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Transports en commun Une histoire « d’amour à 18 ans », de Michel Lauwers Daniel Radcliffe (Henry ) Emma Watson (Pandora) Durée environ 10 minutes. Attendez.

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1 Transports en commun Une histoire « d’amour à 18 ans », de Michel Lauwers Daniel Radcliffe (Henry ) Emma Watson (Pandora) Durée environ 10 minutes. Attendez que la musique de Sarasate démarre et cliquez pour avancer

2 1er septembre La première fois, c'est à peine si je la vis
1er septembre La première fois, c'est à peine si je la vis. Elle était passée près de moi comme une ombre. Peut-être m'avait-elle effleuré, peut-être était-ce moi qui... Une aube grise nimbait la ville d'une aura de légèreté et d'insouciance.

3 Comme chaque matin, j'attendais le tramway en battant le pavé de ma mémoire. Je feuilletais l'album à souvenir pour tapisser l'heure d'images d'Epinal personnelles.

4 Elle aussi attendait le tramway pour SILENCE, la destination la plus proche de notre école.

5 Sans doute la découvris-je petit à petit ce jour-là, au fil des heures à l'école, puis le soir sur le chemin du retour. En me levant pour descendre à l'arrêt, mes yeux se fixèrent sur elle.

6 Sans trahir aucune émotion , ses yeux d'un brun extrême rencontrèrent les miens. Bien sûr, elle avait l'iris superbe. Bien sûr, la paire de diamants sertis au creux de son visage surpassait en éclat les yeux-pépites de Judith.

7 Mais cela, je ne le perçus que plus tard. D'abord je ne ressentis rien
Mais cela, je ne le perçus que plus tard. D'abord je ne ressentis rien. Non que ce soir-là, les phares de ses yeux fussent éteints. La faute m'incombait ; j'étais moi-même ensorcelé par Judith, dont l'image dans mon esprit défilait sans cesse comme une obsédante mantra. L'omniprésence de ce souvenir au féminin m'empêchait de distinguer les autres autour de moi. Sans le savoir, j'étais enfermé derrière mes murs d'os et de peau comme dans une boîte étanche.

8 Pourtant je la regardai et lui parlai. De tout et de rien
Pourtant je la regardai et lui parlai. De tout et de rien. J'appris surtout qu'elle s'appelait Pandora, je l'informai qu'elle pouvait voir en moi un énième représentant de la race des Henry. Ces quelques mots échangés démontrent qu'en dépit de l'indifférence que j'éprouvai - que je crus éprouver - pour elle ce jour-là, quelque chose malgré tout se passa en moi. Loin, très loin derrière les tranchées de la mémoire où sévissaient les représentations de l'autre. Judith...

9 20 septembre   Pandora ressemblait à une jeune fille sage, qui eût été éduquée dans le respect des convenances et des traditions. En elle, quelque chose évoquait la piété. Elle était nette, mais d'une netteté translucide : il semblait qu'elle n'eût jamais rien à cacher. On pouvait lire en elle comme à livre ouvert ; je me gardai d'en profiter.

10 Elle parlait avec de curieux accents chantants
Elle parlait avec de curieux accents chantants. Elle abusait des voyelles, qu'elle prononçait avec une naïve sensualité. Elle respirait l'innocence. De plus, en toute occasion elle conférait à ses phrases un balancement et un rythme étonnants qui couronnaient son discours d'une sorte d'aura plastique. La musicalité cristallisait les mots qu'elle égrenait dans l'air, les figeant en plein vol, les transformant en œuvres d'art : avant qu'ils ne retombent à terre, l'auditeur attentif que j'étais avait tout loisir de scruter leurs contours pour en admirer la finesse.

11 Elle m'avait dit cela juste avant que le tram ne s'arrêtât à notre hauteur. Etudier avec elle : le pour et le contre ? « Henry, je n'ai rien compris au cours de philo. Si tu voulais m'aider à étudier ce soir, ça me ferait plaisir... »

12 Le wattman manœuvra avec art, ralentit progressivement, glissa devant nous avant de s'immobiliser complètement. J'eus le temps de jeter un coup d'œil à la cabine de pilotage. Sur un écriteau blanc au-dessus de l'espace dévolu au chauffeur, les lettres noires se détachaient clairement, malgré l'obscurité. Sans équivoque , l'écriteau mentionnait la destination: « Le pour» était le nom du terminus.

