à force d’être souffrance devient réel, palpable. Un mur de vide. Invulnérable aux coups de tête. Insensible aux coups de poings. Et puis les yeux. Ou plutôt le regard. Cette impression, profonde, d’une complicité. A le regarder parfois, je m’imagine qu’il m’entend. Son sourire philosophe, arborant une anarchiste ironie, étendard d’optimisme et gonfanon de la tragédie humaine assumée. Et je sais qu’il me comprend. L’intuition. Celle de notre… similitude. Que ses sujets importants sont par delà les distances les miens. Je découvre que sa chanson « Fernand » fut son testament d’espoir dramatique. Il me semble ce soir que la lumière se fait. Hélas. Jacques est devant. Dans son corbillard. Et derrière, tous ceux qui le suivent seront à jamais seuls. « Je crois que si j’étais l’bon Dieu, je s’rais vraiment pas fier ». Putain de crabe… 7

8 Cheveux... L’étudiant, par extension, le jeune se doit d’être non conformiste. Il deviendra bien assez tôt un vieux con Un imbécile satisfait, sûr de la nécessité du renoncement à l’idéal. Un crétin contenté, vautré dans le rassurant confort de sa Mercédes, incapable d’inventer des lendemains qui chantent. Un vulgus, perdu dans la masse, « anonymisé » par le troupeau et l’adhésion à la pensée unique. Dans un pays avec une extrême droite à 20%, J’ai peur quand les étudiants ont les cheveux courts... 8

9 Citation... J’ai toujours été plus intéressé par la langue que par les sciences. Ma scolarité s’en ressentit rapidement, mais bon. Durant toute mon adolescence, je faisais mes devoirs de classes, puis mes rédactions et enfin mes dissertations, dans ma chambre, radio branchée sur « les grosses têtes ». Durant cette heure et demi quotidienne, le gamin qui lisait peu entendait des citations, découvrait des pensées. Alphonse Allais, Jules Renard, Bernanos, Courteline et Guitry. Ah, Guitry ! L’humour, la finesse, l’esprit. L’homme, à peine rencontré par le biais de cette émission, m’avait séduit. Et tous ces invités, capables de reconnaître tant d’auteurs aux noms si fabuleux, je leur portais alors une admiration sans mesure. Le temps passe. Et emporte nos illusions. Tiens, c’est beau comme du Barbelivien ça ! J’ai grandi. J’ai vieilli. J’ai compris que ceux qui émaillaient leur conversation de nombreuses citations, le faisaient souvent pour dissimuler leur tragique manque d’esprit. Une citation n’est rien d’autre qu’un poncif anobli. C’est un exemple de pensée unique, portée aux nues par des admirateurs abrutis de dévotion, par des obscures incapables d’une formule, des paralysés de la pensée, des tétraplégique de l’expression. 9

10 Compétitivité… La compétitivité, c’est la croissance chez moi, et le chômage chez mes voisins. La guerre est une bête immonde. Et bien, n’oublions pas que nous sommes depuis des années, et grâce au libéralisme, en pleine guerre économique. Ici, on ne saute plus sur des mines. On n’éclate plus en sang et en tripaille. Non. Progrès inespéré, cette guerre est la première guerre propre. Ses victimes, mortes de faim, ou de froid, se retrouvent dignement préparées, dans les hospices pour clodos. Suprême raffinement, avec la guerre économique, vous pourrez même être victime plusieurs fois dans une seule vie ! Vous aurez été jeune sans emploi. Puis employé modèle licencié pour compression de personnel. Pourquoi pas un peu plus tard « cadre-quadragénaire-sans-emploi-après-plan-social ». Et pour finir, certainement préretraité avec 60% de votre salaire… Et sans doute la moitié de ce qui est nécessaire à vivre. Merci monsieur Adams. 10

11 Conjonction… Il est une vieille famille dans notre langue française qui me fut très tôt sympathique. J’en fit la découverte sur les bancs de nos école où, à peine énoncé, déjà son nom me ravissait. La famille « Conjonction de Coordination ». Quel patronyme vous en conviendrez ! Et bien toute cette belle communauté ne compte que des personnages très hauts en couleurs, comme en caractères. Huit enfants à la personnalité originale. Des « inconfondables », tous monosyllabiques, dont la fréquentation nous est obligatoire… Qu’il me soit permis de vous les (re)présenter. Mais. Le contrariant, le désagréable. Il gâche souvent les belles paroles qui le précède. C’est l’assassin des douces promesses. Ou. L’hésitant, le normand. Il ne sait pas, et ne veut pas prendre de décisions. Il vous laisse le choix et vous place surtout dans l’embarras Et. Le gourmand, le possessif. L’ennemi d’Ou. Il aime, sans mesure ni raison. Il veut tout, sans condition. C’est sans doute le plus jeune de la famille. Donc. Le raisonneur, l’esprit logique. Il est froid et calculateur. On l’admire pour son intelligence mathématique, et il effraie pour la même raison. Il n’aime pas, il met en équation. Or. Le désuet, le « réprimendeur ». Trahi par Mais, il ne l’accepte pas. Il est verbeux, héritier d’un temps jadis où nous parlions moins vite, où nous exposions d’avantage. Ni. L’entêté, le bravache. Il n’aime personne, mais sa postérité semble au moins assurée en politique où il nous laisse le « nini ». Car. Le bavard, le démonstratif. Il déteste le hasard et aime à rappeler pourquoi il est là. Comme son cousin Or, il ne se déplace que rarement sans sa compagne reproche. Puis. Le narratif, l’élégant. L’expression orale moderne lui substitue grossièrement son cousin Et. Bien plus à sa place dans les récits, il se couvre lentement de poussière et se tinte de vieux rose. 11

12 Contraste… Noir et blanc. Sel et sucre. Nuit et jour
Contraste… Noir et blanc. Sel et sucre. Nuit et jour. Le froid permet d’apprécier la chaleur. La faim, la satiété. Vous vous dites que prendre la plume pour débiter ce genre de fadaises, cette philosophie de bas étages, dénote un dramatique désœuvrement. J’en suis désolé, mais pour cette fois, ce n’est pas ma faute. C’est celle de M. Chaplin. Et celle de la télévision française. Car comment ne pas hurler à la lune son désarroi (je vous prie de croire que c’est plus facile en campagne, non qu’on y voie mieux la lune, mais les voisins y sont plus compréhensifs) lorsque innocemment, le téléspectateur confiant (naïf ?), change de chaîne après s’être régalé des « Lumières de la ville », et découvre deux imbéciles de royalistes animant une émission débilitante sur les « stars » du spectacle. Soixante dix années ont passé sur cette terre Peut-être pour rien… 12

13 Coquettes… 13 Il est tôt. Le wagon, n’est pas comble
Coquettes… Il est tôt. Le wagon, n’est pas comble J’ai même réussi à trouver un strapontin de libre. Je lis Charlie-Hebdo d’un œil gauche attentif, et j’emmerde mon œil droit. C’est pourtant lui, le traître, qui me distrait de ma saine lecture, et me fait remarquer, sur une banquette voisine, une mignonne qui, d’un geste appliqué, se repoudre le nez. Puis, d’une main experte, elle repeint sa bouche en deux coups d’un tube à lèvres grenat. « Ha, les gonzesses, toujours à minauder, à se pomponner, à se remaquiller dans les endroits les plus insolites. Quelle futilité ! Quel soucis du dérisoire ! » A toutes, il est temps de dire enfin une bonne chose. Une chose essentielle. Qui tient en un seul mot… Merci ! Merci de porter autant d’attention à notre regard. Merci de donner autant d’importance à notre goût. Merci de nous offrir votre grâce, au travers de vos yeux artistiquement colorés, de vos bouches minces ou charnues, divinement ornées d’un rien de pourpre ou de carmin. Vos ongles soignés sont autant de fleurs délicates, dont nous recherchons jusqu’au dernier souffle, le rassurant contacte. Nous ne prenons la mesure de notre masculinité, que par votre féminité avouée. Exacerbée. A mes oreilles, le hasard est curieux, Léo Ferré vient d’aborder les premières mesures de « C’est extra ». Le Poète me pousse du pied à vous dire au revoir. Comment continué dans le lyrique de votre éloge, sans tomber désormais dans le plagia du Maître. Allez tiens, je vous la dédie… 13

14 Détruire… 14 Détruire, casser, briser.
Détruire… Détruire, casser, briser. Ces trois verbe d’action désignent un comportement visant à l’élimination d’un élément existant, qu’il soit issu de la création humaine ou naturelle dans un sens large. Détruire s’oppose à créer. C’est une attitude qui apparaît immanquablement chez le jeune enfant. Elle fait suite dans les premières années à la phase contemplative. Elle sera suivie, en toute probabilité de la phase créative. La progression connaît donc au moins ces trois étapes : 1°) Regarder pour assimiler un concept. 2°) Détruire pour en comprendre les faiblesses, et pouvoir observer les réactions suscitée dans l’entourage propre (tiens, se dit l’enfant, briser ce gros truc bleu qui semble emprisonner des fleurs coupées chez grand-mère provoque la colère, et une douleur vive et soudaine sur mon postérieur ! !). 3°) Créer, pour une des trois raisons. - Pour reproduire ce qui a été observé, ou création par mimétisme. - Pour remplacer ce qui a été détruit, ou création par culpabilité/contrainte. - Pour le plaisir d’innover, ou création créative, aboutissement de l’action créative, qui passe parfois nécessairement par la phase préalable, même très tard dans la vie d’adulte, de destruction. La contemplation n’est en soi, de fait, qu’une activité primitive, caractéristique d’un esprit qui se complaît à resté infantile et premier. Le collectionneur dans sa monomanie retrouve son esprit de jeune enfant, « avoir pour contempler », avec souvent cette perversion propre à une dégénérescence plus adulte de l’âme « avoir pour faire contempler ». Pour en faire baver d’envie l’autre. Motivation éminemment sadique. L’envie de destruction systématique que nous ressentons, plus ou moins souvent face à ce qui nous plaît, ou à ceux que l’on aime, est elle aussi une émotion « normale » (au sens ou elle est la norme parce que partagée par tous). Elle est une réminiscence d’un comportement enfantin plus récent, et plus motivé que la phase contemplative, mais guère plus aboutie. Casser un objet adoré, non pour s’en débarrasser, mais pour avoir la réponse à la question « aimons-nous véritablement cet objet ? ». Faire du mal à ceux qu’on aime, non pour le plaisir de les voir souffrir, mais pour connaître leur réaction. Nous pardonneraient-ils ? Et donc implicitement, nous aiment-ils suffisamment ? La création représente pour l’homme le seul moyen de se réaliser, d’ailleurs pleinement ou non. C’est là son seul moyen de dépasser les deux premières phases de sa progression mentale. 14

15 Dieu. 15 De la peur de Dieu. Nos frères se trompent lourdement...
De la peur de Dieu. Nos frères se trompent lourdement... La crainte n’est pas de rigueur, pas plus que la peur. La foi motivée par la crainte superstitieuse ne peut satisfaire Dieu. Dieu ne doit pas être un frein à la vie. Mais un guide pour se préparer à la mort, pour aborder sereinement cette issue inéluctable de notre existence. Une lumière pour se rassurer. Etant par nature parfait, Dieu ne peut pas être orgueilleux, ou jaloux, ou susceptible. Au contraire, possédant toutes les vertus, il se trouve devant cette alternative. Etre emprunt de mansuétude, et de compassion. Ou n’exister pas. De l’inutilité des prières officielles On ne peut honorer Dieu par des gestes rituels, tant de fois répétées qu’ils en ont perdu tout leur sens. Quel intérêt y-a-t-il dans la répétition sans fin d’une prière, fut-elle magnifique ? Pourquoi exiger au terme d’une confession, un nombre d’Ave ou de Pater Noster ? Prier n’est pas une punition. Ce doit être un réconfort. La Rédemption ne se conquiert pas comme le bon café, avec un nombre précis de cuillères calibrées. On ne séduit pas Dieu comme on obtient le baccalauréat, avec une longue récitation. Dieu se moque d’entendre vingt fois répétées les mêmes vieilles louanges. Imposons-nous la sincérité. Ouvrons Lui nos coeurs plutôt que nos mémoires.    De l’inutilité des prêtres. Une des définitions de Dieu est d’être Omniscient. Sachant, par avance toute chose, quel besoin y-a-t-il d’un intermédiaire entre le Vulgus et Lui. Chacun peut trouver la voie de son équilibre, à condition d’en être soucieux. Tout au plus peut-on concéder aux prêtres le rôle de tempérant de nos ardeurs. Mais ne soyons pas moins exigeant envers l’esprit que nous ne le somme pour notre corps. L’exercice illégal de la médecine est sévèrement puni. Mais combien de prêtres se prennent, ou sont pris, pour des psychiatres alors qu’ils n’en ont aucune compétence ! Dieu est le confident suprême. Tous ceux qui prétendent répondre aux questions en son nom sont des usurpateurs. Quiconque voudrait pardonner en son nom, serait un menteur doublé d’un mythomane. 15

