Vous ne rêvez pas ? Vous êtes en Afrique et non en Grèce. Tout le laisserait pourtant penser. Malgré une longue présence romaine, Cyrène a conservé intacte son empreinte grecque. Deuxième site archéologique après Leptis Magna, Cyrène est à plus de 1500 kilomètres de Tripoli, en direction de l’Égypte. Classé Patrimoine mondial de l’Unesco en 1982, Cyrène est une des cités les mieux conservées et les plus étendues de la Cyrénaïque. Tout n’a pas encore été déterré, ce qui n’a pas que des inconvénients et lui donne un certain cachet. De plus, jonché sur des collines rocheuses (à 600 mètres d’ altitude), Cyrène domine somptueusement la Méditerranée de tout son long. « Que demande le peuple ? » Un peu d’histoire : Cyrène a été fondé par la colonie grecque de Théra. En proie à de dures sécheresses et donc à une grave crise économique, Théra consulta l’oracle d’Apollon à Delphes. Celui-ci ordonna le départ d’un fils par famille vers l’Afrique. Ainsi naquit Cyrène ! Les colons n’ont pas chômé si on juge de l’ampleur des travaux réalisés, en particulier le grand temple de Zeus, plus grand temple grec d’Afrique (70 mètres sur 31 mètres, soit aussi grand que le temple de Zeus à Olympie). Étonnant de simplicité, cet endroit dégage une sérénité qu’on quittera à regret. La terrasse sur lequel a été bâti le sanctuaire d’Apollon est tout simplement immense. Théâtre, temples, thermes composent ce sanctuaire. Le quartier de l’Agora, grande place rectangulaire, vaut aussi le détour, ainsi que le Portique d’Hermès aux dimensions et aux sculptures impressionnantes et les Églises byzantines. Au printemps, Cyrène resplendit avec notamment la floraison des lauriers roses. LYBIE – CYRÈNE – 2/5
En sortant par la grande porte sud du ptolémaïon, on débouche dans la rue Droite, vaste route qui fut le cœur originel de la cité grecque et fit office de Decumanus (axe principal) à l’époque romaine, allant jusqu’à l’acropole en passant par l’agora. Du ptolémaïon à l’agora s’étend le portique aux Hermès (on y remarque plusieurs bustes d’Hermès et d’Héraclès), longue galerie qui servait de piste de course puis, au IIe siècle, de passage couvert entre le forum et l’agora. En face du ptolémaïon, un petit thêatre romain (IIIe siècle) remplaça l’odéon après le tremblement de terre de 262. En face du portique aux Hermès, la maison de Jason Magnus (IIIe siècle) conserve des mosaïques et six des neuf statues des Muses des colonnades. Cette vaste demeure comportait une partie résidentielle et une partie officielle. A la fin du portique aux Hermès, la maison d’ Hesychius (Ve siècle), avec ses mosaïques byzantines d’inspiration chrétienne, est l’un des rares vestiges de l’époque byzantine.
La grande place dallée de l’agora est bornée par des galeries sur trois côtés. A l’ouest de l’agora trône le buste d’une victoire sur la proue d’un navire à flot : il s’agit d’un grand ex-voto (fin de la période hellénistique) célébrant une victoire navale. A l’est de la place, un monument circulaire, sans doute le sanctuaire de Déméter – déesse de la fertilité – et de sa fille Perséphone, auxquels correspondent les deux bustes de femme. Trois imposants autels en marbre sur l’agora servaient aux sacrifices des bœufs. L’agora était à la fois un lieu de culte et un centre civique. Dans ses odes, le poète Pindare, invité à Cyrène par le roi Arcésilas IV pour célébrer une victoire aux Jeux pythiques de 462, situe sur l’agora le tombeau de Battos le Fondateur, premier roi de Cyrène ; on suppose qu’il se trouve dans la galerie Est de l’agora.
Vu sur Voyagepps.comVoyagepps.com