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Histoire de la Russie contemporaine (1991-2016) Septième cours : Politique étrangère russe depuis 1991.

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1 Histoire de la Russie contemporaine (1991-2016) Septième cours : Politique étrangère russe depuis 1991

2 1 – Les années Eltsine 1 – Les années Eltsine 2 – Les années Poutine 2 – Les années Poutine

3 1 – Les années Eltsine 1.1 – Désengagement L’URSS a été présente dans presque tous les conflits régionaux depuis 1945. La guerre « froide » fut très souvent chaude, mais les deux belligérants préféraient lutter dans le monde par pays ou forces interposés. L’URSS a été présente dans presque tous les conflits régionaux depuis 1945. La guerre « froide » fut très souvent chaude, mais les deux belligérants préféraient lutter dans le monde par pays ou forces interposés. La seule région de la planète où les Soviétiques étaient peu présents, c’était l’Amérique du Sud, chasse gardée des Américains, alors que l’Europe de l’Est était celle des Soviétiques. La seule région de la planète où les Soviétiques étaient peu présents, c’était l’Amérique du Sud, chasse gardée des Américains, alors que l’Europe de l’Est était celle des Soviétiques. L’URSS dépensait des fortunes considérables pour l’aide internationale. L’URSS dépensait des fortunes considérables pour l’aide internationale.

4 Ce n’est pas Eltsine qui commence le retrait, mais bien Gorbatchev. Il n’a plus le choix : de moins en moins à même d’assurer un niveau de vie décent aux Soviétiques, il juge que l’URSS n’a plus les moyens de sa politique étrangère. Ce n’est pas Eltsine qui commence le retrait, mais bien Gorbatchev. Il n’a plus le choix : de moins en moins à même d’assurer un niveau de vie décent aux Soviétiques, il juge que l’URSS n’a plus les moyens de sa politique étrangère. À partir de 1986-1987, l’aide soviétique commence à se tarir. La conséquence de cela sera bien sûr un désengagement diplomatique et l’URSS abandonne en grande partie son rôle de contrepoids à la puissance américaine dans le monde. À partir de 1986-1987, l’aide soviétique commence à se tarir. La conséquence de cela sera bien sûr un désengagement diplomatique et l’URSS abandonne en grande partie son rôle de contrepoids à la puissance américaine dans le monde. Après la chute de l’URSS, la Russie récupère ses attributs internationaux : siège au Conseil de sécurité, armement stratégique et dettes. Après la chute de l’URSS, la Russie récupère ses attributs internationaux : siège au Conseil de sécurité, armement stratégique et dettes. La politique étrangère de Boris Eltsine sera très semblable à celle de Gorbatchev et la Russie n’occupera qu’une place de second ordre dans la politique mondiale de 1991 à 2000, sauf quelques exceptions. La politique étrangère de Boris Eltsine sera très semblable à celle de Gorbatchev et la Russie n’occupera qu’une place de second ordre dans la politique mondiale de 1991 à 2000, sauf quelques exceptions.

5 1.2 – Relations russo-américaines La pierre angulaire de cette politique sera les relations avec l’ancien ennemi : l’argent manque, et ce sont les Américains qui ont la haute main sur la bourse des institutions de financement mondiales. La pierre angulaire de cette politique sera les relations avec l’ancien ennemi : l’argent manque, et ce sont les Américains qui ont la haute main sur la bourse des institutions de financement mondiales. On assiste alors à un marchandage très difficile : l’argent contre le silence. Les années 1990 sont synonyme d’hégémonie pour les États-Unis : la Russie est faible et la Chine ne s’est pas encore levée. On assiste alors à un marchandage très difficile : l’argent contre le silence. Les années 1990 sont synonyme d’hégémonie pour les États-Unis : la Russie est faible et la Chine ne s’est pas encore levée. Les idéologies de gauche reculent partout au profit du néo-libéralisme ou du néo-conservatisme. La droite triomphe d’autant plus facilement que l’échec de l’URSS est assimilé à un échec de la gauche politique, en dépit du fait que le système soviétique n’avait qu’une vague parenté avec le socialisme. Les idéologies de gauche reculent partout au profit du néo-libéralisme ou du néo-conservatisme. La droite triomphe d’autant plus facilement que l’échec de l’URSS est assimilé à un échec de la gauche politique, en dépit du fait que le système soviétique n’avait qu’une vague parenté avec le socialisme.

6 Sur le plan international, le vacuum provoqué par l’effondrement soviétique se traduit par des interventions directes dans les affaires intérieures des autres États. C’est alors que naît le concept de « devoir d’ingérence », utilisé depuis à de multiples reprises. Sur le plan international, le vacuum provoqué par l’effondrement soviétique se traduit par des interventions directes dans les affaires intérieures des autres États. C’est alors que naît le concept de « devoir d’ingérence », utilisé depuis à de multiples reprises. Ce « devoir » sera la cause de la seule crise importante de la décennie entre Russes et Occidentaux, avec à leur tête les Américains : le problème serbe. Ce « devoir » sera la cause de la seule crise importante de la décennie entre Russes et Occidentaux, avec à leur tête les Américains : le problème serbe. Suite aux guerres de Yougoslavie, l’Occident choisit son camp et accuse les Serbes de tous les maux. Suite aux guerres de Yougoslavie, l’Occident choisit son camp et accuse les Serbes de tous les maux. En 1999, en pleine crise du Kosovo, les Occidentaux décident de bombarder Belgrade. En 1999, en pleine crise du Kosovo, les Occidentaux décident de bombarder Belgrade. Les Serbes étant les principaux alliés de la Russie dans la région, les Russes prendront mal ces bombardements mais n’y peuvent rien. Les Serbes étant les principaux alliés de la Russie dans la région, les Russes prendront mal ces bombardements mais n’y peuvent rien.

7 Dans la population, ces événements seront ressentis douloureusement : la Russie est devenue si faible qu’elle ne peut même plus protéger ses alliés les plus fidèles. Cela contribuera à mettre fin à la « lune de miel » avec l’Occident. Le complexe d’assiégé renaît. Dans la population, ces événements seront ressentis douloureusement : la Russie est devenue si faible qu’elle ne peut même plus protéger ses alliés les plus fidèles. Cela contribuera à mettre fin à la « lune de miel » avec l’Occident. Le complexe d’assiégé renaît. Et puis, menant sa politique impériale, les États-Unis ne cessent de vouloir empiéter sur ce que les Russes considèrent comme leur sphère d’influence. Et puis, menant sa politique impériale, les États-Unis ne cessent de vouloir empiéter sur ce que les Russes considèrent comme leur sphère d’influence. Sous le patronage de Washington apparaît au milieu des années 1990 le GUAM, organisation dont est explicitement exclue la Russie. Sous le patronage de Washington apparaît au milieu des années 1990 le GUAM, organisation dont est explicitement exclue la Russie. L’organisation n’est pas très puissante, mais elle témoigne de la volonté de Washington de s’implanter aux frontières de la Russie. Réunissant deux des trois États du Caucase, le GUAM vise à faciliter les projets pétroliers de Washington dans la région. L’organisation n’est pas très puissante, mais elle témoigne de la volonté de Washington de s’implanter aux frontières de la Russie. Réunissant deux des trois États du Caucase, le GUAM vise à faciliter les projets pétroliers de Washington dans la région.

8 1.3 – La Russie et l’Europe Jusqu’à la toute fin du règne de Eltsine, c’est la tentation européenne qui domine. Eltsine voudrait se faire le continuateur de Pierre Le Grand. Jusqu’à la toute fin du règne de Eltsine, c’est la tentation européenne qui domine. Eltsine voudrait se faire le continuateur de Pierre Le Grand. Mais il y a des frictions. L’éventuelle adhésion à l’Union européenne des États est-européens n’est pas ressentie comme une menace, mais l’éventuelle extension de l’OTAN inquiète. Mais il y a des frictions. L’éventuelle adhésion à l’Union européenne des États est-européens n’est pas ressentie comme une menace, mais l’éventuelle extension de l’OTAN inquiète. Cette organisation ayant été mise en place CONTRE l’URSS, tout élargissement de celle-ci est considéré à Moscou comme un acte hostile. Peu à peu des bases de l’OTAN sont établies autour des frontières occidentales de la Russie. Cette organisation ayant été mise en place CONTRE l’URSS, tout élargissement de celle-ci est considéré à Moscou comme un acte hostile. Peu à peu des bases de l’OTAN sont établies autour des frontières occidentales de la Russie.