16 Le prêtre est le vautour de la Foi. Voyant les Dieux renoncer aux royaumes terrestres, ils s’en disputent, ou s’en partagent selon les époques, les restes. En résumé, Dieu a le même problème que Chirac. C’est un mec plutôt sympa, mais très mal entouré. 16

17 Domestique… 17 Je dors dans ma « chambre à coucher ».
Je dors dans ma « chambre à coucher ». Je prends mon bain dans ma « salle de bain ». Je me détends dans mon « salon ». Dans mes toilettes, je … bref ! Chaque pièce d’un appartement standard est baptisée du nom de l’utilisation qui lui est destinée. En conséquence, il me paraît tout aussi absurde de cuisiner dans ma salle à manger, que de manger dans ma cuisine. Devrai-je me laver dans mon garage pour ne pas salir ma salle de bain ? La place du maître des lieux est à la table, non aux cuisines, et si l’on installe parfois une table dans celles-ci, c’est pour y préparer les mets. Ne me faites pas manger dans la cuisine, je ne suis pas un domestique ! Ne vous y trompez pas mesdames, les partisans du repas près des fourneaux sont des hommes qui pensent plus à leur tranquillité qu’à votre fatigue. 17

18 Ecole... La plus grande des inepties que véhicule aujourd’hui la pensée unique qui engourdie le monde, c’est cette certitude que l’école doit préparer au monde du travail. Elucubration maligne qui conduit nos ministres chargés de la chose à privilégier les mathématiques, à négliger les sciences humaines. « La société se détériore, nos relations civiques se dégradent ». Ces constatations dépressives, chacun pourra les retrouver autour du dominical et familial gigot, ou dans la bouche du philosophe de comptoir. Mais l’oncle Bernard, ou Dédé de Gennevilliers au café des sports, préféreront toujours pour leur progéniture des études de chimie supérieur, à un DEUG de psychologie. D’abord, le peuple, la chimie et la physique ça l’épate. C’est presque magique. Alors que la psychologie ça le dérange, quand ça ne l’ennuie pas. Ensuite, et bien un ingénieur de chez Rhône-Poulenc ça gagne mieux, nettement, qu’un sociologue. Et comme l’argent, c’est le bonheur... Mais quel civisme doit-on attendre d’un gamin à qui on a, depuis sa plus tendre enfance, répété que la vie était une compétition, et les sciences humaines moins importantes que les sciences ? Quelle créativité, peut-on espérée d’un gosse, à qui on fait croire qu’apprendre est plus important que créer ? Pour guérir la société des maux qui la consument, pour éradiquer la violence, pour lutter contre la drogue et le suicide, l’école doit retrouver sa vocation première. Elle doit redevenir un lieu où on apprend à penser. Un lieu dans lequel on enseigne à chacun à mieux vivre, ou pour mieux dire, à vivre. Le diplôme ne doit plus comme aujourd’hui trop souvent, sanctionner une mémoire et une assiduité, mais bien une intelligence, une formation d’esprit. La « tête bien faite » que Montaigne appel de ses voeux, est une tête capable de penser par elle-même. Nous ne fabriquons plus dans nos lycées, que des « têtes bien pleines », incapables de faire autre chose que ce pour quoi on les a programmées. « Croissez et produisez » est devenu le nouveau message évangélique. C’est désormais sur l’autel de la compétitivité et de l’efficacité, que l’Abraham moderne sacrifie dévotement l’intelligence de ses enfants. 18

19 Ecrire… 19 Etre et Paraître sont des verbes pour longtemps opposés.
Etre et Paraître sont des verbes pour longtemps opposés. Etre, c’est une philosophie. Un choix délibéré de vie. C’est préférer le profond au superficiel Notre société moderne, société de l’image, de la « sape » et du provisoire fait une place de choix au paraître, reléguant l’être au second plan de nos préoccupations. Et encore, si je dis au « second plan », c’est parce qu’il me reste deux sous de naïveté. A observer ainsi ces deux verbes, il m’en vient deux autres, fort comparables, et pareillement opposés, Ecrire et Parler. Le parler est rapide, spontané. Il s’accommode mal de la longue réflexion. Il est le plus souvent tributaire des auditeurs présents. Parlant d’un même sujet, on ne dit pas la même chose face à un public ami que face à des adversaires décidés. On n’expose pas ses arguments de la même façon, on s’adapte, on biaise, bref, on s’attache à donner de la forme, et tant pis si le fond en souffre un peu. L’écrit, étant dans son élaboration immédiate affranchi du besoin de répondre à l’assentiment d’un public, peut se permettre d’être non seulement plus longuement mûri, mais surtout d’être plus vrai. La pression du lecteur est moins forte que celle de l’auditeur. Le lecteur est une donnée abstraite, généralement décharnée, alors que l’auditeur impose par sa masse vivante un rappel de son existence et de son impatience. On est plus facilement pénétré des arguments adversaire d’un type qu’on lit. Et pour cause, celui-là on ne peut pas l’interrompre, autrement qu’en refermant son livre (non ne le faite pas, pitié, je n’ai pas terminé) (ouf ! merci). Alors, on va jusqu’au bout de son argument, bien sagement, et au final, celui qui écrit en a toujours plus fait passé que celui qui parle. Etant plus proche du vrai, l’écrit est me paraît semblable à l’Etre Alors que le parler par sa soumission au public me semble s’apparenter au Paraître. Mais peut-être suis-je dans l’erreur ? Peut-être le « Paraître » désigne-t-il une attitude de généreuse attention au regard de l’autre. Peut-être aussi « l’Etre » est-il une forme de replie égoïste. Celui qui est passe tellement de temps à exister, qu’il ne prend plus le temps de se soucier de l’autre. Peut-être celui qui écrit, n’écrit-il que pour le plaisir de se relire… 19

20 Egoïsme... Durant l’antiquité et pendant une bonne partie de notre époque médiévale, un paysan pouvait en cultivant son champ réussir à nourrir sa famille, et à peine plus. Les découvertes se succédèrent et les techniques nouvelles aidèrent le paysan dans son travail. Il se mit à produire plus. Beaucoup plus. Au point de pouvoir nourrir deux, puis cinq, puis dix familles et ainsi jusqu’à aujourd’hui où notre paysan parvient à lui seul à nourrir des dizaines de familles. Tout cela, ça s’appelle le progrès. Et c’est une bonne chose. Hélas, en même temps qu’il découvrait la jachère, l’engrais, le pesticide et la culture transgénique, l’homme perdait de vue l’objectif même de ses recherches, permettre à tous de vivre, permettre à chacun de mieux vivre. Alors en même temps qu’il inventait le tracteur, l’homme inventât l’égoïsme. Il créa la prime à l’abattage et les quotas laitiers, la subvention à l’arrachage des pieds de vigne et la destruction en masse des produits, pour en faire remonter les cours. Puis l’homme riche dit aux peuples affamés des zones arides, les yeux pleins de compassion, « je ne peux pas supporter toute la misère du monde ». Et le « propriétaire » des plaines les plus riches du globe, celui qui a accès à tant de technologie pour produire, se mit en devoir de creuser vite-fait-bien-fait un puits au Sahel. Et il se servit de cette eau pour se laver les mains de la pauvreté du tiers monde. Cette planète alors naquit. Cette planète stupide. Celle où dans les régions fertiles, on impose au paysan de ne pas trop produire, et où dans les régions arides, on incite l’autochtone à se ruiner vie et santé, pour tenter d’arracher à ce sol avare de quoi survivre jusqu’à la saison prochaine. On croyait que l’augmentation du nombre de caniche dans l’hexagone était du à la hausse de la durée de vie. Il est probable que l’explication en serait plus métaphysique. Il s’agirait d’un courant continu de réincarnation. Les enfants du tiers monde qui crèvent des famines que ce système immonde leur impose, préfèrent se réincarner en chien d’Europe, plutôt qu’en enfant de la souffrance. Dans cette société, corrompue dans ses valeurs fondamentales, un téléthon pour les animaux rapporterait plus d’argent que pour les myopathes. En 1998, un chiot maladroit délie mieux les porte-monnaie en occident, que les mouches noires tournoyant au-dessus des yeux vides d’un gosse du Niger. 20

21 Emprunt russe… 21 Un peu d’histoire, pour commencer…
Emprunt russe… Un peu d’histoire, pour commencer… Placez vous je vous prie vers 1888~1917. Figurez-vous un pays, alors première ou deuxième puissance mondiale, avec des gens très pauvres à l’intérieur, et des gens très riches. Bon, ce pays là, appelez-le « France » par exemple. Jusque là, ça n’est pas très difficile. Figurez-vous encore un pays, mais beaucoup moins riche, avec dedans des gens très, très pauvres, et des gens très riches, et appelez-le « Russie ». Alors voilà. Dans le pays des pauvres, dans cette période de l’histoire, les gens riches au pouvoir, appelons-les « noblesse du Tzar », eurent besoins pour entretenir le faste de la cours, et les campagnes militaires de l’empereur, de beaucoup d’or. Or, les pauvres ayant été ratissés jusqu’à la limite possible du ratissage, le Tzar ne pouvait plus à bon compte remplir ses caisses. Devant ces extrémités, il eut l’idée de faire un emprunt, que ne l’auriez vous fait à sa place ? Et voilà que spontanément, dans le pays riche, flairant la bonne affaire, rentiers, prêtèrent de l’or au Tzar. Entre 1888 et 1917, les rentiers altruistes français prêtèrent 12 milliards de francs or, soit près de 300 milliards de nos francs actuels. Et l’affaire aurait put se révéler juteuse. Oui, mais voilà, en 1917, quelques excités, sans doute poussés par la famine ou la pauvreté, comme il en fut dans notre pays vers la fin du XVIIIem siècle, conçurent dans leurs têtes de pauvres que tous leurs malheurs étaient causés par le Tzar. Et bon, vous savez comment sont les pauvres, il réclamèrent et obtinrent la tête de ce Tzar là. Les Soviets au pouvoir, il n’était plus question de bonnes et cordiales relations de voisinage entre le pays riche et le pays pauvre. L’emprunt était celui du Tzar. Les rentiers lui avaient confié leurs économies. Ce Tzar n’était plus, ni aucun autre Tzar après lui. Tant pis pour les rentiers. Oui, mais… 21

22 22 C’était sans compter avec la ténacité des rentiers français.
Vous savez comment c’est un riche. Il a pris l’habitude de voir son banquier lui faire des ronds de jambe. Alors quand un débiteur refuse de payer… Et bon, en France, les petits-enfants des rentiers de 1900 sont toujours groupés en lobbies de pression. Invariablement, depuis plus de cinquante ans, ils font pression sur tous les gouvernements, lorsque se profil une rencontre entre dirigeants français et soviétiques (ha bon, il faut dire « russes » aujourd’hui ?). Tout aussi invariablement, nos dirigeants français se font les notaires de l’emprunt russe, en n’osant pas, une bonne fois dire merde à tous ces imbéciles. Car enfin, prêter au Tzar était un coup de poker, comme en font quotidiennement les boursicoteurs de Paris, de Tokyo ou d’ailleurs. Lorsqu’ils gagnent, c’est tout bénéfice. Lorsqu’ils perdent… Et bien le pavé de Wall-Street est couvert des traces de chutes des crétins qui ont cru dans le système capitaliste. La Russie d’aujourd’hui est l’une des nations les plus endettée de la planète. Son système économique est en ruine, sa production industrielle est égale en 1997 à 40% de ce qu’elle était en 1989. Plus de 60% des russes vivent au-dessous du seuil de pauvreté, et l’espérance de vie a diminué de 15 ans. Et on voudrait aujourd’hui que quelques saligauds, héritiers d’un bon papa rentier, puissent se faire huissiers de justice du capitalisme sauvage ? Ces gens là me dégoûtent. Mon seul réconfort est de leur cracher à la gueule : « ne vous déplacez pas pour rien, ils sont devenus si pauvres là-bas, que vous n’auriez plus rien à saisir ». 22

