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Ethique et Economie AUX ORIGINES DE L’ECONOMIE François Dermange.

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1 Ethique et Economie AUX ORIGINES DE L’ECONOMIE François Dermange

2 Adam Smith (1723-1790)

3 Ethique et Economie Adam Smith « L’homme a presque continuellement besoin du concours de ses semblables et c’est en vain qu’il l’attendrait de leur seule bienveillance. Il sera bien plus sûr de réussir s’il s’adresse à leur intérêt personnel et s’il les persuade que leur propre avantage leur commande de faire ce qu’il souhaite d’eux. C’est ce que fait celui qui propose à un autre un marché quelconque, le sens de sa proposition est ceci : Donnez-moi ce dont j’ai besoin et vous aurez de moi ce dont vous avez besoin vous- mêmes.

4 Ethique et Economie Adam Smith La majeure partie des bons offices qui nous sont nécessaires s’obtiennent de cette façon. Ce n’est pas de la bienveillance du boucher, du marchand de bière et du boulanger que nous attendons notre dîner, mais bien du soin qu’ils portent à leurs intérêts. Nous ne nous adressons pas à leur humanité mais à leur égoïsme, et ce n’est jamais de nos besoins que nous leur parlons, c’est toujours de leur avantage ». Wealth of Nations I, ii, 2, p. 82

5 Ethique et Economie Adam Smith L’économie a pour fonction de créer de la richesse et – en première approximation – de la répartir Son moteur premier est l’échange C’est à travers l’échange que l’intérêt trouve son accomplissement Division du travail

6 Ethique et Economie Adam Smith « La division du travail est la conséquence nécessaire, quoique lente et graduelle du penchant naturel des hommes à échanger entre eux ». Wealth of Nations I, ii, 1 Le moteur n’est pas la concurrence, mais la faculté à négocier entre égaux pour trouver par la discussion des accords avantageux pour chacune des parties. « The division of labour flows from a direct propensity in human nature for one man to barter with another, which is common to all men and known from no other animal » (Jurisprudence (B) 219s).

7 Ethique et Economie Adam Smith De cet état de nature originel découle le progrès naturel de l’opulence. les premiers gains de productivité permettent à l’artisan de constituer un capital qu’il réinvestit dans la mécanisation de son travail, ce qui en augmente encore la productivité. A mesure de la division du travail et de l’investissement du capital, les gains de productivité plafonnent, et poussent à développer de nouvelles activités.

8 Ethique et Economie Adam Smith Passage de l’ère agricole, à celle de l’industrie puis du commerce. A mesure que tous s’enrichissent et que la demande augmente, le travail est divisé de plus en plus finement, ne connaissant d’autres limites que la taille du marché. Plus un marché est grand, plus il devient facile à chacun de vivre de l’activité spécifique pour laquelle il excelle et lorsque toutes les activités économiques suivent cette logique, la croissance progressivement bénéficie à tous jusqu’aux dernières classes du peuple.

9 Ethique et Economie Adam Smith Ce n’est pas la richesse de la nation comme telle qui intéresse Smith mais « cette opulence générale qui se répand jusque dans les dernières classes du peuple » (Wealth of Nations I, i, 10). C’est en ce sens qu’il faut comprendre l’affirmation selon laquelle « the indigence of a savage is far greater than that of the meanest citizen of anything that deserves the name of a civilized nation » (Jurisprudence (A) vi, 27).

10 Ethique et Economie Adam Smith Dans la suite des temps, les naturels de ces pays deviendront plus forts, ou ceux de l’Europe plus faibles, de sorte que les habitants de toutes les différentes parties du monde parviendront à cette égalité de force et de courage qui, par la crainte réciproque qu’elle inspire, peut seule contenir l’injustice des nations indépendantes et les contraindre à respecter leurs droits mutuels. Rien ne paraît plus favorable à l’établissement d’une telle égalité de forces que cette communication mutuelle des connaissances et des moyens de perfection de tout genre, qui suit naturellement ou plutôt nécessairement un vaste et immense commerce de tous les pays du monde avec tous les pays du monde. Wealth of Nations IV, vii, c

