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Daniel Villaperla vous présente les Poèmes dis lors des tournois de bridge des « ANGES » 9/04 au 22/04/2007 Attendez que la musique de Mozart démarre.

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1 Daniel Villaperla vous présente les Poèmes dis lors des tournois de bridge des « ANGES » 9/04 au 22/04/2007 Attendez que la musique de Mozart démarre et prenez le temps d’apprécier les textes poétiques que vous aimez dans cette sélection… Les diapositives changent au clic de la souris

2 Ciel brouillé ? Charles BAUDELAIRE On dirait ton regard d'une vapeur couvert ; Ton oeil mystérieux (est-il bleu, gris ou vert ?) Alternativement tendre, rêveur, cruel, Réfléchit l'indolence et la pâleur du ciel. Tu rappelles ces jours blancs, tièdes et voilés, Qui font se fondre en pleurs les cœurs ensorcelés, Quand, agités d'un mal inconnu qui les tord, Les nerfs trop éveillés raillent l'esprit qui dort. Tu ressembles parfois à ces beaux horizons Qu'allument les soleils des brumeuses saisons... Comme tu resplendis, paysage mouillé Qu'enflamment les rayons tombant d'un ciel brouillé ! Ô femme dangereuse, ô séduisants climats ! Adorerai-je aussi ta neige et vos frimas, Et saurai-je tirer de l'implacable hiver Des plaisirs plus aigus que la glace et le fer ?

3 Naître avec le printemps, mourir avec les roses, Sur l'aile du zéphyr nager dans un ciel pur, Balancé sur le sein des fleurs à peine écloses, S'enivrer de parfums, de lumière et d'azur, Secouant, jeune encore, la poudre de ses ailes, S'envoler comme un souffle aux voûtes éternelles, Voilà du papillon le destin enchanté ! Il ressemble au désir, qui jamais ne se pose, Et sans se satisfaire, effleurant toute chose, Retourne enfin au ciel chercher la volupté... Alphonse de LAMARTINE.

4 Sonnet à mon ami R Félix ARVERS J'avais toujours rêvé le bonheur en ménage, Comme un port où le cœur, trop longtemps agité, Vient trouver, à la fin d'un long pèlerinage, Un dernier jour de calme et de sérénité. Une femme modeste, à peu près de mon âge Et deux petits enfants jouant à son côté ; Un cercle peu nombreux d'amis du voisinage, Et de joyeux propos dans les beaux soirs d'été. J'abandonnais l'amour à la jeunesse ardente Je voulais une amie, une âme confidente, Où cacher mes chagrins, qu'elle seule aurait lus ; Le ciel m'a donné plus que je n'osais prétendre ; L'amitié, par le temps, a pris un nom plus tendre, Et l'amour arriva qu'on ne l'attendait plus.

5 Rimes riches à l'œil Alphonse ALLAIS L'homme insulté‚ qui se retient Est, à coup sûr, doux et patient. Par contre, l'homme à l'humeur aigre Gifle celui qui le dénigre. Moi, je n'agis qu'à bon escient : Mais, gare aux fâcheux qui me scient ! Qu'ils soient de Château-l'Abbaye Ou nés à Saint-Germain-en-Laye, Je les rejoins d'où qu'ils émanent, Car mon courroux est permanent. Ces gens qui se croient des Shakespeares Ou rois des îles Baléares ! Qui, tels des condors, se soulèvent ! Mieux vaut le moindre engoulevent. Par le diable, sans être un aigle, Je vois clair et ne suis pas bigle. Fi des idiots qui balbutient ! Gloire au savant qui m'entretient !

6 La ronde sous la cloche Aloysius BERTRAND
  Douze magiciens dansaient une ronde sous la grosse cloche de Saint-Jean. Ils évoquèrent l'orage l'un après l'autre, et du fond de mon lit je comptai avec épouvante douze voix qui traversèrent processionnellement les ténèbres.   Aussitôt la lune courut se cacher derrière les nuées, et une pluie mêlée d'éclairs et de tourbillons fouetta ma fenêtre, tandis que les girouettes criaient comme des grues en sentinelle sur qui crève l'averse dans les bois.   La chanterelle de mon luth, appendu à la cloison, éclata ; mon chardonneret battit de l'aile dans sa cage ; quelque esprit curieux tourna un feuillet du Roman-de-la-Rose qui dormait sur mon pupitre. Mais soudain gronda la foudre au haut de Saint-Jean. Les enchanteurs s'évanouirent frappés à mort, et je vis de loin leurs livres de magie brûler comme une torche dans le noir clocher.   Cette effrayante lueur peignait des rouges flammes du purgatoire et de l'enfer les murailles de la gothique église, et prolongeait sur les maisons voisines l'ombre de la statue gigantesque de Saint-Jean.   Les girouettes se rouillèrent ; la lune fondit les nuées gris de perle ; la pluie ne tomba plus que goutte à goutte des bords du toit, et la brise, ouvrant ma fenêtre mal close, jeta sur mon oreiller les fleurs de mon jasmin secoué par l'orage. La ronde sous la cloche Aloysius BERTRAND

7 A deux beaux yeux Théophile GAUTIER       Vous avez un regard singulier et charmant ; Comme la lune au fond du lac qui la reflète, Votre prunelle, où brille une humide paillette, Au coin de vos doux yeux roule languissamment ;   Ils semblent avoir pris ses feux au diamant ; Ils sont de plus belle eau qu'une perle parfaite, Et vos grands cils émus, de leur aile inquiète, Ne voilent qu'à demi leur vif rayonnement.   Mille petits amours, à leur miroir de flamme, Se viennent regarder et s'y trouvent plus beaux, Et les désirs y vont rallumer leurs flambeaux.   Ils sont si transparents, qu'ils laissent voir votre âme, Comme une fleur céleste au calice idéal Que l'on apercevrait à travers un cristal

