Commission Protection, Environnement, Patrimoine et Equipement présente
Les spéléos sont-ils des pollueurs ?
Pollution, késaco… ? Une pollution est une altération de l’environnement due à une activité humaine. Une pollution peut être chimique, biologique, visuelle, sonore, olfactive… On peut la définir comme « un phénomène ou élément perturbateur d’un équilibre naturel établi ». Elle peut se manifester par : Altération d’un écosystème au plan végétal et/ou animal (disparition ou apparition d’une espèce, modification d’une hiérarchie…), etc. Altération physique de la géographie (disparition ou apparition de lacs, de collines…), chimique (qualité de l’eau), etc.
Ressources en eaux souterraines Les eaux souterraines : Contribuent à l’alimentation des rivières, mers… Sont importantes pour les économies locales à la suite de pompage et bassins de rétention : Pour la culture (irrigation, pisciculture…) Pour les usages industriels (refroidissement, lavage…) Pour les usages domestiques (eau potable, lavage…) Pour la production d’énergie (hydroélectricité)
Les pollutions souterraines Pollutions par infiltration : Pollutions agricoles : engrais, pesticides… déchets et rejets animaliers, hydrocarbures divers Pollutions industrielles : produits chimiques, eaux réchauffées… Pollutions domestiques : eaux usées, déchets abandonnés en pleine nature… Pollutions par dépôt direct : Pollutions agricoles : cadavres, plastiques… Pollutions industrielles : déchets enfouis… Pollutions domestiques : déchets jetés dans les puits, déchets enfouis Pollutions par les spéléos : dépôts de chaux, colorations, déchets divers…
Pourquoi parler de la pollution des spéléos ? Pour déterminer son impact Pour établir des lignes de conduite Pour traiter avec les autorités et agences nationales
La pollution par l’éclairage acétylène L’éclairage principal des spéléologues est fourni par une générateur à acétylène portatif dans lequel s’effectue une réaction chimique : Carbure de calcium + eau acétylène + chaux (+ chaleur + lumière) Pollution visuelle : traces de carbone aux plafonds, dépôts de chaux Pollution chimique : impuretés chimiques contenus dans la chaux issue des lampes Pollution olfactive : acétylène
L’acétylène Intoxication en cas d’inhalation prolongée d’une atmosphère viciée : 30 minutes avec un air à 10 % d’acétylène 5 minutes avec un air à 50 % d’acétylène Risques croissants avec l’intoxication : Céphalées Vertiges Nausées Incoordination motrice Perte de connaissance Comas
Les dépôts de chaux Les tas de chaux laissés dans les cavernes contiennent par ordre décroissant d’importance : Soufre Nickel Manganèse Chrome Arsenic, cobalt, cuivre, plomb et zinc en trace Cadnium quasi non mesurable Sous forme d’ions : Sulfates Ammoniums Cyanures Nitrates Nitrites
L’impact de la chaux Faible pollution chimique si la chaux est mise dans un cours d’eau (forte dilution) Pollution chimique dangereuse pour les cavernicoles si la chaux est stockée en tas ou mise dans des flaques d’eau Pollution visuelle très forte des tas
La pollution par les colorations Les spéléologues effectuent souvent des traçages par coloration à la fluorescéine. Ce produit et ses composants est directement injecté dans les eaux souterraines et/ou de surface. Pollution visuelle : coloration des eaux Pollution chimique : éléments injectés dans les eaux
Utilisations médicales de la fluorescéine Ophtalmologie : pigmentation de la cornée par dépôt direct d’une solution pour recherche de lésions Pigmentation de la rétine par voie intraveineuse pour recherche de lésions Effets secondaires : Irritations et urticaires Photosensibilisation Nausées et vomissements Coloration de la peau et des muqueuses
Toxicité par ingestion lors de traçages Aucune référence faisant cas d’une intoxication animale ou humaine (dilution trop importante) Innocuité aux doses de colorants chez les poissons (dilution trop importante) Amélioration de la trophicité végétale à faible dosage Diminution de la trophicité végétale à fort dosage
Les autres pollutions des spéléos Pollution visuelle forte : déchets divers abandonnés (couvertures de survie, plastiques, bidons…) lors de camps, sorties… Pollution visuelle faible : Fil de topographie Pollution chimique : Piles et accumulateurs
Bilan La pollution générée par l’activité spéléologique est faible voire non quantifiable sur le plan chimique. Elle reste néanmoins importante sur le plan visuel. C’est pour cela que la Fédération s’est dotée de l’article 3 suivant dans sa Charte du spéléologue votée par l’Assemblée générale le 2 juin 2002 : Je respecte, fais respecter et protège le milieu souterrain et son environnement.
Respecter et protéger l’environnement souterrain c’est Ressortir ce qu’on y a introduit sans rien abandonné sur place ainsi que ce que d’autres ont abandonné Être attentif aux pollutions possibles en tentant de les minimaliser au mieux Passer au même endroit que les autres pour ne pas dégrader davantage une galerie, des concrétions…
Merci pour votre attention. Bibliographie : « Pourquoi limiter l’usage de l’acétylène dans les grottes », in : Regards n°47 (mars-avril 2003) CABREJAS P., LEFOULON C. et LISMONDE B. « La question de la pollution par la chaux » in: Spelunca n°71 (3e trimestre 1998) DARNE F. « Du carbure de calcium à l’acétylène » in : Spelunca n°83 (3e trimestre 2001) OSTERMANN J.M. « La fluorescéine est-elle toxique » in : Spelunca n°90 (2e trimestre 2003) Merci pour votre attention. Christophe PREVOT – octobre 2005