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Histoire de l’Afghanistan : des origines à demain…

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1 Histoire de l’Afghanistan : des origines à demain…

2 2.3 — Apparition de pouvoirs indigènes
Vers le milieu du IXe siècle, l'Islam avait perdu son dynamisme et des mouvements centrifuges se faisaient sentir dans les régions éloignées de l'empire. Les théoriciens du mouvement d’émancipation furent les Chaoubites. Sur le plan culturel, ils étaient soutenus par un mouvement en faveur des langues indigènes contre la domination de l'arabe, mouvement qui à l’est du plateau de l'Iran, aboutit à l'apparition d'une langue nouvelle, le persan dari, ou dari tout court. Une des premières dynasties indigènes qui proclama son indépendance de la tutelle du califat fut celle des Saffarides, fondée vers 861 par Yakub ben Layth al- Saffar. Après avoir conquis Herat et Balkh, Yakub se rendit à Kaboul et mit fin au pouvoir des Kaboul Shah brahmaniques. Il fut suivi sur le trône par son frère, qui fut vaincu en 903 par les Samanides.

3 Empire saffaride (IXe siècle)

4 Empire samanide (Xe siècle)

5 Descendants de l'aristocratie rurale, les Samanides régnèrent de 900 à 990 sur la Transoxiane, le Khorassan et une partie de l'Iran. Grands protecteurs des gens de lettres, ils les encouragèrent à composer leurs œuvres en dari. Mais, avec le temps, leur autorité s'affaiblit par suite de la maladie commune aux dynasties orientales, à savoir les guerres de succession causées avant tout par la polygamie des souverains. Vers la fin du Xe siècle, leur pouvoir succomba devant l'effort commun des Karakhanides et de la nouvelle dynastie des Ghaznévides, établie par un de leurs propres esclaves-combattants à Ghazni. Cette dernière dynastie régna du milieu du Xe jusqu’au milieu du XIIe siècle de notre ère sur un gigantesque territoire recouvrant, outre la totalité de l’Afghanistan, la presque totalité de l’Iran et du Pakistan ainsi qu’une part considérable des États d’Asie centrale.

6 Empire ghaznévide Xe-XIIe siècles)

7 2.4 — La domination turque Avec la disparition des Samanides, le pouvoir passa aux mains des Turcs. Les nouveaux conquérants avaient non seulement adhéré à l'islam, mais assimilé, dans une certaine mesure, la culture locale. Ils devinrent donc à leur tour des protecteurs des lettres et des sciences. Masoud ben Mahmoud subit une défaite écrasante devant une nouvelle vague de tribus turques, connues sous le nom de Ghuz, près de Merv en 1038, et il dut se retirer dans son domaine indien. Les Ghuz établirent la dynastie des Seldjoukides, qui régna surtout en Iran, tandis qu'en Afghanistan le pouvoir affaibli des Ghaznévides subit en 1150 l'assaut d’Alauddin de Ghur, surnommé Djahan Soz, l’« incendiaire du monde »

8 Shamsuddin Mohammad, successeur d'Alauddin, envahit à son tour les Indes et, après avoir détruit le pouvoir des Rajputs, s'empara de Delhi où il établit une nouvelle dynastie qui fut le point de départ du pouvoir musulman dans l'Inde du Nord. Avec l’invasion mongole au XIIIe, la phase ascendante de la civilisation islamique touche à son terme. La région du Khorassan avait beaucoup contribué à l'épanouissement de cette civilisation. Quoique cette partie de l'Asie eût subi plusieurs invasions et de fréquents changements de dynastie, la technique administrative s'y était perfectionnée avec le temps grâce à la création des services nécessaires (finances, armée, justice, etc.), le tout contrôlé par un vizir, correspondant plus ou moins à un premier ministre.

9 Empire seldjoukide

10 2.5 — Les Mongols et les Timourides
Les Mongols étaient l'une des innombrables tribus de race jaune habitant le plateau du Gobi, situé au cœur même de l'Asie, entre la Chine et la Sibérie. Après avoir conquis la Chine du Nord et le bassin du Tarim, Temujin envahit en 1220, avec une armée de 150 000 cavaliers, l'empire des rois du Khorezm, qui avait remplacé les Seldjoukides et les Ghurides comme pouvoir dominant en Asie centrale. Ils réussirent, en deux ans, à occuper, piller, incendier tous les centres urbains entre Herat et l’Hindou- Kouch. Ce fut une destruction quasi totale des fruits de la civilisation islamique, accompagnée de l'extermination de la population urbaine. Seuls les artisans eurent la chance d'échapper au massacre, en acceptant d'être déportés en Mongolie.

