La présentation est en train de télécharger. S'il vous plaît, attendez

La présentation est en train de télécharger. S'il vous plaît, attendez

Histoire de l’Afghanistan : des origines à demain…

Présentations similaires


Présentation au sujet: "Histoire de l’Afghanistan : des origines à demain…"— Transcription de la présentation:

1 Histoire de l’Afghanistan : des origines à demain…

2 D’Abdor Rahman au « Fils du porteur d’eau » (1880-1929) 1 – Le règne d’Abdor Rahman (1880-1901) 2 – Le règne d’Habibollah (1901-1919) 3 – Le règne d’Amanullah (1919-1929) 4 – Un tadjik règne sur l’Afghanistan (1929)

3 1 – Le règne d’Abdor Rahman (1880-1901) 1.1 – Le retour de l’émir Au début de mars 1880, le prince Abdor Rahman passait l’Amou-Daria; après douze ans d'exil à Samarkand, « sous la protection » de Sankt-Peterbourg, un candidat au trône rentrait en Afghanistan. C’était le fils d'Afzal Khan, demi-frère de Sher Ali. Après la mort Dost-Mohammad, les deux demi-frères s'étaient disputé l'héritage. Sher Ali avait su gagner le vice-roi des Indes à sa cause en 1867. La reconnaissance et l'argent des Britanniques lui permirent de triompher de son rival (c'est seulement vers 1874 que Sher Ali penchera vers les Russes).

4 La dynastie des Mohommadzaï

5 Abdor Rahman (1840 (?)-1901)

6 Quant à Afzal Khan, il mourut soudainement, et son fils Abdor Rahman, avec ses derniers compagnons fidèles, s'enfuit au Turkestan russe en 1868. Le gouverneur Kaufmann assigna le prince à résidence, où il lui versa une pension pour lui et les siens. Il fallut attendre 1878 pour que Kaufmann trouve le moyen d'utiliser son otage. La guerre entre l'Angleterre et la Russie menaçait en Europe, et Kaufmann reçut un ordre de mobilisation au Turkestan. C'est dans ce contexte qu'il envoya, en juillet, cette mission qui fut fatale à Sher Ali et entraîna le déclenchement de la seconde guerre anglo-afghane. Deux ans plus tard, alors que l'Angleterre se débattait dans le bourbier politique de Kaboul, von Kaufmann fit savoir à Abdor Rahman que l'heure était venue pour lui de retourner dans son pays.

7 Dès les derniers mois du mandat de lord Lytton, l'Inde anglaise arrêta sa politique : annexer quelques territoires frontaliers, évacuer Kaboul et Kandahar en octobre 1880 au plus tard, trouver vite et à tout prix deux princes indigènes amis de l'Angleterre, mais acceptables pour leurs propres sujets afin d'administrer ces deux villes sous forme de royaumes distincts. Pour Kandahar, les Anglais avaient trouvé un candidat princier, impopulaire, il est vrai, le notable local Sher Ali- Khan. Mais pour Kaboul, il fallait envisager Abdor Rahman. Poussé par Kaufmann, accompagné de cent cavaliers équipés de fusils et de munitions russes, avec en poche une promesse écrite pour deux mille fusils à répétition et 35 000 roubles, Abdor Rahman rentra au pays

8 1.2 – État de la situation en 1880 L'Afghanistan de 1880 était revenu à son point de départ : effondrement de l'autorité, incapacité des tribus à imposer une solution politique. Les Anglais s'étant emparés du pouvoir central, les Afghans avaient opposé à l'occupant l'émiettement anarchique du pays. Mais dès que les Anglais faisaient connaître leur décision de partir, la révolte tournait à vide. Maintenant devait s'imposer un chef dont les revenus et les largesses surpasseraient ceux de tous ses rivaux. Pour réussir dans l'Afghanistan de 1880, un postulant au pouvoir suprême devait être à la fois résistant et collaborateur : il devait tout faire pour que l'occupant s'en aille, mais il lui faudrait aussi s'imposer comme l'interlocuteur privilégié de l'occupant, comme celui jugé digne de recevoir son appui financier.

