Club photo de Pierrefonds 5 avril 2013 Serge Gagné L’histogramme Club photo de Pierrefonds 5 avril 2013 Serge Gagné
Petite capsule linguistique Histogramme → histos (mât, poteau) et gram (tracé) Graphique constitué par une série de rectangles rappelant des mâts, des poteaux. Histogramme Graphique en courbe Histogramme Le terme « histogramme », dans le contexte de la photographie numérique, est à la fois correct et incorrect. Le mot tire son origine du grec ancien histos (« mât, poteau ») et de l’affixe grec gram (« tracé »). Il signifie un graphique constitué par une série de rectangles rappelant des mâts, des poteaux. Dans cette logique, en français, le mot a comme synonymes : diagramme en bâtons, graphique en bâtons, graphique à bâtons. De même, en anglais, les synonymes d’histogram sont : bar graph, vertical block graph, rod graph. En réalité, ce que nous voyons sur l’écran arrière des appareils reflex ou compacts (point and shoot), c’est un graphique en courbe. Pourquoi? Parce que l’écran arrière des appareils n’a pas suffisamment de définition pour qu’on voie les « bâtons » de l’histogramme. Les appareils nous présentent donc un graphique en courbe. Si l’écran était en super haute définition, on verrait 256 minces bâtons sur la verticale. Il n’est donc pas complètement faux de parler d’histogramme en photo; l’histogramme est bien là, mais nous ne le voyons pas à cause de la faible définition des écrans arrière. Note : L’histogramme montré sur l’écran arrière est toujours l’histogramme d’une version JPEG de la photo prise, et ce même si on photographie en format RAW.
Un précieux outil Les bricoleurs apprentis n’utilisent peut-être pas tous un niveau, mais les menuisiers expérimentés et professionnels en utilisent un sans faute. Pour eux, c’est un outil essentiel. C’est la même chose pour les photographes et l’histogramme : les amateurs débutants, et même certains photographes intermédiaires, se demandent ce qu’est ce « bidule » sur l’écran, et même ceux qui le savent ne le mettent pas à profit. Les amateurs avancés et les professionnels l’utilisent très souvent, sinon tout le temps. Pourquoi? Parce que les photographes professionnels et amateurs avancés s’efforcent de capter l’image de la plus grande qualité possible dans l’appareil, au moment de la prise de vue. Pour parfaire leur expertise personnelle et devenir meilleurs; pour consacrer le moins de temps possible au travail de post-traitement dans l’ordinateur. Les photographes de presse n’ont pas le loisir de passer des heures à traiter leurs photos. Ils doivent les envoyer tout de suite à la salle de presse après les avoir prises. De toute manière, ils n’ont pas le droit de les retoucher, sous peine de perdre leur emploi. Il est donc essentiel que leurs photos soient bien exposées dès le départ. Je connais des photographes professionnels qui obtiennent des mandats pour des mariages. Eux non plus ne peuvent pas se payer le luxe de traiter des centaines de photos. Plus leurs photos sont bonnes à la prise de vue, moins de temps ils passent au post-traitement et plus ils peuvent livrer rapidement le fruit de leur travail à leurs clients.
Deux sortes d’histogrammes Histogramme RVB Histogramme de luminosité Sur l’écran arrière des appareils de milieu et de haut de gamme, on peut aussi faire afficher les histogrammes des canaux rouge, vert et bleu. Ces histogrammes permettent de voir le degré d’exposition dans chacun des canaux des trois couleurs primaires du spectre et aussi le degré de saturation de ces couleurs dans l’image : plus la courbe tend vers la gauche, moins la couleur est saturée, plus elle tend vers la droite, plus la couleur est saturée. Toutefois, il sera question ici seulement de l’histogramme global (appelé histogramme de luminosité), pour des fins de simplicité. L’histogramme de luminosité est la « moyenne » des valeurs représentées par les histogrammes des trois couleurs primaires. Mais cela ne veut pas dire que les histogrammes rouge, vert et bleu ne sont pas importants, au contraire. Certains appareils ne présentent pas les histogrammes des trois couleurs primaires; ils présentent seulement l’histogramme global. Mais cet histogramme global représente la « moyenne » basée sur une seule couleur, en général le vert. Par conséquent, si le rouge ou le bleu est surexposé ou sous-exposé, l’histogramme ne le montrera pas, de sorte que la photo peut être surexposée ou sous-exposée même si l’histogramme global présenté ne l’indique pas. Si votre appareil ne présente qu’un histogramme global, sans les histogrammes rouge, vert et bleu, fiez-vous à l’image affichée sur l’écran arrière sans vous fier à l’histogramme. S’il y a des personnes ici qui utilisent un tel appareil, vous avez congé d’écoute pour le reste de cet exposé!
