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1) L’idéologie, la ritualisation; 2) le symbolisme de l’imaginaire; 3) l’État et ses jetons symboliques http://www.statistics.gov.uk/focuson/religion/images/Religion_1.gif.

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1 1) L’idéologie, la ritualisation; 2) le symbolisme de l’imaginaire; 3) l’État et ses jetons symboliques Guy Lanoue, Université de Montréal,

2 Comment un phénomène peut-il être universel, et pourtant avoir tellement de manifestations particulières qu’on risque de ne plus être capable de faire de comparaisons? Est-ce un problème de notre épistémologie héritée du romantisme allemand, qui a tendance à fusionner de phénomènes autrement indépendants? À gauche, les États pontificaux au 19e siècle prétendent que les condamnés fassent une déclaration «spontanée» de culpabilité avant l’exécution. Même la base théologique d’une grande religion n’est pas imperméable à la politique et à l’idéologie. /1/An-Execution-In-Rome-For-Murder,-1820.jpg Guy Lanoue, Université de Montréal, 2011

3 Les quatre dimensions standards du geste religieux:
Mysticisme – tentative de s'unir à Dieu chamanisme – des pratiques de transe et de divination qui cherchent à voir ce qui n'est pas normalement visible dans le monde existentiel (p.e., la source et la cause de maladies) sorcellerie – tentative d'utiliser les forces surnaturelles pour influencer les évènements et les personnes, généralement à distance possession – condition d'être possédé par un ou plusieurs esprits ou dieux.

4 Où est le pouvoir? + Imaginaire - Individu + Individu - Imaginaire
L’emplacement de l’humain vis-à-vis l’imaginaire établit de diverses distances et diverses directions de déplacement: 1: on se dirige vers le monde des esprits (mysticisme) 2: immobile, mais le monde des esprits vient vers nous (possession) 3: immobile, mais on voit au-delà de notre portée habituelle (chamanisme) 4: immobile, mais on projet notre capacité d’agir à distance (sorcellerie) L’activité et la pensée religieuse, quoique soit sa manifestation a donc comme but identifier et de franchir les frontières de l’imaginaire. Où est le pouvoir? + Imaginaire - Individu + Individu - Imaginaire

5 Parenthèse: pourquoi le ciel est-il homme et la terre est-elle femme?
Selon leur vocabulaire reconstruit, les Indo-européens de l’Asie centrale qui ont peuplé l’Europe 2-3,000 ans a.J.-C. étaient de grands éleveurs de bétail et de chevaux (voir J.P. Mallory, In Search of the Indo-Europeans, 1989). Un régime économique pastoral a généralement besoin de beaucoup de territoire pour les cheptels. Il est donc fort probable que les proto-Indoeuropéens avaient de problèmes à établir ou à contrôler leurs frontières, ce qui souvent mène à la militarisation de la société. Il n’est pas impossible que ceci ait encouragé, selon Georges Dumézil (Mythe et épopée, 3 vols., ), l’émergence d’une conception tripartite de l’univers et de la mythologie: a) le sacré, lié au désir de l’ordre dans un univers potentiellement instable, symbolisé par d’archidieux masculins tels que Zeus, Jupiter ou Yahweh, dont le point de vue surélevé dans les cieux les permet de voir des tentatives de pénétrer les frontières lointaines et indéfendables; b) le guerrier, qui défend le peuple sur la dimension terrestre; c) les travailleurs (fermiers, éleveurs), qui incarnent la fertilité et la reproduction. À souligner qu’un problème essentiellement «horizontal» et sans solution parfaite, la défense du territoire et des frontières, est projeté, dans l’imaginaire, sur une dimension «verticale»: le ciel du sacré, le monde terrestre des hommes, et la terre symbole de la fertilité et donc féminine. Conceptualiser le problème ainsi permet de préciser de solutions idéalisées: p.e., un dieu omnipuissant et surtout omniprésent (voir, p.e., les aventures multiples de Zeus) qui protège la communauté. Dans ces mythologies, les aigles (qui volent très haut et voient très loin), des abeilles (qui ruchent dans le creux des arbres), et même les écureuils (qui courent sur les troncs) sont considérés comme sacrés, car ils font le lien entre le haut souvent masculin et sacré, et le bas féminin et profane. L’Arbre Monde (arbor mundi) est une conception ancienne de l’univers sous forme d’arbre (un chêne ou un frêne; voir le PPT La civilisation romaine) qui survit dans quelques mythologies indo-européennes. Voir E. Meletinsky, The Poetics of Myth, 1998. Les Thriae (ou Melissae) sont des prêtresses-prophétesses liées à Apollon et aux abeilles (dont le nom); meli, le miel, est aussi la manne du frêne. ldercontent/sitebuilderpictures/priestesse sgreece.jpg

