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Roman de Léo Beaulieu Tous droits réservés

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Présentation au sujet: "Roman de Léo Beaulieu Tous droits réservés"— Transcription de la présentation:

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2 Roman de Léo Beaulieu Tous droits réservés
20 Chapitre 2 Fin Chapitre 3 Début

3 Chapitre 2 Fin Tous les lundis, c’était la corvée de la lessive à la résidence et, assignée à cette tâche ingrate, Édith se hâtait à terminer sa besogne afin de rencontrer Billy, au poulailler. Habituellement, le jeune homme s'y pointait vers les treize heures. Ce jour-là, elle avait décidé que le moment était venu de faire le grand saut. Elle ne disposait pas autant d’argent qu’elle croyait suffisant pour une autre fugue, mais de cette vie, elle n’en pouvait plus. En effet, continuer à se faire exploiter par David, être harcelée par le cuisinier et travailler comme une mercenaire, c’était devenu une existence insupportable à subir quotidiennement.

4 Machinalement, tout en faisant le tri des vêtements de couleur foncée de ceux qui étaient blancs, elle s’assurait également que toutes les poches étaient vides. Avec dédain, elle tenait du bout des doigts la salopette encrassée de David. S'apprêtant à la lancer dans le tas de linges foncés, soudainement, l’idée lui vint du billet de 20 dollars que David avait enfoui dans une des poche de cette vieillerie . Malgré l’apparence dégoûtante de la vieille combinaison entachée d’huile et de sang séché, elle passa sa main dans les énormes poches. – Si jamais il avait pu l’oublier ! Elle tâte avec minutie répugnante tout au fond pour en ressortir un billet froissé. - Bravo ! Maintenant, je suis plus assurée d’avoir suffisamment d’argent pour mettre mon plan en marche ! Elle examine avec soin le billet, se demandant s’il était suffisamment acceptable pour ne pas soulever de questions. Certes, une tache d’huile ici et là, une goutte de sang du lièvre éventré qui avait éclaboussé et imbibé la salopette. – Il me semble en bon état malgré les taches ! et l’enfouit prestement dans sa chemisette.

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6 Treize heures ! À trier les œufs, au poulailler, Édith attend fébrilement l’arrivée de son « sauveur ». Préparé à cet effet depuis quelques semaines déjà, son sac d’école rempli de trucs utiles lui servira pour le voyage. – Enfin, qu’est-ce qu’il fait donc ? Normalement, je suis de retour à la buanderie pour le repassage avant 13heures et demie. C’est curieux ! Surtout qu’il se pointe au poulailler toujours avant moi. David va certainement se douter de quelque chose ! Qu’est-ce qui peut bien le retarder aujourd’hui ? Le moment est mal choisi ! Les yeux collés dans l’écart de deux vieilles planches du mur de la bâtisse, elle épie le moindre bruit et attend avec anxiété l’arrivée de Billy. Oh ! Malheur ! Qu’aperçoit-elle ? David, venant en direction du poulailler.

7 – Mon plan est foutu encore une fois. Qu’est-ce que je vais faire
– Mon plan est foutu encore une fois ! Qu’est-ce que je vais faire ? Affolée, elle se hâte de cacher son sac dans un coin de la grande bâtisse pour aller hypocritement à la rencontre de David. – Billy est en retard ? lance David. Et sans rien ajouter, ni attendre de réponse, il poursuit son chemin vers la grande remise afin de vérifier et réparer une pièce d’équipement quelconque servant à la culture de ses potagers. Pendant un court instant, Édith reste figée comme une statue, jusqu’à ce que le son aigu du klaxon de la camionnette de Billy qui arrive à toute vitesse, la ramène à la réalité. – Vite Billy ! Nous devons nous hâter et charger les œufs dans la camionnette. Je dois absolument te raccompagner au village, j’ai des courses à faire.

8 – Oh ! J’sais pas là ! Mon père m’a bien interdit de prendre quelqu’un à bord de la camionnette ! réplique le jeune Billy, troublé de devoir refuser la demande de sa chère Édith. Alors, Édith se voulant convaincante, s’avance près de la fenêtre de la camionnette, grimpe sur le marchepied, avance la tête dans l’embrasure, prend le jeune adolescent par le cou et l’embrasse langoureusement. Fatalement, comme si de rien n’était, ayant chargé les œufs dans le véhicule, elle monte à bord et prend place à côté du jeune Billy, son sac d’école accroché autour du cou. Un présage peut-être, de sa façon d’opérer qu’elle utilisera dans l’avenir pour obtenir tout ce qu’elle désirera. Qui sait ? Fin du Chapitre 2

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10 Chapitre 3 La tache de boue Segment 1

11 Édith attendait fiévreusement l’autobus qui l’amènerait à la grande ville. À la fois songeuse et inquiète de ne pas avoir toutes les réponses à la rafale de questions qui se déroulait dans sa tête, une panique bien normale dans son cas commençait à la tenailler. Quelques courtes minutes encore et elle s’engagerait dans un voyage sans retour, son sort scellé à tout jamais. C’est ce qu’elle avait toujours désiré, d’ailleurs. Mais là, alternant entre la réalité du présent et la vision de l’avenir, elle commençait à mettre en doute la sagesse de sa décision. – Que ferai-je une fois rendue en ville ? Il ne me reste que le billet de vingt dollars et quelques grenailles pour payer mon passage et je devrai me trouver une place pour dormir dès mon arrivée. Je ne connais personne dans cette grande ville, sauf une vieille tante qui est peut-être décédée depuis longtemps ? Donc, pour réussir ma cavale, il faut éviter à tout prix les soupçons une fois rendue ; on me ramènerait rapidement au foyer si on me prenait à vagabonder avec mon sac d’école dans les rues. Bah ! Et puis… maintenant que le tout est enclenché, inutile de me tourmenter davantage avec tout ça. Je verrai au fur et à mesure des événements… Une chose est sûre : rien ne peut être pire que la vie au foyer d’accueil ! Jamais, je n’y retournerai, je me le promets, jamais !

