La civilisation, ma Mère La civilisation ma mère est un roman de Driss CHRAIBI. Il raconte l'émouvante histoire de deux frères et de leur mère qui, ensemble, vaincront l'ignorance et l'isolement dont sont victimes les femmes au Maroc. Plongez dans un monde rempli de frontières et d'interdits,où un peu de courage et d'amour pourront les sauver
« Grandie par les hauts talons, moulée dans cette robe longe à ramages,brusquement elle avait un corps de femme,brusquement nous découvrions qu'elle avait des jambes élancées, une taille fine, des hanches,une poitrine. » « Les couleurs sont trop vives pour elle et l'ont comme a stigmatisée dès le coin de la rue. » « Sycomores, palmiers,cèdres, pins,eucalyptus, ma mère est allée de l'un à l'autre, a embrassé tous les arbres,à pleine bouche, les a étreints, leur a parlé » « Ce fut là qu'elle s'assit,sur le gazon,les pieds dans l'eau.Et elle mangea de l'herbe,toute une poignée qu'elle arracha et mâcha,brin après brin,racines et humus compris » « Nagib lui a remit un soulier,moi l'autre.Comme nous quittions le parc, les réverbères se sont allumés soudain le long de l'avenue,entre ciel et terre,nous avons alors remarqué sur la robe de ma mère une tache verte,imprimée par l'herbe où elle s'était assise. »
Un épisode marquant : la première sortie de la mère ● Si j'ai choisi cet épisode, c'est pour le mélange de sentiments que Driss nous fait ressentir à ce moment, en partageant avec nous cet événement marquant qui changera pour toujours la vie de cette femme. ● J'ai été émue par l'innocence et la naïveté de la mère, autant que par l'effort fait par les frères. ● Driss crée ici un lien invisible avec le lecteur, un sentiment de confiance et de complicité.
A première vue, cette sortie est anodine. Mais pour la femme, elle ne l'est pas. Nous savons qu'elle ne sort jamais de chez elle, qu'elle ignore tout du monde qui l'entoure. A ce moment, nous pourrions comparer la mère à un bébé qui fait ses premiers pas, et les garçons à des parents regardant tendrement leur enfant évoluer. Les garçon avaient prévu cette sortie depuis un moment, car ils ont d'abord parcouru les magasins à la recherche de la tenue parfaite pour la première excursion de leur mère. C'est touchant de voir à quel point les deux frères tiennent à ce que cette journée soit parfaite. Les deux garçons ont une personnalité attachante et nous créons rapidement une forte affinité avec eux.
Mais je vais me concentrer sur le personnage de la mère, car c'est bien elle l’héroïne de cet extrait:nous nous retrouvons subitement face une petite fille qui découvre la terre sous ses pieds, l'herbe dans sa bouche l'eau dans ses mains...Quand je l'imagine, assise les pieds dans la rivière, à mâchouiller du gazon vert, je suis prise d'attachement pour cette femme qui découvre la vie à son âge. «Mieux vaut tard que jamais».