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BONNE GOUVERNANCE ET GOUVERNEMENT

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1 BONNE GOUVERNANCE ET GOUVERNEMENT
Raymond Bernard GOUDJO Institut des Artisans de Justice et de Paix Le Chant d’Oiseau 04 B.P. 578 Cotonou / Bénin

2 INTRODUCTION Le concept de « bonne gouvernance » (BG) est lié au phénomène fort complexe de la mondialisation. Les analyses sur la mondialisation exposent un vaste champ hétéroclite et divergeant de disciplines à propensions idéologiques, culturelles, religieuses, économiques et politiques (cf. Louis Sabourin, le défi de la globalisation: quelle gouvernance? Rome, ) BG signifie entre autres gouvernance concertée.

3 Le phénomène de l’interdépendance quasi absolue entre les États pose la question des crises et changements structurels et conjoncturels sociaux. La bonne gouvernance est un nouveau concept qui, lancé dans le champ sociétal, espère obtenir de nouveaux résultats sociaux. La bonne gouvernance ne peut pas être séparée du paradigme de « gouvernance mondiale » encore dit « gouvernance globale ».

4 HISTOIRE DU CONCEPT Maîtriser et gérer la mondialisation est l’un des plus grands défis du 21e siècle, car tout système nouveau est confronté au succès ou à l’échec. « Bonne gouvernance » naquit à la fin des années et s’imposa dans les conditionnalités liées aux financements octroyés aux pays en développement par les institutions financières internationales et les autres bailleurs de fonds. (cf. Arnaud Zacharie, La bonne gouvernance: Préalable ou conséquence du financement du développement? )

5 Amartya Sen, prix Nobel d’économie 1998, est l’homme qui lança le concept de BG. Selon lui, « le progrès social et la démocratie sont des processus qui se renforcent mutuellement ». (cf. A. Zacharie) Partie intégrante du développement, la démocratie serait « un processus d’expansion des libertés réelles dont les personnes peuvent jouir. De cette façon, l’expansion des libertés constitue à la fois la fin première et le moyen principal du développement » . (A. Sen, Un nouveau modèle économique. Développement, justice, liberté.)

6 La BG se présente comme un processus de renforcement de la démocratie pour un développement plus intégré des pays. A. Sen s’élève contre « le pilotage unilatéral, y compris s’il est le fait du meilleur des experts » car on trouverait difficilement un cas de famine dans un pays respectant la liberté d’expression, la liberté de presse et l’opposition politique. L’idée et l’idéologie: ce sont les pays du tiers monde eux-mêmes qui doivent penser et conduire leur développement.

7 En 1999, le concept est récupéré par les instances internationales
En 1999, le concept est récupéré par les instances internationales. Il devient un des facteurs majeurs des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). On voit naître plusieurs autres concepts: Nouvelle Stratégie de Lutte contre la Pauvreté (NSLP), allègement de la dette des Pays Pauvres Très Endettés (PPTE). Dans la foulée, les Programmes d’Ajustement Structurel (PAS) sont remplacés par les Documents Stratégiques de Réduction de la Pauvreté (DSRP). Devraient être mis à contribution les experts, les gouvernements et la « société civile » pour la rédaction des stratégies.

8 Les OMD et la BG coïncident dans leurs objectifs:
Cf. Obligation de rendre compte: les administrations publiques sont capables et désireuses de montrer en quoi leur action et leurs décisions sont conformes à des objectifs précis et convenus. Transparence: l’action, les décisions et la prise de décision des administrations publiques sont, dans une certaine mesure, ouvertes à l’examen des autres secteurs de l’administration, du Parlement, de la société civile et parfois d’institutions et d’autorités extérieures.

9 Efficience et efficacité: les administrations publiques s’attachent à une production de qualité, notamment dans les services rendus aux citoyens, et veillent à ce que leurs prestations répondent à l’intention des responsables de l’action publique. Réceptivité: les autorités publiques ont les moyens et la flexibilité voulus pour répondre rapidement à l'évolution de la société, tiennent compte des attentes de la société civile lorsqu'elles définissent l'intérêt général et elles sont prêtes à faire l’examen critique du rôle de l’État.