L’histogramme plus en détail Canon Nikon 0 = Noir 255 = Blanc 177 = Gris neutre (18%) La « boîte » (ou le spectre) est divisée en 5 parties sur les appareils Canon et en 4 parties sur les appareils Nikon. Je ne sais pas ce qu’il en est sur les appareils d’autres marques. L’histogramme est une représentation de 256 lignes verticales (points de données) sur un axe horizontal qui indique le nombre de pixels dans l’image captée à chaque niveau de luminosité – de zéro (noir intégral) à l’extrémité gauche à 255 (blanc intégral) à l’extrémité droite. Le gris neutre (18 %) correspond au point de données 177. Les variations dans la hauteur de la courbe correspondent au nombre de pixels enregistrés à chacun des niveaux de luminosité. Donc : Sur l’horizontale → Niveau de luminosité (faible à gauche et élevé à droite) Sur la verticale → Nombre de pixels à chaque niveau (degré de contraste)
À quoi sert l’histogramme? Mesurer l’exposition avec plus de précision à la prise de vue. Fournir une représentation graphique de la luminosité d’une photo (répartition de la luminosité des pixels dans une photo). Photographes amateurs avancés Photographes professionnels Note : HoodLoupe Même s’il est souvent possible d’améliorer une photo mal exposée avec un logiciel de traitement d’images (post-processing), les photographes professionnels et amateurs avancés s’efforcent d’obtenir la meilleure exposition possible dès la prise de vue (in camera). Cela réduit le temps passé à traiter les images au post-traitement (le temps, c’est de l’argent). En regardant seulement l’image qu’on vient de capter sur l’écran arrière de l’appareil, on ne peut pas bien évaluer l’exposition. La lumière ambiante peut fausser la lecture, et le niveau de luminosité de l’affichage que vous avez choisi dans vos réglages du boîtier peut influencer l’apparence de l’image projetée sur l’écran. L’histogramme est la seule mesure fiable pour savoir si une photo est correctement exposée. La recherche de l’exposition parfaite au stade du post-traitement dans l’ordinateur peut être compliquée et prendre beaucoup de temps. Plus l’exposition est bonne au moment de la prise de vue, moins il faudra passer de temps au post-traitement. Note : Il existe un produit de très bonne qualité appelé HoodLoupe qui permet de mieux visionner les photos sur l’écran arrière des appareils photo. Ce produit permet de zoomer et grossir l’image et de vérifier si le sujet est bien net, entre autres. Il permet aussi, par la bande, de voir si la photo est bien exposée. Il en existe actuellement trois modèles aux prix de 80, 90 et 100 $. Voir www.hoodmanusa.com
Y a-t-il un histogramme parfait? Réponse : Oui et non… L’histogramme « parfait » L’histogramme idéal, parfait, ça n’existe pas vraiment. Il n’y a pas une courbe universelle à rechercher pour toutes les photos de tous les sujets. L’histogramme est la « traduction » sous forme graphique de la scène photographiée, la représentation graphique de la répartition des pixels enregistrés par le capteur de l’appareil. Par exemple, l’histogramme d’une photo prise intentionnellement à contre-jour est loin de correspondre à l’histogramme « parfait ». Mais la photo en question peut être excellente. Voir les deux exemples présentés sur la diapo ci-dessus.
Éviter le « clipping » En général, il faut éviter le clipping. S’il y a du clipping sur le flanc gauche, il y a sous‑exposition; s’il y a du clipping sur le flanc droit, il y a surexposition. Sauf que… cela n’est pas une règle toujours coulée dans le béton. Dans les cas où le photographe veut capter une scène particulière ou créer un effet (photos du guitariste et du portrait du visage en mode high key), vouloir corriger ces photos pour obtenir un histogramme mieux équilibré, « parfait », serait un non-sens. Note : La plupart des appareils intègrent la fonction d’alerte hautes lumières. Quand on active cette fonction, les zones surexposées de l’image clignotent sur l’écran arrière de l’appareil. On peut exploiter cette fonction en choisissant le mode d’affichage de la photo seulement (sans l’histogramme) ou le mode d’affichage combiné petite photo-histogramme sur l’écran arrière. Si on utilise ce dernier mode combiné et que la photo est surexposée, on peut voir clignoter les zones surexposées sur la petite photo et le « clipping » sur l’histogramme.
