LE CONSEIL DE DISCIPLINE C’est bien beau tout cela mais pour moi, Chef d’Etablissement, ce n’est pas facile de tout concilier ! Oui, mais c’est encore un jeune ! …
Mais il a fait une bêtise… Oui, c’est vrai… il ne faut pas être trop dur ! Mais il a fait une bêtise… Bon, on est d’accord mais je suis toute seule et je dois décider… Qu’est-ce que tu vas faire ? J’applique le règlement ; il est clair dans ce cas…
Telle FAUTE… … telle SANCTION ! Tiens, tu te rappelles… On m’avait amené une femme où le cas était clair aussi : adultère donc lapidation. … telle SANCTION !
Non car j’ai condamné l’acte mais j’ai RELEVE la femme ! Ah oui ! Tiens… je ne me souviens plus… elle a été lapidée ou non ?
Ah oui, si je comprends bien Ah oui, si je comprends bien. Tu me demandes de pardonner, c’est-à-dire : -Ne pas effacer ou nier la faute -Ne pas ignorer la gravité -Ne pas diminuer la responsabilité -Ne pas excuser Donc : -Refuser d’enfermer la personne dans son acte -Haïr l’acte tout en aimant la personne qui l’a commis…Tout un programme ! En tant que responsable, tu es invitée à poser un JUGEMENT DE VIE. Tu dois décider : lapider ou relever !
Oui, je voudrais éviter à ce jeune de ressentir une profonde solitude, un désert aride où il erre, ne voyant plus que ses traces à lui…
Et pourtant, si tu pouvais lui faire sentir qu’il est unique, précieux à mes yeux, même et surtout dans ses moments d’égarement…
Ce que tu dis là me fait penser à l’histoire de cette brebis perdue et à la joie du berger qui a laissé les 99 autres pour la retrouver…
« Je crois en toi, je t’aime comme tu es » j’espère en toi Il n’y a pas que dans la Bible que tu peux chercher. As-tu lu dans le projet diocésain de l’Enseignement Catholique que c’est la personne qui est au cœur de l’Etablissement, au cœur des projets et pas le règlement ? Y as-tu entendu la phrase de Jean Marie Petitclerc, Salésien de Don Bosco ? « Je crois en toi, je t’aime comme tu es » j’espère en toi
Mais tu sais quand on est en Conseil de discipline, tout le monde n’a pas ce regard bienveillant… Certains m’attendent au tournant… Tu serais navré de voir l’endurcissement de certains cœurs…
Oui, mais au centre de ton Conseil de discipline, il y a un jeune dont la relation aux autres est à RESTAURER, à RE SUSCITER, même s’il doit se reconnaître responsable et réparer les conséquences de ses actes.
Cela me fait penser à cet homme à la main desséchée dans l’Evangile Cela me fait penser à cet homme à la main desséchée dans l’Evangile. La main qui permet d’entrer en relation avec l’autre…. Cet homme à la main desséchée à qui tu as dit : « lève-toi », « étends la main ». Oui, quelle merveille : tu as guéri la main malade qui l’empêchait d’entrer en relations avec les autres et qui le stigmatisait. Voilà bien le défi de ta Communauté éducative : à la fois lui faire prendre conscience de la portée de ses actes, tout en restaurant la relation à lui-même et aux autres…
Tu as dit la relation à lui-même Tu as dit la relation à lui-même ? Cela voudrait dire qu’au fil du Conseil de discipline, comme pour la Samaritaine dans l’Evangile, l’enjeu est d’amener le jeune à puiser au plus profond de lui-même la vérité de son être et du coup, l’élan pour repartir dans la vie…
Alors, maintenant, qu’est-ce que tu vas en faire de ton Conseil ?
C’est une œuvre d’Amour, de Résurrection. Eh bien je découvre la profondeur de la démarche du Conseil de discipline. En reconnaissant les personnes, En donnant la parole à tous En permettant à chacun de retrouver sa place En restaurant les relations entre les personnes, C’est une œuvre d’Amour, de Résurrection.
Marie-Paule et sébastien Références : poème : « des pas sur le sable » Jn 8, v1 à 11 : « la femme adultère » Phrase de J.M. Petitclerc citée dans le Projet Diocésain de l’Enseignement Catholique du diocèse de Lille Lc 15, v 1 à 7 : « la brebis perdue et retrouvée » Mc 3, v1 à 5 : « la main desséchée » Jn 4 : « La Samaritaine » Marie-Paule et sébastien Novembre 2011