10 Prospective: les autorités publiques sont en mesure d'anticiper les problèmes qui se poseront à partir des données disponibles et des tendances observées, ainsi que d'élaborer des politiques qui tiennent compte de l'évolution des coûts et des changements prévisibles (démographiques, économiques, environnementaux, par exemple). Primauté du droit: les autorités publiques font appliquer les lois, la réglementation et les codes en toute égalité et en toute transparence. Le concept de BG touche directement aux problèmes de gestion, de corruption, de droit et de démocratie, mais il demeure flou.

11 PHILOSOPHIE SOUS-JACENTE
Paru à la fin des années 1999, le concept de BG appartient aux paradigmes de la postmodernité. Dans le droit sillage de l’après seconde guerre mondiale et surtout de mai 1968, la postmodernité exalte la liberté absolue individuelle et rejette la valeur et la hiérarchie des valeurs. Pour exister, l’homme doit être libre de décider absolument par lui-même sans référence à aucune valeur autre que lui-même. Pas de transcendance, mais un horizontalisme absolu.

12 Dans « L’homme unidimensionnel », Herbert Marcuse, s’en prenant au système économique qui prive l’homme de sa liberté, préconise une société libre de tout pouvoir social contraignant, ou tout au moins très restreint. La société devrait exalter le plaisir et le loisir, expressions véritables de l’homme horizontalement libre, son uni-dimension. A la société du « doit se faire » ou « principe de performance » doit se substituer la société du défoulement, impression de la liberté.

13 Partant de ce qu’il appelle « la violence symbolique » (douce et quasi invisible), Pierre Bourdieu veut libérer l’homme de l’imposition arbitraire du culturel et du social. Pour sortir l’homme des structures de domination sociale, Bourdieu décrypte les mécanismes des structures sociétales de reproduction pour imaginer l’homme libre de toute contrainte. Il rejette donc toute valeur et hiérarchie des valeurs.

14 Structuraliste informel ou poststructuraliste, Michel Foucault dira: « Il n’y a pas de relations de pouvoir sans constitution corrélative d’un champ de savoir, ni de savoir qui ne suppose et ne constitue en même temps des relations de pouvoir... » Foucault veut reconstruire l’identité de l’individu pour combler le « vide » en l’homme. L’individu exprime sa liberté dans son identité sexuelle saisie comme volonté de savoir, usage des plaisirs et souci de soi. Ce qu’il appelle lui-même « technique de soi » pour auto-construire un sujet patron de lui-même.

15 Constructionniste, Jacques Derrida cherche à pénétrer la « chair du concept » pour le faire exploser. Les concepts de raison/déraison, présence/absence, droit/justice seront tout simplement aplatis et nivelés. Lui-même dira: « La déconstruction a lieu dans l’intervalle qui sépare l’indéconstructibilité de la justice et la déconstructibilité du droit ». Ce procédé veut marquer la différance et non pas la différence, c’est-à-dire différencier les concepts sans les opposer. L’idée que toutes les valeurs s’équivalent et que toutes les religions s’équivalent, ne lui est pas étranger.

16 Subversive de l’identité et maîtresse du « gender studies », Judith Butler fera entrer le féminisme dans le poststructuralisme. Elle analyse l’homosexualité sous un angle nouveau et osé. Elle inverse les catégories de la « particularité » érotique à reconnaître à l’individu dans un champ pluraliste et respectueux de la vie privée. Position habituellement admise par la postmodernité. Pour elle, l’homosexualité doit remettre en cause « l’ordre social et symbolique » en procédant à la déstabilisation des identités individuelles et sociales communément admises.

17 HORIZONTALISME - RELATIVISME
La clef de l’horizontalisme et du relativisme ambiant se trouve dans la mise à plat des valeurs et le refus absolu de toute hiérarchie des valeurs humaines et sociales: refus absolu de transcendance. Toutes les valeurs s’équivalent (toutes les religions s’équivalent) entend-on couramment dans le jargon contemporain. Pris dans le système holistique, tout dans tout, les nouveaux paradigmes s’entremêlent et s’interpellent de façon synonymique.

