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Rosalie Bonheur naît à Bordeaux le 16 mars Son père, Raimond Bonheur, est peintre. Il donne des cours de dessin à une jeune fille, Sophie Marquis, adoptée par un riche aristocrate négociant bordelais, Jean-Baptiste Dublan de Lahet. Sophie est éperdument amoureuse du jeune peintre qui demande sa main. Mais le jeune peintre est un idéaliste. Il partage les idées du Père Enfantin et du Comte de Saint-Simon. Il part, seul, à Paris en 1828 et s’installe dans leur maison communale de Ménilmontant. Il est loin de faire fortune à Paris en tant que peintre. Sa femme quitte, avec ses trois enfants (Rosalie, Auguste né en 1824 et Isidore né en 1827 ) le château de Quinsac pour le rejoindre. En 1830, la famille s’agrandit d’une petite fille, Juliette. Et ce n’est qu’en 1832 que Raimond revient vivre auprès des siens lorsque l’Etat prononce la dissolution des « Saint- Simoniens ». Mais il rêve de partir en Orient avec eux. En 1833, Sophie meurt de la tuberculose et la famille étant dans la misère, son corps est déposé dans la fosse commune, ce que n’admettra jamais Rosalie. Raimond doit s’occuper seul de ses 4 enfants. Son rêve de voyage se termine. Rosalie, qui est l’aînée, devient adulte avant l’âge. Rosa Bonheur et sa triste enfance 2

Portraits de Raimond Bonheur et de sa fille Rosalie peinte par lui 3

Rosalie n’accepte pas d’être apprentie couturière et ne veut pas aller en pension comme le désire son père. Elle veut apprendre la peinture. Celui-ci, à bout d’arguments, devient son professeur. En hommage à sa mère, elle décide, comme Brascassat qu’elle connait, de devenir peintre animalier. Ses frères reçoivent les mêmes cours. Seule sa petite sœur part à Bordeaux. En 1837, son père reçoit la commande d’un portrait d’une adolescente de 13 ans, Nathalie Micas. Elle vient poser dans l’atelier du peintre et Rosalie éprouve une très grande amitié pour elle à tel point qu’elles décident toutes les deux de vivre ensemble un peu plus tard. Rosalie aime se promener dans la campagne environnante et se rend aux abattoirs pour étudier l’anatomie des animaux. Les vêtements féminins la gênent et elle adopte ceux des hommes, plus pratiques pour travailler. Pour cela, elle doit demander l’autorisation au Préfet de Police. Elle abrège son prénom en souvenir de sa mère qui l’appelait « Rosa » dans les moments de tendresse. Rosa Bonheur et sa vocation de peintre animalier 4

Rosa n’a que 19 ans lorsque son père lui suggère d’envoyer deux de ses œuvres au Salon mais avec néanmoins sa signature : Raimond Bonheur. Rosa refusera, par la suite, de telles pratiques. 5 Les deux lapins (1840) par Rosa Bonheur

6 Le taureau beuglant (1845) par Rosa Bonheur

Rosa à 26 ans 7 Rosa Bonheur en 1848 par Auguste Bonheur (détail)

Rosa prend ses distances avec sa famille. Son père s’est remarié en 1846 et elle a un demi-frère, Germain, né en En 1849, Raimond Bonheur meurt du choléra. Rosa devient le chef de famille et reprend la direction de l’Ecole Nationale de dessins de jeunes filles où exerçait son père. Elle est alors un professeur sévère. Elle y fait travailler ses frères et sa sœur Juliette en leur demandant de terminer ses tableaux et ses sculptures. Isidore devient le sculpteur animalier de la famille. Juliette prend la relève de sa sœur à l’Ecole de dessins. A la même époque, Rosa s’installe définitivement avec Nathalie Micas et sa mère. En 1851, elle réalise de nombreux croquis de chevaux en s’inspirant de Géricault. « Le marché au chevaux » qu’elle présente au salon de 1853 est accueilli avec enthousiasme. Ernest Gambart, marchand d’art achète le tableau et le présente à Londres et aux Etats Unis et le revend dix fois plus cher. La notoriété de Rosa est assurée.. Rosa Bonheur 8

Nathalie Micas par Rosa Bonheur Médaille de bronze - Rosa Bonheur par David d’Angers Mme Micas accepte leurs relations et M. Micas bénit même cette union. A la mort de son mari, Mme Micas décide de partager leurs vies. Elle remplace la mère de Rosa, disparue trop tôt. 9

Rosa Bonheur est intervenue sur le tableau. Elle a peint la tête de buffle. Rosa Bonheur en 1849 par Edouard Dubuffe 10 Rosa Bonheur ne porte pas systémati- quement le pantalon. Elle ne l’adopte que lorsqu’elle se rend aux foires ou aux abattoirs et lorsqu’elle travaille dans son atelier. Par contre, elle aura toujours les cheveux court et fumera le cigare comme les hommes et devant les hommes..