23 Esthétique... Combien de femmes, les hommes n’étant d’ailleurs pas en reste, sont complexées par leur physique ? Un nez trop long, ou trop gros, ou « disgracieux », enfin, un nez insatisfaisant. Des seins trop menus, ou trop lourds. Des fesses tombantes. Des cuisses « celluliteuses ». Et des rides. Suprême affront, qui vient marquer d’une indélébile marque le terme de leur féminité triomphante. Crachat inexpugnable de l’âge. Marque de haute infamie, abandonné sur leurs juvéniles visages par l’ennemi invisible et implacable, le temps. Pourtant, cette fatalité d’hier n’en est plus une aujourd’hui. Les sciences avançants au même rythme que le temps, la chirurgie est devenue badine. Des chirurgiens se sont dressés, mesdames, en templiers magnifiques, gardiens de vos mines superbes. Désormais, le rêve est à votre portée. Il n’est pas encore question de vous donner une éternelle jeunesse. Pas encore. Mais il est déjà possible de corriger les petites imperfections, qu’une nature, distraite ou taquine, oublia en vous donnant la vie. Ces temps modernes, tous proches d’être des temps magnifiques, vous donnent l’espoir de devenir ce que vous n’êtes pas tout à fait. Disparu ce nez qui vous faisait outrage. Gommées ces fesses qui ne vous méritaient pas. Las, encore une fois, nos mentalités sont à la traîne de nos possibilités. Et nombreuses encore celles qui prétendent ne vouloir pas céder aux appels de la chirurgie esthétique. Quel bel exemple de l’héritage crétin de cette moralité judéo-chrétienne qui encombre nos pensées. Qui conditionne nos choix. Aiment-ils donc tant souffrir, mes contemporains, qu’ils refusent, par principe, de se soulager de leurs complexes ? A croire que la croix de leur « laideur » acceptée, leur sera une clef rédemptrice pour un hypothétique au-delà. Vivez bon sang. Libérez vous de vos complexes. Soyez enfin bien dans votre peau, cette fin de siècle vous le permet. Et rappelez vous ceci : « Mieux vaut être artificiellement belle, que naturellement moche ». Que celle qui ne s’est jamais maquillée me jette la première pierre. 23

24 Folie… Des milliards d’humains donnent au quotidien et sans difficulté, l’illusion de la « sanité ». Pouvoir interpréter la folie au milieu des fous qui se prennent pour des gens normaux, là est le véritable talent de l’acteur. La vrai prouesse de l’artiste. 24

25 Foule... « La foule est un ensemble le plus souvent haïssable, dont les plus petits composants sont des individus, le plus souvent charmants et émouvants d’humanité ». On peut trouver, ponctuellement, ce poncif promptement pondu, le plus souvent sans pondération... Tiens, Pon, Prom, Pon, Pon... C’est très Beethov finalement comme entrée en matière, non ? Cette phrase très belle de Moi, qui ouvre cet article, je n’y adhère pas. Ou pour mieux dire, je suis de moins en moins en accord avec elle. Au plus profond de mon être (tût, tût, s’il vous plaît), aux tréfonds de mon âme donc, j’aime l’humain. Son génie, ses aventures et son aventure qu’on nomme humaine, même ses petits défauts, ou plutôt certaine de ses faiblesses (c’est beau le drame épique, Agamemnon faisant le siège de Troie pour récupérer Hélène, laissant du même coup tomber la paix et le bonheur de son peuple pour, si on résume à l’extrême, deux ou trois touffes de poils). Finalement, j’aime l’homme par principe. Mais que de déception, lorsque l’ensemble passe devant la lentille cruelle de l’individualité. L’homme dénudé de son groupe, peut être si décevant. Je pourrai citer à comparaître ici le tirage millionnaire de la presse féminine, ou les égarements violents d’un « supporter » de Football, et même la médiocrité rampante d’un néo-collaborateur devant les voix si attrayantes des électeurs fascistes. Mais non, ce serait courir le risque de vous voir devenir minables en n’étant pas d’accord avec moi. Par générosité, je vous épargnerai cette errance décevante. Songez seulement que les groupes ne dégénèrent en factions violentes que sous les exhortations habiles d’un Mussolini ou d’un Le Pen. L’habileté du dictateur c’est de faire admettre tout bas par le groupe ce que lui-même a osé dire tout haut. 25

26 Fric... Faire du « fric » est l’activité la plus inutile et la plus motivante qu’on ait jamais inventé pour rendre les imbéciles heureux. Avec la guerre, la compétition sportive et le viol en territoire ennemi. Jadis le monde appartenait aux sages, aux philosophes et aux poètes. Les crétins n’avaient qu’à se bien tenir dans un monde en ordre, à la place qui leur était échue de droit, admirer les administrateurs de la cité. Et fermer leur gueule. Il avait d’abord connu, ce monde, la loi du plus fort. La prédominance du plus massif. Le musculeux prédateur du chétif. Et bon, dans un monde sauvage où primait la sélection naturelle des espèces, que voulez-vous, il fallait bien que survivent les hommes. Puis vint l’ère de la loi du plus sage. L’époque de la Loi. Le règne de la Sagesse Grecque, la gloire d’une civilisation qui mit au pinacle les arts, l’intelligence et la beauté. L’invention du capital, et le passage en société de la loi du droit à celle du plus fort, du plus retors, du moins scrupuleux ouvrit la voie de la notoriété à ceux qui à jamais auraient dû rester anonymes dans la sarabande des siècles. Le « Fric » et son incroyable effet obsédant sur le cadre dynamique ou le commerçant banal. Le « Fric » divinité nouvelle, comme il se doit omnipotente et omniprésente, sur l’autel de laquelle tout se peut sacrifier. Amour, vie privée, honneur et fierté. Qu’il me soit donné une chance, fut-elle infime, de vous faire entendre cet avertissement. Le tout n’est pas d’avoir du fric, mais du temps pour le dépenser. 26

27 Glas… 27 Les grands froids de l’hiver sont revenus.
Les grands froids de l’hiver sont revenus. Les frimas ont succédés aux douceurs de la saison chaude. Depuis que l’homme s’est éveillé à la conscience, il en a toujours été ainsi. Surtout sous nos latitudes, où l’opposition entre été et hiver est franche. Pourtant, ce soir, radios et télévisions, nos modernes beffrois sonnent le glas. Car ce soir, c’est la grande horreur, le constat surprenant, le froid peut tuer, le froid a tué, le froid tue… Devant l’inattendu, l’extraordinaire, les bonnes consciences se sont mobilisées, la charité s’est organisée, les bénévoles se sont mis en branle. Répondre à l’urgence. Parer au plus presser, pour éviter de nouveaux décès. Les pouvoirs publics ouvrent les bouches du métro. Comme les dieux païens les plus féroces, l’hiver a reçu son lot de sacrifié. Encore cette fois, il aura fallut que s’ensanglante l’autel de notre indifférence pour qu’enfin on protège les plus faibles, les plus miséreux. Pour que nos cœur endormis s’ouvrent à la pitié. Comme si nos Cités de luxe et de gaspillage ne pouvaient offrir à tous la chaleur et le repas. Comme si « la misère pouvait être moins pénible au soleil »… 1789, abolition des privilèges. 1981, abolition de la peine de mort. 2180, abolition de notre indifférence ? Ou sera-ce encore trop tôt ? Combien de mort ? Combien de pauvres jetés à la fosse commune, qui n’est commune qu’à ceux qui ne peuvent s’en prémunir avec de l’or ? Combien d’anonymes martyres encore, oubliés aux premiers rayons d’un soleil d’avril, pour que s’apaise enfin le démon de l’égoïsme qui nous a gelé le cœur ? 27

28 Griserie… 28 Ha le doux moment. La subtile sensation.
Ha le doux moment. La subtile sensation. Le continent nouveau, à peine abordé. Après un verre d’hydromel, quelques gorgées de cidre, et un peu de temps… Subrepticement, les molécules d’alcool ont accompli leur alchimie merveilleuse. Alors que l’écoute diminue un peu, tous les autres sens semblent s’ouvrir d’avantage. L’être devient léger, flottant, et se retire comme en lui-même, pour mieux observer. Pour mieux jouir aussi de ces instants fugitifs où l’âme se tient sur la fragile crête entre ivresse et sobriété. Le détachement. Là l’esprit s’appartient encore, mais plus tout à fait. Un verre de moins, et la destination magique était ignorée. Un verre de plus, et c’est la chute vers les abîmes glauques de l’ivresse, vers la nébuleuse, insatisfaisante, de la soûlerie incontrôlée. La griserie est un art difficile, il y faut de l’équilibre. 28

29 Histoire... 29 La mémoire est l’élément constitutif d’un être.
La mémoire est l’élément constitutif d’un être. Il est, parce qu’il sait qui il est. « Je me souviens, donc je suis ». Un homme qui perd la mémoire devient un demi-homme incapable de se situer. La référence, ou plutôt la possibilité référentielle est un élément légitimant de l’existence. Ce qui est vrai pour un individu, est vrai pour une collectivité. Lorsqu’une société humaine ne se souvient plus, elle cesse d’être. L’histoire, la mémoire des nations, est le ciment qui unie les composants d’un pays. Les souffrances liées aux deux guerres mondiales, la séparation de l’église et de l’état, les Révolutions Françaises, la République, sont autant de liants constitutifs de notre identité nationale. La préférence donnée aux « sciences-scientifiques », au détriment des sciences humaines, et principalement de l’histoire et de la philosophie sont une forme de suicide « identitaire », qui risque de nous conduire tout droit à l’annihilation de notre unité nationale. Pire, en n’enseignant plus à nos enfants les erreurs tragiques de notre passé, nous risquons effectivement de les voir se jeter, comme nos pères, dans les bras séduisants et assassins des démons fascistes. Et ce risque pour quoi ? Pour qu’un chef d’entreprise puisse trouver à la pelle, donc sans trop débourser, des spécialistes de cela, des experts de ceci. La question fondamentale reste celle-ci. Qu’est-ce qui est le plus important ? Savoir que la température d’ébullition d’un juif est de 185°C ? Ou bien qu’il y eut des tarés suffisamment dingues pour en tenter l’expérience ? 29

30 Hollywood... 30 Si Dieu avait signé le scénario avec Hollywood...
Hollywood... Si Dieu avait signé le scénario avec Hollywood... A la fin, Jésus s’en sortait. 30

31 Homme… et Femme Ce qui distingue le penseur du journaliste, c’est l’obligation faite au penseur d’aborder des sujets importants. « Lorsque Poivre d’Arvor présente les dernières créations d’un couturier parisien, le Philosophe lui est à Sarajevo ». (Mouais, d’accord, je ferais mieux de vérifier avant de recracher des niaiseries à la gloire d’un Beuh.Hash.Elle) Bon tant pis, je me lance et quitte les sentiers rassurants et consensuels que sont pêle-mêle, l’actualité des massacres en pays pauvres, l’amour que nous portons tous à notre langue, ou encore diverses civilités plus ou moins bien senties. Mon sujet, le terrible, l’affreux, l’inavouable (bon oui, en l’occurrence je deviens verbeux, plumitif presque, puisque je vais bien évidemment vous le livrer mon sujet) concerne le rapport entre l’homme et la femme. Homme-Femme... Quel avenir ? Le poète annonçait « la femme est l’avenir de l’homme ». Oui. Aragon était un poète merveilleux (je me permets de vous conseiller au passage « la Diane française »). Il a pu toucher au sublime dans son éloge de la femme, de ses qualités, et de ses défauts qui nous sont parfois si chers, parce que si attendrissants. Mais on ne m’ôtera pas facilement de l’esprit que ce faisant, Aragon avait surtout en tête... Et bien, comment dire, Hem... Disons une « finalité » pour user d’un euphémisme distingué. Et même une « finalité » qu’Elsa Triolet avait particulièrement dodue, me suis-je laissé dire. Mais en cela, Aragon n’a fait qu’obéir à ses instincts. A ses pulsions viriles, quoi. Comme le paon fait une belle roue devant sa femelle, le poète lui est inspiré devant sa dame. ( Et nul besoin ici de se montrer ficelle, Ces affaires jamais ne termineront en drame ) (je sais que vous aurez su de votre œil sévère, apprécier les douze pieds de mes modestes vers). Car enfin, sérieusement, l’homme et la femme ne sont pas différents. Non. Ils viennent seulement de deux planètes différentes. J’en veux pour preuve, par exemple leur chromosomie (oui je sais c’est un néologisme, mais il est bien pratique, et cessez je vous prie, de m’interrompre) différente. 31

