La présentation est en train de télécharger. S'il vous plaît, attendez

La présentation est en train de télécharger. S'il vous plaît, attendez

Par Jocelyne Saint-Arnaud Ph.D. Université de Montréal

Présentations similaires


Présentation au sujet: "Par Jocelyne Saint-Arnaud Ph.D. Université de Montréal"— Transcription de la présentation:

1 Par Jocelyne Saint-Arnaud Ph.D. Université de Montréal
Les pratiques euthanasiques: moralité, dérives et contexte des soins de fin de vie au Québec Par Jocelyne Saint-Arnaud Ph.D. Université de Montréal

2 Introduction En 2004, 80 à 85 % des Canadiens sont favorables à une aide à mourir en fin de vie (L.-M. Rioux-Soucy, Le Devoir, 3 mai, 2004) Entre 1990 et 2009, l’opinion des Québécois a peu changé concernant l’euthanasie: 84% en faveur d’une légalisation pour la personne qui le demande en toute lucidité 83% en faveur d’une légalisation pour une personne qui l’a demandé dans un testament biologique 70% sont en faveur d’une légalisation dans le cas d’une décision commune du md et de la famille pour une personne non lucide (La Presse, 4 nov. 2009) J.Saint-Arnaud octobre 2010

3 Introduction (suite) La population québécoise n’est toutefois pas prête à accepter l’euthanasie quand il n’y a pas de souffrances (54,9%), quand il y a un espoir de guérison (71,7%), lors de souffrances psychologiques ou morales continues (62,4%) ou quand le grand âge est en cause (63,7%) (I. Marcoux, 2007) Les omnipraticiens: 52 % pensent que l’euthanasie est pratiquée au Qc 74% sont favorables à l’euthanasie 71,3% sont prêts à y avoir recours si décriminalisée J.Saint-Arnaud octobre 2010

4 Introduction (suite) Pour les mds spécialistes québécois:
81% disent que l’euthanasie est pratiquée au Qc 91% l’euth. devrait provenir d’une décision conjointe entre le md et le pt. 72% la réanimation devrait être discutée avec les proches si le pt n’a pu être consulté 20% ne la pratiquerait pas si légalisée 95% la sédation palliative fait partie des soins de fin de vie: euth. pour 48% vs 46% que ce n’en est pas (L.-M. Rioux-Soucy, LeDevoir, 9 février 2009). J.Saint-Arnaud octobre 2010

5 Besoins et préférences
Les préférences énoncés dans les sondages n’équivalent pas aux besoins de ceux qui ont répondu au sondage, ni de la population en général. Actuellement les besoins des Québécois en matière d’euth. ne sont pas connus, entre autres parce qu’il est difficile de mener des études empiriques sur des actes illégaux. J.Saint-Arnaud octobre 2010

6 Euthanasie: historique
Étymologiquement bonne mort La pratique de l’euthanasie et surtout du suicide euthanasique est admise dans l’Antiquité gréco-romaine Condamnée dans le Serment d’Hippocrate : «Je ne remettrai à personne du poison, si on m’en demande, ni ne prendrai l’initiative d’une pareille suggestion» (Hippocrate, 1526/1994) Condamnée par les religions judéo-chrétiennes et l’islam J.Saint-Arnaud octobre 2010

7 Euthanasie: historique
Remise à l’honneur par Francis Bacon dans The Advancement of Learning (1605) Reproche aux mds de s’intéresser plus à l’aspect curatif de l’intervention qu’au soulagement de la douleur et à l’accompagnement du mourant. L’euthanasie implique une préparation de l’âme et exige des médecins qu’ils utilisent leur art pour favoriser une mort douce. J.Saint-Arnaud octobre 2010

8 Euthanasie: historique
Thomas More dans Utopia (1615) reprend l’idée Quand la maladie incurable s’accompagne d’atroces souffrances, les prêtres et les magistrats offrent au malade la possibilité de choisir entre la vie et la mort. Suicide par arrêt d’alimentation ou euthanasie par injection d’un narcotique J.Saint-Arnaud octobre 2010

9 Euthanasie: historique
Idée refait surface au début du XXième siècle avec les premières sociétés pour la mort dans la dignité Promoteur : Glanville Williams en 1936 en Angleterre, membre de la Société Exit Fondation de The Euthanasia Society of America en 1938 Dans l’ombre après la guerre. On reproche aux Nazzis d’avoir pratiqué des euthanasies sur des Juifs et des handicapés physiques et mentaux J.Saint-Arnaud octobre 2010

10 Euthanasie: historique
Fin des années 1950 et début des années 1960, l’Église catholique se prononce quant à la moralité de la cessation ou à l’abstention de moyens extraordinaires et les adeptes de l’euthanasie se servent de la position de Pie XII pour faire avancer la cause. Des auteurs comme G. Williams, J. Fletcher, J. Rachels, vont considérer que si l’arrêt de traitement maintenant les fonctions vitales est moralement acceptable, l’euthanasie active directe l’est aussi. Les formes passive et indirecte étaient moralement acceptables J.Saint-Arnaud octobre 2010

