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Choix de poèmes de Daniel Villaperla Période du 9-6 au (N°33)

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Présentation au sujet: "Choix de poèmes de Daniel Villaperla Période du 9-6 au (N°33)"— Transcription de la présentation:

1 Choix de poèmes de Daniel Villaperla Période du 9-6 au 28-6-2008 (N°33)
Attendez que la musique de Mozart démarre et prenez le temps d’apprécier les textes poétiques que vous aimez dans cette sélection… Les diapositives changent au clic de la souris

2 Voie lactée ô soeur lumineuse Des blancs ruisseaux de Chanaan Et des corps blancs des amoureuses Nageurs morts suivrons nous d'ahan Ton cours vers d'autres nébuleuses Regret des yeux de la putain Et belle comme une panthère Amour vos baisers florentins Avaient une saveur amère Qui a rebuté nos destins Ses regards laissaient une traîne D'étoiles dans les soirs tremblants Dans ses yeux nageaient les sirènes Et nos baisers mordus sanglants Faisaient pleurer nos fées marraines Mais en vérité je l'attends Avec mon cœur avec mon âme Et sur le pont des Reviens-t'en Si jamais reviens cette femme Je lui dirai Je suis content Mon cœur et ma tête se vident Tout le ciel s'écoule par eux O mes tonneaux des Danaïdes Comment faire pour être heureux Comme un petit enfant candide Je ne veux jamais l'oublier Ma colombe ma blanche rade O marguerite exfoliée Mon île au loin ma Désirade Ma rose mon giroflier Les satyres et les pyraustes Les égypans les feux follets Et les destins damnés ou faustes La corde au cou comme à Calais Sur ma douleur quel holocauste Douleur qui doubles les destins La licorne et le capricorne Mon âme et mon corps incertains Te fuient ô bûcher divin qu'ornent Des astres des fleurs du matin Malheur dieu pâle aux yeux d'ivoire Tes prêtres fous t'ont-ils paré Tes victimes en robe noire Ont-elles vainement pleuré Malheur dieu qu'il ne faut pas croire Et toi qui me suis en rampant Dieu de mes dieux morts en automne Tu mesures combien d’empans J'ai droit que la terre me donne O mon ombre ô mon vieux serpent Au soleil parce que tu l'aimes Je t'ai mené souviens-t'en bien Ténébreuse épouse que j'aime Tu es à moi en n'étant rien O mon ombre en deuil de moi-même L'hiver est mort tout enneigé On a brûlé les ruches blanches Dans les jardins et les vergers Les oiseaux chantent sur les branches Le printemps clair l'Avril léger Mort d'immortels argyraspides La neige aux boucliers d'argent Fuit les dendrophores livides Du printemps cher aux pauvres gens Qui ressourient les yeux humides Mais moi j'ai le cœur aussi gros Qu'un cul de dame damascène O mon amour je t'aimais trop Et maintenant j'ai trop de peine Les sept épées hors du fourreau Sept épées de mélancolie Sans morfil ô claires douleurs Sont dans mon cœur et la folie Veux raisonner pour mon malheur Comment voulez-vous que j'oublie. Guillaume Apollinaire

3 Si je mettais ton nom à la cime des arbres Sur chaque feuille, chaque étoile, Dans le creux de ma main Ce serait un fruit d'or, La nature qui s'offre en pleine floraison. Mais si je le criais Ce serait un orage. Je dis ton nom en moi En sentant des parfums Qui le disent tout haut. Cœur en croix, eau fuyante, Tu tisses autour de moi un rideau de silence. Je dévide un à un les fils ténus De ta présence Et autour de ta vie Je bâtis le mur dur, Je bâtis le mur haut Où vit ma déraison. Si je mettais mon cœur Aux pieds de ma décence Sur l'herbe de l'amour, Lit vert, tendre calice, Ce serait l'absolu, Ton nom, puis le silence. Marie Bataille Toi

4 La nuit La nuit ferme les yeux du lac aux longs mystères, L’indolente se glisse au creux de la vallée ; Les noctuelles bleues tournoient dans la tourbière : Voilà l’heure plaintive aux songes envolés. Immobile et confuse, une lune s’invente Un rêve de fraîcheur baigné de rayons d’or : Pudiquement voilée de brume ourlée d’aurore, Son halo blanc trempé dans les algues dormantes… Le lac est un miroir à peine perceptible, Un frisson révélé de vague et de murmures, Une traîne légère, ornant les dentelures D’un monde évanescent, silencieux, impassible. Quel cerf viendra ce soir troubler ces eaux luisantes, Quel roi de ces forêts, de ces halliers sauvages ? Il surgira, furtif, écartant les branchages, Craintif, pourtant superbe en sa course fuyante. L’apparence est trompeuse et l’ombre mensongère : On croit se retrouver pour mieux se perdre encore ! La nuit tisse sa toile au milieu des bruyères, Sous le regard absent de la mariée d’or. Anne Marie Charpentier Flickerings0ul

5 JE SUIS Je suis la pluie qui recouvre la lande esseulée Je suis le vent qui dénude les arbres fragiles Je suis le désordre qui habite tes pensées Je suis le trouble qui court, tel un reptile Sur ton âme égarée dans la douce folie Je suis le mystère qui pénètre ta chair Je suis le désir accroché à aujourd'hui Je suis le silence qui parle à la terre Je suis les pleurs qui agonisent à l'infini Je suis l'île qui accueille les faux départs Je suis l'asphalte de l'amour désemparé Je suis la clairière d'un triste pouvoir Je suis l'arme qui annihile le passé Je suis l'écran qui cache les mots Je suis la lumière qui cogne Au cœur de l'émoi tendre et chaud Je suis le désespoir qui rogne Les attentes dénudées du cœur Je suis la tentation déchirante Je suis la fièvre qui allume la passion Je suis l'absence impertinente Je suis le crépuscule de la raison Je suis la démesure dans le charnel Je suis l'exil de l'esprit Je suis la flétrissure dans l'irréel Je suis le déchirement de la vie Je suis le feu qui consume Le brasier de ton regard Je suis cette pauvre plume Qui écrit pour toi, trop tard. Sedna BlackCarrionRose

