14 Juin 2007

La petite ville du Val dAjol est située à la frontière de la Lorraine historique et de la Bourgogne. Administrée par les Chanoinesses de Remiremont jusquà la Révolution, elle conserve 145 croix sur son territoire. Trois dentre elles sont classées « monuments historiques ».

Cette croix gothique du 16ème en grès gris mesure 3,60m de hauteur. Sur un socle en forme de tronc de pyramide sélève un fût octogonal surmonté dun manchon constitué de huit arcatures gothiques abritant chacune un saint personnage. Un Christ couronné dépines, à poitrine plate, occupe le centre avers du croisillon qui surmonte le fût. Au centre du revers du croisillon, une Vierge revêtue dun manteau aux plis raides porte lEnfant dont la tête est très importante par rapport au reste du corps. La croix des Chênes. On reconnaît Saint-Paul à côté de Saint-Pierre.

La croix de Larrière. Croix du 16ème, sans doute dabornement, en grès gris ; elle mesure 2,95m de hauteur. Socle pyramidal, fût prismatique à quatre arêtes. Le croisillon est un losange ajouré dont les côtés sont prolongés par quatre fleurs de lys. La croix occupe le centre du losange ; le Christ a la tête fortement inclinée, le torse est nu, les côtes sont apparentes. Deux personnes érodées apparaissent sous le bras horizontal du croisillon : sans doute la Vierge et Saint-Jean.

La croix du Jeranceau. Croix de 1626, de 3,45m de hauteur, à lécart, à la limite des bois et des prés. Socle et fût prismatiques, à large bandeau central. Saint-Pierre et Saint-Paul ornent le fût. Le croisillon est riche : à lavers, Christ à la lourde draperie ; au revers, Vierge aux mâchoires très marquées. Sainte-Madeleine, debout, mains jointes, repose sur une console ; en pendant, Saint-Jean dans un vaste manteau. On suppose que ce monument est lœuvre dun artiste délogé de son village par la guerre de Trente Ans, venu en ce lieu et hébergé par des bergers. La croix servait de lieu de ralliement et de prière.

Léglise Notre-Dame. Eglise gothique, au clocher repris au 18ème. Toit de lave, porche à triple travée, chacune correspondant à une des nefs de léglise. Derrière le maître- autel, retable en chêne, oeuvre dun artisan local, représentant lAssomption. Pietà du 15ème, en calcaire polychrome, abritée à la Révolution. Cette Pietà et le retable sont classés monuments historiques. Des fresques sont actuellement en cours de nettoyage.

La Foire. On ne peut parler du Val dAjol sans citer la tradition de la Foire aux Andouilles le 3ème lundi de février. Autrefois foire aux bestiaux, on y trouvait également de la laine, brute ou œuvrée, filée, et de la toile tissée à la ferme ; et les dernières andouilles de la Saint-Nicolas, fumées à lâtre tout lhiver, et mangées avant le Carême ; cette foire était la dernière réjouissance avant la période de jeûne. Des bœufs changeaient de main, les plus petits pour la ferme, les mieux encornés pour les travaux en forêt. Cette tradition est maintenue par la Confrérie des Tastes Andouilles, créée en 1965, dont les membres portent la blaude grise, le chapeau noir, le cordon rouge et vert aux couleurs du Val dAjol, un médaillon en bois gravé de deux andouilles entrelacées. Quelques-uns jouent de lépinette.

Les amateurs géologues trouveront au Val dAjol matière à sintéresser au cirque glacière de Hérival, et aux tourbières « vives » des environs. Les simples touristes se réjouiront des promenades dans les forêts de sapins et dépicéas avoisinantes. Géologie.

Plombières. Cette ville voisine explique la venue fréquente de Napoléon III au Val dAjol. Plombières, riche de son passé historique, est une ville deaux, car sortent de la grande faille du parc des sources thermales chaudes ( appareil digestif, rhumatologie ) appréciées ; le passé apparaît sous la forme des avenues aux belles demeures 18ème, ornées de grilles de balcon en fer forgé.

Le Val dAjol a certes perdu de nos jours ses tissages, comme beaucoup dautres dans les Vosges ; mais sa situation verdoyante, ses anciennes fermes où lon retrouve les fours à pain latéraux, et les « chalots », remises en bois pour conserver les vivres, méritent une visite. On peut citer le roman « Cest ainsi que les hommes vivent » que Pierre Pelot, écrivain vosgien a publié en 2003, qui traite de sa région au 17ème siècle, et où lon retrouvera de minutieuses descriptions de lenvironnement du Val dAjol.

Ajoutons que nous avons royalement déjeuné à La Résidence, dans la salle à manger confortable avec ses fenêtres sur le parc ombragé attenant, établissement qui mérite largement son écusson de Logis de France ; une bien sympathique journée, à la fois culturelle et conviviale. FIN