La présentation est en train de télécharger. S'il vous plaît, attendez

La présentation est en train de télécharger. S'il vous plaît, attendez

La culture au cœur de nos préoccupations…

Présentations similaires


Présentation au sujet: "La culture au cœur de nos préoccupations…"— Transcription de la présentation:

1 La culture au cœur de nos préoccupations…

2 …En santé mentale Quelques notions et définitions pour mieux comprendre.

3 DEFINITIONS Selon l’OMS la santé est : "un état de complet bien-être physique, mental et social, et [qui] ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité". "La santé mentale cristallise beaucoup de passions et de peurs. Elle est au carrefour de nos angoisses, de la souffrance, du mal être, de la maladie et de l'exclusion". Simone Veil. Il n'y a pas de définition de la santé mentale qui fasse l'unanimité parce qu'il n'existe pas de critères objectifs universellement acceptés pour parler de la santé mentale.

4 La maladie mentale D'après la définition retenue par l’OMS, une maladie mentale survient lorsqu'un individu ne peut « se réaliser, surmonter les tensions normales de la vie, accomplir un travail productif et contribuer à la vie de sa communauté ». La compréhension de la santé mentale diffère selon les époques et les cultures, de même que sa définition.

5 Perception de la santé mentale à la Réunion
La maladie mentale et ce qui l’entoure, est pour beaucoup d’entre nous un questionnement. À la Réunion, quand une personne « perd la raison », on entend souvent: « Li la ni fou! », « Domoune la zette un sort su li/elle », « Li la pa respek son carème » , “Sa, zafèr lo diab, sa”

6 Cette interprétation traditionnelle des désordres s’organisent autour d’une:
Causalité animiste « sa zafer le diable sa ». La maladie est attribuée à l’action directe d’une entité surnaturelle – esprit; mort; divinité. Causalité magico-religieuse  « domoune la zette un sort ». La maladie est attribuée ici à l’action secrète d’une personne envieuse ou jalouse, malveillante et qui aurait recours à des moyens magiques pour nuire à ses victimes. Plus précisément cela nous renvoie à l’attaque en sorcellerie. Causalité mystique:« li la pas respecte son carême », ici la maladie est une conséquence d’un acte ou d’une expérience de la victime, hors de toute intervention surnaturelle. Elle nous renvoie au destin, aux sensations néfastes- rêves, visions, à la contagion -contact avec une personne, un objet impurs, au châtiment mystique dans le cas de violation de tabous alimentaire; sexuel. Nous retrouvons dans cette catégorie, les ruptures d’hommages envers les divinités, les ancêtres……

7 Cela résulte de notre héritage culturel, qui est très important
Cela résulte de notre héritage culturel, qui est très important. Il y a un métissage dans la population réunionnaise, métissage que l’on retrouve également chez les professionnels, dans nos services hospitaliers.

8

9 Dans un service de psychiatrie
Concrètement, sur le terrain: le patient est admis dans notre service pour un motif psychiatrique ou psychologique. Comme dans tous les services un recueil de données est fait auprès du patient, mais aussi auprès de la famille dès que cela est possible.

10 Dans beaucoup de cas de figure, le patient dit lui même avoir été « ensorcelé », « possédé», « Lé amaré », « Néna bébête su moin », « La met’le sort su moin », « Sa mon voisin la amare a moin ».. Personnellement je n’ai jamais été surprise par ces propos car je partage la même culture que ces patients. En revanche d’un point de vue médical, on parle d’emblée de « délire », et la prise en charge thérapeutique débute la plupart du temps par un traitement médicamenteux. Il faut dire que généralement, les psychiatres nouvellement arrivés n’ont pas tous une connaissance culturelle suffisante pour une prise en soin globale du patient.

