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Peut-on juger qu’une culture est supérieure à une autre ?

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Présentation au sujet: "Peut-on juger qu’une culture est supérieure à une autre ?"— Transcription de la présentation:

1 Peut-on juger qu’une culture est supérieure à une autre ?
11 Peut-on juger qu’une culture est supérieure à une autre ? Bob Connolly, Robin Anderson, First Contact, (1983) 25/03/2017

2 Peut-on juger qu’une culture est supérieure à une autre ?
Analyse : • peut-on : équivoque - on le peut : on le fait (possibilité, de fait) … -Mais est-ce que c’est « permis » (moralement) ? • supérieur : de quel point de vue ? - en général ? - sous tel ou tel aspect? • une culture : l’ensemble des habitudes d’une société, donc l’identité propre à cette société ? antiracisme, anticolonialisme, éthique démocratique … vont dans le sens d’une égalité des cultures. Certaines habitudes : certaines pratiques culturelles ? des pratiques culturelles qui nous semblent intolérables = Nos opinions sont paradoxales . Problème philosophique à résoudre.

3 Quelle attitude adopter face à la différence ?
Travail sur plusieurs documents : Extrait du documentaire First Contact/ Texte de Levi-Strauss (Race et histoire)/Article monde diplomatique « rencontrer l’étranger »/ article le point « la rencontre avec l’autre est une négociation permanente ». En 1930, trois jeunes chercheurs d'or, Michael, Daniel et James Leahy quittent le Queensland, en Australie, pour la Nouvelle-Guinée. Ils y découvrent, dans des régions reculées et inhospitalières de l'île, une population jusqu'alors ignorée du reste du monde : les Papous du centre de la Nouvelle-Guinée. Les trois frères, caméra à la main, ont filmé les réactions extraordinaires de ce peuple confronté pour la première fois à l'homme blanc. 50 ans plus tard, Bob Connolly et Robin Anderson partent, images en poche, retrouver ces Papous et recueillir leurs souvenirs de cette rencontre insolite. L'exclusivité et la qualité des images d'origine, mais aussi les témoignages recueillis un demi-siècle plus tard, font de First Contact un document unique et une expérience humaine inoubliable. Exercice : Résumez en quelques lignes l’histoire racontée dans First Contact. Décrivez la rencontre entre les chercheurs d’or et les Papous de Nouvelle-Guinée. 33 Quelle attitude adopter face à la différence ? 25/03/2017

4 I. Nier l’autre et sa différence : l’attitude ethnocentrique
44 Difficulté, voire impossibilité de se déprendre du point de vue et de la vision du monde propre à notre culture, car avoir un point de vue, pouvoir se représenter le monde suppose des idées, des valeurs qui nous ont nécessairement été inculquées culturellement, qui sont propres à la culture dans laquelle nous avons été élevé. I. Nier l’autre et sa différence : l’attitude ethnocentrique 1. Deux manières de juger : Jgt de fait et jgt de valeur Les jugements de fait : énoncent ce qui est s’appuient sur une observation neutre et objective. On constate des différences entre les cultures Les jugements de valeur : -énoncent ce que valent les choses - s’appuient sur l’évaluation, l’appréciation d’une réalité. Les différences sont pensées en termes d’inégalités de valeurs. 25/03/2017

5 Test : jugement de fait ou jugement de valeur ?
« la musique indienne est de la grande musique » « les critiques musicales considèrent que la musique indienne est du grand art » « pas de doute, c’est un homme » - « cette technique agricole est très efficace »

6 Problème : y a-t-il des jugements de valeur objectif ? Ou sont-ils tous subjectifs ? On a cru pendant des siècles que nos évaluations des cultures étrangères étaient objectives : c’était largement une erreur.

7 William G. Sumner, anthropologue
Tout jugement évaluatif sur les cultures semble donc d’avance biaisé et tombe dans le piège de l’ethnocentrisme. Les différences culturelles ne peuvent être évaluées que du point de vue d’une culture particulière, qui s’érige en modèle de référence pour toutes les autres. L’ethnocentrisme : Le mot a été créé par le sociologue américain William G. Summer, et apparaît pour la première fois en 1906 dans son ouvrage Folkways. Il est composé sur le grec ethnos, peuple, et le latin centrum, centre. Texte de Levi-Strauss 77 2. Définition de l’ethnocentrisme [l’ethnocentrisme] est le terme technique pour cette vue des choses selon laquelle notre propre groupe est le centre de toutes choses, tous les autres groupes étant mesurés et évalués par rapport à lui […]. Chaque groupe nourrit sa propre fierté et vanité, se targue d’être supérieur, exalte ses propres divinités et considère avec mépris les étrangers. Chaque groupe pense que ses propres coutumes sont les seules bonnes et s’il observe que d’autres groupes ont d’autres coutumes, celles-ci provoquent son dédain  William G. Sumner, anthropologue 25/03/2017

8 Plus généralement, c’est l’idée que nous jugeons les autres cultures à travers la nôtre prise comme référence universelle, absolue. Nous refusons aux autres le droit d’être différents en jugeant leurs coutumes d’après des critères propres à notre civilisation et en rejetant dans la barbarie, la sauvagerie, hors de l’humanité même, ceux dont les coutumes sont les plus éloignées des nôtres. Lorsqu’on juge et condamne les mœurs et les coutumes de cultures éloignées de la nôtre, en les qualifiant de « barbares », il est nécessaire de se demander si nous ne sommes pas nous-mêmes coupables d’ethnocentrisme. Notre tendance à l’ethnocentrisme trouve notamment à s’exprimer à travers la volonté chez certains de hiérarchiser les différentes cultures. Il suffit de s’interroger sur les fondements de la distinction entre l’homme « civilisé » d’un côté et l’homme « sauvage, barbare ou primitif » de l’autre pour s’en rendre compte. Cette opposition implique immédiatement un jugement moral et impose la conception d’une hiérarchie au sein de l’humanité en fonction du degré de développement culturel de chaque société humaine, et aboutit au final à l’idée de la supériorité de certaines cultures sur d’autres. L’ethnocentrisme nous fait spontanément penser les différences sous les catégories de l’infériorité et de la supériorité. 88 L'attitude la plus ancienne, et qui repose sans doute sur des fondements psychologiques solides puisqu'elle tend à réapparaître chez chacun de nous quand nous sommes placés dans une situation inattendue, consiste à répudier purement et simplement les formes culturelles, morales, religieuses, sociales, esthétiques, qui sont les plus éloignées de celles auxquelles nous nous identifions

