Deux illustrations du rôle de l’amirauté de Cherbourg au XVIIIème siècle Après cette présentation des amirautés normandes, nous allons évoquer le rôle.

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1 Deux illustrations du rôle de l’amirauté de Cherbourg au XVIIIème siècle
Après cette présentation des amirautés normandes, nous allons évoquer le rôle de l’une d’entre elles – l’amirauté de Cherbourg – à travers deux illustrations datant du XVIIIème siècle À cette époque Cherbourg est essentiellement un port marchand. On y reconnaît sur cette gravure l’actuel bassin du commerce et, au fond à gauche, apparaît la montagne du roule.

2 1721 Construction d’un navire à Cherbourg: la frégate La Reine Ester
1759 Destruction d’un navire à Pirou : Vente par adjudication de l’épave et de la cargaison du St André Ces deux cas concrets illustrant le rôle de l’amirauté de Cherbourg se sont donc déroulés à deux époques différentes. l’un dans la première moitié du siècle en 1721 et l’autre en 1759, Ils concernent deux navires et s’inscrivent : Pour le premier au moment de la construction d’une frégate à Cherbourg Pour le second lors de la vente d’une épave échouée à Pirou sur la côte Ouest du Cotentin.

3 Accusations contre le sieur Moullin constructeur de navire
1P2 65 Le premier cas relate les accusations portées par Pierre Picquenot capitaine de la frégate La Reine Ester contre le sieur Moulin constructeur du navire à Cherbourg. Ce dossier comprend quatre documents et comporte au total quinze feuillets. il est conservé au SHM rue de l’Abbaye à Cherbourg sous la côte 1P2 65 La série 1P regroupe les affaires judiciaires et administratives traitées par l’amirauté de Cherbourg et relatives aux prises et à la navigation commerciale Service Historique de la Marine à Cherbourg

4 Requête de Pierre Picquenot
Pierre Picquenot a donc déposé une requête auprès de l’amirauté dans le but de faire condamner Jean Moullin en dommages et intérêts pour n’avoir pas respecté leurs conventions au sujet du navire pour n’avoir pas fourni le bois de chantier suivant leur traité Et pour n’avoir pas encore achevé le navire. Monsieur le Lieutenant de l’Amirauté de Cherbourg supplie humblement Pierre Picquenot capitaine de la frégate la reine Ester nous démontre qu’il est en procès devant nous contre Jean Moullin charpentier…

5 Le mardi 9 décembre 1721… L’an mil sept cent vingt et un le mardy neuf
jour de décembre nous, Jacques Bouillon, sieur Deforges conseiller du Roy lieutenant général civil et criminel à l’amirauté de France au siège de Cherbourg et dépendances prévenu de Robert Vastel sieur Dutot conseiller et procureur du Roy assisté de Jean-François Leothou notre greffier ordinaire et de Jacques Malo notre huissier Ce document nous renseigne sur la date des faits et sur les personnes de l’amirauté qui vont intervenir dans cette affaire. Notons que Jacques Bouillon était le premier échevin de la ville de Cherbourg jusqu’en 1720

6 …une heure après midi …étant au pied de la requête à nous présentée
En ce jour par le sieur Pierre Picquenot capitaine De la frégate La Reine Ester aux fins de faire dresser Procès verbal de l’état présent du dit navire et de Lui être accorder les actes dont nous serons requis suite à la requête déposée par Pierre PICQUENOT l’amirauté va donc se déplacer à bord de la frégate aux fins d’accorder au suppliant les actes nécessaires et, en particulier, dresser un procès verbal de l’état du navire et éventuellement accorder les actes dont elle sera requise

7 Convocation à bord de La Reine Ester
De la requête ou arrivez avons trouvé le sieur Pierre Picquenot capitaine lequel nous a représenté L’exploit de signification qu’il a fait faire de la Requête à Jean Moullin Maître constructeur et Entrepreneur du dit navire… Pierre Picquenot ayant dressé la liste des travaux non effectués et des carences constatées à bord de la frégate les a signifié à Jean Moullin en demandant à ce dernier d’être présent à bord à une heure précise correspondant à la venue de l’amirauté. Jean Moullin ne sera pas au rendez vous et son absence sera mentionnée sur le procès verbal.

8 Le procès verbal Sous le sceau de la généralité de Caen
le procès verbal dressé par l’amirauté comporte dans son en tête le sceau fleurdelisé de la généralité de Caen. Rappelons que parmi les multiples circonscriptions créées par le pouvoir royal, les généralités sont apparues tardivement. d ‘abord fiscal, leur rôle n’a cessé de se renforcer pour devenir au XVIIIème siècle le cadre de l’administration royale.