8 Elle frappe fort la pluie ce soir, c'est une musique que je ne veux pas perdre et elle purifie l'âme. Je suis attentive en cueillant le son qui doucement devient force, elle agit en surface mais aussi en dedans. Demain je serai limpide, comme ressuscitée, et peut-être regarderai-je le monde d'un oeil plus clair. Liza

9 Stances sur mon jardin de Boucherville
Petit jardin que j'ai planté Que ton enceinte sait me plaire ! Je vois en ta simplicité, L'image de mon caractère. Pour rêver qu'on s'y trouve bien ! Ton agrément c'est la verdure ; A l'art tu ne dois presque rien, Tu dois beaucoup à la nature. D'un fleuve rapide en son cours, Tes murs viennent toucher la rive, Et j'y vois s'écouler mes jours, Comme son onde fugitive. Lorsque, pour goûter le repos, Chaque soir je quitte l'ouvrage, Que j'aime, jeunes arbrisseaux, A reposer sous votre ombrage ! Votre feuillage, tout le jour, Au doux rossignol sert d'asile ; C'est là qu'il chante son amour, Et, la nuit, il y dort tranquille. Toi qui brilles en mon jardin, Tendre fleur, ton destin m'afflige ! On te voit fleurir le matin, Et, le soir, mourir sur la tige. Vous croissez arbrisseaux charmants, Dans l'air votre tige s'élance ; Hélas ! j'eus aussi mon printemps, Mais déjà mon hiver commence. Mais à quoi sert de regretter, Les jours de notre court passage ? La mort ne doit point attrister, Ce n'est que la fin du voyage . Stances sur mon jardin de Boucherville Joseph QUESNEL Joseph QUESNEL

10 Celuy n'est pas heureux qui n'a ce qu'il desire, Mais bien-heureux celuy qui ne desire pas Ce qu'il n'a point : l'un sert de gracieux appas Pour le contentement et l'autre est un martyre. Desirer est tourment qui bruslant nous altere Et met en passion ; donc ne desirer rien Hors de nostre pouvoir, vivre content du sien Ores qu'il fust petit, c'est fortune prospere. Le Desir d'en avoir pousse la nef en proye Du corsaire, des flots, des roches et des vents Le Desir importun aux petits d'estre grands, Hors du commun sentier bien souvent les dévoye. L'un poussé de l'honneur par flateuse industrie Desire ambitieux sa fortune avancer; L'autre se voyant pauvre à fin d'en amasser Trahist son Dieu, son Roy, son sang et sa patrie. L'un pippé du Desir, seulement pour l'envie Qu'il a de se gorger de quelque faux plaisir, Enfin ne gaigne rien qu'un fascheux desplaisir, Perdant son heur, son temps, et bien souvent la vie. L'un pour se faire grand et redorer l'image A sa triste fortune, espoind de ceste ardeur, Souspire apres un vent qui le plonge en erreur, Car le Desir n'est rien qu'un perilleux orage. L'autre esclave d'Amour, desirant l'avantage Qu'on espere en tirer, n'embrassant que le vent, Loyer de ses travaux, est payé bien souvent D'un refus, d'un dédain et d'un mauvais visage. L'un plein d'ambition, desireux de parestre Favori de son Roy, recherchant son bon-heur, Avançant sa fortune, avance son malheur, Pour avoir trop sondé le secret de son maistre. Le Désir Rémy BELLEAU Desirer est un mal, qui vain nous ensorcelle; C'est heur que de jouir, et non pas d'esperer : Embrasser l'incertain, et tousjours desirer Est une passion qui nous met en cervelle. Bref le Desir n'est rien qu'ombre et que pur mensonge, Qui travaille nos sens d'un charme ambitieux, Nous déguisant le faux pour le vray, qui nos yeux Va trompant tout ainsi que l'image d'un songe.

11 La lumière inonde mon épaule Ce sont tes lèvres Qui apaisent mes craintes C'est ton regard Me rendant unique C'est ta main Dans mes cheveux Ce sont tes baisers Qui bouleversent mon âme La lumière inonde mon épaule C'est ton rire qui éclate En perles de bonheur Eclaboussant ma vie Nuit obscure Sans ton soleil ! Véronique Audelon

12 Sortilège Nadeige Bajzik Je me tiens là, devant la nuit que je contemple. La nuit ouvre à mon cœur les portes de son temple Où mon esprit se livre, murmurant sa complainte Toujours mélancolique, semblable à une plainte. Ma pensée s'y élève comme une prière Dont l'impuissance, hélas, me maintient prisonnière. Rêves, désirs, passions, forment autant d'appels Exaltés, dirigés vers les cieux éternels. Etrange liberté envahissant mon âme... Elan vers l'infini où se tisse la trame Du songe du néant. Dans l'espace, hors du temps, Tour à tour, je m'enfuis, et j'hésite, et j'attends. Car toujours, ta présence, au bout de l'horizon, Ranime au fond de moi un sentiment profond Qui me retient encore, me ramenant vers toi, Captive apprivoisée, le coeur grisé d'émoi.

13 le chat ouvrit les yeux le soleil y entra le chat ferma les yeux le soleil y resta voila pourquoi le soir quand le chat se réveille j'aperçois dans le noir deux morceaux de soleil Maurice Carème

14 La jeune fille et l'ange de la poésie Sophie d' ARBOUVILLE   L'ange reste près d'elle ; il sourit à ses pleurs, Et resserre les noeuds de ses chaînes de fleurs ; Arrachant une plume à son aile azurée, Il la met dans la main qui s'était retirée. En vain, elle résiste, il triomphe... il sourit Laissant couler ses pleurs, la jeune femme écrit.