32 La Femme possède un Chromosome, le X
La Femme possède un Chromosome, le X. L’Homme quant à lui en à deux (non, des chromosomes, suivez un peu). Le X et le Y. Preuve évidente de sa plus grande complexité, et donc de sa position plus avancée dans le cycle de la progression naturelle. La nature va toujours du plus simple vers le plus compliqué. En d’autres termes, la femme est un peu à l’homme, ce que l’amibe est à l’animal vertébré. Autre exemple, la femme est pragmatique. C’est son droit. L’homme lui est un rêveur, un éternel enfant, rarement foncièrement désabusé. Lorsque la femme rêve, elle ne fait que transposer son quotidien. Elle se rêve plus riche, dans un confort plus complet, elle rêve de bijoux et de mariages princiers. L’homme lui refait le monde. Il tourne sans cesse son regard et ses songes vers le nouveau, vers l’inconnu. N’en doutez pas, le primate qui le premier a regardé vers le ciel pour y interroger Dieu était un mâle (d’accord il aurait sans doute mieux fait de se casser une patte, mais bon ceci est un autre sujet). Alors pour conclure, je dirais que certainement, indubitablement, si l’homme et la femme qui sont de deux espèces tellement différentes (dont la seconde est le prédateur de la première) demeurent capables de rencontre et de reproduction, et si l’homme seul est invariablement stérile (au contraire de l’escargot comme nous le faisait remarquer Monique) c’est bien là le simple fruit du hasard. Ou de Dieu, dont les voies sont impénétrables (mais c’est un autre sujet je vous l’ai déjà dit). Ceci étant posé, il ne nous reste aujourd’hui d’autres choix que de « faire avec ». Et à chaque homme soucieux de la pérennité de l’espèce, de prendre sur lui et de se dire qu’ici bas n’est qu’un purgatoire, et la femme une épreuve à surmonter (décidément Dieu, cessez de vous immiscer dans ma correspondance). Bon, comme me le fait remarquer ma femme, il est tard et le poulet refroidi 32

33 Honnêteté... Les pauvres devraient bien moins rougir de leur pauvreté, que les riches de leur richesse. Vous en connaissez beaucoup, des pauvretés bâtie sur la malhonnêteté… Et je ne parle pas de ces gestes de survie qui poussent une mère de famille à dérober un steak dans un supermarché. Honte au tribunal qui osa la condamner. Je cite la réelle malhonnêteté. Je veux dénoncer celle qui pousse le directeur de cette société qui fait des bénéfices énormes, à engager un programme de licenciement Pardon ? On dit « plan social » ? Oui, ça vous fait la bouche fraîche. Et le pire, c’est qu’aujourd’hui, lorsque ce dirigeant d’entreprise opère ce choix, il ne le fait même pas pour « la boite », mais pour plaire à une assemblée d’actionnaire, qui ne pense que par courbes et graphiques interposées, se moque éperdument des implications sociales, collectives et individuelles, et ne rêve que d’un chiffre d’affaire plus gros encoure. « Faire péter les objectifs » est la pensée inique, seule préoccupation de nos entreprises modernes, qui s’inscrit en contraire de l’esprit de civisme. La vrai malhonnêteté se trouve là, bien au chaud, à peine dissimulée derrière les fenêtres teintées des buildings arrogants de nos « cités d’affaires ». 33

34 Humour... Je crois que ce qui me rend Dieu sympathique, finalement, c’est son humour. C’est un humour parfois cruel, quelques fois futile, souvent espiègle. Dieu est taquin. Il y a beaucoup d’homme qui cherchent Dieu et ne le trouve pas. Ils voudraient avoir des preuves, des manifestations de sa toute puissance, et ils n’en voient pas. C’est parce qu’ils ne cherchent pas Dieu dans ses manifestations les plus évidentes. Car il nous donne presque chaque jour une nouvelle preuve de son existence. Suivez moi. Lorsqu’en Amérique du Sud, le toit d’une église s’écroule en pleine messe... Humour Divin. Inutile d’aller dans une maison sanctifiée pour trouver Dieu. Si même les murs ont des oreilles, Dieu n’est certainement pas en reste. Lorsqu’aux jeux olympique, lors des épreuves cyclistes, un coureur Mexicain fait douze fois à la suite le signe de croix, et que le départ donné, il tombe aussitôt de vélo... Humour Divin. Et devant des millions de spectateurs. Dieu plaisante rarement à huis clos. Lorsqu’un train de pèlerins Italiens déraillent en allant à Lourdes... Humour Divin. Nul n’est particulièrement protégé aux yeux de Dieu, et moins encore les lèches-bottes. « Au royaume de Dieu les derniers seront les premiers... et les fayots monteront plus tôt. » Lorsqu’en juillet 98, soixante douze scouts sont hospitalisés d’urgence, après avoir suivi une messe en plein air... Humour Divin. Et le message qu’il en faut retirer, c’est « lâchez Moi les bretelles ». Inutile de déguiser vos gamins en militaire pour l’adorer. Dieu n’aime pas les uniformes. Et la liste ainsi pourrait s’allonger démesurément, tant il est vrai que Dieu est humour. P.S.: J’envie Dieu. Dieu est le seul véritable Anar. Lui seul peut prétendre en toute certitude, « ni Dieu, ni Maître ». 34

35 35 Immortalité... L’homme cherchera encore longtemps l’immortalité.
L’homme cherchera encore longtemps l’immortalité. Et peut-être, sans doute, n’y atteindra-t-il jamais. Mais ce que le génie génétique, et la médecine en générale s’évertuent à trouver, le XXem siècle lui s’en est déjà rendu maître. Ce siècle est le premier des siècles immortels. Grâce au cinéma notre mode de vie, l’esprit de nos sociétés, nos morales et nos faiblesses seront figées pour l’éternité. Ce trésor que des hommes contribuent chaque jour à fabriquer, à « réaliser », sera inestimable pour les historiens du XXXem siècle, pour les archéologue du CXem. Ce sera pour eux, comme si les papyrus s’animaient pour Champolion. Mieux encore, comme si Cléopatre venaient elle-même lui sourire... Au nom des observateurs futurs de notre quotidien, interdisons Sophie Marceau de cinéma. Abolissons Arthur de nos écrans. 35

36 Inventaire… 36 8h30 L’aube (pour moi en tout cas).
Inventaire… 8h30 L’aube (pour moi en tout cas). Ce wagon du métropolitain me semble être toujours le même. D’ailleurs, oui, c’est sans doute le même. La ressemblance est trop frappante. Elle est entrée. La masse, compressée, de tous ces con…pressés. Regard alentour. Comme tous les matins, les visages lourds d’une nuit toujours trop courte se mêlent à ceux délicatement fardés des belles pour tout le jour parées (comment ça je suis verbeux). Chacun trouve, et défend d’un œil sévère, son demi mètre carré de plancher. Les manteaux s’ouvrent. Un peu. Trop peu parfois. Chacun, son territoire repéré, prend ses... aises, autant que faire se peu. Des sacs et des poches, s’évadent des livres, des carnets, des journaux. Des Journaux... Le mien plié en quatre, je parcours, curieux, non ses colonnes imprimées, mais les lectures de mes con...citoyens. Oh dites, pour une fois que mon regard ne s’arrête pas sur un joli visage, sur une poitrine avantagée (avec les progrès de l’industrie siliconique, comment savoir si elles sont avantageuses ou avantagées), ou une interminable paire de jambe. Et que lisent-ils mes voisins ? Tiens, un spécimen assez rare. Il porte des semelles crêpes, le cheveu gras, des lunettes écailles et un costume triste lui aussi. On le devine « bien-pensant ». Paradoxale cette expression, qui désigne par-là des gens qui finalement pensent plutôt rarement. Il se croit sans doute bon père et bon époux, puisque fidèle aux commandements d’un Dieu qui n’a pas donné de nouvelles depuis au moins deux mille ans. L’œil terne, il parcourt une parution tout aussi terne, La Croix. A peine plus loin, une autre lecture. Col court, chemise à gros boutons, hauts boutonnés. Lui-même boutonneux, la goutte au nez. (en vérité, il n’est pas enrhumé, mais je trouvais la phrase plus harmonieuse, plus équilibrée ainsi) (bref, ça fait mieux quoi) 36

37 Il est coiffé comme un étudiant en art, avec cette raie ridicule, et ces mèches tombantes, bien trop sages, sur les côtés. Soyez en sûr, celui-là ne se révoltera Jamais. Jamais. Jamais, il ne cassera quoi que ce soit. Jamais, il ne remettra en cause le système. Et d’ailleurs, comment lui en vouloir. Personne ne lui a jamais dit que c’était réellement possible. Même les partis de « gauche » lui répètent qu’il ne faut surtout pas effrayer le Dieu Marché. Ca, il le lit dans Libération. Station Kléber. La rame ralentie. Puis s’arrête. Montent de nouveaux quelconques, laissant le quai vide. Seuls, trois con…trôleurs regardent le train s’éloigner. Dans le mouvement de foule, j’ai troqué mon demi mètre carré sans fenêtre, contre un demi avec. Nouveaux voisins, nouvelles lectures. Occupant presque deux strapontins (oui, il y a toujours des couillons pour les utiliser même quand les wagons sont bondés), front haut et plat, regard étriqué, survêtement Tacchonerie ou Nike-do-it, un gros gaillard insolent de santé, tient son journal de ses deux mains carrées. Ici, point d’ennuyeuses nouvelles sur les massacres algériens. Nuls inutiles analyses sur les chiffres du chômage. Tout entre ces pages est propice à l’élévation de l’esprit, sans l’encombrer de ce qui n’est pas essentiel. Soi beau et fort mon fils. Et tant pis si t’es un peu con, tant qu’on a la santé… Le biceps se développera à grands coups de télécommande maniée d’une seule main. Merci Euro-Amphétasport. Merci Stade-Dope. Merci l’Equipe. Passons sans nous arrêter sur ces gourdes trop maquillées, sur ces pétasses trop bien coiffées, sur ces grognasses si apprêtées. Pardonnons à ces gamines désinformées. Quoi que j’en pense, elles continueront de s’émouvoir devant les frasques amoureuses d’une vieille idole de Rock, épousant l’arrière-petite-fille d’un de ses tout premier fan. Beurk ! (désolé). Quoi que j’en dise, elles larmoieront en passant sur le pont de l’Alma. Non en pensant aux milliers de mort que value la campagne d’un Bonaparte. 37

38 38 Mais en évoquant le souvenir d’une princesse rosbif.
« Oui mais elle aidait les pauvres et les enfants victimes de la guerre ! » Pauvre conne. Avec toute sa fortune personnelle, le contraire eut été immonde. Et puis, entre nous soit dit, elle est morte à l’arrière d’une énorme mercédes, conduite par un chauffeur de maître saoul comme un polonais (non le chauffeur, l’autre on s’en fout). Pas en sautant sur une mine dans un pays du tiers monde. Là oui, ça aurait forcé mon respect. Aller finit ton Gala, et ouvre ton Voici ma belle… Station Trocadéro. Autre mouvement de foule. Je me déplace encore. Plus rien de nouveau me semble-t-il. Ho, mais si. J’avais bien failli ne pas le voir celui-ci. C’eut été dommage. Quel morceau de choix. Sous son feutre sombre, genre Sacha Guitry moins le génie, son visage carré, son menton volontaire, ses yeux sans une étincelle de miséricorde s’adonnent tous entiers à la lecture. Celui-ci non plus, ne se révolte pas. Il n’a jamais rien cassé. Il ne cassera jamais rien, ne brûlera jamais aucune voiture. Il a trop le sens de la propriété. Et puis, en incendiant une BMW, il pourrait foutre le feu à la sienne. En gros titre, son journal s’inquiète de voir tous ces chômeurs s’agiter. Il est inquiet de cette misère qui va chaque jour croissante. Mais il ne donnera pas 2F au mendiant qui maintenant nous sollicite. Son regard, hypocrite, feint l’absorption. Il ne quittera pas les colonnes de son Figaro… Une fois encore, la rame ralentie. Station Bir Hakem. Terminus pour votre serviteur. Je descends, et n’ai même pas l’envie de jeter un dernier coup d’œil vers le fond du wagon. Cette dernière partie que je n’ai pas explorée. Dommage, si j’avais été un peu moins résigné, moins abattu, j’aurai peut-être remarqué cette charmante petite brunette, lisant Charlie-Hebdo. 38