6 La fille qui m'accompagne
Elle parle comme l'eau des fontaines Comme les matins sur la montagne Elle a les yeux presque aussi clairs Que les murs blancs du fond de l'Espagne Le bleu nuit de ses rêves m'attire Même si elle connaît les mots qui déchirent J'ai promis de ne jamais mentir À la fille qui m'accompagne Au fond de ses jeux de miroirs Elle a emprisonné mon image Et même quand je suis loin le soir Elle pose ses mains sur mon visage J'ai brûlé tous mes vieux souvenirs Depuis qu'elle a mon cœur en point de mire Et je garde mes nouvelles images Pour la fille avec qui je voyage On s'est juré les mots des enfants modèles On se tiendra toujours loin des tourbillons géants Elle prendra jamais mon cœur pour un hôtel Je dirai les mots qu'elle attend Elle sait les îles auxquelles je pense Et l'autre moitié de mes secrets Je sais qu'une autre nuit s'avance Lorsque j'entends glisser ses colliers Un jour je bâtirai un empire Avec tous nos instants de plaisirs Pour que plus jamais rien ne m'éloigne De la fille qui m'accompagne On s'est juré les mots des enfants modèles On se tiendra toujours loin des tourbillons géants Je prendrai jamais son cœur pour un hôtel Elle dira les mots que j'attends Elle sait les îles auxquelles je pense Et l'autre moitié de mes délires Elle sait déjà qu'entre elle et moi Plus y a d'espace et moins je respire. Francis Cabrel La fille qui m'accompagne

7 Quand tu dormiras sous les roses, Dans la nuit calme et la fraîcheur, Te souviendras-tu de la lumière de l'été, Des clairs chemins ensoleillés, Du charme léger des nuages ? Quand tu dormiras sous les roses, Entendras-tu le souffle de l'orage Et dans le ruissellement doux de la pluie Le soupir de l'oiseau Sur la feuille éplorée ?... Quand tu dormiras sous les roses, Sentiras-tu le baiser de la brise Et son divin message Aux parfums exaltés ?... Quand tu dormiras sous les roses, Chercheras-tu mon regard Et reconnaîtras-tu ma voix Dans l'ombre plaintive du soir ?... Quand tu reposeras sous les roses, M'offriras-tu ton plus pur sommeil Et ton ultime prière ? Que s'épanchent pieusement mes larmes Entre tes lèvres extasiées Et tes deux mains d'éternité... Marie-Amélie Chavanne Elégie Lafia_Stock

8 Un jardin suspendu à Paris   Un sublime jardin où ma faim reste sans fin… En cadence, des couleurs rutilantes dansent… Les fleurs nous invitent en offrant leur cœur… A découvrir le bonheur de l’essence du plaisir… Les cactées rangées souvent moins appréciées… Avec leurs frimousses osées nous ressourcent… Un univers magique où rien ne peut se taire… Un petit espace, grand, car la beauté surpasse… Cette dentelle florale sollicite les sens en appel… Qui est ce maître en herbes qui nous exacerbe… Un chef d’orchestre fertilisant un sol rupestre… D’une féerie fantastique créant une mélodie… De cette éminente découverte qui m’est offerte… Le saphir de mes yeux brille de beaux zéphyrs… Je cultiverai les mots sans jamais vous oublier… Christianne Renneau Rghuonnna

9 Ô ma chère compagne, Mon amie de toujours, Si je devais au bagne Y terminer mes jours Tu viendrais avec moi Y partager ma peine; Et, si j'étais un roi, Tu serais souveraine. Seule ta fidélité Se meurt dans la pénombre, Mais je suis rassuré Puisque tu es mon ombre. Jack Harris Ô ma chère compagne

10 Au naturel   Friselis de l'eau pure Qui part à l'aventure Apportant ses murmures Au vent qui s'émerveille Frisettes et frisures Végétale toiture Feuillage en découpures Sur le ciel O ciel ! Que la nature Est belle !   Marcek

11 Jean-Baptiste Poquelin, dit MOLIERE Stances galantes
Souffrez qu'Amour cette nuit vous réveille ; Par mes soupirs laissez-vous enflammer ; Vous dormez trop, adorable merveille, Car c'est dormir que de ne point aimer. Ne craignez rien ; dans l'amoureux empire Le mal n'est pas si grand que l'on le fait Et, lorsqu'on aime et que le cœur soupire, Son propre mal souvent le satisfait. Le mal d'aimer, c'est de vouloir le taire : Pour l'éviter, parlez en ma faveur. Amour le veut, n'en faites point mystère. Mais vous tremblez, et ce dieu vous fait peur ! Peut-on souffrir une plus douce peine ? Peut-on subir une plus douce loi ? Qu'étant des cœurs la douce souveraine, Dessus le vôtre Amour agisse en roi ; Rendez-vous donc, ô divine Amarante ! Soumettez-vous aux volontés d'Amour ; Aimez pendant que vous êtes charmante, Car le temps passe et n'a point de retour. Jean-Baptiste Poquelin, dit MOLIERE Stances galantes

12 Au bord de l'amitié Au bord de l’amitié se dresse hélas, l’oubli
Au bord de l'amitié   Au bord de l’amitié se dresse hélas, l’oubli. Joyeux châteaux qui s’effondrent s’ils sont vides, Les foyers s’éteignent avec le temps des rides. L’ami navigue sans toi, s’efface vers sa vie ! Il reste, emprisonné dans les murs du cœur, Une parcelle d’histoire, un souvenir commun, L’image d’un bonheur, et le sourire lointain. Vois celui qui s’est lié et n’a pas oublié. Emporte avec lui les images d’autrefois ! Regarde, il est ailleurs avec un peu de toi ! Au bord de l’oubli se dresse, ô joie ! L’amitié !   Nicolas de Rosanbo CAGATAYATASAGUN