11 Bernard de Mandeville (1670-1733)

12 Ethique et Economie Bernard de Mandeville Quittez donc vos plaintes, mortels insensés ! En vain vous cherchez à associer la grandeur d’une Nation avec la probité. Il n’y a que des fous qui puissent se flatter de jouir des agréments et des convenances de la terre, d’être renommés dans la guerre, de vivre bien à son aise et d’être en même temps vertueux. Abandonnez ces vaines chimères. Il faut que la fraude, le luxe et la vanité subsistent, si nous voulons en retirer les doux fruits..

13 Ethique et Economie Bernard de Mandeville Le vice est aussi nécessaire dans un Etat florissant que la faim est nécessaire pour nous obliger à manger. Il est impossible que la vertu seule rende jamais une Nation célèbre et glorieuse. Pour y faire revivre l’heureux Siècle d’Or, il faut absolument outre l’honnêteté reprendre le gland qui servait de nourriture à nos premiers pères.

14 Ethique et Economie Adam Smith Établir comme Mandeville qu’il y a de l’amour de soi dans la plupart des actions humaines ne veut pas dire qu’elles sont moralement condamnables. Moral Sentiments VII, ii, 4, 12. Distinguer amour de soi /amour propre

15 Ethique et Economie Adam Smith L’économie repose sur l’intérêt et pas sur la bienveillance, mais elle n’est pas pour autant «vicieuse» du moment qu’elle respecte les «règles générales de la justice»

16 Ethique et Economie La justice: comment la définir ? La règle d’or ?

17 Ethique et Economie La justice: comment la définir ? Le plus grand bien du plus grand nombre

18 Le conséquentialisme Les Lumières constatent qu’il n’y a pas d’accord sur le bien. Donner une base objective, impartiale, si possible universelle à la morale.  Les éthiques déontologiques ont trouvé cette base dans la suspension de la question du bien  Le conséquentialisme la cherche dans une approche scientifique du bien

19 Ethique et Economie Une approche objective, scientifique, du bien… – Pas une théorie perfectionniste – on ne cherche pas à transformer les individus. On les prend tels qu’ils sont. – Les différentes options sont considérées de manière neutre et impersonnelle

20 Une approche objective, scientifique, du bien… – Les différentes options sont considérées sans a priori quant aux convictions ou aux valeurs de l’agent, quant au fait qu’il est – on n’est pas – un homme ou une femme de bien. – Le conséquentialisme ne pense pas qu’il y a nécessairement adéquation entre le bien personnel et le bien pour tous

21 AristoteKantConséquentialisme MotifÊtre heureuxEtre homme/être libreAvoir du plaisir FondementBien communIdée d’humanité Les conséquences heureuses pour tous. Intérêt général RèglePrudenceImpératif catégoriqueCalcul impartial DécisionPesée - médiétéDevoirRationalité instrumentale : la raison qui, les fins étant données, trouve les bons moyens pour y parvenir

22 L’utilitarisme La position conséquentialiste la plus importante Une famille qui regroupe de nombreuses positions

23 Jeremy Bentham (1748-1832)

24 Etienne Dumont (1759-1829)

25 Une approche « scientifique » du bien Considérer les conséquences de l’action de manière neutre, objective, analytique, descriptive, c’est-à-dire scientifique. C’est, pour Bentham, la seule manière de concevoir une « science de la morale » ou une « science des devoirs », la «déontologie» (dans un sens bien différent de Kant !]. Introduction aux principes, I, p. 202

26 Le welfarisme : une théorie du bien Seules importent les conséquences qui portent sur la satisfaction des préférences des êtres sensibles « La nature a placé l’humanité sous l’égide de deux maîtres souverains, la peine et le plaisir. C’est à eux seuls d’indiquer ce que nous devons faire aussi bien que de déterminer ce que nous ferons. A leur trône sont fixés, d’un côté la norme du bien et du mal (right and wrong), de l’autre, l’enchaînement des causes et des effets. Ils nous gouvernent dans tout ce que nous faisons, dans tout ce que nous disons, dans tout ce que nous pensons […]. » (Bentham, Introduction aux principes, I, p. 201)

