Les pavillons nazi et soviétique de l’exposition universelle de Paris, 1937

IDENTIFIER Ce sont des pavillons construits pour l’exposition universelle de Paris en 1937. Le thème de cette exposition est "Arts et Techniques dans la vie moderne". Tous les pays qui le souhaitent peuvent participer à l’exposition et construire des bâtiments sur le Champs de Mars ou dans les jardins du Trocadéro. Ils appartiennent au domaine des arts de l’espace. Ils ont été réalisés en 1937 par Albert Speer pour le pavillon nazi et Boris Iofan pour le pavillon soviétique. Les pavillons ont été détruits après  l’exposition. La statue de l’Ouvrier et de la Kolkhozienne est repartie vers l ’URSS. Les bas-reliefs du pavillon soviétique ont été retrouvés enfouis à Baillet-en- France. (région Ile -de France) Le palais nazi est haut de 54 mètres. Le palais soviétique est long de 160 mètres.

DECRIRE  Lorsque je suis en présence de cette œuvre, je ressens…. Voici quelques idées: - Quand je regarde cette œuvre, quelle est la première chose qui me vient à l’esprit ? - Puis en m’attardant , quel est l’effet que fait l’œuvre sur moi ? Elle me touche, elle me rassure, elle me fait peur, elle me bouleverse, elle m’inquiète, elle m’interroge…………. - Si je pouvais entrer dans cette œuvre, voilà où j’aimerais être. J’observe et je vois : des pavillons de part et d'autre de la Tour Eiffel. Les pavillons sont installés dans les jardins du Trocadéro. Ils sont constitués de grands piliers séparés par des intervalles creux. Ces éléments verticaux paraissent soutenir la sculpture du sommet. Ils conduisent le regard du spectateur vers elle. La rigueur apparaît aussi dans les lignes épurées, les formes géométriques simples ou encore l’absence de décorations. Les deux pavillons semblent se défier.

Le pavillon nazi

La statuaire La Famille La Camaraderie

DECRIRE  Lorsque je suis en présence de cette œuvre, je ressens…. Voici quelques idées: - Quand je regarde cette œuvre, quelle est la première chose qui me vient à l’esprit ? - Puis en m’attardant , quel est l’effet que fait l’œuvre sur moi ? Elle me touche, elle me rassure, elle me fait peur, elle me bouleverse, elle m’inquiète, elle m’interroge…………. - Si je pouvais entrer dans cette œuvre, voilà où j’aimerais être. J’observe et je vois : le pavillon nazi. Le pavillon est composé d’un long bâtiment abritant un grand hall et d’une tour de 54 mètres de hauteur, formée de huit piliers d’acier recouverts de dalles de pierre et de plaques de céramique. C'est le plus haut pavillon de l'Exposition : les Allemands ont attendu que le pavillon soviétique soit achevé pour finaliser le leur. Ils ont ajouté au dernier moment une dizaine de mètres afin que l'aigle nazi domine le pavillon soviétique. Cet aigle tient une croix gammée dans ses serres. Rappelons que l'aigle et la croix gammée sont les symboles du IIIème Reich. A l'entrée du pavillon, le visiteur est accueilli par deux groupes sculptés de nus athlétiques : la Camaraderie et la Famille.

Le pavillon soviétique

L’Ouvrier et la Kolkhozienne

Les bas-reliefs

DECRIRE J’observe et je vois : le pavillon russe.  Lorsque je suis en présence de cette œuvre, je ressens…. VOIR LES DIAPOSITIVES 3 et 6. J’observe et je vois : le pavillon russe. Le pavillon de l’URSS est un bâtiment long de 160 mètres. Il se termine par une tour faite de métal et de béton, recouverte de marbre. Le groupe sculpté qui la surmonte, représente deux héros soviétiques : l’Ouvrier, marteau à la main et la Kolkhozienne, faucille à la main. Il est fait d'acier inoxydable, mesure 25 mètres de hauteur et pèse 65 tonnes. La conception, la réalisation et l’acheminement de cette sculpture posent de nombreux problèmes techniques. Les nombreux éléments métalliques doivent être soudés entre eux. Certaines parties comme les bras doivent tenir à l’horizontal malgré leur poids. C’est pourquoi, la réalisation de cet immense monument est confiée à un groupe de plus de vingt ingénieurs. Le matériau utilisé (acier chromé) rend la surface des deux personnages brillante comme un miroir. La couleur de l'alliage n'est donc pas constante mais dépend de la couleur des nuages, du ciel et du degré de luminosoté. Au pied de la tour, se trouvent deux blocs massifs ornés de bas-reliefs : les personnages représentent les différentes républiques de l’URSS.