11 Terminologie selon Fletcher
Euthanasie active volontaire directe: acte de mort choisie et exécutée par le patient utilisant une surdose de médicament qui a été mise à sa disposition Euthanasie passive volontaire directe: acte de mort choisie par le patient mais exécuté par un tiers (surdose) qui en a reçu le mandat dans le cas où le patient devient comateux ou trop atteint pour le faire lui-même Euthanasie passive volontaire indirecte: ibid au point 2 mais avec des moyens indirects (soulagement de la douleur) Euthanasie passive involontaire directe: acte qui met fin à la vie d’une personne par compassion sans demande du patient Euthanasie passive involontaire indirecte: acte qui consiste à cesser ou à ne pas entreprendre un ou des traitements de maintien de la vie. Chez Fletcher, l’euthanasie active est toujours accomplie par le patient qui se suicide. Si les formes indirectes sont moralement acceptables, les formes directes le sont aussi. J.Saint-Arnaud octobre 2010

12 Terminologie Euthanasie active directe: provoquer intentionnellement la mort d’une personne pour mettre fin à ses souffrances Euthanasie active indirecte: hâter la mort en augmentant les doses de narcotiques nécessaires pour soulager la douleur Euthanasie passive: ne pas entreprendre ou cesser un traitement de maintien des fonctions vitales extraordinaires ou disproportionnés Les formules passives ou indirectes étant considérées comme moralement acceptable. J.Saint-Arnaud octobre 2010

13 Religion catholique La Congrégation pour la doctrine de la foi n’utilise pas le terme euthanasie passive. Pour elle, l’arrêt de traitement devenu disproportionné et le soulagement de la douleur conformément aux pratiques médicales admises ne constituent pas de l’euthanasie. Dans le cas du soulagement de la douleur, on a crû pendant longtemps qu’il abrégeait la vie et on justifiait cela par le principe du double effet. J.Saint-Arnaud octobre 2010

14 Le principe du double effet
Énonce les conditions pour qu’un acte ayant un effet bon et un autre mauvais soit moralement acceptable: l’acte qui a donné lieu à l’effet mauvais doit être bon ou indifférent; l’agent vise directement l’effet bon de l’acte, tolérant seulement l’effet mauvais; l’effet bon ne doit pas être obtenu par l’effet mauvais; il y a une raison proportionnellement sérieuse pour justifier l’apparition de l’effet mauvais (May, 1978) Il s’agit d’euthanasie chaque fois que la mort est envisagée comme fin et comme moyen. J.Saint-Arnaud octobre 2010

15 Quelques définitions Aide au suicide: acte qui consiste à aider une personne à se donner la mort en lui fournissant les moyens Euthanasie: acte qui consiste à mettre fin intentionnellement à la vie d’une personne, autre que soi, pour abréger ses souffrances Dépénaliser: retirer les articles du Code criminel qui condamnent les pratiques d’euthanasie et d’aide au suicide Institutionnaliser : mettre en place des pratiques d’euthanasie et d’aide au suicide dans nos institutions et les encadrer par des règles institutionnelles Légaliser: encadrer les pratiques d’euthanasie et d’aide au suicide dans une loi J.Saint-Arnaud octobre 2010

16 Base éthique La moralité de l’euthanasie repose sur la moralité du suicide. Les théories éthiques classiques condamnent le suicide et l’euthanasie, notamment la théorie de la loi naturelle (Aristote et Thomas d’Aquin) et la théorie déontologique kantienne. L’éthique de situation, une théorie bioéthique et l’utilitarisme considèrerent que le suicide et l’euthanasie sont éthiquement acceptables quand certaines conditions sont remplies. J.Saint-Arnaud octobre 2010

17 Le situationnisme de Fletcher
Au nom du principe de l’amour d’autrui (agapê), une personne pourrait juger que l’euthanasie est une solution moralement acceptable à titre exceptionnel (Fletcher, 1954). Si le bien le plus haut est l’intégrité personnelle et le bien-être, alors l’euthanasie qu’elle soit directe ou indirecte est moralement acceptable. Les fonctions supérieures qui caractérisent l’humain valent plus que la vie biologique et les fonctions qui y sont rattachées. Cela justifie un contrôle de la mort au même titre que nous contrôlons la naissance. Le situationnisme peut être critiqué à l’aide des théories éthiques classiques Persuadé que l’administration d’antagique est une euthanasie, Fletcher milite pour un droit à la mort. C’est à lui que l’on doit la distinction entre direct, indirect, actif, passif à propos de l’euthanasie J.Saint-Arnaud octobre 2010