9 Au printemps de 1880, trois candidats principaux briguent la souveraineté du pays : À Kandahar, Sher Ali-Khan, notable local. Son autorité ne s'étend même pas sur l’ensemble du territoire de la région. À Herat, Ayoub, frère de l'émir déporté, très populaire, concentre les espoirs du Parti national. Ayoub, résistant par excellence, devrait l'emporter, mais il est inacceptable pour les Anglais, qui ne veulent pas d’un retour de l'un ou l'autre des deux fils de Sher Ali. Enfin, Abdor Rahman est la donnée neutre, ni résistant ni collaborateur. Son génie sera de devenir les deux en quelques mois et sans livrer une seule bataille. Aux Anglais qu'inquiètent ses attaches russes, Abdor Rahman fait comprendre qu'il y renonce et gouvernera le pays dans l'intérêt de Londres.

10 Les Anglais proposent à Abdor Rahman de régner à Kaboul. Après un refus initial, il accepte, assouplit ses exigences, fait tout pour obtenir le trône de Kaboul au plus vite et hâter le retrait des Anglais, quitte à reconquérir le reste de l'Afghanistan plus tard. Il arrache ainsi l'essentiel, argent et munitions, sans jamais sembler inféodé et il obtient le départ des troupes d'occupation. Muni d'argent et d'armement anglais, Abdor Rahman peut procéder jusqu'à la fin de son règne à l'écrasement méthodique de tous ses rivaux. Les premières batailles que livrera le nouvel émir seront dirigées contre d'autres Afghans, au premier chef contre d’autres Pachtounes, et même contre le clan des Durani, dont il fait lui-même parti. Quant à sa politique étrangère, elle a consisté à trahir les Russes et à s'allier aux Anglais dont il a précipité le départ, en défendant l'intégrité territoriale et l'autonomie politique absolues de son royaume.

11 1.3 – Abdor Rahman contre Ayoub En mars 1880, Abdor Rahman a une quarantaine d'années; il cache sous ses allures une grande perspicacité politique, nourrie par les observations accumulées durant les cinq ans de revendication du trône par son père entre 1863 et 1868, suivi par douze ans d'exil en territoire russe de 1868 à 1880. Patient et dissimulateur dans les négociations, il sait réprimer toute révolte chez les siens avec une brutalité confinant parfois au sadisme. Dès son arrivée en Afghanistan, Abdor Rahman met à profit ses fonds russes pour imposer son pouvoir aux chefs locaux du Nord, puis il communique avec le Parti national et les tribus dissidentes autour de Kaboul en faisant clairement savoir qu'il vient pour participer au djihad.

12 En même temps, il fait connaître aux Anglais à Kaboul qu'il en brigue le trône et les rassure quant à ses rapports avec les Russes, avec qui il ne se sent pas lié. Le 10 avril, un cavalier apporte le premier message du résident à Kaboul. Une fois le contact établi avec les Britanniques, Abdor Rahman entre dans la seconde phase de son double jeu. Il demande le détail des exigences anglaises, ne paraissant y céder que peu à peu : séparation de Kaboul et Kandahar, relations extérieures avec la Grande- Bretagne seulement; en échange, le prince obtenait la reconnaissance de son titre, une riche promesse de fonds et le retrait complet des Britanniques. Par ailleurs, Abdor Rahman multiplia les messages d'encouragement aux résistants : au Parti national, il recommanda d'éviter les attaques de places fortes et de harceler les convois et les communications.

13 Aux paysans du Kohestan, il fit savoir qu'il approchait et que tous devaient se tenir prêts pour un soulèvement. Aux chefs du Turkestan afghan, il se déclara venu « pour libérer l'Afghanistan des mains des Anglais ». Le 22 juillet, le nouvel émir était reçu par Griffin à Kaboul. Dans le Sud, les tribus rejoignaient Ayoub. Parti de Herat, il marchait sur Kandahar, tenue par les Anglais et leur créature, le notable Sher Ali Khan. Début août, les hommes d'Ayoub assiègent les Anglais à Kandahar, alors que le départ des Anglais de Kaboul est fixé au 10. Concernant Ayoub, Abdor Rahman se surpasse en duplicité. Publiquement, il ne dit pas un mot contre lui. Avant de quitter Kaboul, Griffin propose à l'émir de régner aussi sur Herat : Abdor Rahman refuse, cette ville relève de son « cousin ».