« Shoot to the right! » 50-75 % 50-75 % ↓ ↓ Canon Nikon 50-75 % 50-75 % ↓ ↓ Canon Nikon 50 à 75 % des données enregistrées par le capteur se trouvent dans la dernière section de droite de la boîte. Exposer à droite, c’est exposer l’image au maximum, sans toutefois la surexposer, sans faire « grimper » la courbe sur le flanc droit de la boîte (clipping), pour avoir le maximum d’information dans les zones les plus claires de l’image. Pourquoi? Parce que – ça vaut la peine de le répéter – nos capteurs enregistrent 50 à 75 % des données dans les zones les plus claires de l’image, autrement dit dans la zone d’extrême droite de la boîte (la 4e ou la 5e zone selon qu’il s’agit d’un appareil Nikon ou Canon). Les zones sombres (vers la gauche de la boîte) sont très pauvres en pixels, en données. Au post‑traitement, rendre plus claire une image sombre fait augmenter le bruit. Par contre, assombrir une image claire (non brûlée, non surexposée) réduit le bruit très sensiblement. Ici, comme toujours, le mot d’ordre « shoot to the right! » n’est pas une règle immuable. Cela dépend toujours des situations et des intentions du photographe.
Comment obtenir la meilleure exposition possible (1) Quatre options (ET/OU) : 1) Modifier l’ouverture (f/stop). 2) Modifier la vitesse. 3) Modifier l’ISO. 4) Utiliser la compensation d’exposition (EV).
Comment obtenir la meilleure exposition possible (2) L’histogramme indique une surexposition (clipping à droite) : Toujours 4 options (ET/OU) : 1) Réduire l’ouverture (f/8 → f/16). 2) Augmenter la vitesse (1/125 → 1/150). 3) Réduire l’ISO (200 → 160). 4) Régler la compensation d’exposition (EV) vers la gauche. Si l’histogramme montre une surexposition (la courbe trop sur la droite; clipping à droite), il existe quatre options (ET/OU) pour réduire l’exposition : réduire l’ouverture du diaphragme (le f/stop), par exemple de f/8 à f/16; augmenter la vitesse d’obturation, par exemple de 1/125 s à 1/500 s; réduire l’ISO, par exemple de 200 à 160; régler la compensation d’exposition (EV) vers la gauche.
Comment obtenir la meilleure exposition possible (3) L’histogramme indique une sous-exposition (clipping à gauche) : Toujours 4 options (ET/OU) : 1) Augmenter l’ouverture (f/16 → f/8). 2) Réduire la vitesse (1/150 → 1/125). Note : L’ISO 3) Augmenter l’ISO (160 → 200). 4) Régler la compensation d’exposition (EV) vers la droite. Si l’histogramme montre une sous-exposition (la courbe trop sur la gauche; clipping à gauche), il existe quatre options pour augmenter l’exposition : 1) augmenter l’ouverture du diaphragme (le f/stop), par exemple de f/16 à f/8; 2) réduire la vitesse d’obturation, par exemple de 1/500 s à 1/125 s; 3) augmenter l’ISO, par exemple de 160 à 200; 4) régler la compensation d’exposition (EV) en tournant vers la droite. Bon nombre de photographes négligent l’ISO comme moyen de réduire ou d’augmenter l’exposition en partant du principe qu’il faut éviter les ISO trop élevés, qui causent du bruit. Ils règlent leur ISO à 100 ou 200 quasiment en permanence et l’augmentent seulement en cas d’absolue nécessité. Or, depuis les débuts du numérique, les fabricants ont grandement perfectionné les capteurs, qui ne produisent quasiment plus de bruit aux ISO élevés. Par exemple, le Nikon D3S réglé à ISO 3200 produit des images pratiquement sans bruit, tout comme le D4. De plus, il existe des plug-ins , comme DeNoise de Topaz Labs, entre autres, qui permettent de réduire le bruit très efficacement au post-traitement. Soit dit en passant, on peut aussi régler l’ISO à AUTO (pour les boîtiers qui offrent cette fonction). Cela permet à l’appareil de choisir l’ISO automatiquement selon les situations. De plus, comme vous le savez, la prise de photos en HDR et la technique du bracketing exigent la prise de plusieurs photos à des niveaux d’exposition différents. Il est donc bon d’assimiler et de maîtriser les quatre options de modification de l’exposition que nous venons de voir. Et l’utilisation de la compensation d’exposition (l’option 4) est une option qui offre une grande rapidité pour le réglage de l’exposition. Voyons plus en détail la compensation d’exposition.
