Bienheureux M a r c e l C a l l o Xavier Maugère 2015.

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Transcription de la présentation:

Bienheureux M a r c e l C a l l o Xavier Maugère 2015

Marcel Callo est le second d'une famille de neuf enfants. Marcel se révèle malicieux, taquin, très affectueux et sait reconnaître ses torts. Déjà se manifeste son talent de meneur de jeu. A 12 ans, il entre en apprentissage et prend à cœur son rôle d'aîné après le départ de son frère au séminaire.

Il adhère à la croisade eucharistique, mouvement dont le but est d'apprendre aux enfants et adolescents à faire de leur vie une prière ininterrompue, en plaçant l'Eucharistie au cœur de toute initiative, dans un but apostolique, selon la devise des croisés: "Prie, communie, sacrifie-­toi, sois apôtre".

Puis il entre chez les scouts où il prend plaisir à observer la loi et à participer aux activités. Par ailleurs, ses débuts dans l'imprimerie où il travaille comme typographe s'avèrent difficiles, l'ambiance y est pesante. Son dynamisme se heurte à des préoccupations beaucoup plus malsaines des ouvriers plus âgés qui se targuent d'initier les plus jeunes. Sur les conseils de sa mère, Marcel se tourne vers la Vierge, secours des adolescents; cela lui vaut le surnom de "Jésus-Christ". Malgré tous ces obstacles, le jeune homme devient rapidement un ouvrier compétent et honnête, apprécié de son contremaître et des jeunes apprentis qu'il protège.

Il quitte le scoutisme, un peu à contrecœur, pour entrer à la JOC (Jeunesse Ouvrière Chrétienne) où il tient à privilégier la vie spirituelle comme source de toute action, dans un monde ouvrier très déchristianisé. Devenu président de la section, il se dépense sans mesure pour assumer les responsabilités pratiques et surtout morales que cela implique.

photocopie d’une coupure de journal représentant Marcel, annotée au dos à la main par Fernand Morin

En 1943, Marcel perd sa sœur dans un bombardement et se voit réquisitionné pour le STO (Service du Travail Obligatoire) : malgré son déchirement (il vient de se fiancer), il accepte de partir, d'une part pour éviter des représailles sur sa famille, d'autre part dans une perspective missionnaire : là-bas également l'apostolat est urgent. Marcel Callo et sa fiancée Marguerite (août 1942) © Famille Callo

Envoyé à Zella-Melhis, il travaille dans une usine de révolvers et loge dans un camp de 3000 ouvriers environ. Il surmonte une période de détresse et de découragement et organise peu à peu clandestinement la vie chrétienne du groupe. Ses activités le trahissent et il est arrêté le 19 avril 1944 parce que "trop catholique".

«Par un jour de juillet, les allemands eurent la bonne idée de nous réunir tous dans une grande même cellule (tous sauf un car Louis Pourtois de Besançon fut jugé trop faible pour les gros travaux et fut astreint à casser du petit bois dans la cour de la prison). Cette cellule était nommée «l’Eglise» du fait que longtemps auparavant un pasteur protestant venait évangéliser les détenus d’alors. » Témoignage de Fernand Morin Prison de Gotha

Paul Beschet, Marcel Callo, Marcel Carrier, Jean Lecoq, René Le Tonqueze, Henri Marannes, Camille Millet, Fernand Morin, Louis Pourtois (pas dans la même cellule mais de coeur avec eux), Jean Tinturier, André Vallée, Roger Vallée, avant d’être dispersés en différents camps de concentration, d’où reviendront seulement 4 « rescapés », P. Beschet, J. Lecoq, R. Le Tonqueze, F. Morin. Devant cette croix fleurie ont prié ensemble à la prison de Gotha en 1944 :

Transféré à la prison de Gotha avec les principaux dirigeants jocistes de Thuringe (ils seront 12), il est finalement envoyé successivement aux camps de concentration de Flossenburg (où fut pendu Dietrich Bonhoeffer) et de Mauthausen où il partage les effroyables souffrances de tous les déportés et pâtit avec eux de l'affolement des nazis devant l'alliance alliée. Il travailla surtout à Gusen II, le pire des kommandos.

