4-9-3 Le post-impressionnisme Paul Cézanne ( ) Georges Seurat ( ) Vincent Van Gogh ( ) Paul Gauguin ( ) Henri de Toulouse Lautrec ( )

Vincent Van Gogh ( ): un mythe Alors que Cézanne et Seurat tachaient de faire de l’impressionnisme un style plus méthodique, Vincent Van Gogh prend la direction opposée: il trouvait que l’impressionnisme n’attachait pas suffisamment d’importance à l’expression de l’émotion de l’artiste, ce qui fut sa principale préoccupation. Une vie brève et tourmentée terminée par un suicide à 37 ans, laissant un nombre impressionnant de toiles exécutés en 10 années de carrière autodidacte, et un nombre aussi impressionnant de lettres à son frère Théo montrant une auto- analyse poussée, ainsi que l’intensité exceptionnelle de son œuvre confèrent à Van Gogh une place mythique dans l’histoire de l’art.

Débuts: Période pré-impressionniste ( ) Intéressé par la religion, mais trop instable pour faire des études de théologie, Vincent travaille comme prêcheur laïque dans le bassin minier du Borinage, en Belgique. Le contact avec la misère humaine le métamorphose. Là, il fait de nombreux dessins et peintures décrivant les scènes de la vie paysannes, comme ses Mangeurs de pommes de terre (1885), ou ses Chaussures…

Vincent Van Gogh, Les chaussures, 1885 Les couleurs de cette période sont sombres …

Vincent Van Gogh, Les Mangeurs de pommes de terre (1885) Le contact avec la misère humaine le métamorphose, et Van Gogh, très sensible, veut partager ses émotions à travers ses toiles. En comprenant la foi de façon plus abstraite, en l’élevant au niveau de conception générale du monde, Van Gogh désire rendre « la réalité spirituelle » de ses sujets...

« Je désire peindre les hommes et les femmes avec ce quelque chose d’éternel que l’auréole servait à symboliser », dira-t-il plus tard. L’Arlésienne (Mme Ginaux), 1889

Influences impressionnistes et post-impressionnistes (pointilliste): Vincent Van Gogh, Boulevard de Clichy, 1887

Paris et les influences impressionnistes, pointillistes et japonistes ( ) En 1886, Vincent rejoint à Paris son frère Théo, qui gère une galerie à Montmartre. Pendant deux ans, il fréquente les musées et les expositions, y rencontre des artistes impressionnistes et postimpressionnistes. Sa palette s’éclaircit. Il s'inspire tout particulièrement du pointillisme de Seurat. Il est aussi touché par l’art japonais, très à la mode à l’époque, et devenu accessible aux occidentaux par les gravures (estampes)… Van Gogh les collectionne et en subit l’influence.

Hiroshige, L’averse sur le pont Ohashi /Van Gogh après Hiroshige Influences du japonisme: Hiroshige/ Van Gogh

Les chaussures, avant et après l’influence impressionniste, Cette phase impressionniste va durer moins de deux ans, mais va porter des fruits étonnant une fois intégrée dans le style de ses premières peintures...

Période postimpressionniste ( ): rendre les émotions, la réalité spirituelle En février 1888, Van Gogh part pour Arles, en Provence, où il va, entre 1888 et 1890, réaliser ses plus grandes œuvres. C’est à partir de cette période que Van Gogh intègre le nouveau langage pictural acquis pendant son séjour à Paris à son écriture personnelle et à son désir de rendre ses émotions et la réalité spirituelle dont il investit ses sujets.. Il peint inlassablement les paysages méditerranéen, essayant d’y trouver non pas une stabilité architecturale comme Cézanne, mais un reflet de sa foi mystique. Il entame lui aussi des séries de peintures:

Les tournesols… Dans le Midi, Van Gogh entame des séries de peintures: les tournesols, les arbres en fleurs, les champs, les cyprès. Aussi les portraits, et les célèbres autoportraits…

Les séries: les tournesols, Nous pouvons voir la différence entre les séries de van Gogh avec les séries de Monet: Van Gogh ne recherche pas la lumière du moment et l’aspect changeant de son sujet comme les impressionnistes, ni les volumes rendant la forme éternelle du motif comme Cézanne, mais au contraire toujours plus de vérité émotionnelle et d’intensité expressive.