9 3. Les formes historiques de l’ethnocentrisme
Qu’est-ce qui fait qu’on est barbare ? C’est qu’on ne parle pas le grec, ou qu’on le parle mal. « Barbare », dit-on, vient de l’onomatopée bar-bar qui imite à peu près ce qu’on entend d’une personne qui s’exprime dans une langue qu’on ne comprend pas. Il en vient à désigner l’étranger, le non-grec. On peut se demander s’il parle réellement ou ne fait que du bruit avec sa bouche. Pour le grec, le barbare est d’abord un homme inférieur, imparfait, inachevé, inculte. Cf. Notions de philosophie, I, p. 309 pour compléments. 99 3. Les formes historiques de l’ethnocentrisme a-« L’opposition du grec (puis romain) et du barbare » Les grecs considèrent que seuls les grecs sont la forme la plus élevée de l’humanité. En raison de leur avancée politique, intellectuelle, artistique … Prétendent incarner la civilisation (forme de vie et de pensé la plus élevée, incarnée par la vie de la Cité) L’étranger est dit non civilisés, ou Barbares (origine : qui ne parle pas ou mal grec). Forme d’Humanité inférieure. 25/03/2017

10 Les « barbares » qui envahissent l’Europe et qui provoquent la chute de l’empire romain : des peuples nomades venant d’Europe orientale et d’Asie centrale (ex : les Huns)

11 barbare devient un terme générique pour désigner un guerrier étranger, capable d’actes de « barbarie » : massacre, pillage, …

12 b-« L’opposition du sauvage et du civilisé : la rencontre de l’Autre ,
Elle est liée en partie à la découverte des Amériques. La rencontre de l’autre y a été tout à fait singulière, révélant l’existence d’homme dont nul ouï-dire, nul souvenir, nulle trace n’avait encore indiqué la présence. La question fut de savoir si les indiens étaient égaux et semblables aux chrétiens, différents d’eux ou inférieurs à eux. Les réponses vont du déni d’humanité pur et simple, de l’idée que les Indiens sont des « bêtes à figure humains » à l’entière reconnaissance de leur humanité et, plus rarement, au respect de leur différence. La question de savoir si les indiens sont des hommes semblables et égaux aux chrétiens ou bien des êtres inférieurs qu’on peut de droit réduire à l’esclavage qui agite une partie du XVIe siècle trouve une illustration forte dans le roman de Jean-Claude Carrière, La Controverse de Valladolid, qui reconstitue par la fiction le débat qui s’est vu opposer Luis de Sepulveda, théologien, fin connaisseur d’Aristote et qui soutient l’infériorité de nature des indiens, à Bartolomé de Las Casas, évêque de Chiapas au Mexique, qui défend au contraire la pleine humanité et l’égalité des Indiens avec les chrétiens. (Etude d’extraits du texte et du film) Jean-Claude Carrière, La Controverse de Valladolid, p. 101. « Nous sommes ici avec une intention précise: décider de la nature exacte des indiens. S’ils sont des descendants d’Adam et Eve, soumis au pêché originel, s’ils ont été rachetés par le sang du Christ, s’ils ont une âme semblable à la nôtre, s’ils peuvent comme nous prétendre à la vie éternelle. Il marque une pause, regarde directement Sepulveda et lui dit : Professeur donnez-moi clairement votre avis. Aristote l’a dit très clairement : certaines espèces humaines sont faites pour régir et dominer les autres ». b-« L’opposition du sauvage et du civilisé : la rencontre de l’Autre , le parfait étranger  25/03/2017

13 Théodore De Bry, Le massacre de Cholula

14 14141414 25/03/2017 Théodore De Bry, Le Massacre de Mexico
Théodore De Bry, Le Supplice du Roi Bogota 25/03/2017

15 1550, controverse de Valladolid : quelle créature a une âme (=est un homme) ?
-tous ne reconnaissent pas l’humanité (morale) dans tout homme (biologique). Remarque : Aucun ne remet en cause la distinction sauvage / civilisé Sepulveda, Théologien catholique défendant la conception issue d’Aristote : les indiens ne sont pas des hommes véritables. Las Casas, moine dominicain qui défend une conception humaniste : les indiens sont des hommes.