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10 Encore une fois, l’impotence russe sera durement ressentie. Les Russes sont contre, mais de quels moyens disposent-ils pour empêcher ces États de rejoindre l’organisation? Encore une fois, l’impotence russe sera durement ressentie. Les Russes sont contre, mais de quels moyens disposent-ils pour empêcher ces États de rejoindre l’organisation? Une concession à la susceptibilité russe sera faite par l’OTAN, qui accepte de donner à la Russie un statut d’observateur en son sein. Ce qui est parfaitement contradictoire puisque l’OTAN est née et existe grâce à un ennemi, qui siège comme observateur… Une concession à la susceptibilité russe sera faite par l’OTAN, qui accepte de donner à la Russie un statut d’observateur en son sein. Ce qui est parfaitement contradictoire puisque l’OTAN est née et existe grâce à un ennemi, qui siège comme observateur… Autre concession faite à la Russie à la même époque : l’inclusion de la Russie à titre de membre invité du G7, et plus tard, sa transformation en G8. Mais la Russie se trouve isolée par rapport à ses partenaires dans cette organisation et conséquemment ne parvient pas à y faire entendre sa voix. Dans les deux cas, c’est la France qui tend la main. Autre concession faite à la Russie à la même époque : l’inclusion de la Russie à titre de membre invité du G7, et plus tard, sa transformation en G8. Mais la Russie se trouve isolée par rapport à ses partenaires dans cette organisation et conséquemment ne parvient pas à y faire entendre sa voix. Dans les deux cas, c’est la France qui tend la main.

11 1.4 – Politique globale Sur les autres fronts mondiaux, la Russie postsoviétique continue de battre en retraite. L’URSS comptait des États amis un peu partout, mais le fer de lance de ces amitiés était les subsides que les Soviétiques y déversaient. N’ayant plus d’argent pour entretenir ces « amitiés », la Russie se retire simplement d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine. Sur les autres fronts mondiaux, la Russie postsoviétique continue de battre en retraite. L’URSS comptait des États amis un peu partout, mais le fer de lance de ces amitiés était les subsides que les Soviétiques y déversaient. N’ayant plus d’argent pour entretenir ces « amitiés », la Russie se retire simplement d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine. La politique étrangère des années 90 est toute orientée vers l’Occident et le pays se détourne des autres régions du monde. Même la relation avec la Chine est négligée. La politique étrangère des années 90 est toute orientée vers l’Occident et le pays se détourne des autres régions du monde. Même la relation avec la Chine est négligée. Mais c’est à cette époque que l’on commence à parler de la doctrine Primakov. Mais dans les années 90, elle n’est connue que des spécialistes et n’intéresse pas le Kremlin, qui voit l’avenir du pays à l’Ouest. Mais c’est à cette époque que l’on commence à parler de la doctrine Primakov. Mais dans les années 90, elle n’est connue que des spécialistes et n’intéresse pas le Kremlin, qui voit l’avenir du pays à l’Ouest.

12 2 – Les années Poutine 2.1 – Poutine et l’Occident 2.1.1 – La lune de miel de la « lutte antiterroriste » Les relations de la Russie avec l’Ouest ont beaucoup fluctué depuis l’arrivée au pouvoir de Poutine. À l’ouest, on s’attend à ce qu’il maintienne la politique étrangère sur les mêmes rails. Les relations de la Russie avec l’Ouest ont beaucoup fluctué depuis l’arrivée au pouvoir de Poutine. À l’ouest, on s’attend à ce qu’il maintienne la politique étrangère sur les mêmes rails. C’est d’ailleurs ce qu’il fait au début. Il y sera aidé par les attentats du 11 septembre 2001. La Russie se posera en champion de la « civilisation » contre l’Islamisme, arguant être aux prises avec un problème terroriste sur son propre territoire. C’est d’ailleurs ce qu’il fait au début. Il y sera aidé par les attentats du 11 septembre 2001. La Russie se posera en champion de la « civilisation » contre l’Islamisme, arguant être aux prises avec un problème terroriste sur son propre territoire.

13 Poutine est l’un des premiers à téléphoner à Bush pour lui faire part de ses sympathies suite aux attentats. Il sera aussi l’un des premiers à se rendre aux États-Unis par la suite pour rencontrer le président Bush. Poutine est l’un des premiers à téléphoner à Bush pour lui faire part de ses sympathies suite aux attentats. Il sera aussi l’un des premiers à se rendre aux États-Unis par la suite pour rencontrer le président Bush. Pendant quelque temps, on pourra croire que le temps du condominium américano-soviétique sur le monde est revenu, comme dans les belles années de la détente. Pendant quelque temps, on pourra croire que le temps du condominium américano-soviétique sur le monde est revenu, comme dans les belles années de la détente. Mais les Russes devront déchanter puisque Washington n’entend pas partager le monde et ne voit dans la Russie qu’un allié potentiel parmi tant d’autres. Mais les Russes devront déchanter puisque Washington n’entend pas partager le monde et ne voit dans la Russie qu’un allié potentiel parmi tant d’autres. Les Russes ne peuvent de leur côté rien faire pour empêcher cela, puisqu’ils sont trop faibles et ne disposent plus du pouvoir de nuisance qu’ils avaient à l’époque soviétique. Cette alliance de raison ne va d’ailleurs pas tarder à s’effriter. Les Russes ne peuvent de leur côté rien faire pour empêcher cela, puisqu’ils sont trop faibles et ne disposent plus du pouvoir de nuisance qu’ils avaient à l’époque soviétique. Cette alliance de raison ne va d’ailleurs pas tarder à s’effriter.

14 2.1.2 – Le temps des orages L’événement décisif des relations russo-américaines, survient au cours du premier trimestre 2003. Lorsque Washington réclame une action musclée pour empêcher Saddam Hussein d’utiliser ses supposées armes de destruction massive et détruire sa toute aussi supposée alliance avec Al-Qaïda, il se retrouve pratiquement isolé. L’événement décisif des relations russo-américaines, survient au cours du premier trimestre 2003. Lorsque Washington réclame une action musclée pour empêcher Saddam Hussein d’utiliser ses supposées armes de destruction massive et détruire sa toute aussi supposée alliance avec Al-Qaïda, il se retrouve pratiquement isolé. À la suite de cette rencontre, une vague de xénophobie va déferler aux États-Unis. La francophobie ne pourra pas durer puisque la France et les États-Unis sont d’excellents mauvais amis. Avec l’Allemagne, la situation est semblable. À la suite de cette rencontre, une vague de xénophobie va déferler aux États-Unis. La francophobie ne pourra pas durer puisque la France et les États-Unis sont d’excellents mauvais amis. Avec l’Allemagne, la situation est semblable. Restent la Chine et la Russie. Compte tenu des intérêts américains en Chine, ils n’ont aucun intérêt à laisser détériorer leurs relations avec elle. Reste la Russie. Restent la Chine et la Russie. Compte tenu des intérêts américains en Chine, ils n’ont aucun intérêt à laisser détériorer leurs relations avec elle. Reste la Russie.

15 Adversaire commode d’un point de vue idéologique, opposant de l’Occident depuis 400 ans, la Russie n’aura pas droit à la même indulgence. Les projets et tentatives d’infiltration des États-Unis dans la sphère d’influence russe alors vont reprendre de plus belle. Adversaire commode d’un point de vue idéologique, opposant de l’Occident depuis 400 ans, la Russie n’aura pas droit à la même indulgence. Les projets et tentatives d’infiltration des États-Unis dans la sphère d’influence russe alors vont reprendre de plus belle. Cela est manifeste lorsque l’on compare le ton des articles des journaux et des revues publiés à l’Ouest et portant sur la Russie avant et après 2003. Or, la Russie n’a que peu changé dans cette période. De l’intérieur, c’est évident : la Russie n’a pas changé, c’est l’Ouest qui a changé. Cela est manifeste lorsque l’on compare le ton des articles des journaux et des revues publiés à l’Ouest et portant sur la Russie avant et après 2003. Or, la Russie n’a que peu changé dans cette période. De l’intérieur, c’est évident : la Russie n’a pas changé, c’est l’Ouest qui a changé. Depuis ce refroidissement, les motifs de tensions n’ont pas manqué. La volonté affichée par Obama d’effectuer une « remise à zéro » n’a guère été suivie de gestes concrets sur les questions considérées comme prioritaires pour Moscou, comme le bouclier antimissile et l’élargissement de l’OTAN. Depuis ce refroidissement, les motifs de tensions n’ont pas manqué. La volonté affichée par Obama d’effectuer une « remise à zéro » n’a guère été suivie de gestes concrets sur les questions considérées comme prioritaires pour Moscou, comme le bouclier antimissile et l’élargissement de l’OTAN.