14 En réalité, Abdor Rahman réussit un double exploit : il fait évacuer Kaboul par les Anglais et obtient des tribus Ghilzaï qu'elles ne harcèlent pas les troupes sur leur chemin de retour vers l'Inde. Or le chemin du retour passe par Kandahar, assiégé par Ayoub… Arrivées le 30 août, les troupes anglaises culbutent les assiégeants, contraignent Ayoub à se replier vers Herat et s'emparent de son arsenal. Le 21 avril 1881, les Britanniques se retirent de Kandahar. Sher Ali-Khan juge plus prudent d'abdiquer et de rentrer en Inde avec eux. Une fois les Anglais partis, la guerre civile perd son aspect de sacrilège. Une fois levée la menace d'une occupation étrangère directe, les différentes factions s'apprêtaient pour la guerre civile en sollicitant l’appui anglais. Le conflit éclata dès le départ du dernier soldat anglais. L'enjeu était Kandahar.

15 Ayoub ne pouvait rivaliser auprès des tribus contre Abdor Rahman, pourvu par les Anglais. Mais il remporte la première manche et chasse en juillet 1881 le gouverneur d’Abdor Rahman de Kandahar, sous les acclamations de la population pour qui l'émir est un « infidèle ». La riposte d’Abdor Rahman est foudroyante. Il ordonne à ses forces de prendre Herat à revers, pendant qu’Ayoub est à Kandahar. Entre temps, Abdor Rahman purge Kaboul des sympathisants d'Ayoub et gagne à sa cause le clan des Ghilzaï. Le 22 septembre 1881, les forces d’Abdor Rahman assiègent Kandahar. En pleine bataille, le régiment de Herat ouvrit le feu par-derrière sur les défenseurs de Kandahar et les partisans irréguliers, provoquant la déroute du parti d'Ayoub, qui dut abandonner Kandahar à l'émir de Kaboul et regagner sa base de Herat.

16 Mais c'était trop tard, la ville venait d'être prise par les hommes d’Abdor Rahman et, au milieu d'octobre 1881, Ayoub se réfugiait en territoire iranien. Il y demeura jusqu'en 1888, puis s'installa en Inde à Rawalpindi, proche du pays pachtoun, jusqu'à sa mort en 1914.

17 1.4 – Construire l’Afghanistan Pendant les quinze années suivante, Abdor Rahman guerroie contre les dissidents et les soumet, manipulant les vendettas, les haines entre sunnites et chiites. Il abat les Ghilzaï révoltés, puis les envoie conquérir le pays des Hazaras; en 1895, il annexe et convertit à l'islam les dernières vallées orientales où survit le paganisme ancestral, en leur donnant le nom de Nouristan. Il crée une vraie capitale, un véritable gouvernement, un embryon d'industrie. Les structures administratives de l'Afghanistan moderne sont celles qu'il a imposées. L'État dans ses frontières actuelles est sa création. L'argent anglais lui permet tout : une bonne armée, une police, un réseau d'espions l'affranchissent des tribus et transforment le gouvernement en despotisme efficace.

18 Abdor Rahman jouit de trois avantages qu'aucun conquérant étranger ne peut posséder : il est lui-même un chef tribal afghan; il puise à une source de revenus intarissable et c'est un musulman irréprochable. Seule une poignée de techniciens et médecins anglais est tolérée dans sa capitale, d'où les missionnaires chrétiens sont bannis. L'importance de son règne est primordiale pour l'histoire de l'Afghanistan. Le réseau administratif dont il recouvre le pays est si imposant que ses successeurs en oublient souvent les tendances profondes, cachées, mais très vives, de la société afghane. Mais si durables, pour le meilleur et le pire, qu'aient été les traces laissées à l'intérieur par le régime de Abdor Rahman (unification administrative au prix du despotisme de l'État et de l'écrasement des principales minorités ethniques), c'est par ses options internationales que l'émir a laissé de riches leçons.

19 Tyran habile et opportuniste, il a sauvé l'indépendance de l'Afghanistan face à deux voisins redoutables. L'erreur des derniers dirigeants de l'Afghanistan indépendants vient peut-être de leur mépris des recettes diplomatiques léguées par l'Émir de Fer pour le Grand Jeu.

