SPECTROSCOPIE DE VIBRATION DANS L’INFRAROUGE CHAPITRE III SPECTROSCOPIE DE VIBRATION DANS L’INFRAROUGE
Transitions dans la gamme 10-13000 cm-1 ≈ I - INTRODUCTION Les mouvements des atomes d’une molécule peuvent être classés en trois catégories: - les translations - les rotations - les vibrations Spectroscopie vibrationnelle : Etude des vibrations moléculaires Transitions dans la gamme 10-13000 cm-1 ≈
Les deux spectroscopies infrarouge (IR) et Raman étudient les vibrations des molécules lorsqu’elles sont irradiées par une onde électromagnétique de fréquence adéquate.
Le domaine de l’infrarouge se subdivise en 3 régions : Proche-IR 0,8-2,5 13300-4000 cm-1 IR moyen 2,5-25 4000-400 cm-1 IR-lointain 25-1000 400-10 cm-1
Sans l’infrarouge, l’énergie des photons modifie à la fois Erot et Evib Molécule est équivalente à un rotateur-oscillant spectres de rotation-vibration
II.1.1- Energie de vibration II - ROTATION-VIBRATION DES MOLECULES DIATOMIQUES II.1- La vibration II.1.1- Energie de vibration Les molécules ressemblent à un ensemble de boules : les atomes liées par des liaisons chimiques
Molécule soumise à une radiation infrarouge se met à vibrer modification des * distances interatomiques * angles
La molécule diatomique est formée de 2 atomes reliés entre eux par un ressort (liaison) Pour l’étude des vibrations moléculaires, on utilise le modèle de l’oscillateur harmonique Oscillation décrite par une fonction sinusoïdale Fréquence ne dépend que des caractéristiques du système
L’oscillateur harmonique en mécanique classique Corps de masse m fixé à l’extrémité d’un ressort de raideur k Déplacer ce corps de x par rapport à la position d’équilibre force de rappel F Equation du mouvement
Expression de l’énergie potentielle Solution générale où Expression de l’énergie potentielle Energie potentielle = f(élongation) Parabole
Vibrations des molécules diatomiques - Approximation harmonique Mécanique classique molécule diatomique oscillateur harmonique * masse (masse réduite) * constante de force k
Fréquence de vibration dans l’approximation harmonique Ecarter les deux masses mA et mB d’une valeur (r-r0) par rapport à la distance d’équilibre r0 Relâcher le système IL se met à osciller
- ν : fréquence vibration - μ : masse réduite Fréquence d’oscillation par la loi de Hooke - ν : fréquence vibration - μ : masse réduite - k : constante de force de la liaison - mA et mB : masses des atomes A et B respectivement
La grandeur pratique en spectroscopie vibrationnelle est le nombre d’onde. Il dépend de : - la masse réduite μ du système A-B - la constante de force de la liaison
Effet de k Fréquence de vibration proportionnelle à k
Effet de μ Fréquence de vibration inversement proportionnelle à μ
Ep = ½ kx 2 = ½ k(r-r0)2 Energie de vibration Pour décrire les forces agissant sur une liaison en vibration, on utilise l’énergie potentielle d’un oscillateur harmonique : Ep = ½ kx 2 = ½ k(r-r0)2 La courbe d’énergie potentielle en fonction de (r-r0) est une parabole.
Situation réélle des molécules En réalité La forme du potentiel n’est pas rigoureusement parabolique mais suit la fonction de Morse : Au voisinage r0:
Energie d'un oscillateur harmonique, modèle utilisé pour étudier les vibrations de A-B La courbe de l’énergie potentielle est assimilée à la parabole de l’oscillateur harmonique pour des vibrations de faibles amplitudes.
Aspect quantique Cas de l’approximation harmonique L’équation de Schrödinger selon la direction x : Solution : Ev = hν (v+1/2) v : nombre quantique de vibration (v = 0, 1, 2..) ν : fréquence de vibration (modèle classique) Niveaux de vibration équidistants ΔEV = constante = h
Liaisons ne sont pas des ressorts parfaits. Niveaux de vibration de + en + rapprochés.