15 L'anniversaire Félix ARVERS Oh
L'anniversaire Félix ARVERS   Oh ! qui me donnera d'aller dans vos prairies, Promener chaque jour mes tristes rêveries, Rivages fortunés où parmi les roseaux L'Yonne tortueuse égare au loin ses eaux ! Oui, je veux vous revoir, poétiques ombrages, Bords heureux, à jamais ignorés des orages, Peupliers si connus, et vous, restes touchants, Qui m'avez inspiré jadis mes premiers chants

16 A celle qui est trop gaie
Ta tête, ton geste, ton air Sont beaux comme un beau paysage ; Le rire joue en ton visage Comme un vent frais dans un ciel clair. Le passant chagrin que tu frôles Est ébloui par la santé Qui jaillit comme une clarté De tes bras et de tes épaules. Les retentissantes couleurs Dont tu parsèmes tes toilettes Jettent dans l'esprit des poètes L'image d'un ballet de fleurs. Ces robes folles sont l'emblème De ton esprit bariolé ; Folle dont je suis affolé, Je te hais autant que je t'aime ! Quelquefois dans un beau jardin Où je traînais mon atonie, J'ai senti, comme une ironie, Le soleil déchirer mon sein ; Et le printemps et la verdure Ont tant humilié mon cœur, Que j'ai puni sur une fleur L'insolence de la Nature. Ainsi je voudrais, une nuit, Quand l'heure des voluptés sonne, Vers les trésors de ta personne, Comme un lâche, ramper sans bruit, Pour châtier ta chair joyeuse, Pour meurtrir ton sein pardonné, Et faire à ton flanc étonné Une blessure large et creuse, Et, vertigineuse douceur ! A travers ces lèvres nouvelles, Plus éclatantes et plus belles, T'infuser mon venin, ma sœur ! A celle qui est trop gaie Charles BAUDELAIRE A celle qui est trop gaie

17 À Philis Pierre de MARBEUF     Et la mer et l'amour ont l'amer pour partage, Et la mer est amère, et l'amour est amer, L'on s'abîme en l'amour aussi bien qu'en la mer, Car la mer et l'amour ne sont point sans orage.   Celui qui craint les eaux, qu'il demeure au rivage, Celui qui craint les maux qu'on souffre pour aimer, Qu'il ne se laisse pas à l'amour enflammer, Et tous deux ils seront sans hasard de naufrage.   La mère de l'amour eut la mer pour berceau, Le feu sort de l'amour, sa mère sort de l'eau, Mais l'eau contre ce feu ne peut fournir des armes.   Si l'eau pouvait éteindre un brasier amoureux, Ton amour qui me brûle est si fort douloureux, Que j'eusse éteint son feu de la mer de mes larmes

18 Nuit de printemps François-René de CHATEAUBRIAND
Le ciel est pur, la lune est sans nuage : Déjà la nuit au calice des fleurs Verse la perle et l'ambre de ses pleurs ; Aucun zéphyr n'agite le feuillage. Sous un berceau, tranquillement assis, Où le lilas flotte et pend sur ma tête, Je sens couler mes pensers rafraîchis Dans les parfums que la nature apprête. Des bois dont l'ombre, en ces prés blanchissants, Avec lenteur se dessine et repose, Deux rossignols, jaloux de leurs accents, Vont tour à tour réveiller le printemps Qui sommeillait sous ces touffes de rose Mélodieux, solitaire Ségrais, Jusqu'à mon cœur vous portez votre paix ! Des prés aussi traversant le silence, J'entends au loin, vers ce riant séjour, La voix du chien qui gronde et veille autour De l'humble toit qu'habite l'innocence. Mais quoi ! déjà, belle nuit, je te perds ! Parmi les cieux à l'aurore entrouverts, Phébé n'a plus que des clartés mourantes, Et le zéphyr, en rasant le verger, De l'orient, avec un bruit léger, Se vient poser sur ces tiges tremblantes. Nuit de printemps François-René de CHATEAUBRIAND

19 A El Alphonse de LAMARTINE
Lorsque seul avec toi, pensive et recueillie, Tes deux mains dans la mienne, assis à tes côtés, J'abandonne mon âme aux molles voluptés Et je laisse couler les heures que j'oublie; Lorsqu'au fond des forêts je t'entraîne avec moi, Lorsque tes doux soupirs charment seuls mon oreille, Ou que, te répétant les serments de la veille, Je te jure à mon tour de n'adorer que toi; Lorsqu'enfin, plus heureux, ton front charmant repose Sur mon genou tremblant qui lui sert de soutien, Et que mes doux regards sont suspendus au tien Comme l'abeille avide aux feuilles de la rose; Souvent alors, souvent, dans le fond de mon cœur Pénètre comme un trait une vague terreur; Tu me vois tressaillir; je pâlis, je frissonne, Et troublé tout à coup dans le sein du bonheur, Je sens couler des pleurs dont mon âme s'étonne. Tu me presses soudain dans tes bras caressants, Tu m'interroges, tu t'alarmes, Et je vois de tes yeux s'échapper quelques larmes Qui viennent se mêler aux pleurs que je répands. " De quel ennui secret ton âme est-elle atteinte? Me dis-tu : cher amour, épanche ta douleur; J'adoucirai ta peine en écoutant ta plainte, Et mon coeur versera le baume dans ton coeur. " Ne m'interroge plus, à moitié de moi-même! Enlacé dans tes bras, quand tu me dis : Je t'aime; Quand mes yeux enivrés se soulèvent vers toi, Nul mortel sous les cieux n'est plus heureux que moi? Mais jusque dans le sein des heures fortunées Je ne sais quelle voix que j'entends retentir Me poursuit, et vient m'avertir Que le bonheur s'enfuit sur l'aile des années, Et que de nos amours le flambeau doit mourir! D'un vol épouvanté, dans le sombre avenir Mon âme avec effroi se plonge, Et je me dis : Ce n'est qu'un songe Que le bonheur qui doit finir. A El Alphonse de LAMARTINE