Texte de la lettre « Bien chers papa et maman, mes chers petits frères et sœurs,… il n’y a qu’une chose qui me manque en ce moment, ce sont vos chères lettres. Je manque totalement de vos nouvelles, ainsi que de tous les amis et camarades depuis trois mois. Par moment, cette solitude se fait sentir et j’ai peine à refouler mon chagrin. J’étais habitué à recevoir tant de lettres de vous et de ma petite fiancée, que ce manque de lettres fait un grand vide dans ma vie… Heureusement, il est un Ami qui ne me quitte pas un seul instant et qui sait me soutenir dans les heures pénibles et accablantes. Avec Lui, l’on supporte tout. Combien je remercie le Christ de m’avoir tracé le chemin que je suis en ce moment. Quelles chics journées à lui offrir ! Combien mon offrande journalière doit Lui être agréable ! Toutes mes souffrances et difficultés je les offre pour vous tous, mes bien chers parents, pour ma petite fiancée, pour Jean, mon grand frère prêtre, afin que son ministère soit fécond ; pour tous mes amis et camarades. Oui, combien il est doux et réconfortant de souffrir pour ceux qu’on aime… Chaque soir, avant de m’endormir, je pense à l’avenir ; je passe en revue qualités et défauts ; je m’efforce de devenir meilleur en me rapprochant de plus en plus de Dieu ; petit à petit, je prépare et bâtis ce chic foyer que je fonderai à mon retour ; chaque soir aussi ma pensée va vers la France. Combien je la désire belle et florissante ! Tous mes camarades et moi, nous souffrons de la voir dans l’état où elle est actuellement ; nous tous qui avons souffert, nous la reconstruirons et nous saurons lui donner son vrai visage. Dieu, famille, patrie… trois mots qui se complètent et qu’on ne devrait jamais séparer. Si chaque individu voulait bâtir et s’appuyer sur ces trois bases, tout irait bien… ». Dernière lettre de Marcel Callo à sa famille – 6 juillet 1944

Souffrant terriblement de l'estomac, il meurt d'épuisement le 19 mars 1945, assisté par un camarade bouleversé devant son attitude, le colonel Tibodo qui témoigne: J'ai connu Marcel Callo pendant quelques heures seulement, celles qui ont précédé sa mort en mars 1945, un mois et demi avant la libération. Je ne l'ai connu qu'aux dernières heures de sa vie : il est mort en quelque sorte dans mes bras. Cependant cela m'a suffit pour constater que ce garçon était de beaucoup au- dessus de la nature humaine ordinaire. (...)

Si j'ai gardé son souvenir, alors que j'ai passé par plusieurs camps et que j'ai connu de nombreux prisonniers, c'est que Marcel Callo avait un regard vraiment surnaturel. Le témoignage que j'ai donné est au-dessous de la réalité : le regard était plutôt un regard d'espoir, l'espoir d'une vie nouvelle. Si moi, parpaillot, qui ai vu des milliers de prisonniers mourir, j'ai été frappé par le regard de Marcel Callo, c'est qu'il y avait en lui quelque chose d'extraordinaire. Ce me fut une révélation : son regard exprimait une conviction profonde qu'il partait vers le bonheur. C'était un acte de foi et d'espérance vers une vie meilleure. Je n'ai jamais vu chez un moribond un regard comme le sien.