II.1.2 - Règles de sélection Loi de Bohr h = ΔE doit être vérifiée. Condition nécessaire mais non suffisante Vibration variation du moment dipolaire de la molécule L’intensité absorbée est d’autant plus grande que la variation du moment dipolaire est grande.
Restriction quantique Règle de sélection entre niveaux vibrationnels de nombres quantiques v : Δv = ± 1 + : absorption - : émission Seul le niveau v=0 est significativement peuplé. L'absorption observée résultera de la transition v=0 → v=1.
II.2 - Rotation-vibration - Structure fine En phase gazeuse : molécules tournent librement. Région impliquée : IR-lointain (600-30 cm-1)
En première approximation Les mouvements de rotation et de vibration sont indépendants : rotateur rigide et oscillateur harmonique Chaque mouvement garde ses caractéristiques : niveaux d’énergie nombres quantiques règles de sélection
II.2.1 - Energie E = Erotation + Evibration E = f (J,v)
II.2.2 - Règles de sélection Conditions à satisfaire pour observer une transition de rotation-vibration : Moment dipolaire permanent variable au cours du mouvement Δv = 0,±1 et ΔJ = ±1 Restrictions quantiques: a) Δv = 0 : spectre de rotation pure b) Δv = -1; ΔJ = ±1 : spectre d’émission c) Δv = +1; ΔJ = ±1 : spectre d’absorption
deux séries de raies ou branches II.2.3 - Structure fine Etat initial caractérisé par J et v Etat excité : J‘ et v' Lors de l’absorption d’une radiation : Vibration : Δv = +1 Rotation : ΔJ = +1 ou -1 Structure du spectre : deux séries de raies ou branches Plus: ΔJ =0 : 3ème branche
Notations J J’=J-1 : BRANCHE P J=0 J’=0 : BRANCHE Q Vibration pure Transition interdite J J’=J+1 : BRANCHE R
II.2.4 - Spectre de rotation-vibration Les transitions de rotation-vibration conduisent à des séries de raies. Branche R : Les plus grandes valeurs de par rapport à 0 Leurs intensités dépendent des populations des niveaux de rotation concernés (fonction de J).
Spectre réél : HCl gazeux Raies équidistantes de 2B B : constante de rotation Raies centrées sur ν0 : fréquence de vibration pure B moment d'inertie et longueur de liaison ν0 constante de force de la liaison
Effet isotopique sur les positions des raies II.2.5 - Effet isotopique pour des molécules contenant des atomes à isotopes d’abondance naturelle importante : Masse change Raies de rotation déplacées Effet isotopique sur les positions des raies Effet de la substitution isotopique de l’oxyde de carbone sur les niveaux de rotation
Spectre de rotation-vibration du mélange naturel D35Cl et D37Cl Exemple Spectre de rotation-vibration du mélange naturel D35Cl et D37Cl Les raies d'absorption sont dédoublées.
MODES NORMAUX DE VIBRATION III - VIBRATION DES MOLECULES POLYATOMIQUES III.1 - Modes normaux de vibration Molécule polyatomique ≡ des masses ponctuelles réunies ensemble par des ressorts. Molécule de N atomes reçoit de l’énergie : il en résulte un mouvement de vibration compliqué, décomposé en mouvements plus simples appelés MODES NORMAUX DE VIBRATION
Nombre de modes normaux de vibration N atomes Degrés de liberté Translation Rotation Vibration Molécule linéaire 3N 3 2 3N-5 Molécule non-linéaire 3N-6 Le degré de liberté est le nombre de coordonnées indépendantes nécessaire pour décrire le mouvement d’un objet Modes normaux de vibration Exemple :
Modes normaux de vibration de Al2Cl6 641.1 cm-1 585.7 cm-1 161.5 cm-1
III.2 - Vibrations actives ou inactives - vibrations dégénérées III.2.1 - Activité Les mouvements de vibration ne sont pas tous actifs en infrarouge. Vibration active en spectroscopie IR variation du moment dipolaire Exemple : Molécule de CO2 III.2.2 - Dégénérescence Modes doublement ou triplement dégénérés : Modes ayant la même fréquence de vibration
III.3 - Vibrations fondamentales On appelle vibration fondamentale une vibration dont la fréquence correspond à celle d’un mode normal de vibration. Théoriquement : (3n-6) ou (3n-5) vibrations fondamentales Actives seulement si variation du moment dipolaire
Allure d’un spectre IR Spectre IR = Suite de bandes d’absorption, plus ou moins larges Abscisse : cm-1 Ordonnée : Transmittance (%T) ou Absorbance A = log(1/T)
Mais d’autres bandes d'absorption apparaîssent. Certaines vibrations fondamentales sont absentes sur le spectre IR en raison de leur inactivité. Mais d’autres bandes d'absorption apparaîssent.