18 La théorie bioéthique de Englehardt (1986)
Dans une société pluraliste, on ne peut pas se référer à une échelle de valeurs canonique. La liberté est à la base de l’entente contractuelle qui lie les êtres humains entre eux. Seul postulat éthique reconnu : le respect mutuel qui implique de respecter ses engagements et de ne pas utiliser les autres sans leur consentement. L’être humain a un droit à la mort, mais il doit respecter les engagements qu’il a pris envers les autres; une personne qui n’a pas d’engagements envers d’autres personnes peut moralement se donner la mort ou autoriser quelqu’un d’autre à le faire. La théorie de Englehardt peut être critiquée par l’approche par principes puisqu’elle donne priorité au respect de l’autonomie de la personne sur les principes de bienfaisance, non-malfaisance et justice (Beauchamp et Childress, 2008) J.Saint-Arnaud octobre 2010

19 L’utilitarisme Pour l’utilitarisme classique ou l’utilitarisme appliqué à l’acte, le suicide et l’euthanasie peuvent être moralement acceptables s’il en résulte plus de conséquences positives que de conséquences négatives pour toutes les personnes affectées par l’action. Peu de personnes sont placées dans de telles conditions: il s’agirait de personnes seules, qui n’ont plus de famille, ni d’amis, autrement la souffrance des proches apporterait plus de torts à un plus grand nombre de personnes que le bénéfice retiré par la personne qui s’est enlevée la vie parce qu’elle représentait un trop lourd fardeau pour elle ou pour toute autre raison. J.Saint-Arnaud octobre 2010

20 L’utilitarisme (suite)
Pour l’utilitarisme appliqué à la règle, dont un représentant contemporain est Richard Brandt, un changement au Code criminel actuel devrait apporter plus de bénéfices que de torts à l’ensemble de la population en comparaison avec la loi actuelle qui condamnent l’euthanasie et l’aide au suicide ou avec l’absence de loi. Pour vérifier cela, il s’agit de prévoir et d’évaluer les impacts d’une future loi dépénalisant et légalisant les pratiques euthanasiques. Pour Richard Brandt, il y aurait plus d’avantages pour la population à modifier la loi pour permettre l’euthanasie des bébés lourdement handicapés que de pratiquer des avortements thérapeutiques avec le risque que des foetus sains soient éliminés par erreur. J.Saint-Arnaud octobre 2010

21 Que conclure des arguments invoqués?
Pour Fletcher, la décision repose sur la conscience individuelle, on pourrait en conclure qu’un loi ne peut régir les consciences et que ce qui peut être moralement acceptable au niveau d’une éthique individuelle à titre exceptionnel, n’est pas nécessairement acceptable du point de vue de l’éthique sociale. Pour Englehardt, la décision repose sur un droit à la liberté. Mais dans un monde pluraliste dont il se réclame, la liberté ne peut pas être érigée en absolu J.Saint-Arnaud octobre 2010

22 Que conclure des arguments invoqués?
Nous adoptons ici le point de vue de Brandt, en y ajoutant l’importance qu’un réel besoin soit démontré. Pour que l’aide médicale au suicide et l’euthanasie puissent être acceptables du point de vue d’une éthique sociale, il faudrait: démontrer l’existence d’un besoin réel montrer qu’il existe plus de bénéfices que de torts pour l’ensemble de la population à modifier la loi. J.Saint-Arnaud octobre 2010

23 Pour démontrer l’existence d’un réel besoin
Il faudrait mener une étude par questionnaire, adressée à tous les médecins, mais particulièment aux médecins de soins palliatifs, pour connaître combien ils reçoivent de demandes dans une année, de qui elles proviennent (patients ou familles), quel est l’état de santé de la personne en cause, quelles raisons sont invoquées pour justifier une telle demande, combien de médecins répondent positivement à ces demandes, combien y auraient répondu positivement si l’euthanasie était décriminalisée et légalisée. J.Saint-Arnaud octobre 2010

24 Pour faire l’évaluation des bénéfices par rapport aux torts
Il faut répertorier les risques et les bénéfices anticipés pour toutes les personnes en cause, ceci de manière théorique, analyser les résultats d’études évaluatives et autres études empiriques dans les pays ou états qui ont légalisé ces pratiques de manière à vérifier si des dérives se manifestent. Réserves: les conséquences positives et négatives ne sont pas toutes connues à l’avance et elles dépendent en partie du contexte. J.Saint-Arnaud octobre 2010