12 Le bruit strident des freins à air comprimé de l’autobus fait sortir Édith de ses songes. La portière s’ouvre pour laisser débarquer quelques passagers, des inconnus. Aussitôt le dernier voyageur descendu, Édith est déjà auprès du conducteur. Ce dernier, un peu ennuyé d’être contraint à compter la petite monnaie que la fugueuse lui avait vidée dans les mains. – Attends un peu, petite, tu m’en as trop donné ! Tiens, reprends ces quelques pièces ! Édith réprime un sourire de contentement et accepte les pièces en trop avant de se précipiter vers le grand siège, à l’arrière. Quasiment toutes ses économies, sauf son billet de vingt dollars, y sont passées. Assise au bord de la fenêtre, elle se fait toute petite pour éviter d’attirer l’attention. Lorsque le bus démarre, elle ne peut s’empêcher de pousser un grand soupir de soulagement et presque à haute voix : – Enfiiiiiin, la liberté ! Merci, mon Dieu !

13 Obsédée par ce départ précipité, Édith regardait évasivement défiler les vieilles maisons du village et la dernière, l’épicerie. Grâce à ce commerce tout au moins au fils de l’épicier, elle prenait place enfin dans ce bus en direction de la fabuleuse grande ville de New York. Elle fantasmait déjà sur ses futures sorties dans les grands restaurants, des belles toilettes qu’elle porterait, mais principalement de l’autonomie qu’elle n’avait jamais connue auparavant. À cet âge, tous les rêves sont permis et semblent sans conséquences. Plutôt insouciante, la petite n’avait jamais vraiment considéré la manière dont elle s’y prendrait pour gagner de l’argent, une fois rendue à destination. Outre sa tante qui l’hébergerait, il lui faudrait du travail. Un aspect pourtant très important à envisager qu’elle avait mis de côté, quitte à y voir plus tard, une fois installée… C’est bien là une priorité négligeable pour plusieurs jeunes, mais surtout pour Édith qui, en ce moment, avait beaucoup de soucis à régler en même temps…

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15 À travers la vitre, d’immenses prairies déroulaient tel un diaporama de scènes en tout point pareilles et interminables ! Tout à coup, la silhouette de la maison d’accueil se dessinant graduellement au loin, inconsciemment, Édith se fit encore plus menue et s’enfouit davantage dans son siège de peur d’être vue par quelqu’un de la maison. Réaction infantile et sans raison puisque à la vitesse de l’autocar, c’était impossible pour quiconque de voir et encore moins de reconnaître les passagers. Pourtant, Édith a eu l’impression, elle, de distinguer ses anciennes consœurs Sylvia et Margaret, vêtues du traditionnel costume bleu marine assorti d’un collet et des poignets blancs qu’elle-même portait toujours dans sa fuite. Oui, c’était bien elles, les favorites de David qui s’amusaient avec un ballon dans la cour avant du domaine. Cette scène ajoutait à son amertume en songeant aux injustices et à cette cruauté déguisée qui sévissaient à l’intérieur des murs de cette maison.

16 – A quoi ont-elles été contraintes pour plaire à David et jouir ainsi de favoritisme ? Si, moi aussi, j’avais pu profiter de sa clémence au lieu d’en être soustraite et devoir répondre aux tâches répugnantes qu’il m’imposait, je n’en serais peut-être pas à chercher d’autres cieux… et risquer le peu que je possède. Lentement, le profil macabre de la résidence s’envolait… ne restant plus que l’hostile silhouette noire devant le faible soleil couchant de la fin novembre 1975. – Tant de mauvais souvenirs… derrière moi ! Tellement, que d’y repenser, des sueurs froides perlèrent sur son front.

17 – Maintenant, je dois absolument me débarrasser de ce costume ! C’est une menace pour moi… Pourquoi n’y ai-je donc pas pensé plus tôt ? Je serai reconnue dans cette tenue et je devrai produire des réponses à plusieurs questions ! réalise-t-elle soudainement à la vue des deux filles qui se récréaient à l’extérieur du foyer. Rapidement, elle se met à l’œuvre et commence à morceler de ses incisives le fil qui retient les poignets blancs de sa robe. Puis, avec beaucoup de persistance, c’est le collet blanc. Par la fenêtre du bus, tout disparaît pour son plus grand apaisement. – Oufffff ! Enfin, c’est un début ! Ce geste symbolique devenait pour elle une sorte de cérémonial ; elle se séparait à tout jamais du passé… un passé malheureux et triste qu’elle ne voulait plus revivre ; désormais ce serait différent… très différent. - Je ferai tout ce qui est nécessaire pour changer mon destin… Promis ! À suivre…

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19 Roman inédit de Léo Beaulieu Tous droits réservés - 2006
Trame musicale : Seul De Michel Cusson Photos de : Pierrette Beaulieu


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