20 1.5 – L’héritage de l’émir de fer Abdor Rahman nous a laissé son propre point de vue, sorte de testament, sur la relation entre l'Afghanistan, l'Angleterre et la Russie. Malgré toutes les déceptions causées par l'Angleterre et le ressentiment du peuple afghan, Kaboul doit s'allier avec Londres contre la Russie, tout en évitant de provoquer celle-ci : il y va de la survie du pays. Car le but ultime de la Russie, croit-il, est la destruction de l'Afghanistan, obstacle sur sa route vers le sud. L'Angleterre, en revanche, a tout intérêt à renforcer l'Afghanistan à la manière d'un rempart. Aussi, l'émir met-il l'accent sur la défense de l'Afghanistan. Son royaume est un pays faible et pauvre, il le sait;

21 Ses mines pourraient être exploitées et l'enrichir, un réseau de télégraphes et de chemins de fer mettraient l'Afghanistan et ses produits en communication avec le reste du monde. Mais en attendant, l'Afghanistan doit d'abord survivre. L'Angleterre est passive et changeante, la Russie redoutable. Aussi le royaume doit-il choisir. Avant sa mort en 1901, l'Émir de Fer a laissé deux conseils pour ses successeurs. L'Afghanistan étant faible, il ne fallait « jamais agir de manière à provoquer l'un ou l'autre de ses voisins » Tout en se montrant apparemment amical envers la puissance du nord, il incombait pour un souverain de Kaboul d'« éviter des relations trop étroites avec les Russes, et de suivre plutôt la voie la plus sûre, qui est celle du juste milieu ».

22 En outre, s'il s'avérait un jour indispensable pour des raisons économiques d'ouvrir des voies de communication modernes, il fallait à tout prix éviter que ces voies débouchent sur les frontières d'une puissance voisine toujours potentiellement hostile. Les concessions pour construire de telles voies ne devraient jamais être accordées à des étrangers, ou alors seulement à des ressortissants de pays aussi lointains que possible. L'histoire de l'Afghanistan du XX e siècle, depuis la mort du fils et successeur de l'Émir de Fer, Habibollah, en 1919, jusqu'à l'invasion du pays soixante ans plus tard par l'Armée rouge en décembre 1979, peut se résumer par l'incapacité des dirigeants afghans à appliquer ces deux recettes du fondateur de leur État.

23 2 – Le règne d’Habibollah (1901-1919) Habibollah Khan, fils aîné d’Abdor Rahman, lui succéda à partir de 1901 jusqu’à 1919 sur le trône. Il fut l’un des rares dirigeants du pays à parvenir à éviter la guerre de succession à la mort de son père, grâce à une politique consistant à prendre à ses côtés des membres des autres lignées les Mohammadzais, que son père s’était au contraire employé à éliminer. Son règne peut-être qualifié de « modernisation modérée » de l’Afghanistan. Il pourra gouverner dans le cadre des structures léguées par son père, modifiant l'apparence ou adoucissant les angles trop durs : attiré par l’occident, il supprime les séquelles de l'esclavage aboli sous Abdor Rahman ainsi que la torture et les châtiments corporels vers 1905.

24 Habibollah (1872-1919)

25 En 1904, Habibollah, qui permit la diffusion sur le territoire de l’Afghanistan de la médecine moderne ainsi que de plusieurs autres connaissances et technologies issues du monde occidental, fonde la première académie militaire et par la suite, les premiers établissements d’enseignement laïc de l’histoire du pays. Plus souple que son père, dont il a hérité un pouvoir central et une administration, quoiqu’encore primitive, Habibollah s’emploie à poursuivre l’œuvre paternelle, mais d’une façon différente, accordant une place à des groupes que son père avait tenté de détruire. L’impact du retour des exilés est surtout manifeste par l’arrivée de nouvelles idées, autant religieuses que laïques, dans un pays depuis longtemps coupé de toutes influences. Au cours de son règne, les conséquences de cette politique ne seront pas très importantes, mais sous la direction de son fils, elles deviendront manifestes.