Sur le spectre IR, on observe : * Bandes fondamentales : vibrations v=0 v=1 * Bandes harmoniques : multiples de bandes fondamentales (Ex. 2ν) * Bandes de combinaison (ν1 + ν2 par exemple) : excitation simultanée de plusieurs vibrations fondamentales
III.4 - Types de mouvements de vibration et notations En première approximation, les modes sont classés en fonction de deux paramètres : longueurs des liaisons Notation : XY Pour un groupement formé de plusieurs liaisons identiques : Mode asymétrique ou antisymétrique : a Mode symétrique : s
déformation angulaire Plusieurs notations Groupement fonctionnel formé d’une seule liaison (O-H, C=O..) : δ : déformation dans les plan γ : déformation hors du plan Groupement formé de plusieurs liaisons identiques : Exemple du méthylène
III.5 - Vibrations de groupe Fréquence de groupe Des groupes d’une molécule : (C=O, C-O, O-H, C-N, N-H, etc...) peuvent être excitées presque indépendamment du reste de la molécule. Bandes à des fréquences voisines sur les spectres IR caractéristiques de ces fonctions
Des tables permettent d'attribuer les absorptions aux différents groupes chimiques présents.
Région<1600 cm-1 région des empreintes digitales
Composés organiques et inorganiques Etat gazeux, liquide ou solide IV - APPLICATIONS DE LA SPECTROSCOPIE DE VIBRATION DANS L’INFRAROUGE Composés organiques et inorganiques Etat gazeux, liquide ou solide Plusieurs grands champs d'application
IV.1 - Analyse fonctionnelle Détermination des groupements fonctionnels d’une molécule : alcool, aldéhyde, cétone, acide... Détermination des liaisons entre les carbones d'une chaîne : chaîne saturée, insaturée, caractère aromatique d'une molécule...
Exemple 1 : Liaisons C-H Vibrations des liaisons C-H dépendent de l’hybridation de l'atome de carbone portant l'hydrogène.