16 Bouclier anti-missile

17 Malgré la réduction de l’importance du projet antimissile, l’Administration américaine ne semble pas vouloir abandonner l’idée. Malgré la réduction de l’importance du projet antimissile, l’Administration américaine ne semble pas vouloir abandonner l’idée. C’est sur cette question que l’on a pu voir le retour d’une rhétorique guerrière, comme lors du discours de Poutine en 2007 à Munich, où encore lorsque Medvedev a évoqué l’installation possible de missiles Iskanders pointés sur les installations anti-missiles américaines. C’est sur cette question que l’on a pu voir le retour d’une rhétorique guerrière, comme lors du discours de Poutine en 2007 à Munich, où encore lorsque Medvedev a évoqué l’installation possible de missiles Iskanders pointés sur les installations anti-missiles américaines. D’autres problèmes ont surgi, mettant en évidence les différences de conceptions et d’intérêts de la Russie et de l’Occident. D’autres problèmes ont surgi, mettant en évidence les différences de conceptions et d’intérêts de la Russie et de l’Occident. Les vetos russo-chinois au Conseil de sécurité en 2011 et 2012 sur la question syrienne est une belle illustration. Redevenue plus forte, la Russie n’entend plus brader ses intérêts et ses principes pour des concessions restées la plupart du temps théoriques. Les vetos russo-chinois au Conseil de sécurité en 2011 et 2012 sur la question syrienne est une belle illustration. Redevenue plus forte, la Russie n’entend plus brader ses intérêts et ses principes pour des concessions restées la plupart du temps théoriques.

18 Cette puissance s’est matérialisée en 2013, lorsque devant la force déployée par Moscou, Washington a dû faire marche arrière pour finalement se rallier à la proposition russe concernant la destruction des armes chimiques syriennes. Cette puissance s’est matérialisée en 2013, lorsque devant la force déployée par Moscou, Washington a dû faire marche arrière pour finalement se rallier à la proposition russe concernant la destruction des armes chimiques syriennes. Deux ans plus tard, la première intervention des forces de l’air russe hors des frontières du pays depuis 1989, à la demande de Damas, signifie pour Washington la fin de sa domination militaire sans partage. Deux ans plus tard, la première intervention des forces de l’air russe hors des frontières du pays depuis 1989, à la demande de Damas, signifie pour Washington la fin de sa domination militaire sans partage. Cependant, malgré ces tensions et de nombreux effets théâtraux, certains dossiers, dont celui du désarmement, ont pu avancer tout au long de la décennie. C’est ainsi qu’en avril 2010, les présidents Obama et Medvedev ont apposé leurs signatures au traité START III, prévoyant une réduction de 25 % à 30 % de leurs arsenaux nucléaires stratégiques. Cependant, malgré ces tensions et de nombreux effets théâtraux, certains dossiers, dont celui du désarmement, ont pu avancer tout au long de la décennie. C’est ainsi qu’en avril 2010, les présidents Obama et Medvedev ont apposé leurs signatures au traité START III, prévoyant une réduction de 25 % à 30 % de leurs arsenaux nucléaires stratégiques.

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20 Avec la ratification par le Congrès et la Douma en 2010 et 2011, le traité est en vigueur et les deux États se sont donnés 7 ans pour atteindre leurs objectifs. Avec la ratification par le Congrès et la Douma en 2010 et 2011, le traité est en vigueur et les deux États se sont donnés 7 ans pour atteindre leurs objectifs. Le maintien d’arsenaux nucléaires au niveau de ce qu’ils étaient pendant la guerre froide n’a plus guère de sens, d’autant que l’entretien de ces forces coûte extrêmement cher. Le maintien d’arsenaux nucléaires au niveau de ce qu’ils étaient pendant la guerre froide n’a plus guère de sens, d’autant que l’entretien de ces forces coûte extrêmement cher. De même, la permission accordée par Moscou concernant l’utilisation de l’espace aérien et d’installations aéroportuaires pour ravitailler les forces américaines déployées en Afghanistan, ou encore la coopération étroite entre les deux puissances dans le domaine spatial, démontrent que les uns et les autres, malgré les déclarations incendiaires, comprennent la nécessité de leur collaboration. De même, la permission accordée par Moscou concernant l’utilisation de l’espace aérien et d’installations aéroportuaires pour ravitailler les forces américaines déployées en Afghanistan, ou encore la coopération étroite entre les deux puissances dans le domaine spatial, démontrent que les uns et les autres, malgré les déclarations incendiaires, comprennent la nécessité de leur collaboration.

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22 2.2 – Rééquilibrage de la politique étrangère russe Même si nous n’en sommes pas une confrontation directe entre la Russie et l’Ouest, les tensions se maintiennent. Poutine rêvait d’obtenir un accord de l’Ouest à ses politiques, ce qu’il a obtenu jusqu’à ce que celles-ci entrent en contradiction avec les grands objectifs des États-Unis, en particulier. Même si nous n’en sommes pas une confrontation directe entre la Russie et l’Ouest, les tensions se maintiennent. Poutine rêvait d’obtenir un accord de l’Ouest à ses politiques, ce qu’il a obtenu jusqu’à ce que celles-ci entrent en contradiction avec les grands objectifs des États-Unis, en particulier. Ainsi, Moscou s’est mis à la recherche de nouveaux alliés et de nouveaux partenaires. Le forum des BRICS, l’OCS, l’OTSC et l’Union eurasienne témoignent de la volonté de Moscou de s’éloigner de l’Occident. Ainsi, Moscou s’est mis à la recherche de nouveaux alliés et de nouveaux partenaires. Le forum des BRICS, l’OCS, l’OTSC et l’Union eurasienne témoignent de la volonté de Moscou de s’éloigner de l’Occident. 2.2.1 – La Russie et l’Europe Les relations russo-européennes suivent une évolution semblable à celle des relations russo-américaines. Mais depuis quelques années, les choses ont changé. Les relations russo-européennes suivent une évolution semblable à celle des relations russo-américaines. Mais depuis quelques années, les choses ont changé.

23 La clé de ces relations, ce sont les ressources énergétiques de la Russie et les besoins énergétiques de l’Europe. Le poids de la Russie sur les décisions de l’UE s’accroît considérablement, d’autant que les États membres sont incapables de définir face à Moscou une position commune. La clé de ces relations, ce sont les ressources énergétiques de la Russie et les besoins énergétiques de l’Europe. Le poids de la Russie sur les décisions de l’UE s’accroît considérablement, d’autant que les États membres sont incapables de définir face à Moscou une position commune. La Russie compte en Europe à la fois des alliés et des ennemis irréductibles. La Russie compte en Europe à la fois des alliés et des ennemis irréductibles. Dans la première catégorie se trouve l’Allemagne, qui s’est retrouvée premier partenaire européen de la Russie avec l’arrivée au pouvoir de Poutine, mais aussi la France, dont les relations avec la Russie furent historiquement cordiales. Dans la première catégorie se trouve l’Allemagne, qui s’est retrouvée premier partenaire européen de la Russie avec l’arrivée au pouvoir de Poutine, mais aussi la France, dont les relations avec la Russie furent historiquement cordiales. Parmi les ennemis irréductibles, il y a la Pologne, les deux États ayant été en conflit depuis 500 ans. C’est aussi le cas des républiques de la Baltique (même s’il faut nuancer pour la Lettonie). Parmi les ennemis irréductibles, il y a la Pologne, les deux États ayant été en conflit depuis 500 ans. C’est aussi le cas des républiques de la Baltique (même s’il faut nuancer pour la Lettonie).

24 Il faut ajouter les ex démocraties populaires (Tchéquie, Slovaquie, Hongrie et Roumanie), pour qui les relations avec la Russie ont été très variables. Il faut ajouter les ex démocraties populaires (Tchéquie, Slovaquie, Hongrie et Roumanie), pour qui les relations avec la Russie ont été très variables. Cela fait en sorte que la caractéristique fondamentale de la politique étrangère de l’Union se manifeste avec la Russie très clairement : une incroyable cacophonie, dont se sert Moscou. Cela fait en sorte que la caractéristique fondamentale de la politique étrangère de l’Union se manifeste avec la Russie très clairement : une incroyable cacophonie, dont se sert Moscou. Cette cacophonie est accentuée par la vocation humaniste et libérale de l’Union européenne, la vieille tare moralisatrice du vieux continent. Cette cacophonie est accentuée par la vocation humaniste et libérale de l’Union européenne, la vieille tare moralisatrice du vieux continent. Dans le cas des relations russo-européennes, cela se manifeste par une tendance à gronder le président russe, mais juste un peu. Dans le cas des relations russo-européennes, cela se manifeste par une tendance à gronder le président russe, mais juste un peu. Les choses ont changées depuis la crise ukrainienne, car la crainte des États d’Europe orientale devant ce qui est perçu ici comme une résurgence de la puissance russe. Les choses ont changées depuis la crise ukrainienne, car la crainte des États d’Europe orientale devant ce qui est perçu ici comme une résurgence de la puissance russe.