11 Empire mongol

12 En 1222, Gengis Khan retourna en Mongolie en laissant le Khorassan à son fils Jaghataï, qui ne montra pas beaucoup d'ardeur pour l'administration de son domaine. Puis un nouveau conquérant vint mettre fin à l'œuvre commencée. C'était Timour Leng « le Boiteux » ou Tamerlan, qui, se mettant à la tête des hordes turco- mongoles, envahit le plateau de l'Iran. Les Karts résistèrent à Herat reconstruit par leurs soins, mais n'arrivèrent pas à arrêter l'ouragan et périrent avec la ville en 1383. Heureusement, les descendants du terrible conquérant furent d'une tout autre qualité. Ayant assimilé la culture islamique, ils essayèrent de réparer les dégâts causés par leur ancêtre, mais aussi de promouvoir les arts et les sciences. Par conséquent, au XVe siècle, la ville de Herat fut le berceau d'une renaissance qui ne le cédait en rien à sa rivale de la même époque, en Italie.

13 Empire timouride

14 2.6 – Décadence Il n'est pas aisé de déterminer les raisons de la décadence économique et culturelle dont fut victime le Khorassan, après la défaite des Timourides devant les Ouzbeks, dans les premières années du XVIe siècle. Mais après cet événement, les régions constituant l'Afghanistan perdirent la vitalité qui les incitait à se relever à invasions. D'un côté, les incursions répétées des armées turco- mongoles avaient sapé en profondeur les classes laborieuses qui constituaient la base de la civilisation islamique dans la région, et, de l'autre, le partage du Khorassan entre les deux empires privaient le pays d'une capitale qui jouait un rôle civilisateur.

15 Mais la cause la plus déterminante fut sans doute le fait que la navigation permit aux nations européennes d'emprunter des voies de commerce maritime avec les pays d'Orient, au détriment de la voie continentale qui traversait l'Afghanistan et le mettait en contact avec les régions civilisées du monde. Le résultat en fut l'isolement du pays, aggravé par l'obscurantisme de la classe dirigeante, qui ne prit fin qu'avec la proclamation de l'indépendance. Durant les deux siècles suivants, tandis que l'est de l'Afghanistan était contrôlé par les Grands Moghols et l'ouest par les Safavides, Kandahar, située à un point stratégique entre les deux empires, devint la pomme de discorde qui les jetait l'un contre l'autre. C'est pendant cette période, et en partie à la suite de cette rivalité, qu'un nouvel élément ethnique, les Pachtounes, fit son apparition sur la scène politique de la région.

16 Troisième cours :   La naissance de l’Afghanistan et le « Grand Jeu » anglo-russe
2 - Les fondements de la rivalité russo-britannique en Asie centrale 3 - Le règne de Dost Mohammad ( ) 4 - Le règne de Sher Ali Khan ( ) 5 - La seconde guerre anglo-afghane 6 - Le « protectorat » britannique

17 1 – Naissance de l’Afghanistan
1.1 – Situation des terres afghanes en 1700 Au tout début du XVIe siècle, Babur, incapable de reprendre le contrôle des territoires de l’Empire défunt, s’empare de Kaboul. Les Saffavides sont trop puissants, il se tourne donc vers les territoires du nord de l’Inde. En 1526, Babur assiège Delhi, parvient à la conquérir et fait de la ville le centre de son nouveau domaine. Il fonde ainsi ce qui deviendra l’Empire moghol des Indes. Cette victoire consacre la division du territoire de l’Afghanistan en trois zones d’occupation distinctes, lesquelles correspondent par ailleurs aux zones d’influence des civilisations de la haute antiquité.

18 La région au début du XVIIIe siècle

19 Dans le contexte du XVIIIe siècle, il s’agit d’États en perte de vitesse qui bientôt seront submergés par l’arrivée de deux puissances coloniales, l’Empire russe au nord et l’Empire britannique au sud. Le nord du territoire, au-delà de l’Hindou-Kouch, se trouve sous le contrôle du Khanat de Boukhara, un État médiéval dominé par les Ouzbeks, qui règnent sur la majeure partie de l’Asie centrale et dont la domination sera bientôt remise en question par l’avancée des armées impériales russes. Au sud et à l’est l’Empire moghol des Indes, un royaume musulman, contrôle tout les territoires afghans jusqu’à l’Hindou-Kouch, incluant les villes de Kaboul et de Ghazni. À l’ouest, l’Empire perse contrôle depuis plusieurs siècles déjà les territoires autour de Herat, mais aussi, plus au sud, toutes les zones de peuplement pachtoune jusqu’à la ville de Kandahar.