27 Le welfarisme : une théorie du bien « Le bonheur des individus, c’est-à-dire leur plaisir et leur sécurité, est la fin et même la seule fin, que le législateur doit viser » (Introduction aux principes, III, p. 223)

28 Le welfarisme : une théorie du bien Fonder une philosophie politique et morale sur une arithmétique des plaisirs et des peines des individus « Additionnez toutes les valeurs de l’ensemble des plaisirs d’un côté, et celles de l’ensemble de peines de l’autre. Si la balance penche du côté du plaisir, elle indiquera la bonne tendance générale de l’acte, du point de vue des intérêts de telle personne individuelle ; si elle penche du côté de la peine, elle indiquera la mauvaise tendance de l’acte » (Introduction aux principes, IV, p. 230)

29 « Je me suppose étranger à toutes les dénominations de vices ou de vertus. Je suis appelé à considérer les actions humaines uniquement par leur effet en bien ou en mal. Je vais ouvrir deux comptes. Je passe au profit pur tous les plaisirs : je passe en perte toutes les peines. Je pèserai fidèlement les intérêts de toutes les parties ; l’homme que le préjugé flétrit comme vicieux et celui qu’il préconise comme vertueux sont pour le moment égaux devant moi. Je veux juger le préjugé même et peser dans cette nouvelle balance toutes les actions afin de former le catalogue de celles qui doivent être permises et de celles qui doivent être défendues » Traités de législation civile et pénale, publiés en français par Etienne Dumont de Genève, Paris, Bossange, Masson et Besson, 1802, p. 90.

30 ETHIQUE TRANSVERSALE Le welfarisme : une théorie du bien « Je vais ouvrir deux comptes. Je passe au profit pur tous les plaisirs : je passe en perte toutes les peines… » Calculer l’utilité sociale suppose qu’on puisse inventorier les plaisirs ou impressions plaisantes et les peines ou impressions dérangeantes ; distinguer les sensations simples des sensations complexes qui sont l’association, la juxtaposition et la combinaison de plusieurs sensations simples ; séparer les sensations relatives à soi et celles relatives à autrui…

31 ETHIQUE TRANSVERSALE 14 plaisirs simples chap. V, § 3, p. 42 Les plaisirs des sens. Les plaisirs de la richesse. Les plaisirs de la compétence. Les plaisirs de la bonne entente. Les plaisirs de la renommée. Les plaisirs du pouvoir. Les plaisirs de la piété. Les plaisirs de la bienveillance. Les plaisirs de la malveillance. Les plaisirs de la mémoire. Les plaisirs de l’imagination. Les plaisirs de l’attente. Les plaisirs dépendant de l’association. Les plaisirs du soulagement.

32 12 peines simples chap. V, § 3, p. 42 Les douleurs de privation, la gêne. Les douleurs des sens. Les douleurs de maladresse. Les douleurs de discorde. Les douleurs de mauvaise réputation. Les douleurs de la piété. Les douleurs de la bienveillance. Les douleurs de malveillance. Les douleurs de mémoire. Les douleurs de l’imagination. Les douleurs d’attente. Les douleurs dépendant de l’association.

33 Inventorier les plaisirs et les peines  La plupart des plaisirs trouve un équivalent négatif en termes de peines mais pas systématiquement : ainsi, par exemple, l’ennui, absence de tout sentiment agréable n’a pas de contrepartie du côté des plaisirs et le plaisir d’exercer du pouvoir n’a pas de contrepartie du côté des peines.

