Séquence 5 : Le sujet, la conscience, l’inconscient

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Transcription de la présentation:

Séquence 5 : Le sujet, la conscience, l’inconscient

Introduction : l’homme est-il bien toujours le sujet de ses pensées et de ses actes ? Qu’est-ce qu’être un sujet ?   Ici il faut prêter attention à une ambiguïté inhérente au concept de sujet, celui-ci a des significations différentes, complexes. On distingue plusieurs concepts de sujet, et la question sera de savoir de quel concept de sujet nous avons besoin pour désigner l’être humain. 1) Le sujet dont on parle : le sujet d’une conversation, d’un tableau, d’un film, on même d’un sujet du baccalauréat. 2) le sujet grammatical : le sujet du verbe. Ex : Pierre mange une pomme, Ici « Pierre » est le sujet du verbe et « pomme », l’objet. 3) Dans le domaine politique : le sujet d’un monarque est distingué du citoyen d’une République pour mieux souligner sa relation de sujétion ou de soumission à l’égard de la personne incarnant l’autorité. 4) Mais plus généralement, le sujet désignera l’être humain, l’homme en tant que personne capable de pensée et de conscience et capable de se représenter lui-même (par la réflexion) cette pensée. Un sujet est un être capable de dire « je » et capable de se représenter lui-même.

Réalité en tant qu'elle est pensée ou perçue. Repères - Sujet/Objet - Objectif/subjectif Objet = Réalité en tant qu'elle est pensée ou perçue. Sujet = être un moi, une conscience Objectif/subjectif Objectif : Est objectif ce qui se rapporte à l’objet de connaissance (la chose) ; Subjectif : Est subjectif ce qui se rapporte au sujet de la connaissance (la conscience). (remarque) On dira qu’une connaissance des choses est subjective si elle n’est pas conforme à la réalité de l’objet, mais imprégnée d’éléments qui trahissent les passions, les préjugés, les sentiments, les choix du sujet. Est objective en revanche la connaissance des choses qui est indépendante du sujet. Le monde nous semble d’emblée divisé entre des objets et des sujets : cette table devant moi, ce stylo que j’utilise sont autant de choses qui me sont données comme des objets ; il ne viendrait pas à l’esprit de les appeler des « sujets ». En revanche, moi, je m’apparais comme un sujet, avec la même évidence que tout ce qui m’environne (cette table, ce stylo…) m’apparaît comme un ensemble d’objets.   Mais qu’est-ce qu’un objet ? Etymologiquement, un objet, c’est simplement ce qui est jeté ou placé (jectus) devant (ob) moi. Si la page est un objet, c’est parce qu’elle est placée devant moi que je peux l’utiliser ou la manipuler à ma guise. En revanche, moi, je ne suis jamais placé devant moi : je peux certes me saisir de l’extérieur, comme lorsque je regarde dans un miroir ; mais ce que je vois, ce n’est pas moi : c’est une image de moi. Et encore pas n’importe quelle image : c’est moi en train de me regarder. De manière générale, c’est toujours depuis moi-même que je saisis cette image de moi ; mais ce « moi-même », lui, n’est pas un objet, c’est le point de vue depuis lequel je saisis tous les objets ; Comment définir alors un sujet ? C’est tout d’abord celui qui n’est pas un objet ou en tous cas ne se saisit pas lui-même comme objet. Le sujet, c’est en second lieu, celui qui a un « moi » ou mieux, celui qui est un moi. Ce qui semble irréductiblement constituer le sujet, c’est qu’il est capable de dire « je » ou « moi », bref qu’il existe à la première personne du singulier. Ce stylo, cette page, cette table ne sont que des réalités en troisième personne : on ne peut les saisir que de l’extérieur ; elles ne semblent avoir aucune intériorité, aucun « dedans », par lequel elles pourraient se percevoir elles-mêmes. En revanche, moi, en tant que sujet, j’ai une intériorité ou, comme on dit souvent, « un monde intérieur » : je rêve, je pense, j’ai des sentiments, autant de choses qu’un objet n’éprouvera jamais. Une table n’a pas d’états d’âme ; et pour cause : il semble bien qu’elle n’ait pas d’âme du tout. Autre notion liée à la notion de sujet : la conscience de soi. A revoir, faire la relation immédiatement entre être un sujet et avoir une conscience de soi.

