Septembre est revenu. Il y a un an que je ne l'avais vu. Ce n'est plus l'été, mais ce n'est pas encore la froide saison. C'est plutôt une pause entre deux saisons extrêmes, celle des chaleurs torrides de l'été et celle des froids qui transpercent l'être pour atteindre le cœur. Septembre, c'est la douceur d'une dernière fleur; la beauté d'un dernier papillon avant que tout soit recouvert d'un linceul de glace.
Septembre, ce sont les pluies abondantes et généreuses qui viennent gonfler les rivières et réparer les dégâts causés par les sécheresses arides de l'été. Les ruisseaux se gonflent d'eaux vives avant que tout ne soit confondu dans une masse de glace et de froidure.
Ce n'est pas encore le grand départ des oiseaux migrateurs, mais déjà les premières nuits fraîches ont sonné l'éveil chez les bernaches. Haut dans le ciel, un grand oiseau aux ailes déployées comme une voile tournoie, appelant ses semblables à ne pas trop s'attarder dans les labours et les marais.
L'homme achève de moissonner les champs. La terre est déjà dénudée de ses herbages et de ses froments. Les labours apparaissent comme d'immenses rides allant d'un horizon à l'autre. Sur les buissons, il ne reste plus que les baies écarlates et les drupes pour nourrir les oiseaux sédentaires.
Animés par l'instinct de leur espèce, petits et grands animaux font des provisions pour le long hiver en gestation. Ils vont et viennent, rapidement; ils s'affairent; ils se pressent; ils savent que septembre n'est pas là pour longtemps...
Les chemins de la forêt et les sentiers qui traversent les champs et les prés sont remplis d'ornières creuses où l'eau de la pluie s'accumule. Bientôt, par un matin plus froid que les autres, cette eau se transformera en glace. Ainsi s'en vont les dernières journées de douceur avant l'arrivée des froidures de l'hiver.
Toute la nature frissonne. Sur la rive des marais les jonc et les quenouilles ont filé de grands écheveaux de laine. Hélas celle-ci sera emportée par les premiers vents rageurs de la saison froide, ne laissant que des squelettes dénudés.
Il y a encore quelques hirondelles insouciantes qui volent autour des granges. Elles s'affairent à nourrir leur égoïste et bruyante progéniture qui pourrait bien se suffire à elle-même. Encore un peu et ces dernières hirondelles s'envoleront à leur tour vers des cieux plus cléments.
Septembre n'est là que pour un temps, celui de créer une éphémère charnière entre les beaux jours et ceux de la grande froidure. Lorsque les roseaux et les grandes herbes pencheront encore davantage leurs têtes alourdies par la pluie et le frimas vers le sol, septembre s'en ira...
Il ne restera alors plus rien de l'abondante végétation de l'été, sinon quelques irréductibles chardons et aussi des immortelles, pour rappeler qu'après ces temps de glace et de neige, il y aura encore des printemps.
La nature est à l'image de l'homme. Elle a ses temps de grande agitation et ses temps de calme et de repos. Après les ardeurs de l'été, septembre apporte un temps d'arrêt aux êtres et aux choses.
Les feuilles mortes - Prévert/Kosma Orchestre Mantovani Texte et création Florian Bernard Tous droits réservés – 2005
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