Malek BENNABI (RahimaHou ALLAH) Le temps D’après son livre « Conditions de la renaissance »
Un fleuve 1- Le temps est un vieux fleuve qui traverse le monde. 2- Mais c’est un fleuve silencieux et parfois on l’oublie. Le temps
Sa valeur Il baigne de ses 24 heures l’aire de chaque peuple et de chaque être. Dans une aire : - Il devient de la «monnaie» - dans une autre du «néant». Sa valeur - alimentant leur labeur de son énergie éternelle - berçant leur sommeil de la complainte des heures qui passent inutiles. ou Il passe à travers les cités :
L’Histoire Il passe et se jette dans l’Histoire avec la valeur que lui donne le labeur accompli. Dans leur euphorie dans leur sommeil, ou les civilisations oublient quelquefois sa valeur irrécupérable. On n’a pas encore la notion du temps qui se jette dans l’histoire.
Les heures graves de l’histoire on oublie, ici, que le temps est de la «monnaie» (la richesse) et là, on estime que le temps n’est pas du «néant» (se laisser vivre). A ces heures de sursaut vital, Il s’agit de survivre et on entend soudain la fuite des heures. Dans ces heures-là ce ne sont ni «la richesse», …, ni le malheur qui comptent, mais les heures elles-mêmes. On parle alors de la minute indestructible et irrécupérable. Aux heures graves de l’histoire, le sens du temps, quand il se réveille, se confond avec l’instinct de conservation.
Quand les sirènes du matin appellent les hommes, les femmes et les enfants aux chantiers du travail d’un peuple civilisé, où va notre peuple ? Que faisons-nous de nos 24 heures ? C’est le sens du rendement et de l’efficacité, qui nous fait défaut. Ce sens c’est la notion du temps introduite : - dans la pensée et dans l’action, - dans les idées et dans les choses. Le diagnostic et le traitement On a le sens de quelque chose qui s’appelle la durée qui se jette dans le néant. Mais on n’a pas encore la notion du temps qui se jette dans l’histoire.
Une éducation La vie et l’histoire organisées en horaires : - nous ont dépassés et nous dépassent encore. Pour rattraper notre retard, il nous faut : - des horaires serrés et de sacrées enjambées. Il faut déterminer le coin de notre champ que doit irriguer telle heure parmi les 24 heures qui le traversent quotidiennement. Il ne faut pas que notre temps s’écoule en vain. Une éducation de notre peuple sur ce point est nécessaire. Quels moyens pédagogiques ? On doit fixer l’expérience appropriée pour enseigner au peuple algérien la science du temps.
Exemple : la demi-heure quotidienne Il faudrait enseigner, par exemple, à l’enfant, à la femme, à l’homme de ce pays la demi-heure quotidienne du devoir. Si chacun consacrait cette 48è partie de sa journée à l’exécution d’une tâche régulière et efficace, il y aurait au bout de l’année un bilan impressionnant d’heures de travail à l’actif de la vie … sous tous les aspects, intellectuel, moral, artistique, économique, domestique… La demi-heure du devoir fixera pratiquement la notion du temps dans l’esprit.
L’avenir Alors, si le temps ne passait plus inutile et paresseux dans notre champ, on y verrait lever ces moissons de l’esprit, des bras et du cœur qui sont une civilisation. Alors, là où le désert menaçait, on verrait de nouveau s’épanouir la vie ; là où il y avait l’ignorance et la pauvreté, on verrait régner les techniques, les arts, les sciences et la prospérité.