34 Pondérer les plaisirs et les peines par différents facteurs La Durée des impressions sensibles de notre corps : Un plaisir long et durable est plus utile qu'un plaisir passager. L’Intensité avec laquelle les perceptions se présentent à nos sens (au minimum l’insensibilité): Un plaisir intense est plus utile qu'un plaisir de faible intensité. La Certitude ou la probabilité de l’événement envisagé : Un plaisir est plus utile si on est sûr qu'il se réalisera. La Proximité ou son éloignement dans le temps : Un plaisir immédiat est plus utile qu'un plaisir qui se réalisera à long terme.

35 Pondérer les plaisirs et les peines par différents facteurs L’Étendue : ou le nombre de personnes auxquelles le plaisir s’étend ; l’utilité est fonction du nombre total de personnes qui l’éprouve. Un plaisir vécu à plusieurs est plus utile qu'un plaisir vécu seul. La Fécondité : ou la chance que le plaisir ou la peine soit suivi par des sensations du même genre Un plaisir qui en entraîne d'autres est plus utile qu'un plaisir simple. La Pureté ou la chance de ne pas être suivi par un sentiment opposé: Un plaisir qui n'entraîne pas de souffrance ultérieure est plus utile qu'un plaisir qui risque d'en amener.

36 Hypothèses pour un individu : – Courbe d’utilité.

37 Hypothèses pour un individu – Les différentes sortes de plaisir sont comparables et commensurables – Les différentes sortes de peines sont comparables et commensurables  Peut-on faire une comparaison quantitative, et pas seulement qualitative entre la souffrance, la gêne, la fatigue ou l’ennui? – Plaisirs et peines sont commensurables

38 Hypothèses pour deux individus – Chacun compte pour un – On peut comparer leurs différents plaisirs et leurs différentes peines – ajouter un plaisir à l’un ou enlever une peine à l’autre revient au même. – ajouter un plaisir à l’un ou enlever un plaisir à l’autre revient au même. – C’est la somme qui compte et non pas la répartition

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40 La maxime de l’utilitarisme « On peut dire qu’une action est conforme au principe d’utilité […] quand sa tendance à augmenter le bonheur de la communauté l’emporte sur toutes les tendances qui, en elles, tendent à la diminuer » (Introduction aux principes, I, 203)  « It is the greatest happiness of the greatest number that is the measure of right and wrong. »

41 Réduire pour mieux comparer « Veut-on évaluer une action ? Il faut suivre en détail toutes les opérations que l’on vient d’indiquer. Ce sont les éléments du calcul moral, et la Législation devient une affaire d’arithmétique : mal qu’on inflige, c’est la dépense ; bien qu’on fait naître, c’est la recette. Les règles de ce calcul sont les mêmes que pour tout autre calcul. » Traités de législation civile et pénale, op. cit., p. 52.

42 Hypothèses anthropologiques L’homme est rationnel, raison instrumentale. Il a des préférences qu'il peut ordonner. Si ainsi il préfère les pommes aux poires et aussi les poires aux bananes, alors il préfèrera les pommes aux bananes. Transitivité. Il est insatiable, « greedy » et cherche toujours à maximiser son utilité Il est égoïste et solitaire. Seuls les plaisirs qui concernent le sujet lui-même sont réputés avoir sens pour lui.

43 Hypothèses anthropologiques Ses plaisirs se réduisent aux plaisirs matériels. L’utilité devient alors art de maximiser sa jouissance, « Des cinq ingrédients, les deux qualités de la certitude et de la proximité n’entrent essentiellement, ni l’une ni l’autre, dans la considération de tous les plaisirs, ni, par suite, de toute portion de bonheur ; celui-ci peut être conçu sans elles, car il existe sans elles quand il est présent. » Mss. University College, p. 305.

44 Quel medium de comparaison des plaisirs et des peines? « L'usage d'une commune mesure est de permettre à la personne qui parle de communiquer, à toute personne à qui elle parle, la même idée qu'il conçoit lui-même de la quantité d'une chose dont il parle [...]. Si donc, venant à parler des quantités respectives de diverses peines et de divers plaisirs et nous mettant d'accord pour formuler à leurs propos les mêmes propositions, nous voulons attacher les mêmes idées à ces propositions, en d'autres termes, si nous voulons nous comprendre l'un l'autre, il nous faut employer quelque commune mesure. La seule commune mesure que comporte la nature des choses c'est l'argent.