13 Un petit nuage de bonté   C'était un petit nuage de bonté qui déambulait vaguement triste dans le ciel, un ciel bleu, limpide comme la cruauté.C'était un homme. (Un homme… est-ce possible quand sous la fière carapace des ans, on porte comme un enfant un petit paquet de terreur muette qui ne s'avoue pas être ?) C'était un homme donc, à sa fenêtre, par dessus les toits de la ville, qui observait un petit nuage trop frêle et petit pour soulager son âme défaite. Et rien, rien dans cette prison sans murs pour soulager son âme défaite. Mais quel homme aussi seul eût cherché secours auprès d'un simple petit nuage de bonté déambulant dans le ciel lisse d'un dimanche d'août ? Quel homme ? Lourd est le regard de l'homme, trop lourde sa solitude pour voyager dans le ciel… Alors le petit nuage de bonté se sentant inutile s'évanouit dans la nue comme neige au soleil, laissant l'homme contrit arrimé au silence de la ville. Jacques ROLLAND creamyfraizzz

14 Tant Claude Roy Tant je l’ai regardée caressée merveillée Et tant j’ai dit son nom à voix haute et silence Le chuchotant au vent le confiant au sommeil Tant ma pensée sur elle s’est posée reposée Mouette sur la voile au grand large de la mer Que même si la route où nous marchons l’amble Ne fut et ne sera qu’un battement de cil du temps Qui oubliera bientôt qu’il nous a vus ensemble Je lui dis chaque jour merci d’être là Et même séparés son ombre sur un mur S’étonne de sentir mon ombre qui l’effleure. broken_rose_petals

15 Chanson de Barberine   Beau chevalier qui partez pour la guerre, Qu'allez-vous faire Si loin d'ici ? Voyez-vous pas que la nuit est profonde, Et que le monde N'est que souci ? Vous qui croyez qu'une amour délaissée De la pensée S'enfuit ainsi, Hélas ! hélas ! chercheurs de renommée, Votre fumée S'envole aussi. Beau chevalier qui partez pour la guerre, Qu'allez-vous faire Si loin de nous ? J'en vais pleurer, moi qui me laissais dire Que mon sourire Etait si doux.   Alfred de Musset peachysticks

16 Notes Nocturnes   Il y avait (dans une chambre Où nous ne sommes plus) Un lit désordonné, A croire que la nue brûlante L'avait défait Comme on déchire une chemise. Plus tard viendront les larmes, Celles qui cousent un fois pour toutes Le fourreau de drap rêche.   Philippe Jaccottet PerryGallagher

17 A bras le cœur ! A bras le cœur je prends ce que la vie ordonne De l'aube au crépuscule, acceptant ses propos, Même quand tout espoir quelquefois m'abandonne ; Il est vrai que son train n'est pas de tout repos Dans ce monde actuel dont la folie éprouve, Mais pour mieux l'affronter je suis toujours dispos ! Qu'elle ait tort ou raison, tantôt je la réprouve Lorsque sa dure loi néglige mon effort, Alors que du succès si près je me retrouve ; Néanmoins dans ses yeux, cherchant du réconfort, Je peux lire : "Vas-y ! L'important c'est de vivre" Et, pour encor me battre, elle me rend plus fort. Dans les moments de doute où j'ai peine à la suivre Je revois ses bonheurs : ils relancent mon pas, Car leur doux souvenir de mes peurs me délivre. Grâce à ce chant serein, vous me croirez ou pas, Je peux, sans désespoir, avec tout mon courage Supporter ses tourments, et ce jusqu'au trépas. Comment ne pas aimer sa douceur ou sa rage, Sentir vibrer sa flamme est pour moi plus qu'un don. Si parfois il m'arrive, aux gifles d'un orage, D'avoir le cœur amer, j'en demande pardon. Johanne Auber

18 Oh! qu'une, d’Elle-même, un beau soir, sût venir Ne voyant plus que boire à mes lèvres, où mourir!... Oh! Baptême! Oh! baptême de ma Raison d’être! Faire naître un « Je t’aime!. »Et qu'il vienne à travers les hommes et les dieux, Sous ma fenêtre, Baissant les yeux! Qu'il vienne, comme à l'aimant la foudre, Et dans mon ciel d'orage qui craque et qui s'ouvre, Et alors, les averses lustrales jusqu'au matin, Le grand clapissement des averses toute la nuit! Enfin! Qu'Elle vienne! et, baissant les yeux Et s'essuyant les pieds Au seuil de notre église, ô mes aïeux Ministres de la Pitié, Elle dise : « Pour moi, tu n'es pas comme les autres hommes, « Ils sont ces messieurs, toi tu viens des cieux. « Ta bouche me fait baisser les yeux « Et ton port me transporte « Et je m'en découvre des trésors! « Et je sais parfaitement .que ma destinée se borne « (Oh, j'y suis déjà bien habituée!) « te suivre jusqu'à ce que tu te retournes, « Et alors t'exprimer comment tu es! « Vraiment je ne songe pas au reste; j'attendrai « Dans l’attendrissement de ma vie faite exprès. « Que je te dise seulement que depuis des nuits je pleure, « Et que mes sœurs ont bien peur que je n'en meure. « Je pleure dans les coins, je n'ai plus goût à rien; « Oh, j'ai tant pleuré dimanche dans mon paroissien! « Tu me demandes pourquoi toi et non un autre, « Ah, laisse, c'est bien toi et non un autre. « J'en suis sûre comme du vide insensé de mon cœur « Et comme de votre air mortellement moqueur. » Ainsi, elle viendrait, évadée, demi-morte, Se rouler sur le paillasson que j'ai mis à cet effet devant ma porte. Ainsi, elle viendrait à Moi avec des yeux absolument fous, Et elle me suivrait avec ces yeux-là partout, partout! Jules Laforgue DarkLadyKim