20 1.2 — Les Ghilzai Au début du XVIIIe siècle, la région de Kandahar vit dans un état de guerre civile larvée. L’un des meneurs de la région, Mirwais Hotak, est capturé par le gouverneur saffavide de Kandahar pour être envoyé à Ispahan, la capitale de l'Empire perse. Sultan Husayn le traitera avec égard, l’autorisant même à partir en pèlerinage à La Mecque, mais Mirwais poursuit son objectif de libérer sa région des Perses. Ayant profité de son séjour dans la capitale saffavide pour étudier la situation économique et militaire de l’empire, de retour à Kandahar, en 1709, il fomente une rébellion, alors que la garnison se trouve à l’extérieur. Le gouverneur saffavide local est capturé et mis à mort, alors que Mirwais Hotak, se proclame chef de la grande région de Kandahar, qui inclut entre autres choses une part importante du Baloutchistan contemporain.

21 Il refuse le titre de roi, lui préférant ceux de prince de Kandahar et de général des forces armées nationales. Le premier État pachtoune est né. Mirwais meurt en Son frère Aziz lui succède mais sera assassiné par son fils Mahmoud, qui l’accuse de vouloir rétrocéder le territoire aux Saffavides. Les ambitions de Mahmoud sont très grandes : il se lance à la conquête de l’empire saffavide, en s’attaquant à sa capitale. Après un long siège, les forces de Mahmoud parviennent à capturer la ville en 1722. Le roi ayant cédé son trône au vainqueur, Mahmoud se mit à administrer le pays comme successeur du régime précédent. Mais le conflit entre Persans et Pachtouns est rendu encore plus complexe en raison de l'hostilité traditionnelle opposant les Iraniens chiites aux Afghans sunnites.

22 Le nouveau Shah d’Iran perd peu à peu le contrôle de son royaume, alors que les Russes et les Ottomans attaquent et que des révoltes agitent le pays. Se méfiant de l’ancienne famille royale, le Shah ordonne de la massacrer et multiplie les actes de tyrannie. Cela fournit à son cousin Ashraf, fils d’Aziz, l'occasion de se venger comme le prescrivait le code tribal des Pachtouns. Profitant d'une crise nerveuse du souverain, il le mit à mort en avril 1725 et s'empara du pouvoir. Ashraf repoussa les armées turque et russe, mais se heurta à la personnalité du nouveau commandant des forces iraniennes, Nadir shah. Il fut vaincu il périt alors qu'il s'enfuyait, aux environs de Kandahar en 1730. Puis Nadir shah assiégea Kandahar, où Husain dut se soumettre à lui. Le conquérant iranien se rendit par Kaboul en Inde, où il mit à sac Delhi. Ayant perdu la raison, il périt en 1747, victime d'un complot tramé par ses propres courtisans.

23 1.3 — L'empire des Durani Nadir avait choisi les membres de sa garde personnelle parmi les Pachtouns et les Ouzbeks, sunnites comme lui-même. À sa mort, et selon ses ordres, Ahmad khan prit le chemin de Kandahar et convoqua une assemblée des chefs des tribus pachtounes et se fit élire en souverain d'une nouvelle dynastie, qu'il appela Durani. Ahmad Shah se tourna vers l'Inde et y dirigea entre et 1767 huit expéditions. Il avait eu la sagesse de ne pas déplacer sa capitale, qui resta à Kandahar, dans une ville nouvelle qu'il fit construire à peu de distance de la ville détruite par Nadir Shah. Outre ses conquêtes en Inde, Ahmad Shah annexa la partie nord-est de l'Iran et le versant nord de l'Hindou- Kouch, jusqu'à l'Amou-Daria. C'était un souverain sage, plein d'énergie, mais modéré dans ses goûts.

24 Son administration reposait sur un système dans lequel l'autorité était déléguée par le souverain aux khans ou chefs de tribus qui contrôlaient de façon héréditaire le pouvoir, aussi bien dans l'administration centrale que dans celle des provinces. L'armée était formée de contingents fournis par eux, à la demande du souverain. En échange de leurs services, les khans recevaient des terres agricoles comme fief et obtenaient le droit de percevoir l'impôt. À la tête de la hiérarchie se trouvaient les Durani qui avaient les meilleurs terres et des privilèges quant au paiement de l'impôt; puis venaient les autres tribus pachtounes, et, en bas de l'échelle, se trouvaient les Tadjiks, les Hazaras et les autres ethnies. À côté de la loi religieuse, les usages pachtounes, qui privaient les filles de leur part d'héritage et obligeaient la veuve à se remarier dans la famille de son époux défunt, étaient appliqués par décret royal.