25 Celle-ci a favorisé l’alignement de l’Europe sur Washington et incité la première a emboiter le pas aux États-Unis en ce qui concerne les sanctions à l’endroit de Moscou et le déploiement de forces de l’OTAN près des frontières russes. Celle-ci a favorisé l’alignement de l’Europe sur Washington et incité la première a emboiter le pas aux États-Unis en ce qui concerne les sanctions à l’endroit de Moscou et le déploiement de forces de l’OTAN près des frontières russes. Un exemple de l’art de la division russe : le gazoduc de la Baltique. Construits à l’époque soviétique, les réseaux de transports des hydrocarbures passent par les territoires de l’Ukraine, de la Biélorussie et de la Pologne. Un exemple de l’art de la division russe : le gazoduc de la Baltique. Construits à l’époque soviétique, les réseaux de transports des hydrocarbures passent par les territoires de l’Ukraine, de la Biélorussie et de la Pologne. Cela pose problèmes à la Russie et ces États n’ont pas hésité à utiliser cette situation pour faire pression sur les Russes. Par exemple, l’Ukraine est ainsi parvenue pendant longtemps à obtenir un tarif dérisoire pour l’achat du gaz russe. Cela pose problèmes à la Russie et ces États n’ont pas hésité à utiliser cette situation pour faire pression sur les Russes. Par exemple, l’Ukraine est ainsi parvenue pendant longtemps à obtenir un tarif dérisoire pour l’achat du gaz russe. En 2005, un accord préliminaire a été conclu entre la Russie, l’Allemagne et la Suède pour la construction sous la Baltique d’un gazoduc. En 2005, un accord préliminaire a été conclu entre la Russie, l’Allemagne et la Suède pour la construction sous la Baltique d’un gazoduc.

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27 Inaugurées en septembre 2011, les installations sont fonctionnelles et permettent d’acheminer directement en Allemagne le gaz russe, sans passer par des territoires hostiles. Inaugurées en septembre 2011, les installations sont fonctionnelles et permettent d’acheminer directement en Allemagne le gaz russe, sans passer par des territoires hostiles. Cela témoigne clairement de la difficulté éprouvée par les membres de l’Union pour s’entendre au sujet de la Russie : leurs intérêts sont trop divergents. Cela témoigne clairement de la difficulté éprouvée par les membres de l’Union pour s’entendre au sujet de la Russie : leurs intérêts sont trop divergents. L’Europe joue sa propre partition dans le Caucase et c’est aussi autour de la question énergétique. L’Europe joue sa propre partition dans le Caucase et c’est aussi autour de la question énergétique. L’Union européenne a parrainé un projet de gazoduc dans la région de la Caspienne (Nabucco) qui aurait relié l’Iran à l’Europe centrale. L’Union européenne a parrainé un projet de gazoduc dans la région de la Caspienne (Nabucco) qui aurait relié l’Iran à l’Europe centrale. La Russie a mis de l’avant la construction d’un South stream, mais a aujourd’hui été abandonné au profit d’un éventuel Turkish Stream, qui illustre la volonté de Moscou de favoriser ses relations avec des États hors de l’Europe. La Russie a mis de l’avant la construction d’un South stream, mais a aujourd’hui été abandonné au profit d’un éventuel Turkish Stream, qui illustre la volonté de Moscou de favoriser ses relations avec des États hors de l’Europe.

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29 Depuis quelques années, le commerce des armes entre la Russie et l’Europe s’est développé, soulevant des controverses à chaque occasion, lesquelles démontrent, encore une fois, l’incapacité des États européens à s’entendre sur une politique commune face au puissant voisin de l’est. Depuis quelques années, le commerce des armes entre la Russie et l’Europe s’est développé, soulevant des controverses à chaque occasion, lesquelles démontrent, encore une fois, l’incapacité des États européens à s’entendre sur une politique commune face au puissant voisin de l’est. La signature à l’été 2011 d’un contrat de construction de 4 navires de projection de classe Mistral est un bon exemple. La signature à l’été 2011 d’un contrat de construction de 4 navires de projection de classe Mistral est un bon exemple. Les États est-européens, et surtout ceux de la Baltique, ont critiqué ce geste du gouvernement français, qui consiste à armer un ennemi, mais pour Paris, le geste s’inscrivait dans une politique visant à dépasser les clivages de l’époque de la guerre froide. Les États est-européens, et surtout ceux de la Baltique, ont critiqué ce geste du gouvernement français, qui consiste à armer un ennemi, mais pour Paris, le geste s’inscrivait dans une politique visant à dépasser les clivages de l’époque de la guerre froide. La vente a été annulée à l’été 2015 et en octobre 2015, l’Égypte s’est porté acquéreur des deux bâtiments dont la construction était achevée. La vente a été annulée à l’été 2015 et en octobre 2015, l’Égypte s’est porté acquéreur des deux bâtiments dont la construction était achevée.

30 2.2.2 – Le Proche Étranger Après avoir consacré son 1 er mandat à rétablir l’autorité de l’État, Poutine s’est employé à reconstruire l’influence russe dans le monde. Après avoir consacré son 1 er mandat à rétablir l’autorité de l’État, Poutine s’est employé à reconstruire l’influence russe dans le monde. Même s’il serait exagéré de voir dans cette volonté une résurgence de l’impérialisme russe traditionnel, il n’en demeure pas moins que la Russie cherche à revenir sur la scène internationale. Même s’il serait exagéré de voir dans cette volonté une résurgence de l’impérialisme russe traditionnel, il n’en demeure pas moins que la Russie cherche à revenir sur la scène internationale. Si l’État russe continue de se voir comme une puissance mondiale, sa priorité se porte avant tout sur son « étranger proche », c’est-à-dire sur les États qui lui sont frontaliers. Si l’État russe continue de se voir comme une puissance mondiale, sa priorité se porte avant tout sur son « étranger proche », c’est-à-dire sur les États qui lui sont frontaliers. Même si la CEI, incluant la majorité des ex- républiques soviétiques, n’a pas joué un grand rôle dans la politique d’influence de Moscou sur son étranger proche, elle servi à la mise en place d’autres structures. Même si la CEI, incluant la majorité des ex- républiques soviétiques, n’a pas joué un grand rôle dans la politique d’influence de Moscou sur son étranger proche, elle servi à la mise en place d’autres structures.

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32 Sur le plan sécuritaire, l’Organisation du Traité de Sécurité collective (OTSC) s’est construite dans un contexte de tension liée à la radicalisation musulmane en Asie centrale et dans le Caucase. Sur le plan sécuritaire, l’Organisation du Traité de Sécurité collective (OTSC) s’est construite dans un contexte de tension liée à la radicalisation musulmane en Asie centrale et dans le Caucase. Regroupant Russie, Biélorusse, Arménie, Tadjikistan, Kazakhstan et Kirghizie (en plus de la Serbie, qui a le statut d’observateur), l’OTSC remplit plusieurs fonctions sécuritaire et militaire. Regroupant Russie, Biélorusse, Arménie, Tadjikistan, Kazakhstan et Kirghizie (en plus de la Serbie, qui a le statut d’observateur), l’OTSC remplit plusieurs fonctions sécuritaire et militaire. Il va de soi que dans cet ensemble, Moscou domine ses partenaires et l’OTSC constitue un instrument d’influence de la Russie sur les autres États membres, étroitement liés au complexe militaro-industriel russe. Il va de soi que dans cet ensemble, Moscou domine ses partenaires et l’OTSC constitue un instrument d’influence de la Russie sur les autres États membres, étroitement liés au complexe militaro-industriel russe. Moscou cherche à étendre son soft power, dont sa puissance économique, par des accords de libre- échange avec ses voisins. C’est à ce désir que répond la création de l’Union économique eurasienne, qui est entré en vigueur en janvier 2015. Moscou cherche à étendre son soft power, dont sa puissance économique, par des accords de libre- échange avec ses voisins. C’est à ce désir que répond la création de l’Union économique eurasienne, qui est entré en vigueur en janvier 2015.