19 TOI SANS MOI   Toi et moi, Nous avons tant vécu, Tant subi les jours, Des aubes jusqu'aux lunes, Pétri tant d'angoisses, Accosté tant d'imprévus, L'un et l'autre, L'un sans l'autre Que maintenant si tu partais, Je craindrais ces portes basses Qui s'entrouvrent, là-bas ou là-haut, Sur des champs de cécité Dans le lait du ciel. Toi sans moi. La barque s'éloigne, Et toujours je te vois Dans un miroir courbe.. François Rivals

20 Laisse-moi fuir Laisse-moi fuir, Etre libre (Du vent pour mon arbre
Laisse-moi fuir   Laisse-moi fuir, Etre libre (Du vent pour mon arbre ! De l’eau pour ma fleur !) Vivre de soi à soi Et noyer les dieux en moi Ou écraser leurs têtes vipérines sous mon pied. Pas d’espace, dis-tu, pas d’espace, Mais tu ne m’y incluras pas Même si ta cage est robuste. Ma force sapera ta force ; Je déchirerai l’obscur nuage Pour voir moi-même le soleil Pâle et déclinant, pousse atroce.   Dylan Thomas jesiel

21 En vain ai-je cherché une place au soleil sur la plage déserte de l'oubli, là où les sirènes envoûtent les matelots étourdis et où la lune, pour consolider l'antique pacte d'amour, danse avec le soleil au son des vagues. Les sentiments dorment au calme entre les rochers et le bonheur plane avec les goélands. J'ai erré en délire telle une naufragée sans passé ni avenir et j'ai cherché, vainement cherché, puis quelqu'un m'a dit que les révolutions se font avec le coeur et depuis je ne pense plus à cette plage de l'oubli. Lia Révolutions

22 Pleurer intérieurement
Pleurer intérieurement Sans qu'une larme coule, Lorsque face au tourment Le cœur se serre en boule. La somme d'émotions Soudain accumulées Bloque toute expression Et ne peut s'évacuer. Sentiment d'impuissance Ou de déchirement ; En état de souffrance, Pleurer intérieurement.  Nadeige Bajzik

23 Sonnet liminaire   Joris Karl Huysmans Des croquis de concert et de bals de barrière ; La reine Marguerite, un camaïeu pourpré ; Des naïades d'égout au sourire éploré, Noyant leur long ennui dans des pintes de bière ;Des cabarets brodés de pampre et de lierre ; Le poète Villon, dans un cachot, prostré ; Ma tant douce tourmente, un hareng mordoré, L'amour d'un paysan et d'une maraîchère : Tels sont les principaux sujets que j'ai traités : Un choix de bric-à-brac, vieux médaillons sculptés, Émaux, pastels pâlis, eau-forte, estampe rousse, Idoles aux grands yeux, aux charmes décevants, Paysans de Brauwer, buvant, faisant carrosse, Sont là. Les prenez-vous ? A bas prix je les vends.

24 La brodeuse   Sous la coiffe opaline s'évasent en douceur Des fils de lumière aux reflets irisés. Posée, sur l'acajou précieux d'une petite table, Tendue à l'extrême dans des cerceaux de bois, Une blanche batiste ceinturée de dentelle, Dévoile pudiquement sa fantaisie de points. Délicatement brodées sur le cœur de la toile, Deux initiales aux jambages élégants et racés S'enlacent et s'élancent en arabesques fines Retenue prisonnière dans un fil de l'ouvrage, Une aiguille minuscule, à la langue effilée Entame le serpentin d'un filet ajouré, Ciselé sur la pureté du lin du délicat mouchoir. Sous la voûte neigeuse de ses cheveux soyeux, La tendresse infinie de ses yeux occultée, Je crois bien que ma grand-mère sommeille. Alors, sans mot dire, je m'approche et me risque, À broder de mes lèvres sur la peau de sa main d'artiste, Le tracé d'un baiser parfumé de mon amour pour elle. Marybé

25 Plic, ploc… Je compte les larmes : Une, deux, trois, quatre, cinq, six
Plic, ploc… Je compte les larmes : Une, deux, trois, quatre, cinq, six! Mon verre est rempli. Je le bois, Tant qu'à faire. Il faut le remplir à nouveau. Mes réserves tombent drues, A côté. Un coup dans l'eau! Eau salée le long de mes joues, Le long de mes bras, Partout autour de moi. Ma moquette se tache de sel. Mes larmes, par terre, Pour qui? Pour personne, Comme ça, Pour les mettre à la ligne. Les larmes, les larmes, mes larmes S'en vont si vite. Elles sont simples et chaudes Et me tiennent compagnie. Stéphanie Parent westia

26 Moi Moi, moi même Moi, plein de toutes les fatigues Que le monde peut offrir. Moi ... Finalement, tout; Parce que tout est moi. Même les étoiles, à ce qu'il paraît, Me sont sorties des poches pour émerveiller les enfants Quels enfants je ne sais ... Moi Imparfait ? Inconnu ? Divin ? Je ne sais ... Moi Ai-je eu un passé ? Sans doute ... Ai-je un présent ? Sans doute Aurais-je un avenir ? Sans doute Que la vie s'arrête au fur et à mesure ... Mais moi, moi Je suis moi Je reste moi. Moi Fernando Pessoa Moi

27 Nymphe   Vivre sa collerette Pour une pensée, pour une ivresse Rose ceinte et levrette Pour un baiser d'or, perle au front Vivre honnête, éthéré, En ses charmes légers, aimés Enivré à perdre haleine Perché sur son ventre, à surnager À l'ombre blanche de ses forts Pointe l'aurore des corps Entre deux étoiles, une absence Qui plonge au sol, ravie Et puis son sourire, très fort Pour vous rendre heureux La fleur aux lèvres, à ses seins Abandonné, puisant très fort. Jean-Jacques REY