25 Ahmad Shah fut suivi sur le trône, en 1773, par son fils Timour qui, pour se soustraire à l'influence des chefs Durani, déplaça la capitale de Kandahar à Kaboul. Timour qui, du vivant de son père, avait été gouverneur de Herat et de Lahore, fut un bon administrateur et sut préserver l'empire dont il avait hérité. Mais il eut un large harem et laissa derrière lui, à sa mort en 1793, plus de vingt fils qui, après s'être disputé le trône pendant un quart de siècle, perdirent le pouvoir au profit d'une autre branche des Durani. C'est au milieu de cette période de troubles perpétuels que les Anglais, inquiets des manœuvres de Napoléon Bonaparte, décidèrent d'établir des relations privilégiées avec leurs voisins. Leur envoyé, Mountstaurt Elphinstone, visita Peshawar en 1809 et conclut avec Shah Shudja un traité d'alliance qui n'eut pas, d'ailleurs, l'occasion d'être mis à l'épreuve.

26 En 1809, Shah Shudja est renversé par son prédécesseur Mahmoud Shah, qu’il avait lui-même renversé en Shah Shudja est alors capturé et envoyé à la cour de Lahore, dans le Pundjab. En 1833, il promet au Maharadjah, en échange d’un droit de passage pour ses armées à travers le royaume, d’abandonner à celui-ci la ville de Peshawar, si les Sikhs parviennent à la capturer. Ce qu’ils parviennent à faire en 1834. Plus important, en 1838, alors que l’Afghanistan est dirigé par Dost Mohammad, il conclut une entente avec les Britanniques, par laquelle il s’engage à soutenir les intérêts anglais dans la région, en échange d’un appui militaire qui lui permette de reprendre son trône. Ce sera la cause directe de la première guerre anglo-afghane.

27 2 - Les fondements de la rivalité russo-britannique en Asie centrale
2.1 – Les intérêts britanniques On appelle « Grand jeu » la rivalité russo-britannique en Asie centrale, débutant avec l’avancée des armées russes en direction de l’Afghanistan. Au cours du XVIIIe siècle, les deux puissances traditionnelles de la région s’effacent aux profits de l’empire de Russie d’une part, et de l’empire britannique de l’autre. L’expansion de chacun de ces deux empires répond à une logique qui lui est propre.

28 L’insularité du Royaume-Uni pousse l’État britannique au-delà des mers
L’insularité du Royaume-Uni pousse l’État britannique au-delà des mers. C’est naturellement que l’empire se projette sur les autres continents. Au XVIIIe siècle, il s’installe durablement en Asie avec la conquête des Indes. Après le traité de Paris (1763), les Français sont boutés hors du sous-continent, laissant les mains libres aux Anglais. Par une série de traités dits « inégaux », les Anglais obtiennent de larges concessions économiques qui leur permettent d’asseoir peu à peu leur domination politique. Celle-ci est discrète cependant, les autorités locales demeurant en place, formellement subordonnées au pouvoir nommé par Londres.

29 Il s’agit d’une colonie économique : le sous-continent étant déjà très peuplé et produisant des marchandises inexistantes en Europe, l’Angleterre utilise ses possessions indiennes pour accroître sa puissance économique, établissant des quasi-monopoles sur certaines marchandises (le thé, par exemple). Ce type de colonisation pose divers problèmes de sécurité, puisque l’empire est constitué d’une multitude d’îlots situés loin des terres britanniques et que les Anglais doivent recourir à la population locale pour défendre leurs possessions en cas de danger.

30 L’empire des Indes britanniques (1939)

31 2.2 – Les intérêts russes L’expansion de la Moscovie débute dès le XVIe siècle, mais c’est surtout avec le règne de Pierre le Grand que la Russie devient une puissance territoriale. Au XIXe siècle, l’Empire se déplace vers le sud. Trois zones sont alors l’objet de son attention : le Caucase, les Balkans et enfin l’Asie centrale, au sud des steppes de la Sibérie occidentale. L’intérêt de la Russie est avant tout d’ordre sécuritaire. Depuis le passage des hordes mongoles au XIIIe siècle, la Russie a constamment eu maille à partir avec les populations nomades installées sur ses marches, qui font périodiquement des incursions en territoires russes.

32 C’est pour mettre fin à ces raids que les Russes, depuis Ivan IV, poussent toujours plus loin en Asie, dans le but d’écraser les nomades militairement, d’établir des postes avancés, qui deviendront des villes, et de consolider les frontières. Mais cette marche est continuelle puisque les nomades, repoussés un peu plus loin, reprennent éventuellement leurs attaques. Les Russes tentent de sédentariser ces populations, ou encore de les éliminer en les repoussant aux limites d’autres États sédentaires. Au début du XIXe siècle, c’est pratiquement chose faite et les frontières russes s’étendent jusqu’aux limites des khanats de la plaine centre asiatique : Boukhara, Khokand, Khiva, Merv, etc., qui sont des États sédentarisés.

