5 PHOTOGRAPHIES INCONTOURNABLES DÉCRYPTÉES
1
Une photographie si connue et si emblématique qu’on en a fait une statue. Cimetière national d’Arlington
Pourquoi le succès de cette image d’Iwo Jima (février 1945) ? Une image de guerre comme il faut : des hommes qui semblent être pris en pleine action, sales, pataugeant dans les débris de la bataille. Surtout, pas de cadavres. 2) C’est la première bataille de l’histoire à être suivie à la radio en direct par 100 millions d’Américains, comme un match de base-ball. 3) Combat contre les Japonais considérés comme le principal ennemi au yeux des Américains, méprisé pour sa race et haï pour Pearl Harbour. 4) Les soldats représentés sont l’élite de l’armée américaine : des marines dont la légende se construit alors aux USA
Le photographie a été prise le 23 février 1945 par Joe Rosenthal. Au moment où il prend la photo, il pense avoir mis en boite une photo de seconde zone. Pourquoi ?
Il n’y a pas eu de combats à l’endroit où le drapeau est planté sur le mont Suribashi. Le carnage a eu lieu en bas, dans la plaine. 2) La scène est un remake : une patrouille a planté un premier drapeau vers 10h20. 3) Mais le secrétaire d’Etat à la marine qui observe la scène depuis la plage est si ému qu’il réclame la bannière en souvenir. 4) Une seconde patrouille fait alors l’ascension du mont Suribashi et place un autre drapeau, plus grand. C’est là que Rosenthal prend sa photo, par hasard, peu après-midi…
2
Avril 1945 : l’Armée Rouge dresse le drapeau de l’URSS au dessus du Reichstag : un photographe immortalise cet évènement historique. Pour les Soviétiques, la guerre a eu lieu en Europe, contrairement aux Américains. Le photographe Evgueni Khaldei en est intimement persuadé et voudrait immortaliser ce combat lorsqu’il s’approche de Berlin avec les troupes d’assaut. Le Photographe Evgueni Khaldei (1996)
Cet Ukrainien était alors un photographe officiel de l’URSS. Conférence de Potsdam Procès de Nuremberg
Le cliché de Joe Rosenthal obsède Khaldéi : il faut un autre symbole à cette guerre, un symbole de la victoire soviétique. A la différence de Rosenthal, il prépare son cliché : il emporte 3 drapeaux frappés du marteau et de la faucille qu’il a fait spécialement fabriquer dans cet objectif à Moscou.
Dans Berlin, il fait plusieurs tentatives. L’un est planté à l’aéroport, l’autre sur la porte de Brandebourg. Mais le site le plus symbolique est celui du parlement où a eu lieu la dernière bataille. Le photographe Evgueni Khaldei monte son image de toute pièces. 1) Il fait passer un casting aux soldats. 2) Il leur demande de hisser le drapeau au sommet du bâtiment : il peut ainsi immortaliser une vue saisissante au dessus de Berlin en ruines. (en plongée)
Comme la photo de Rosenthal, le cliché fait le tour du monde ; mais elle subit toutefois une retouche. L’un des soldats porte une montre à chaque poignet, résultat et symbole du pillage généralisé de l’Allemagne par les Soviétiques. La censure retouchera l’une des montres. Image sans retouche
3
Jeux Olympiques de Mexico 16 octobre 1968 Tommie Smith (or) et John Carlos (bronze) 200m Poings levés gantés de noir = emblème du Black power Ils seront exclus des JO. Boite qui contient un jeune olivier symbole de paix On leur reprochera d’avoir eu la tête baissée durant un hymne national. Collier de perles en plastique qui rappelle la monnaie dérisoire échangée par les négriers européens contre la livraison d’esclaves africains Ils ont toujours nié avoir voulu faire injure : Smith baissait la tête parce qu’il priait Carlos, en hommage à ses ancêtres. Les deux hommes sont déchaussés, rappelant ainsi la pauvreté de nombreux noirs aux USA.
4
Réconciliation sous la contrainte américaine (mains de Clinton) ? Washington 13 septembre 1993 Ce document est-il pertinent pour exprimer les relations entre Israéliens et Palestiniens ? N’est-ce pas plutôt un document de propagande pro-américaine ? Réconciliation sous la contrainte américaine (mains de Clinton) ? Clinton a dû faire pression sur Rabbin pour qu’il accepte de serrer la main au responsable du terrorisme selon lui.
5
Bagdad 9 avril 2003 Des Irakiens apprenant la chute de Saddam décident d’abattre la statue du dictateur trônant place Fedaous à Bagdad.
N’y parvenant pas seuls, ils demandent de l’aide aux Américains présents sur place. Un char américain alors tire et la statue tombe. Le cadrage serré sur la scène laisse à penser qu’une foule dense d’Irakiens assiste à la scène. C’est la version officielle … américaine.
La réalité est toute autre. Tout a été monté par le commandement américain. L’endroit a été sélectionné parce qu’il est juste en face d’un hôtel bourré de journalistes. Seuls quelques dizaines d’hommes, des agents politiques irakiens de l’armée américaine, assistent à la scène. La photo a été ardemment souhaitée par l’armée américaine qui voulait montrer la fin symbolique d’un tyran, l’appui du peuple irakien à ses libérateurs américains. Mais le pot aux roses est révélé quelques jours plus tard par les journaux. Le symbole a fait un flop.
Sources www.iwojima.com http://www.grosset.fr/francais/photographes/khaldei/ http://www.schicklerart.com/exhibitions/khaldei/khaldei_selected_photographs.html http://www.sfjff.org/sfjff18/programs/p0723f.html http://ameriquedunord.univ-paris1.fr/v3/lettreNA/actucultu/2005-01/tommysmith.htm http://www.infoplease.com/spot/mm-mexicocity.html http://archives.radio-canada.ca/IDC-0-9-1719-11803-11/index_souvenirs/guerres_conflits/rabin_arafat http://www.voltairenet.org/article9515.html Sciences et vie junior, novembre 2005
François DILLMANN Lycée Camille Sée COLMAR FIN François DILLMANN Lycée Camille Sée COLMAR