16 c-« L’opposition du civilisé et du primitif »
 Elle est développée essentiellement par les premiers ethnologues au XIXème siècle qui s’inscrivent dans une perspective dite « évolutionniste » (L. H. Morgan, E. B. Tylor, Spencer, Frazer) selon laquelle le développement des sociétés a suivi une certaine orientation et franchi des étapes successives selon une loi qu’on peut dégager. Sous sa forme la plus radicale, l’évolutionnisme érige en unité de référence L’histoire de la civilisation occidentale selon le postulat qu’elle constituait l’expression achevée de l’évolution de l’humanité. Les autres sociétés se trouvent alors réduites à de simples étapes de notre développement, les groupes dits « primitifs » apparaissant comme des survivances d’étapes antérieures.  Si l’on admet, pour expliquer les différences de leurs développements, que toutes les cultures, également anciennes, suivent en vertu de l’unité de l’espèce humaine une même voie, mais à des vitesses différentes – comme si l’humanité selon une comparaison classique depuis Bacon et Pascal, était un être vivant, avec une enfance, une adolescence et une maturité diversement réparties dans l’espace et le temps -, ne faut-il pas en conclure que certains peuples sont plus attardés que d’autres ? Certains ne sont-ils pas déjà adultes, et d’autres encore au berceau ? Ne devra-t-on pas réformer l’idée de hiérarchie pour l’appliquer à ces différences de développement ? Mais alors, des peuples « attardés » peuvent-ils être égaux à des peuples « évolués » ? c-« L’opposition du civilisé et du primitif » L’opposition primitif/civilisé : développée par les premiers ethnologues au XIXème siècle, qui s’inscrivent dans une perspective dite « évolutionniste  ». Sir James Frazer L. H. Morgan 25/03/2017 Herbert Spencer Edward Burnett Tylor

17 17171717 SENS ENFANCE de l’humanité DE ADOLESCENCE L ‘ HISTOIRE
L. H. Morgan, La Société Archaïque, p. 6-7 : « On trouve encore dans certaines parties de la famille humaine, des exemples si parfaits des institutions domestiques en usage aux périodes barbares et sauvages de l’humanité, que les différentes étapes de ce progrès, sauf pour la période strictement primitive, sont relativement bien conservées. […] On peut remarquer enfin que l’expérience de l’humanité a été acquise par des voies presque uniformes, que les besoins des être humains, placés dans des conditions identiques, ont été fondamentalement les mêmes, et que les opérations de l’intellect ont été uniformes en raison de l’identité spécifique du cerveau de toutes les races humaines. Les germes des principales institutions et des techniques nécessaires à la conservation de la vie se développèrent alors que l’homme était encore un sauvage. Dans une large mesure, les réalisations des périodes postérieures, celles de la barbarie et de la civilisation, n’ont fait que poursuivre le développement de ces conceptions originelles ». Analogie histoire de l’humanité / histoire de l’individu SENS DE L HISTOIRE ENFANCE de l’humanité ADOLESCENCE ÂGE ADULTE MATURITÉ 25/03/2017

18  Cette idée d’une hiérarchie entre les sociétés en termes de degré de civilisation servira notamment d’argument pour justifier l’expansion colonialiste des pays européens au XIXe et au XXe siècle.  Ce jeu d’opposition entre d’un côté, les primitifs, les sauvages, les barbares, et les civilisés de l’autre impose une vision hiérarchisée des sociétés humaines et sert en réalité à justifier la domination que cherche à imposer les colonisateurs de tout poil, en arguant de servir les peuples « inférieurs » et de leur apporter la « civilisation ». Il s’agit de rendre compte de la diversité des cultures en la comprenant comme le produit d’une évolution. « On traite les différents états où se trouvent les sociétés humaines […] comme des stades ou des étapes d’un développement unique ». Les cultures « primitives » seraient les résidus d’une enfance de l’humanité qui n’aurait pas su évoluer, atteindre l’âge adulte, qui serait « archaïque » ou « arriérée » et à qui on va pouvoir apporter les « lumières de la civilisation ». Voilà du moins l’idéologie sous-jacente au colonialisme. En réalité, une telle conception ne peut résister à l’analyse. Elle est le produit d’un aveuglement, du rejet instinctif de la diversité, de ce qui nous est étranger, de l’incapacité à saisir l’originalité propre et la richesse des cultures qui nous sont étrangères. Cette attitude trouve évidemment sa racine dans le préjugé ethnocentriste. "Coloniser, c'est se mettre en rapport avec des pays neufs, pour profiter des ressources de toute nature de ces pays, les mettre en valeur dans l'intérêt national, et en même temps apporter aux peuplades primitives qui en sont privés les avantages de la culture intellectuelle, sociale, scientifique, morale, artistique, littéraire, commerciale et industrielle, apanage des races supérieures." Merignhac, Précis de législation et d'économie coloniales, 1882. "Il faut dire ouvertement que les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures. Je répète qu’il y a pour les races supérieures un droit parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures". Jules Ferry, Discours devant la Chambre des députés, 28 juillet 1885. "Nous admettons le droit et même le devoir des races supérieures d’attirer à elles celles qui ne sont pas parvenues au même degré de culture et de les appeler aux progrès réalisés grâce aux efforts de la science ou de l’industrie." Léon Blum, Allocution à la Chambre des députés, 9 juillet 1925, Débat sur le budget des Colonies à la Chambre des députés, dans Débats parlementaires, Assemblée, Session Ordinaire (30 juin-12 juillet 1925), paru J.O. p. 848. L’évolutionnisme anthropologique a servi de fondement idéologique à la colonisation 25/03/2017