Les autoportraits, 1888/89

Le facteur, Joseph-Etienne Roulin / Docteur Gachet, Auvers sur Oise, 1890 Les portraits…

« Je désire peindre les hommes et les femmes avec ce quelque chose d’éternel que l’auréole servait à symboliser », « la réalité spirituelle » de ses modèles… L’Arlésienne (Mme Ginaux), 1889

Van Gogh et la couleur Dans les lettres qu’il écrit à son frère, Van Gogh explique son choix de couleurs, et de la signification émotionnelle qu’il leur donne. Dans L’intérieur du café à Arles, 1888, les tons rouges et verts expriment « les basses et terribles passions de l’homme »… Pour Van Gogh, c’est la couleur et non la forme qui détermine le contenu émotionnel de la toile.

Alors que dans les peintures de sa Chambre à Arles (1888), les tons bleu et jaunes « expriment la tranquillité et le repos » …

1888, La terrasse du café à Arles Dans ses paysages nocturnes où les couleurs éclatent d’autant plus, nous voyons que les couleurs, même si exagérées, restent toutefois liées au monde visible. La couleur, même si exagérée, reste liée au monde visible

La récolte, 1888 La couleur chez Van Gogh, même si exagérée, reste toutefois liée au monde visible…

Nous reconnaissons « l’écriture personnelle » de Van Gogh: la couleur est intense, le trait visible, incisifs, la couleur déborde… 1888

1889

De santé mentale fragile, Van Gogh a des crises. Après une violente dispute avec Gauguin, l’oreille tranché, il est admis à l’asile Saint-Rémy-de- Provence, qu’il rejoindra par la suite à nouveau en mai 1889, pour y rester un an. Il y est donné un atelier, et peint entre ses crises, surtout les champs de blé qu’il voit de sa fenêtre. Les peintures de cette période sont souvent caractérisées par des remous et des spirales. Remous et spirales

1889

1889, Nuit étoilée Remous, spirales, cercles concentriques…

Les cyprès (1889), une des série les plus connues de Van Gogh

1889, Nuit étoilée, Champs de blé et cyprès « Les cyprès me préoccupent toujours ». Son tableau La Nuit étoilée — qu'il peint lorsqu'il est à Saint-Rémy-de-Provence — fait partie de cette série, une des plus connues de Van Gogh.

Les dernières peintures: les paysages à Auvers, 1890 Van Gogh passe les derniers mois de sa vie à Auvers, où il peint ses ultimes paysages…

Nous retrouvons son écriture, sa sensibilité poussée à l’extrême dans cette toile: le trait incisif, la couleur intense qui déborde, les remous, les noirs qui viennent assombrir le ciel… Le drame est imminent…

Se rattache au symbolisme, annonce le fauvisme, l’expressionnisme… Si les peintures de Van Gogh nous touchent toujours tant, c’est qu’il a réussi ce qu’il a voulu faire: trouver un langage pictural apte à exprimer la vérité émotionnelle de tout être, objet, paysage qu’il a peint. Son sentiment de la réalité spirituelle, le quelque chose d’éternel… L’œuvre de Van Gogh se rattache au symbolisme, car il cherche à « vêtir l'idée d'une forme sensible », a trouver des symboles pour permettent d'atteindre une « réalité supérieure », et annonce le fauvisme et l’expressionnisme…

Dégager l’essentiel: Van Gogh ( ) Pour Van Gogh, le but de la peinture c’est l’expression de l’émotion de l’artiste. Il cherche à atteindre un maximum d’intensité expressive de ses toiles, la réalité spirituelle des personnages dans ses portraits.. Pour Van Gogh, c’est la couleur qui détermine le contenu émotionnel de la toile. Il attribue une signification symbolique aux couleurs. Mais les couleurs, même si exagérées dans ses toiles, vont rester liées au monde visible. Nous parlons « d’écriture personnelle » de Van Gogh: traits visibles, incisifs, avec les couleurs intenses qui débordent. Dans les toiles peintes dans la période précédant son suicide, apparaissent les remous et les spirales caractéristiques (La nuit étoilée).

Van Gogh, Champ de blé, 1890 Mini 4: Expliquez ce qui est considéré être « l’écriture personnelle » de Van Gogh. Que pensez vous, que voulait-il faire en peignant cette toile? Expliquez aussi son utilisation de la couleur.

Films sur Van Gogh… Lust for Life, Vincente Minelli, 1956 Vincent, Paul Cox en 1987 (lettres lues) Vincent et moi, Robert Altman 1990 Rêve (Yume), Akiro Kurosawa en 1990 Van Gogh, Maurice Piallat en 1991