ANALYSER Ce que je vois a une signification. A Paris, les deux grandes puissances totalitaires se défient et présentent chacune des pavillons imposants. Ces deux pavillons se font face de manière spectaculaire et agressive de chaque côté d'un même boulevard. L’Allemagne et l’URSS profitent donc de l’Exposition universelle pour faire de la propagande à destination des populations européennes. (L'exposition a accueilli plus de 31 millions de visiteurs !!!!). Leur but est de mettre en scène la supériorité de leur pays et d’afficher leur force.

ANALYSER Ce que je vois a une signification : le pavillon allemand. Hitler veut tout diriger : il se mêle donc aussi de l’esthétique et annonce dans son programme quel type d'art est bon ou mauvais. Pour lui, il est important que la culture allemande soit prise en main et qu’elle ne sombre pas dans la décadence et la dégénérescence. Il crée un art officiel. L’art officiel nazi participe à la propagande. Il proclame haut et fort les différents aspects de l’idéologie nazie. Le pavillon répond donc aux canons (aux règles) de cet art : il est la représentation architecturale de la pureté et de la force de la race aryenne, de la virilité des hommes, de l'importance de la famille ainsi que d’un soutien sans faille au régime. Les symboles utilisés servent le message d'Hitler : - l'aigle représente la force et la puissance du IIIème Reich, - le gigantisme du bâtiment exprime la supériorité de l'Allemagne nazie, - la croix gammée représente le peuple aryen, - les corps sont athlétiques, les visages symétriques comme ceux des dieux de l'Antiquité. Comme les Dieux ,« cette nouvelle race aryenne » est prête à dominer les autres.

ANALYSER L’art moderne et le jazz sont considérés comme dégénérés. Ce que je vois a une signification : le pavillon allemand. Au même moment, Hitler inaugure à Munich une grande exposition consacrée à l’art dégénéré. Les œuvres présentées sont considérées comme subversives (nuisibles). Leurs auteurs sont pourchassés, internés ou contraints à l'exil. L’art moderne et le jazz sont considérés comme dégénérés.

ANALYSER Ce que je vois a une signification : le pavillon soviétique. Les deux personnages symbolisent les deux piliers de la politique économique stalinienne, l’alliance entre les prolétaires (les ouvriers) et les kolkhoziens (les paysans). - L'ouvrier, marteau à la main, représente les usines et la politique de développement de l'armement. - La kolkhozienne, faucille à la main, symbolise les travaux agricoles dans les fermes collectives (appelées kolkhozes). On trouve aussi ces deux symboles (la faucille et le marteau) sur la drapeau de l'URSS. L’attitude des personnages, un pas en avant et tendant leur bras vers le ciel symbolise la marche du progrès mais également la volonté d’une révolution mondiale. Après l'exposition, la statue est transportée et endommagée. Elle est restaurée en 1979. La sculpture est qualifiée par la Grande Encyclopédie soviétique de standard (modèle) du réalisme soviétique. En 2003, elle est démontée en 40 fragments. On a alors l'intention de la restaurer et de la remettre à sa place à la fin 2005. Cependant, en raison d'un problème de financement, la sculpture reste démontée plus longtemps que prévu. Elle retrouve finalement son piédestal (10 mètres plus haut que le précédent), le 28 novembre 2009 à Moscou .

FAIRE LE LIEN Ce document nous permet de mieux comprendre ce qu’est une exposition universelle. Les expositions universelles ont lieu tous les 5 ans. Les pays invités présentent des pavillons éphémères destinés à mettre leur pays en valeur. L'exposition universelle de 1937 a pour but de faire « l'inventaire des moyens dont dispose l'homme pour satisfaire les besoins d'une civilisation et de faire ressortir dans une ou plusieurs branches de l'activité humaine les progrès réalisés ou les perspectives d'avenir. » ( Définition tirée de l'article 1 de la Convention de 1928 rédigée par le Bureau international des expositions, organisateur des Expositions Universelles ) L'exposition est donc une vitrine de toutes les avancées technologiques de l'époque. Ce document nous permet de mieux comprendre que les régimes totalitaires utilisent aussi l’art comme un moyen de propagande et d'éducation des masses.