I. Descartes ou la découverte du sujet 1. Le projet cartésien Le constat : Le savoir de son époque, tant scientifique que moral, ne possède pas de fondement stable qui en assurerait la vérité. Le risque : céder au scepticisme, se résigner à reconnaître que rien n’est certain. Le but de Descartes : reconstruire, en prenant pour modèle les mathématiques, l’ensemble du savoir à partir de principes premiers dont la vérité est absolument certaine. « Il y a déjà quelques temps que je me suis aperçu que, dès mes premières années, j’avais reçu quantité de fausses opinions pour véritables, et que ce que j’ai depuis fondé sur des principes si mal assurés, ne pouvait être que fort douteux et incertain; de façon qu’il me fallait entreprendre sérieusement une fois en ma vie de me défaire de toutes les opinions que j’avais reçues jusques alors en ma créance, et commencer tout de nouveau dès les fondements, si je voulais établir quelque chose de ferme et de constant dans les sciences ».

Ce dont rêve Descartes, c’est d’une science unique, unifiée. Morale Ce dont rêve Descartes, c’est d’une science unique, unifiée. La philosophie (ici synonyme de science) est comme un arbre dont les racines sont la métaphysique, le tronc est la physique, et les branches sont les autres sciences, avec trois branches principales : la médecine, la mécanique et la morale. Médecine Mécanique Physique Métaphysique

2. Le doute méthodique Pour pouvoir reconstruire tout l’édifice de la connaissance sur des principes certains, il faut d’abord commencer par trouver un moyen de se débarrasser de toutes nos opinions incertaines qui risquent de nous induire en erreur. (Problème) Mais comment s’y prendre? Quelle méthode doit-on adopter pour faire le tri dans nos opinions et ne conserver que celles qui valent la peine? Règle du doute méthodique : rejeter comme fausse toute opinion simplement douteuse. (dans ce sens on peut dire que le doute est hyperbolique).

(1) L’argument des sens trompeurs « Tout ce que j’ai reçu jusqu’à présent pour le plus vrai et assuré, je l’ai appris des sens, ou par les sens : or j’ai quelquefois éprouvé que ces sens étaient trompeurs, et il est de la prudence de ne se fier jamais entièrement à ceux qui nous ont une fois trompé ».

L’argument de Descartes est le suivant : Mes opinions les mieux assurées dérivent du témoignage de mes sens; Ce témoignage n’est pas entièrement fiable, puisque mes sens m’ont déjà trompé; (3) Il faut se méfier ce qui nous a déjà trompé. Rien ne garantit en effet que mes sens ne me trompent pas plus souvent que je ne le crois ; (Conclusion) Je dois considérer comme douteux toute opinion qui dérive du témoignage de mes sens

(2) L’argument du rêve « Combien de fois m’est-il arrivé de songer, la nuit, que j’étais en ce lieu, que j’étais habillé, que j’étais auprès du feu, quoique je fusse tout nu dans mon lit? Il me semble bien à présent que ce n’est point avec des yeux endormis que je regarde ce papier; que cette tête que je remue n’est point assoupie; que c’est avec dessein et de propos délibéré que j’étends cette main, et que je la sens : ce qui arrive dans le sommeil ne semble point si clair ni si distinct que tout ceci. Mais en y pensant soigneusement, je me ressouviens d’avoir été souvent trompé, lorsque je dormais, par de semblables illusions. Et m’arrêtant sur cette pensée, je vois si manifestement qu’il n’y a point d’indices concluants, ni de marques assez certaines par où l’on puisse distinguer nettement la veille d’avec le sommeil, que j’en suis tout étonné; et mon étonnement est tel, qu’il est presque capable de me persuader que je dors. Picasso, Le rêve, 1932

Christopher Nolan, Inception, 2010

3 conclusions qu’on peut tirer de l’argument de Descartes : - Il n’y a aucune expérience que vous pourriez avoir dont il vous serait impossible de rêver. - Il n’y a rien, aucun indice dans une expérience que vous pourriez avoir qui vous indiquerait que c’est une expérience réelle, et pas seulement un rêve. - Par conséquent, si chacune de vos « expériences » peuvent être un rêve, vous ne savez rien avec certitude sur le monde qui vous entoure, ou même s’il existe réellement.