28 Ophélie Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles La blanche Ophélia flotte comme un grand lys, Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles On entend dans les bois lointains des hallalis. Voici plus de mille ans que la triste Ophélie Passe, fantôme blanc, sur le long fleuve noir; Voici plus de mille ans que sa douce folie Murmure sa romance à la brise du soir. Le vent baise ses seins et déploie en corolle Ses grands voiles bercés mollement par les eaux; Les saules frissonnants pleurent sur son épaule, Sur son grand front rêveur s'inclinent les roseaux. Les nénuphars froissés soupirent autour d'elle; Elle éveille parfois, dans un aune qui dort, Quelque nid, d'où s'échappe un petit frisson d'aile: - Un chant mystérieux tombe des astres d'or. O pâle Ophélia! belle comme la neige! Oui, tu mourus, enfant, par un fleuve emporté! - C'est que les vents tombant des grands monts de Norwège T'avaient parlé tout bas de l'âpre liberté; C'est qu'un souffle, tordant ta grande chevelure, A ton esprit rêveur portait d'étranges bruits; Que ton coeur écoutait le chant de la Nature Dans les plaintes de l'arbre et les soupirs des nuits; C'est que la voix des mers folles, immense râle, Brisait ton sein d'enfant, trop humain et trop doux; C'est qu'un matin d'avril, un beau cavalier pâle, Un pauvre fou, s'assit muet à tes genoux! Ciel! Amour! Liberté! Quel rêve, ô pauvre Folle! Tu te fondais à lui comme une neige au feu: Tes grandes visions étranglaient ta parole - Et l'Infini terrible effara ton oeil bleu! - Et le Poète dit qu'aux rayons des étoiles Tu viens chercher, la nuit, les fleurs que tu cueillis, Et qu'il a vu sur l'eau, couchée en ses longs voiles, La blanche Ophélia flotter, comme un grand lys. Arthur Rimbaud Lafia_Stock

29 On doit l'été tant s'aimer   On doit l'été tant s'aimer Et jouir de la vie. Que nos âmes se lient Et que s'oublie le temps Dans le lit des envies Des désirs d'amants. On doit l'été tant s'aimer Et jouir de la vie. Et que reste l'instant Pour le reste de vie Pour garder nos vingt ans Nos désirs, nos envies. On doit l'été tant s'aimer Et jouir de la vie. Eric Lacroix

30 Quand du bout de ta langue   Quand du bout de ta langue ma peau respire le langage de nos corps que tu composes dans les vagues de nos désirs Quand sur ma nuit tu ouvres les délires et la soif de nous boire je te noie de nos passions Quand tes cheveux cachent mes mains un cri sur tes lèvres dans mon ventre qui surprend ta faim Quand du serment des draps les empreintes de nos parfums nous enlacent dans un dernier soupir Quand un rêve me réveille de ses larmes une rive se couche sur ta pupille endormie Quand je t'aime de cette heure à la dernière douce et amère je nous écris... Louve Mathieu

31 L’arbre Cœur Il est un arbre aux mille branches Qui se déploie sur la montagne, De ses bras noueux jusqu’aux hanches Il salue l’aube, sa compagne. Dans son bois chaud, coule la sève Qui alimente son feuillage, Quand il fait beau ses bras s’élèvent, Solides, verts en son bel âge. Il est un arbre inachevé À l’intérieur de son écorce ; Qui pourrait voir qu’il est blessé, En tenant de toutes ses forces ? Pourtant quand la foudre est tombée Elle n’a pas atteint sa cime, Seule sa fibre fut touchée, Ébranlant son port si sublime. Quelques feuilles se sont détachées Retombant au sol doucement Et ses bois se sont resserrés Comme pour se protéger des vents. Mais il ne s’est déraciné ; Par quelque chance, fut sauvé. Il est un arbre merveilleux Qui se dresse, vaillant et fier, Vrai colosse silencieux, Il embrasse la terre entière. Majestueux, en forme de cœur Et portant le goût du bonheur, Un arbre ici, avec des yeux, Qui regarde au-delà des cieux. Lydia PAVOT

32 À la princesse Roukhine
C'est une laide de Boucher Sans poudre dans sa chevelure, Follement blonde et d'une allure Vénuste à tous nous débaucher. Mais je la crois mienne entre tous, Cette crinière tant baisée, Cette cascatelle embrasée Qui m'allume par tous les bouts. Elle est à moi bien plus encor Comme une flamboyante enceinte Aux entours de la porte sainte, L'aime, la divine toison d'or ! Et qui pourrait dire ce corps Sinon moi, son chantre et son prêtre, Et son esclave humble et son maître Qui s'en damnerait sans remords, Son cher corps rare, harmonieux, Suave, blanc comme une rose Blanche, blanc de lait pur, et rose Comme un lys sous de pourpres cieux ? Cuisses belles, seins redressants, Le dos, les reins, le ventre, fête Pour les yeux et les mains en quête Et pour la bouche et tous les sens ? Mignonne, allons voir si ton lit À toujours sous le rideau rouge L'oreiller sorcier qui tant bouge Et les draps fous. 0 vers ton lit ! Paul Verlaine À la princesse Roukhine

33 Souvenance   Les souvenirs: Ces pantins désarticulés Qui traînent au fond de nos mémoires Comme de vieux bibelots défraîchis Et qui surgissent sans invitation Lorsque les humeurs perdent le nord. Ces souvenirs Qui, d'habitude, font jongler, Que trop souvent on n'ose plus croire Tant ils ont perdu couleur et fini, Tant ils ont perdu leur fascination Lorsqu'il n'est plus question que de mort. Des souvenirs Qu'on ne demande qu'à hurler Lorsque la vie nous en fait trop boire, Que les journées ont perdu leur midi Et que les nuits ont changé de station; Des souvenirs qui parlent trop fort Louise Grégoire Aerten