13 « Bien sûr, lui répondis-je, avec plaisir
« Bien sûr, lui répondis-je, avec plaisir. Sans me vanter, je crois que j'ai bien compris les nuances introduites par les présocratiques.. - Rendez-vous chez moi vers 17 heures, ça te va ? - Euh... Oui, oui. 17 heures, pas de problème. Ca baigne... »

14 6 octobre   Peu à peu, sur mon écran mural intérieur, Judith s'était effacée. On ne se voyait plus : l'oubli avait fait son travail de sape. Sans y réfléchir, je l'avais déjà remplacée. Désormais, c'était Pandora qui occupait l'espace de toile blanc tendu entre mes deux oreilles.

15 Elle brillait comme une étoile
Elle brillait comme une étoile. Je n'osais l'approcher de trop près, de peur de me brûler les doigts. Ce n'était pas dû uniquement aux paillettes de ses yeux. Le feu irradiait de tout son visage : le rouge-lave de ses lèvres, l'éclat de ses dents, les reflets sur ses joues, les frémissements de sa peau tendue comme un tambour, tout en elle alimentait ce flamboiement perpétuel.

16 Elle souriait sans cesse
Elle souriait sans cesse. Le «v » dessiné par sa bouche était celui de la victoire. Elle souriait et ce sourire était éclatant. En forme d'arc, comme tous les triomphes.

17 Je commençai bientôt à rechercher sa présence pour le seul plaisir de la côtoyer. Je voulais la humer, la sentir près de moi, deviner la moindre oscillation de son corps, jusqu'à anticiper les battements de son cœur ou les frémissements de ses paupières.

18 Dès qu'elle disparaissait, je souffrais mille morts
Dès qu'elle disparaissait, je souffrais mille morts. Je me sentais mal, des volutes vaporeuses se balançaient devant mes yeux, la vie soudain perdait son sens. Je voulus réagir, trouver la force de gommer son empreinte sur ma chair et l'énergie nécessaire pour extirper toutes les images d'elle qui m'inondaient le cerveau. Mais c'était impossible : je débordais, j'étais trop empli d'elle. La seule idée que je pusse me vider me faisait vomir. Aveugle, l'amour était descendu au niveau de mes tripes, où il avait déclenché une interminable et gigantesque diarrhée. Mon amour pour elle était devenu dysentérique.

19 J'avais voulu lui parler
J'avais voulu lui parler. En mon for intérieur, j'avais fait le tour de la question : à quoi bon lui cacher mes sentiments ? Autant crever l'abcès, quitte à me morfondre ensuite de chagrin amoureux...

20 Il faisait beau ce jour-là, un soleil de feu nous brûlait l'épiderme tandis que les rues de la ville, rutilantes de mille devantures estivales et soudain remplies de gens heureux, semblaient parées pour la fête. Il régnait une ambiance de carnaval. Pandora s'avança comme à l'accoutumée, d'un pas altier, avec cette assurance qui lui conférait un surcroît de beauté.

21 Je m'arrangeai pour me retrouver comme par hasard à ses côtés
Je m'arrangeai pour me retrouver comme par hasard à ses côtés. Elle me parla de tout et de rien. Au bout d'un moment, je l'interrompis.

22 « A propos, fis-je, je voulais te parler
« A propos, fis-je, je voulais te parler. J'ai quelque chose d'important à te dire. » Elle parut surprise. Je sentis une boule se nouer dans ma gorge. « Il fait un temps superbe, dit-elle. Rien d'autre n'est important aujourd'hui... Dis-moi si je me trompe, Henry ? »

23 C'est le moment que choisit le wattman de la ligne 21 pour déboucher sur le boulevard et guider son tramway jusqu'à nous. Machinalement, je jetai un œil sur le wagon de métal jaune, enregistrai le message diffusé par son indicateur de destination. « SILENCE », me dit le tram dans son phylactère de carton et de verre. Je n'osai plus rien dire.

24 21 octobre Elle s'imposait à moi
21 octobre   Elle s'imposait à moi. De toutes les manières : en affichant son sourire, en posant la voix, en se tenant assise ou debout, face à moi dans le tramway, en s'inscrivant dans mes perspectives, dans mon horizon immédiat à l'école ou dans la rue, en respirant le même air, en étant simplement là, en dessous du ciel, à quelques pas de moi, piétinant la même herbe et humant les mêmes parfums.