20 Les conquérants José-Maria de HEREDIA Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal, Fatigués de porter leurs misères hautaines, De Palos de Moguer, routiers et capitaines Partaient, ivres d'un rêve héroïque et brutal.   Ils allaient conquérir le fabuleux métal Que Cipango mûrit dans ses mines lointaines, Et les vents alizés inclinaient leurs antennes Aux bords mystérieux du monde Occidental.   Chaque soir, espérant des lendemains épiques, L'azur phosphorescent de la mer des Tropiques Enchantait leur sommeil d'un mirage doré ;   Ou penchés à l'avant des blanches caravelles, Ils regardaient monter en un ciel ignoré Du fond de l'Océan des étoiles nouvelles.  

21 L'habitude Auguste ANGELLIER
La tranquille habitude aux mains silencieuses Panse, de jour en jour, nos plus grandes blessures ; Elle met sur nos cœurs ses bandelettes sûres Et leur verse sans fin ses huiles oublieuses ; Les plus nobles chagrins, qui voudraient se défendre, Désireux de durer pour l'amour qu'ils contiennent, Sentent le besoin cher et dont ils s'entretiennent Devenir, malgré eux, moins farouche et plus tendre ; Et, chaque jour, les mains endormeuses et douces, Les insensibles mains de la lente Habitude, Resserrent un peu plus l'étrange quiétude Où le mal assoupi se soumet et s'émousse ; Et du même toucher dont elle endort la peine, Du même frôlement délicat qui repasse Toujours, elle délustre, elle éteint, elle efface, Comme un reflet, dans un miroir, sous une haleine, Les gestes, le sourire et le visage même Dont la présence était divine et meurtrière ; Ils pâlissent couverts d'une fine poussière ; La source des regrets devient voilée et blême. A chaque heure apaisant la souffrance amollie, Otant de leur éclat aux voluptés perdues, Elle rapproche ainsi de ses mains assidues, Le passé du présent, et les réconcilie ; La douleur s'amoindrit pour de moindres délices ; La blessure adoucie et calme se referme ; Et les hauts désespoirs, qui se voulaient sans terme, Se sentent lentement changés en cicatrices ; Et celui qui chérit sa sombre inquiétude. Qui verserait des pleurs sur sa douleur dissoute, Plus que tous les tourments et les cris vous redoute, Silencieuses mains de la lente Habitude. L'habitude Auguste ANGELLIER

22 Petite déjà j'escaladais le ciel Le soleil avait disparu Dans le dédale des vieilles rues C'est une pente abrupte Je courais sur les mains. J'avançais à tâtons dans le noir En possession de ma légèreté Privilège des yeux fermés Simone Auguste

23 L'amour Adélaïde DUFRÉNOY
Passer ses jours à désirer, Sans trop savoir ce qu'on désire ; Au même instant rire et pleurer, Sans raison de pleurer et sans raison de rire ; Redouter le matin et le soir souhaiter D'avoir toujours droit de se plaindre, Craindre quand on doit se flatter, Et se flatter quand on doit craindre ; Adorer, haïr son tourment ; À la fois s'effrayer, se jouer des entraves ; Glisser légèrement sur les affaires graves, Pour traiter un rien gravement, Se montrer tour à tour dissimulé, sincère, Timide, audacieux, crédule, méfiant ; Trembler en tout sacrifiant, De n'en point encore assez faire ; Soupçonner les amis qu'on devrait estimer ; Être le jour, la nuit, en guerre avec soi-même ; Voilà ce qu'on se plaint de sentir quand on aime, Et de ne plus sentir quand on cesse d'aimer. L'amour Adélaïde DUFRÉNOY

24 Baiser rose, baiser bleu Théophile GAUTIER     À table, l'autre jour, un réseau de guipure, Comme un filet d'argent sur un marbre jeté, De votre sein, voilant à demi la beauté, Montrait, sous sa blancheur, une blancheur plus pure.   Vous trôniez parmi nous, radieuse figure, Et le baiser du soir, d'un faible azur teinté, Comme au contour d'un fruit la fleur du velouté, Glissait sur votre épaule en mince découpure.   Mais la lampe allumée et se mêlant au jeu, Posait un baiser rose auprès du baiser bleu : Tel brille au clair de lune un feu dans de l'albâtre.   À ce charmant tableau, je me disais, rêveur, Jaloux du reflet rose et du reflet bleuâtre : " Ô trop heureux reflets, s'ils savaient leur bonheur ! "

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26 Bonne pensée du matin Arthur RIMBAUD    A quatre heures du matin, l'été, Le sommeil d'amour dure encore. Sous les bosquets l'aube évapore L'odeur du soir fêté.  Mais là-bas dans l'immense chantier Vers le soleil des Hespérides, En bras de chemise, les charpentiers Déjà s'agitent.  Dans leur désert de mousse, tranquilles, Ils préparent les lambris précieux Où la richesse de la ville Rira sous de faux cieux.  Ah ! pour ces Ouvriers charmants Sujets d'un roi de Babylone, Vénus ! laisse un peu les Amants, Dont l'âme est en couronne.  Ô Reine des Bergers ! Porte aux travailleurs l'eau-de-vie, Pour que leurs forces soient en paix En attendant le bain dans la mer, à midi.