19 Les colonisations françaises et anglaises : mission civilisatrice plus qu’exploitation économique.

20 L’idée de promouvoir un spectacle zoologique mettant en scène des populations exotiques apparaît en parallèle dans plusieurs pays européens au cours des années En Allemagne, tout d’abord, où, dès 1874, Karl Hagenbeck, revendeur d’animaux sauvages et futur promoteur des principaux zoos européens, décide d’exhiber des Samoa et des Lapons comme populations « purement naturelles » auprès des visiteurs avides de « sensations ». Le succès de ces premières exhibitions le conduit, dès 1876, à envoyer un de ses collaborateurs au Soudan égyptien dans le but de ramener des animaux ainsi que des Nubiens pour renouveler l’« attraction ». Ces derniers connurent un succès immédiat dans toute l’Europe, puisqu’ils furent présentés successivement dans diverses capitales comme Paris, Londres ou Berlin. L’établissement d’une hiérarchie se fait à l’aide d’une définition de la culture qui est elle-même un produit de la culture. Il n’y a donc d’infériorité qu’aux yeux d’une civilisation qui mesure toutes les autres par rapport à elle et qui les jugent en fonction de ses propres critères : ce peut être les valeurs spirituelles ou religieuses, les modes de vie, mais aussi la puissance technique et industrielle, le bien-être, l’abondance des biens et le confort matériel. Un jugement objectif supposerait un point de vue de nulle part et un étalon de mesure qui ne serait pas le produit d’une culture particulière. Or il semble impossible de se déprendre de la vision du monde propre à sa culture. Notre esprit subjectif, lui-même est entièrement dépendant de l’esprit objectif propre à notre culture. Nos modes de pensées, nos manières d’être et de faire, sont complètement informés culturellement. (Transition) Nous avons vu dans ce premier moment de notre réflexion qu’il semble impossible de juger objectivement de la valeur d’une culture quelle qu’elle soit, la nôtre ou l’étrangère. Ce jugement est toujours biaisé, fondé sur des valeurs propres à notre culture et nous conduit au final malgré nous à adopter une attitude ethnocentriste. Ne vaudrait-il mieux pas dans ces conditions s’interdire alors de porter tout jugement de valeur sur les cultures, refuser toute hiérarchisation des cultures, afin de les respecter toutes dans leur diversité ? Faut-il adopter une attitude relativiste et suspendre tout jugement de valeur sur les autres cultures ? Les Zoos humains  25/03/2017

21 Plusieurs critères d’évaluation
valeurs religieuses (depuis le 16ème) modes de vie (idem) puissance scientifique, technique et industrielle (surtout depuis le 19ème) puissance économique (encore aujourd’hui) Le choix de ces critères La manière de les appliquer, mesurer … … sont déterminés par notre culture. Une telle hiérarchie des cultures est donc ethnocentrique : sans valeur objective. Un jugement objectif supposerait un point de vue de nulle part et un étalon de mesure qui ne serait pas le produit d’une culture particulière. Or il semble impossible de se déprendre de la vision du monde propre à sa culture. Notre esprit subjectif, lui-même est entièrement dépendant de l’esprit objectif propre à notre culture. Nos modes de pensées, nos manières d’être et de faire, sont complètement informés culturellement.

22 II. Reconnaître l’autre dans sa différence : le relativisme culturel
Comment réagir devant des pratiques, des coutumes, des modes de vie tellement différents, éloignés des nôtres qu’ils nous semblent inadmissibles, horribles, intolérables ? La question est de savoir s’il faut résister à cette attitude instinctive de rejet dans la « sauvagerie » ou la « barbarie » des mœurs et coutumes qui nous sont étrangers et qui nous apparaissent inadmissibles selon nos valeurs et par conséquent juger de la supériorité de nos mœurs, de nos coutumes et croyances et plus loin de notre culture.  La pensée de Montaigne s’inscrit clairement dans le projet humaniste de la renaissance qui défend la valeur et la dignité de l’homme, sa place éminente au sein de l’univers et qui souligne l’importance de la culture et de l’éducation, en tant qu’elles permettent à l’homme de développer librement ses facultés et d’accéder à une sagesse pleinement humaine. Montaigne place au cœur de sa réflexion la connaissance de soi et de l’homme, renouant en cela avec l’idéal socratique. Celui-ci va trouver dans la rencontre avec l’homme du nouveau monde l’occasion de forcer son lecteur à opérer une expérience de pensée : apprendre à décentrer son regard, à adopter le regard d’autrui, d’un étranger pour se juger soi-même en retour. L’homme du nouveau monde, cet homme si étranger à nos coutumes, va jouer le rôle d’un miroir, nous amener à interroger nos pratiques et coutumes familières, évidentes et à les observer sous un angle qui puisse en révéler l’étrangeté. C’est le procédé qu’adoptera un peu plus tard Montesquieu dans ses Lettres Persanes. Emprunter le regard d’autrui, de l’étranger pour juger sa propre culture, permet de montrer combien il est absurde de vouloir s’instituer soi-même en référence absolue à partir de laquelle apprécier les autres. Cette ouverture d’esprit, dont le moment essentiel est la suspension du jugement moral par la mise entre parenthèses des valeurs liées à sa propre culture, s’exprime chez Montaigne dans le regard favorable dont le « sauvage » devient l’objet. Pour Montaigne, en effet, le sauvage n’est pas un barbare, ni le barbare un sauvage. Il opère une dissociation de ses deux concepts jusque-là solidaires, synonymes. II. Reconnaître l’autre dans sa différence : le relativisme culturel 1. Il faut apprendre à décentrer son regard Or je trouve, pour en revenir à mon propos, qu’il n’y a rien de barbare et de sauvage en ce peuple, (…) sinon que chacun appelle barbarie ce qui n’est pas conforme à ses usages; à vrai dire, il semble que nous n’ayons d’autre critère de la vérité et de la raison que l’exemple et l’idée des opinions et des usages du pays où nous sommes. Là est toujours la parfaite religion, le parfait gouvernement, la façon parfaite et accomplie de se comporter en toutes choses  25/03/2017 Michel de Montaigne