34 S.O.S.   Je crie mais tu ne m'entends pas, Je souffre mais tu ne me vois pas, J'appelle mais tu ne réponds pas. Tu traverses ma vie comme une ombre qui passe, Une ombre que j'entends mais qui ne m'entend pas, Une ombre que je vois mais qui ne me voit pas, Une ombre que j'appelle et qui ne répond pas, Une ombre qui ne passe que parce qu'il faut qu'elle passe. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Nath

35 C'est une Lune noire qui aborde mes sens Elle tournoie dans son ample ellipse de douleur Corolle de tristesse qui pleure en ma conscience Et enfante la source limpide de l'amour Invisible vestale que l’œil ne peut voir Qu'à travers le miroir l'autre côté du soir Où se mire radieuse la déesse lumière Celle qui prend les regards et trouble les esprits Furtive Lune noire sphère sombre de l'ombre Créée dans la pénombre de quelques mots volés Au poète éperdu pour la Lune d'argent Tu inspires en mon coeur des odes de douceur Toi qu'aucun feux solaire ne daigne caresser D'une infirme clarté tu irradies les ondes Et dans ton éternelle nuit d'opacité Tu erres lueur absente hors des regards du monde Vagabonde et répands les vents de l'émotion Veille sur l'Endymion qui rêve à Séléné Même si dans ton habit du deuil consommé Tu voyages esseulée sur un radeau de larmes Fragile solitaire qui gravite en mon âme Tu es ma nymphe obscure fontaine enténébrée Une Lune de cendres aux rêves étoilés Une perle de silence aux reflets d'espérance Tu es déesse source qui enfante la foi Dans ta nuit se conçoivent les poussières de vie Et les sarments d'amour qui saouleront les dieux. Évelyne PASTOR  LUNE NOIRE joshned

36 Ellegie II D'un tel vouloir le serf point ne désire La liberté, ou son port le navire, Comme j'attends, hélas, de jour en jour, De toi, Ami, le gracieux retour. Là j'avais mis le but de ma douleur, Qui finirait quand j'aurais ce bonheur De te revoir ; mais de la longue attente, Hélas, en vain mon désir se lamente. Cruel, cruel, qui te faisait promettre Ton bref retour en ta première lettre ? As-tu si peu de mémoire de moi Que de m'avoir si tôt rompu la foi ? Comme oses-tu ainsi abuser celle Qui de tout temps t'a été si fidèle ? Or' que tu es auprès de ce rivage Du Pô cornu, peut-être ton courage S'est embrasé d'une nouvelle flamme, En me changeant pour prendre une autre Dame : Jà en oubli inconstamment est mise La loyauté que tu m'avais promise. S'il est ainsi, et que déjà la foi Et la bonté se retirent de toi, Il ne me faut émerveiller si ores Toute pitié tu as perdue encore. …Goûte le bien que tant d'hommes désirent, Demeure au but où tant d'autres aspirent, Et crois qu'ailleurs n'en auras une telle. Je ne dis pas qu'elle ne soit plus belle, Mais que jamais femme ne t'aimera, Ne plus que moi d'honneur te portera. Maints grands Signeurs à mon amour prétendent, Et à me plaire et servir prêts se rendent ; Joutes et jeux, maintes belles devises, En ma faveur sont par eux entreprises: Et néanmoins, tant peu je m'en soucie Que seulement ne les en remercie : Tu es, tout seul, tout mon mal et mon bien ; Avec toi tout, et sans toi je n'ai rien ; Et n'ayant rien qui plaise à ma pensée, De tout plaisir me treuve délaissée, Et, pour plaisir, ennui saisir me vient. Le regretter et plorer me convient, Et sur ce point entre tel déconfort Que mille fois je souhaite la mort. Ainsi, Ami, ton absence lointaine Depuis deux mois me tient en cette peine, Ne vivant pas, mais mourant d'un amour Lequel m'occit dix mille fois le jour. Reviens donc tôt, si tu as quelque envie De me revoir encore un coup en vie. Et si la mort avant ton arrivée A de mon corps l'aimante âme privée, Au moins un jour viens, habillé de deuil, Environner le tour de mon cercueil. Que plût à Dieu que lors fussent trouvés Ces quatre vers en blanc marbre engravés : Louise Labé PAR TOI, AMI, TANT VÉQUIS ENFLAMMÉE QU'EN LANGUISSANT PAR FEU SUIS CONSUMÉE QUI COUVE ENCOR SOUS MA CENDRE EMBRASÉE, SI NE LA RENDS DE TES PLEURS APAISÉE.

37 J'aime   J'aime, Cette sensation, après de longues années, de s'être quitté la veille. L'intensité de ce bref échange, Cette compréhension immédiate, La profondeur de ce regard complice, Cet instant délicieux où ni l'un ni l'autre ne savent ce qui leur arrive, La douceur oubliée de cette main caressante Ce regard complice du lendemain, Cet accord tacite, sur l'importance de ce qui s'est passé, Sur le fait que dans le fond, rien n'a changé Albert Louis

38 souvenir océan   je porte en moi la mémoire de l’eau le souvenir confus des rêves amniotiques encore lové dans ton souvenir océan j’ai en bouche le goût salé de ton amour et dans mes yeux, tes larmes Maman   Yann Le Rousic

39 Pastel   J'aime à vous voir en vos cadres ovales, Portraits jaunis des belles du vieux temps, Tenant en main des roses un peu pâles, Comme il convient à des fleurs de cent ans. Le vent d'hiver, en vous touchant la joue, A fait mourir vos oeillets et vos lis, Vous n'avez plus que des mouches de boue Et sur les quais vous gisez tout salis. Il est passé, le doux règne des belles; La Parabère avec la Pompadour Ne trouveraient que des sujets rebelles, Et sous leur tombe est enterré l'amour. Vous, cependant, vieux portraits qu'on oublie, Vous respirez vos bouquets sans parfums, Et souriez avec mélancolie Au souvenir de vos galants défunts. Théophile Gautier