45  Combien d'argent donneriez-vous pour acheter ce plaisir ?  Cinq livres, et pas davantage.  Combien d'argent donneriez-vous pour acheter cet autre plaisir ?  Cinq livres, et pas davantage.  Les deux plaisirs doivent, pour vous, être réputés égaux.  Combien d'argent donneriez-vous pour acheter immédiatement ce plaisir ?  Cinq livres et pas davantage.  Combien d'argent donneriez-vous pour vous exempter immédiatement de cette peine ?  Cinq livres et pas davantage.  Le plaisir et la peine doivent être réputés équivalents. » Mss University College n°27.

46 Quel medium de comparaison des plaisirs et des peines? « Le thermomètre est l’instrument qui mesure la chaleur, le baromètre, la pression de l’air. Ceux que ne satisfait pas l’exactitude de ces instruments devront en trouver d’autres plus exacts ou dire adieu à la philosophie naturelle. L’argent est l’instrument qui mesure la quantité de peine et de plaisir. Ceux que ne satisfait pas l’exactitude de cet instrument devront en trouver d’autres plus exacts ou dire adieu à la politique et à la morale » Cité in Élie Halévy, La formation du radicalisme philosophique, 1901, t. 1 « La jeunesse de Bentham », Paris, Alcan, 1901, p. 415.

47 Une approche des Lumières Impartialité Les questions fondamentales de la philosophie politique : que devons-nous faire de notre société ?, Quel est le critère qui doit régir nos décisions collectives ?, etc. ne peuvent être résolues par la soumission aux intérêts particuliers de tel ou tel groupe, ou aux préjugés de la société.  L’utilitarisme cherche une conception impartiale de la morale.  Tous se valent et nul ne doit être privilégié.

48 Une approche des Lumières « Il y a deux choses qui se confondent très facilement mais que nous voulons distinguer soigneusement : le motif ou la cause, qui, agissant sur l’esprit d’un individu, produit l’acte, et le fondement ou la raison qui requiert quelque observateur pour considérer cet acte sous un œil approbateur. […] Il existe toutes sortes de motifs pour lesquels un acte a pu être commis, mais il n’y a que le principe d’utilité qui puisse donner la raison pour laquelle aurait pu ou aurait dû être fait » (Introduction aux principes, II, p. 222-223)

49 Une approche des Lumières Donner une base objective et rationnelle à la morale  Une loi sera d’autant plus juste qu’elle permet d’augmenter la somme arithmétique des utilités des individus concernés ;  Pour connaître cette somme, il suffit de multiplier la valeur d’un plaisir donné par le nombre des individus qui l’éprouvent.

50 Une approche des Lumières De nombreuses contributions positives en matière de droit pénal: contre la peine de mort, contre le racisme, etc.

51 Les critiques du modèle  Une théorie vraiment « scientifique » ? De critère explicatif de l’action, l’utilité devient son principe normatif. Une théorie descriptive ou une théorie normative des comportements ?

52 Les critiques du modèle  Une étrange composition d’égoïsme et d’altruisme « Il paraît y avoir une ambiguïté : d’un côté, toute la psychologie que Bentham développe est fondée sur l’idée d’un sujet qui veut, et ne peut vouloir, que son intérêt, son utilité, son bien, à savoir augmenter son sentiment de plaisir et diminuer son sentiment de peine ; de l’autre, l’individu égoïste que décrit Bentham n’est pas un sujet isolé, replié sur soi : c’est une être en relation avec d’autres êtres, dont les sentiments ou les jugements comptent pour lui. Il est même susceptible d’être animé par des considérations altruistes. » (Michel Terestchenko, Philosophie politique I. Individu et société, Paris, Hachette, 1994, p. 74-75).