23 François Dubois, Le Massacre de la Saint- Barthélemy, (1576)
Montaigne emploie en réalité le concept de barbarie de deux façons.  « Chacun appelle barbare ce qui n’est pas de son usage » : le concept est employé pour mettre en évidence l’attitude de celui qui fait preuve d’ethnocentrisme et laisse sous-entendre que tout le monde pourra un jour être taxé de « barbare ».  Le concept de « barbare » doit être réservé non pour désigner une culture, mais pour désigner l’homme qui commet des actes cruels. Les massacres des guerres de religion sont d’une barbarie comparable au cannibalisme. Tous les peuples sont également susceptibles de se montrer barbares, et la barbarie peut accompagner le raffinement, lorsque celui-ci se plaît aux supplices. Elle n’est donc pas attachée à une nature, ni à une nation, et tel pourrait se retrouver barbare qui croyait à jamais la barbarie étrangère, ou attachée aux cannibales : « Nous pouvons bien les appeler barbares, par rapport aux règles de la raison, mais non par rapport à nous, qui les surpassons en toute sorte de barbarie » (On peut penser par exemple au massacre de la Saint Barthélémy des protestants par les catholiques à Paris le 24 août 1572, ou bien plus récemment aux horreurs perpétrées pendant la seconde guerre mondiale). Montaigne ne refuse pas le concept de « barbarie » mais le déplace pour qualifier des comportements plutôt que des cultures. Texte n°2 : Montaigne, Essais, Livre I, chap. 31, « Des cannibales » Hans Staden (1557) François Dubois, Le Massacre de la Saint- Barthélemy, (1576) 25/03/2017

24 Montaigne étudie les Tupinamba (Brésil), peuple cannibal.
ces peuples ne suivent pas leurs pulsions violentes, mais -des règles précises, bien humaines. -leur actes ont un sens symbolique. cherchent par l’ingestion du corps de leur adversaire à assimiler la force de ceux-ci, tout comme nos armées s’appropriaient les biens matériels des pays conquis (loi de la guerre). Montaigne adopte dès le 16ème siècle le regard qui sera plus tard celui des ethnologues ethnologie: science qui tente de comprendre les sociétés étrangères à l’occident et notamment les sociétés « primitives » ou plutôt « premières ». Comment comprendre ce qui nous est tout à fait étranger? Pour ne pas faire preuve d’ethnocentrisme, il faut se décentrer et essayer de comprendre les valeurs et normes du groupe social étudié. Il faut déjà préciser les règles élémentaires du cannibalisme des Caraïbes : (les cannibalisme sont très divers, dans les manières et dans leur motivation.) - Le contexte est règlementé : la guerre. - ainsi que les acteurs concernés: les guerriers mangent les guerriers vaincus On ne mange pas n’importe qui n’importe quand... Mais la signification d’une pratique, c’est surtout son but. Le but des Caraïbes est de s’approprier la force de l’adversaire, en ingérant son corps. D’après Hans Staden, il s’agit d’un cannibalisme des Tupinamba est un cannibalisme de vengeance : se venger et récupérer des membres de la tribu que les ennemis auraient précédemment mangé. (Il ne s’agit pas du tout d’un cannibalisme alimentaire, de subsistance ou de gourmandise, comme on l’a cru jusqu’au 19ème siècle.) Montaigne utilise la méthode comparative : pour comprendre ces pratiques, il faut comparer avec les notres. Il rappelle que nos pratiques guerrières ne sont pas si éloignées des leurs : … le but des guerres est en occident souvent s’approprier les biens matériels du vaincu (terres, richesses, etc). … le but de la guerre chez les Caraïbes est de s’approprier la force spirituelle de son adversaire, et non pas ses biens matériels.

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28 Respect des règles sociales ≠ Transgression des règles
Cannibalisme rituel ≠ Cannibalisme pathologique (folie) (objet d’étude de l’ethnologie) ≠ (de psychologie)

29 Respect des règles sociales ≠ suspension des règles
(ordinaires dans circonstances extraordinaires) Cannibalisme rituel ≠ Cannibalisme de subsistance Photo : famine en Ukraine, année 20

30 Les limites de la thèse de Montaigne: L’idéalisation du sauvage »
Les limites de la thèse de Montaigne : Si celui-ci arrive à dévoiler l’ethnocentrisme qui aveugle les européens lorsqu’ils jugent les sauvages de barbares, il ne mène tout de même pas la critique jusqu’au bout. Montaigne semble lui-même victime d’une autre forme d’ethnocentrisme qui trouve son origine dans l’idéalisation qu’il opère du « sauvage ». L’idée de Montaigne est la suivante : s’il devait y avoir une mesure universelle de l’humanité, cette mesure pourrait se trouver, tout aussi bien, et peut-être plutôt que dans la civilisation, dans cette naïveté ou simplicité originelle que nous trouvons chez les sauvages et que nous avons irrémédiablement perdu. Naît chez Montaigne ce qu’on appellera plus tard le « mythe du bon sauvage ». En idéalisant le sauvage, en le considérant comme supérieur, resté « naturel », non corrompu par la société, dépourvu de tous les vices que la société a fait croître (égoïsme, mensonge, etc.), Montaigne retombe dans le travers qu’il avait lui-même pourtant dénoncé. Le bon sauvage est toujours perçu comme un sauvage. Il place toujours les habitants du nouveau monde du côté de la nature et s’interdit de saisir l’originalité et la richesse de leur culture. Il leur refuse, malgré lui, la civilisation ; « ils sont sauvages, de même que nous appelons sauvages les fruits que la nature, d’elle-même et de son propre mouvement, a produits : tandis qu’à la vérité ce sont ceux que nous avons altérés par notre artifice et détournés de l’ordre commun, que nous devrions appeler plutôt sauvages. » Cf. textes 1 et 2 dans le manuel p. 82. Idéalisation d’une vie au contact de la nature. Illusion d’un paradis perdu qui a au moins le mérite de mettre en évidence les vices qui rongent notre société et l’aspiration à une vie plus harmonieuse avec la nature. Cf. films de Terence Malick, Le nouveau monde et la ballade sauvage. Montaigne se heurte donc à la difficulté de reconnaître une autre culture derrière des manières de vivre étrangères, qui différent de la sienne. Les limites de la thèse de Montaigne:  L’idéalisation du sauvage » « ils sont sauvages, de même que nous appelons sauvages les fruits que la nature, d’elle-même et de son propre mouvement, a produits : tandis qu’à la vérité ce sont ceux que nous avons altérés par notre artifice et détournés de l’ordre commun, que nous devrions appeler plutôt sauvages. » Montaigne est victime à son tour d’ethnocentrisme : ne reconnaît pas l’Autre en tant qu’étranger, mais projette sur lui des représentations occidentales (mythe de l’innocence originelle, de l’être naturel…) 25/03/2017