27 Le ciel étend la nappe limpide De son lac immobile Toutes les pensées y plongent Immergées dans la même eau Elles traversent en nageant La transparence de l'air Où des fragments d'âme Fondent leurs clartés d'argent Françoise Urban-Menninger

28 Ténèbres Pier de Lune Les jours coulent dans une solitude triste et amère je couds mes larmes dans l'attente d'un mot d'un retour qui n'en finit plus d'arriver je naufrage dans des eaux sombres les ténèbres tentaculaires ravinent mon être je meurs de peur, de chagrins, d'inquiétude Amour, je te languis sur mon visage des larmes sèchent je crie, je hurle "laissez-le moi encore un peu, encore"...

29 Désirez-moi comme je suis, petite femme plutôt banale, ni moche, ni jolie, hélas ! d’une grande timidité. Si vous voulez m’apprivoiser, il nous faudra jouer à deux, des yeux, des doigts, des lèvres, les gammes de la séduction. Prenez-moi comme je suis, les pieds ancrés sur terre, accrochée par le coeur au cerf-volant de ma poésie. Quand vous êtes hors de portée, vos notes toujours me bercent, si, si, la, mi... et vous voilà au creux de mon oreiller. Aimez-moi comme je suis, je nous rêve en cinémascope, mes mots et votre musique composent déjà une chanson. Gentiane

30 Amour me tue, et si je ne veux dire Le plaisant mal que ce m'est de mourir : Tant j'ai grand peur, qu'on veuille secourir Le mal, par qui doucement je soupire.   Il est bien vrai, que ma langueur désire Qu'avec le temps je me puisse guérir : Mais je ne veux ma dame requérir Pour ma santé : tant me plaît mon martyre.   Tais-toi langueur je sens venir le jour, Que ma maîtresse, après si long séjour, Voyant le soin qui ronge ma pensée,   Toute une nuit, folâtrement m'ayant Entre ses bras, prodigue, ira payant Les intérêts de ma peine avancée. Pierre de RONSARD

31 Jean Louis Latsague Brûler les larmes au fond des yeux Ou n’avoir qu’un regard pour deux. Il reste un rêve d'herbe bleue Rêve à tresser dans tes cheveux. Inutile de penser pour deux Nombreux sont ceux qui pensent à nous Et qui oeuvrent depuis les cieux Sans obliger d’être à genoux Inutiles les mots d’alarme, Tous les mots à cran d'arrêt Pourtant je suis toujours prêt À vouloir boire tes larmes. Brûler les larmes au fond des yeux Ou n’avoir qu’un regard pour deux. Il reste un rêve d'herbe bleue Rêve à tresser dans tes cheveux. Aux arcades de notre lit L'envers soulevé souligne Belles courbes qui s’alignent. C’est de toi que j’attends le oui. Poser mes pieds sur ton plancher Le souffle court, sens apaisés Par la douceur d’un long baiser Sans penser que c’est un pêché. Brûler les larmes au fond des yeux Ou n’avoir qu’un regard pour deux. Il reste un rêve d'herbe bleue Rêve à tresser dans tes cheveux. Tous les matins se raccrocher À l’idée que tout commence Nos corps collés, rêve d’enfance, Tous les matins se rapprocher Le temps qui fuse s’est emballé Tout va trop vite et je m’use. À vouloir câliner m’amuse Mais plus rien ne me fait rêver. Brûler les larmes au fond des yeux Ou n’avoir qu’un regard pour deux. Il reste un rêve d'herbe bleue Rêve à tresser dans tes cheveux

32 Petite perle cristalline Henri-Frédéric AMIEL     " Petite perle cristalline Tremblante fille du matin, Au bout de la feuille de thym Que fais-tu sur la colline ?   Avant la fleur, avant l'oiseau, Avant le réveil de l'aurore, Quand le vallon sommeille encore Que fais-tu là sur le coteau ? "

33 Au tribunal d'amour, après mon dernier jour, Mon cœur sera porté diffamé de brûlures, Il sera exposé, on verra ses blessures, Pour connaître qui fit un si étrange tour,   A la face et aux yeux de la Céleste Cour Où se prennent les mains innocentes ou pures ; Il saignera sur toi, et complaignant d'injures Il demandera justice au juge aveugle Amour :   Tu diras : C'est Vénus qui l'a fait par ses ruses, Ou bien Amour, son fils : en vain telles excuses ! N'accuse point Vénus de ses mortels brandons,   Car tu les as fournis de mèches et flammèches, Et pour les coups de trait qu'on donne aux Cupidons Tes yeux en sont les arcs, et tes regards les flèches.     Théodore Agrippa d' AUBIGNÉ

34 Marie-Amélie Chavanne
Sur l'eau calme du fleuve où décline le soleil doucement glissent les chalands. Dans le soir ils s'en vont, doucement ils s'en vont et leur âme est sereine... Ils s'en vont, amoureux de silence et de ciel, doucement ils s'en vont, doucement ils promènent leurs rêves... Pas un souffle de vent, pas un vol d'oiseaux, mais l'or du couchant, le bruit frêle du flot. Sur l'eau calme du fleuve où s'efface le soleil, dans la nuit chaude et chantante, doucement s'éloignent les chalands... Marie-Amélie Chavanne

35 De tous les côtés les murs que j'ai élevés pour me protéger finissent par m'enfermer. J'ai essayé de creuser des trous de libérer un caillou afin de regarder de l'autre coté. Les murs commencent à ressembler à certains fromages troués mais j'ai beau tout essayer ils ne veulent pas s'effondrer. Quand tu t'es approché j'espérais avoir trouvé celui qui allait m'aider mais j'ai remarqué que tu ne l'as jamais essayé. C'est vrai qu'à me regarder tu as dû bien rigoler. Je devais avoir l'air très con en prisonnier qui défend sa prison. Nathalie Feld