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34 L’organisation vise la suppression des barrières douanières entre les États membres et possiblement un jour la mise en place d’une union monétaire. L’organisation vise la suppression des barrières douanières entre les États membres et possiblement un jour la mise en place d’une union monétaire. L’Union pourrait être élargie à l’Arménie, au Tadjikistan et à la Kirghizie. Des accords sont aussi en négociations avec le Viet Nam, Cuba et la Syrie, entre autres. L’Union pourrait être élargie à l’Arménie, au Tadjikistan et à la Kirghizie. Des accords sont aussi en négociations avec le Viet Nam, Cuba et la Syrie, entre autres. La disproportion entre l’économie russe et celle de ses partenaires donne à la première un avantage. Mais l’Union va permettre un accroissement des exportations de tout le monde. Il ne s’agit pas, d’une résurrection de l’URSS mais d’un accord économique. La disproportion entre l’économie russe et celle de ses partenaires donne à la première un avantage. Mais l’Union va permettre un accroissement des exportations de tout le monde. Il ne s’agit pas, d’une résurrection de l’URSS mais d’un accord économique. Au cours des dernières années, les relations entretenues par la Russie avec ses voisins ont fluctué en fonction du recul, puis du retour, de la puissance russe. Au cours des dernières années, les relations entretenues par la Russie avec ses voisins ont fluctué en fonction du recul, puis du retour, de la puissance russe. Il faut tenir compte des différentes régions et des différents États, dont les rapports avec l’ancienne puissance dominante sont très variables. Il faut tenir compte des différentes régions et des différents États, dont les rapports avec l’ancienne puissance dominante sont très variables.

35 En ce qui concerne les républiques baltes, rapidement admises dans l’OTAN et l’UE, les relations ont été généralement froides, sans être toujours hostiles. En ce qui concerne les républiques baltes, rapidement admises dans l’OTAN et l’UE, les relations ont été généralement froides, sans être toujours hostiles. La Russie n’a pas cherché à maintenir une influence directe, mais en Lettonie et en Estonie, où les minorités russophones (de 25 à 40 % de la population) se voit déniées les mêmes droits que les populations locales, Moscou a joué la carte de la défense des « frères » russes, avec certains impacts. La Russie n’a pas cherché à maintenir une influence directe, mais en Lettonie et en Estonie, où les minorités russophones (de 25 à 40 % de la population) se voit déniées les mêmes droits que les populations locales, Moscou a joué la carte de la défense des « frères » russes, avec certains impacts. En Lituanie la minorité russe n’est pas assez importante pour inquiéter les dirigeants locaux et pour que la Russie prétende y avoir une influence. En Lituanie la minorité russe n’est pas assez importante pour inquiéter les dirigeants locaux et pour que la Russie prétende y avoir une influence. L’Asie centrale est une zone de forte influence russe. Les minorités russes y sont importantes (particulièrement au Kazakhstan), et ces États n’ont jamais eu d’existence étatique en dehors du cadre de la domination russe, à l’exception de l’Ouzbékistan. L’Asie centrale est une zone de forte influence russe. Les minorités russes y sont importantes (particulièrement au Kazakhstan), et ces États n’ont jamais eu d’existence étatique en dehors du cadre de la domination russe, à l’exception de l’Ouzbékistan.

36 Kazakhstan, Tadjikistan et Kirghizie sont demeurés très proches de Moscou. Cela n’a cependant pas empêché Bichkek et Douchanbe (et Astana non plus) de discuter avec l’Occident et même d’autoriser le déploiement de forces américaines sur leur territoire, pour des raisons liées à la lutte contre l’islamisme radical. Kazakhstan, Tadjikistan et Kirghizie sont demeurés très proches de Moscou. Cela n’a cependant pas empêché Bichkek et Douchanbe (et Astana non plus) de discuter avec l’Occident et même d’autoriser le déploiement de forces américaines sur leur territoire, pour des raisons liées à la lutte contre l’islamisme radical. À Astana, Nazarbaïev a toujours entretenu de bonnes relations avec Moscou, ce qui s’illustre par la participation de son pays à la totalité des organisations multilatérales de la région. À Astana, Nazarbaïev a toujours entretenu de bonnes relations avec Moscou, ce qui s’illustre par la participation de son pays à la totalité des organisations multilatérales de la région. Avec l’Ouzbékistan, membre du GUAM, les relations sont plus difficiles. Cela tient à l’histoire du pays, où se trouvent concentrées les grandes cités États médiévales, dont le rôle dans la région fut fondamental. Il y a ici un esprit national qui n’existe pas ailleurs. Avec l’Ouzbékistan, membre du GUAM, les relations sont plus difficiles. Cela tient à l’histoire du pays, où se trouvent concentrées les grandes cités États médiévales, dont le rôle dans la région fut fondamental. Il y a ici un esprit national qui n’existe pas ailleurs.

37 État le plus peuplé de la zone, très divers ethniquement et aux prises avec des mouvements séparatistes liés à ses voisins, l’Ouzbékistan a tenté de développer une 3 e voie entre Moscou et le monde occidental. Le pays a multiplié les renversements d’alliance depuis 25 ans. État le plus peuplé de la zone, très divers ethniquement et aux prises avec des mouvements séparatistes liés à ses voisins, l’Ouzbékistan a tenté de développer une 3 e voie entre Moscou et le monde occidental. Le pays a multiplié les renversements d’alliance depuis 25 ans. C’est avec le Turkménistan que les relations furent plus difficiles. Sa richesse en gaz permet à Achgabat de ne pas dépendre de Moscou, même si le pays a besoin des gazoducs russes pour l’exportation de son gaz. Il travaille très fort pour s’affranchir de cette dépendance, en orientant ses exportations plutôt vers la Chine. C’est avec le Turkménistan que les relations furent plus difficiles. Sa richesse en gaz permet à Achgabat de ne pas dépendre de Moscou, même si le pays a besoin des gazoducs russes pour l’exportation de son gaz. Il travaille très fort pour s’affranchir de cette dépendance, en orientant ses exportations plutôt vers la Chine. Mais le Turkménistan est isolé et politiquement peu puissant et la Russie s’accommode de ces relations, d’autant qu’Achgabat entretient aussi des relations distantes avec ses voisins et les États occidentaux. Mais le Turkménistan est isolé et politiquement peu puissant et la Russie s’accommode de ces relations, d’autant qu’Achgabat entretient aussi des relations distantes avec ses voisins et les États occidentaux.

38 Dans le Caucase, les relations avec Erevan sont excellentes, ce qui tient à une communauté historique, culturelle et religieuse et à la difficile situation de la petite république. Dans le Caucase, les relations avec Erevan sont excellentes, ce qui tient à une communauté historique, culturelle et religieuse et à la difficile situation de la petite république. L’Arménie a toujours eu grand besoin de la Russie pour sa défense et elle fait partie de la plupart des organisations multilatérales dominées par la Russie. L’Arménie a toujours eu grand besoin de la Russie pour sa défense et elle fait partie de la plupart des organisations multilatérales dominées par la Russie. Les relations avec l’Azerbaïdjan ont été plus difficiles, même si Moscou s’est bien gardé de prendre parti dans le conflit du Haut-Karabagh. Sa situation géographique et ses richesses en hydrocarbures lui ont permis de se détacher de l’influence russe, au point où Bakou est membre fondateur du GUAM. Les relations avec l’Azerbaïdjan ont été plus difficiles, même si Moscou s’est bien gardé de prendre parti dans le conflit du Haut-Karabagh. Sa situation géographique et ses richesses en hydrocarbures lui ont permis de se détacher de l’influence russe, au point où Bakou est membre fondateur du GUAM. Mais il n’y a pas de contentieux entre les deux États et le tour autoritaire pris par Bakou et les critiques occidentales consécutives l’ont incité à se rapprocher de Moscou. Mais il n’y a pas de contentieux entre les deux États et le tour autoritaire pris par Bakou et les critiques occidentales consécutives l’ont incité à se rapprocher de Moscou.

39 En Géorgie, Saakachvili, formé aux États-Unis, prend le pouvoir en 2003 après une révolution colorée et s’entoure de personnalités pro-occidentales. Dès lors, les relations russo-géorgiennes vont se tendre. En Géorgie, Saakachvili, formé aux États-Unis, prend le pouvoir en 2003 après une révolution colorée et s’entoure de personnalités pro-occidentales. Dès lors, les relations russo-géorgiennes vont se tendre. Les contentieux entre les deux États sont nombreux et tous deux portent une part de responsabilité. Moscou a de la difficulté à admettre qu’elle n’exerce plus sa souveraineté sur la Géorgie; celle-ci oublie que les relations avec la Russie sont vitales pour son économie du pays. Elle tente de mettre à mal l’influence de la Russie dans le Caucase, mais dépend de celle-ci pour survivre économiquement… Les contentieux entre les deux États sont nombreux et tous deux portent une part de responsabilité. Moscou a de la difficulté à admettre qu’elle n’exerce plus sa souveraineté sur la Géorgie; celle-ci oublie que les relations avec la Russie sont vitales pour son économie du pays. Elle tente de mettre à mal l’influence de la Russie dans le Caucase, mais dépend de celle-ci pour survivre économiquement… Il y a les problèmes de séparatisme de part et d’autre de la frontière : Moscou accuse Tbilissi de se montrer complaisante envers les rebelles tchétchènes réfugiés sur son territoire; Tbilissi accuse Moscou de favoriser la partition du territoire géorgien. Il y a les problèmes de séparatisme de part et d’autre de la frontière : Moscou accuse Tbilissi de se montrer complaisante envers les rebelles tchétchènes réfugiés sur son territoire; Tbilissi accuse Moscou de favoriser la partition du territoire géorgien.