33 À ce point, l’avancée russe change de logique : les nomades ne représentent plus une menace mais la présence à quelques milliers de kilomètres de l’empire Anglais pousse les dirigeants russes à continuer au- delà, en annexant peu à peu ces khanats. Dans ce contexte, la région de l’Asie centrale devient un terrain de rivalité pour les deux empires. L’Afghanistan, situé exactement entre les territoires des deux rivaux, prend alors une importance géostratégique considérable.

34 L’expansion russe

35 3 — Le règne de Dost Mohammad (1826-1863)
3.1 – Le premier règne et la première guerre anglo- afghane ( ) Depuis 1826, Dost Mohammad est à la tête du pays, mais sa légitimité est contestée par une grande partie de la noblesse, qui continue à voir dans le descendant de la branche principale des Durani (les Sadozaïs), Shah Shudja, le souverain légitime du royaume. Conséquemment, Dost Mohammad s’est surtout employé à consolider son pouvoir, qui ne dépasse guère les frontières de la région kaboulite. En dehors de cette zone très limitée, son pouvoir n’est effectif que dans la mesure où les princes féodaux l’acceptent.

36 L’État afghan n’a alors que très peu de fonctions, à part celle d’assurer la sécurité du territoire. Pour ce faire, il faut une armée, et pour payer celle-ci, il faut des impôts. Mais les méthodes de collecte primitives et violentes ne permettent pas de renflouer efficacement les coffres. Tout au long des années 1830, le gouvernement de Dost Mohammad accroit la pression fiscale, suscitant en retour la colère de ses sujets, qui se mettent à espérer avec encore plus d’ardeur le retour de l’émir « légitime ». Du côté des Anglais, afin de répondre à l’avancée constante des Russes et défendre les territoires indiens, les Anglais élaborent alors la forward policy. La première manifestation de cette politique fut la première guerre anglo-afghane ( ) : en 1837, l'armée iranienne assiège Herat dans le but de contourner l’Hindou-Kouch et d'envahir l'Inde. Appuyés par les Anglais, les Afghans résistent.

37 À la fin de 1837, un émissaire russe arrive à Kaboul
À la fin de 1837, un émissaire russe arrive à Kaboul. Et les Britanniques exigent son renvoi, mais Dost Mohammad conserve Vitkevitch auprès de lui afin de faire pression sur les Anglais. Pour Londres, c’est une déclaration de guerre. Les troupes britanniques se mettent en marche en avril et s’emparent de Kandahar. Ils capturent ensuite Gazni, puis Kaboul. Incapable de rallier des troupes, même en invoquant un djihad, l’émir doit abandonner Kaboul au début du mois d’août, alors que Shah Shudja est restauré dans ses droits sur le trône. Dost Mohammad tente d’obtenir l’alliance de Boukhara, mais le khan local le garde prisonnier jusqu’en À l’été 1840, il parvient à lever des troupes ouzbeks, mais après une défaite à Bamian en août, puis une autre en novembre dans la région de Kaboul, Dost Mohammad se constitue prisonnier des Britanniques, qui s’empressent de l’expulser vers les Indes.

38 Mais le nouvel émir perdra rapidement ses appuis car, ayant repris son trône appuyé par les baïonnettes anglaises, il sera vu comme un pantin. Ce n’est d’ailleurs pas très loin de la vérité, dans la mesure où, dès 1838, les Anglais prennent le contrôle du gouvernement et le réorganisent, afin de le rendre plus efficace et plus solide. La transformation de l’armée féodale en une armée centralisée, basée sur l’infanterie et dirigée, même en périphérie, par les centres de pouvoir à Kaboul, va braquer les féodaux contre Shah Shudja et les Anglais. De plus, considérant le pays sous leur contrôle, les Britanniques multiplient les erreurs  : ils coupent de moitié les subsides aux féodaux, renflouent leurs coffres en saisissant la dîme versée aux mollahs, etc. Rapidement, la périphérie s’élève contre le pouvoir britannique et le corps expéditionnaire se retrouve coincé à Kaboul.

39 La grogne monte aussi dans la capitale et en novembre 1841, les émeutes contre l’occupant se multiplient. Avec l’arrivée clandestine de Mohammad Akbar, le fils de Dost Mohammad, la résistance s’organise. Le gouverneur britannique, Macnagthen tente de négocier avec ce dernier, mais il est assassiné. En janvier 1942, les Britanniques abandonnent Kaboul en échange d’un droit de passage sécuritaire. Mais la colère de la population est grande et les garanties ne seront pas respectées. Pour sa part, Shah Shudja sera assassiné en avril 1842. Cette guerre fut à la fois le plus grand désastre britannique du XIXe siècle et l’un des mythes fondateurs de la nation afghane. Au cours de la retraite des Britanniques, seize mille personnes fuient vers l'Inde à travers les cols où les partisans les exterminent au mousquet. Une semaine plus tard, le seul survivant parvient à atteindre les lignes anglaises.