26 Néanmoins, c’est dès Habibollah que les « querelles » propres aux États en cours de modernisation vont commencer. En Afghanistan, où l’alphabétisation est peu répandue et où le pouvoir est très centralisé, ce sont les différentes factions de la cour de Kaboul qui disposent de la plus grande influence sur les orientations politiques Deux factions favorables à des réformes se dispute l’audience de l’émir : la faction religieuse, composée d’oulémas, de chefs spirituels soufis et des membres les plus dévots de la famille royale. La deuxième faction, qui peut être qualifiée de modernisatrice et nationaliste, était composée pour l’essentiel des nouvelles élites récemment formées dans les écoles modernes. Les deux factions sont partiellement soutenues par l’émir, dont la psychologie combine l’un et l’autre mouvement : très dévot, ce n’est cependant pas un traditionaliste conservateur typique et il apprécie les innovations techniques.

27 Conséquemment, son manque de volonté à choisir clairement l’une des deux voies aura tôt fait de susciter le mécontentement des uns et des autres. Les relations complexes qu’entretient le royaume avec la puissance britannique sont symptomatiques des atermoiements de l’émir. En 1907, pour protester contre un traité russo-anglais, l’Émir lance un appel au Djihad contre les Anglais qui se révèle être si populaire qu’il risque d’en perdre le contrôle. Ainsi, l’année suivante, il prend peur et annule l’appel au Djihad… Du côté des nationalistes, les reproches sont liés à la politique de conciliation suivie par l’émir face aux Anglais. Le mécontentement se développe au point où les modernisateurs et les plus ouverts des chefs religieux, appuyés même par certains des fils de l’émir, mettent en place à la fin des années 1900 une organisation secrète vouée entre autres à l’abolition de la monarchie.

28 Découverte en 1909, l’organisation sera démantelée et de nombreux meneurs seront exécutés, ce qui contribuera encore à éloigner les modernistes de l’émir. La position de l’émir quant à la participation du pays à la Première Guerre mondiale est un autre motif de mécontentement. L’Empire ottoman se retrouvant directement impliqué dans le conflit, les deux factions penchent du côté des empires centraux : les religieux y voyant une lutte musulmane contre les chrétiens, les réformistes voyant dans le mouvement Jeune turc un modèle. La pression sur l’émir en faveur d’un appui aux empires centraux atteint son apogée en 1915, alors qu’une délégation turco-allemande reçue à Kaboul demande la permission d’utiliser le territoire afghan pour attaquer les possessions britanniques du sous-continent indien ou à tout le moins pour susciter des révoltes dans les territoires musulmans sous domination britannique.

29 Loin d’obtempérer, l’émir, qui préfère observer une neutralité complète, ne tente même pas de monnayer cette neutralité auprès des Anglais, ce qui lui sera grandement reproché dans les milieux nationalistes après la guerre, d’autant qu’apparaît alors sur la frontière nord du pays un allié anti-impérialiste potentiel, avec l’arrivée au pouvoir des bolcheviques en Russie. Le mécontentement croissant des élites à Kaboul conduira à un dénouement tragique pour Habibollah : un matin de février 1919, alors qu’il participait à un voyage de chasse, l’émir est assassiné dans sa tente. L’identité de l’assassin demeure à ce jour inconnue, bien que logiquement il convienne de regarder du côté des forces nationales de Kaboul. Diverses hypothèses ont été par ailleurs mises de l’avant, certaines impliquant les Anglais, d’autres, l’un de ses fils.

30 3 – Le règne d’Amanullah (1919-1929) 3.1 – La 3 e guerre anglo-afghane et les premières tentatives de réformes (1919-1924) À la mort d’Habibollah, son frère Nasrollah se proclame émir, en conformité avec les volontés exprimées par Abdor Rahman. Il est d’ailleurs appuyé par les deux fils aînés de son frère, mettant ainsi en place les éléments nécessaires à une crise dynastique. Car le 3 e fils d’Habibollah, Amanullah, refuse de se soumettre et accuse son oncle et ses frères de meurtre et de trahison. Un siècle plus tôt, la crise aurait été résolue par une suite de batailles sanglantes, mais au début du XXe siècle, le pouvoir étant concentré à Kaboul, c’est dans la capitale que se joue la lutte.