6 Représentation visuelle de l’Arbre cosmique scandinave : notez la structure, où la plus grande couverture est en-haut (dieux, déesses, qui voient tout). Les panthéons grecs et romains étaient peuplés de déesses très puissantes, capables d’agir seule, de façon indépendante; le monde terrestre est masculin (le tronc = symbole du lignage patrilinéaire), mais les racines « féminines » (et la base biologique) sont cachées. http25.media.tumblr.comtumblr_mb018t7OTW1roupexo1_500.gif

7 La parenté tsimshian Résidence patrilocal (avec le frère de la mère)
Mariage matrilatéral (avec la cousine croisée) Filiation matrilinéaire (avec politique patriarcale)

8 1) L’équation hauteur = masculin = puissance n’est pas universel, même si elle est répandue parmi les peuples indo-européens. La masculinisation de la hauteur n’est pas directement liée à un «complexe» patriarcal. 2) Un régime patriarcal/patrilinéaire est une tentative de créer un modèle de l’univers rangé, avec un Eux et Nous clairement délimité sur le plan topographique, c.-à-d., «horizontale». La référence à ce modèle est une frontière, la séparation. Le degré de masculinisation du complexe indique le degré de «pénétrabilité» souhaitée. 3) Par contre, le ciel puissant et masculin projette symboliquement la volonté de l’ordre et de la protection du statuquo quand les frontières ne sont pas surveillées ou sont continuellement menacées. Un dieu masculin «en-haut» met l’accent sur le Nous qui tente de «voir», symboliquement, au cœur des intentions ennemies. Les cieux et leurs dieux masculins deviennent de métaphores «verticales» pour l’hiérarchie politico-sociale puissante. 4) Quand il existe de solutions intermédiaires (p.e., occupation intermittente; potlatch ou rituel équivalent) pour aviser les voisins que le groupe est néanmoins vigilant même si les frontières ne sont pas totalement sécurisées (p.e., les Sekani, les peuples de la Côte Ouest du Canada, les anciens peuples scandinaves, les Yanomami), les personnes peuvent adopter le chamanisme comme compromis, où le chaman humain a la capacité de voir loin, mais uniquement en brisant avec la quotidienneté (ingérer de psychotropes, s’hypnotiser au son de tambours, fixer des miroirs où se «voit» une autre dimension, comme Alice au pays des Merveilles; voir E. Meletinsky, The Poetics of Myth, New York, 1998). flickr.com/31/ _d5480a454e.jpg 5) Au 19e siècle, plusieurs théories proposent que la fertilité féminine dominât la pensée de tribus agricoles. Par contre, les nomades étaient censés avoir de dieux célestes masculins voués à combattre leurs ennemis; ceci est une projection de la gouvernance militarisée des victoriens et ignore que toutes les civilisations dépendent de la fertilité de la terre, mais que seulement une petite minorité de ces régimes placent la terre féminine au premier rang dans le panthéon (voir J.G. Frazer, The Golden Bough, 1890, qui propose que sacrifier le roi soit une forme d’union avec la terre, qui, au printemps, renouvèle la nature). Bref, ce n’est pas la présence ou l’absence d’une hiérarchie politique, mais son efficacité à régler les problèmes d’accès aux ressources qui pousse les personnes à développer de mythologies qui implicitement favorisent la hauteur. Le Rameau d’or se réfère à une cérémonie qui se tenait près de Ariccia, une petite communauté 30km au sud de Rome, où un vieux roi-prêtre romain incarnait les faiblesses et les malheurs de la communauté, pour être tué par son successeur; ceci est la base de la théorie de Fraser sur la mort et la résurrection des rois-dieux qui renouvèlent la fertilité de la Terre.