Le château de By (Thomery) acheté en 1859 par Rosa Bonheur C’est son ami Louis de la Forest d’Armaillé, gendre du général Philippe Paul de Ségur, qui demeure tout près, qui lui signale que le château de By, en Seine –et- Marne, est en vente. Henriette Micas ( ), mère de Nathalie, se propose tout de suite d’être la régente de la propriété et de s’occuper des animaux de la basse-cour : des moutons, des mouflons, des isards et même des lionceaux. Pour Rosa,la construction d’un atelier s’impose. De style « Deauville », il prend sa place au dessus des communs,. Cette vie simple et campagnarde Lui plait beaucoup. 11 Rosa Bonheur achète ce château sans le consentement de sa famille (ses frères), ce qui est, à cette époque, extrê- mement rare.

12 Les pigeons par Rosa Bonheur

13 Les moutons par Rosa Bonheur

Labourage nivernais (1849) par Rosa Bonheur Musée d’Orsay - Paris 14 Rosa Bonheur a dû s’inspirer du roman de George Sand : « la mare au diable », roman qui a fait grand bruit. Sait-elle que cette écrivaine s’est affranchie de la tutelle des hommes ? Probablement car elle n’hésitera pas à porter le pantalon et à fumer le cigare sans vergogne.

Sultan et Rosette, les chiens de la famille Czartoryski (1852) par Rosa Bonheur wikipédia 15

16 Troupeau de moutons dans le Nivernais par Rosa Bonheur

Le Marché aux chevaux (1853) par Rosa Bonheur New-York Metropolitan Museum of Art 17 Rosa Bonheur, si elle n’a pas la possibilité de prendre des cours à l’Ecole des Beaux Arts, école réservée aux hommes, se rend au Louvre où elle copie plusieurs fois des tableaux de Théodore Géricault. Son tableau « le marché aux chevaux » est remarqué par un marchand d’art, Ernest Gambart, qui l’achète et le prête à divers Salons Londoniens tant et si bien qu’il le revendra dix fois son prix d’achat au Métropolitan de New-York.

Wikipédia Rosa est très minutieuse et elle tient à nettoyer elle-même ses pinceaux après chaque étape de son travail A l’époque des crinolines, Rosa s’habille à « la bretonne », avec un gilet. Son amie Nathalie répond alors aux interro- gations de son entourage : « eh bien, on reconnaîtra plus tard Rosa à son gilet breton comme on reconnaît la silhouette de Napoléon à son petit chapeau ! » 18 Rosa Bonheur en 1865

Dans ce nouvel atelier, elle a souhaité avoir une grande cheminée. Son frère Isidore – devenu un sculpteur renommé, lui aussi, - y incruste deux chiens. L’Impératrice Eugénie déplore sa trop grande simplicité vestimentaire et son peu de goût pour les mondanités. Elle vient une seconde fois au château de By lui remettre la décoration de « chevalier de la Légion d’Honneur ». Rosa Bonheur est la première femme à porter cette distinction. Elle reçoit peu après d’autres honneurs : le roi Léopold de Belgique lui décerne la médaille de chevalier, le prince de Monaco celle de l’ordre de St-Charles et l’Espagne celle de « commandeur de l’ordre d’Isabelle la Catholique et de la République Française, celle d’officier de la Légion d’Honneur le 12 mai Comme ses contemporains, Rosa Bonheur s’intéresse à la photographie et aménage, chez elle, un laboratoire pour développer ses négatifs. En 1873, elle est invitée chez Louis Dejean, directeur du cirque d’Hiver de Paris qui lui montre sa ménagerie. Elle approche pour la première fois un fauve. En 1880, elle décide d’acquérir un couple de lions qu’elle qu’elle voudrait apprivoiser. Rosa Bonheur 19

L’Impératrice Eugénie rend visite à Rosa Bonheur dans son atelier de son château de By en 1863, 20

21 Rosa Bonheur par Eugène Disdéri entre 1857 et 1865

Raimond Bonheur (1796 – 1849) Père peintre Sophie Marquis ( ) Mère Isidore Bonheur ( ) Frère Sculpteur animalier peintre Auguste Bonheur ( ) Frère Peintre animalier Juliette Bonheur ( ) Sœur Peintre Rosa Bonheur ( ) Peintre animalier Sculptrice Rosa Bonheur et ses frères et sœur en 1870 par Eugène Disdéri. Elle reste très liée avec sa famille, y compris ses neveux et nièces 22

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25 Veau dans un pré (1878) Rosa Bonheur

26 Trois études d’un bœuf roux dans un pré par Rosa Bonheur

27 La Fenaison en Auvergne (esquisse) par Rosa Bonheur

28 Etudes de cerfs par Rosa Bonheur

29 Etudes pour la fenaison en Auvergne par Rosa Bonheur

30 Bruyères et genêts par Rosa Bonheur

31 Etude d’arbre par Rosa Bonheur Rosa Bonheur se promène dans la forêt de Fontainebleau et réalise de nombreuses petites aquarelles. Il se peut qu’elle ait rencontré J.B. Corot à diverses occasions. Mais ses sujets de prédilection restent néanmoins les animaux de la ferme et elle reçoit des commandes de « portraits » de famille d’animaux. Elle continue néanmoins à peindre des chevaux.