11 Exemple: selon leur origine culturelle, les familles demandent régulièrement à ce qu’un «guérisseur », un prêtre, un swami ou même quelque fois un « sorcier » interviennent dans le service auprès de leur patient. Des permissions sont aussi demandées pour que le patient aille « se faire exorciser ». Aussi, souvent les entretiens médicaux finissent sur ces mots: « Mi coné pi », « Mon têt’ lé vid »’ »Je ne sais pas  » « Ma pou bloqué »…  Tous ces mots traduisant la solitude élaboratrice, la rigidification et la rupture de la communication dont parle Mme M.Rose MORO

12 La Rencontre ne se fait pas
La Rencontre ne se fait pas. Elle n’est pas possible, chacun restant sur ses représentations. Dans ce cas, il ne serait plus question de « Soin », car le patient et sa CULTURE ne serait plus au centre de nos PREOCCUPATIONS…

13 La culture La Culture c’est « l’ensemble des usages, des coutumes, des manifestations artistiques, religieuses, intellectuelles qui définissent et distinguent un groupe, une société. Les valeurs, les croyances, les normes et les pratiques apprises et partagées par un groupe particulier et qui orientent leur pensée, modèlent leurs décisions et leurs actions. » 

14 Ces représentations culturelles varient d’une culture à une autre.
Elles permettent aux membres de cette société d’appréhender le Monde et d’attribuer un sens aux évènements d’une manière homogène, en leur favorisant une grille de lecture, transmise de façon implicite au travers de représentations culturelles communes.(Madeleine Leininger)

15 Pour des familles les rites et les croyances religieuses et/ou culturelles occupent une place importante dans leur quotidien. Pour beaucoup d’entre elles, l’abandon de ces « Pratiques et rituels », pourrait provoquer « le Malheur  ».

16 De la naissance à la mort, notre vie coule de passage en passage, étapes souvent difficiles et contradictoires; moments des crise, remise en question de soi, de ses valeurs…de ce qui fait une vie au quotidien. Il arrive que le mal soit tellement important et brutal qu’on ne sache plus quoi faire. Ceux qui nous entourent, familles, amis, sont parfois eux-mêmes déstabilisés. Quelque chose ne fonctionne plus. C’est souvent dans de telles conditions que nous arrivent nos patients.

17 C’est dans un contexte semblable que nous est arrivée Juline.

18 Histoire de Juline

19 Juline est un jeune malbaraise de 19 ans
Juline est un jeune malbaraise de 19 ans. Elle est hospitalisée pour troubles du comportement qui évoluent depuis 5 jours. Selon ses parents, depuis une vingtaine de jours, elle est instable, elle dort mal et ne s’alimente presque plus. Elle leur dit entendre des morts lui parler. Elle est agressive envers ses parents et utiliserait selon eux un langage incompréhensible.

20 A de nombreuses reprises elle a été retrouvée errante dan le quartier, comme guidée par ses hallucinations. Ne pouvant plus prendre en charge leur fille face à ce comportement, la famille consulte le médecin de famille qui prescrit l’hospitalisation.

21 L’HOSPITALISATION

22 L’ACCUEIL Dans le service la patiente est agitée, elle déambule, entre dans les bureaux de façon intempestive. Elle parle des « morts » qui lui donnent des ordres, qui la regarde « avec un regard méchant ». Elle est partiellement désorientée.

23 L’ENTRETIEN INFIRMIER
Dans le bureau, Juline adopte une attitude d’écoute. Elle nous dit avoir peur de ces voix qui lui parlent, nous fait part de son angoisse. Elle se coupe souvent de la réalité, se lève de sa chaise sous l’emprise de ses hallucinations. Elle ne comprend pas ce que disent ces voix. L’entretien est de courte durée du fait de son état.

24 1er Entretien avec la famille
La famille nous confirme le comportement de Juline depuis une vingtaine de jours. Les parents sont inquiets pour leur fille et culpabilisent de l’avoir fait hospitalisée. Pour eux rien ne laissait présager cette situation; pas de conflit dans la famille et sur le plan des études tout semble bien se passer. Pour eux Juline est une fille comme les autres.