25 Elle s'imposait à moi. Lorsqu'elle prenait la parole en classe, j'avais l'impression qu'elle ne s'adressait qu'à moi, qu'au fond son discours en apparence commun, fait de généralités, renfermait des phrases codées qui m'étaient destinées. J'analysais ses mots, je ressassais le moindre des termes qu'elle avait choisi d'employer ; je considérais leur agencement, leur mode d'imbrication les uns dans les autres, cherchant dans ces entrelacs quelque sens caché qui rimerait avec sentiment. Je buvais ses paroles, comme si j'avais été son unique interlocuteur. Je me persuadai que je l'étais bien ; ses mots étaient si gracieux, si séduisants, qu'ils ne pouvaient que m'être adressés. Leur rondeur, leur volupté, leur beauté voilée : moi seul pouvais y être sensible. J'y avais donc droit.

26 Elle s'imposait à moi. En tout lieu, je me référais à elle, à l'endroit où elle se situait par rapport à moi. Je calculais la distance qui nous séparait, j'évaluais le nombre de gens qui pouvaient s'interposer entre nous, et le risque que l'un d'entre eux pût me chiper sa compagnie m'était insupportable.

27 Elle s'imposait à moi. Elle était mon nord magnétique : au-dessus de sa tête, je voyais les étoiles tourner en rond dans le sens inverse des aiguilles d'une montre. Et quand bien même les montres n'auraient plus d'aiguille ou les aiguilles plus de montre, les astres continueraient de tourner dans le même sens au-dessus d'elle, traçant une divine couronne autour de ses cheveux d'ébène. Pour elle, j'aurais franchi mille dangers, j'aurais entrepris le voyage vers le pôle, confronté la vigueur de ma flamme au froid arctique. Je me serais fourvoyé dans les labyrinthes d'Hyperborée. Pour elle, j'aurais osé les comparaisons les plus ringardes, j'aurais pris tous les risques avec la syntaxe et le ridicule.

28 Elle s'imposait, vous dis-je
Elle s'imposait, vous dis-je ! Elle s'imposait à moi avec une force inextinguible. C'était quelque chose d'infiniment puissant, comme un courant contre lequel on ne peut lutter, tout bon nageur qu'on soit. Elle n'avait rien fait de particulier à mon égard, pas un geste, rien dit non plus, pas un soupir, rien suscité, pas un frémissement. Mais par sa seule présence quotidienne à mes côtés, elle s'était imposée, avec toute la vigueur de l'inéluctable. Jusqu'à son parfum que je reconnaissais lorsque j'empruntais un escalier qu'elle venait de gravir. Jusqu'au son cristallin de sa voix, que je parvenais à isoler malgré le brouhaha des conversations dans un wagon de tram bondé de monde. Pandora...

29 J'étais en retard. Le cartable sous le bras, je descendis la rue en courant. Au moment où je débouchai sur le boulevard, en face de l'arrêt, le tramway démarrait dans un murmure de métal. Il ne servait plus à rien de courir, le petit train jaune m'avait oublié. A travers les vitres, je devinai la silhouette de Pandora. A tout hasard, je lui fis signe de la main.

30 Puis je demeurai là, immobile, les bras ballants, le regard fixé sur le dos du tram qui s'enfonçait dans une perspective de rails et de bitume. « Diamant », me lança-t-il comme un cri de défi. La bulle de lettres noires dansait sur la paroi arrière. C'était le nom du terminus dans la direction opposée ; sans doute le wattman avait-il oublié de le modifier. D'humeur morose, je songeai qu'elle était un diamant que, peut-être, je ne saurais jamais m'offrir.

31 3 novembre Elle était belle, cela va sans dire
3 novembre   Elle était belle, cela va sans dire. Une beauté slave, où les traits semblent étirés jusqu'à l'infini, où les yeux se font oiseaux, et qui confère une sorte de vertige comme si, en la contemplant, on basculait dans le vide absolu.

32 Mais que pèserait sa beauté devant la mort
Mais que pèserait sa beauté devant la mort ? Au jour du jugement dernier, ferait-elle basculer le plateau de la balance? J'aurais voulu la regarder aux rayons X. Pour tenter de savoir, de deviner comment elle se comporterait lorsqu'elle ne serait plus qu'à l'état de cadavre... Je m'imaginais déjà fasciné par le spectacle de ses os se mouvant dans l'espace, de son squelette dansant la gigue, le twist ou le rock and roll. Je songeais à son crâne, à ses mâchoires qui auraient claqué à mes oreilles comme autant de coups de crosse. Elle m'aurait semblé ridicule. Qui ne le serait, une fois le corps réduit à un ensemble de bâtons articulés, vaguement reliés entre eux ? Oui, dans la mort elle aurait rejoint tous les autres, toutes celles que j'aurais pu aimer, et même celles que je n'aurais pas pu... Je me demandai si, dans un charnier, j'aurais été capable de la reconnaître ? Les cadavres n'ont-ils pas tous la même absence de peau ? J'aurais vu la mort en elle. Et peut-être à la fin n'aurais-je plus contemplé qu'un squelette comme un autre, celui d'une étrangère, de n'importe qui.