40 Tu vas rire dans le soleil   Tu vas rire dans le soleil Absoudre au plus haut Toutes les feuilles vernies Au sommet des branches Et quelqu'un meurt Quelque part Tu as tes airs de saltimbanque Ton lustre de saltimbanque Parmi le beau silence vibrant De la vie qui recommence Et quelqu'un meurt Quelque part Les navires t'embarquent loin Vers les grappes bleues des vignes Tu souris au moindre amant potentiel Psalmodies ivresses muettes point d'ancrage Et quelqu'un meurt Quelque part Parmi les grandes lames de fond Tu privilégies le cœur sa cohorte d'as Quatre rois en majesté Pour un combat de plus Et quelqu'un meurt Quelque part Il y a des oiseaux d'or Au milieu des calices De grands pardons qui descendent Doux comme la mer Et quelqu'un meurt Quelque part Dans cette paix du soir Où les squales aux longs yeux Réinventent les neiges éternelles Et ce jeu du feu qui tournoie sur le temps Et quelqu'un meurt Quelque part Dans des craquellements de feuilles Le givre qui ruisselle Quelque part Quelque part Au fond de la mémoire. Silvaine Arabo SaintSting

41 Solstice De part et d'autre du soleil, C'est toi
Solstice   De part et d'autre du soleil, C'est toi. Tu es l'arbre qui multiplie mes forêts, Tu es la main qui rend ma bouche aux oiseaux, Tu es l'ancre de mes marées Et la rose de mes sables. C'est moi déshabillée de tout Que je vois quand je te regarde. C'est hier aboli, C'est demain si tu veux, C'est ailleurs, Et c'est aujourd'hui. De part et d'autre du soleil, C'est toi. Nath

42 Je ne veux pas de mots Ni de promesse Encore bien moins de serment Juste la date de notre prochain rendez-vous Ah comme j'aime le cuir de votre peau cuivrée La chaleur de vos bras musqués Le velours de votre hanche qui danse Glissant sur mon octave Venez naviguer au creux de mes bras Valser sur mon ventre plat Patiner ma chair velours Explorer tous mes non-dires D'hymne en symphonie Sur toute la gamme des harmonies Vos mains de virtuose m'entraînent De tourbillon en arabesque Je vous croque-note mon maestro On se Ballade, se Berceuse Se bascule en soupirs Se Mélodie toute la nuit Ah comme vous me plaisir En évitant les pièges trop lourds de l'amour Ah comme je vous désire Comme un agneau devant un vampire Sans mot, ni promesse, ni regret Juste la date de notre prochain dernier rendez-vous. Claudette Francoeur

43 Que puis-je du monde encore vouloir   Que puis-je du monde encore vouloir, puisque là-même où j’ai mis tant d’amour je n’ai vu que dégoût et désamour et mort, enfin, car rien de plus n’existe ? Cette vie ne me lassant pas de vivre, sachant que ne tue pas grande douleur, s’il est chose de plus grande blessure, je la verrai, déjà je peux tout voir. La mort, à mes dépens, m’a assuré du mal qui me poursuivait ; j’ai perdu qui à perdre la crainte m’enseigna. Dans la vie, le désamour seul j’ai vu, dans la mort la grande douleur restée : pour cela seul il me semble être né ! Luis de Camões

44 Elle se laisse admirer, exquise et frivole beauté
Elle se laisse admirer, exquise et frivole beauté. Accordant sur ses seins un dernier merci, ultime baiser, elle s'assoupit dans les bras du jeune homme stupéfait. Elle affectionne particulièrement ce moment qui précède le sommeil, sentant le regard langoureux de son amant parcourant son jeune corps, faisant halte sur ses longues jambes, les remontant, délicatement. Elle l'imagine loucher sur l'améthyste sertie dans son nombril, se pencher, près, très près de sa naissante poitrine, snobant le reste de sa personne pour n'en garder que les rappels de ses désirs. Elle sourit en l'attente de cet instant où il croira la réveiller, succombant à la tentation. Elle est heureuse, cette nuit, la campagne se tait. Yann L. .

45 Pourquoi le vent est-il venu. Pourquoi le vent est-il venu
Pourquoi le vent est-il venu ?   Pourquoi le vent est-il venu ? Pourquoi a-t-il soufflé Les unes après les autres Les étoiles ? Pourquoi l’orage gronde-t-il sur la montagne ? Il fait doux à présent sur le fleuve Et je pense à la femme amoureuse Dont la lumière éclaire encore La chambre heureuse du corps. Assise près de la fenêtre, Elle transcrit en soupirs Les élans de son cœur Tandis que moi je recueille Le parfum qui transpire des fleurs. Jean Henrion

46 Isaac Berezovski La musicienne Aux doigts enchantés Céleste musique Adoucit mon mal  Cette menue mélodie Ces petites notes Qui courent sur l'Océan Aigri, m'entraînent au loin Sur un torrent de larmes Je navigue éperdu Où? Où me conduiront Ces rêveries amères? c0umi

47 AMOUR INTERDIT   Toi, tu passes sans pour autant te douter Que tu me laisses là comme un air embaumé ! Au goût de tes lèvres où je voudrais déposer Mon empreinte éphémère, exaltée.   Moi, je reste à te regarder passer, Où je demeure malandrin de chimère, Aux souvenirs de pluies que je voudrais assécher, Mon Amour se noie dans ta lumière.   Eux, ils sont si nombreux, moi si orphelin, Puisque je suis fou, et puisque tu ne vois point, Puisque cet Amour-là n’est pas le tien, Je scellerai cet Amour, cet Amour sans lendemains. Stéphane HAMON