J. Bosch (1450-1516), Le Jugement Dernier, huile sur bois, détail. Une objection à l’argument du rêve : « les rêves sont comme des peintures » Supposons donc que nous sommes endormis, et que toutes ces particularités-ci, à savoir, que nous ouvrons les yeux, que nous remuons la tête, que nous étendons les mains, et choses semblables, ne sont que de fausses illusions  et pensons que peut-être nos mains, ni tout notre corps, ne sont pas tels que nous les voyons. Toutefois il faut au moins avouer que les choses qui nous sont représentées dans le sommeil, sont comme des tableaux et des peintures, qui ne peuvent être formées qu’à la ressemblance de quelque chose de réel et de véritable ; et qu’ainsi, pour le moins, ces choses générales, à savoir, des yeux, une tête, des mains, et tout le reste du corps, ne sont pas choses imaginaires, mais vraies et existantes ». J. Bosch (1450-1516), Le Jugement Dernier, huile sur bois, détail.

J. Bosch (1450-1516), Le Jugement Dernier, huile sur bois, détail.

(3) L’argument du Malin Génie « Je supposerai donc qu’il y a, non point un vrai Dieu, qui est la souveraine source de vérité, mais un certain mauvais génie, non moins rusé et trompeur que puissant, qui a employé toute son industrie à me tromper. Je penserai que le ciel, l’air, la terre, les couleurs, les figures, les sons, et toutes les choses extérieures que nous voyons, ne sont que des illusions et tromperies, dont il se sert pour surprendre ma crédulité. Je me considérerai moi-même comme n’ayant point de mains, point d’yeux, point de chair, point de sang, comme n’ayant aucun sens, mais croyant faussement avoir toutes ces choses. Johann Heinrich Füssli, Le cauchemar, 1781 Je demeurerai obstinément attaché à cette pensée ; et si, par ce moyen, il n’est pas en mon pouvoir de parvenir à la connaissance d’aucune vérité, à tout le moins il est en ma puissance de suspendre mon jugement. C’est pourquoi je prendrai garde soigneusement de ne point recevoir en ma croyance aucune fausseté, et préparerai si bien mon esprit à toutes les ruses de ce grand trompeur, que, pour puissant et rusé qu’il soit, il ne me pourra jamais rien imposer ».

- Une expérience de pensée destinée à attirer notre attention sur une idée : pour ce qui est de la vérité, toute notre expérience pourrait bien n’être qu’un rêve déconnecté de la réalité.   Le philosophe René Descartes a donc suggéré une inquiétude similaire à celle que suscite le film Matrix : l’effrayante possibilité que toutes les expériences de quelqu’un soient le résultat d’une puissante force extérieure, un « malin génie ».

l’hypothèse du « cerveau dans la cuve »   « Vous ne savez pas si vous n’êtes pas un cerveau, suspendu dans une cuve pleine de liquide dans un laboratoire, et relié à un ordinateur qui vous nourrit de vos expériences courantes sous le contrôle de quelque ingénieux technicien scientifique (bienveillant ou malveillant selon le goût). Car si vous étiez un tel cerveau, alors, étant donné que l’œuvre du scientifique est couronnée de succès, rien dans votre expérience ne pourrait révéler que vous l’êtes ; car votre expérience est ex hypothesi identique à celle de quelque chose qui n’est pas un cerveau dans une cuve. Puisque vous pouvez seulement faire appel à votre propre expérience, et que cette expérience est la même dans l’une ou l’autre des deux situations, rien ne peut vous révéler dans quelle situation vous vous trouvez actuellement. » Jonathan Dancy, Introduction to Contemporary Epistemology, 10

Raison – moyen de douter Objet dont on doute Raison – moyen de douter Résistance au doute 1. Les données des sens Illusions, erreurs des sens (ex) bâton rompu dans l’eau Mon corps 2. Mon corps et l’ensemble des choses extérieures à moi Rêve Idées simples (ex) corps simples, géométrie, arithmétique, 3. Tout (?) Malin Génie Rien (?)

