Maintien dans l’emploi 6 ans après un diagnostic de cancer : analyse quantitative B. Asselain, M. Sevellec, L. Belin, M. F. Bourrillon, D. Lhuillier, E. Rérolle, S. Le Bideau, F. Cotasson Guillet, N. Le Peltier. Institut Curie et SMTOIF Projet soutenu par l’INCa et l’ARC SMTOIF, 14 janvier 2016
Comité de pilotage Service d’Epidémiologie et de Biostatistique de l’Institut Curie : B.Asselain, N.Le Peltier, L. Belin. Société de Médecine du travail Ouest Ile-de-France (SMTOIF) : M.F.Bourrillon, S. Le Bideau, F. Cotasson-Guillet, H Stakowski Maison des Patients de l’Institut Curie-Hôpital René Huguenin : M. Sevellec. E. Rerolle Centre de Recherche travail et développement CNAM D. Lhuilier, Remerciements à l’INCa et l’ARC qui soutiennent notre projet SMTOIF, 14 janvier 2016 2 - -
Présentations : - Analyse quantitative (Bernard Asselain, Marie Françoise Bourrillon, Lisa Belin) 30 ‘ (14 h 20 - 14 h 50) - Analyse qualitative : interviews de salariés : Monique Sevellec, Emilie Rérolle : 40‘ (14 h 50 - 15 h 30) - Interviews de médecins du travail et réflexion sur les spécificités de la maladie cancéreuse face aux autres pathologies chroniques : Dominique Lhuillier : 45 ‘ (15 h 30 - 16 h 15) - Bilan des présentations et publications 5 ‘ (16 h 15 – 16 h 20) - Perspectives et discussion (16 h 20 – 16 h 30) SMTOIF, 14 janvier 2016
Objectifs Première étude 2008 Mieux évaluer les difficultés rencontrées par les salariés atteints de cancer lors de la reprise du travail afin de pouvoir les anticiper. Proposer des mesures permettant de réduire les difficultés liées à la reprise du travail. Deuxième étude 2014 Evaluer le devenir à long terme de ces salariés au sein de l’entreprise SMTOIF, 14 janvier 2016
[ ] Design 2005 2006 2008 2014 82 Médecins du travail 153 salariés retrouvés 83 salariés encore dans l’entreprise 402 salariés recensés 319 salariés ont repris Questionnaire médecin : 402 153 Questionnaire salarié : 286 ( 90%) 68 (82%) Entretien semi-directif salariés : 42 24 + 9 entretiens médecins du travail SMTOIF, 14 janvier 2016
Planification de la première étude : Enquête réalisée par 82 médecins du travail de la SMTOIF (56% services autonomes, 32% services inter entreprises, 12% médecine de prévention dans la fonction publique) Recensement exhaustif des salariés atteints de cancers en 2005 – 2006 connus des médecins du travail (402 cas retenus) 1. Enquête par questionnaires: Questionnaire salarié (après accord de participation) Questionnaire médecin du travail 2. Entretiens semi directifs (42 entretiens) => Accord de la CNIL : septembre 2007 SMTOIF, 14 janvier 2016
Bilan de l’enquête par questionnaire 402 cas de cancer recensés par les médecins du travail 319 QS 1(79%) (questionnaire salarié n°1) adressés à des personnes ayant repris le travail 71 cas (18%) pas d’envoi de questionnaire salarié : 29 décès (40,85%) 17 retraités (23,94%) 15 refus (21,26%) 6 perdus de vue (8,45%) 4 départs en invalidité (5,63%) 12 QS 2 (3%) (questionnaire salarié n°2) adressés à des personnes n’ayant pas repris le travail 286 QS1 reçus (taux de réponse = 89,65%) 11 QS2 reçus (taux de réponse = 91,66%) SMTOIF, 14 janvier 2016
Description de notre échantillon : premier temps de l’étude 50 % de cadres, 42 % d’employés et 8 % d’ouvriers. Près de 80 % d’entreprises privées, du secteur tertiaire et de plus de 200 salariés. 60 % de femmes vs 40 % d’hommes Age moyen au diagnostic : 49 ans SMTOIF, 14 janvier 2016