25 Anticipation des bénéfices et des torts en cas d’institutionnalisation des pratiques euthanasiques
Bénéfices anticipés Torts anticipés Plus grande liberté pour celui qui veut bénéficier de ces pratiques Personnes vulnérables qui se sentent un fardeau pourraient y avoir recours Il est serait libéré du fardeau des moyens Dérives anticipées : des personnes lucides et aptes aux personnes atteintes mentalement, aux mineurs et aux bébés handicapés; demandes par la famille du patient apte Impunité pour les aidants dans l’aide au suicide et pour les acteurs dans l’euthanasie Passage rapide à l’acte euthanasique par manque de formation et de connaissan-ces en soulagement de la douleur et en soins palliatifs Coûts des traitements abaissés Plus grand désinvestissement dans les soins palliatifs J.Saint-Arnaud octobre 2010

26 Contexte de la pratique euthanasique dans les Pays-Bas
Les pratiques euthanasiques existaient dans les Pays-Bas avant que l’Association royale médicale hollandaise, la Commission d’état sur l’euthanasie et le gouvernement hollandais définissent des balises pour la pratique en 1984. Les médecins qui respectaient les balises pouvaient invoquer la force majeure en cas de poursuite judiciaire. Depuis 1991, les médecins doivent rapporter les cas d’euthanasie et d’aide au suicide, mais aussi les cas de soulagement de la douleur et d’arrêt de traitement entraînant la mort. Un rapport au coroner des actes d’euthanasie et d’aide au suicide est obligatoire depuis 1994. L’euthanasie et l’aide médicale au suicide ont été dépénalisées en 2001 (révision des articles 293 et 294 du Code pénal). Elles ont été légalisées en 2002 par le Euthanasia Act. Les médecins qui suivent les règles ne sont pas poursuivis en justice. Les médecins qui respectaient ces balises pouvaient invoquer la force majeure pour éviter les poursuites judiciaires J.Saint-Arnaud octobre 2010

27 Balises pour la pratique en 1984
Le patient doit être apte et demander la mort à plusieurs reprises. Deux médecins doivent juger la demande comme étant raisonnable. Un md peut refuser mais doit référer le cas. Le patient doit subir des souffrances intolérables qui ne peuvent être soulagées. La souffrance peut être physique ou mentale et la personne ne doit pas nécessairement être en phase terminale. Tous les traitements possibles doivent avoir été éliminés sur une base médicale ou avoir été refusés par le patient. L’euthanasie doit être pratiquée par un md après consultation d’un autre md. Le md doit informer le coroner local d’un décès par euthanasie. (Horgan, 1991) J.Saint-Arnaud octobre 2010

28 Rapport au coroner (obligatoire depuis 1994)
Le résumé du dossier, l’indication que le patient était très souffrant et qu’aucun autre choix ne se présentait Les moments où la demande a été faite Le compte rendu des discussions avec la famille Le compte rendu de la consultation d’un autre médecin La date et l’heure de l’euthanasie, de même que les substances utilisées Le nom des témoins J.Saint-Arnaud octobre 2010

29 Critères de pratiques médicales euthanasi-ques selon la loi du 12 avril 2001 aux Pays-Bas dépénalisant l’euthanasie «Le médecin : a)a acquis la conviction que le pt a formulé sa demande librement, de façon mûrement réfléchie et constante; b) il a acquis la conviction que les souffrances du pt étaient sans perspectives d’amélioration et insupportables; c) il a informé le pt de sa situation et de ses perspectives; d) il est parvenu, en concertation avec le patient et compte tenu de la situation de ce dernier, à la conviction qu’aucune autre solution n’était envisageable; e) il a consulté au moins un autre médecin indépendant qui a examiné le patient et s’est fait une opinion quant aux critères de minutie visées aux alinéas a) à d); f) il a pratiqué l’interruption de la vie avec toute la rigueur médicalement requise (medical due care).» J.Saint-Arnaud octobre 2010

30 Loi sur les pompes funèblres du 12 avril 2001
«Le md qui a pratiqué une interruption de la vie ou aidé un pt à se suicider doit faire rapport au md légiste de la commune qui le communique à la Commission régionale de contrôle de l’euthanasie. Cette dernière fait rapport au ministère public dans le cas des médecins qui n’ont pas rempli les critères de minutie décrits aux alinéas a) à d) de la loi. Le md peut accepter une demande d’un mineur âgé de 16 à 18 ans à la condition que ses parents y soient associés et des mineurs de 12 à 16 ans à la condition que les parents y consentent. Les personnes devenues inaptes peuvent accéder à l’euthanasie si le md a estimé qu’elles ont pu évaluer raisonnablement leur situation et à la condition d’avoir rédigé une demande écrite à ce sujet. Le md est tenu aux critères de minutie stipulés plus haut.» (Conseil d’Europe, retiré le 15 février 2010) L’euthanasie sur les mineurs et des personnes inaptes est maintenant permise J.Saint-Arnaud octobre 2010