3. « Un point d’Archimède : Le cogito » Comment donc écarter l’hypothèse du malin génie ? Sitôt qu’elle paraît évoquée nous paraissons démuni. Comment ne pas être conduit à adopter une position sceptique : la possibilité que nous ne sachions rien, que toutes nos croyances soient illusoires ? Descartes, Méditations métaphysiques, « deuxième méditation » « Archimède, pour tirer le globe terrestre de sa place et le transporter en un autre lieu, ne demandait rien qu’un point qui fût fixe et assuré. Ainsi j’aurai droit de concevoir de hautes espérances, si je suis assez heureux pour trouver seulement une chose qui soit certaine et indubitable. Je suppose donc que toutes les choses que je vois sont fausses ; je me persuade que rien n’a jamais été de tout ce que ma mémoire remplie de mensonges me représente ; je pense n’avoir aucun sens ; je crois que le corps, la figure, l’étendue, le mouvement et le lieu ne sont que des fictions de mon esprit. Qu’est-ce donc qui pourra être estimé véritable ? Peut-être rien autre chose, sinon qu’il n’y a rien au monde de certain.

En insistant sur le fait que toute pensée ne peut être que l’acte d’un « je » qui pense, D. a surtout souligné un trait essentiel de la conscience: celle-ci ne porte pas seulement sur des objets extérieurs, elle se rapporte aussi à elle-même, elle se dédouble en quelque sorte, et se regarde, s’examine elle-même dans un mouvement de réflexion. La conscience directe, spontanée ou immédiate est inséparable d’une conscience réflexive.

cogito ergo sum, « Je pense, donc je suis » Dans cet océan de doute, précisément au moment où les choses sont au plus noir, Descartes trouve un rocher sur lequel se hisser : cogito ergo sum, « Je pense, donc je suis » Même si c'est d'une réalité virtuelle que je fais l'expérience, c'est moi qui en fais l'expérience ! Et, apparemment, je sais que c'est moi qui ai ces expériences ou ces pensées (pour Descartes, « faire un² expérience» est compris dans le « penser »). Pourquoi cette certitude subsiste-t-elle ?

Voyons-la du point de vue du génie Voyons-la du point de vue du génie. Son projet était de me duper en tout. Mais il ne lui est logiquement pas possible de me tromper en me faisant dire que j'existe si je n'existe pas. Il ne peut rendre simultanément vraies ces deux choses : Je crois que j'existe. Je me trompe sur le fait que j'existe. Parce que si la première affirmation est vraie, j'existe pour formuler la pensée. Donc, je dois avoir raison sur le fait que j'existe. Donc, du moment que je le crois (ou même crois que je le crois), c'est que j'existe. Descartes a enfin trouvé son premier principe, sa première vérité indubitable à partir de laquelle il pourra espérer reconstruire tout l’édifice du savoir : l’idée selon laquelle je suis et j’ai conscience d’être est la seule idée qui résiste au doute méthodique. Le Malin Génie ne saurait faire ne sorte de me persuader à tort que je pense et que je suis : pour être trompé il faut encore que je sois et que je pense.

Réalité immatérielle, « spirituelle » Réalité physique ou matérielle « Le dualisme ontologique de Descartes » Pour Descartes, l’Homme est l’union d’une âme et d’un corps Âme Réalité immatérielle, « spirituelle » Pensée Monde privé Intériorité Interaction Corps Réalité physique ou matérielle Etendue Monde public Extériorité

Conclusion C’est à partir de Descartes que l’idée de l’Homme comme sujet libre et conscient de ses pensées et de ses actes s’impose en philosophie. Le point de vue subjectif en première personne (« je ») est le point de vue irréductible à partir duquel toute connaissance du monde est possible. L’âme ou la conscience est chez Descartes une réalité substantielle distincte du corps qui assure notre identité personnelle et notre liberté.