31 2. La critique de l’évolutionnisme anthropologique
Incontestable quand on envisage l’évolution de l’humanité dans une perspective cavalière, le progrès ne se manifeste cependant que dans des secteurs particuliers, et même là, de façon discontinue, sans préjudice de stagnations et de régressions locales. Lévi-Strauss compare les différentes cultures à des trains en mouvement : en l'absence d'un repère extérieur fixe, il est impossible aux voyageurs d'un train de savoir dans quel sens les autres trains se déplacent : « Pour retrouver une position d’objectivité, nous devons nous abstenir de jugement de ce type. Il faudra admettre que, dans la gamme des possibilités ouvertes aux sociétés humaines, chacune a fait un certain choix et que ces choix sont incomparables entre eux : ils se valent » Lévi-Strauss, Tristes tropiques, p. 461. En fait, conclut Lévi-Strauss, les diverses civilisations ont fait des choix différents et, comme elles ne poursuivent pas le même but, il est vain de se demander laquelle surpasse les autres. Suivant le critère choisi pour comparer les civilisations, les performances seront différentes. Quand elle examine et compare dans le détail les sociétés de type préindustriel dont elle fait surtout son étude, l’ethnologie échoue à découvrir un moyen permettant de les ordonner toutes sur une échelle commune. Si l'on prend comme critère la puissance technique, la civilisation occidentale semble être en tête. Mais si l'on considère d’autres critères que le critère technique comme la capacité d'adaptation à un milieu géographique hostile, ce seront les Eskimos et les Bédouins les mieux placés ; et si c'est le degré de maîtrise de la complexité des structures familiales, ce seront les Aborigènes d’Australie. En effet, les sociétés primitives australiennes nous étonneront par la subtilité et la sophistication des règles de mariage qu'elles ont su constituer afin d'assurer l'unité de tout l'édifice social. Cette relativité culturelle nous apprend que le développement et l'épanouissement n'ont pas qu'une seule figure, celle de la croissance énergétique et de la consommation. Des peuples peuvent être heureux et vivre dans le plus grand dénuement matériel. Chaque culture fait le choix d’un mode d’être essentiel de l’humanité. La disparition de certaines cultures marque alors aussi celle d’une partie de notre humanité. La diversité des cultures n’est donc que le reflet de la richesse de l’humanité et de sa capacité toujours renouvelée à inventer de nouvelles formes de vie, à trouver des solutions culturelles variées, particulières, propres à chaque culture à des problèmes universels, naturels, qui se pose à toute l’humanité. Pas d’humanité sans culture, pas d’homme à proprement parler inculte ou sauvage. Mais l’humanité ne trouve à se réaliser qu’à travers une multiplicité de formes culturelles différentes qui en manifeste la richesse et la complexité et permet à chaque société de forger son identité propre. 2. La critique de l’évolutionnisme anthropologique Pour retrouver une position d’objectivité, nous devons nous abstenir de jugement de ce type. Il faudra admettre que, dans la gamme des possibilités ouvertes aux sociétés humaines, chacune a fait un certain choix et que ces choix sont incomparables entre eux : ils se valent  •présupposé de l’évolutionnisme anthropologique : Toutes les civilisations se situeraient à des étapes différentes d’un seul et même processus de développement, dont la civilisation occidentale serait la forme la plus accomplie. •objection de L-S : les diverses civilisations suivent des chemins différentes, parce qu’elles ont fait des choix différents, et ne poursuivent pas les mêmes buts. - La hiérarchie variera suivant le critère retenu et la manière de l’appliquer. 25/03/2017

32 Critère de la capacité d'adaptation à un milieu géographique hostile
Critère de la capacité d'adaptation à un milieu géographique hostile Culture eskimos et culture touareg sont supérieures. 25/03/2017

33 Degré de complexité des structures familiales et structures sociales
La culture aborigènes (Australie) est supérieure. des règles de mariage très sophistiquées assurent l'unité de tout l'édifice social.

34 - les échanges avec d’autres cultures
Ethnocide désigne la disparition de l’ensemble des caractères sociaux et culturels d’un groupe d’humains, la destruction de sa civilisation par un autre groupe ethnique plus puissant. Il est le plus fréquemment utilisé à propos de la disparition des cultures propres aux Amérindiens3. L’ethnocide détruit l’identité culturelle d’un groupe, sans nécessairement détruire physiquement ce groupe ou agir avec violence physique contre lui (contrairement au génocide). Un ethnocide peut être la conséquence d’un changement économique ou social progressif ou d’une politique d’État, en cela ce terme peut concerner un grand nombre d’exemples ; on parle d’ethnocide du Tibet par la Chine, de l’ethnocide des aborigènes en Australie, en Espagne de la tentative ratée de Franco de détruire les langues catalane et basque dans les années  Le terme pourrait aussi s’appliquer à la culture celte qui par le passage au christianisme a disparu en perdant ses fondements religieux (la culture celte n’ayant à présent que peu de rapport avec la culture celte antique). Il y a également l'exemple de l'arabisation des Berbères en Afrique du Nord •le développement n’a pas qu'une seule figure, celle de la croissance énergétique et de la consommation. • Chaque culture invente des formes de vie particulières en fonction de - son milieu - son histoire - les échanges avec d’autres cultures •cette diversité, dans la manière de répondre aux mêmes besoins et de hiérarchiser ces besoins, fait la richesse de l’humanité 25/03/2017