36 Ronde RICHARD GUILLERMIC Excusez - moi si je suis noir Ce soir, Excusez donc un amoureux Heureux : Hier j'ai dansé avec elle, Si belle, Hier, j'ai touché sa frimousse Si douce ! Toute petite entre mes bras, Je crois L'avoir serrée contre mon corps Trop fort. Je n'ai jamais connu pareille Merveille : Instants trop courts, instants suprêmes Je l'aime... Excusez moi si je suis noir Ce soir Je dois la chasser de mon cœur ! J' ai peur ! Car tout autour de moi s'écroule... J'me soûle Pour oublier son beau visage. J'enrage D'avoir été berné, trompé, Dupé ! Je ne reverrai plus ses yeux ! Adieux... Excusez moi si je suis noir Ce soir, Je trouve que ce vin fripon Est bon ! J ' ai oublié toute ma peine, Ma haine, Afin d' apprendre le sourire, Et rire...

37 Pavane Jehan Tabourot, dit Thoinot ARBEAU
Belle qui tiens ma vie Captive dans tes yeux, Qui m'as l'âme ravie D'un souris gracieux. Viens tôt me secourir, Ou me faudra mourir. Pourquoi fuis-tu, mignarde, Si je suis près de toi ? Quand tes yeux je regarde, Je me perds dedans moi ! Car tes perfections Changent mes actions. Tes beautés et ta grâce Et tes divins propos Ont échauffé la glace Qui me gelait les os. Ils ont rempli mon cœur D'une amoureuse ardeur ! Approche donc ma belle, Approche-toi mon bien ! Ne me sois plus rebelle Puisque mon cœur est tien Pour mon mal apaiser Donne-moi un baiser ! Pavane Jehan Tabourot, dit Thoinot ARBEAU

38 Fanny, l'heureux mortel qui près de toi respire Sait, à te voir parler et rougir et sourire, De quels hôtes divins le ciel est habité. La grâce, la candeur, la naïve innocence Ont, depuis ton enfance, De tout ce qui peut plaire enrichi ta beauté. Sur tes traits, où ton âme imprime sa noblesse, Elles ont su mêler aux roses de jeunesse Ces roses de pudeur, charmes plus séduisants, Et remplir tes regards, tes lèvres, ton langage, De ce miel dont le sage Cherche lui-même en vain à défendre ses sens. Oh ! que n'ai-je moi seul tout l'éclat et la gloire Que donnent les talents, la beauté, la victoire, Pour fixer sur moi seul ta pensée et tes yeux ; Que, loin de moi, ton cœur fût plein de ma présence, Comme, dans ton absence, Ton aspect bien-aimé m'est présent en tous lieux ! Je pense : Elle était là ; tous disaient : " Qu'elle est belle ! " Tels furent ses regards, sa démarche fut telle, Et tels ses vêtements, sa voix et ses discours Sur ce gazon assise, et dominant la plaine, Des méandres de Seine, Rêveuse, elle suivait les obliques détours. Ainsi dans les forêts j'erre avec ton image ; Ainsi le jeune faon, dans son désert sauvage, D'un plomb volant percé, précipite ses pas. Il emporte en fuyant sa mortelle blessure ; Couché près d'une eau pure, Palpitant, hors d'haleine, il attend le trépas. A Fanny André CHÉNIER

39 Le printemps Théodore de BANVILLE Te voilà, rire du Printemps
Le printemps Théodore de BANVILLE     Te voilà, rire du Printemps ! Les thyrses des lilas fleurissent. Les amantes qui te chérissent Délivrent leurs cheveux flottants.   Sous les rayons d'or éclatants Les anciens lierres se flétrissent. Te voilà, rire du Printemps ! Les thyrses de lilas fleurissent.   Couchons-nous au bord des étangs, Que nos maux amers se guérissent ! Mille espoirs fabuleux nourrissent Nos cœurs gonflés et palpitants. Te voilà, rire du Printemps !

40 ELLE Rodes Elle est de ces joyaux profondément obscurs, Taillés dans le secret, à l'éclat contenu, Reposant à l'écrin comme des gemmes pures Qui garderaient pour nous des forces inconnues. Elle est un parfum lourd de lys et d'orchidée, Une nappe fluide étirant sa langueur Au-dessus des étangs mystérieux et drapés De brume vaporeuse et de douce lenteur. C'est l'ombre d'un château qui pose sur les douves Un voile de fraîcheur invitant au repos. C'est un gémissement de solitaire louve Pudique et frémissante aux caprices de l'eau. J'étais un vagabond flânant à l'inutile, Aveugle et maladroit, trébuchant au chemin, Elle tira ma charrue, sans effort et gracile, Avant que de m'offrir la paume de sa main.