31 Les pratiques euthanasiques aux Pays-Bas
Les discussions sur l’euthanasie ont lieu sur un période allant de quelques jours à quelques années selon la structure suivante: requête verbale initiale déclaration écrite répétition de la requête verbale et de la déclaration écrite consultation d’un second médecin indépendant précision de la date à laquelle aura lieu l’euthanasie euthanasie proprement dite (Norwood et al, 2009) Dans l’étude de Norwood et al, 2009, une demande initiale sur 10 et un tiers des demandes écrites ont été acceptées en 2005. J.Saint-Arnaud octobre 2010

32 Quelques statistiques sur les pratiques d’euthanasie aux Pays-Bas
80% des euthanasies sont pratiquées à domicile Entre 2001 et 2005, il y a eu une baisse statistiquement significatives du recours à l’aide au suicide (0,2% en 2001 et 0,1% en 2005) et à l’euthanasie (2,6% des décès en 2001 et 1,7% en 2005). La décision la plus importante en fin de vie est le soulagement de la douleur , 24,7% en 2005 par rapport à 20,1% en 2001. On note aussi une augmentation du recours à la sédation profonde et continue (8,2% en 2005, alors que combinée à d’autres méthodes, elle correspond à 5,6% des morts en 2001). (van der Heide et al, 2007) J.Saint-Arnaud octobre 2010

33 Facteurs associés à la baisse du recours à l’euthanasie et à l’aide médicale au suicide
Augmentation du recours au soulagement de la douleur et à la sédation profonde et continue (9% des cas de SPC avaient fait des demandes d’euthanasie, Rietjens et al, 2008). 20,2% des personnes atteintes de sclérose latérale amyotrophique ont choisi l’euthanasie ou le suicide assisté entre par rapport à 16,8% d’entre elles entre S’ajoute à cela, 14,8% qui choisissent la sédation profonde et continue. (Maessen et al, 2009) À partir des années 2000, des études ont montré que les vertus des opioïdes pour abréger la vie ont été surestimées (van der Heide et al, 2007; Maltoni et al, 2009; Reuzel et al, 2008). Les comités de révision ont réprouvé l’usage des opioïdes pour écourter la vie par euthanasie (van der Heide et al, 2007). Ceux qui le font (16,2% en 2005) sont considérés comme faisant de la mauvaise pratique et ayant besoin de formation (van der Heide et al, 2007; Reuzel et al, 2008). J.Saint-Arnaud octobre 2010

34 Facteurs associés à la baisse du recours à l’euthanasie et à l’aide médicale au suicide
Les actes d’euthanasie sont maintenant davantage définis par les moyens utilisés (relaxants musculaires et de barbituriques: 99%, plutôt que par l’intention: 54% (Buiting et al, 2010). On peut y voir une influence des comités de révision. Les règles ne sont pas suivies par tous les mds 20% des actes d’euthanasies et d’aide médicale au suicide ne sont pas rapportés en 2005 0,4% des décès par euthanasie concerne des personnes qui ne l’avaient pas demandée; dans 20% de ces cas, l’intervention n’avait pas été discutée avec la famille Dans 12,3% des décès, un md indépendant n’a pas été consulté (van der Heide et al, 2007) Les mds catégorisent les interventions de fin de vie en fonction de leur intention de les rapporter ou non (Buiting et al, 2010) J.Saint-Arnaud octobre 2010

35 Facteurs associés à la baisse du recours à l’euthanasie et à l’aide médicale au suicide
Avant la loi, 80% des raisons invoquées pour ne pas déclarer des cas d’euthansaie ont trait à des poursuites judiciaires à éviter au médecin ou à la famille (van der Maas et al, 1996); en 2005, on invoque: une absence de perception qu’un acte interrompant la vie avait été posé (76,1%); des doutes à l’effet d’avoir bien respecté les critères de minutie (9,7%); les actes interrompant la vie relèvent d’une entente privée entre le md et son pt (6,6%)(Buiting et al, 2010) Avant la loi, 3% des médecins indiquaient qu’ils avait pratiqué des euthanasies sur des personnes atteintes de démence; en 2005, aucun cas n’est déclaré. (Hertogh, 2009) 1% des bébés de moins de 12 mois ont été euthanasiés de et après la loi, d’octobre 2005 à septembre 2006, un cas d’euthanasie est recensé dans 10 unités de soins intensifs concernant 359 bébés. (Verhagen et al, 2009) J.Saint-Arnaud octobre 2010