35 La disparition de certaines cultures marque aussi celle d’une partie de ce qui fait la richesse de l’humanité 25/03/2017

36 3. Le relativisme culturel
L’ethnologie, a substitué à l’ancienne anthropologie évolutionniste une nouvelle manière d’appréhender la diversité des cultures : le relativisme culturel.  (Transition) Le refus de hiérarchiser les cultures, mais de les prendre toutes en compte dans le respect des diversités est une chose souhaitable. Pour autant, le refus de la hiérarchie doit-il aboutir à la philosophie relativiste du « tout se vaut » ? N’y a-t-il pas un danger inhérent au relativisme ? Le risque n’est-il pas de céder à l’indifférence en refusant de condamner des pratiques « justifiées » au nom de la culture ou de la tradition, mais qui vont à l’encontre de valeurs comme le respect de la personne humaine, la dignité etc. ? La thèse du relativisme culturel peut être formulée succinctement ainsi : des cultures différentes ont des principes moraux différents, et les principes selon lesquels les actions et les comportements de tout individu sont (peuvent ou devraient être) évalués et mesurés sont ceux de la communauté à laquelle l’individu appartient. Elle affirme comme un principe l’idée qu’il est impossible d’attribuer des valeurs comparatives aux cultures, de les distribuer selon l’ordre hiérarchique qui va de l’inférieur au supérieur. Dans ce sens, les cultures seraient incomparables et incommensurables entre elles. L’ethnologie se reconnaît incapable de porter un jugement d’ordre intellectuel ou moral sur les valeurs respectives de tel ou tel système de croyances ou telle ou telle forme d’organisation sociale, les critères de moralité étant pour elle, par hypothèse, toujours fonction de la société particulière où ils ont été énoncés. La seule chose qu’il reste à l’ethnologue est une tâche descriptive : apprendre à connaître et à décrire le plus objectivement possible les autres cultures en s’abstenant de tout jugement de valeur. On peut alors, d’un point de vue éthique, poser que toutes les cultures ont une valeur égale, qu’elles ont toutes une égale dignité, donc un égal droit à l’existence. 3. Le relativisme culturel La thèse du relativisme culturel : •Des cultures différentes ont des valeurs et des principes différents, et même incommensurables : sans une mesure (critère) commune qui permette de les hiérarchiser. •si l’on veut juger une pratique étrangère, alors on ne doit s’appuyer que sur les principes de la communauté en question (principe de décentration) 25/03/2017

37 III. Reconnaître l’humanité en l’autre par delà les différences
Il faut veiller à ce que la prise en compte des différences culturelles ne mène pas paradoxalement à une sorte de nihilisme (négation de toute forme de valeur absolue) et à un refus de juger des pratiques étrangères moralement choquantes (excision, torture, travail des enfants, etc.), au nom de la tradition ou de la culture, au nom de ce qui serait un droit à la différence. La revendication d’un relativisme culturel est souvent un moyen de justifier notre indifférence et notre inaction face à ce qui se passe ailleurs. III. Reconnaître l’humanité en l’autre par delà les différences 1. Les dangers d’un relativisme culturel absolu La compréhension de l’Autre est essentielle … pour la connaissance … pour la tolérance Mais comprendre l’Autre, est-ce justifier ses pratiques ? Limites du relativisme culturel : -justification de toutes pratiques culturelles, aussi violentes ou immorales qu’elles puissent paraitre. -nihilisme

38 Jacques Bouveresse (1940-)
Texte de Jacques Bouveresse Une contradiction interne au relativisme culturel : Ce principe vise au départ à promouvoir le respect de chaque culture et de ses différences mais il peut conduire paradoxalement à défendre l’absence de respect dont certaines cultures font preuve avec d’autres. Jacques Bouveresse (1940-) Texte n°4 : Jacques Bouveresse. La philosophie et son histoire In Le Noroît, numéro 296, février 86 Dans ce texte, le philosophe Jacques Bouveresse met bien en évidence la contradiction interne que contient le relativisme culturel : Ce principe vise au départ à garantir le respect de chaque culture mais peut conduire paradoxalement à défendre l’absence de respect dont certaines cultures font preuve avec d’autres. Si le relativisme sert à justifier la violence que certaines cultures peuvent exercer sur d’autres cultures ou bien même sur leurs propres membres, alors celui-ci échoue dans sa finalité. Ce n’est pas en insistant seulement sur les différences, sur ce qui nous sépare finalement les uns des autres que nous pourrons lutter efficacement contre les divers préjugés ethnocentriques, racistes, xénophobes, etc. Ce qui peut fonder le respect de tous les hommes, ce n’est pas ce qui les différencie, mais ce qu’ils ont en commun. En effet, ce qu’ils ont en commun est ce qui les rend semblables les uns aux autres. Or dès lors qu’on tient les autres pour des semblables, on les tient pour des égaux ce qui invite au respect. C’est tout le contraire qui se passe si on ne voit que des différences. Mais qu’est-ce qui est commun à tous les hommes, sinon qu’ils sont tous des hommes ? 25/03/2017

39 L’excision (Afrique de l’Ouest) : une pratique culturelle ‘barbare’ ?
Barbare a ici un sens surtout moral, qui peut qualifier autant un acte dans notre société qu’une pratique étrangère.