41 Avril, l'honneur et des bois Et des mois, Avril, la douce esperance Des fruits qui soubs le coton Du bouton Nourrissent leur jeune enfance ; Avril, l'honneur des prez verds, Jaune, pers, Qui d'une humeur bigarrée lent de mille fleurs De couleurs Leur parure diaprée ; Avril, l'honneur des souspirs Des zephyrs, Qui, soubs le vent de leur aelle, Dressent encore es forests Des doux rets Pour ravir Flore la belle ; Avril, c'est ta douce main Qui du sein De la nature desserre Une moisson de senteurs Et de fleurs, Embasmant l'aer et la terre. Avril, l'honneur verdissant, Florissant Sur les tresses blondelettes De ma dame, et de son sein Tousjours plein De mille et mille fleurettes ; Avril, la grace et le ris De Cypris, Le flair et la douce haleine ; Avril, le parfum des dieux Qui des cieux Sentent l'odeur de la plaine. C'est toy courtois et gentil Qui d'exil Retire ces passageres, Ces arondelles qui vont Et qui sont Du printemps les messageres. L'aubespine et l'aiglantin, Et le thin, L'oeillet, le lis et les roses, En ceste belle saison, A foison, Monstrent leurs robes écloses. Le gentil rossignolet, Doucelet, Decoupe dessoubs l'ombrage Mille fredons babillars, Fretillars Au doux chant de son ramage. C'est à ton heureux retour Que l'amour Souffle à doucettes haleines Un feu croupi et couvert Avril Rémy BELLEAU Que l'hyver Receloit dedans nos veines. Tu vois en ce temps nouveau L'essaim beau De ces pillardes avettes Volleter de fleur en fleur Pour l'odeur Qu'ils mussent en leurs cuissettes. May vantera ses fraischeurs, Ses fruicts meurs Et sa feconde rosée, La manne et le sucre doux, Le miel roux, Dont sa grace est arrosée. Mais moy je donne ma voix A ce mois, Qui prend le surnom de celle Qui de l'escumeuse mer Veit germer Sa naissance maternelle.

42 JEUX DE VIE Rickways Les dames me font tourner la tête
JEUX DE VIE Rickways   Les dames me font tourner la tête ! Je déploie mes sourires de poètes Laisse libérer les mots sans une hésitation Pour troubler damoiselle au cœur d'émotion   Puis dans l'imaginaire libère mes atours Pour surprendre de droiture, ce qui excite l'amour. Et prise au piège d'une fourchette de plaisir Je glisse par magie un soupçon d'élixir.   Fou d'énergie, je me donne comme un pion Libre des volontés, d'une femme sensation Pour éviter l'échec je joue avec leur mots Histoire que dans le jeu, elle libère leur étau.   Et comme un roi voleur sur son fidèle destrier M'évade dans l'élan de ma douce cavalière Pour rejoindre le vent de la douce liberté Et mater à nouveau une libertine de verre...

43 L'on verra s'arrêter le mobile de monde Madeleine de l' AUBESPINE   L'on verra s'arrêter le mobile du monde, Les étoiles marcher parmi le firmament, Saturne infortuné luire bénignement, Jupiter commander dedans le creux de l'onde. L'on verra Mars paisible et la clarté féconde Du Soleil s'obscurcir sans force et mouvement, Vénus sans amitié, Stilbon sans changement, Et la Lune en carré changer sa forme ronde, Le feu sera pesant et légère la terre, L'eau sera chaude et sèche et dans l'air qui l'enserre, On verra les poissons voler et se nourrir, Plutôt que mon amour, à vous seul destinée, Se tourne en autre part, car pour vous je fus née, Je ne vis que pour vous, pour vous je veux mourir.

44 Constat d'absence Nathalie Feld Ce n'est pas la peine de sonner, ma porte restera fermée. N'attendez pas mon retour, je m'absente sûrement pour quelques jours. Inutile de m'appeler, l'appareil a été débranché. Évitez de m'écrire, je n'ai rien de plus à dire. J'ai pris ces quelques jours de congé, pour pouvoir me rencontrer. Mais comme je me suis perdue de vue, la durée du voyage est inconnue. Et si par hasard vous me voyez, n'essayez surtout pas d'insister. Ce que vous croiserez sur votre passage ne sera guère plus que l'emballage.

45 Des partitions éphémères…
Toute tristesse n’est qu’un passage Que le sang qui coule dans tes veines Remontera la tige de ton corps Tu sais on ne fait que passer Nous sommes les eaux d’un fleuve Toi tu peux retourner sur tes pas Mais l’onde suivra le cheminement des heures Atteindra la mer pour disparaître Ecris de tes mains de velours J’ai soif de m’imprégner de tes images Rouler sur l’herbe haute de notre lac M’asseoir à l’ombre de ton regard éperdu Savourer de tes lèvres la même offrande Et dont tu ne cesses de m’abreuver Ne fais pas attention à la grisaille de mes cheveux Ni à l’étouffement de mon âme versatile Je suis l’errant dans le livre de tes contes Je me rappelle cette main qui frôle L’espace de mes nombreux délires L’herbe ploie à ton passage L’arôme déversé t’enveloppe comme une aura Je te vois sans te voir Tu es très proche mais lointaine Ton regard enveloppe l’horizon ouvert Où le soleil semble se refléter Avant de mettre le voile de la nuit Je soupire en fermant la croisière Du jour je ne tiens que l’ombre De la nuit je scrute les voies du silence Les étoiles ne me disent plus rien La lune dépoétisée oublie mes cavalcades La rue éclairée étouffe la rumeur des passants Je suis sous l’emprise du passé C’était, je n’ai aucun souvenir… ! L’album des jours rejoint la carrière des éphémères Je suis ainsi dans les prises de mes quêtes… renouvelées Des partitions éphémères… kacem loubay

46 Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie Louise Labé     Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie ; J'ai chaud extrême en endurant froidure : La vie m'est et trop molle et trop dure. J'ai grands ennuis entremêlés de joie.   Tout à un coup je ris et je larmoie, Et en plaisir maint grief tourment j'endure ; Mon bien s'en va, et à jamais il dure ; Tout en un coup je sèche et je verdoie.   Ainsi Amour inconstamment me mène ; Et, quand je pense avoir plus de douleur, Sans y penser je me trouve hors de peine.   Puis, quand je crois ma joie être certaine, Et être au haut de mon désiré heur, Il me remet en mon premier malheur.

