Un merveilleux cadeau!
Quand j’étais toute petite, je me promenais Au bord de l’océan avec ma mère. Que de beaux coquillages j’ai ramassés! Que de belles roches brillantes sous le soleil! Puis j’ai grandi. Il me fallait des coquillages Bien plus gros et bien plus beaux, Des pierres rares, chatoyantes comme des agates. De mes trouvailles, j’ai laissé à mes amis les éclats!
Une autre vie s’allongeait devant moi: On se marie. Et là tout recommence! Il me faut de la lingerie…En ai-je assez? L’argent entre, et là c’est la course à l’habillement! Puis les enfants viennent au monde. Je ne voulais pas qu’ils fassent comme j’ai fait; Mais ils savaient cacher leurs trouvailles précieusement, dans la valise de l’auto.
Puis ce fut au tour de mes parents de vieillir; Ils sont allés rejoindre le Dieu de là-haut. Mais avant de partir, ma mère m’a fait un cadeau: Un plat pour les fruits, tout travaillé d’entailles rouge-vin. Ce plateau avait appartenu à sa mère. Et comme je le trouvais magnifique, Je l’ai serré bien caché dans l’armoire: Je m’en servirai quand je serais plus vieille!
Mais quelle belle promesse ai-je fait là! Je suis vieille à présent, et jamais je ne l’ai utilisé. Je le regardais, je l’admirais, je le caressais du regard; Un si beau souvenir! Il ne fallait pas y toucher! Mais a-t-on le droit d’enfermer un souvenir? Je dirais que non! Jamais! Il faut s’en servir. Il nous rappelle ce que fut notre vie, nos échecs peut-être, mais d’abord nos bouts de bonheur.
Un jour que ma fille est venue à la maison, J’ai grimpé sur un banc, et toute tremblante Je suis allée prendre ce plat fabuleux: Je l’ai mis entre ses mains, lui disant: «Je t’aime» Ô Dieu! Comme mon cœur était lourd, Et tout heureux à la fois de mon geste! J’ai vu ses yeux briller, et trembler ses mains! Elle est tombée dans mes bras, pleurant sur mon épaule.
Aujourd’hui quand je vais chez ma fille, Je vois toujours ce plat tout garni de fruits frais; Il est posé au milieu de la table et regarde le ciel. Que de choses alors il m’a été donné de comprendre! N’attendez pas que la vieillesse vous ouvre les yeux. Nous savons déjà assez combien nous dupe notre âge! Nous ignorons ce que nous réserve demain Car la vie ne repousse pas ses frontières sans fin.
J’ai réalisé un peu tard ce qui importait avant tout, C’est que s’il y a toujours un temps pour amasser, Il en est un autre aussi pour se détacher, Et voir de mon vivant briller les yeux de mes enfants. Maintenant c’est à ton tour petite fille du monde: Ramasse de belles roches et des coquillages, Fais tes petites collections, Et sers-toi de ton cœur pour transmettre ta passion… Claudy
Bonne journée! Présentation Lise Gingras Musique: Once Upon a time par André Rieu Texte: «Un merveilleux cadeau» de Claudy Merci Claudy pour cette magnifique histoire de sagesse…