31 Amanullah (1892-1960)

32 L’armée ayant appuyé les prétentions d’Amanullah, son oncle abandonne la lutte. Il sera emprisonné sur ordre de son neveu et mourra en prison cinq ans plus tard. Le 3 mars 1919, Amanullah annonce aux Anglais son avènement sur le trône, déclarant agir au nom du gouvernement libre et indépendant de l’Afghanistan. Il joint le geste à la parole en nommant son beau-père ministre des Affaires étrangères, en violation des accords anglo-afghans de l’époque qui interdisait à Kaboul toute politique étrangère indépendante. Le 13 avril, il déclara : « Je proclame moi-même et mon pays totalement libres, indépendants en matière de gouvernement et souverains dans les affaires intérieures et extérieures. Mon pays sera donc pareil à d’autres États du monde. », ce qui provoque une troisième guerre anglo-afghane, que les Afghans considèrent comme leur guerre d'indépendance.

33 Sans surprise, la RSFSR fut le premier État à reconnaître cette indépendance et les deux pays nouèrent des relations diplomatiques. Il s’agit là du premier geste de rapprochement entre les deux États. Fin politique, Amanullah déclare un Djihad contre les Anglais qui tentent de reprendre le territoire par la force et l’émir parvient ainsi à unir derrière lui les principales forces politiques du pays, les religieux et les nationalistes modernisateurs. La guerre débuta en mai 1919. Comme d’habitude, face au péril extérieur, la quasi-totalité de la population fit front commun avec Kaboul pour repousser les Anglais. Ceux-ci furent tenus en échec et des difficultés internes, alliées au fait que l’Afghanistan n’avait aucune vue agressive ou expansionniste, contraignirent les Britanniques à conclure un armistice avec le gouvernement de Kaboul le 3 juin 1919.

34 De ce fait, les Anglais reconnaissent à leur tour l’indépendance du pays. Mais leurs visées sur le pays ne disparaissent pas pour autant et ils comptent alors utiliser l’arme économique pour permettre le retour du pays dans le giron britannique, comptant que sans les échanges commerciaux, le gouvernement de Kaboul, n’aurait d’autres choix que de se tourner vers eux. Cependant, la Russie soviétique ayant manifesté son désir de venir en aide à l’Afghanistan, les Anglais décident de faire leur deuil de leur influence directe sur le pays et le 8 août 1919, le traité de Rawalpindi est signé entre les deux pays. Afin de diversifier ses relations internationales, Kaboul signe un traité multiforme avec la Russie soviétique, le premier entre les deux pays, le 28 février 1921, ce qui permet de relancer le Grand jeu, Kaboul pouvant à nouveau jouer à l’équilibriste entre les deux rivaux.

35 La victoire de l’émir permit à l’Afghanistan de connaître son heure de gloire internationale, surtout dans le monde musulman, mais aussi à l’intérieur, alors que même les membres les plus conservateurs du clergé lui rendent hommage pour sa victoire. Mais la phase islamiste d’Amanullah se termina rapidement : après avoir tenté de soutenir Khiva et Boukhara contre les bolcheviques, il abandonne l’idée de proclamer un califat dans la foulée de la révolution turque, devant le manque d’intérêt du monde musulman. Ses ambitions internationales frustrées, Amanullah se tourne vers la politique intérieure du pays et lance une série de réformes radicales. En 1923, il donne à l’Afghanistan sa première constitution, qui maintient le principe monarchique, mais met en place les structures d’un État moderne, avec la création d’un conseil des ministres et d’un conseil d’État pour épauler le détenteur du pouvoir exécutif.

36 Cette nouvelle structure ne demeurera pas longtemps une coquille vide et dans les semaines qui suivent, une multitude de lois apparaissent qui vont toutes dans le sens d’une modernisation radicale des structures du pays : l’esclavage est alors aboli définitivement, le système d’éducation est restructuré et élargi, allant même jusqu’à permettre aux filles d’accéder à l’école. Le système d’imposition est revu, la conscription universelle est proclamée et l’émir tente même de soumettre le pachtounwali aux usages modernes en limitant la polygamie et en augmentant l’âge du mariage des filles à neuf ans.