Le mardi 12 juin 1945, un service funèbre fut célébré pour le repos de l'âme du jeune martyr Marcel Callo en la basilique Notre-Dame de Bonne­-Nouvelle de Rennes. Par la suite, le Père Jégo, aumônier du lycée St-Martin de Rennes et ami de la famille, entreprit d'écrire un livre sur la vie du jeune Marcel Callo, ouvrage qui parut à la fin de l'année Très vite, ce livre connu un grand succès et il fut traduit en de nombreuses langues, dont en allemand par un certain Père Gérardi qui sera, avec sa secrétaire, Rosemarie Scholze (devenue Mme Pabel), le grand promoteur de la cause de béatification de Marcel Callo. C'est lui qui insistera auprès de l'évêque de Rennes, mais aussi du Pape Pie XII pour que s'ouvre le procès informatif diocésain, première étape du procès de béatification. Ce sera finalement le Cardinal Paul Gouyon qui s'attèlera à cette tâche, rédigeant lui-même un ouvrage sur le jeune rennais: « Marcel Callo, témoin d'une génération ». Finalement, il faudra attendre le dimanche 4 octobre 1987 pour que le Pape Jean- Paul II, à l'occasion du synode mondial des évêques sur la vocation et la mission des laïcs dans l'Eglise et dans le monde, béatifie le jeune Marcel Callo, en même temps que deux jeunes italiennes, Antonia Mesina et Pierina Morosini, martyres elles aussi.

Le rayonnement posthume de ce jeune breton ayant rejoint le Christ à 24 ans est immense, notamment chez les catholiques allemands qui l'associent d'emblée à Edith Stein ou Maximilien Kolbe. Le bienheureux Marcel Callo est désormais fêté dans son diocèse de Rennes le 19 avril, date où il fut arrêté à Zella- Melhis ; le 19 mars, date de sa mort, étant la fête de Saint Joseph. De nombreuses églises ou paroisses sont placées sous l'invocation de Marcel Callo.

Extraits de l'homélie du Pape Jean-Paul II 4 octobre 1987 "Marcel Callo, que j'ai la joie de déclarer Bienheureux, au milieu de sa famille, de son diocèse de Rennes et de nombreux représentants de la JOC et du scoutisme, n'est pas arrivé tout seul à la perfection évangélique. Une famille modeste, profondément chrétienne, l'a porté. Le scoutisme, puis la JOC ont pris le relais. Nourri par la prière, les sacrements et une action apostolique réfléchie selon la pédagogie de ces mouvements, il a construit l'Église avec ses frères, les jeunes travailleurs chrétiens. C'est en Église que l'on devient chrétien, et c'est avec l'Église que l'on construit une humanité nouvelle. Marcel n'est pas arrivé tout de suite à la perfection évangélique. Plein de talents et de bonne volonté, il a aussi connu de longs combats contre l'esprit du monde, contre lui-même, contre le poids des choses et des gens. Mais, pleinement ouvert à la grâce, il s'est laissé progressivement conduire par le Seigneur, jusqu'au martyre. L'épreuve a mûri son amour personnel pour le Christ. De sa prison il écrit à son frère, récemment ordonné prêtre : "Heureusement, il est un Ami qui ne me quitte pas un instant et qui sait me soutenir et me consoler. Durant les heures pénibles et accablantes, avec Lui on supporte tout. Combien je remercie le Christ de m'avoir tracé le chemin que je suis en ce moment". Parvenu dans la joie éternelle de Dieu, il témoigne que la foi chrétienne ne sépare pas la terre du ciel. Le ciel se prépare sur la terre dans la justice et l'amour. Quand on aime on est déjà "bienheureux". Le colonel Tibodo, qui avait vu mourir des milliers de prisonniers, l'assistait à l'aube du 19 mars 1945; il témoigne avec insistance et émotion : Marcel avait le regard d'un saint.

Le message vivant délivré par le jociste Marcel Callo nous concerne tous. Aux jeunes travailleurs chrétiens, il montre le rayonnement extraordinaire de ceux qui se laissent habiter par le Christ, et se donnent à la libération intégrale de leurs frères. Aux chrétiens du diocèse de Rennes, et dans le sillage des évêques fondateurs Amand et Melaine, du Bienheureux Yves Maheuc, du Bienheureux Julien Maunoir, de Saint Louis-Marie Grignion de Montfort, de la Bienheureuse Jeanne Jugan, Marcel Callo rappelle la fécondité spirituelle de la Bretagne quand elle sait vivre dans la foi de ses frères. A nous tous, laïcs, religieux, prêtres ou évêques, il relance l'appel universel à la sainteté; une sainteté et une jeunesse spirituelle dont notre vieux monde occidental a tant besoin pour continuer d'annoncer l'Évangile "à temps et à contretemps" !"