25 LA PRISE EN SOIN Le médecin diagnostique une bouffée délirante aiguë ( BDA), et lui prescrit un traitement par neuroleptique et sédatif. Au bout de quelques jours l’état de santé de Juline s’améliore, mais persistent quelques éléments, entre autre des rêves récurrents, des morts lui rendent visite. La prégnance de cette relation morbide est importante.

26 Malgré une instabilité persistante, elle participe aux ateliers et s’adapte assez facilement à la vie du service. Au cours d’un entretien infirmier, elle nous fait part d’une relation amoureuse platonique avec un lycéen, créole. Ses parents ne sont pas encore informés de cette relation. La patiente est angoissée dès qu’elle aborde ce sujet.

27 2ème entretien avec la famille
Son père est coupeur de cannes et sa mère est femme au foyer et fait parfois quelques heures de repassage pour des particuliers. Juline a 2 grands frères et une sœur plus jeune qu’elle. Les parents la décrivent comme une fille docile et travailleuse, proche de sa mère. Elle est en Bac Pro secrétariat dans lycée du Sud.

28 La famille nous informe que l’apparition des troubles s’est faite progressivement, avec des attitudes d’écoute et une agitation nocturne. Les parents ne trouvent aucune explication rationnelle à la maladie de Juline et se questionnent sur un « un mauvais sort » jeté peut-être par « jalousie ». La famille se sent impuissante.

29 A l’interrogation du psychiatre quant à la présence des morts dans le discours de Juline, la mère parle de la relation affective importante de cette dernière avec sa grand-mère maternelle, décédée il y a environ 2 ans. Elle fait le lien entre les troubles de Juline et cet évènement.

30 Interprétation classique

31 Ce qui en ressort des entretiens individuels avec le médecin:
L’angoisse de Juline reste liée à sa relation amoureuse et au conflit qu’il pourrait engendrer. Se pose pour elle en effet la question sur leurs différentes pratiques religieuses et de l’importance qu’elle revêt pour sa famille.

32 L’instabilité, le sommeil et l’alimentation ne semblent pas présenter de particularités.
Les modifications intervenues sont directement liées à ses hallucinations qui ont d’ailleurs totalement disparus quelques jours après l’hospitalisation.

33 Le passage de l’adolescence à la vie de jeune femme paraît être une source d’inquiétude importante pour les parents, surtout pour la mère. La formation se déroulant loin du milieu familial, amplifie l’inquiétude de cette dernière, d’autant plus que Juline est amoureuse.

34 Au bout d’une dizaine de jours Juline va mieux, est plus stable, n’a plus d’attitude d’écoute et n’a plus d’hallucinations. Elle reste pourtant inquiète de la présence des morts dans ses rêves, persuadée que cela ne laisse rien présager de bon pour elle et sa famille. → Juline sort avec un traitement neuroleptique léger.

35 Trois semaines plus tard, elle se rend en consultation au CMP pour un RDV avec le psychiatre et un infirmier. Elle est accompagnée de sa mère. Depuis sa sortie elle a donc repris sa formation, cependant la présence de morts dans ses rêves perdure.

36 Interprétation à dimension culturelle

37 Juline et sa famille entretiennent une relation privilégiée avec un infirmier sensibilisé à l’impact des croyances dans les troubles psychiatriques.. Il aborde avec eux la protection des enfants chez les tamouls: Autour de la grossesse et de la naissance Autour des morts Il parle du mauvais sort et de la jalousie évoqués par la mère.

38 L’ IDE apprend ainsi que des offrandes à la déesse Pétiaye ( divinité d’origine tamoule invoquée pour la fécondité, la protection des femmes enceintes et des enfants), ont été faites pour tous les enfants. Cependant ces rituels se sont arrêtés depuis quelques années. Père et mère n’en disent pas plus sur ce sujet.

39 En ce qui concerne les naissances et les grossesses, la mère lui confie que son premier bébé, une fille, est mort-née. Elle confie son angoisse de perdre Juline quand elle a su le sexe de son bébé àl’échographie. Déjà chez sa propre mère existaient des problèmes liés à la naissance des filles.