39 Jarretelles. Pourtant fier de la loi de 1981 abolissant la peine de mort, j’ai le regret d’avouer que je suis pour l’élimination physique définitive d’une personne en particulier. L’inventeur du collant féminin, qui ne l’est pas, féminin, le collant, pas l’inventeur, suivez un peu, ne mérite aucune pitié. Pire encore, il mérite les plus extrêmes douleurs avant l’application du châtiment ultime. Car cet homme, sous le fallacieux prétexte de simplifier la vie de la femme, a affadi celle de l’homme, la rendant, comment dire, dérisoire. « Un monde où la femme ne porte pas de bas, est un monde qui ne vaut pas la peine d’être vécu », disais-je si justement. Revêtues de leurs carcans de Nylon brillant, les femmes peuvent encore, à la rigueur faire illusion habillées... Mais dans la pénombre complice d’une chambre aux fenêtres closes (pour faire plaisir à Brel), quelle déception ! Quand on a comme moi, l’imaginaire vagabond, et facile, comme de moins en moins les femmes aujourd’hui, il est devenu difficile de ne plus être déçu, avant même l’intimité acquise. J’imagine si facilement, ces corps aux milles charmes dépouillés de leurs artificiels et pourtant si plaisants ornements. Ou pour plus gravement dire, ces corps je les vois, marqués à la taille par l’élastique incompréhensif d’un collant honni. Cette infamie, nous la devons à un seul homme. A un sinistre imbécile, à inventeur parasite, assassin de nos bonheurs d’alcôves. Il n’est pas de punition suffisante pour un homme de cette espèce... Sauf peut-être, d’être réincarné en ce personnage, si admirablement interprété par Charles Denner, « l’homme qui aimait les femmes ». Cet homme, redevenu esthète du corps féminin, souffrirait alors milles maux de sa nouvelle condition, contraint par sa propre faute, à se contenter des charmes «emboudinnés» de ses partenaires avilies Cette expiation tardive, ce juste retour des choses, loin de me satisfaire pleinement, me calmerait peut-être. Un mot pour vous mesdames. Je n’oublie pas qu’au chapitre de cette ignominie, vous vous êtes faites complices. Poussant l’immonde jusqu’à vous affublées de mi-bas, ces chaussettes transparentes dont vous prétendez que « sous un pantalon, elles peuvent faire illusion ». Ô monde d’apparence. Apprenez sottes, que le fantasme masculin repose au moins autant sur la vue que sur l’imaginaire. Sachez qu’il ne nous suffit pas de vous voir en jarretelles, il nous faut aussi vous y savoir la journée. Que les femmes se feraient donc belles, si elles avaient nos yeux... 39

40 Lingerie... 40 Il faut toujours s’empresser de corriger les erreurs.
Il faut toujours s’empresser de corriger les erreurs. Car plus celles-ci sont répandues, plus elle ont la vie dure. Ceci est toujours vrai, et quelque soit le sujet étudié. Ainsi, en matière de lingerie féminine. Il n’en est pas qui fasse vulgaire. Ou pute. Ou bourgeoise. Il en est qui font bander. Ou pas ! 40

41 Lourdes... Non, pas d’inquiétudes, vous ne me lirez pas ici débitant les habituelles critiques de cette ville « théouristique ». D’autres s’en chargent, s’en sont chargés, s’en chargeront... Et peut-être moi une autre fois, sait-on jamais, il ne faut pas dire « piscine, je ne boirai pas une tasse ». Ce qui m’amène ici, lourdement, c’est une réflexion que je vous veux soumettre... Qu’y-a-t-il de plus païen qu’un pèlerinage ? Tous ces fidèles, abreuvés de promesse sur des « lendemains-qui-prient », chacun à les lendemains qu’il peut, se pressent autour d’une grotte, d’une relique ou encore d’une pierre. Et bien, je prétends moi que ce sont là actes impies, qui loin d’honorer Dieu, Lui sont comme autant d’insultes. Dieu étant omniprésent par définition (Dieu est partout et toute cette sorte de chose), chaque homme qui ressent le besoin d’aller le chercher en un lieu précis, commet le pécher d’animisme. Il accorde par son geste un pouvoir magique à un objet. Il nie le pouvoir omnipotent de Dieu. Amis croyants, lâchez-nous les bretelles à Dieu et à moi. Epargnez nous vos leçons de morales. Vous avez persécuté, torturé, massacré au nom de vos cultes « monothéistes », et vous vous prosternez devant une flaque d’eau, au pied d’un rocher. Vous n’avez rien appris. Vous n’apprendrez jamais. 41

42 Manipulation… Jean Jaurès est mort le 31 juillet 1914 à la terrasse d’un café parisien, abattu en plein jour par un militant d’extrême droite. Au regard de l’histoire, le militant forcené du pacifisme s’était attiré la haine des nationalistes… Les guerres permettent de tester en grandeur réelle les nouvelles armes produites par les complexes militaro-industriels. Elles sont la gigantesques tentatives de démonstration de la véracité des théories en vogues dans les états-majors. Mieux vaut ne pas empêcher ces gens là de tuer en rond… La guerre est un sujet sérieux. On ne badine pas non plus avec la religion. On ne plaisante pas avec le garant de l’ordre moral, avec la philosophie efficace « d’un esprit fanatique dans un corps entraîné ». Albino Luciani, plus connu sous le numéro un des Jean Paul du Vatican, fit l’expérience de cette règle. Élu le 26 août 1978, il meurt le 28 septembre de la même année ! Néron lui-même n’assassinaient pas avec plus de célérité. On dit, donc on sait, que Jean Paul était un pape qui se serait révélé réformiste, qu’il aurait très certainement fait des Bulles qui aurait violemment ébranlé l’établissement clérical. Mieux vaut ne pas empêcher ces gens là de prier en paix… La religion est un sujet sérieux. La chanson doit s’abstenir de réflexion. On ne plaisante pas avec l’exemple donné aux jeunes. Daniel Balavoine avait affronté François Mitterrand lors d’un face à face télévisé avant 1981, et s’était fait connaître comme un adversaire de la chose établie, de la langue de bois et des compromissions tacticienne. Un mauvais exemple pour une jeunesse sous le charme. La pesanteur est chose notoirement plus fiable que l’aéronautique. Mieux vaut ne pas troubler la tête blonde des enfants de ceux qui décident… La chanson est un sujet sérieux qu’il vaut mieux laisser à des Yves Duteil sans malice. L’humour suit le même théorème. Michel Colucci, ex-candidat « mis en garde » aux élections présidentielles de 1981, devait faire son retour en humour très politique sur les scènes de France et de Navarre en septembre Un…accident de moto en a décidé autrement. L’agitateur rigolard était dingue de moto, et recordman de vitesse sur deux roues. Les camions ont des manœuvres lentes et fastidieuses, qu’on préfère parfois leur faire effectuer dans les virages pour d’évidentes raisons pratiques… Mieux vaut ne pas jouer dans la cour des grands de la chose politique. La politique est un sujet sérieux. La morale et la bienséance aussi. Lorsqu’on est princesse de Galles, et mère de l’héritier de la couronne Britannique, on ne badine pas avec son image. Comment tolérer que le futur roi d’Angleterre ait comme beau-père un Égyptien presque arabe, fut-il considérablement enrichi et prince lui aussi. L’image de Mercedes fut sacrifié sur l’autel de la bonne tenue, et le pont de l’Alma transformé en mémorial éternel. Mieux vaut ne pas prendre le protocole Ethnique à la légère. 42

43 Le royauté est un sujet sérieux. Il en est de même de notre crédulité
Le royauté est un sujet sérieux. Il en est de même de notre crédulité. Des dérapages lors de bombardements massifs d’une ville… Mouais, possible. Mais que la « première puissance mondiale » balance une bombe sur l’ambassade de Chine à Belgrade, avec pour toute explication un « on est désolé, mais on avait un plan périmé de la ville pour nos bombardement » ! ! ? ! La troisième guerre mondiale sera le dernier des sujets sérieux. Et le Titanic… Et Apollo XIII… Et Martin Luther King… On nous cache des choses importantes. La vérité est ailleurs. Même des séries télévisées reprennent ce leitmotiv, avec succès. C’est si facile. Avec ces raisonnements, on transforme en martyre Bernard Tapis, on fait de Mère Thérésa une espionne internationale et de Jacky Sardou le chef d’un réseau de terroristes nihilistes. Pour éviter les débordements, le doute ne doit pas se transformer en paranoïa. « Ils sont peut-être tous contre moi » doit devenir « je me méfie de tout, est-ce que je deviens parano ? ». Pourtant… Et si justement j’écrivais tout cela pour couvrir les agissements de ceux qui vous manipulent. Si la dérision était la plus puissante arme pour couvrir les conspirations des gouvernements et de l’établissement. Ah oui, la théorie du « on nous ment » est un label déposé depuis longtemps par l’extrême droite de tous les pays. 43

44 Messie... Pour ceux que mes propos dérangent et qui préféreraient me croire résolument fou, je réserve ce chapitre. J’y tiens au chaud un de ces raisonnements mythomaniaques, qui vous aidera à me cataloguer définitivement dans la rubrique « à enfermer ». Car, voyez-vous, je suis le second fils de Dieu, le deuxième Messie, le frère cadet de Jésus. Je n’avance pas cela au hasard. Il n’y a pas que la conviction qui me fasse parler. Il y a aussi un raisonnement mathématico-métaphysique que je vais vous soumettre. Jésus est né dans la nuit du 24 au 25 décembre de l’an 0. Bon, jusque là, me direz-vous, rien de bouleversant. Si les parchemins de la mer morte en disent autant, pas la peine de s’échiner à les retrouver. Attendez un peu, Ô gens de peu de Foi. Et apprenez que je suis né le 12 juin. Autrement dit, à la moitié de l’année si l’on se réfère à l’année du Christ. Puisque : pour Jésus on a alors 24/12, et que pour Moi on a 12/06. Tiens, tiens... Hasard m’objectez-vous, et si on doit s’en tenir à cela, il y a aujourd’hui, sans doute plusieurs milliers de Messies potentiels. Certes, certes, mais laissez moi démonter votre incrédulité chronique. Jésus est né en 0, et il est mort en martyre à 33 ans, soit en l’an... 33, et oui. Maintenant voyez comme c’est intéressant, je suis né en 1967, et on annonce une aire nouvelle, au moins du point de vue du calendrier, pour l’an Or, je vous laisse faire cette simple soustraction, 2000 moins 1967 cela fait...33 ! J’aurai donc en l’an 2000 l’âge exacte qu’avait le Christ à sa mort. Je pourrai alors reprendre sa tâche rédemptrice là où elle s’était interrompue. Ajoutez à cela la taille, un mètre quatre vingt, comme Jésus. Songez que je n’ai pas été élevé par mon père. Je porte le prénom de David, or selon les textes, Jésus est de la maison de David. Juste retour des choses que David soit ensuite de la maison de Jésus. Si vous remarquez encore que je fus élevé dans une famille de maçon, et lui de charpentier (on reste dans le bâtiment), vous ne pouvez plus nier le trouble que suscite en vous cette démonstration Pourtant, j’en suis certain, vous détournez très vite de votre esprit l’hypothèse que je puisse être le nouveau Messie. Vous vous voulez rationnel, cartésien. Et c’est bien normal. Mais si vous voulez y réfléchir, sous quelle apparence croyez-vous qu’il reviendrait ? Pensez-vous vraiment qu’il se ferait précéder des trompettes célestes de son père ? Qui sait ... 44

45 Métropolitain. Lorsqu’il y a quelques années, nos représentants décidèrent de supprimer une classe dans le métropolitain, je me suis dis, il est temps. Depuis des décennies que nos concitoyens s’entassent toujours plus dans des wagons parfois insalubres, l’urgence était… urgente. Depuis, j’ai repensé à la mesure. Quelque chose me gênait. Mais quoi ? J’y réfléchis longtemps, et puis d’un coup, comme parfois dans ces circonstances, l’illumination. Ce qui me gêne dans cette mesure, c’est son immense stupidité symbolique. Supprimer une classe, oui. Mais pas la Première (à moins de vouloir comme pour les décisions européennes niveler par le bas) ! S’il y avait une classe à retirer, c’était bien la Seconde. Mais là, quelle utopiste je fais. Vouloir d’un coup que tout le monde, même le vulgus soit admis en Première… Non, nos représentants eurent la sagesse de nous placer dans une situation d’une rare stupidité au pays de Descartes. Nous habitons le seul pays du monde où les trains possèdent une seconde et pas de première ! Mais bon, tout cela n’est qu’anecdotique. Tout commence voilà deux jours. A peine sortie de l’autobus, je descends les quelques degrés d’un Escalator bruyant, et pénètre le monde suburbain moderne. Une salle immense, un hall inhumain, et après un couloir et un courant d’air glacé, la révélation. Des sentinelles bardées de fer et d’acier, brandissant chacun non moins de trois matraques de fer, font obstacle à l’écoulement naturel des usagers. Ils ont un air terrifiant. Ils produisent frénétiquement un assourdissant et continuel vacarme. De leur petite bouche pincée, ils réclament leur unique pitance… Mon coupon de carte orange ! Ce matin devait être exceptionnel. De ces moments où l’homme remarque pour la première fois un objet qu’il a pourtant vu mille fois auparavant. Quoi que ce fut, ce matin la barrière de contrôle m’apparut comme une réincarnation obscène. Celle des péages imposés par les seigneurs féodaux au passage de leurs terres. Cette Gestapo mécanique est la première grande humiliation dans la journée d’un banlieusard. A moins peut-être que dans une pulsion masochiste matinale, il n’ait tenu à déjeuner en écoutant Europe 1 ou RTL. 45