9 Pierre Picquenot demande acte…
Le sieur Picquenot nous a demandé acte que les dix huit sabords estant sur le second pont du vaisseau ne sont point fermés En second lieu que les estambrais des pompes ne sont point plassés En troisième lieu que les bittes et courbes necessaires à icelles ne sont point plassées Le procès verbal dresse la liste exhaustive des constatations effectuées à bord par Pierre Picquenot.

10 Une longue liste En quatrième lieu que les courbes qu’il convient à la rambarde ne sont point placées En cinquième lieu que tous les seps pour les drisses de mizenne de hunier et d’artimon ne sont point placées servant pour hisser les vergues En sixième lieu que le chuquet de pavillon d’arrière point placé non plus que les batayolles sur le gaillard d’arrière jusques au grand mast que le bossoir de tribord n’est point achevé ni les harpes achevées de clouer un gros taquet de sur le beaupré pour saisir le mast de focq deux taquets sur la vergue de mizenne qu il n’y a aucun taquet cloués aux mats du navire pour tourner les manœuvres coulissantes et dormantes ainsy que les trous pour passer les chevilles des grandes écoutes Sur cet extrait de constatations précises,Vous remarquerez que quelques mots apparaissent en bleu. Ils seront explicités après le passage dans l’entrepont

11 Dans l’entrepont Et estant descendu dans l'entrepont du navire
le Sieur Picquenot nous a demandé acte que le thimon de la barre et la noix de la manivelle ne sont point placées ni ferrées non plus que le gouvernail et le trou pour passer les barres pour gouverner de sur le pont de haut lequel n'est point fait Demande pareillement acte que les barrots du second pont du vaisseau n'ont qu'une courbe à chaque bout. Demande acte qu'aux maistres barrots du premier pont du vaisseau il y manque quatre courbes Dans l’entrepont justement où l’appareil à gouverner présente également de nombreuses carences et où de nombreuses pièces de charpente que l’on appelle des courbes ne sont pas réalisées.

12 Les estambrais des pompes ne sont point plassés
Cette photo montre l’étambrai du mat de misaine entouré du bitton de petit hunier et du sep de drisses, l’étambrai est en fait une ouverture ronde pratiquée dans le pont celles des pompes étaient bien évidemment de diamètre plus petit Nous allons nous aussi visiter le bord et expliciter quelques détails techniques mentionnés dans le procès verbal. l'actuelle construction à Rochefort de l'Hermione, frégate légère sensiblement comparable à la reine ester, nous permet de les visualiser La Renommée maquette de Marc Auboyreau en poirier naturel

13 Tous Les seps pour les drisses de mizenne de hunier et d’artimon ne sont point placées servant pour hisser les vergues Le sep de drisse sert à hisser les vergues. Ici, un charpentier a fabriqué ce sep en un peu plus de deux semaines. Son poids atteint 280 kg. Comme vous pouvez le constater, Les seps sont des pièces impressionnantes et indispensables à la bonne manœuvre des vergues

14 Les barrots du second pont n’ont qu’une courbe à chaque bout
Nous sommes ici dans la cale et les courbes sont visibles aux extrémités de chaque barrot. Il est également mentionné sur le procès verbal que de nombreuses courbes manquaient à bord.

15 le chuquet de pavillon d’arrière point placé non plus que les batayolles sur le gaillard d’arrière
Le chuquet est en fait la pièce de bois qui se trouve situé à l’extremité du mat de pavillon quant aux batayolles ce sont des pièces de renfort de charpente de trois pieds de haut et de quatre pouces de section.

16 Signature de Pierre Picquenot
À l’issue de cette énumération détaillée, Pierre Picquenot a donc signé le procés verbal de l’amirauté

17 Comparution de deux experts
L’amirauté va alors appeler à comparaitre devant elle deux experts locaux, il s’agit de deux maîtres charpentiers Guillaume Fenard et Adrien Dumont nous avons fait appeler et comparaître devant nous les nommés Guillaume Fenard et Adrien Dumont Maîtres charpentiers de navire en ce Port que nous avons nommé d’office pour nous donner leur attestation sur les demandes dudit Sieur Picquenot et faire que la présente nomination des dits charpentiers puisse en rien préjudicier les Partyes au sujet du proces

18 Prestation de serment nous Leur avons fait préter serment de se bien et Fidèlement se comporter dans la visite qu’ils Vont faire avec nous des choses susdites et Sur l’attestation qu’ils vont nous donner sur La vérité des actes demandées, à laquelle visite Nous avons procédé comme il suit Les deux experts désignés devront se montrer impartiaux et objectifs dans leur jugement par rapport aux actes demandés par Pierre Picquenot. L’Amirauté va ensuite procéder à une visite du bord en leur compagnie.