18 Au paradigme BG, il faut nécessairement associer et combiner d’autres paradigmes nouveaux comme:
Liberté et libre choix Consensus Éducation par les pairs Facilitation Éducation à la paix Orientation sexuelle Parlement des enfants Clarification des valeurs Santé de la reproduction Les meilleures pratiques Choix informé Consentement informé Gagnant-gagnant Démocratie participative Intégrité corporelle Avortement sans risque Homoparentalité Homophobie, etc.

19 Le contenu de ces mots est flou: il correspond bien au relativisme qui se refuse à toute définition et qui paradoxalement veut intégrer toutes les définitions en fonction de l’individu et de sa pratique située. Le repère essentiel, c’est l’individu absolument libre. Il n’a plus besoin de transmission des valeurs, mais se crée et s’accommode des valeurs qu’il s’invente et se choisit pour lui-même. La fameuse « technique de soi ». La postmodernité, poststructuraliste, pense non pas anthropologie mais sociologie et "post-sociologisme".

20 « La bonne gouvernance relève d’une régulation néolibérale
« La bonne gouvernance relève d’une régulation néolibérale. Elle contribue notamment au passage d’une négociation intégrant les conflits politiques, à une fausse neutralité de la normalisation technique, au développement d’une régulation déléguée aux intérêts particuliers des entreprises transnationales au détriment d'une démocratie publique représentative. La création du Global Compact sous la pression des lobbies économiques illustre sa mise en œuvre en fragilisant le droit du travail. Le développement de cette « bonne gouvernance » conduit finalement à un affaiblissement de la régulation sociale internationale et donc à un accroissement de la précarité des travailleurs dans le monde. » (Thierry Brugvin)

21 Les mots clés qui accompagnent B G sont aussi « entreprises transnationales, lobbies économiques, Global Compact, ONU, régulation sociale internationale, précarité. » (cf. Thierry Brugvin) La combinaison de mots attrayants inventés par la pensée néolibérale n’est pas pour un humanisme intégral. Le néolibéralisme vise comme le libéralisme le profit brutal et unilatéral. Mais il fait avaler la pilule en utilisant la méthode propagandiste athée-marxiste et l’individualisme libéral.

22 BONNE GOUVERNANCE ET PILOTAGE UNILATÉRAL
J. Stiglitz dénonçait dans La grande désillusion (2002) : « Le FMI prétend qu’il ne dicte jamais un accord de prêt, qu’il en négocie toujours les termes avec le pays emprunteur. Mais ce sont des négociations unilatérales : il a toutes les cartes en main, pour la raison essentielle que beaucoup de pays qui sollicitent son aide ont désespérément besoin d’argent. »

23 Michel Volle dans Prédation et prédateurs (2008) cite:
« On est passé d’un capitalisme du laisser-faire à un capitalisme de la brutalité. Il faut, au XXIe siècle, instaurer un capitalisme de la responsabilité. » (Daniel Brennan, Corporate Social Responsibility) La brutalité actuelle du système mis en place se trouve dans le fait que le prétexte des libertés et des droits de l’homme est mis en avant pour imposer en douceur et de façon insidieuse les « droits du plaisir et du loisir », « droits sexuels » encore dits « nouveaux droits humains ».

24 Des conditionnalités (non pas conditions) violentes soumettent le tiers monde à l’aide internationale. A ces conditionnalités appartiennent la contention des peuples africains et les nouveaux droits sexuels: santé de la reproduction, orientation sexuelle, santé sexuelle de l’adolescente… Il faut aussi sortir d’une illusion dangereusement répandue qui veut que la BG facilite l’acquisition de règles formelles devant mécaniquement aller de soi. (cf. Nicolas Meisel et Jacques Ould Aoudia, La « Bonne Gouvernance » est-elle une Bonne Stratégie de Développement ? DGTPE, nov. 2007)

25 Au plan purement économique, la BG apparaît comme une grande tromperie menée à l’échelle internationale pour mieux asservir les pauvres. « …pour chaque dollar qui est entré en Afrique subsaharienne, 25 cents environ sont repartis dans l’autre sens sous forme d’intérêts et de bénéfices rapatriés, plus de 30 cents ont été absorbés dans les sorties de capitaux ou sont allés alimenter les réserves et 51 cents ont compensé la détérioration des termes de l’échange » (CNUCED, « Le développement économique en Afrique », Nations unies, 2001.)