9 Pas toutes les sociétés possèdent l'ensemble de ces 4 dimensions. P. e
Pas toutes les sociétés possèdent l'ensemble de ces 4 dimensions. P.e., le chamanisme et le mysticisme semblent inconnus parmi les Aborigènes d'Australie. Parmi les centaines de groupes du continent, la majorité semble croire en la sorcellerie et dans une mythologie complexe de la création (Dreamtime, le «Temps de rêve», une dimension parallèle et primordiale où existent les matrices éternelles qui forment les objets de notre dimension) qui établit des liens très précis entre les groupes en les catégorisant selon une logique projetée sur cette dimension. Les liens sont donc «éternels», comme l’est cette dimension. Il n’est pas surprenant que tous ces groupes s’organisent et se représentent selon une logique linéaire et clanique.

10 D’autres peuples s’adaptent très bien à l’activité missionnaire des grandes églises «occidentales», pour créer une vision syncrétique, soit en modifiant leurs croyances autochtones, soit cachant (mais pratiquant toujours) leur propre tradition. D’autres encore, p.e., le catholicisme, ne tolèrent pas (officiellement) de manifestations religieuses concurrentielles ou alternatives, telles que le chamanisme. Plusieurs de ces religions syncrétiques se trouvent en Afrique, naturellement, étant donné la présence intense de missionnaires (incluant les musulmans). Ces religions ont ajouté une autre couche de symboles et pratiques quand divers peuples africains furent asservis et transportés au Brésil – le santeria, le candomblé, la macumba, p.e., ont des éléments africains et indiens, comme le vaudou haïtien fusionne des croyances catholiques, africaines et caraïbéennes. 2163/ _3212afc18b_m.jpg

11 Un avion de paille; marcher au pas
Peut-être l’exemple mieux connu et étudié d’un mouvement religieux est représenté par les cultes de cargaison de la Papouasie Nouvelle-Guinée. Les peuples du littoral de l’ile étaient souvent asservis pour travailler dans les plantations fondées par les Européens. Cette différence en statut et surtout de pouvoir les a poussés à rechercher le «secret» du pouvoir des blancs, qu’ils ont interprété dans la clé de richesse mercantile (n’oublions pas que plusieurs groupes possédaient déjà le complexe du Big Man, où le statut dépend de la richesse matérielle de l’homme). Souvent, ils se sont inspirés des missionnaires et ont développé des narrations «bibliques», et ils ont également tenté d’imiter la culture visible des blancs – le port d’uniformes et marcher au pas (les soldats), le discours solennel (les missionnaires), la construction de simulacres de biens et de marchandises européennes (la cargaison des marchands, justement). Un avion de paille; marcher au pas _ _marchers_300.jpg Voir Kenelm Burridge, Mambu, Londres, 1960, et New Heaven, New Earth: A Study of Millenarian Activities, Oxford, 1969; Peter Worsley, The Trumpet Shall Sound, Londres, 1957

12 Les Sekani vivent dans un rapport avec l’invisible qui est dominé par une forme de possession, où l'esprit de l'animal s'approche, mais ne saisit pas le contrôle complet de l'individu (mais il peut, menant à des conséquences néfastes). Il n’est pas surprenant qu’ils affichent et valorisent l’individualisme dans leur organisation sociale. Wechuge, le Windigo athapascan, un monstre cannibale qui représente un excès d’individualité: «manger» les personnes d’autrui est une métaphore puissante pour nier l’existence des autres; le Moi devient un hyper-Moi. Cette «maladie» se déclenche quand les personnes sont trop isolées l’une de l’autre. L’isolation extrême mène à l’individualisme, qui menace la solidarité du groupe; voir D.H. Turner, Dialectics in Tradition: Myth and Social Structure in Two Hunter-Gatherer Societies, Londres, 1978.