33 Après le passage aux rayons X, je ne l'aurais peut-être plus aimée, plus désirée comme avant. Ou alors je l'aurais volontairement rejointe sous la douche des rayons, on se serait embrassé crâne contre crâne, j'aurais posé la main sur ses vertèbres cervicales puis, plus bas, je l'aurais glissée jusqu'aux lombaires, on aurait entrechoqué nos os, je lui aurais dit « je t'aime » et on aurait fait l'amour - l'amour X : les mêmes gestes que plus tard on ferait tous les deux dans la tombe. Parce que j'ai souvent pensé qu'on serait enterré ensemble, côte à côte comme on dit d'habitude - pour insister, sans doute, sur le caractère macabre de l'amour, sur son inévitable prolongement mortuaire. wiki

34 Je me dis que son crâne lui-même était sûrement très beau : lisse et net, avec un frontal très droit, de petites orbites malicieuses, un trou de nez menu lui aussi et de larges maxillaires pour lui permettre de sourire plus que de raison. Oui, même vue comme cela je l'aurais adorée. La radiographie n'aurait servi qu'à découvrir de nouveaux aspects de son charme. L'amour est aveugle, même passé aux rayons X : voilà la conclusion. Et Pandora ferait de beaux restes. Tant pis pour moi. tessa7338

35 Le soir, je martelai le pavé avec impatience
Le soir, je martelai le pavé avec impatience. J'étais nerveux, impatient. Pandora n'était pas là. J'ignorais où elle se trouvait, ce qu'elle pouvait bien faire, et cette situation m'était insoutenable. Je ressentais son absence comme une trahison. Je négligeai de prendre le tram de la ligne 21. Je préférai attendre encore. En vain... De guerre lasse, je pris finalement une autre ligne pour rentrer. En quête de signes, je n'oubliai pas de lire le message inscrit au-dessus de la cabine du wattman. Son contenu eut le don d'accroître encore ma nervosité. Il était écrit « Risquons tout ». Furieux, je décidai d'appliquer ce conseil dès le lendemain.

36 4 novembre   Elle avait les couleurs de la vie, la chaleur du monde et son entrain, son mouvement. Son corps tout entier en était la synthèse. Toutes les mégalopoles de la planète puisaient l'air au creux de son ventre et de sa poitrine. Leurs artères illuminées donnaient à sa peau ce teint flamboyant, ce pétillement de feux d'artifice, ce débordement d'éclats.

37 Les kabbalistes avaient fait fausse route, je le savais à présent : la bibliothèque d'Alexandrie, c'était elle, Pandora. C'était elle, son corps, son cœur, son souffle qui résumaient tout le savoir accumulé dans les manuscrits de la bibliothèque. A elles seules, ses formes renfermaient les secrets de toutes les géométries. Et les rapports entre ses mensurations, entre la courbure de ses hanches et celle du lobe de ses oreilles, entre l'oblique du nez et l'ovale des yeux traduisaient en formules mathématiques les textes d'Aristote ou les croyances des Orphistes.

38 De la même manière, son mont de Vénus concentrait les avancées de la science géographique. On y retrouvait tous les traits de la terre, cette vaste entreprise de calligraphie glaiseuse.

39 Quant à son chef, par ses oscillations, ses hochements, ses sursauts, il évoquait les glissements des étoiles, la perfection du cosmos : le savoir des astronomes et la prescience des espaces derrière l'espace, celle des horizons sans plus de perspective.

40 L'aimer, la dévorer des yeux, c'était parcourir les papyrus anciens, déchiffrer de l'araméen, de l'hébreu et du grec, plonger dans un océan de caractères écumeux. C'était feuilleter l'univers comme un grand livre d'images. C'était s'oublier pour s'enivrer de la somme de tous les autres. Retrouver la mémoire des peuples, s'extasier devant leur nombre et leur diversité. Et au-delà, passant outre l'empilement de tous ces passés singuliers, renouer avec la mémoire tellurique.