53 Les critiques du modèle  L’utilitarisme rend contingents les droits Le commentaire que donne Bentham en 1795 de la Déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen (1989): Non-sens sur des échasses ou la boîte de Pandore ouverte

54  Une sécularisation du christianisme? (Nietzsche) « Pas un seul de ces animaux grégaires à l’intelligence épaisse et à la conscience inquiète (et qui entreprennent de défendre la cause de l’égoïsme en la présentant comme celle du bien-être général) ne veut admettre ni ne devine que le « bien-être général » n’est pas un idéal, ni un but, ni une idée concevable, mais seulement un vomitif, – que ce qui convient à l’un peut ne pas convenir à l’autre, qu’exiger une seule morale pour tous, c’est léser précisément les hommes supérieurs, bref qu’il y a une hiérarchie entre les hommes et par conséquent entre les morales. C’est une espèce modeste et foncièrement médiocre que ces anglais utilitaires. » Par-delà le bien et le mal, § 228, p. 675.

55 ETHIQUE TRANSVERSALE Les critiques du modèle « Salut à vous, brave charretiers ! Toujours « plus ça dure meilleur c’est » ! Toujours plus raides de la tête et des genoux, Sans enthousiasme ni plaisanterie, Incurablement médiocres, Sans génie et sans esprit. » Par delà le bien et le mal, trad. par P. Wotling, Paris, Flammarion, 2000, § 228, p. 675. Le dernier vers est en français dans le texte.

56 Les critiques du modèle  Une doctrine essentiellement politique « Quel doit être l’objet du Législateur ? – Il doit s’assurer de deux choses ; 1)que dans chaque cas, les incidents qu’il s’efforce de prévenir sont réellement des maux ; et 2)que ces maux sont plus grands que ceux qu’il emploie pour les prévenir. Il a donc deux choses à observer, le mal du délit et le mal de la loi : le mal de la maladie et le mal du remède. » Traités de législation civile et pénale, p. 79.

57 Les critiques du modèle  Une doctrine essentiellement politique « Toute loi est un mal, car toute loi est une infraction de la liberté. » Traités de législation civile et pénale, p. 79.

58 Les critiques du modèle  Une doctrine essentiellement politique… qui avance masquée « Derrière la neutralisation scientiste du problème moral se trouve la motivation décisive d’une conviction utilitariste : la conviction que seule une économie de marché capitaliste conduit à la maximisation de l’utilité économique et donc à la plus grande richesse de la population. […]

59 Les critiques du modèle  Une doctrine essentiellement politique… qui avance masquée […] Depuis la conception par Adam Smith de la « main invisible » et ultérieurement l’échec du socialisme d’Etat, la sélection utilitariste de l’économie de marché est répandue à un tel degré qu’elle fonctionne politiquement comme une condition préalable naturelle pour toutes les évaluations explicites et est alors incluse dans l’invocation des contraintes fonctionnelles » K.-O. Apel, La réponse de l'éthique de la discussion, au défi moral de la de la situation humaine comme telle et spécialement aujourd'hui, trad. fr. M. Canivet, Louvain/Paris, Ed. Peters, 2001, p. 133

60 ETHIQUE TRANSVERSALE

61 Ethique et Economie Economie et Ethique au 20 ème siècle François Dermange

62 Albert Schweitzer (1875 -1965)

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64 Nos espérances sur les destinées futures de l’espèce humaine peuvent se réduire à ces trois questions : la destruction de l’inégalité entre les nations ; les progrès de l’égalité dans un même peuple : enfin le perfectionnement réel de l’homme. Condorcet Esquisse d'un tableau des progrès de l'esprit humain (1795)

65 Enfin, l’espèce humaine doit-elle s’améliorer, soit par de nouvelles découvertes dans les sciences et dans les arts, et, par une conséquence nécessaire, dans les moyens de bien-être particulier et de prospérité commune ; soit par des progrès dans les principes de conduite et dans la morale pratique ; soit enfin par le perfectionnement réel des facultés intellectuelles, morales et physiques, qui peut être également la suite, ou de celui des instruments qui augmentent l’intensité et dirigent l’emploi de ces facultés, ou même de celui de l’organisation naturelle. Condorcet Esquisse d'un tableau des progrès de l'esprit humain (1795)

66 Notre époque, dans son insouciance, en est arrivée à penser que la civilisation consistait avant tout en réalisations pratiques, scientifiques, techniques, artistiques et qu’elle pouvait bien se passer d’éthique ou n’en garder qu’un minimum. La civilisation et l’éthique, La civilisation et l’éthique; trad Madeleine Horst, Paris, Alsatia, 1976, p. 57.