13 La scapulomancie pratiquée par les Innu de la Rive-Nord du St-Laurent, où les personnes tentent d'interpréter la craquelure lors qu'un os de l'épaule est brulé. L'interprétation n'est jamais individuelle, mais se fait en groupe, et donc on partage la responsabilité pour diriger le groupe de chasse vers le troupeau de caribou dont ils dépendent (à différence de la chasse à l'orignal, le caribou se déplace en troupeau, et il est plus difficile à trouver dans les grandes forêts du nord). L’individualité est donc protégée par le partage de responsabilité. Omoplate (gauche) et dessin étrusque d’un foie de mouton, indiquant les parties et leur signification. Il était utilisé pour éduquer les apprentis. commons/thumb/c/c9/Orakelknochen.JPG/200px-Orakelknochen.JPG Cette pratique est certainement liée à la divination effectuée par la lecture des autres parties du corps (p.e., le foie, organe privilégié par les haruspex romains). Lire le corps (animal et humain) et ses composants (fluides, restes, organes) pour connaitre le futur est une pratique tellement répandue qu’on peut dire qu’elle est un trait primordial de la pensée mythique. La partie de l’organe est signe de l’organe, qui est signe du corps, qui est métaphore de la communauté: des chaines syntagmatiques (métonymiques) qui agissent de synecdoque.

14 Le Hamatsa est un rituel kwakiutl (kwakwaka’wakw) dont les composants dramatiques font surtout référence au cannibalisme, qui est parfois mis en scène par les danseurs (avec le corps dépilé d’un ours comme «victime»). Il est surtout pratiqué l’hiver, lors que les Kwakiutl sont ensemble dans le village – le moment de maximum faiblesse politique. Il n’est donc pas surprenant que le cannibalisme (l’incorporation symbolique des autres pour former un super-Moi) devienne le leitmotiv dominant du rituel. okedBeakHamatsaMaskKevinCranmerMay08.jpg

15 Le rêve Il est possible à induire des rêves pour voir ailleurs, au-delà des limites physiologiques normales, ou pour voir le futur: c’est le rêve chamanique (prémonitoire). Les Dènè (Athapaskans septentrionaux), par exemple, rêvent la direction où se trouvera le gibier (ils dorment en orientant la tête dans la direction où ils espèrent trouver les animaux). L’incertitude et le menace à la survie sont des choses courantes, étant donné la superficie de 20-30k km2 des territoires de chasse typiques pour un groupe de Des rêves chamaniques sont également répandus parmi les sociétés agricoles (ou celles qui dépendent de ressources concentrées dans l’espace; p.e., la Côte Ouest). L’agriculture agglomère les personnes et laisse vide les zones périphériques, augmentant ainsi la crainte de l’Autre. Les marges deviennent une zone inconnue « sauvage » où, souvent, vivent les monstres de l’imaginaire. Voir pour un exemple renommé, l’Épopée de Gilgamesh (de Sumer; peut-être le premier texte littéraire de l’histoire). Gilgamesh et Enkidu tuent le monstre Humbaba; Gilgamesh a rêvé qu’il affrontera le gardien de la Forêt de Cèdres, qui était quasi imbattable; Enkidu a interprété ses rêves en clef positive pour l’encourager. Palais du Roi Kapara, à ell Halaf, Syrie. 10e -9e siècles a.J.-C.

16 Les Klamath de la Californie septentrionale et de l’Oregon méridional (mais qui appartiennent au regroupement culturel du Plateau) croient dans le voyage chamanique vers le Pays des Morts, où tout (incluant la dimension temporelle) est renversé, et donc ils peuvent prendre des nouvelles du futur. Il s’agit de croyances «orphiques». Orphée, un argonaute et compagnon de Jason, dévasté par la mort de son épouse Eurydice, est accordé la permission de Hadès gardien de l’Enfer d’aller trouver sa femme. Il ne réussit pas, et à la fin est tué par des femmes qui seraient, selon la légende, envieuses de ses talents musicaux et du fait qu’il reste fidèle à la mémoire d’Eurydice. Le mort d’Orphée, 1494; eau-forte; Kunsthalle, Hambourg