40 Il convient de noter que cette guerre favorise la montée de l’Islam en tant que facteur d’unité nationale. Jusqu’à ce moment, la religion n’avait guère joué de rôle dans les luttes politiques, internes et externes, du royaume d’Afghanistan, car la totalité des ennemis du territoire étaient eux aussi musulman. L’arrivée des « impies » a ainsi permis aux Afghans, malgré toutes leurs différences ethniques, de se réunir contre un ennemi commun facilement identifiable. De même, même si les Durani ont fini par se joindre au combat, ce sont des groupes « marginaux », d’abord les Gilzaï, mais aussi les Tadjiks, qui ont pris l’initiative de la lutte. La victoire a d’une certaine façon affaibli la confédération dominante au bénéfice de populations généralement éloignées des centres du pouvoir, qui dès lors seront davantage intégrées à l’ensemble de la structure politique et économique de l’État.

41 3.2 – Le second règne ( ) Après une expédition punitive contre Kaboul au printemps, les Anglais abandonnent le pays à Dost Mohammad et lui versent un subside annuel de livres sterling, grâce auquel le prince réunifie le royaume pour la première fois depuis le début du siècle. En retour, Dost Mohammad devient un fidèle allié de Londres. Il jouit d'une indépendance intérieure complète, mais aligne sa politique étrangère sur celle de l'Angleterre et rompt toute relation avec les Russes. Il émerge ainsi comme le grand vainqueur de la guerre, face aux Anglais et aux tribus. Ironiquement, les réformes militaires des Anglais seront pour Dost Mohammad d’une grande aide : il dispose désormais d’une armée centralisée efficace, alors qu’il n’a pas eu à payer le prix politique de sa mise en place.

42 La fin de la menace coïncide avec la fin de l’unité des tribus, qui se remettent à guerroyer. Auréolé de son rôle de résistant, Dost Mohammad pourra manœuvrer à son aise et appliquer le principe « diviser pour régner », en attendant d’être assez puissant pour écraser par la force les dirigeants locaux qui se montrent rétifs à son pouvoir. Alors qu’au terme de son premier règne, le pouvoir de l’émir ne dépassait pas les limites de Kaboul, à sa mort en 1863, presque la totalité du territoire de l’Afghanistan se trouve sous son contrôle : le nord en 1850; le Badakshan en 1859, Kandahar en 1855; Herat en 1863. Ces gains sont possible grâce à la politique de bon voisinage de l’émir avec l’empire anglais, avec lequel il conclut différents traités lui permettant d’équiper ses troupes avec du matériel neuf et moderne. Ce matériel sera en outre utilisé avec brio par le centre contre les forces périphériques qui ne sont dès lors plus en mesure de rivaliser avec Kaboul.

43 Cela étant, si Dost Mohammad parvint à rétablir l’unité d’un point de vue militaire, il ne put ou ne voulut pas consacrer beaucoup d’énergie à la consolidation de l’État central, de sorte que les régions traditionnellement irrédentes (Herat, Kandahar, Balkh) n’étaient bien souvent que nominalement attachées à la couronne de Kaboul, les pouvoirs locaux de la dynastie des sadozaï) continuant de fonctionner suivant leurs propres règles. De 1842 à 1878, la politique anglaise se définit comme « stationnaire » : après le désastre de 1842, les maîtres de l'Inde veulent croire que l'arrangement conclu avec Dost Mohammad est satisfaisant. D’autant que l’aventure leur a permis de comprendre une chose : une occupation prolongée ou une colonisation classique est parfaitement impossible parce que l’élite politique n’a qu’un contrôle très relatif de sa population.

44 L’objectif de l’incursion étant de faire obstacle à la progression russe, l’alignement de la politique étrangère afghane sur la sienne satisfait pleinement Londres. Après sa défaite, Londres estime que c'est en demeurant indépendants que les musulmans d'Asie centrale pourront, par la défense de leur propre liberté, former un rempart contre l'expansion russe en Inde. Mais les peuples musulmans sur lesquels comptait Londres sont successivement abattus par la poussée russe entre 1855 et 1868 : les Caucasiens, les Kazakhs, les Ouzbeks de Khiva. L'offensive russe contre la Turquie exaspère l'Angleterre, qui envoie sa flotte. Le 13 juillet 1878 s'ouvre le congrès de Berlin, afin de tenter d’empêcher une guerre ouverte entre Londres et Saint-Peterbourg. Le lendemain de l'ouverture du congrès, les Russes se livrent à une provocation pour sonder la détermination des Britanniques du côté de l'Afghanistan.