FAIRE LE LIEN Ce document nous permet de comprendre des mouvements artistiques : l'art officiel nazi. L’art officiel nazi est dirigé par Hitler qui n'hésite pas à se présenter dans Mein Kampf comme un artiste. Il est donc tout à fait capable selon lui de déterminer ce qui est esthétiquement valide et ce qui ne l'est pas. Les canons (les règles) de cet art sont simples. Ils se fondent sur les goûts personnels d’Hitler (essentiellement l'art classique) et sur le « sens commun ». Par exemple, un artiste qui peint l'herbe en bleu est un menteur... L’art nazi rejette toute modernité et prône un retour au passé. Les artistes officiels de l’Allemagne nazie se bornent au réalisme. L'art doit servir de modèle au peuple allemand. Il montre la voie à suivre ainsi que les limites à ne pas franchir. Adolf Wissel, la famille de paysans de Kalhenberg,1939.

La victoire ou le bolchevisme Le juif éternel

FAIRE LE LIEN Ce document nous permet de comprendre des mouvements artistiques : le réalisme soviétique. Le réalisme soviétique est une doctrine élaborée entre 1932 et 1934 en URSS par Staline. Le réalisme soviétique doit être la représentation de la réalité, celle dictée par le parti. En effet, l’artiste est impérativement soumis au parti communiste. Il répond, la plupart du temps, à des commandes. Il doit donc représenter ce que le parti lui demande : la vie quotidienne (forcément heureuse) des paysans et des ouvriers, la vaillance des soldats de l'armée rouge, les portraits des chefs du parti… L’artiste doit aussi donner au public des références claires et lisibles par tous. L'art est devenu un outil de propagande mais aussi d'éducation du peuple.

Magnitogorsk, Romas, 1930 Lénine haranguant les ouvriers des usines Poutilov, Isaac Brodski, 1929

FAIRE LE LIEN Ce document nous permet de mieux comprendre des artistes : Albert Speer. A.Speer est né en 1905. Il est architecte de profession.Il se rapproche du parti nazi en 1931 car il est subjugué par la personnalité d’Hitler. Ses compétences d’architecte lui permettent de se rapprocher d’Hitler. Il devient le premier architecte du Reich et, à ce titre, il réalise le stade du Zeppelinfeld de Nuremberg. Ce stade sert de cadre aux grandes manifestations nazies. C’est un stade pouvant accueillir près de 340 000 personnes.

A. Speer présente à Hitler la maquette du pavillon Malgré les horreurs dont il est témoin, l’admiration de A. Speer pour Hitler perdure. En 1942, A. Speer devient ministre de l’armement du Reich, un poste clef. Peu à peu, A. Speer comprend que l’Allemagne ne gagnera pas la seconde guerre mondiale et il désobéit à Hitler à plusieurs reprises. Arrêté en 1945, il est jugé au procès de Nuremberg en 1946. Il fut, lors de ce procès, le seul à se montrer honnête et franc et à regretter les actes d’Hitler. Ses actes de désobéissance de 1945 adoucissent sa peine qui n’est que de 20 ans de prison (alors que ses responsabilités de ministre de l’armement devaient lui valoir la peine de mort). A.Speer utilise ses 20 années de prison pour écrire ses mémoires, il sort en 1966 et meurt en 1981, à l’âge de 76 ans. Une anecdote : en 1940, Staline demande à Hitler de lui permettre de rencontrer A. Speer, dont il admire le talent. Hitler refuse, de peur que Staline lui « vole » son architecte préféré.

FAIRE LE LIEN Ce document nous permet de mieux comprendre un artiste : Boris Iofan. B. Iofan est né le 28 avril 1891 et est mort le 11 mars 1976. C’est un architecte soviétique connu pour sa maison sur le quai réalisée en 1931 à Moscou. Cette résidence accueille les familles des dirigeants du régime soviétique.

FAIRE LE LIEN Ce document nous permet de mieux comprendre une époque. Le 26 avril 1937, l’aviation allemande bombarde la ville de Guernica en Espagne, provoquant un carnage parmi la population civile. Ce massacre provoque la révolte de Picasso qui accepte de réaliser une toile pour le pavillon espagnol de l’Exposition universelle. Cette toile exprime l’horreur des bombardements subis par la population. Il fait de son tableau un manifeste “ universel ” contre les régimes totalitaires. Le tableau fera le tour du monde pour lever des fonds de soutien aux républicains espagnols, qui luttent contre le régime totalitaire de Franco. Cette œuvre fait scandale, notamment du côté allemand qui qualifie l’œuvre de Picasso d’art dégénéré.