40 L’Ossétie du Sud et l’Abkhazie souhaiteraient rejoindre la Russie, nettement plus tolérante envers ses minorités que la Géorgie, ou encore l’indépendance. L’Ossétie du Sud et l’Abkhazie souhaiteraient rejoindre la Russie, nettement plus tolérante envers ses minorités que la Géorgie, ou encore l’indépendance. Depuis 2006, les gestes de provocations se sont multipliés. À l’automne 2006, l’arrestation de conseillers militaires russes accusés d’espionnage a été suivie par une réaction excessive de Moscou, qui a décrété un blocus à l’endroit de la Géorgie et commencé à « régulariser » les Géorgiens vivant en Russie (ils sont près d’un million). Depuis 2006, les gestes de provocations se sont multipliés. À l’automne 2006, l’arrestation de conseillers militaires russes accusés d’espionnage a été suivie par une réaction excessive de Moscou, qui a décrété un blocus à l’endroit de la Géorgie et commencé à « régulariser » les Géorgiens vivant en Russie (ils sont près d’un million). La tension a atteint son paroxysme en août 2008, lorsque la Géorgie a tenté de reprendre par la force le contrôle des deux régions séparatistes du nord, entraînant ainsi une réplique fulgurante de Moscou. La tension a atteint son paroxysme en août 2008, lorsque la Géorgie a tenté de reprendre par la force le contrôle des deux régions séparatistes du nord, entraînant ainsi une réplique fulgurante de Moscou. Après avoir écrasé l’armée géorgienne, les Russes se sont retirées sur le territoire des deux États, qui se sont déclarés indépendants et ont réclamé leur soutien. Après avoir écrasé l’armée géorgienne, les Russes se sont retirées sur le territoire des deux États, qui se sont déclarés indépendants et ont réclamé leur soutien.

41 Géorgie

42 La situation n’a pas bougé depuis l’automne 2008 et il n’y a aucune négociation entre Tbilissi, Tskhinvali et Soukhoumi, ces deux derniers ne voulant rien entendre d’un retour de leur territoire dans le giron géorgien. La situation n’a pas bougé depuis l’automne 2008 et il n’y a aucune négociation entre Tbilissi, Tskhinvali et Soukhoumi, ces deux derniers ne voulant rien entendre d’un retour de leur territoire dans le giron géorgien. L’ombre de Washington se profile derrière les gestes du président géorgien, l’arrestation des diplomates ayant suivi de quelques jours une visite de Saakachvili à Washington et l’annonce d’une intensification des pourparlers entre Tbilissi et l’OTAN. Washington cherche à s’implanter militairement dans la région, ce qui ne peut de braquer Moscou. L’ombre de Washington se profile derrière les gestes du président géorgien, l’arrestation des diplomates ayant suivi de quelques jours une visite de Saakachvili à Washington et l’annonce d’une intensification des pourparlers entre Tbilissi et l’OTAN. Washington cherche à s’implanter militairement dans la région, ce qui ne peut de braquer Moscou. Les élections de 2012, qui ont vus la victoire de l’adversaire de Saakachvili, le milliardaire Bidzina Ivanichvili (abusivement qualifié de prorusse) ne semblent pas avoir permis, pour le moment, de détendre vraiment les relations, même si le dialogue à au moins été rétabli entre les deux États. Les élections de 2012, qui ont vus la victoire de l’adversaire de Saakachvili, le milliardaire Bidzina Ivanichvili (abusivement qualifié de prorusse) ne semblent pas avoir permis, pour le moment, de détendre vraiment les relations, même si le dialogue à au moins été rétabli entre les deux États.

43 Sur la frontière ouest, les relations de Moscou et de Minsk sont excellentes. La proximité des deux États s'explique aussi par une polonophobie ancienne, qui fait que la Biélorussie s’est longtemps appuyée sur la Russie. Sur la frontière ouest, les relations de Moscou et de Minsk sont excellentes. La proximité des deux États s'explique aussi par une polonophobie ancienne, qui fait que la Biélorussie s’est longtemps appuyée sur la Russie. Loukachenko, considéré comme un pestiféré dans le monde occidental, a besoin du grand frère de l’est. La Biélorussie et l’un des grands exportateurs de pétrole hors OPEP, mais n’en produit aucune goutte : Minsk revend à l’étranger le pétrole que Moscou lui cède. Loukachenko, considéré comme un pestiféré dans le monde occidental, a besoin du grand frère de l’est. La Biélorussie et l’un des grands exportateurs de pétrole hors OPEP, mais n’en produit aucune goutte : Minsk revend à l’étranger le pétrole que Moscou lui cède. Avec la Moldavie, les relations sont fraîches, mais surtout peu élaborées. Les deux pays pas de frontière et Chisinau est historiquement lié à une autre sphère culturelle, la Roumanie, et conséquemment, à l’Europe. Avec la Moldavie, les relations sont fraîches, mais surtout peu élaborées. Les deux pays pas de frontière et Chisinau est historiquement lié à une autre sphère culturelle, la Roumanie, et conséquemment, à l’Europe. La présence d’une forte minorité slave, concentrée dans la région de la Transnistrie, a conduit au début des années 1990 à une guerre civile dans laquelle la Russie s’est trouvée impliquée. La présence d’une forte minorité slave, concentrée dans la région de la Transnistrie, a conduit au début des années 1990 à une guerre civile dans laquelle la Russie s’est trouvée impliquée.

44 C’est elle qui a mis fin au conflit en imposant des conditions qui font en sorte aujourd’hui que Tiraspol est officieusement indépendant de Chisinau. Si cette situation pose problème dans les relations russo- moldaves, ce n’est pas d’une grande importance pour Moscou, la Moldavie étant un État pauvre et faible. C’est elle qui a mis fin au conflit en imposant des conditions qui font en sorte aujourd’hui que Tiraspol est officieusement indépendant de Chisinau. Si cette situation pose problème dans les relations russo- moldaves, ce n’est pas d’une grande importance pour Moscou, la Moldavie étant un État pauvre et faible. De toutes les relations bilatérales de Moscou avec ses voisins, c’est la relation d’amour-haine russo- ukrainienne qui est la plus complexe, pour une foule de raison : puissance relative de Kiev, ambition russe et occidentale sur le territoire, cohabitation linguistique, ethnique et culturelle, dépendance économique, etc. De toutes les relations bilatérales de Moscou avec ses voisins, c’est la relation d’amour-haine russo- ukrainienne qui est la plus complexe, pour une foule de raison : puissance relative de Kiev, ambition russe et occidentale sur le territoire, cohabitation linguistique, ethnique et culturelle, dépendance économique, etc. L’Ukraine a joué un rôle fondamental dans l’éclatement de l’URSS et c’est en quelque sorte le référendum de septembre 1991 sur l’indépendance ukrainienne qui met fin à l’union. L’Ukraine a joué un rôle fondamental dans l’éclatement de l’URSS et c’est en quelque sorte le référendum de septembre 1991 sur l’indépendance ukrainienne qui met fin à l’union.