46 46 Oui, je vous entends déjà protester.
« Et les fraudeurs ? » me dites-vous. Je vais vous confier un secret. Il n’existe qu’une seule façon de lutter contre la fraude en la matière. C’est la… Gratuité ! « Et les contrôleurs, de futurs chômeurs sans doute, belle perspective » insistez-vous. D’abord, je tiens à vous dire bravo. Quelle vigueur pour une fois, quelle envie d’en découdre. Les contrôleurs, faites en des flics. Ils en ont déjà la mentalité et pas encore les flingues. Mais ne faites plus payer les salariés qui se rendent contraints et forcés, vers leur lieu de spoliation. Au pire, faîtes payer les touristes. Eux au moins ils profitent du service. Ils en ont le temps, ils visitent. Et puis songez un peu aux conséquences d’une mesure de gratuité pour tous les transports en commun. Déjà, en moyenne 150 balles d’économie par mois pour les entreprises. Ce n’est pas négligeable tout de même. Et vous savez, moi je vous dis ça parce que c’est plutôt dans l’air du temps les cadeaux aux entreprises. Mais surtout, quelle perspective pour tous ceux qui savent l’urgence d’agir contre la pollution. Même très bêtes, nos contemporains se laisseront tenter massivement par des transports gratuits. Que de pots d’échappement au repos au moins cinq jours par semaine… Ca fait rêver. Et plus jamais, un gamin pris entre deux flics pour une barrière franchis à la hâte sans « titre de transport »… Rien que pour ça, ça vaudrait le coup d’essayer. Hé, « le progrès ne vaut que s’il est partagé par tous ! » Ce n’est pas moi qui l’ai inventé… 46

47 47 Mots... Je déteste les mots, presque autant que je les aime.
Je déteste les mots, presque autant que je les aime. Je déteste ne pas tous les connaître, j’en suis vexé Heureusement, mon amour du mot, du mot juste, employé comme il convient, est le plus grand. Alors, confus, je demande toujours à être déniaisé. Ou bien, si le trouble est trop grand, j’attend d’avoir un dictionnaire pour sortir de mon ignorance. Les mots sont la richesses des pauvres. On peut en avoir des milliers. En apprendre des dizaines par jour, sans débourser. Les mots meublent les solitudes. Ils nous reviennent les soirs de spleen, au hasard de la lecture d’un bon livre, au détour d’une page, comme on retrouve un vieil ami. Et cet instant précieux fait renaître un sourire, qui jamais ne devrait s’éteindre. Ah, la joie de revoir « soliloquer ». Le bonheur de relire « impécunieux ». La douceur d’une « fragrance » oubliée. Le charme désuet d’un « désuet ». La révocation sans appel d’un « obsolète ». Jusqu’à l’enfantin « saperlipopette », qui ressuscite une atmosphère de jeunesse. Qui comprendra le charme qu’exerça sur moi la découverte adolescente de « défloraison » ? Qui dira la joie d’un « atavisme » judicieusement utilisé, ou d’un « népotisme » bien pensé ? Mots, c’est décidé, je vous présente toutes mes excuses, je vous aime, presque autant que je vous respecte. Puissiez-vous jamais me pardonner mes maladresses orthographiques. P.S.: Vous remarquerez ma délicatesse, je ne parlerai ni de « nonobstant », ni de « flaccidité ». 47

48 Naïf... 48 L’escroquerie est née en même temps que la civilisation.
L’escroquerie est née en même temps que la civilisation. Peut-être l’a-t-elle précédée. Et peut-être même l’a-t-elle engendrée (poussé par la nécessité d’avoir des moutons à tondre, le berger bâtit une bergerie). Aujourd’hui, elle fleurie, relayée, aidée, « énergisée » par notre monde moderne. On escroquait jadis sur un marché, « à la sauvette ». « On combinait artisanal ». Mais le propre d’une méthode, et du génie humain étant de tendre vers toujours plus de complexité, on arnaque aujourd’hui par téléphone et fax, on truande par Internet. Cette omniprésence de l’escroc dans notre histoire humaine, est-elle le signe que ce « trouble de l’honnêteté » est un fait une composante indissociable de notre caractère ? Quoiqu’il en soit, il faut de l’habileté à nos juges pour trancher dans les innombrables affaires qui affluent continuellement vers leur houlette. De l’habileté, et du discernement. Car dans de nombreux cas, la véritable honnêteté devrait conduire à se poser la question essentielle. Non pas comment punir, mais Qui... Certes, il est immonde (dégueulasse) que de méchantes gens (des salopards quoi !) puissent être assez vils (enfoirés), pour faire mauvais commerce (entuber) du malheur ou du rêve de leurs prochains. Certes. Certes, mais je dis mais. Si le vendeur par correspondance des « Vrais Bagues du Bonheur en plaqué or 5 carats » est un escroc dix fois condamnable, que dire du sinistre naïf, ou plutôt des milliers, qui se ruèrent sur l’offre, et qui poussent ensuite l’impudence jusqu’à oser porter plainte ? Comment peut-on être à ce point crédule ? Quel niveau zéro de la réflexion (sans doute hérité des nombreuses heures passées devant un Morandini ou un Lagaffe) faut-il avoir atteint pour croire réellement que dans ce monde pourri d’égoïsme, un homme possédant une véritable bague magique irait la vendre. Surtout à ces prix. Dans de tels procès, une seule sentence. Condamnation pour le vendeur. On n’a pas le droit d’abuser à ce point de la crédulité du monde. Condamnation pour l’acheteur. Rien au monde ne devrait permettre d’être aussi con. 48

49 Natifs… Un certain Brassens G. décrivait les « Imbéciles heureux qui sont nés quelque part ». Viscéralement attachés à leur terre, prêts à s’enflammer pour un rien, ils sont xénophobes le plus souvent et « indécrotablement » respectueux des coutumes qui entretiennent le sentiment d’appartenance à un clan. Ils ont besoin de se conformer à la tradition pour se sentir exister. Ces sinistres peuvent faire peur. Il en est d’autre qui m’apitoient. Les « Imbéciles tristes qui auraient aimés naître ailleurs ». Ceux-là sont certains de n’être pas nés au bon endroit. Leur vie est une interminable langueur d’ailleurs. Quelques soit l’ailleurs du reste. Ils se persuadent que sous des latitudes plus ensoleillées, l’existence n’est plus qu’une douce succession de grands bonheurs quotidiens. Ils sont certains que là-bas, tout est différent, et qu’il suffit d’y être pour quitter leur insatisfaction chronique. Ceux-là sont aveugles aux joies simples. Ils sont sourds à la félicité élémentaire de ce qui les entoure, et incapables de comprendre que la place ne fait rien à l’affaire. L’homme emporte partout son ennui. La quête du bonheur est une nécessité humaine. Certes. Mais pour l’accomplir, le voyage est une illusion. Le « graal de la félicité » est en chacun de nous, enfouit au plus profond, et sa découverte ne procède que de l’acceptation philosophique de son propre rôle. La géographie ne fait pas le bonheur, la sagesse si. 49

50 Nombre… Le problème avec les cons, ce n’est pas leur manque d’intelligence. C’est leur nombre. 50

51 Œuf… 51 L’œuf comme sujet ? Banal, anodin, inutile… ?
L’œuf comme sujet ? Banal, anodin, inutile… ? Ne niez pas, je vous entends déjà. Pourtant, à y regarder de moins loin… L’œuf est depuis longtemps pour de nombreuses civilisations humaines, un aliment chargé de symbole. En certains lieux, il est le symbole de la féminité et de la fécondité. L’ovule géante, pourvue d’un bouclier hermétique, refuge idéal abritant la vie tout au centre, et la nourriture nécessaire à celle-ci. Ailleurs, mais pour des raisons proches, il est le symbole de l’âme. Au centre la vérité, l’essentiel, voilé par le blanc des apparences, caché par la coquille protectrices des agressions extérieurs. L’œuf reprend ainsi le schéma de défense essentiel au sein de nos rapports sociaux, souvent plus proche du mimétisme de l’état sauvage, fait de violence et basé autour des rapports de force, que de la civilisation idéale. L’œuf fut même dans les temps incertains de conspirations et d’assassinats le dernier refuge des puissants. Invité à la table d’un haut représentant du régime pendant les « cents jours », Napoléon Bonaparte ne mangea, dit-on, que des œufs dures. Il utilisait alors une idée née de la plus haute antiquité. L’œuf, avec sa coquille intacte, était le seul aliments capable de garantir au consommateur une absence certaine de poison. Gageons que vous ne tapoterez plus désormais votre œuf sur le zinc d’une main aussi désinvolte… 51

52 Organique… 52 Octobre au matin.
Organique… Octobre au matin. Un bulletin d’information comme beaucoup d’autre court sur France Culture. Accident d’avion ici. Inondations quelques part. Guerres un peu partout. Et toujours des victimes, des victimes par centaines. Et puis… « Les policiers moscovites ont interpellé hier une femme dans la banlieue sud de la capitale Russe, alors qu’elle s’apprêtait à vendre son petit fils de 8 ans pour dollars pour servir à des greffes d’organes ! ». Abasourdie, la raison tâtonne, désespérément, à la recherche de la compréhension. Blême d’horreur, la pensée s’indigne d’abord de cette vieille folle, car c’en est une c’est certain, qui aurait pu accomplir l’inavouable. Comment ? Comment cela se peut-il ? Comment cette femme peut-elle à ce point manquer à l’élémentaire instinct grégaire ? Comment peut-elle envisager de vendre le sang de son sang ? Mais voilà. L’information est donnée. Abandonnée comme ça. Ni plus, ni moins. Sans un commentaire pour tenter de comprendre l’atroce, pour essayer d’expliquer l’inexplicable… Déjà la saison avancée de football inquiète mon journaliste. Il parle d’autre chose, et je ne sais pas de quoi… Je suis sourd, pétrifié, glacé d’effroi. Et qui alors m’aidera à comprendre ? Qui me dira la faim qui tenaille cette femme et sa famille dans ce vaste et froid pays livré à une mafia impitoyable ? Qui me dira l’ordure gorgée de caviar et de whisky, suant de sa peur de crever quelque part dans son luxueux appartement de Manhattan ou de l’avenue Foch ? Qui m’aidera à comprendre que la pourriture est dans la Cité ? Que ce système permet au fortuné de payer quelques loufiats pour s’acheter quelques années de plus en volant le cœur d’un enfant ? Personne. Alors merde, je m’débrouille ! 52

53 Parents... Une bonne part du malheur du monde vient de ce qu’on laisse croire aux gens, qu’ils sont capables d’élever un enfant... Mais on n’élève pas un enfant comme on élève des chèvres. La complexité de l’esprit humain est telle qu’il faut de nombreuses connaissances psychologique, sociologique et humaines, pour parvenir à éviter de créer de futurs traumatisés. En fait, la guérison de notre société, nécessairement issue de l’éradication de la connerie, ne peut se faire qu’en deux temps. D’abord, en instituant un permis d’élever des enfants. Ensuite en interdisant aux non-titulaires de se reproduire, ou en les contraignant à confier le fruit de leur reproduction à la République pour qu’il soit formé, élevé par des citoyens compétents, spécialistes de cette science complexe qu’est la formation d’un esprit. Je vous voie faire une grimace d’horreur. Vous imaginez les pires choses à mon sujet, et êtes déjà certain de ma folie. Rappelez-vous, ou apprenez, qu’un philosophe Grec, et non des moindres, Platon faisait la même proposition, plusieurs siècles avant J.C. Nous aurons souffert ainsi près de 2000 années les excès des esprits perturbés de nos semblables, pour n’avoir jamais osé appliquer ses préceptes. Nous avons laissé sévir les fous de l’inquisition, les sadiques du nazisme, les imbéciles de toutes les religions, qu’elles soient sectaires ou non, alors que nous avions depuis longtemps la possibilité de ne pas leur donner le jour. Pire, nous avons laissé nos propres enfants hériter de nos tares. Nous leur avons transmis nos traumatismes. Nous les avons pollués de notre propre pollution, parce que nous sommes trop lâches, ou trop orgueilleux pour reconnaître nos incapacités. 53