19 Coupe longitudinale d’une frégate de VIII
Visite du bord L’amirauté va donc reprendre une par une les remarques présentées par Pierre Picquenot. Elles seront toutes accordées. La seule observation des experts portera sur le bossoir de tribord qui n’est point achevé mais auquel il manque selon leurs propres termes « très peu d’ouvrage » Coupe longitudinale d’une frégate de VIII (monographie de la Renommée par Jean Boudriot éditions Ancre Paris 1993)

20 Paiement de la vacation
A l’issue de cette visite Pierre Picquenot versera à l’amirauté 6 livres 8 sols pour sa vacation Notons que 1 livre correspond à 5 euros

21 Préjudice pour l’armateur
Le 16 décembre, quelques jours après la visite du bord, Pierre Picquenot dépose une nouvelle requête auprès de l’amirauté Cette fois, il agit pour son armateur Jacques Fossard qui est négociant à Rouen. Ce document nous apprend, entre autres, que le traité entre les deux parties qui définit les spécifications du navire date du 11 décembre 1719 Le retard dans la construction de la frégate porte un préjudice à l’armateur qui devait selon cet écrit disposer de son navire pour la St Michel de l’année 1720 (fin septembre)

22 Défense de J. Moullin Le sieur Dienis avocat de Jean Moullin croit que ce dernier n’a jamais causé le moindre retard au départ du navire et à sa cargaison puisqu’il a rempli son devoir et que Pierre Picquenot ne lui a pas fourni le bois nécessaire notamment pour terminer la mature Par ailleurs, Jean Moullin et tous les autres charpentiers de Cherbourg sont intervenus au début du mois d’octobre 1720 sur un bâtiment de la compagnie des indes échoué à Barfleur où jean Moullin fut obligé de rester la plus grande partie de l’hiver En outre, il n’était pas obligé de rendre la frégate « parfaite » à la st Michel mais seulement en état de flotter.

23 Ordonnance de l’Amirauté
Sur quoy nous, ouï le procureur du Roy, avons ordonné que le dit Moullin achèvera et fournira les bois et finira le travail du dit navire suivant et conformément au dit devis et marché par lui signé dans trois jours À l’issue de son audience du 30 décembre 1721 l’amirauté après avoir entendu le procureur du roy ordonne que le sieur Moullin termine son travail.

24 Le 7 janvier 1722 Pierre Picquenot (Desmons) désigne
Guillaume du Rocher (Honfleur) Jean Moullin (Diesnis) désigne Duval (constructeur de navire à Granville) Lors d’une ultime audience réunissant les protagonistes et leurs avocats il est décidé que deux experts seront nommés par les parties pour vérifier les travaux qui seront effectués Ordonné que les deux experts seront assignés devant nous pour prêter serment

25 Nous pouvons penser que la construction de La Reine Ester a été menée jusqu’à son terme et qu’elle a pu ainsi embarquer ses marchandises destinées aux îles de l’Amérique française

26 Vente par adjudication d’une épave et de sa cargaison
Nous allons maintenant aborder la deuxième illustration du rôle de l’amirauté de Cherbourg au XVIIIème Celle ci sera beaucoup plus courte puisqu’elle se résume à un seul feuillet conservé dans la même série que le dossier précédent Il s’agit de la vente par adjudication d’une épave et de sa cargaison Service Historique de la Marine à Cherbourg

27 Le premier jour de janvier 1759
Jean Charles Guillaume Vigier Huissier en l’Amirauté de France Le 1er janvier 1759 un huissier de l’Amirauté de Cherbourg agissant à la demande du procureur du Roy s’est fait accompagner d’un tambour major de la ville pour y faire battre la caisse à tous les carrefours et place publique et annoncer également par voie d’affichage

28 À Biville Plusieurs lots de bois provenant de la carcasse et débris du navire nommé le St André… que le lendemain 2 janvier de neuf à dix heures du matin sur la cote de la paroisse de biville il sera procédé par les officiers de l’amirauté à la vente en adjudication au plus offrant de plusieurs lots de bois provenant de la carcasse du St André échoué à la cote de la paroisse du port de Pirou La cargaison du navire : 300 tonneaux de vin d’Espagne ainsi que plusieurs barriques vides seront également vendues

29 Le 2 janvier à Cherbourg Au verso du document figure la cachet de la généralité de caen qui officialise cet acte d’huissier

30 Le Saint André prise de l’aimable Grenot ?
Pris en chasse le 13 juin 1747 de 09H00 à 16H00 et capturé par le corsaire l’aimable Grenot Vendu livres à Teurterie des Cerisiers armateur Granvillais Le St André pourrait être ce navire de 160 tonneaux vendu à un armateur Granvillais

31 Présentation en ligne