45 4 — Le règne de Sher Ali Khan (1863-1879)
Dost Mohammad meurt en 1863 et son troisième fils, Sher Ali, lui succède sur le trône. Son pouvoir est contesté par son frère aîné à partir de 1866 et s’ensuit une guerre de succession qui ne prendra fin qu’en 1868. Même si l’Islam limite le nombre d’épouses qu’un homme peut avoir, plusieurs princes afghans ne se sont jamais trop strictement pliés à cette injonction. Ce fut le cas de Dost Mohammad, dont les seize épouses lui donnèrent vingt-sept fils et vingt-cinq filles. Cependant, grâce au prestige atteint par l’émir, mais aussi grâce à ses réformes, le bain de sang entre ses fils que l’on pouvait attendre à sa mort sera heureusement limité.

46 Sher Ali fut le premier des bâtisseurs de la nation
Sher Ali fut le premier des bâtisseurs de la nation. Dans le contexte d’éclatement toujours latent du territoire, ses réformes furent d’abord conçues pour renforcer l’armée et les structures administratives qui la soutiennent. L’objectif du nouvel émir est de mettre fin à l’utilisation des troupes irrégulières des princes au profit d’une armée professionnelle centrale. Grâce à l’appui des Britanniques, il parvint à recruter des officiers anglais à la retraite qui acceptèrent de former les nouvelles unités. À la fin de son règne, l’État central afghan disposait d’une force militaire capable de s’opposer aux velléités autonomistes des régions irrédentes : 56 000 hommes répartis dans 42 régiments de cavalerie, 73 d’infanterie et 48 d’artillerie. Cependant, ce n’était pas encore une armée nationale, car le recrutement était déterminé par les lignes ethniques et les Pachtouns y dominaient.

47 Cette armée étant très dispendieuse (40 % du budget de l’État), Sher Ali se consacra à augmenter les revenus de l’État en réformant le système de taxation et en diminuant radicalement les dépenses de la Cour. Il réforma en profondeur l’administration, s’inspirant ici encore des recettes occidentales et même si celle-ci demeura embryonnaire, il n’en demeure pas moins que c’est sous le règne de Sher Ali que l’État afghan commence à ressembler à un État moderne. Grand voyageur, il fut aussi le premier dirigeant de l’Afghanistan à accorder une importance à ce que l’on pouvait dire de son pays à l’étranger et considéra toujours que, sans la mise en place de structures modernes, l’Afghanistan demeurerait constamment menacé par des voisins à qui il serait bien incapable de commander le respect.

48 5 – La seconde guerre anglo-afghane
Avec la percée russe au Turkestan, Sher Ali commence à craindre davantage les Russes que les Anglais. Le souverain afghan, devenu voisin direct des Russes, doit réajuster sa politique étrangère en conséquence : Sher Ali s'efforçait avant tout de conserver l'indépendance de son royaume. Il ne fallait pas irriter les Russes et en se rapprochant d’eux, Sher Ali pouvait se renforcer dans le cas de négociations futures avec les Anglais. Prudent, l’émir continuait d'interdire l'entrée de son territoire aux diplomates russes et britanniques. Mais dès 1875, il communiquait par lettre avec le gouverneur général du Turkestan, von Kaufmann. 

49 En 1873, Russes et Anglais s’entendent pour définir leur zone d’influence respective en Asie centrale. La frontière de ces zones est fixée sur l’Oxus. C’est dire que l’Afghanistan était sous influence anglaise, devenant une sorte d’État tampon entre les deux grands empires. Cela ne suffit pas à Londres, d’autant que les Russes s’emploient à consolider leurs bases d’opérations en Asie centrale. Ainsi, à partir de 1876, le vice-roi des Indes, lord Lytton, s'emploie à amarrer solidement l'Afghanistan à la politique anglaise. Lytton avait compris qu’il fallait que l'Angleterre se montre effrayante. Pour lui, l'Afghanistan est un État trop faible pour demeurer isolé de l'influence des deux grandes puissances. Ainsi, le temps de l'indépendance était passé. Kaboul devait accepter un envoyé britannique permanent, conclure une alliance militaire directe contre les Russes et s'intégrer dans le dispositif de défense anglo-indien.

50 Quant aux tribus frontalières, leur autonomie devenait intolérable
Quant aux tribus frontalières, leur autonomie devenait intolérable. L'Angleterre devait étendre son contrôle sur elles, afin que les limites de la tolérance anglaise soient claires pour tous : l'émir, les tribus, et les Russes. Le 14 juillet 1878, le général Stolietov et son escorte partent pour Kaboul. Informé trop tard de l'arrivée de la mission russe sur son territoire, l'émir Sher Ali ne peut lui refuser l'accès de sa capitale. Le 21 septembre 1878, Lytton, exige la réception d'une contre-mission anglaise, mais les émissaires britanniques sont bloqués à la frontière à cause du deuil de la cour après la mort du fils préféré du roi. Les Britanniques posent un ultimatum : si le passage n'est pas accordé le 20 novembre 1878, les troupes anglo-indiennes franchiront la frontière de force. L'autorisation in extremis de l'émir n'empêche plus l'entrée simultanée des Anglais par Khyber et Kandahar.