67 L’homme aliéné, surmené, dépersonnalisé et cloisonné est exposé au danger de tomber dans la déshumanisation. La civilisation et l’éthique, p. 45.

68 Les murs sont encore debout parce que les secousses dévastatrices qui ont emporté le reste ne les ont pas encore renversés, mais, bâtis également sur des éboulis, le premier glissement de terrain pourrait les emporter. La civilisation et l’éthique, p. 30

69 Il nous faut donc nous remettre au travail aujourd’hui. Si nous voulons donner à notre vie un sens intelligible et de haute qualité, il faut que nous trouvions à notre affirmation du monde et de la vie et à notre éthique un fondement convaincant irrécusable, capable de diriger sainement nos activités et de leur donner une signification. Albert Schweitzer, La paix par le respect de la vie (1923), trad. de l’allemand par Madeleine Horst, Strasbourg, La Nuée bleue, 1979, p. 18.

70 Ce qui se passe aujourd’hui, dans les horreurs de notre temps, est-ce autre chose qu’une gigantesque répétition du drame faustien sur la scène du monde? C’est à travers des milliers de violences et de crimes que des idéologies inhumaines poursuivent leur jeu dément ! Méphisto nous fait mille grimaces ! Et c’est de mille façons que l’humanité s’est laissé entraîner à couper ses relations naturelles avec la réalité et à chercher son salut dans les formules magiques d’un nouvel ordre économique et social ! Elle veut fuir la misère dans laquelle elle se trouve, mais ne fait que s’y enfoncer davantage. Goethe et notre temps, Francfort, le 22 mars 1932, cité dans, Humanisme et mystique, Albin Michel, Paris, 1995, p. 228 – 229.

71 Paul Ricoeur (1913-2005)

72 Ethique et Economie Paul Ricœur L’économie a sa propre rationalité, une rationalité puissante qui peut par le calcul et la recherche de l’efficacité organiser le travail et penser les rapports entre production, circulation et consommation. On peut reconnaître à l’économie un réel pouvoir d’intégration dans une « société économique » qui rassemble les individus et les rend interdépendants.

73 Ethique et Economie Paul Ricœur La rationalité économique, ainsi définie, s’oppose à l’arbitraire et peut être vue comme un facteur d’éducation des individus à prendre en compte l’universel. « L’homme de la technique, du calcul économique, du mécanisme social, est le premier homme qui vit universellement et se comprend par cette rationalité universelle » Paul Ricœur, « Ethique et politique » (1986), in Du texte à l’action. Essais d’herméneutique II, Paris, Éditions du Seuil, 1998. »

74 Ethique et Economie Paul Ricœur Là où l’économie devient suspecte, c’est lorsqu’elle veut faire du politique une simple variable de sa propre logique. C’est là la critique de Ricœur contre le marxisme, à qui il reproche d’avoir fait de l’économie le seul critère du politique. Dans cette mesure, les aliénations politiques étaient vues comme de simples symptômes de l’aliénation économique.

75 Ethique et Economie Paul Ricœur « Je vois pour ma part dans le marxisme-léninisme le pourvoyeur de cette dramatique identification entre les deux libéralismes. Je dis dramatique identification car elle a eu pour effet un véritable machiavélisme politique, dans la mesure où l’absence de réflexions politiques autonomes laissait le champ libre à toutes les expérimentations politiques y compris totalitaires, du moment que le recours à la tyrannie était justifiée par la suppression de l’appropriation privée des moyens de production, prise pour unique critère des aliénations modernes ». Paul Ricœur, « Ethique et politique », p. 437.