17 Chaman saami (Finlande)
Normalement, les singeries d'un chaman ne sont pas considérées un rituel parce qu'elles ne sont pas collectives, mais individuels. Cependant, le chaman répète ses gestes et crée son petit univers. Ces contorsions définissent un espace rituel parce qu'on sait que c'est le chaman, et uniquement lui, qui peut agir selon ce modèle. Le chaman doit se divorcer des conditions normales pour voir loin, quand il n’y a pas de moyen (arbre cosmique, dieux célestes) de grimper plus haut pour étendre la vision au-delà des frontières. Si certains éléments de la vie politique normale risquent de devenir trop chaotiques (car la normalité est menacée par l’ennemi-étranger dont on ignore les intentions), le chaman en contraste adopte temporairement un régime hyperrigide: écouter les battements de tambour; fixer un miroir qui dédouble la réalité (un tamtam visuel); parfois ingérer de psychotropes. En général, c’est un renversement: le chaman passe de l’hypernormal au chaos comportemental, et la vie (ou parfois, le patient) passe du chaos à l’ordre. Chaman sitka (Alaska) Chaman saami (Finlande)

18 Claude Lévi-Strauss a suggéré («L’efficacité symbolique», Anthropologie structurale, 1958) que les gestes et les «singeries» du chaman peuvent être analysés comme des tentatives d’établir un pont entre un malade et la communauté. Pourquoi le chaman? Parce que, dans une communauté surtout homogène, caractérisée par une culture qui favorise la solidarité mécanique où les traits publics du Soi se ressemblent (à différence de la solidarité organique, où ils se chevauchent), la maladie extrême aliène le patient au point qu’il ne partage plus de points de repère pour exprimer ses conditions existentielles. Le chaman montre au patient qu’il n’est pas seul. Parfois, cela suffit pour guérir. AMVg/tCoeU7ct8N8/s400/Claude+L%C3%A9vi-Strauss+ou+l%27%C 3%A9claireur+de+nos+mythes.jpg Claude Lévi-Strauss en Amazonie, 1938 Détail, La création de l’homme, Chapelle Sixtine, Rome

19 Possession en Inde – typique de peuples tribaux; il ne fait pas partie de l'Hindouisme comme tel. Le possédé n'est pas conscient ni responsable de ses actions pendant qu'il est en transe. Peut être la dimension la plus intéressante de ces pratiques et croyances et que les Occidentaux les classent comme faisant partie de la religion «tribale», car on ne peut facilement comprendre cet empressement de renoncer à la rationalité qui définit, pour les Occidentaux, la dynamique fondamentale du Moi.

20 Les grandes religions – Catholicisme, Bouddhisme, etc
Les grandes religions – Catholicisme, Bouddhisme, etc. – renoncent à la sorcellerie ou au chamanisme, mais proposent une vision mystique, et, dans certains cas, la possession semble possible pour les catholiques (les saints). Elles sont «grandes» parce qu’elles sont liées à la présence des formations étatiques. stories/articles/physics-and-mysticism-vF.jpg

21 L’individualité et la dimension religieuse
Toutes les religions, donc, permettent à l’individu d’agir seul et d’agir comme membre d’une communauté. La religion peut être vue comme une instance spéciale d'un phénomène plus répandu et non spécifiquement religieux dans le sens traditionnel, c.-à-d., la religion ne serait pas uniquement une tentative de formuler des réponses abstraites et métaphysiques (donc, non falsifiables, dans le sens du philosophe Karl Popper) aux mystères sans solutions (p.e., la mort, les forces naturelles qui apparaissent surnaturelles quand il n'y a pas de connaissance scientifique, etc.). La religion serait plutôt une tentative d'augmenter le pouvoir individuel vis-à-vis de la communauté, une tentative de renforcer l’individualité sans nier l’identité sociale de la personne, d’affirmer que l’individu est tout de même un membre d'une communauté. Adhérer à une religion est comme adhérer à une communauté imaginée – la qualité abstraite des croyances (qui doivent être affirmées uniquement en public lors de certaines occasions) permet à l’individu de conserver intact le noyau intime de son individualité, mais d’agir en respectant les conventions formelles de la socialité. Bal de finissants, Montréal (Laval) Bal de finissants, Grande-Bretagne

22 Rendre les gestes conformes à un modèle crée et définit le temps spécial; les gestes conformes peuvent donc avoir des significations « anormales » assez différentes des significations qui entourent et encadrent la vie quotidienne. En dépit des interprétations formelles fournies par l’idéologie, le bris entre le vécu et l’imaginaire permet aux individus d’interpréter les symboles comme ils veulent. C’est cet aspect intensément intime et même solitaire de l’expérience religieuse qui agit sur l’individualité. Le rituel de St-Jean, cathédrale de Lyon