51 C'est ainsi que la mission du gouverneur russe provoque la Seconde Guerre anglo-afghane. Certains historiens ont évoqué la possibilité que cette mission ait été une provocation. Tout aussi importante que la première guerre de , la seconde guerre de voit les Anglais, victorieux sur le plan militaire subir un désastre politique qui les contraint à évacuer l'Afghanistan. Pour l'émir, la guerre ne fut qu'une déroute. Le souverain afghan avait essayé d'équiper un embryon d'armée moderne pour défendre sa capitale et imposer un semblant d'autorité centrale au pays. L'armée gouvernementale prit la fuite devant l'avance anglaise. Après avoir vainement sollicité un appui russe, fugitif, brisé, Sher Ali mourut le 21 février 1879 à Mazar- e Sharif, dans le Turkestan afghan.

52 6 — Le « protectorat » britannique :
Yaqoub est proclamé émir et le 26 mai 1879, il signe le traité de Gandamak qui transforme l'Afghanistan en protectorat de la Couronne britannique. Aux Anglais, Yaqoub céde tout : contrôle britannique des affaires étrangères, annexion des territoires tribaux frontaliers, présence diplomatique britannique exclusive à Kaboul, libre circulation des marchandises et des commerçants britanniques en territoire afghan, installation d'un réseau télégraphique britannique. C'est alors que l'Afghanistan s'effrita entre les doigts des occupants. Un des régiments de l'émir, qui n'avait pas été payé depuis huit mois, manifesta son indignation. Trois autres régiments, qui n'avaient pas été payés du tout, se joignirent aux manifestants.

53 La garde personnelle de l'émir bloqua l'accès aux appartements royaux, mais les mutins rentrèrent dans leurs casernes chercher leurs armes et munitions. Bientôt toute une partie de la population de Kaboul se porta du côté des appartements de la mission britannique. Peu après midi, tandis que l'émir ne pouvait que les laisser faire, les mutins massacraient Sir Louis Cavagnari et les siens. Le 27 septembre, l'armée du châtiment du général Roberts entre dans Kaboul : en quelques jours, le général Roberts « contrôle » la capitale. Mais il ne contrôle rien. Yaqoub abdique et se place sous protection britannique, conscient de l'hostilité de son propre peuple. Plus d'émir, plus d'administration centralisée, plus de structures royales : Yaqoub se venge en laissant l'armée britannique camper au milieu d'une anarchie généralisée.

54 Effarés, les Britanniques ne savent que faire de Yaqoub; ils finissent par l'expédier avec sa famille aux Indes. Mais il n'y a plus de royaume afghan. L'Afghanistan se défend en se transformant en sable. Si les Anglais tiennent Kaboul, une vague confédération tribale, le Parti national, se rend maîtresse de Ghaznî toute proche. Le Parti national proclame sa fidélité à l'émir déchu, considéré comme un martyr depuis sa déportation, mais souffre d'un manque de discipline. Dans les autres provinces, le frère de l’émir déchu, Ayoub, se cramponne à Herat. Les Anglais ont investi Kandahar. Les chefs du centre montagneux et des plaines du Nord se retrouvent pleinement indépendants. Dans ce contexte, si les Anglais veulent l'Afghanistan, il leur faudrait reconstituer par les armes, sans garantie de succès, un domaine éclaté. Lord Lytton y renonce; le vice-roi des Indes opte pour la partition de l'Afghanistan.

55 Lytton prévoit d'empêcher à tout jamais le retour sur le trône d'un prince régnant sur l'ensemble de l'Afghanistan. Kaboul et Kandahar doivent former deux principautés distinctes, sous protectorat anglais. Les territoires frontaliers utiles seront annexés par l'Empire des Indes. Herat sera donnée à la Perse. La situation britannique en Afghanistan en février est un désastre. À Herat, le frère de l'émir menace de marcher sur Kandahar. Le nouveau résident britannique à Kaboul échoue à trouver un candidat pour le trône, les nationalistes exigeant le rétablissement sur le trône de Yaqoub et l'évacuation complète du territoire afghan. C'est au moment où l'Angleterre se trouve le plus empêtrée que le gouverneur du Turkestan tsariste choisit de poser au cœur de l'échiquier la pièce qu'il détenait depuis douze ans en réserve : un prince afghan exilé en territoire russe, Abdor Rahman.


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