Les veaux (1879) par Rosa Bonheur New York, Metropolitan Museun of Art wikipédia 32

33 Cheval gris au vert par Rosa Bonheur (musée d’Orsay)

Relais de chasse (1887) par Rosa Bonheur – Musée d’art de Saint-Louis. wikipédia 34

Le Colonel William F. Cody, alias Buffalo Bill (1889) par Rosa Bonheur Buffalo Bill Historical Center 35 Lors de l’Exposition Universelle de 1889 où elle expose, elle rencontre le Colonel William F. Cody qui se fait appeler « Buffalo Bill ». Il lui raconte comment vivent les Indiens d’Amérique. Pour elle, ils incarnent une forme de liberté et de communion à la nature auxquelles elle aspire depuis toujours. L’Exposition Universelle se terminant, Buffalo Bill se rend alors chez elle dans son château de By, accompagné de ses indiens, ce qui devient l’ évène- ment du siècle. Peu de temps après, elle adopte deux lionceaux. Le mâle est enfermé, Fatma, la femelle, est en liberté.

Rosa Bonheur et ses lions 36

En 1889, une tragédie soudaine pour Rosa : elle perd sa compagne Nathalie Micas avec laquelle elle a vécu plus de 50 ans. Cette absence lui pèse beaucoup et elle se sent bien seule. Elle peint, elle peint pour oublier. 37

Anna Elisabeth Klumpke est, elle aussi, une artiste peintre. D’origine américaine, elle est venue à Paris dès l’âge de 15 ans, avec sa mère et ses sœurs. Elle a admiré dans les divers Salons et à l’Exposition Universelle de 1889, les tableaux de Rosa Bonheur. Elle espère pouvoir la rencontrer, un jour…. Elle sait qu’elle a peut être des chances de la voir au marché aux chevaux. Elle va donc servir d’interprète à un marchand de chevaux américain. Et elle y aperçoit une petite femme en pantalon qui parle aux palefreniers et vendeurs de bestiaux. Il ne peut s’agir que de Rosa Bonheur qu’elle aborde avec modestie. 38

Rosa Bonheur avec son chien Charly par Anna KlumpkePortrait de Rosa Bonheur en 1898 par Anna Klumpke Anna lui voue alors une admiration sans bornes. Rosa est séduite par sa gentillesse. C’est une américaine émancipée. Rosa lui propose très vite de la rejoindre au château de By. Anna peint auprès d’elle. Elle demande ses conseils. A 76 ans, Rosa est amoureuse. Mais Anna doit se partager entre la France et les Etats Unis. Lors des séparations, elles s’écrivent quotidiennement. 39

Anna lui propose de faire son portrait et quitte les Etats Unis. Rosa, quant à elle, veut achever son grand tableau « La foulaison du blé en Camargue », commencé depuis Le tableau est immense et elle sollicite l’aide financière d’Anna pour la construction d’un atelier. Elle souhaite présenter le tableau à l’Exposition Universelle de Rosa Bonheur s’éteint le 25 mai 1899 d’une mauvaise congestion pulmonaire. Mais elle avait terminé son tableau. Anna – qui avait écrit ses mémoires sous la dictée de Rosa – est sa seule héritière, au grand dam d’Isidore Bonheur qui l’assigne au Tribunal. Il perd son procès. Anna, magnanime, vend tous les tableaux de Rosa et donne la moitié de la recette à la famille Bonheur. 40

Rosa Bonheur par Georges Achille Fould Rosa, en pantalon, dans son jardin de By Ainsi se termine la vie de l’indomptable Rosa Bonheur, celle qui ne se plia jamais devant les hommes. 41

Le Colonel William F. Cody, alias Buffalo Bill (1889) par Rosa Bonheur Buffalo Bill Historical Center wikipédia 42 Portrait de Rosa Bonheur en 1898 par Anna Klumpke Rosa Bonheur a rejoint Nathalie Micas au cimetière du Père Lachaise. A son tour, Anna Klumpke meurt à San Francisco le 9 février Comme le voulait Rosa, ses cendres sont déposées au pied de son cercueil.

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