La compensation d’exposition (EV) Vers la gauche → Réduire l’exposition Vers la droite → Augmenter l’exposition Tiers de stop jusqu’à – 2 stops ou + 2 stops Note : Clip vidéo La compensation d’exposition est une fonction offerte avec tous les boîtiers d’appareils reflex et bon nombre d’appareils compacts. C’est un moyen rapide de modifier l’exposition. Sur mon appareil Canon, il suffit d’appuyer sur le déclencheur et de le maintenir à mi‑course tout en faisant tourner la mollette de réglage rapide (quick control dial) à l’arrière du boîtier vers la gauche (vers les –) pour réduire l’exposition ou vers la droite (vers les +) pour l’augmenter. Les réglages peuvent se faire par tiers de stop jusqu’à moins 2 stops ou plus 2 stops. Avec tous les appareils, il faut appuyer sur le bouton déclencheur à mi-course pour pouvoir utiliser la molette de réglage de la compensation d’exposition. Attention! Quand on utilise la compensation d’exposition pour une prise de vue, ce réglage reste en place. Il faut le vérifier pour les prises de vue suivantes, qui ne nécessiteront pas nécessairement le même réglage. Vous pouvez visionner un court vidéo présentant la compensation d’exposition sur les appareils Nikon : http://www.youtube.com/watch?v=-nWcjiCDbRQ.
« … use them as Guides, not Gods » Conclusion L’histogramme « universel » n’existe pas. Il existe un histogramme parfait pour chaque situation. Moyen rapide pour corriger l’exposition dans l’appareil. « … use them as Guides, not Gods » L’histogramme est un précieux outil qui permet de voir le niveau d’exposition des photos. On peut ensuite modifier les réglages pour augmenter ou réduire l’exposition. On peut supprimer une image mal exposée et modifier l’exposition pour obtenir ensuite l’image souhaitée. Bien sûr, il existe des situations voulues par le photographe où l’histogramme « idéal » ne convient pas, comme nous l’avons vu avec la photo du guitariste et du portrait en plan rapproché en mode high key. Il y a aussi des cas où il faut agir vite, par exemple dans la photo haute vitesse (de sport). Dans ces cas, on n’a souvent pas le temps de modifier l’exposition et de prendre un autre cliché… la voiture de course, le vélo ou le skieur sont déjà passés une fois qu’on a pris la photo une première fois ou qu’on a pris des photos en mode rafale. Une bonne habitude à prendre dans des cas comme ceux-là est de prendre une photo de l’endroit avant que l’action se produise pour avoir une idée de l’exposition en regardant l’histogramme. Et, bien sûr, on peut aussi travailler la photo au post-traitement. Donc, la lecture de l’histogramme sur le terrain est une très bonne méthode de correction de l’exposition photographique, qui est utilisée par les photographes amateurs avancés et professionnels. Plus l’exposition est correcte à la prise de vue, meilleure est la qualité finale de la photographie et meilleures sont les possibilités de la traiter par la suite pour l’améliorer sans y consacrer trop de temps. Je ne saurais donc trop vous recommander d’utiliser sur le terrain la lecture et la correction de l’exposition à l’aide de l’histogramme. Mais, comme le disent les photographes anglophones, les histogrammes… « use them as Guides, not Gods ». Quelques références http://www.mcpactions.com/blog/2011/06/20/a-photographers-guide-to-understanding-histograms/ http://www.nikonpassion.com/presentation-histogramme-et-comment-utiliser/ http://www.virusphoto.com/5224-apprendre-a-lire-un-histogramme.html http://neilvn.com/tangents/using-the-histogram-to-determine-exposure/ http://www.cours-photophiles.com/index.php/le-traitement-dimage/niveaux-et-histogrammes-.html http://blog.dehesdin.com/workflow/lhistogramme/ http://apprendre-la-photo.fr/lhistogramme-le-comprendre-lutiliser/ http://www.kenrockwell.com/tech/yrgb.htm