INFERI Les Romains croient en l’immortalité de l’âme : ils pensent que les âmes de leurs défunts, une fois les rites funéraires accomplis, partent vivre dans un monde souterrain appelé Inferi, les Enfers. Grâce aux poètes romains, qui s’inspirent des grecs, on peut se faire une idée de la géographie du royaume infernal tel que se le représentaient les Anciens. Les âmes des morts vivent dans les Enfers mais restent en communication avec les vivants : elles quittent parfois leur monde souterrain et apparaissent aux vivants pour les consoler ou les tourmenter. Par attente ou par crainte, les Romains rendent un culte scrupuleux à leurs morts. Ils se font un devoir de «justa facere», c’est-à-dire d’accomplir des rites funéraires qui garantiront au défunt sa dernière demeure : ils s’assurent d’abord que le défunt est mort en l’appelant à plusieurs reprises (conclamatio), puis le lavent, le parfument, l’habillent et l’exposent sur un lit funéraire dans l’atrium, les pieds tournés vers la porte pour l’inviter à quitter prochainement la maison. Ensuite ont lieu les funérailles ou funus : le cortège funéraire défile, puis le corps est incinéré ou inhumé. Les morts sont enterrés en dehors de la ville, pour ne pas souiller l’espace sacré de la ville, mais les tombeaux, érigés le long des voies qui la quittent permettent le dialogue des morts avec les vivants : de nombreuses inscriptions funéraires ornent les tombes, interpelant les promeneurs. Lors de rites publics et privés, les Romains honorent les esprits des ancêtres défunts, les Mânes, ou Manes, pour se les concilier. Mais ils craignent surtout les lémures, spectres autorisés, parfois, à quitter leur tombeau. Aux Ides de mai, pour conjurer les maléfices des larvae, âmes des criminels ou des lemures, âmes de leurs victimes, ils célèbrent les Lémuria, d’importantes cérémonies funèbres. Le chef de famille doit alors chasser les esprits malveillants en prononçant diverses formules consacrées et en les effrayant par des bruits très forts. Malgré le scepticisme avéré de certains anciens, l’évocation des morts, l’intervention des âmes dans la vie ordinaire ou le monde infernal sont des thèmes très fréquemment évoqués chez les auteurs Romains. Voici le plan des Enfers établi selon le poète Virgile. Le monde infernal est divisé en plusieurs régions : dans l’Erèbe attendent les morts qui n’ont pas reçu de sépulture; le Tartare, ou Tartarus, région la plus profonde des Enfers, est une prison inexpugnable entourée d’une triple muraille et gardée par le cours enflammé du Phlégéthon : on y enferme les grands coupables. Les Champs Elysées constitue le doux et agréable séjour des justes . Quand on fonde une ville, on creuse un trou que l’on ferme par une pierre, lapis manalis, la pierre des Mânes, considérée comme une porte du monde souterrain. Trois fois par an, la pierre est descellée et les morts viennent visiter les vivants qui les honorent. Les Mânes font partie du quotidien des Romains : des masques des ancêtres défunts, ou imagines, sont placés dans l’atrium de la maison. Les Enfers sont gouvernés par Pluton et son épouse Proserpine. L’entrée de leur royaume est gardée par Cerbère, redoutable chien à trois têtes. Seuls quelques héros, tel Enée, sont parvenus à tromper sa vigilance. Après les funérailles, il faut purifier la maison qui a été souillée par le contact avec le mort; la famille peut sacrifier une truie à Cérès, déesse du sol et de la terre, chargée de recueillir les morts en son sein. Les Romains, après s’être assurés que le défunt est mort, le préparent. Ils lui ferment les yeux et lui placent dans la bouche une pièce destinée à payer Charon pour traverser le Styx qui sépare le monde des vivants de celui des morts. Vocabulaire : Dis, Ditis, m. : Dis, autre nom de Pluton evocatio, onis, f. : l’évocation (des enfers) funus, eris, n. : les funérailles Inferi, orum, m.plu. : les Enfers manes, ium, m. : les Mânes, les âmes des morts mors, mortis, f. : la mort nox, noctis, f. : la nuit, le sommeil, la mort spectrum, i, n. : le spectre Tartarus, i, m. : le Tartare, les enfers umbra, ae, f. : l’ombre « Salve » dit cette pierre tombale: l’âme du mort, présente dans le tombeau, salue le passant. Souvent, l’épitaphe, composée par le défunt lui-même de son vivant, invite à profiter de la vie tant qu’on est sur terre. A côté du squelette qui orne cette bague, on voit, au-dessus de l’amphore, un papillon, symbole de l’immortalité de l’âme. Les Larvae sont parfois représentées sous forme de squelette. Les Romains aiment les représenter pour se rappeler la brièveté de la vie, et s‘inviter à jouir le mieux possible de l'heure présente. C’est une leçon d’épicurisme. Explique la signification de ces mots français d’après leur origine : un cerbère, les Champs Elysées, sortir les pieds devant. Traduis les explications de Saint Augustin sur les âmes des morts. Animae hominum daemones sunt. Ex hominibus facti sunt lares, si boni fuerunt. Si mali fuerunt, seu lemures, seu larvae facti sunt. D’après Augustin, La Cité de Dieu, livre IX, chapitre 11 Sur ce sarcophage, l’ombre du défunt est représentée sous une forme corporelle enveloppée dans des habits de mort douée de mouvement : elle est conduite vers le monde des Enfers par Mercure.