40 La condition de la femme dans de nombreuses cultures (ex: méditerranéenne) : le cas des crimes d’honneurs

41 2. Y’a-t-il des valeurs universelles, des « droits naturels » ?
Droits de l’homme issus d’un contexte historique particulier. L’universalité à laquelle la Déclaration prétend n’est pas donnée, mais vaut à titre d’idée régulatrice, idée jamais satisfaite et guidant indéfiniment la recherche. 2. Y’a-t-il des valeurs universelles, des « droits naturels » ? 25/03/2017

42 a-Au nom de quoi condamner les pratiques précédemment citées ?
•toute personne humaine a droit au respect de l’intégrité de son corps •Toute personne, homme ou femme, -a droit à la vie -à des droits égaux

43 b-La notion de droits de l’homme
La personne humaine aurait des droits que ni la société ni l’Etat ne pourraient violer. Droit au respect de la dignité de la personne humaine : - Dignité : valeur absolue de la personne humaine ≠ valeur relative des choses (valeur d’usage ou valeur marchande) - Csqce : valeur absolue de sa vie, son corps, ses choix spirituels, moraux …

44 • droits naturels / droits positifs - Un paradoxe
- Solution : distinguer deux sens du mot droit Droits positifs : droits attribués à l’individu par l’Etat , notamment par les lois (‘positif’ : posé, décidé par l’Etat) Droits naturels : qui appartiendraient à l’individu du seul fait qu’il est un être humain (a une certaine ‘nature’ humaine. : une certaine essence humaine). … On dit par ex « le régime saoudien ne respecte pas les droits des hommes de choisir leur orientation sexuelle et de ne pas être jugé, emprisonné, tué pour cette orientation ». … pourtant, dans le Droit saoudien, il n’y a pas de tel droit. Comment comprendre cela ? a-la ‘conception’ humaniste • Idée que l’humanité est une : en un sens, il n’y a pas de différence (biologique, psychologique, sociale…) profonde entre les hommes. • en un sens, nous n’avons pas à faire de différence de considération et de traitement entre les humains. Conception morale : certains principes et valeurs : -tout homme doit être objet de respect -parce que tout homme est porteur d’une dignité -Dignité qui fait qu’il a des droits (DH) Chaque homme a des droits, du seul fait qu’il a une certaine ‘nature’ humaine. Tous les hommes, et rien que les hommes. • Bref, l’identité profonde des hommes justifient une égalité entre les hommes.

45 • nature humaine -idée que tous les hommes ont une nature commune. -peut-être assimilé à une nature biologique -mais peut signifier une essence commune, pas nécessairement biologique. une nature commune : la raison. - Si cette nature est différente de la culture, alors la culture est source de différence et la nature est alors ce qui fait l’unité de l’humanité Mais on peut envisager que la nature humaine consiste dans le fait… d’avoir une culture. À un certain niveau d’abstraction, toutes les cultures humaines ont certains traits communs.

46 • principes ou valeurs universels : universel
En quel sens les DH peuvent- Ils être universels ? Universels de fait: dans les faits, ils ne sont pas reconnus et respectés par tous les Etats Universels de droit : par ‘nature’, ils concerneraient tout le monde.

47 c-objection : relativité culturelle des DH.
•origine historique particulière : christianisme, philo stoïcienne (Cicéron) et Lumières - Saint Paul défend une conception humaniste (contre la conception grecque de l’humain) : l’humanité est une. Frères, en Jésus-Christ, vous êtes tous fils de Dieu par la foi. En effet, vous tous que le baptême a unis au Christ, vous avez revêtu le Christ, il n’y a plus ni juif ni païen, il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus l’homme et la femme, car tous, vous ne faîtes plus qu’un dans le Christ Jésus Lettre aux Galates, 3, 26-38

48 -les Lumières (18ème) … contre le pouvoir tyrannique : les droits des sujets … idée que les individus sont le principe et la finalité de la société … 1789 : Ppe fdmtal de notre République : égalité juridique des citoyens. pas de différence de ‘nature’ (de sang) noble / roturier. DDH 1789 art. 1 : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune ».

49 • conséquence : les DH seraient relatifs à la culture occidentale,
contenu particulier et relatif ? Exemple : la liberté individuelle de ne pas être soumis aux choix de la communauté : cela ne vaut que pour le sociétés Individualistes, pas pour les sociétés holistes ?

50 •une idéologie défendant l’adoption d’un modèle occidental?
Critique marxiste des Déclarations des DHC. - Critiques contemporaines plus générale

51 Préambule. d-composer valeurs universelles et respect de la diversité.
Préambule de la Charte des droits fondamentaux de l’UE : « L’union se fonde sur les valeurs indivisibles et universelles de dignité humaine, de liberté, d’égalité et de solidarité », et elle « contribue à la préservation des valeurs communes dans le respect de la diversité des cultures et des traditions des peuples de l’Europe, ainsi que de l’identité nationale des Etats membres et de l’organisation de leur pouvoirs publics au niveau national, régional et local » Opposition universalisme abstrait/universalisme concret : l’universalisme concret postule que la reconnaissance des traditions de pensées et des contextes sociaux-culturels, loin de céder à un quelconque relativisme communautariste, est de nature à rapprocher et à réunir les humains que nous sommes, avec leur histoire propre, autour de valeurs partagées, qu’il convient de formuler et d’honorer ensemble, dans une incessante recherche de vérité. L’universalité n’est pas donnée d’avance, elle doit sans cesse être construite et reconnue. Préambule.

52 Conclusion -on ne peut juger une culture que suivant certains critères objectifs, auxquels elles pourraient elles-mêmes adhérer (au moins en principe) La condamnation de pratiques culturelles ne peut se faire que selon certains principes dont il faut pouvoir justifier de manière rationnelle, neutre, objective, qu’ils sont universels. Si l’on échoue dans une telle justification, alors on doit considérer que les principes éthiques ou juridiques dits absolus et universels sont en fait relatifs et particuliers. voir cours sur le Droit, la Justice et la morale Index. 25/03/2017


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