36 Des dérives sont-elles perceptibles?
Elles sont perceptibles dans la loi: avant la légalisation de l’euthanasie, les personnes inaptes et les mineurs n’y avaient pas accès. Le Protocole de Groningen (2005) proposé par l’Association des pédiatres néerlandais autorise l’euthanasie des nouveaux-nés. Il est difficile de connaître la nature des dérives dans la pratique, puisque les statistiques ne concernent que les cas rapportés ou mal rapportés et que les résultats d’études peuvent être biaisés par le facteur de désirabilité ou parce que l’impunité n’est pas garantie aux participants. Selon ten Have (2005), la pratique se justifiait au départ par le respect de l’autonomie de la personne , mais elle renforce maintenant le pouvoir médical par le recours au critère de souffrance réelle ou anticipée. De plus, la souffrance morale et le mal de vivre font maintenant partie des critères d’accessibilité à l’euthanasie . Selon le même auteur, il y a négligence des autres options: soins palliatifs et soulagement de la souffrance, y inclus la formation dans ces domaines. J.Saint-Arnaud octobre 2010

37 Ce qu’on peut en conclure de l’expérience des Pays-Bas
La loi ne rend pas les pratiques plus transparentes, au contraire. Les médecins gardent le contrôle sur leur pratique. Ils rapportent les cas qu’ils veulent bien rapporter. Les révisions se font en rétrospective, les pratiques non conformes à la loi ne peuvent être arrêtées avant le décès des personnes en cause. Les règles administratives régissent une pratique qui selon plusieurs relève de la relation privée du médecin avec son patient. Les familles participent aux discussions et les médecins ne pratiqueront pas une euthanasie demandée par le patient à l’encontre des familles. J.Saint-Arnaud octobre 2010

38 Que veulent les personnes en fin de vie?
Ce n’est pas tant la mort que les gens craignent, mais la douleur et la souffrance qu’elles anticipent dans les heures ou les jours qui précèdent la mort. Morts vécues difficilement: Décisions de traitements pas claires, non discutées avec le md, qui se prennent en situation de crise, empreintes d’émotions; les patients veulent savoir à quoi s’attendre, être rassurés sur le fait qu’il ne souffriront pas, que le md ne les abandonnera pas, qu’il les accompagnera jusqu’au bout (Steinhauser et al, 2000) J.Saint-Arnaud octobre 2010

39 Qu’est-ce qu’une bonne mort? Selon Vig et Pearlman (2004)
Mauvaise mort Dans son sommeil 14 Douloureuse 12 Rapide 11 Prolongée Sans douleur Dans la dépendance 8 Sans souffrance 5 Souffrante 7 Inattendue 3 Fardeau pour les autres Paisible À bout de souffle 4 En paix avec Dieu Sans être en paix avec Dieu J.Saint-Arnaud octobre 2010

40 Le contexte des soins de fin de vie au Québec
Les urgences sont la porte d’entrée pour une hospitalisation menant au décès dans 78,7% des cas et dans 85, 45% des cas pour les personnes de 85 ans et plus 47,6% des décès sont survenus dans des lits de courte durée 26,5% des personnes décédées ont eu accès à des soins palliatifs (INSP, 2006) Il y a donc un besoin urgent de soins et de lits de soins palliatifs dans tous les types d’institutions. ce sont surtout des personnes atteintes de cancers, alors que les décès sont dus surtout à des maladies chroniques (54,2% (INSP, 2006) J.Saint-Arnaud octobre 2010

41 Le contexte des soins de fin de vie au Québec
On a les moyens de prolonger la vie par toutes sortes de manières: RCR, greffes d’organes, dialyse rénale, stimulateur cardiaque, chirurgies cardiaques, assistance respiratoire, alimentation entérale et parentérale, médicaments qui pallient les insuffisances organiques… On réanime des personnes de tous âges et de toutes conditions On installe des gastrostomies et des jéjunostomies à des personnes atteintes de démence dans les derniers stades de leur maladie J.Saint-Arnaud octobre 2010

42 Le contexte juridique Le contexte juridique et la pratique du consentement libre et éclairé, de même que la pratique du consentement substitué incitent les médecins non seulement à consulter les familles du patient inapte, mais encore à répondre à leurs demandes. On a tendance à offrir tout ce qui est possible de faire sans restriction et à laisser le patient ou sa famille faire le choix. Certains choix correspondent à de l’acharnement thérapeutique auxquels les médecins se sentent obligés de répondre positivement surtout s’ils s’accompagnent de menaces de poursuites judiciaires. J.Saint-Arnaud octobre 2010

43 Le contexte des soins de fin de vie au Québec
Il manque de personnels (médecins et infirmières) formés au soulagement de la douleur et de programmes adéquats pour effectuer cette formation (Saint-Arnaud et al, 2007) Carences dans la formation des médecins, des pharmaciens et des infirmières (MSSS, 2004, 2006) dans le domaine des soins palliatifs et de la fin de vie et même parmi ceux qui interviennent dans ces domaines. La limite des ressources influent sur l’interdisciplinarité dans les hôpitaux et dans les unités de soins palliatifs. J.Saint-Arnaud octobre 2010