37 3.2 – De la rébellion du Kohestan à l’exil (1924-1929) Dans un pays très conservateur, ce train de réformes radicales sera très mal reçu par la population et le capital de sympathie dont jouissait l’émir en 1920 disparaîtra rapidement, le contraignant à remettre en question une grande partie de son programme. La rébellion qui agitera le pays en 1924 et 1925 témoigne du fait que, malgré la centralisation menée férocement par l’émir de Fer, l’Afghanistan demeure un État dans lequel le pouvoir central n’existe que dans la mesure où il obtient l’appui des régions périphériques. Ce sont d’abord les Pachtounes de l’est qui s’oppose au centre. Même si les doléances formulées par ceux-ci prennent une forme religieuse, ce qui exaspère la population, c’est le désir de l’émir d’étendre le pouvoir de Kaboul dans les zones périphériques sur des questions qui affectent la vie de la population.

38 Trois éléments des réformes sont à la base de ce rejet : l’imposition, la conscription et surtout les empiétements du centre sur le mode de vie des familles. La guerre d’indépendance a affecté négativement les finances publiques : aux coûts directs de la guerre s’ajoute la fin des subsides anglais, qui avaient permis à l’émir de fer de réunir le territoire. En outre, les plans de modernisation d’Amanullah coûtent cher. Afin de financer ses réformes, l’émir réforme le système d’imposition, exigeant le paiement de l’impôt en espèces, augmente le taux d’imposition sur les terres irriguées et introduit de nouvelles taxes. Le renflouage des coffres passe aussi par la réduction des subsides que celui-ci verse aux chefs des régions. Pour compenser leurs pertes, ceux-ci accroissent la pression fiscale sur la population. La corruption se mettant de la partie, les impôts prélevés ne parviennent pas tous, loin de là, dans les coffres de l’État.

39 Le changement de structure dans les forces armées et l’instauration d’une conscription généralisée constitue la deuxième cause de mécontentement. Suivant l’ancien système, qui exemptait certains clans, chaque collectivité devait fournir à l’armée un homme pour chaque huit hommes en état de combattre. La communauté choisissait et se chargeait de subvenir aux besoins de la famille du conscrit pendant son service. Le système mis en place en 1923 se veut universel et obligatoire, même si bien sûr on permet aux plus riches d’acheter des dispenses. Aucun subside n’était prévu pour venir en aide aux familles des conscrits. L’État en profite par ailleurs pour accroître son pouvoir sur la population par le biais de l’introduction d’une carte d’identification délivrée aux conscrits et qui devient obligatoire pour une foule d’interactions avec le gouvernement (mariage, création d’entreprises, etc.)

40 Ce sont surtout les dispositions concernant les femmes qui heurtent les milieux traditionnels : réduction de la polygamie, interdiction du mariage des enfants et de la pratique qui consiste à éponger une dette de sang par le « paiement en femmes », etc. Pour les traditionalistes, pour qui l’autonomie et la résistance aux pouvoirs publics sont fondamentales, il s’agit d’une attaque contre les traditions. Cet ensemble de mesures dresse une part importante de la population contre Kaboul, au point de dégénérer en une fronde contre le gouvernement à partir de mars 1924, alors que le Kohestan se dresse contre le centre, soulevé par des oulémas locaux. La rébellion s’étend ensuite aux autres populations pachtounes de l’est du pays. En réaction, Amanullah convoque à Kaboul une Loya Jirga pour obtenir l’assentiment des notables, mais ceux-ci en profitent au contraire pour faire part de leurs doléances.

41 Les choses dégénèrent quand les oulémas favorables au centre émettent une fatwa condamnant les insurgés et que ceux-ci déclarent jurer fidélité à Abdul Karim, l’un des fils de l’émir, opposé aux réformes de son père. Celui-ci, après avoir réussi à présenter la fronde comme étant financé par les Britanniques, déclare un Djihad contre les rebelles et parvient à retourner la situation. Une soixantaine de meneurs des rebelles sont capturés et conduits à Kaboul pour y être exécutés publiquement. La situation est sauvée, mais la rébellion a mis à mal l’autorité de Kaboul sur le territoire et démontré la faiblesse du pouvoir central, remettant en question le résultat fondamental du règne de l’émir de fer. Plus encore, afin de regagner les faveurs des clergés locaux, l’émir doit faire marche arrière sur les réformes sociales, en échange d’un maintien des réformes administratives et se retrouve ainsi otage de certains des éléments les plus conservateurs de la société.