76 Ethique et Economie Paul Ricœur Mais ce risque de réduction du politique à l’économie vaut aussi pour au libéralisme économique, lorsque celui-ci donne pour seul critère du politique la satisfaction des besoins et l’efficience du marché. Il réduit alors la rationalité politique à une sorte d’égoïsme intelligent.

77 Ethique et Economie Paul Ricœur Maximiser l’intérêt ne donne qu’une vue incomplète des finalités de l’action humaine. La société qui ne se définit qu’en termes économiques est d’abord une société de compétition, où les individus et les groupes s’affrontent sans arbitrage, et qui n’a pas de réponse à l’injustice. La mécanique sociale de l’économie isole les individus et elle engendre un sentiment d’insécurité

78 Ethique et Economie Paul Ricœur Maximiser l’intérêt ne donne qu’une vue incomplète des finalités de l’action humaine, La recherche de l’efficacité économique ne suffit pas à donner un sens à la vie personnelle et sociale.

79 Karl Otto Apel (1922)

80 Ethique et Economie Karl Otto Apel « Pour la première fois dans l’histoire de l’espèce humaine, les hommes sont confrontés en pratique à la tâche d’assumer à l’échelle planétaire la responsabilité collective des conséquences de leurs activités. On pourrait penser qu’à la contrainte d’une responsabilité collective doive correspondre la validité intersubjective des normes, ou au moins le principe fondamental d’une éthique de la responsabilité. » L’éthique à l’âge de la science, trad. fr. de R. Lellouche et I. Mittmann, Presses Universitaires de Lille, 1987 p. 47

81 Ethique et Economie Karl Otto Apel « Comme on ne peut déduire les normes et les jugements de valeur ni par le formalisme des inférences logico- mathématiques, ni par des inférences inductives à partir des faits, l’idée d’une objectivité scientifique semble renvoyer la prétention à la validité élevée par les normes morales et les jugements de valeur à la sphère d’une subjectivité arbitraire. […] Il s’ensuit que les normes morales elles-mêmes ne seraient pas justiciables d’une fondation rationnelle, mais que seules le seraient les descriptions axiologiquement neutres que les sciences sociales empiriques – comme on les appelle – font des normes morales effectivement observées, ainsi que les explications causales ou statistiques de la constitution et de l’application des normes morales ou des systèmes de valeur. » K.-O. Apel, L’éthique à l’âge de la science, p. 46.

82 Ethique et Economie Karl Otto Apel « Derrière la neutralisation scientiste du problème moral se trouve la motivation décisive d’une conviction utilitariste : la conviction que seule une économie de marché capitaliste conduit à la maximisation de l’utilité économique et donc à la plus grande richesse de la population. […] Depuis la conception par Adam Smith de la « main invisible » et ultérieurement l’échec du socialisme d’Etat, la sélection utilitariste de l’économie de marché est répandue à un tel degré qu’elle fonctionne politiquement comme une condition préalable naturelle pour toutes les évaluations explicites et est alors incluse dans l’invocation des contraintes fonctionnelles » K.-O. Apel, La réponse de l'éthique de la discussion, au défi moral de la de la situation humaine comme telle et spécialement aujourd'hui, trad. fr. M. Canivet, Louvain/Paris, Ed. Peters, 2001, p. 133.

83 Ethique et Economie Karl Otto Apel « L’idée de liberté humaine ne devient-elle pas alors une illusion, comme l’affirme effectivement le marxisme ? […] Dans ces conditions, il n’est pas surprenant que la foule solitaire de la société occidentale fasse finalement de moins en moins usage de la possibilité, postulée par le système idéologique, de ses décisions de conscience existentielles, et qu’elle n’agisse plus de façon « autonome », mais de façon « hétéronome », ou encore – pour employer un autre vocabulaire sociologique –, qu’elle se laisse « manipuler », au sens de la manipulation du consommateur, jusque dans la sphère, dite existentielle, de la vie privée. » L’éthique à l’âge de la science, p. 64.


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