45 Son importance pour la Russie est telle qu’elle constitue le nœud d’une confrontation continuelle entre Moscou, qui tient à garder le pays dans son orbite, et le monde occidental, qui fait tout pour l’en éloigner. Son importance pour la Russie est telle qu’elle constitue le nœud d’une confrontation continuelle entre Moscou, qui tient à garder le pays dans son orbite, et le monde occidental, qui fait tout pour l’en éloigner. Il est de coutume de dire en Occident qu’avec l’Ukraine, la Russie est un empire; sans elle, ce n’est qu’une puissance régionale. Il est de coutume de dire en Occident qu’avec l’Ukraine, la Russie est un empire; sans elle, ce n’est qu’une puissance régionale. Au cours des 25 dernières années, les relations entre les deux pays ont fluctué, passant de la coopération, à l’hostilité, en fonction de la conjoncture internationale. Au cours des 25 dernières années, les relations entre les deux pays ont fluctué, passant de la coopération, à l’hostilité, en fonction de la conjoncture internationale. Le pays est jeune, complexe et dépourvu de réalités politiques, alors qu’Ouest et Est, peuplés de populations différentes, tirent dans des directions différentes. Le pays est jeune, complexe et dépourvu de réalités politiques, alors qu’Ouest et Est, peuplés de populations différentes, tirent dans des directions différentes. C’est ce qui explique ces changements d’orientation. Dans les années 1990, l’Ukraine est d’ailleurs membres et du GUAM, organisation hostile à la Russie, et de la CEI, organisation dominée par la Russie… C’est ce qui explique ces changements d’orientation. Dans les années 1990, l’Ukraine est d’ailleurs membres et du GUAM, organisation hostile à la Russie, et de la CEI, organisation dominée par la Russie…

46 L'Ukraine est alors dirigée par un pro-occidental devenu prorusse au début des années 2000, mais une « révolution colorée » en 2005 porte au pouvoir un pro- occidental, dont la popularité s’effrite entre 2005 et 2010, ce qui se solde par l’arrivée au pouvoir d’un prorusse, à son tour renversé en février 2014... L'Ukraine est alors dirigée par un pro-occidental devenu prorusse au début des années 2000, mais une « révolution colorée » en 2005 porte au pouvoir un pro- occidental, dont la popularité s’effrite entre 2005 et 2010, ce qui se solde par l’arrivée au pouvoir d’un prorusse, à son tour renversé en février 2014... De sorte que si la Russie, et l’Occident, portent une responsabilité dans la crise actuelle, le problème de fond ne vient pas de l’extérieur, mais bien de l’intérieur des frontières. De sorte que si la Russie, et l’Occident, portent une responsabilité dans la crise actuelle, le problème de fond ne vient pas de l’extérieur, mais bien de l’intérieur des frontières. Le drame de l’Ukraine est de ne pas avoir eu le temps de créer une unité nationale. Tant que cela ne sera pas fait, le pays continuera de balancer entre ses deux pôles culturels… Le drame de l’Ukraine est de ne pas avoir eu le temps de créer une unité nationale. Tant que cela ne sera pas fait, le pays continuera de balancer entre ses deux pôles culturels…

47 2.2.3 - Le Moyen-Orient Le Moyen-Orient est la zone ou le retour de l’influence russe est le plus évident. Cela tient à différents facteurs, entre autres la tradition diplomatique soviétique, dont la Russie est l’héritière, mais surtout, l’instabilité politique de la zone dans son entier. Le Moyen-Orient est la zone ou le retour de l’influence russe est le plus évident. Cela tient à différents facteurs, entre autres la tradition diplomatique soviétique, dont la Russie est l’héritière, mais surtout, l’instabilité politique de la zone dans son entier. À la création d’Israël, Moscou était plus près de de Tel-Aviv que l’était Washington, mais l’évolution de la relation israélo-américaine a entraîné un rapprochement de Moscou avec les gouvernements arabes laïcs de l’Égypte, de l’Irak et de la Syrie. À la création d’Israël, Moscou était plus près de de Tel-Aviv que l’était Washington, mais l’évolution de la relation israélo-américaine a entraîné un rapprochement de Moscou avec les gouvernements arabes laïcs de l’Égypte, de l’Irak et de la Syrie. Le principe de guerre par procuration s’est bien illustré dans cette région, Moscou soutenant et armant les forces anti-israéliennes, Washington défendant becs et ongles son client. Le principe de guerre par procuration s’est bien illustré dans cette région, Moscou soutenant et armant les forces anti-israéliennes, Washington défendant becs et ongles son client.

48 Cela étant, le retrait de l’influence soviétique n’a pas permis de régler la question palestinienne, même si le début des années 1990 a vu la tentative, aujourd’hui avortée, la plus sérieuse en ce sens. Cela étant, le retrait de l’influence soviétique n’a pas permis de régler la question palestinienne, même si le début des années 1990 a vu la tentative, aujourd’hui avortée, la plus sérieuse en ce sens. Moscou s’emploie à entretenir de bonnes relations avec tous les États de la région, ce qui est particulièrement difficile, compte tenu des tensions. Moscou s’emploie à entretenir de bonnes relations avec tous les États de la région, ce qui est particulièrement difficile, compte tenu des tensions. Avec Israël, les relations sont courtoises, malgré certains problèmes et même si Moscou entretient des relations étroites avec certains des principaux ennemis déclarés d’Israël, comme Damas et Téhéran. Avec Israël, les relations sont courtoises, malgré certains problèmes et même si Moscou entretient des relations étroites avec certains des principaux ennemis déclarés d’Israël, comme Damas et Téhéran. Si dans les États arabes de la région, l’opposition Moscou-Washington se juxtaposait jadis à l’opposition régionale entre les gouvernements laïcs et les gouvernements religieux, c’est aujourd’hui l’opposition chiites-sunnites qui constituent le moteur du conflit Si dans les États arabes de la région, l’opposition Moscou-Washington se juxtaposait jadis à l’opposition régionale entre les gouvernements laïcs et les gouvernements religieux, c’est aujourd’hui l’opposition chiites-sunnites qui constituent le moteur du conflit

49 Deux événements ont joué un rôle-clé pour faire de cette opposition la clé des relations russo-américaine dans la zone, la révolution de Saur à Kaboul en 1978 et la révolution iranienne de 1979. Deux événements ont joué un rôle-clé pour faire de cette opposition la clé des relations russo-américaine dans la zone, la révolution de Saur à Kaboul en 1978 et la révolution iranienne de 1979. Ces deux révolutions ont entraîné la mise en place du double endiguement américain, alors que la lutte contre l’Iran chiite fondamentaliste s’est ajoutée à la lutte contre l’influence soviétique. Ces deux révolutions ont entraîné la mise en place du double endiguement américain, alors que la lutte contre l’Iran chiite fondamentaliste s’est ajoutée à la lutte contre l’influence soviétique. Cette politique a provoqué un rapprochement entre Washington et les gouvernements sunnites pour contrer l’Iran et favorisé le développement de l’islamisme radical, alors que les opposants au PNDA à Kaboul ont été armés par Riyad, avec l’approbation de Washington. Cette politique a provoqué un rapprochement entre Washington et les gouvernements sunnites pour contrer l’Iran et favorisé le développement de l’islamisme radical, alors que les opposants au PNDA à Kaboul ont été armés par Riyad, avec l’approbation de Washington. La fin de la présence de Moscou et l’assagissement de Téhéran ont poussé les deux capitales à se rapprocher et l’accord sur le nucléaire iranien n’aurait pas été possible sans l’influence de la Russie. La fin de la présence de Moscou et l’assagissement de Téhéran ont poussé les deux capitales à se rapprocher et l’accord sur le nucléaire iranien n’aurait pas été possible sans l’influence de la Russie.

50 En Syrie, le rôle de l’axe chiite dans la politique russe est soutenu par la longue histoire des relations avec le mouvement bassiste. Le traditionnel soutien russe aux forces laïques et le plus récent soutien à l’axe chiite dans la confrontation régional fait en sorte que Damas est soutenu à bout de bras par Moscou. En Syrie, le rôle de l’axe chiite dans la politique russe est soutenu par la longue histoire des relations avec le mouvement bassiste. Le traditionnel soutien russe aux forces laïques et le plus récent soutien à l’axe chiite dans la confrontation régional fait en sorte que Damas est soutenu à bout de bras par Moscou. La raison de l’intervention russe en Syrie déclenchée en septembre 2015 est à chercher dans la situation militaire dans laquelle se trouvait alors Assad. Sans celle aide, le gouvernement d’Assad s’effondrait. La raison de l’intervention russe en Syrie déclenchée en septembre 2015 est à chercher dans la situation militaire dans laquelle se trouvait alors Assad. Sans celle aide, le gouvernement d’Assad s’effondrait. Or, les raisons de ce soutien sont multiples et très importantes pour la politique étrangère russe dans la région. Elles relèvent autant de la tradition, que de questions sécuritaires, et économiques. En outre, la Russie peut ainsi montrer le retour de sa puissance et exhiber ses forces armées. Or, les raisons de ce soutien sont multiples et très importantes pour la politique étrangère russe dans la région. Elles relèvent autant de la tradition, que de questions sécuritaires, et économiques. En outre, la Russie peut ainsi montrer le retour de sa puissance et exhiber ses forces armées.