42 Après une période qu’il croyait suffisante pour calmer les ardeurs de ses opposants, Amanullah relance les réformes en 1926, autorisant à nouveau les filles à fréquenter l’école. En 1927 et 1928, plusieurs voyages à l’étranger braquent les traditionalistes, d’autant qu’il voyage avec son épouse, qui est alors « montrée » aux étrangers. La colère populaire à son encontre reprend de plus belle. En 1928, il convoque une Loya Jirga de notables soigneusement sélectionnés pour approuver une autre série de réformes, incluant la mise en place d’une Assemblée nationale, la réforme du système d’éducation et des lois destinées à améliorer la condition féminine. Se déclarant « émir révolutionnaire », Amanullah va même jusqu’à demander que soit abandonné le costume afghan au profit des vêtements occidentaux.

43 Ce programme braque le clergé, mais aussi les réformateurs (dont Nadir Khan), lesquels proposent un rythme plus lent aux réformes, qui devraient en outre être avant tout économiques. Les plus radicaux se plaignent par ailleurs que le système de monarchie absolue ne soit aucunement remis en question par les réformes. Bref, fin 1928, l’émir est pratiquement isolé. En novembre 1928, les rébellions reprennent. L’émir propose alors aux rebelles d’abandonner ses réformes, mais ceux-ci refusent et réclament son départ. En février 1929, après qu’une partie des troupes gouvernementales soit passée du côté des rebelles, Amanullah abdique au profit de son frère et s’enfuit à Kandahar.

44 4 – Un tadjik règne sur l’Afghanistan (1929) Rejoignant les rebelles s’opposant à Amanullah, les Tadjiks se rassemblent derrière un certain Habibollah Kalakani, un bandit tadjik appuyé par les oulémas locaux. Après l’abdication d’Amanullah au profit de son frère, Habibollah parvient à s’emparer de Kaboul et se proclame émir, parmi d’autres… Le « règne » d’Habibollah Kalakani n’en est pas vraiment un, dans la mesure où il ne parvint jamais à établir son contrôle sur le pays et qu’en dehors de Kaboul, il ne fut jamais reconnu comme émir légitime.

45 Pendant les quelques mois qu’il se maintient à Kaboul, ce Bacha-i-Saqao, ce « fils du porteur d’eau », ainsi qu’il est généralement désigné par ses opposants, premier Tadjik de l’histoire de l’Afghanistan à prétendre régner sur le pays et qui appartient aux franges les plus réactionnaires de la société, s’empresse d’abolir les réformes honnies de son prédécesseur. Cela ne suffit pas à lui donner la légitimité qui lui manque et l’opposition ne lui permettra pas de consolider son pouvoir. Il se maintient jusqu’en octobre 1929, car s’il est un piètre administrateur, c’est un militaire de grande valeur : au cours de l’année, il parvient à s’emparer de Kandahar et d’Herat et à obtenir l’assentiment du clergé des régions périphériques.

46 Habibollah Kalakani (1890(?)- 1929

47 Malgré cela, malgré son habileté à jouer les différents clans pachtounes les uns contre les autres, et les fonds venant à lui manquer, à la fin de l’été 1929, il n’est plus en mesure de verser les subsides à ses alliés régionaux et éprouve des difficultés à payer ses propres troupes, qui commencent à l’abandonner. Dans ce contexte, l’opposition à Kalakani croit au point où de nombreux notables se rallient à Amanullah, qui annonce renoncer à son abdication. Nadir Khan, l’un de ses anciens conseillers rentre alors de France et prend la tête de la fronde pachtoune contre l’usurpateur tadjik. Après plusieurs tentatives, les troupes dirigées par Nadir Khan parviennent à dégager la capitale et à forcer « l’usurpateur » à s’enfuir.


Télécharger ppt "Histoire de l’Afghanistan : des origines à demain…"

Présentations similaires


Annonces Google