54 Partage... Partager les richesses est une utopie, mais pas au sens où nous l’entendons d’ordinaire. En fait, c’est possible, et même, ce n’est pas très difficile à mettre en oeuvre. Seulement, voilà, le pouvoir est aujourd’hui, comme hier, aux mains des riches, 1789, qui trop vite s’essoufla, n’y changeât rien, la Commune de Paris, qui fut réprimée dans le sang, et dont l’erreur toute entière réside dans la trouille bonne enfant des Communards à s’attaquer à la Banque de France, non plus, et 1968 encore moins. Il faudrait donc simplement convaincre les « possédants » de partager les trésors du monde. Dans cette entreprise, la difficulté essentielle ne réside pas dans la crainte que les riches pourraient avoir de devenir moins riches... Le problème est tout entier, et « insolublement », dans le fait que si tous les pauvres demain, cessaient d’être pauvres pour enfin se partager les richesses du monde, les riches ne pourraient plus être plus riche qu’eux. Or, l’un des avantages suprême de la condition dite « de riche », la jouissance ultime, c’est d’être « plus riche que quelqu’un », en dehors du fait bien sûr de pouvoir rouler dans une décapotable confortable, d’avoir un appartement grand comme le taudis de 10 chômeurs, et de pouvoir s’empiffrer de foie gras jusqu’à la prochaine cure d’eau à Einghein. Devenir, ou penser devenir meilleur que le voisin, par l’avoir, est finalement, plus que le goût du luxe, ce qui fait courir l’humain. 54

55  Portrait... Cette jeune femme est ... Comment dire ? Je butte sur le qualificatif. Elle est loin d’être jolie. Mais, comment vous dire, elle n’est pas laide. Ses traits sont peu gracieux et pourtant... Son nez trop grand s’efface derrière de grands yeux intelligents. Son menton pointu et trop court, disparaît sous un sourire généreux. Grande et trop maigre, elle présente une apparence androgyne, qu’éclipse une féminité incompréhensible. Elle a l’air innocent des grands complices. On la devine aisément timide, mais ses yeux la disent coquine. Elle est belle à force de ne l’être pas. 55

56 Privatisation… Bernard, ou Robert, ou Jean, au fond ça m’est égal, Bernard donc a eu un accident de voiture. Rassurez vous, il n’a rien, mais sa superbe R25 est en miette. Quelques jours plus tard, il perçoit le remboursement de son assurances (je sais, normalement il faut attendre souvent plus d’un mois, mais bon, là c’est une métaphore). Bernard investit la totalité de la somme, et d’avantage dans la réparation de son automobile,. Tellement d’avantage, du reste, qu’il la remet à neuf, pour une somme équivalant à plus du double de sa valeur neuve ! Etonnant. Plus étonnant encore, moins d’un mois plus tard, Bernard vend sa R25 au niveau de sa côte Argus ! Je sais. Immédiatement vous pensez, l’histoire est intéressante (moi je trouve), mais pas crédible un instant. Ou alors… Bernard est un con ! (finalement je préfère Bernard) Et bien… Je suis d’accord avec vous. Et encore, nous n’examinons là qu’un cas d’école, à l’échelle d’un simple véhicule. Que dire d’un état qui débourserait plus de de francs (oui vous pouvez recompter, cent milliards, en chiffre ça fait bien tous ces zéro là), pour mettre à flot une banque ? Et la revendre ensuite pour 40 ou 50 milliards ? 56

57 Publicité... Que l’on paye grassement des crétins inventifs pour corrompre leur talent à venter les mérites illusoires d’un « déodorant-qui-sent-bon-quarante-huit-heure-après », passe encore. Mais que des « Acteurs », auxquels je refuse le nom de Comédiens, allassent traîner dans la fange ce qui devrait être leur vocation, NON. D’un point de vue artistique, la chose est indubitablement condamnable. Mais à cette ignominie, ils joignent encore l’injustice sociale. Je veux parler de ces « Acteurs », connus à défaut d’être accomplis. De ces Depardiou, de ces Berry, de ces Clavier et de tant d’autres encore, qui prostituent leur image, leur prestance, leur voix, pour des pâtes ou pour des yoghourt. Il y a messieurs tant de comédiens obscures qui attendent désespérément leur chance. Qui espèrent pouvoir enfin montrer un bout de leur gueule. Vous faites « ça » pour payer vos impôts, dites-vous. Mais quoi, vos cachets publicitaires seraient alors non-imposable ? J’en serais surpris. Et scandalisé. Au contraire, les masses d’argent qui vous sont payées, augmentent du même coup vos revenus imposables. Laissez là vos maigres excuses, et faites honneur à Molière, Fritz Lang et Pagnol. Allez. Divertissez-nous. Mais de grâce, oubliez vos sponsor. Ou vous pourriez être un jour amenés à jouer Cyrano, chaussés de baskets Adidas, et vêtus d’un polo Barilla. Imagineriez-vous le grand Raimu, ventant les mérites d’un quelconque pastis ? Un Gabin faisant la réclame d’une marque d’imperméables ? Votre métier, votre talent, votre Art, mérite plus que cet avilissement. Vous êtes devant ce public qui vous aime et vous acclame, responsables de votre image. C’est lui qui vous donne cette notoriété qui vous a enrichi. Vous êtes responsables devant le peuple des Spectateurs. Devenant vedettes, vous ne vous appartenez plus. Vous entrez dans le domaine public. Vous vous devez un peu plus d’amour propre. Vous nous devez de respecter d’avantage ce que vous évoquez. 57

58  Quête… Dans un discours, l’anecdote n’amuse le plus souvent que celui qui la rapporte. Tout au plus a-t-elle parfois le mérite de réveiller celui qui somnole, en produisant une rupture dans le rythme du texte. L’anecdote est une main tendue, le moyen pour l’inintéressant de recevoir l’obole d’une minute d’attention. Elle est l’éternelle quête d’amour appliquée au domaine discursif. 58

59 Racisme... Des personnes parfois pensantes, je réserve le bien à ceux qui ont un peu pris l’habitude de l’utiliser, la pensée, déclarent parfois en ces termes à peu près fidèlement rapportés dans l’esprit quoique soumis à fluctuation de formes dans la lettre : « Aujourd’hui, on ne peut plus dire qu’on trouve que les juifs sont quand même un peu différents, parce qu’eux, ben ils se tiennent les coudes, et que c’est pour ça qu’ils ont plus de fric que nous autres, ni que les arabes y sont quand même vachement souvent dans les administrations pour y toucher des allocations. Parce que si tu dis ça, on te taxe de raciste et d’antisémite ». Et oui ! Que voulez-vous, de la même façon, on ne peut pas marcher dans de la crotte de chien sans avoir le pied qui pue la merde ! 59

60 Régime… Si mon intention était de faire du fric, j’aurais placé cet article en sous-titre, avec une petite annotation, genre « le Secret ! ». Oui, bien comme ça, avec la majuscule injustifiée au S, pour accrocher le lecteur. Et un gros point d’exclamation pour le punch. Mais bon, là n’est pas mon propos. Les bassesses auxquelles se livrent mes contemporains dans le but de faire de l’argent, au mépris de l’honnêteté intellectuelle m’afflige. Tous ceux qui sont trop gros, à leur goût ou réellement, souffrent un martyre morale qu’il est dégueulasse de ne pas respecter. Et le jeune couillon qui se marre en dévisageant la grosse jeune fille, celle dont tout le monde se moque justement, suscite moins chez moi d’indignation que ce plumitif véreux qui considèrent la même jeune fille comme une cliente. Comme une potentielle lectrice pour son énième traité sur « comment j’ai su maigrir »… Vendre de l’espoir à cette jeune femme en ventant en trois cents page les mérites des légumes verts en s’appuyant sur son propre corps d’artiste friqué amaigris à grand coup de diète à la Bourboule est une escroquerie sans nom. Je sais à quoi vous pensez. Vous vous dites « ce petit malin fustige ceux qui utilisent la notion de régime pour vendre, mais il ne propose rien de mieux, pire même, il ratisse large en interpellant ceux que les régimes agacent, et ceux qui cherchent le régime miracle, en abusant ces derniers ». Et bien détrompez-vous ! J’ai mon idée sur la possibilité de perdre du poids. Le seul remède à la surcharge pondérale, qui n’est pas le fait d’un déséquilibre hormonale est la « distanciation ». L’objectivation de la motivation de manger. Faire des repas à peu près équilibrés, et devant chaque excès, face à chaque tentation le questionnement : « ai-je vraiment envie de cet aliment ? », « quel plaisir manger cette sucrerie peut-il m’apporter ? ». La méthode paraît simple. Elle l’est. Son seul point faible, elle ne peut fonctionner que si l’on est bien moralement au moment de la question. D’où la nécessité de se comprendre et s’accepter avant d’entreprendre de se changer. Ca paraît difficile. Ca l’est. 60

61  Régionalisme... A vous tous, Corses, Catalans, Basques et Cathares, à vous les Napolitains, les Alsaciens, les Valenciens, les Bretons, à ceux du pays d’Oc, du Piémont, de la Cantabrique et d’ailleurs, à vous tous, je veux dire ceci : ne soyez pas inquiets ! Vous voulez la reconnaissance de votre « culture », de votre différence. Vous voulez que votre langue soit reconnue, et parlée par vos enfants. Soyez heureux vous finirez par gagner ! Mais lorsque vous aurez tué le français, l’italien et l’espagnol, lorsque tous les cents kilomètres se dressera une nouvelle barrière linguistique qui excitera les différences et les intolérances nouvelles, lorsque vous aurez tué la langue d’Hugo, mis à mort celle de Cervantès, et assassiné la chantante fille de notre latin commun, nous continuerons à nous comprendre. Vous aurez fait son lit, elle sera toute puissante. La langue anglaise aura triomphée, et lorsque les enfants de Toulouse n’entendrons plus ceux de Nanterre, c’est à elle qu’ils auront recours. Et votre folklore ? Vous pourrez le mettre au panier, et vous asseoir dessus, la sardane ou la bourrée n’intéressent pas Hollywood… 61

62 Sans... 62 D’un sang à l’autre. En deux siècles d’histoire,
D’un sang à l’autre. En deux siècles d’histoire, notre pays est passé de la gloire des « Sans-culottes », à la honte des « sans-papiers ». 62

63 63 Sénilité. Dieu fit les Egyptiens pour la construction.
Dieu fit les Egyptiens pour la construction. Il fit les Grecs pour la philosophie. Il créa les romains pour l’organisation. Les Arabes furent inventer pour les mathématiques. Et les Français pour la cuisine. Il fit les Anglais pour le thé. Puis Dieu fit les Américains… Ha ! Il ne faudrait pas vieillir. 63

64 Socialisme... 64 J’avais une certaine idée du Socialisme.
J’avais une certaine idée du Socialisme. Et ils sont venus. Tous ceux-là, les égarés de la politique, centristes en tous genres, attirés un soir de résultat, par les lumières fascinantes du pouvoir, ou le goût masochiste de la défaite. J’avais une haute idée du Socialisme. Je savais ce peuple, désespéré, abandonné par l’église, condamné par les bourgeois à une existence de misère, nécessiteux de sa venue. Je le savais l’attendant, lui, juste et généreux, incarnation incorruptible de l’équité, uniquement soucieux de redonner au peuple sa place. La place de maître, celle qui lui revient de droit, puisqu’il est le sang de la nation, la seule nécessité impérieuse de nos motivations. Il avait pour suprême ambition de restituer le droit à la vie et à la dignité, rappelant que l’argent n’est qu’un moyen, replaçant la machine au service de l’homme. J’avais une émouvante idée du Socialisme. Je voyais Jaurès du haut de sa tribune, exhortant les foules à la paix. Je le voyais, décalé des passions populaires et patronales, nous mettre en garde contre la propriété. Je l’entendais, l’humaniste épris du peuple, nous rappeler que la propriété engendre inévitablement la division. Que la propriété de production doit être collective, et que même la propriété privée doit être surveillée. J’avais une belle idée du Socialisme. L’idée face à la résignation, l’intelligence face au mensonge. Idéal constant de notre aventure humaine. D’Hugo à Jaurès, de Platon à Marx, de Jésus à Guevara, partagé par beaucoup, aimé et entretenu par cette flamme résistante qui réchauffe parfois le coeur des hommes, inventé par personne et patrimoine de notre humanité généreuse. Je les voyais ces amoureux de l’idéal, tous parfaits, sévères et droits, inflexible dans leur vision, intransigeant dans leur désirs d’un avenir commun et solidaire. Les Robespierre, les Blum, les Lafargue, les Saint Just en donnaient les lettres de noblesse. J’avais une grande idée du Socialisme Et ils sont venus, gestionnaires à courte vue, ratatinés de l’imagination, atrophiés de la révolution, résignés congénitaux. Ils sont venus et ils nous ont pollués. Ils nous ont fait croire que nos ambitions étaient des rêves, nos idéaux des chimères, notre désir de justice une utopie. Ils nous ont dit que les experts avaient raison, puisqu’experts, justement. 64