44 Groupe de travail sur l’analyse de situations de décès reliés à l’utilisation d’analgésiques opiacés (21 juin 2006): Constats Évaluation de la douleur pas faite de manière systématique avant l’instauration de l’analgésie Instauration ou poursuite de l’analgésie sur une base subjective Puissance de l’hydromorphone sous-estimée (doses initiales trop élevées ou grands écarts entre les doses permettant au personnel soignant d’augmenter considérablement les doses sans en aviser le md) Aucun protocole de surveillance n’était appliqué (sauf dans un cas), pas de protocoles d’intervention en cas de dépression respiratoire Évaluation de la douleur et de la sédation n’ont pas été faites avec des outils de mesure dans presque tous les cas. Analyse de 12 décès ayant donné lieu à investigation du coroner entre 1995 et 2006 et causés par une dépression respiratoire secondaire à l’utilisation d’opiacés par voie parentérale. J.Saint-Arnaud octobre 2010

45 Constats (suite) Pas de suivi des signes vitaux, ni de mesure de saturométrie La surveillance représente le principal problèmes dans 8 cas sur 12. Changements d’ordonnances fréquents et non justifiés par évaluation de la douleur, pics ou durée d’action de l’analgésique Sur les 12 cas, 3 erreurs sont survenues dans l’administration des médicaments. Deux d’entre elles: 10mg d’hydromorphone injectable au lieu de 1mg de morphine et 1mg d’hydromorphone La médication concommitante a pu potentialiser l’effet des opiacés et occasionner la dépression respiratoire Dans la majorité des cas, la dépression respiratoire est survenue avec des doses thérapeutiques J.Saint-Arnaud octobre 2010

46 Devons-nous institutionnaliser les pratiques euthanasiques au Québec?
Le manque d’accès à des soins palliatifs, le manque de personnel qualifié pour donner des soins globaux, le manque de connaissances en soulagement de la douleur, font en sorte qu’il serait très risqué d’introduire la possibilité d’un recours aux pratiques euthanasiques actuellement au Québec. Le soins palliatifs ne sont pas nécessairement contraires aux pratiques euthanasiques. Cependant, ils représentent un besoin plus criant pour l’ensemble de la population, même si les demandes euthanasiques atteignaient des chiffres semblables à ceux des Pays-Bas ou de la Belgique J.Saint-Arnaud octobre 2010

47 Ce qu’on ne peut en conclure
À la lumière de cet exposé, nous ne pouvons conclure qu’il y aurait des bénéfices pour la population en général et pour la pratique médicale au Québec à dépénaliser et à légaliser l’euthanasie. Je reprends les recommandations de ten Have (2005) aux pays qui n’ont pas légalisé ces pratiques: Améliorer les unités de soins palliatifs et les services de consultation; Augmenter les services à docimicile et les options d’hébergement; Revoir la formation médicale, de même que les programmes de formation destinés aux patients. Pour en savoir plus: J. Saint-Arnaud, La décriminalisation, la légalisation et l’institutionnalisation des pratiques d’euthanasie: analyse de la question en fonction des théories et des principes éthiques, de l’examen des dérives possibles selon la pratique légalisée dans les Pays-Bas et enfin , du contexte des soins de fin de vie au Québec, Mémoire présenté à la Commission parlementaire sur le droit de mourir dans la dignité, Québec, 17 février 2010 disponible sur le site de l’Assemblée nationale: Ceux qui veulent recevoir ce powerpoint m’écrive à : J.Saint-Arnaud octobre 2010

48 Bibliographie Buiting H.M., van der Heide A., Onwuteake-Philipsen B.D. , Rurup M.L., Rietjens J.A.C., Boorsboom G., van des Maas P.J. & J.J.M. van Delden, Physicians’ labelling of end-of-life practices : A hypothetical case study, Journal of Medical Ethics, 36, 2010, p Conseil d’Europe, Études de législation, retirés du site le 15 février Fletcher J., Euthanasias, in Morals and Medicine, Princeton: Princeton Univeristy Press, 1954, p Forh A.,The double effect of pain medication : Separating myth from reality, The Journal of Palliative Medicine, 1, 1998, p ; Hertogh C.M.P.M, The role of advances directivesas an aid to communication and shared decision-making in demantia. Journal of Medical Ethics, 35, 2009, p Lebacqz K. & H.T. Englehardt Jr, Suicide and the patient’s right to reject medical treatment. Dans D. J. Horan et D. Mall (dir.), Death, dying, and euthanasia, Frederick, MD : Alethia Books, 1980, p Maessen M, Veldink J.H., Onwuteaka-Philipsen B.D., de Vries J.M., Wokke J.H.J., van der Wal G., & L.H. Van den Berg, Trends and deternimants of end-of-life practices in ALS in the Netherlands. Neurology, 73, 2009, p J.Saint-Arnaud octobre 2010