Résultats: Taux de reprise par localisation Répartition Taux de reprise Sein 145 (36%) 92% Prostate 41 (10%) 78% Colon rectum 30 (7%) 73% Poumon 26 (6%) 38% Thyroïde 18 (4%) 94% Utérus 17 (4%) 70% Testicule 15 (4%) 100% Rein 13 (3%) 69% Lymphomes 12 (3%) 67% Cavité buccale 11 (3%) Total 402 (100%) 79% SMTOIF, 14 janvier 2016
Taux cumulés – Regroupement SMTOIF, 14 janvier 2016
Une population qui apparait fragilisée : 61 % se sentent plus fatigables. 41 % ont des troubles du sommeil. 33% ont des troubles de la mémoire et de la concentration 14 % ont des douleurs chroniques. 38 % prennent des psychotropes. 29 % ont un score d’anxiété (HADS) ≥ 11 (vs 10% dans une population de salariés du secteur tertiaire). 6 % ont un score de dépression (HADS) ≥11 (vs 3 % dans une population de salariés du secteur tertiaire). 27 % des salariés ont travaillé pendant la phase de traitement 20 % déclarent avoir été pénalisés à cause de leur maladie. SMTOIF, 14 janvier 2016
4 groupes identifiés Gr1. «les pénalisés» : plutôt dépressifs, travail pas particulièrement stressant ni fatigant, sentiment de frustration. Non reconnaissance de leur travail. Gr2. «les anxieux et fatigués»: travail fatigant et stressant, score HAD élevé, troubles du sommeil. Ils font de nombreux efforts mais ont du mal à faire ce qu’on leur demande. Gr3. «les courageux mais fatigués»: travail fatigant et stressant mais bonne intégration dans l’entreprise. Gr4. «les adaptés»: bonne intégration dans l’entreprise, pas de stress ni de fatigue. SMTOIF, 14 janvier 2016
Facteurs prédictifs des difficultés au travail: Durée de l’absence supérieure à 1an. Un traitement par chimiothérapie. Employés versus cadres. Ne le sont pas : Sexe Age Nature de l’entreprise : (publique/ privé, taille…) SMTOIF, 14 janvier 2016
Recommandations Préparer la reprise: Accompagner la reprise: Promouvoir un partenariat entre équipes soignantes, médecin traitant, médecin conseil de l’assurance maladie, médecin du travail et RH autour de la reprise de travail. Sensibiliser les salariés et les cancérologues sur les difficultés spécifiques de la reprise : livret (tirage à 9000 + 15000) + ateliers de coaching à la Maison des Patients de St Cloud Systématiser la visite de pré reprise. Promouvoir dans l’entreprise la réflexion autour du retour. Accompagner la reprise: Refaire une place au salarié au sein du collectif de travail. Evaluer l’adhésion du salarié dans la formalisation des aménagements jugés nécessaires par le médecin du travail. Surveiller après la reprise: Evaluer les difficultés rencontrées par le salarié et son environnement Instaurer un suivi médical rapproché Travailler en réseau avec les hiérarchies et les services sociaux Associer le salarié à l’évolution des aménagements de son poste de travail et préparer la reprise complète du poste quand elle est possible. Nouvelle étude sur le suivi à 7 ans (financement ARC et INCa) SMTOIF, 14 janvier 2016
Disponible gratuitement auprès de la fondation ARC Le livret Disponible gratuitement auprès de la fondation ARC http://www.fondation-arc.org/Les-brochures/le-retour-au-travail-apres-un-cancer.html SMTOIF, 14 janvier 2016
La deuxième phase : maintien dans l’entreprise 6 ans après la reprise SMTOIF, 14 janvier 2016
Objectifs Analyser avec un recul de plus de 6 ans le devenir des 319 salariés (sur 402) qui avaient repris le travail 1 à 2 ans après le diagnostic de cancer. Analyser leur devenir dans l’entreprise en fonction des difficultés mises en lumière lors de la première étude SMTOIF, 14 janvier 2016