48 Alfred de Musset A George Sand Te voilà revenu, dans mes nuits étoilées, Bel ange aux yeux d'azur, aux paupières voilées, Amour, mon bien suprême, et que j'avais perdu ! J'ai cru, pendant trois ans, te vaincre et te maudire, Et toi, les yeux en pleurs, avec ton doux sourire, Au chevet de mon lit, te voilà revenu. Eh bien, deux mots de toi m'ont fait le roi du monde, Mets la main sur mon cœur, sa blessure est profonde ; Élargis-la, bel ange, et qu'il en soit brisé ! Jamais amant aimé, mourant sur sa maîtresse, N'a sur des yeux plus noirs bu la céleste ivresse, Nul sur un plus beau front ne t'a jamais baisé ! Telle de l'Angélus, la cloche matinale Fait dans les carrefours hurler les chiens errants, Tel ton luth chaste et pur, trempé dans l'eau lustrale, Ô George, a fait pousser de hideux aboiements, Mais quand les vents sifflaient sur ta muse au front pâle, Tu n'as pu renouer tes longs cheveux flottants ; Tu savais que Phébé, l'Étoile virginale Qui soulève les mers, fait baver les serpents. Tu n'as pas répondu, même par un sourire, A ceux qui s'épuisaient en tourments inconnus, Pour mettre un peu de fange autour de tes pieds nus. Comme Desdémona, t'inclinant sur ta lyre, Quand l'orage a passé tu n'as pas écouté, Et tes grands yeux rêveurs ne s'en sont pas douté. Puisque votre moulin tourne avec tous les vents, Allez, braves humains, où le vent vous entraîne ; Jouez, en bons bouffons, la comédie humaine ; Je vous ai trop connus pour être de vos gens. Ne croyez pourtant pas qu'en quittant votre scène, Je garde contre vous ni colère ni haine, Vous qui m'avez fait vieux peut-être avant le temps ; Peu d'entre vous sont bons, moins encor sont méchants. Et nous, vivons à l'ombre, ô ma belle maîtresse ! Faisons-nous des amours qui n'aient pas de vieillesse ; Que l'on dise de nous, quand nous mourrons tous deux : Ils n'ont jamais connu la crainte ni l'envie ; Voilà le sentier vert où, durant cette vie, En se parlant tout bas, ils souriaient entre eux. Il faudra bien t'y faire à cette solitude, Pauvre cœur insensé, tout prêt à se rouvrir, Qui sait si mal aimer et sait si bien souffrir. Il faudra bien t'y faire ; et sois sûr que l'étude, La veille et le travail ne pourront te guérir. Tu vas, pendant longtemps, faire un métier bien rude, Toi, pauvre enfant gâté, qui n'as pas l'habitude D'attendre vainement et sans rien voir venir. Et pourtant, ô mon cœur, quand tu l'auras perdue, Si tu vas quelque part attendre sa venue, Sur la plage déserte en vain tu l'attendras. Car c'est toi qu'elle fuit de contrée en contrée, Cherchant sur cette terre une tombe ignorée, Dans quelque triste lieu qu'on ne te dira pas. Toi qui me l'as appris, tu ne t'en souviens plus De tout ce que mon cœur renfermait de tendresse, Quand, dans nuit profonde, ô ma belle maîtresse, Je venais en pleurant tomber dans tes bras nus ! La mémoire en est morte, un jour te l'a ravie Et cet amour si doux, qui faisait sur la vie Glisser dans un baiser nos deux cœurs confondus, Toi qui me l'as appris, tu ne t'en souviens plus. Porte ta vie ailleurs, ô toi qui fus ma vie ; Verse ailleurs ce trésor que j'avais pour tout bien. Va chercher d'autres lieux, toi qui fus ma patrie, Va fleurir, ô soleil, ô ma belle chérie, Fais riche un autre amour et souviens-toi du mien. Laisse mon souvenir te suivre loin de France ; Qu'il parte sur ton cœur, pauvre bouquet fané, Lorsque tu l'as cueilli, j'ai connu l'Espérance, Je croyais au bonheur, et toute ma souffrance Est de l'avoir perdu sans te l'avoir donné. Alfred de Musset

49 le vent entre chien et loup la lune cachée dans le haut tilleul la douceur léger frisson imperceptible sortilège les démons de gouttières miment le combat quatre ombres apparaissent disparaissent froissent les herbes le val de mes seins invite à la balade et ma pensée va à l'homme. mais dieu siffle mon âme comme on siffle un chien et mon âme danse une joie soûle d'espace solitaire sol y tierra et le vent aussi et le vent. Cathy Garcia SOL Y TIERRA

50 L'Oiseau beige   Quand échappée de mon sommeil J'ai entrouvert mes yeux brûlants Un oiseau était dans ma chambre Dans la solitude du vent Blanc Juste teinté d'un peu de beige Neige Juste teintée d'un peu de sable Ma pupille caressait ses plumes Y déposait un peu de brume Mon rêve parlait liberté Plaignait ces ailes enfermées Et l'oiseau se tenait si loin Craignait la chaleur de ma main Craintif , il restait immobile J'ai regardé vers la fenêtre J'ai vu les rideaux la voiler Et d'un pas très lent j'ai marché J'ai soulevé la mousseline J'ai ouvert la vitre tout grand Invité l'oiseau à partir Dans le fleuve embaumé du vent Nous étions tous deux immobiles Peu à peu mon cœur se serrait Et j'ai pleuré. Ailen Soris sevgiliben

51 Musique de Mozart : Romance du Concerto pour piano et orchestre N°20 K
Musique de Mozart : Romance du Concerto pour piano et orchestre N°20 K.466 Photos: Internet Daniel 28 juin Ce diaporama poèmes n°33 est strictement privé. Il est à usage non commercial.


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