47 Parfois, je suis triste. Et, soudain, je pense à elle
Parfois, je suis triste. Et, soudain, je pense à elle. Alors, je suis joyeux. Mais je redeviens triste de ce que je ne sais pas combien elle m’aime. Elle est la jeune fille à l’âme toute claire, et qui, dedans son cœur, garde avec jalousie l’unique passion que l’on donne à un seul. Elle est partie avant que s’ouvrent les tilleuls, et, comme ils ont fleuri depuis qu’elle est partie, je me suis étonné de voir ô mes amis, des branches de tilleuls qui n’avaient pas de fleurs. Francis Jammes

48 Emanations. Julien Saolinc Il émane d'elle Une douceur énergique Idyllique Le feulement d'ailes D'ange A heurté mon âme Qui s'enflamme A chanter ses louanges et son regard A laissé mon esprit Épris A son égard

49 Fraction Jacques Prévert   Un baiser à fleur de lèvres, sous le signe de l'appétence, les corps se hissent, et restent ancrés brûlant d’envie et d’attirance les yeux échangent leurs suppliques les mains retiennent l’envolée hésitations de quelques secondes à la barre d'une fraction de têtes. Au repli vers leurs quartiers un goût amer dans le gosier chacun comprend qu'il est passé à côté de l'unité.   L'union ne se fera jamais.

50 Il est dans l'île lointaine
Théodore de BANVILLE Il est dans l'île lointaine Où dort la péri, Sur le bord d'une fontaine, Un rosier fleuri Qui s'orne toute l'année Des plus belles fleurs. Il est une coupe ornée De mille couleurs, Dont le sein de marbre voile Les flots d'un doux vin. Il est une blanche étoile Au rayon divin, Qui verse de blanches larmes Au cœur des lys blancs. Il est un seuil, plein de charmes Pour mes pas tremblants, Où je vais poser ma tête Pour me reposer. Il est un jardin en fête Plus doux qu'un baiser, Qui le soir, au clair de lune, Tressaille embaumé, C'est ton front, ta tresse brune, Ta lèvre, ô Fatmé !

51 Les Amours Vieillissantes René Domenget Lorsque les cheveux blancs encadrent son visage, Lorsque ses seins vieillis encombrent son corsage, Que même une caresse est un effort trop lourd, Que seuls restent les yeux pour se parler d'amour. Lorsque les corps brisés n'ont plus aucun discours, Que le pas se fait lent, le souffle devient court, Qu'en allant côte à côte en se tenant la main, On ose même plus songer au lendemain. Lorsque notre horizon peu à peu s'assombrit, Les rides se creusant dessous nos cheveux gris, Qu'on ne peut plus qu'offrir les restes du passé, Les rêves d'avenir nous ayant délaissés. Mais même si nos bras ne peuvent plus l'étreindre, Pour apaiser ses peurs ou éteindre ses feux, Même si nos élans ne peuvent plus atteindre, Ce merveilleux Eden où s'unissent les Dieux. Il faut savoir garder, là au fond de son cœur, La petite étincelle, le myosotis en fleur, Et si même l'on vit son tout dernier matin, Lui dire encore je t'aime à la Saint Valentin.

52 Couleurs Dans mon pays natal Dans cette île banale Les couleurs se fanent Les nuances se meurent Mes yeux sombres ont absorbé Toutes les couleurs du passé Les montagnes verdoyantes Les champs dorés Les océans bleutés Et les couchers d’un soleil en flamme Les couleurs se fanent Et sombrent dans le néant Les couleurs partent Mais pas en vacances Les couleurs s’en vont Elles ne reviendront plus Mes yeux assoiffés Boivent à s’étouffer Le restant de couleurs Dans un sursaut de douleur... Les couleurs sont parties Je suis seule dans la nuit Une nuit blanche d’absence Blanchie de couleurs Une nuit blanche Blanchie de douleurs Mes yeux sombres Déversent à petits coups De la couleur sur mes joues Muriel Vieux

53 Jeune fille plus belle que les larmes qui ont coulé plus qu'averses d'avril beaux yeux aux ondes de martin-pêcheur où passaient les longs-courriers de mes désirs mémoire, ô colombe dans l'espace du coeur je me souviens de sa hanche de navire je me souviens de ses épis de frissons et sur mes fêtes et mes désastres je te salue toi la plus belle et je chante Gaston Miron

54 ACADEMIE MEDRANO Blaise Cendrars A Conrad Moricand Danse avec ta langue, Poète, fais un entrechat Un tour de piste sur un tout petit basset noir ou haquenée(1) Mesure les beaux vers mesurés et fixe les formes fixes Que sont LES BELLES LETTRES apprises Regarde : Les affiches se fichent de toi te mordent avec leurs dents en couleur entre les doigts de pied La fille du directeur a des lumières électriques Les jongleurs sont aussi les trapézistes xuellirép tuaS teuof ed puoC aç-emirpxE Le clown est dans le tonneau malaxé Il faut que ta langueles soirs où Les Billets de faveur sont supprimés.

55 Ce doux hiver qui égale ses jours Théodore Agrippa d' AUBIGNÉ     Ce doux hiver qui égale ses jours A un printemps, tant il est aimable, Bien qu'il soit beau, ne m'est pas agréable, J'en crains la queue, et le succès toujours. J'ai bien appris que les chaudes amours, Qui au premier vous servent une table Pleine de sucre et de mets délectable, Gardent au fruit leur amer et leurs tours. Je vois déjà les arbres qui boutonnent En mille nœuds, et ses beautés m'étonnent, En une nuit ce printemps est glacé, Ainsi l'amour qui trop serein s'avance, Nous rit, nous ouvre une belle apparence, Est né bien tôt bien tôt effacé.

56 Musique de Mozart : Romance du Concerto pour piano et orchestre N°20 K
Poèmes et photos Internet Daniel Avril Ce diaporama poèmes n°15 est strictement privé. Il est à usage non commercial.


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