26 Arnaud Zacharie constate aussi que « Les nouvelles conditionnalités issues du concept de « bonne gouvernance » n’ont pas remplacé les anciennes conditionnalités macroéconomiques, mais s’y sont ajoutées. Du coup, les conditionnalités, pourtant déjà lourdes par le passé, se révèlent encore bien plus difficiles à mettre en œuvre pour les pays pauvres dépendant de financements extérieurs. En cas de choix à opérer, c’est le plus souvent les créanciers qui tranchent, ce qui vient buter à nouveau sur la critique de « pilotage unilatéral » développée par Amartya Sen. »

27 En matière de « pilotage unilatéral », la BG est experte
En matière de « pilotage unilatéral », la BG est experte. Gouvernance concertée = Précarité globale? Pour être clair, le néolibéralisme n’instaure pas l’égalité des droits entre les peuples, ni entre les personnes, mais une forme de colonialisme et d’impérialisme invisible plus dure parce que le colon et l’impérialiste ne sont pas cette fois-ci situables et détectables. Mais les laissés-pour-compte abondent, car le système mécaniste de dépersonnalisation en place engendre une précarité de plus en plus intolérable. (cf. T. Brugvin)

28 Brugvin part de: « l’hypothèse que le modèle de la « bonne gouvernance » privatise le processus de régulation démocratique, en ce qui concerne la production des normes sociales. » Il définit ensuite « la régulation démocratique comme le droit ou/et le pouvoir de participation des acteurs et des institutions légitimes à la décision de créer ou à la décision d’appliquer des règles, des normes ou des principes dont « l’action subit les pressions et les contraintes des structures historiques, mais qui ne sont pas déterminés mécaniquement. »

29 Enfin, Brugvin « constate, que la « bonne gouvernance » relève d’une privatisation de la production du droit, son accaparement par des lobbies financiers et industriels. Ce qui conduit finalement à un recul de ces droits au plan juridique et politique. » Dans un tel système néolibéral, le pouvoir décisionnel des États est affaibli et le secteur privé s’en trouve renforcé dans sa capacité de suivre des codes de conduite à sa convenance. Le mécanisme de la BG accentue la précarité sociale par le fait même de la privatisation des règles et codes de conduite.

30 DU GOUVERNEMENT Aristote, Politique IV, 1300 a, 10-30, se méfiait déjà d’un gouvernement dirigé par Stentor. Selon lui ni la grande masse telle que pensée par les démocrates, ni la fortune telle que suggérée par les oligarques ne sont en mesure de gouverner. Seul le bon sens est capable de gouvernement pondéré (responsable). Le bon sens suppose la finalité éthique du gouvernement. Le gouvernement de masse ou de la fortune suppose que de l’une ou l’autre surgisse un Stentor criant plus fort que les autres.

31 L’étymologie de la racine de gouvernement et de gouvernance, vient de gouvernail. Le gouvernail, c’est cet instrument apparemment petit et insignifiant qui a pour fonction de diriger et d’orienter la grosse masse du navire. Le gouvernail n’est pas auto orientable, mais il suppose un pilote qui a pour fonction d’orienter avec prudence le navire à travers les eaux afin qu’il atteigne le port. « Le pilote n’est vraiment rendu responsable du naufrage d’un navire que s’il quitte le gouvernail au moment où il a le pouvoir et le devoir d’y être. » (Somme Théologique, I-II Q.79 a.1)

32 Gouverner ne signifie pas seulement bien diriger les autres vers la réalisation du meilleur, mais se bien diriger moralement pour orienter les autres vers le meilleur d’eux- mêmes, c’est-à-dire la perfection. Si tout gouvernement dit poursuivre le bien-être, voire le bonheur du citoyen, ne faut-il pas affirmer comme les anciens qu’un gouvernement n’est bon que s’il est exercé selon la droite raison ou bon sens? La finalité éthique, le bien-être du citoyen, ne peut pas se résoudre dans l’acquisition des moyens mécanistes, mais dans l’exercice des moyens éthiques.