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52 Cet axe d’opposition chiite-sunnite constitue donc la ligne d’influence prioritaire de la Russie au Moyen- Orient. Cet axe d’opposition chiite-sunnite constitue donc la ligne d’influence prioritaire de la Russie au Moyen- Orient. Cela étant, et même si dans ce contexte, les relations entre Moscou et les principales capitales du sunnisme (comme Riyad), sont fraîches, les contacts se maintiennent. Cela étant, et même si dans ce contexte, les relations entre Moscou et les principales capitales du sunnisme (comme Riyad), sont fraîches, les contacts se maintiennent. Cela pourrait changer si l’axe Damas-Téhéran-Bagdad (auquel s’ajoute le Hezbollah), que soutient Moscou, en venait à s’imposer davantage dans la zone. Cela pourrait changer si l’axe Damas-Téhéran-Bagdad (auquel s’ajoute le Hezbollah), que soutient Moscou, en venait à s’imposer davantage dans la zone.

53 2.2.4 – Le pivot asiatique Les divers conflits entre la Russie et l’Occident ont incité le gouvernement russe à rechercher des alliés en dehors de l’Ouest. Le monde a un besoin de plus en plus grand de ressources naturelles, et la Russie en dispose en très grande quantité; elle peut ainsi se permettre de se montrer sélective dans ses alliances. Les divers conflits entre la Russie et l’Occident ont incité le gouvernement russe à rechercher des alliés en dehors de l’Ouest. Le monde a un besoin de plus en plus grand de ressources naturelles, et la Russie en dispose en très grande quantité; elle peut ainsi se permettre de se montrer sélective dans ses alliances. D’autant qu’elle partage la plus longue frontière du monde avec la Chine, qui souffre d’une boulimie de ressources naturelles. D’autant qu’elle partage la plus longue frontière du monde avec la Chine, qui souffre d’une boulimie de ressources naturelles. Les deux pays se méfient l’un de l’autre. La Chine n’a pas oublié l’impérialisme russe qui au XIXe siècle s’est allié avec l’Europe pour dépecer le territoire chinois. Et elle se souvient du social-impérialisme de l’URSS, qui tenta dans les années 60 d’imposer la révision du modèle soviétique au régime de Mao. Les deux pays se méfient l’un de l’autre. La Chine n’a pas oublié l’impérialisme russe qui au XIXe siècle s’est allié avec l’Europe pour dépecer le territoire chinois. Et elle se souvient du social-impérialisme de l’URSS, qui tenta dans les années 60 d’imposer la révision du modèle soviétique au régime de Mao.

54 Du côté russe, la méfiance vient des pronostics : la Chine est puissante et le sera de plus en plus. Son territoire est petit compte tenu de sa population et il existe toujours la possibilité d’un affrontement pour le contrôle de la Sibérie et de la région maritime. Du côté russe, la méfiance vient des pronostics : la Chine est puissante et le sera de plus en plus. Son territoire est petit compte tenu de sa population et il existe toujours la possibilité d’un affrontement pour le contrôle de la Sibérie et de la région maritime. Mais les deux États partagent des objectifs communs et des inimitiés communes. Une alliance stratégique entre les deux géants d’Asie devient ainsi possible. Mais les deux États partagent des objectifs communs et des inimitiés communes. Une alliance stratégique entre les deux géants d’Asie devient ainsi possible. Le rapprochement sino-russe a été entamé par Gorbatchev, mais la chute de l’URSS et la vague d’occidentalisme qui souffla ensuite sur la Russie ont ralenti le processus de rapprochement. Le rapprochement sino-russe a été entamé par Gorbatchev, mais la chute de l’URSS et la vague d’occidentalisme qui souffla ensuite sur la Russie ont ralenti le processus de rapprochement. Mais les tensions grandissantes dans les relations de la Russie avec l’Ouest, la méfiance des États occidentaux face à la Chine et les complémentarités des deux États ont relancé ce processus depuis quelques années, lequel prend la forme de la doctrine Primakov. Mais les tensions grandissantes dans les relations de la Russie avec l’Ouest, la méfiance des États occidentaux face à la Chine et les complémentarités des deux États ont relancé ce processus depuis quelques années, lequel prend la forme de la doctrine Primakov.

55 Élaborée dans les années 90, cette doctrine avait été écartée par Eltsine, qui voulait se rapprocher de l’Occident. Pour Primakov, c’était une erreur puisque l’Ouest n’acceptera jamais de négocier d’égal à égal avec la Russie. Élaborée dans les années 90, cette doctrine avait été écartée par Eltsine, qui voulait se rapprocher de l’Occident. Pour Primakov, c’était une erreur puisque l’Ouest n’acceptera jamais de négocier d’égal à égal avec la Russie. C’est pourquoi la Russie doit chercher des alliés ailleurs, qui sont plus près d’elle au plan des traditions politiques et qui peuvent accepter des ententes bénéfiques sans s’immiscer dans les affaires intérieures : la Chine et l’Inde. C’est pourquoi la Russie doit chercher des alliés ailleurs, qui sont plus près d’elle au plan des traditions politiques et qui peuvent accepter des ententes bénéfiques sans s’immiscer dans les affaires intérieures : la Chine et l’Inde. Une alliance de ces trois États, très difficile à consolider, signerait la mort de la suprématie de l’Ouest sur le monde depuis 500 ans. Une alliance de ces trois États, très difficile à consolider, signerait la mort de la suprématie de l’Ouest sur le monde depuis 500 ans. À l’origine, l’Organisation de coopération de Shanghai ne visait que des questions sécuritaires et était bien vue à l’Ouest, compte tenu de son objectif anti-terroriste. À l’origine, l’Organisation de coopération de Shanghai ne visait que des questions sécuritaires et était bien vue à l’Ouest, compte tenu de son objectif anti-terroriste.

56 L’OCS (Organisation de coopération de Shanghai)

57 Cependant, les conférences de l’organisation depuis 2005 sont plus préoccupantes pour l’Occident. Cependant, les conférences de l’organisation depuis 2005 sont plus préoccupantes pour l’Occident. D’abord, les questions sécuritaires semblent prendre la forme d’une coopération militaire entre deux des plus grandes puissances de la planète. À l’été 2006, les armées russes et chinoises ont procédé à des exercices militaires conjoints. On s’achemine de plus en plus vers ce qui pourrait devenir une alliance militaire. D’abord, les questions sécuritaires semblent prendre la forme d’une coopération militaire entre deux des plus grandes puissances de la planète. À l’été 2006, les armées russes et chinoises ont procédé à des exercices militaires conjoints. On s’achemine de plus en plus vers ce qui pourrait devenir une alliance militaire. D’un autre côté, sont apparus depuis deux ans des intérêts mutuels en matière économique et de façon très informelle, des discussions en vue de mettre en place un libre-échange euroasiatique, qui concurrencerait l’Union Européenne et deviendrait rapidement la première puissance économique mondiale. D’un autre côté, sont apparus depuis deux ans des intérêts mutuels en matière économique et de façon très informelle, des discussions en vue de mettre en place un libre-échange euroasiatique, qui concurrencerait l’Union Européenne et deviendrait rapidement la première puissance économique mondiale. D’où l’intérêt de plus en plus grand manifesté par d’autres États (dont l’Inde et le Pakistan) à rejoindre l’Organisation de coopération de Shanghai. D’où l’intérêt de plus en plus grand manifesté par d’autres États (dont l’Inde et le Pakistan) à rejoindre l’Organisation de coopération de Shanghai.

58 En ne tenant compte que des deux meneurs de l’organisation, on obtient en chiffre une puissance impressionnante : 5 millions de soldats (sans compter les réservistes), 60 % des armes stratégiques, 27 millions de km2 (près de 25 % des terres du globe), près de 1,5 milliard de personnes (25 % là aussi), des ressources naturelles en abondance, une puissance financière colossale, etc. En ne tenant compte que des deux meneurs de l’organisation, on obtient en chiffre une puissance impressionnante : 5 millions de soldats (sans compter les réservistes), 60 % des armes stratégiques, 27 millions de km2 (près de 25 % des terres du globe), près de 1,5 milliard de personnes (25 % là aussi), des ressources naturelles en abondance, une puissance financière colossale, etc. Cela étant, il y a loin de la coupe aux lèvres et si Moscou et Pékin partagent certains objectifs communs et une certaine vision des relations étrangères, les deux États sont aussi de potentiels rivaux d’un point de vue géographique et stratégique. Cela étant, il y a loin de la coupe aux lèvres et si Moscou et Pékin partagent certains objectifs communs et une certaine vision des relations étrangères, les deux États sont aussi de potentiels rivaux d’un point de vue géographique et stratégique. Et il y a aussi la conférence des BRICS, qui demeure encore peu structurée, mais dont les ambitions sont très grandes, au sein de laquelle on retrouve les deux États en question. Et il y a aussi la conférence des BRICS, qui demeure encore peu structurée, mais dont les ambitions sont très grandes, au sein de laquelle on retrouve les deux États en question.


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