41 En elle comme dans un maelström d'idées, les sens se bousculaient, se confondaient. Elle était universelle et chaotique. Il fallait l'aimer de façon kaléidoscopique, en rampant de reflet en reflet sans se laisser aveugler par les symétries ni par leur succession.

42 Mais était-ce la raison pour laquelle je l'aimais tant
Mais était-ce la raison pour laquelle je l'aimais tant ? Parce qu'elle calquait toutes les strates du globe et que j'aimais m'y retrouver ? De peur que, sans cela, le monde ne m'oubliât ? Comme si elle phagocytait la vie, et qu'il fallût se faire absorber par elle sous peine de disparaître...

43 Idée absurde. Et cependant, oui, pour cette raison je l'adorais
Idée absurde ! Et cependant, oui, pour cette raison je l'adorais. Pour celle-ci et pour mille autres encore ! Pour le seul éclat de ses yeux aussi, pour le rai qu'ils dardaient sur toute chose. Pandora résumait tout ce qu'avaient de mieux les autres femmes qui vrillaient l'espace de leurs ronds de jambe. Elle ne leur ressemblait pas, elle les transcendait toutes. Et en la regardant respirer de sa bouche purpurine, en regardant Pandora quêter elle aussi, toutes les secondes, son droit à la vie, j'enrageais qu'elle ne fût pas statue, que sa splendeur ne fût pas figée à jamais plutôt que de courir le risque de l'étiolement.

44 « Pandora, dis-je, je voudrais te parler. » Elle haussa les sourcils
« Pandora, dis-je, je voudrais te parler. » Elle haussa les sourcils. Une fine pluie noire tombait à nos pieds, rythmant notre attente d'un timide crépitement. Secouant ses boucles blond/chatain, elle se rapprocha de moi. « Oui ? fit-elle, le sourire aux lèvres. Qu'y a-t-il, Henry ? Je t'écoute... »

45 Avidement, je happai une large goulée d'air. « Voilà », commençai-je
Avidement, je happai une large goulée d'air. « Voilà », commençai-je. Mais je m'arrêtai aussitôt. Le courage me manquait. Elle me regardait distraitement. J'eus souhaité qu'elle m'accordât un regard profond, davantage de circonstance. Au loin, la couleur jaune du tramway grossissait lentement. Il arriverait à l'heure, me dis-je en pestant intérieurement. « Voilà, repris-je enfin. Je voulais te dire que... - Oui ? - Je... Je t'aime... »

46 Dans mes rêves, j'avais toujours prononcé ces trois mots avec force
Dans mes rêves, j'avais toujours prononcé ces trois mots avec force. Je les avais presque criés. A mon grand dépit, je ne parvins qu'à les bredouiller, comme s'il fallait que j'eusse honte. Je fermai les yeux, retins mon souffle. Il y eut un instant de complète immobilité. Elle ne dit rien. Je finis par me hasarder à rouvrir les paupières. Elle me dévisageait avec le même sourire aux lèvres.

47 Le tramway était presque parvenu à notre hauteur
Le tramway était presque parvenu à notre hauteur. Avec un petit rire, elle désigna du doigt le véhicule. Etonné, je suivis la direction qu'elle m'indiquait. Elle pointait l'index vers le phylactère. « C'est là que je vais moi aussi », me dit-elle sans cesser de sourire. Je la regardai sans comprendre, puis me forçai à déchiffrer la destination mentionnée au-dessus du pare-brise du wattman. Il y était écrit «Je t'aime ».

48 L’auteur Michel Lauwers vit à Tongrinne (Sombreffe), en Belgique
L’auteur Michel Lauwers vit à Tongrinne (Sombreffe), en Belgique. Ce licencié en communication sociale travaille comme journaliste pour un quotidien belge d'information économique et financière. Il est l'auteur d'un recueil de nouvelles aux éditions Averbode, Mississippi Blues (2005) et de plusieurs nouvelles primées : prix SACD du concours de nouvelles policières RTBF/La Première (2000 et 2005) ; prix du concours de nouvelles du festival de Blues-sur-Seine à Paris (2001). Il est aussi l’auteur du livre « Le refuseur » aux éditions « Renaissance du livre »

49 Musique : Extrait de Zigeunerweisen, Op. 20 No. 1 de Pablo de Sarasate
Photos : Internet Daniel 6 Avril Ce diaporama numéro 41 est strictement privé. Il est à usage non commercial.


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