33 A finalité éthique doit correspondre des moyens éthiques.
Thomas d’Aquin dira que: « La prudence est dans la raison. Mais diriger et gouverner appartient en propre à la raison. C’est pourquoi il convient à chacun de posséder la mesure de raison et de prudence en rapport avec la part qu’il prend à la direction et au gouvernement. » (Somme Théologique, II-II Q.47 a.11) La prudence, vertu cardinale, est une vertu de l’intelligence qui gère l’agir pour la multitude et l’agir de la multitude en se référant au réel et au concret de l’ici et maintenant de la communauté.

34 Celui qui a charge de gouverner ne doit pas seulement avoir des connaissances en gestion technique de gouvernement, ni des aptitudes mécanistes de gouvernement. Les exigences contenues dans la BG telles que l’obligation de rendre compte, la transparence, l’efficience et l’efficacité, à moins d’être du toc, devraient supposer un fondement éthique naturel. Ce que la Nouvelle Éthique et le néolibéralisme rejettent. Il n’y a pas d’éthique au sens traditionnel du terme. Selon eux, les valeurs et la hiérarchie des valeurs seraient révolues.

35 L’éthique nouvelle jaillissant de la liberté absolue de l’individu qui se crée des valeurs, sans référence au transcendant, ancrées dans l’horizontalisme et le relativisme, est humanisme partial. Les disfonctionnements profonds actuels de la gestion de la res publica rappellent ceci: contre la nature des choses tous les efforts humains sont vains.(Léon XIII) Les sociétés telles que pensées par le néolibéralisme et sa révolution culturelle mondiale n’éliminent pas les injustices, mais accentuent les inégalités de fait et les injustices graves en mondialisant tous azimuts les précarités, voire misères sociales.

36 La réflexion de Thomas d’Aquin sur le gouvernement de soi pour le gouvernement de l’autre revient alors au galop et s’impose: « …là où se trouve dans les actes humains un gouvernement et un commandement d’une nature spéciale, il se trouve aussi une prudence spéciale. Or, il est clair que l’on trouve une sorte éminente et parfaite de gouvernement chez celui qui non seulement est chargé de se conduire lui-même, mais doit aussi gouverner la société parfaite qu’est une cité ou un royaume. » (Somme Théologique, II-II Q.50 a.1)

37 Gouverner implique la vertu, c’est-à-dire un sens profondément élevé des valeurs humaines et de leur hiérarchie. « …pour gouverner sa vie personnelle et celle des autres, on a besoin de connaître non seulement ce qui peut être connu naturellement, mais aussi les choses qui dépassent la connaissance naturelle, car la vie de l’homme est ordonnée à une fin surnaturelle; ainsi, pour gouverner notre vie, nous avons besoin de connaître les choses de la foi. » (Somme Théologique, I Q.94 a.3)

38 REPRÉSENTATION ET PARTICIPATION
En démocratie, le gouvernement doit-il être représentatif ou participatif? La pensée néolibérale a introduit avec le paradigme de BG celui de participation. Mais l’acception de participation est passée de son lien intrinsèque avec le principe de subsidiarité vers celui de parité égalitaire. Participation, parité égalité sont, semble-t-il, des termes synonymes dans le jargon néolibéral.

39 « La démocratie représentative, appelée aussi "démocratie délégative", est l'une des formes de la démocratie dans laquelle les citoyens expriment leur volonté par l'intermédiaire de représentants élus à qui ils délèguent leurs pouvoirs. Ces élus, qui représentent la volonté générale, votent la loi et contrôlent éventuellement le gouvernement. » Dans le système de représentativité, « aucun gouvernement n’est jamais installé définitivement », car les représentants sont soumis à des mandats que le peuple leur remet souverainement lors des élections.

40 D’aucuns pensent que la représentation n’est pas totalement représentative. Par ses représentants élus, le peuple « souverain » s’autogouverne. Mais les représentants du peuple ne sont pas tenus de suivre la volonté du peuple. C’est une élite qui gouverne au nom du peuple et qui introduit dans son mode de gouvernement du démocratique et du non démocratique. Il se trouve que, d’après ces mêmes thèses, la démocratie représentative est un système « mixte » de gouvernement.