40 Il apprend aussi que la grand-mère jouait un rôle très important dans la régularité des rituels de protection des enfants. C’était en effet celle-ci qui rappelait aux parents les dates des cérémonies. Concernant la possibilité d’un « mauvais sort », les parents parlent des discordes au sein de leur famille, de la jalousie et des ruptures de relation. La relation particulière de Juline et sa grand-mère semblait être mal vécu par le reste de la famille.

41 A la visite suivante la mère raconte à l’IDE qu’elle a rêvé, deux nuits de suite, qu’une femme toute vêtue de noir venait la voir et que cela lui semblait signifier quelque chose. Un travail se fait alors autour de ces rêves, du sens que cela peut avoir dans sa culture.

42 Plusieurs hypothèses sont émises:
Le visage de la grand-mère venant signifier quelque chose. Rappel par une figure divine de la nécessité de reprendre leur rituel. Annonce de mauvais présages.

43 La possibilité pour la famille d’utiliser les éléments culturels pour expliquer les difficultés de leur fille crée une véritable dynamique. L’ALLIANCE THERAPEUTIQUE EST FORTE!

44 L’importance de la prise en compte des cultures en soins psychiatriques

45 L’histoire de Juline n’est pas unique
L’histoire de Juline n’est pas unique. Elle nous rappelle que de nombreuses autres histoires prennent du sens quand on accorde aux patients et à leurs familles la possibilité de parler d’eux, avec leurs mots, leur ressenti en faisant référence aux « maux » de leur culture. Ce qui nous montre encore une fois comment l’appartenance à une culture, à une religion, structure notre perception du monde.

46 Dans le cadre des soins de santé mentale, la culture a des répercussions sur la façon dont les gens:
qualifient et communiquent leur détresse; expliquent les causes des problèmes de santé mentale; perçoivent les soignants et utilisent les traitements et y réagissent.

47 Traditionnellement, la culture offre un soutien lors des étapes de passage qui scandent le cycle de la vie: naissance, adolescence, mariage, mort. L’Homme moderne est supposé trouver en lui-même les ressources pour franchir les étapes et les épreuves de cette vie. Mais en cas de crise, souvent, l’Homme qui ne s’est pas approprié sa propre culture, n’a d’autre recours que de se tourner vers un psychothérapeute.

48 Refuser le cadre des traditions culturelles, religieuses ou scientifiques pourrait contraindre à affronter seul le réel.

49 Notre pratique au quotidien nous apprend que le traitement des seuls symptômes ne soigne pas ce qui est la cause du mal-être, de la souffrance, de la limitation dans la communication avec les autres. Toute maladie a une signification et celle-ci est confrontée aux multiples interprétations: - celle du soignant qui renvoie à la culture savante. - celle du patient, de la famille, qui renvoie au vécu.

50 L’histoire de Juline nous montre à quel point l’alliance thérapeutique , le travail d’élaboration et d’historisation de la maladie, ont permis une prise en soins efficace. L’intérêt et le respect du soignant, pour la pratique religieuse et culturelle de cette famille, ont été bénéfiques à une évolution très favorable.

51 Notre expérience réunionnaise nous montre que la prise en compte de la culture dans la prise en soins des patients, est un élément incontournable en psychiatrie. Prendre en charge et parler de la maladie mentale à La Réunion, nous appelle à porter un autre regard sur celle-ci; car le Vécu de la maladie et les explications qui s’y rapportent sont tributaires de la culture locale.

52 « La culture, au cœur de nos préoccupations »…
Conclusion Nous pouvons donc l’Affirmer et le Confirmer: « La culture, au cœur de nos préoccupations »…

53 Mme Mammosa Mylène, Infirmière D.E en Psychiatrie III. CHR
ST PIERRE. Mme Caro Maud, Cadre de santé PAV7 Psychiatrie III. CHR St PIERRE. Mme Lebon Isabelle, Infirmière D.E en psychiatrie III CHR St PIERRE.


Télécharger ppt "La culture au cœur de nos préoccupations…"

Présentations similaires


Annonces Google