23 Ritualiser l’agir dans un espace imaginaire
Le rituel est donc fondamental pour comprendre la religion, parce que toute religion suggère l'existence de l'espace rituel comme un espace social où existe un temps spécial et hors-norme. Cet espace rituel est spécial, car les signes ne sont plus attachés aux éléments du quotidien, mais à d’autres composants de l’espace rituel. Le rituel est donc une zone de créativité, mais les résultats ne menacent pas les lignes de force déjà en équilibre, car ils peuvent rester attachés à l’imaginaire – ils font partie de la dimension métaphysique de la religion. Bain rituel au Népal P. Bruegel, La Lutte entre Carnaval et Carême, 1559 c=IWSAsset&k=2&d=17A4AD9FDB9CF F 8FA9CA92A6105D CD09D0B6AE4F903F69820 endon-live/carnival444%20jose%20miguel%20gomez%20reuater.jpg Carnaval à Rio Carnaval à Ivrea (Italie)

24 Carnaval à Londres Les parades publiques liées au Carnaval sont des expressions du degré de solidarité de la communauté; les composants du défilé sont parfois arrangés pour créer une représentation renversée du vécu quotidien. Défile à Viareggio v=1&c=IWSAsset&k=2&d=17A4AD9FDB9CF F8FA9CA92A64E6DAD43607F129B F39BA9143

25 Le tarentisme aux Pouilles, selon Ernesto De Martino (La terra del rimorso, 1961; La terre du remords, 1999), est une métaphore puissante pour la misère économique et surtout psychique des pauvres du sud de l’Italie et, notamment, des femmes dans cette société plutôt patriarcale. Censée être mordues par une araignée tarentule, les femmes se donnent à de gestes forts et déchainés qui semblent inconsciemment incarner la sexualité qu’elles ne peuvent assumer ouvertement. Taranto est une ville portuaire fondée par les Grecs, qui l’avaient baptisé Taras, nom d’un fils de Poséidon, maitre de la mer. Le nom de la ville est à l’origine du nom de la maladie, car la condition est émergée dans la zone limitrophe au 16e siècle, mais il y a de suggestions que des manifestations semblables existaient ailleurs en Europe dès le 11e siècle. Le phénomène est certainement lié au contrôle de la sexualité des femmes (la grande majorité des victimes sont de jeunes femmes nubiles, et il se manifeste surtout en été, avant la récolte), pour conserver intacts les réseaux d’entre-aide. Ce n’est pas surprenant que les gestes frénétiques des femmes soient «domptés» par les rythmes réguliers et ritualisés de la musique. Il existe des musiciens spécialistes du genre (des hommes, naturellement).

26 Les rapports de plaisanterie
Les rapports de plaisanterie sont basés sur l’obligation formelle de limiter l’interaction avec un autre à des (surprise!) plaisanteries. Ceci peut inclure l’obligation d’insulter l’autre. Parfois, ceci n’est pas réciproque et équilibré, et la personne cible de blagues ou d’insultes doit se taire (on dit un rapport asymétrique). Ils sont la contrepartie des rapports d’évasion (avoidance relationships, en anglais), où les personnes ne peuvent se parler ou interagir (les deux peuvent se manifester dans la même société). Originalement identifié par A.R. Radcliffe-Brown, qui avait suggéré que la structure sociale consiste de pratiques dont le but est d’appuyer d’autres dimensions de la structure. Le rapport de plaisanterie, donc, est une tentative de conserver intacte les rapports en les entourant de formalisme et de silence, surtout dans le cas où tels rapports sont retenus primordiaux pour conserver et appuyer la structure. Les rapports de plaisanterie sont une forme de soupape de sécurité qui canalise le vécu vers la formalité et le rituel. c/c6/Ignorance_is_bliss_-_shortbread_cookie_with_a_smile.jpg