41 Bernard Manin souligne que: « Ceux qui sont au pouvoir disposent d’un certain degré d’indépendance dans la prise de décisions politiques pendant qu’ils sont en fonction. Ni les vœux de leurs mandants ni les programmes qu’ils leur ont proposés ne les contraignent de façon stricte. Remarquons que cet arrangement permet aux vœux des électeurs d’avoir une certaine influence sur les actions des représentants élus. Il dispose seulement que la correspondance rigoureuse entre les deux n’est pas obligatoire. » (cf. H. Landemore, )

42 La représentation plonge ses racines profondes dans le christianisme
La représentation plonge ses racines profondes dans le christianisme. Il fallait créer un lien réel au sein de la communauté ecclésiale. Nadia Urbinati: « Les historiens nous disent qu’elle commence au Moyen-âge au sein de l’Église. Dans ce cas aussi, la question était de résoudre le problème du lien entre centre et périphérie. L’Église cherchait à représenter la communauté de toute la Chrétienté. La représentation était utilisée comme une manière d’unifier le peuple ou de relier le vaste corps des croyants. » (cf. H. Landemore )

43 La représentation suppose que ceux qui ont été choisis ont des qualités qui répondent aux attentes du peuple. Certes le peuple a des besoins, mais ses élites ne sont pas totalement tenus d’y réagir conformément. Le représentant n’est pas un exécutant de la volonté populaire, ni un soumis aux désirs populaires, mais un responsable dont les choix et décisions l’engagent en conscience. S’il appartient à un parti, il est tenu de défendre ses idées et visées mais pas dans l’absolu. Pour le bien du peuple, à cause d’une vision plus large qu’il acquiert sur les problèmes de la patrie, il peut s’inscrire dans une vision plus valorisante.

44 Selon Jean-Claude Coiffet, le représentant n’est pas élu, mais se faire élire. Un candidat présélectionné sur des critères non pas démocratiques mais très flous par le parti, est soumis au vote de l’électeur. Cette délégation de la souveraineté pour un temps à des personnes non élues mais se faisant élire, n’exclut donc pas une confiscation momentanée du pouvoir par des groupes d’intérêt aux technostructures occultes: le jeu des cabinets et des couloirs.

45 J.-C. Coiffet: « La confiscation du politique par des techniciens et des gestionnaires conduit à n’envisager l’action politique que sous l’aspect gestionnaire (efficacité et rentabilité), négligeant totalement l’aspect véritablement politique (le débat sur les finalités et la notion d’intérêt public)… Le constat est sévère mais à la mesure du désenchantement de nombreux citoyens. Et le danger est réel. Cette confiscation et cette absence de transparence conduisent certains à la violence plus ou moins spontanée pour enfin se faire entendre… »

46 Faudrait-il pour cela conclure à l’abandon de la représentation pour la participation?
Le postmodernisme en excluant toute notion de la valeur et toute notion de hiérarchie de la fonction de la représentativité a contribué à évider le contenu de la représentation. On sait très bien que jamais le peuple ne pourra directement gouverner la chose publique. Jamais non plus ses élus ne seront une simple caisse à résonance du peuple. S’ils n’ont pas le sens des valeurs, ils s’emploieront à servir des cercles d’intérêts occultes et opaques.

47 Dans la fonction du gouvernant, Thomas d’Aquin touche à deux aspects toujours actuels qu’en vain l’on s’emploie à gommer. L’hypertrophie de liberté et d’égalité conduit à cet oubli: « Il appartient à ceux qui sont constitués en dignité de gouverner leurs sujets. Gouverner c’est pousser certains hommes vers la fin requise: ainsi le pilote gouverne le navire en le conduisant au port. Or celui qui meut un autre homme a sur celui-ci supériorité et puissance. Aussi faut-il que chez l’homme constitué en dignité on considère d’abord sa position supérieure, avec la puissance sur ses sujets que cela entraîne;

48 en second lieu la fonction de gouverner
en second lieu la fonction de gouverner. En raison de sa supériorité on lui doit l’honneur, qui consiste à reconnaître la supériorité de quelqu’un. En raison de sa fonction de gouvernement on lui doit le culte, qui consiste en une certaine déférence, en ce qu’on lui obéit, et en ce qu’on répond à ses bienfaits selon qu’on le peut. » (Somme Théologique, II-II Q.102 a.2) L’idée de participation est une illusion sociale. Les citoyens sont mis dans la croyance d’une démocratie directe lorsque mis en association, ils débattent et semblent répondre eux- mêmes à leurs problèmes sans la médiation des élus.