49 , Maltoni M., Pitturi C., Scarpi E., Pîccini L., Martini F., Truci P., Montanari L., Nanni O., & D. Amadori, Palliative sedation therapy does not hasten death : Results from a prospective multicenter study, Annals of Oncology, 20, 2009, Marcoux I., Dans quelles conditions est-il acceptable ou non de mourir par euthanasie? Frontières, 20(1), 2007, p Institut national de santé publique (INSPQ), Soins palliatifs de fin de vie au QuébecPolitique en soins palliatifs de fin de vie, Québec: Gouvernement du Québec, MSSS, 2006. MSSS, Les accidents évitables dans les prestations des soins de santé. Rapport du groupe de travail sur l’utilisation des opiacées en milieu hospitalier, juin 2006. MSSS, Politique en soins palliatifs de fin de vie, Québec: Gouvernement du Québec, 2004. May W.E. Double effect. Encyclopedia of Bioethics, W.T. Reich (ed.), New York: The Free Press, 1978, tome 1, p. 316. Norwood F., Kimsma G., & M. P. Battin, Vulnerability and the «slippery slope» at the end-of-life : A qualitative study of euthanasia, general practice and home death in The Netherlands, Family Practice, 26(6), 2009,p , p. 478 Reuzel R.P.B., Hasselaar G.J., Vissers K.C.P.,. van der Wilt G.J., Groenewoud J.M.M., & B.J.P. Crul, Inappropriateness of using opioids for end-stage palliative sedation : A Dutch study, Palliative Medicine, 22, 2008, p Rietjens J., van Delden J., Onwuteaka-Philipsen B., Buiting H., van des Maas P., & A. van der Heide, Continuous deep sedation for patients nearing death in the Netherlands : Descriptive study, British Medical Journal On Line, article accepté le 15 février 2008 et retiré du site BMJ.com le 8 février 2010. Rietjens J.A.C, Buiting H.M., PasmanH.R.W., van der Maas P.J., van Delden J.J.M., & A. van der Heide, Deciding about continuous deep sedation : Physicians’ perspectives . A focus group. Palliative Medicine, 23, 2009, p. 415 Rioux-Soucy L.M., Les omnipraticiens aussi sont favorables à l’euthanasie, Le Devoir, 30 octobre 2009 dans le journal Le Devoir, retiré le 9 février 2009 du site : J.Saint-Arnaud octobre 2010

50 Rioux-Soucy L.-M., Le Québec serait mûr pour un débat sur l’euthanasie, Le Devoir , 14 octobre Rioux Soucy L.-M., L’entrevue - La mort devant soi, Le Devoir, 3 mai 2004 récupéré le 9 février 2010 sur le site Saint-Arnaud, J. , Gratton F., Hudon F. et M. Routhier, Soins palliatifs et fin de vie: l’état de la question au Québec, Frontières, 20 (1), 2007, p Saint-Arnaud, J. Enjeux éthiques soulevés par la décriminalisation de l’aide au suicide et de l’eutahanasie. Frontières, 8 (1), 1995, Saint-Arnaud, J. L’éthique de la santé: guide pour l’intégration de l’éthique dans les pratiques infirmières. Montréal, Gaëtan Morin, Rachels J., The End of Life: Euthanasia and Morality, Oxford, Oxford University Press, Sondage Crop-La Press, Montréal ,La Presse, 4 novembre 2009, p. A23 Steinhauser K.E., Clipp E.C., McNeilly M., Christakis N.A., McIntyre L.M., & J.A. Tulsky. In search of a good death: Observations of patients, families and providers. Annals of Internal Medicine, 132 (10), p ten Have H., End-of-life decision making in the Netherlands, End-of-life Decision Making. A Cross-National Study, in R.H. Blank & J.C. Merrick (eds), Cambridge (Mass.) : The MIT Press, 2005, p van der Heide A., Ontwuteaka-Philipsen B.D., Rurup M.L., Buyiting H.M., van Delden J.J.M. et al., End-of-life practices in the Netherlands under the euthanasia Act, The New England Journal of Medicine, 356 (19), 2007, p J.Saint-Arnaud octobre 2010

51 van der Maas P. J. , van der Wal G. , Haverkate H
van der Maas P.J., van der Wal G., Haverkate H., & al, Euthanasia, physician assisted suicide, and other medical practices involving the end of life in the Netherlands, , The New England Journal of Medicine, 335, 1996, p Verhagen A.A.E., Dorscheidt J.H.H.M., Engels B., Hubben J.H., et P.J. Sauer, end-of-life decisions in Dutch neonatal intensive care units, Archives of Pediatrics & Adolescent Medicine, 163 (10),p Williams G., The Sanctity of Life and the Criminal Law. New York: Knopf, 1957. J.Saint-Arnaud octobre 2010


Télécharger ppt "Par Jocelyne Saint-Arnaud Ph.D. Université de Montréal"

Présentations similaires


Annonces Google