Liaisons identiques dans un groupement (ex. C-H d’un CH3 ou d’un CH2) vibrent simultanément à la même fréquence. Groupement CH2 Spectre d’absorption IR du cyclohexane
Déformation totalement symétrique à 1380 cm-1 : caractéristique du CH3 Groupement CH3 Déformation totalement symétrique à 1380 cm-1 : caractéristique du CH3
Exemple 2 : O-H alcool νC-O νO-H νO-H νC-O n-decane CH3(CH2)8CH3 t-butanol (CH3)3COH n-decane CH3(CH2)8CH3
νC=O νC(sp2)-H Exemple 3 : Aldéhyde
Exemple 4 : Acide carboxylique νO-H νC=O νC-O
IV.2 - Etude structurale IV.2.1 - Liaison hydrogène Liaison X-H, X = héteroatome (O, N, S) EFFETS : affaiblir la liaison (diminution du nombre d'onde de vibration) provoquer un élargissement de la bande correspondante
Liaison hydrogène intermoléculaire dans les alcools Spectre IR typique d'un alcool pur Spectre IR de l'hexan-1-ol
Produit pur - Bande large entre 3200 cm-1 et 3400 cm-1 - OH associé par liaison hydrogène : νOH associé Dilution dans un solvant aprotique comme CCl4 - Bande large disparaît - Apparition d'une bande fine, zone 3590-3650 cm-1 : νOH libre
liaison hydrogène dans l’alcool étudié est intermoléculaire νOH libre νOH associé (1) Hexan-1-ol à l’état liquide pur (2) Hexan-1-ol solution diluée dans CCl4 liaison hydrogène dans l’alcool étudié est intermoléculaire
Liaison hydrogène intermoléculaire dans les acides Bande νOH des acides carboxyliques : - Beaucoup plus large que pour les alcools - A une fréquence plus basse (3300-2500 cm-1) - Aspect très caractéristique
Très fortes liaisons H existant entre O–H et C=O : dimères En solution très diluée dans un solvant apolaire : νOH vers 3520 cm-1 (forme monomérique, OH libre) Pour le carbonyle accepteur de liaison H : νC=O du monomère vers 1760 cm-1 νC=O diminue de 40 à 60 cm-1 dans le dimère
Liaison hydrogène intramoléculaire Exemple : Polyols Si Liaison hydrogène intramoléculaire Allure de la bande et nombre d’onde inchangés
IV.2.2 - Les effets inductifs et mésomères Cas d’une fonction carbonyle Cétone aliphatique : νC=O vers 1715 cm -1 Effets inductifs attracteurs : νC=O Effets mésomères (résonance) : νC=O
Délocalisation d’une double liaison IV.2.3 - La conjugaison Délocalisation d’une double liaison diminution de la constante de force diminution de la fréquence de vibration Exemple : carbonyle conjugué, νC=O diminue de 15 à 40 cm-1
Oscillateur lié à une structure tendue stériquement IV.2.4 - La tension de cycle Oscillateur lié à une structure tendue stériquement sa fréquence de vibration augmente νC=O νC=C 1715 cm-1 1650 cm-1 1750 cm-1 1781 cm-1 1775 cm-1
γCH Cas des composés aromatiques IV.2.5 - Les isomères Cas des composés aromatiques γCH * Bandes généralement intenses entre 680 et 900 cm-1. * Leur nombre et leur position dépend du mode de substitution du cycle aromatique.
Exemples 5H voisins (monosubstitué) 2 bandes fortes : 730 -770 cm-1 et 690 -730 cm-1
2 bandes (730 -770 cm-1 et 690 -730 cm-1) pour 5 H adjacents http://www.unice.fr/cdiec/cours/infra_rouge/ir4/c_ir4.htm Pour les bandes de déformations : 2 bandes (730 -770 cm-1 et 690 -730 cm-1) pour 5 H adjacents Une bande (770-740 cm-1) s'il présente 4H adjacents. Une bande (910-835 cm-1) pour 1 H entouré de 2 groupements. Une bande (800-765 cm-1) pour 3 H adjacents. Une bande (855-800 cm-1) pour uniquement 2 H adjacents.
Cas des isomères cis et trans des oléfines
C-O Cas des isomères de position Alcools Type de C-OH (primaire, secondaire, tertiaire). C-O http://www.unice.fr/cdiec/cours/infra_rouge/ir4/c_ir4.htm
IV.3 - Analyse quantitative Basée sur la loi de Beer-Lambert Performances de la micro-informatique incorporée dans un spectromètre Infrarouge appareils spécialisés pour l’analyse quantitative, capables de dosages précis et rapides
IV.4 - Techniques expérimentales Eléments principaux d’un spectromètre IR : - Source de rayonnement infrarouge - Monochromateur - Détecteur du signal - Enregistreur
Remarque La plupart des analyses IR se font en transmission. Analyses par réflexion : produit déposé sur une surface réfléchissante
Deux techniques principales Solide, liquide ou gazeux La première, et la plus ancienne, à balayage La seconde, à transformée de Fourier (FT-IR) Echantillons Solide, liquide ou gazeux Suivant l’état physique, les techniques diffèrent. Cf polycope de TP
FIN DU CHAPITRE III