49 J.-C. Coiffet: « Il est illusoire de penser que la vie associative est une expression directe des citoyens. Là aussi la parole des associations est celle des responsables (Président ou bureau) dont la désignation n’offre souvent aucune garantie démocratique. C’est particulièrement vrai justement pour les associations d’intervention para-politique. Créées par un individu ou un groupe d’amis qui ensuite font de la retape pour avoir des troupes, il serait inconcevable et même inélégant de remettre en cause le pouvoir des créateurs. »

50 Le paradigme postmoderne de participation est une idéologie qui flirte parfaitement avec les illusions de la liberté absolue et de la totale démocratie en un mot de la BG. L’idéologie qui meut la participation est attrayante et berce d’illusions. Le rêve de la société sans entraves se bâtit sur une vision erronée de l’homme. Peut-on vraiment élever des montagnes sans creuser les abîmes? N’est-ce pas une ignorance crasse de la nature humaine? Malick Tambedou berce aussi dans cette illusion:

51 « Avec la transparence, les populations sont parfaitement informées de la gestion qui est faite des affaires publiques. Cela, parce que l’information circule sans entrave, véhiculée qu’elle est par une presse libre, indépendante, plurielle, et ayant accès aux sources de l’information officielle du fait de la volonté de communication et de transparence des gouvernants. Cette presse libre met à nu les scandales financiers, dénonce le népotisme et le favoritisme, flétrit l’injustice et l’arbitraire, condamne la violation des droits et libertés fondamentaux, fustige les cadres incompétents et laxistes, magnifie l’excellence et la compétence, forme l’opinion… » (Malick Tambedou, Bonne gouvernance et développement, Dakar 2004)

52 La participation populaire s’apparente à un jeu très habile pour endiguer idéologiquement les populations en leur faisant croire que ce sont leur idées qui sont appliquées. M. Tambedou: L’implication du peuple « est assurée par le principe de la participation populaire induit par la BG démocratique. Avec ce principe, en effet, les populations apportent leur soutien agissant aux projets de développement qui les concernent directement ; en d’autres termes, elles sont associées à la réalisation de tout projet de développement qui les concerne. »

53 Les populations pour la réalisation d’un projet, apportent à la rigueur quelques données de type socio-anthropologique. Mais leurs arguments ne tiennent pas devant les arguments des soi-disant « experts » et aussi « facilitateurs » dont l’art est d’enrober de chocolat les plantes vénéneuses et de les faire avaler. Toute personne avertie qui viendrait avec une idée différente mais très sensée pour rectifier le projet précuit proposé aux populations, est habilement mise de côté, voire tournée en dérision et même vilipendée.

54 J.-C. Coiffet: « La nature même de ces associations (souvent spécialisées dans un domaine) et la personnalité des responsables conduisent à contourner l’aspect politique (l’intérêt général) pour se concentrer essentiellement sur la contestation technique et donc partielle de la décision concernée… Leurs arguments d’autorité stérilisent le débat et dépossèdent le citoyen, qui ne peut évidemment pas trancher entre les affirmations contradictoires d’autorités techniques ou scientifiques aussi apparemment compétentes les unes que les autres.»