[ ] Design 2005 2006 2008 2014 82 Médecins du travail 153 salariés retrouvés 83 salariés encore dans l’entreprise 402 salariés recensés 319 salariés ont repris Questionnaire médecin : 402 153 Questionnaire salarié : 286 ( 90%) 68 (82%) Entretien semi-directif salariés : 42 24 + 9 entretiens médecins du travail SMTOIF, 14 janvier 2016
Représentativité de notre échantillon Notre échantillon est représentatif en terme - d’âge - de sex-ratio - de localisation cancéreuse - de difficultés au travail En revanche, certaines différences apparaissent… - la fonction publique est sur représentée par rapport à la première enquête ( 16% vs 4%) - les entreprises de plus de 200 salariés sont sur- représentées (83% vs 72%) SMTOIF, 14 janvier 2016
Combien de salariés sont encore en activité 6 ans après la reprise? Sur les 153 salariés : - 70 salariés sont partis de l’entreprise (46%) - 38 salariés sont partis à la retraite (25%) - 12 salariés ont démissionné (8%) - 12 salariés sont décédés (8%) - 5 salariés ont été licenciés (3%) - 83 salariés sont en activité (dont 4 en arrêt de travail) (54%) 68 questionnaires salariés reçus (taux de participation : 82%) SMTOIF, 14 janvier 2016
Taux de maintien dans l’entreprise en fonction du temps SMTOIF, 14 janvier 2016
Quels sont les critères prédictifs du maintien dans l’entreprise? Les salariés âgés de plus de 55 ans au moment de leur diagnostic sortent plus et plus vite de l’entreprise (dans 77,5% pour cause de retraite, 5% pour cause de licenciement et 5% pour cause de décès). Analyse des salariés âgés de moins de 55 ans. SMTOIF, 14 janvier 2016
Analyse sur les salariés de moins de 55 ans : - 35 salariés sont partis de l’entreprise (31%) - 12 salariés ont démissionné (11%) - 10 salariés sont décédés (9%) - 7 salariés sont partis à la retraite (6%) - 3 salariés ont été licenciés (3%) - 2 salariés sont en inaptitude médicale (2%) - 1 salarié est parti sans cause connue (1%) - 78 salariés sont en activité (69%) SMTOIF, 14 janvier 2016
Analyse sur les salariés de moins de 55 ans : critères prédictifs du maintien de l’entreprise? - le sexe SMTOIF, 14 janvier 2016
Analyse sur les salariés de moins de 55 ans : critères prédictifs du maintien de l’entreprise? - la localisation du cancer SMTOIF, 14 janvier 2016
Analyse sur les salariés de moins de 55 ans : critères prédictifs du maintien de l’entreprise? - le fait d’avoir eu un traitement par chimiothérapie SMTOIF, 14 janvier 2016
Analyse sur les salariés de moins de 55 ans : critères prédictifs du maintien de l’entreprise? - la taille de l’entreprise SMTOIF, 14 janvier 2016
Analyse sur les salariés de moins de 55 ans : critères prédictifs du maintien de l’entreprise? - la durée de l’arrêt initial de travail SMTOIF, 14 janvier 2016
Analyse sur les salariés de moins de 55 ans : critères prédictifs du maintien de l’entreprise? - le sentiment de pénalisation SMTOIF, 14 janvier 2016
Analyse sur les salariés de moins de 55 ans : critères prédictifs du maintien de l’entreprise? - le refus d’une promotion, une rétrogradation ou avoir moins de responsabilité SMTOIF, 14 janvier 2016
Analyse sur les salariés de moins de 55 ans : critères non prédictifs du maintien de l’entreprise? Ne sont pas prédictifs du maintien dans l’entreprise: - le temps de transport - le fait d’avoir des séquelles de sa maladie - le score d’anxiété HADS - la prise de psychotropes - les troubles du sommeil - le statut marital - la catégorie socio-professionnelle SMTOIF, 14 janvier 2016