27 Typiquement, ces rapports se développent entre un homme et son oncle paternel dans un système matrilinéaire, ou entre un homme et son oncle maternel dans un système patrilinéaire (pour limiter la contamination du pouvoir clanique quand deux clans sont liés par le mariage); entre un petit-fils et son grand-père parmi les Aborigènes australiens (pour réduire au silence le grand-père, dont l’expérience de vie contredit la fiction politique que les matrices éternelles du Dreamtime soient plus importantes des contingences du vécu); entre un homme et une femme dans une entreprise occidentale; à un carnaval ou saturnale (une forme de débauche ritualisée) où les rapports normaux sont renversés. RatI/AAAAAAAAAX8/se64xClvFtU/s1600/ thb.jpg

28 Répondre à l’inconnu: science ou religion
.com/2009/11/world-religion.jpg Un chasseur ne sait pas où se trouve le gibier; s’il ne le trouve pas, il meurt. Un cultivateur prie pour la pluie; s’il y a une sècheresse, il meurt. Un ouvrier ne sait pas d’une année à l’autre si les patrons décident qu’il est plus économique d’utiliser des usines en Corée du Sud. Toutes ces instances de l’inconnu représentent le chaos, de l’inconnu et de tensions insurmontables pour la communauté. Pour dompter le chaos, les personnes proposent de systèmes cohérents de signification Il y a deux possibilités: la science réduit l’inconnu à ses plus petits composants et analyse les rapports systématiques entre eux pour reconstruire un modèle de l’ensemble. Autrement dit, la science répond au désordre avec une structure basée sur la logique. La religion, par contre, offre une solution inverse: face au chaos, elle propose une version du désordre créée par l’homme, où il est donc possible à intervenir. Des forces primordiales, des esprits malins, des monstres cannibales, des dieux capricieux; un Dieu (chrétien) vengeur et hautain: l’imaginaire religieux est loin d’être idyllique. Mais à différence du chaos terrestre, il est possible d’y intervenir, par de cadeaux et de sacrifices, par l’offre de la loyauté, par de rituels qui rendent hommage à ses résidents et qui reconnaissent leur puissance. Le chaos terrestre est substitué par des menaces qui peuvent être contrôlées, domptées ou évitées. thumb/3/38/Scisteps.jpg/300px-Scisteps.jpg

29 Le chaos transformé en cosmos
Cet espace religieux, un champ miné de pièges et de menaces, est néanmoins logique. À sa façon, donc, il incarne la perfection, la mytho-logique lévi-straussienne. Du chaos humanisé émerge une manifestation de la perfection représentée par les enchainements parfaitement logiques du système (qui en principe le permet d’expliquer tous les phénomènes de l’univers) ou par les pouvoirs surhumains extraordinaires des esprits et des dieux. La religion insère le chaos dans une structure. httpwww.apodimos.comarthra06DecGREEK_MYTHOLOGY_ THE_PRINCIPAL_GODSindex_filesimage002.gif La généalogie du Chaos, source de la terre et de l’imaginaire. La première génération des dieux est simultanément des entités, des lieux, et de forces primordiales qui animent l’univers Un cosmos « parfait » /ideas/images-ideas/greek-evanscover.jpg

30 En fait, c’est cette combinaison paradoxale de contenu «dangereux» dompté par une structure «cosmique» («ordonnée», dans le sens grec) qui explique pourquoi la religion est quasi universellement jumelée à l’art, soit par le sujet artistique, soit par une esthétique particulière. Comme domaine, l’art incarne l’harmonie, car ses composants (formes, couleurs, sujets) sont liés l’un à l’autre selon un ensemble de règles dont il est possible à préciser la logique. Par contre, en traçant les lignes de la perfection, cette logique lance une invitation tacite à l’imagination de dépasser la structure du possible, en explorant des possibilités de l’imaginaire qui ne sont pas normalement réalisées. L’art et la religion donc forme une couple complémentaire: la religion propose fusionner un contenu «menaçant» à un sous-texte «parfait», et l’art marie la «perfection» de sa composition à la possibilité d’aller au-delà les limites du possible: d’abandonner la perfection et d’explorer le transgressif. À gauche, un mandala contemporain («cercle» en sanskrit): la forme parfaite llection/images/objects/size3/ _SL1.jpg À droite, l’art religieux populaire mexicain, 19e siècle: le sujet «dangereux» (la crucifixion, le «cannibalisme») mais «structuré». wn-mandala-religious-art-pinklotus.jpg


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