55 PARTICIPATION EN DOCTRINE SOCIALE DE L’ÉGLISE
« La conséquence caractéristique de la subsidiarité est la participation, qui s’exprime, essentiellement, en une série d'activités à travers lesquelles le citoyen, comme individu ou en association avec d’autres, directement ou au moyen de ses représentants, contribue à la vie culturelle, économique, sociale et politique de la communauté civile à laquelle il appartient. La participation est un devoir que tous doivent consciemment exercer, d’une manière responsable et en vue du bien commun. » (CDSE 189)

56 Le Compendium de la doctrine sociale de l’Église (CDSE) reprend l’idée de participation en insistant sur deux principes fondamentaux: la subsidiarité et le bien commun. Il ne s’agit donc plus d’un simple mécanisme social, mais de l’application de deux valeurs sociales radicalement imprimées dans la nature sociale de l’homme. La subsidiarité met en avant le principe de la performance (initiative et créativité) et « de soutien, de promotion et de développement » (CDSE 186).

57 La subsidiarité fonde à la fois la représentativité et la participation citoyennes. Autant le citoyen a besoin de représentant, autant, il a besoin d’être lui-même tenu régulièrement informé. C’est pourquoi, en vertu du principe de solidarité, la participation comme la représentativité doit être solidaire. (CDSE 191) L’information et l’éducation du citoyen au sens des valeurs humaines est un pré-requis pour éviter que des tendances égoïstes « négocient » des avantages qui ne soient que parcellaires, c’est-à-dire qui réduisent le bien commun à l’espace étriqué de leurs intérêts particuliers. (CDSE 191)

58 Le bien commun est le moteur même de la participation
Le bien commun est le moteur même de la participation. Ce principe contient une dimension interne et un aspect institutionnel. (V.II, DH 6) La dimension interne, ce sont les droits et devoirs de toute personne à respecter, étant entendue que tous ne peuvent simultanément avoir l’autorité de commandement et que certains, selon la vertu, reçoivent cette charge pour le bien de la totalité. L’aspect institutionnel, c’est l’ensemble des conditions sociales qui est mis en place pour que tout un chacun puisse plus pleinement et plus aisément atteindre sa perfection humaine.

59 La notion du bien commun aide à bien comprendre le sens à donner à la fonction de la participation sociale directe du citoyen ou grâce aux corps intermédiaires. L’hypertrophie de l’exercice individuel de la liberté et des droits de l’homme conduit à masquer le fait que: « Il existe hélas un écart entre la "lettre" et l’"esprit" des droits de l’homme, auxquels n’est souvent accordé qu’un respect purement formel. » (CDSE 158) Ajoutons aussi: « qu’une affirmation excessive de l’égalité "peut donner lieu à un individualisme où chacun revendique ses droits, sans se vouloir responsable du bien commun". » (CDSE 158)

60 Les personnes, misant totalement sur les libertés individuelles et les droits de l’homme, ne doivent pas ignorer qu’elles n’ont pas à lutter contres les inégalités sociales, mais combattre les injustices qui peuvent naître de ces inégalités: « La socialité humaine n’est pas uniforme, mais revêt de multiples expressions. Le bien commun dépend, en effet, d’un pluralisme social sain. » (CDSE 151) Contre les inégalités, l’homme lutte en vain, car c’est un combat contre la nature des choses. Pire, il creusera sans le vouloir, vanité de la liberté aidant, un fossé intolérable d’injustices entre les hommes.

61 « Une société qui, à tous les niveaux, désire véritablement demeurer au service de l’être humain, est celle qui se fixe le bien commun pour objectif prioritaire, dans la mesure où c’est un bien appartenant à tous les hommes et à tout l’homme. La personne ne peut pas trouver sa propre réalisation … indépendamment de son être « avec » et « pour » les autres. Cette vérité lui impose non pas une simple vie en commun aux différents niveaux de la vie sociale et relationnelle, mais la recherche sans trêve … du sens et de la vérité qui se trouvent dans les formes de vie sociale existantes. » (CDSE 165)

62 CONCLUSION Ne pas de rejeter en bloc le concept flou de BG et ses satellites paradigmatiques tout aussi troubles. Il est question de comprendre et d’approfondir les nouveaux concepts et paradigmes postmodernes. Il faut ensuite travailler à les purifier en leur donnant un sens vraiment et profondément humain: l’Homme est une nature tendue de l’intérieur vers l’en-haut. La mission du chrétien, principalement de Justice et Paix, c’est de donner un corps réel au social en y semant le Christ Rédempteur, incarné, mort et ressuscité dans notre « je-nous ».


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