Pour les 83 salariés en activité : leur travail actuel et leurs aptitudes Dans 12% des cas, le dernier avis d’aptitude formulé était « Apte avec aménagement de poste » Dans 60% des cas cet avis était en lien avec l’affection cancéreuse (4 salariés sur les 6 concernés ont rechuté ou eu un second cancer) Dans 83 % des cas les aménagements ont été une modification du temps de travail (80% temps partiel thérapeutique) 11 salariés ont été déclarés en invalidité 9 en invalidité première catégorie 2 en invalidité seconde catégorie (l’un est toujours en activité) 11 reconnaissances de la qualification de travailleurs handicapés ont été obtenues (7%) 2 salariés sont en arrêt de travail 72% en lien avec le cancer SMTOIF, 14 janvier 2016
Pour 71% des salariés, leurs difficultés persistent en 2014 Pour les 68 salariés en activité : Comparaison de leur situation entre 2008 et 2014 Pour 71% des salariés, leurs difficultés persistent en 2014 En 2008 En 2014 p-value Plus fatigable 62% 57% NS Troubles du sommeil 34% 56% 0,0665 Troubles de la mémoire et de la concentration 33% Pénalisation 14% 22% Rétrogradation ou refus d’une promotion ou moins de responsabilité 13% 16% Consommation de psychotropes 44% 43% Score d’anxiété >11 26% 31% Score de dépression >11 1% SMTOIF, 14 janvier 2016
Pour les 68 salariés en activité : Les séquelles physiques 57% des salariés présentent une ou plusieurs séquelles de leur cancer et des traitements: - 24% déclarent des troubles somatiques - 22% déclarent des douleurs chroniques - 8% déclarent des gênes à effectuer des gestes professionnels SMTOIF, 14 janvier 2016
Pour les 68 salariés en activité : Impact sur la vie professionnelle 52% des salariés déclarent que l’épreuve du cancer les a amenés à remettre en question leur vie professionnelle 40% des salariés non cadres ont un sentiment de pénalisation contre 3 % des salariés cadres (p < 0,01). Cette association n’était pas significative lors du premier temps de l’étude SMTOIF, 14 janvier 2016
Au total : un constat mitigé Un taux de maintien dans l’entreprise de 54% globalement à 7 ans, mais de 75% chez les moins de 55 ans. 12 personnes décédées depuis 2007 (8%) Quelques facteurs prédictifs d’un départ de l’entreprise : les hommes, la chimiothérapie, les petites entreprises… Des difficultés qui persistent (fatigabilité, anxiété, troubles du sommeil, sentiment de pénalisation…), Mais une situation de travail acceptable, jugée 7 ans après peu modifiée par la maladie pour ceux qui n’ont pas rechuté (une majorité ) Un soutien par le médecin du travail signalé par 2/3 des salariés SMTOIF, 14 janvier 2016
Merci de votre attention SMTOIF, 14 janvier 2016
SMTOIF, 14 janvier 2016
Taux de maintien dans l’entreprise (2014) Taux de reprise et de maintien selon la localisation (backup) Localisation Répartition 2008 Taux de reprise 2008 Répartition 2014 Taux de maintien dans l’entreprise (2014) Sein 145 (36%) 92% 62 (41%) 61% Prostate 41 (10%) 78% 17 (11%) 35% Colon rectum 30 (7%) 73% 12 (8%) 58% Hématologique 83% 7 (4%) 57% Poumon 26 (6%) 38% 3 (2%) 33% Thyroïde 18 (4%) 94% 9 (6%) 89% Utérus 17 (4%) 70% 8 (5%) 75% Testicule 15 (4%) 100% 67% Rein 13 (3%) 69% Cavité buccale 11 (3%) 4 (3%) 50% Total 402 (100%) 319 / 79% 153 (100%) 83 / 60% SMTOIF, 14 janvier 2016