J’ai un bouton sur la langue Me voilà mal emmanchée J'ai un bouton sur le bout du nez Quand je viens pour regarder J'vous dis que ça me fait loucher J'vous assure que c'est bien souffrant Ça me fait faire du mauvais sang Je me suis fait un onguent Y'a guéri dans pas grand temps Pis j'en ai un sur le bout de la langue Pis qui m'empêche de turluter Pis ça me fait bégay-gay-gay, bégay-gay-gay, bégay-gayer
J’ai un bouton sur la langue Photo prise vers 1930
J’ai un bouton sur la langue J'ai un clou sur le nerf du cou Qui est aussi gros qu'un trente sous J'en ai un sur le menton Qui est aussi gros qu'un citron J'en ai un autre sur le bord de l'oreille Qui me sert de pendant d'oreille Je vous assure qu'il ternit pas Sont garantis quatorze carats Pis j'en ai un sur le bout de la langue Pis qui m'empêche de turluter Pis ça me fait bégay-gay-gay, bégay-gay-gay, bégay-gayer
J’ai un bouton sur la langue
J’ai un bouton sur la langue J'ai d'la misère à marcher J'ai une mordure en dessous du pied Quand je mets mes beaux souliers J'vous assure que ça me fait boiter J'ai fait ça l'été passé Quand j'ai été au Saguenay C'est en m'en allant baigner Une écrevisse m'a pincé le pied Pis j'en ai un sur le bout de la langue Pis qui m'empêche de turluter Pis ça me fait bégay-gay-gay, bégay-gay-gay, bégay-gayer
J’ai un bouton sur la langue 1894 - 1941
J’ai un bouton sur la langue Y'a des fois je rhumatisme Et d'autres fois que j'ai la p'tite cuite (?) Quand je mange de la soupe aux pois J'ai des brûlements d'estomac Pour guérir mon mal de rein J'mange des crêpes de sarrasin Si ça continue comme ça Ils vont me chanter mon libera Pis j'en ai un sur le bout de la langue Pis qui m'empêche de turluter Pis ça me fait bégay-gay-gay, bégay-gay-gay, bégay-gayer
J’ai un bouton sur la langue Alfred Montmarquette, musicien de folklore avec qui La Bolduc a donné des spectacles
J’ai un bouton sur la langue Si vous êtes comme ça mes amis Ça veut dire que vous êtes mal pris J'ai un conseil à vous donner Vous êtes bien mieux vous faire soigner Avant que ça aille trop loin Allez voir un médecin Quand on attend trop longtemps Ça finit par un enterrement Pis j'en ai un sur le bout de la langue Pis qui m'empêche de turluter Pis ça me fait bégay-gay-gay, bégay-gay-gay, bégay-gayer
Bolduc (née Travers), Madame ou La (née Marie ou Mary-Rose-Anne) Bolduc (née Travers), Madame ou La (née Marie ou Mary-Rose-Anne). Auteure-compositrice-interprète, harmoniciste, violoneuse. Elle est née à Newport en Gaspésie, le 24 juin 1894. En juin 1937, elle est blessée sérieusement dans un accident de voiture et meurt le 21 février 1941, des suites d'un cancer. Issue d'une famille nombreuse d'origine anglaise, elle dut quitter les siens à 13 ans pour gagner sa vie à Montréal. Très douée, elle maniait déjà avec aisance le violon, l'harmonica, l'accordéon et la guimbarde. Pour payer son voyage, elle joua du violon dans la rue principale de Newport tout en vendant des « pilules rouges ». À Montréal, elle travailla d'abord comme domestique et, le 17 août 1914, épousa Édouard Bolduc, plombier, puis commença à élever une famille nombreuse. C'est la crise économique et le chômage qui décidèrent de sa carrière.
Elle devient chanteuse populaire dans les années 1930, période pendant laquelle elle connaît du succès pour son style particulier accompagné de «turlutages». Elle se fait découvrir lors des «Veillées du Bon Vieux Temps» présentées au Monument national lorsque, par hasard, elle remplace un violoniste absent. Ses chansons engagées dénoncent l'incurie des gouvernements face à la pauvreté et au chômage. Elles («La cuisinière», «La servante», etc.) ont généralement pour thème les problèmes de la vie quotidienne. Elles soutiennent le moral de nombreuses personnes durant la dépression des années 30. «Ça va v'nir, découragez-vous pas...» «Ma lumière est décollectée / Pis mon eau est pas payée / Y ont pas besoin de v'nir m'achaler / M'as les saprer en bas de l'escalier / Ça va v'nir pi ça va v'nir / Mais décourageons-nous pas / Moé j'ai toujours le gai / Pis j'continue à turluter.» La Ville de Montréal inaugurera un parc en son nom en 1991.
J’ai un bouton sur la langue J'ai un bouton sur le bout de la langue (1932) Paroles et musique : Mme Edouard Bolduc. Création Tonton Marcel le 30 octobre 2006