65 65 Que le bonheur avait un coût, que nous devions budgétiser l’équité.
Qu’un gouvernement aujourd’hui n’avait plus de pouvoir sur l’économie. Et puis, comme pour achever à ce qui pouvait encore subsister de notre soif de justice, ils ont invoqué la sacro-sainte concurrence internationale, légitimant d’un coup le règne des multinationales et le dictât des places boursières.    J’avais une belle idée du Socialisme… Et ils sont venus. 65

66 Solitude... 66 Les goûts sont si variés.
Les goûts sont si variés. Couleurs, saveurs, parfums, musiques... Qu’il est difficile de rencontrer un autre qui ait les mêmes que soi. Et comme il est atroce le moment, où, croyant avoir enfin trouver à qui parler, ou pour mieux dire, avec qui partager, on se rend soudain compte que l’on s’est trompé. Un peu comme si, après 10 années de solitude, Robinson, le coeur battant à éclater, voyait débarquer un Vendredi qui soit en fait cannibale... Elle est entrée ce matin là. Fraiche et blonde. Chantonnant doucement « la montagne » de Ferrat. Le murmure me parvint, se mêlant au refrain, d’un autre air du chanteur que je sifflais justement. Je levais aussitôt vers elle des yeux écarquillés. « Vous aussi vous êtes venus avec Ferrat ce matin ? » Elle me répondit qu’en effet, elle avait dû l’entendre à la radio au déjeuner, et que depuis, le refrain lui en était resté. Ma bouche béait stupidement, j’étais prêt à lui demander ce qu’elle en connaissait, si c’était là un de ses poètes préférés... Mais avant même qu’une question ne puisse franchir mes lèvres, la belle avait ajouté : « ho, bien, l’homme bien sûr est ce qu’il est, mais je trouve qu’il a de très belles chansons ». Ô petite phrase assassine ! Tu ne sauras jamais la déception que tu fis naître alors. En quelques syllabes anodines, la réalité se rappelait à moi. Pauvre poète ! Pauvre de moi ! Triste monde ! Pauvre poète qui chante avec ardeur ses profondes convictions. Qui voudrait, nous faire comprendre toute la médiocrité de ce monde pour le mieux changer. Qui aimerait ainsi accomplir sa mission de nous guider vers des lendemains meilleurs. Pauvre de moi, qui me berce encore de l’illusion que mes semblables peuvent avoir une conscience politique. Et s’intéresser à autre chose que l’air du temps. Qui garde l’espoir que l’âme de mes contemporains puissent avoir des envolées plus élevées que celles d’un ballon rond. Las, de cette matinée je ne garderai qu’une déception, et un enseignement. Méfions-nous de ceux dont on pourrait croire qu’ils partagent nos goûts, nos idées. 66

67 Il en est, c’est certain. Mais lorsqu’un autre aime une chose, il faudrait suspicieusement s’empresser de lui demander pourquoi. Oui, bon, peut-être devrais-je me réjouir. Cette jeune femme apprécie au moins la poésie et la beauté des phrases de l’auteur. Mais qu’est-ce qu’une chanson sans son interprète ? La mode du karaoké de « célébrités » saisie notre télévision. Le spectacle de tous ces imbéciles, dont le talent ne réside que dans l’amitié que leur porte un animateur d’émission de variété, n’est-il pas désolant ? Ne sont-ils pas affligeant, tous ceux qui pour montrer leur gueule tentent de réciter leur chanson comme on récite une leçon ? Et ils essaient de reprendre le ton d’un Brel ou d’un Ferrat. Et toutes leurs simagrées ressemblent autant aux originaux qu’une nature morte à une corbeille de fruit. L’apparence y est parfois, mais la saveur en est toujours absente. 67

68 Taire... 68 Le cri. Premier mode d’expression.
Le cri. Premier mode d’expression. Conservé par le nourisson de manière atavique, l’association se fait rapidement entre « je pleure » et « on vient me nourrir ». Pratique. La parole. Elément de communication construit, élaboré. On apprend à exprimer sous une forme intelligible ses besoins, ses envies, ses goûts. Le discours. Peu d’entre nous y parvienne. C’est la forme aboutie de la construction de la parole. Les mots s’organisent pour se faire les interprètes efficaces de la pensée Le silence. Enfin, quelquefois, grâce à l’âge, ou au détour de certaines expériences, on apprend enfin à fermer sa gueule. Contrairement à l’apparence immédiate, ce n’est sans doute pas l’étape la plus facile. Attention aux confusions ! Le mutisme est parfois de la sérénité. La timidité pourrait bien être de la sagesse. L’imbécile hurle ce que le sage comprend. 68

69 Terrorisme... Je hais les Terror... pardon, les terroristes, ces gens là ne méritent pas la majuscule. Bon, au delà de la formidable expression, exutoire, de ce qu’on pourrait appeler un lieu commun, je m’empresse de clarifier ma pensée. Je déteste les terroristes comme tout le monde. Peut être un peu moins que tout le monde, car je n’oublie pas que nos héros de la résistance étaient appelés « terroristes » par l’occupant, et que finalement, l’histoire est toujours transmise par ceux qui ont vaincu. En fait, si je déteste ces gens là, ça n’est pas seulement à cause de leur stupidité noire, qui les conduits à faire sauter un quartier populaire pour exprimer leur colère face aux nantis, ou à égorger tout un village pour dire leur haine d’un pouvoir totalitaire. Non, si je déteste les terroristes, c’est à cause du métro. Car voyez vous, lorsqu’une bombe pète dans un wagon, elle engendre parfois hélas la mort, souvent des blessés, généralement de la poussière et toujours, vous pourrez vérifier, le CRS. Aujourd’hui, longtemps après le dernier attentat, on trouve encore dans les couloirs du métropolitain, arborant agressif leurs matraques trop longues pour leurs idées si courtes, un ou deux « Céhéresses » accompagnés de quelques gens en kaki. Je suis sans doute un émotif incorrigible, ou un anarchiste-monomaniaque, mais lorsqu’un Escalator me révèle une patrouille de quatre « gugusses », armés jusqu’aux dents, dévisageant le prolétaire opiniâtre, mon poil se hérisse. Un frisson immanquablement me parcoure l’échine. Quel incompréhensible glissement de terrain m’a transporté dans ce monde étranger ? Quel déploiement de force imbécile face à l’inévitable. Pour donner au peuple l’illusion d’une sécurité, on installe uniformes et mitraillettes. Mais lui a-t-on dit à ce peuple que face à un seul type déterminé, toutes les précautions du monde n’éviteront pas le drame ? Que j’en veux à ces crétins détonnant de nous imposer par leur terrorisme mal ciblé la transformation de notre monde suburbain en un repère de képis, en une parodie fin-de-siècle des plus noires dictatures latino-américaines. 69

70 Tourisme... Le développement touristique d’un pays, d’une région, annonce la mort de la spontanéité de ses habitants. Lorsque chacun voit sa subsistance quotidienne soumise au rapport au touriste, il acquiert progressivement l’âme d’un boutiquier. Le bord de mer se couvre de marina, les montagnes de tire-fesses, les villes de « crad-food », les quartiers riches de milice et les quartiers pauvres de bordels. Foutez la paix aux tribus primitives. Lâchez nous le tiers monde ! Ne découvrez plus rien ! Plaçons au pilori les Peyron et les Hulot, ces Atilla modernes dans le sillage desquels nulle innocence ne repousse. 70

71 Urbain… En architecture, qu’il s’agisse d’habitat, de bâtiment publics ou religieux, nos extravagances d’aujourd’hui sont les monuments historiques de demain. Un pays qui ne rêve pas, qui ne se projette pas, est une pays sans avenir. En ce sens, la démesure peut être un élément fédérateur, et moteur de la cohésion nationale. 71

72 Vieillir... 72 Je ne veux pas devenir vieux.
Je ne veux pas devenir vieux. Vieillir me fait peur, c’est un signe avant coureur de la mort. Et puis, j’ai les caniches en horreur. 72

73 Vitrine... J’adore Noël. J’aime l’effervescence vaine de cette fin d’année. Je jubile de l’exquis paganisme qui s’est emparé de cette fête religieuse *. « Tous ces imbéciles endimanchés, traînant leur dinde promotionnelle, achetée dans une boutique. Tous ces crétins « encravatés », au bras de leur dinde officielle, priant dans le magasin catholique ». Pensez à Lui ce soir. Vous pourrez l’oubliez consciencieusement le reste de l’année. Surtout, Noël ce sont les lumières, les néons des grands magasins. C’est le moment où cessent enfin les différences sociales Où s’estompent les inégalités immondes. Le seul moment où les jouets des enfants riches sont montrés aux aspirations des petits pauvres. * Fête d’ailleurs d’origine païenne avant d’être reprise par les chrétiens pour cause de marketing, juste retour des choses. 73

74 Washington… 74 Rome. Cité antique.
Washington… Rome. Cité antique. Capitale d’un empire rayonnant sa culture sur tout le monde connu. Washington. Cité moderne. Capitale d’un monde de trou-du-cul, inondant les peuples de bouffe prédigérée et de cinéma indigeste. NDLA : ben ouais, ça fait du bien, et en plus je rempli la lettre W qui me causait du tracas… 74

75 Xénophobie… ? 75 Il est une légende qu’on transmet là bas en Géorgie.
Il est une légende qu’on transmet là bas en Géorgie. Elle évoque la création du monde. Je ne sais si cette évocation est xénophobe dans le mépris qu’elle pourrait supposer, ou seulement niaise de simplicité populaire, ou encore remarquable de fine modestie. On transmet le mythe à peu près ainsi… « Après la genèse du monde, Dieu procéda à la répartition des terres. Pour chaque peuple, il donna en partage un pays, un endroit, tous plus beaux les uns que les autres. Lorsqu’il eut fini la répartition, Dieu eut une moment de divine satisfaction. Il regarda le monde et ce qu’il vit lui plut, jusqu’à ce que son regard se portât sur le peuple des géorgiens. Car il avait simplement oublié les gens de ce peuple ! Alors, dans sa générosité, Dieu leur offrit le pays qu’il gardait pour lui. » En fait, de telle légende ne font que flatter le sentiment d’attachement national, et je soupçonne qu’elles fussent l’instrument de nombreux gouvernements, au travers des temps et des lieux, pour renforcer la cohésion nationale. Mais bon. Après tout, peut-être n’est-ce tout simplement que joli. 75

76 Yachts... Celui-ci a coûté cent millions de francs, cet autre soixante-dix seulement, quant au blanc là-bas, il en vaut bien cent vingt cinq... Des palais flottants. Mais les nababs nouveaux, enrichis par les ruines successives des épargnants boursicoteurs, au portefeuille gonflé de francs (Suisse le franc, ne soyez pas vulgaire), ces milords là donc, ne naviguent jamais. Lorsque monsieur et mademoiselle veulent parader aux Bahamas plutôt qu’à St Trop’ (faire un beau « o » ouvert, à la limite du « e »), on place l’engin dans un énorme cargo, et on le décharge à l’endroit de villégiature qu’ils auront rejoint en avion... Le mal de mer est désormais compatible avec le snobisme « yachtique ». Chez certains, les moins nantis, ou les plus snobs d’entre eux, le moteur n’est même pas installé ! Et d’ailleurs à quoi bon ? Le navire n’est mis à quai que pour faire baver le vulgus. Chers capitaines aux tristes cours, comment vous dire ? Montez sur vos blancs bateaux ! Mettez la voile si vous n’avez pas le moteur ! Déguerpissez de nos rivages, afin de ne plus susciter la con...voitise du prolo. Et foutez nous la paix ! 76

77 Zoophilie… Choisir délibérément de donner son amour à des animaux plutôt qu’à des humains relève plus de la paresse que de la sagesse (entendons nous bien, je parle de l’affection platonique, pour le reste le diagnostic révélerait surtout un trouble pathologique). Conquérir la confiance d’un animal requiert de la patience, un peu d’opiniâtreté, et de la douceur. La reconnaissance du ventre finit le plus souvent par triompher. Mais pour plaire à un humain… Obéissant à des motivations plus complexe que la recherche de la satiété et du confort, il faut pour lui plaire non seulement de la douceur, mais aussi cent autres trouvailles, mille trésors d’ingéniosité. Il faut s’attacher à développer son écoute. Un chien, c’est formidable, le confident idéal. L’humain exige de l’attention. Avec le chat on se fait plaisir, avec l’homme il faut s’investir de disponibilité. L’animal se complet dans l’habitude. La relation humaine s’épanouit dans l’inattendu et la surprise. L’intelligence s’accommode mal de la routine. 77


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