L’homme et la couleuvre

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Transcription de la présentation:

L’homme et la couleuvre Lecture politique de la fable de Jean de la Fontaine

L’homme et la couleuvre Jean de LA FONTAINE   (1621-1695) Livre X, Fable I

Contexte Les Fables choisies, mises en vers par M. de La Fontaine (ou plus simplement Les Fables) est un recueil de fables (court récit en vers à buts didactiques) écrites entre 1668 et 1694 sous le règne de Louis XIV, monarque absolu. La plupart mettent en scène des animaux anthropomorphes et contiennent une morale au début ou à la fin. Ces fables sont écrites dans un but éducatif et étaient adressées au Dauphin (fils aîné du roi).

L'Homme et la Couleuvre Un Homme vit une Couleuvre. Ah ! méchante, dit-il, je m'en vais faire une œuvre Agréable à tout l'univers. A ces mots, l'animal pervers (C'est le serpent que je veux dire Et non l'homme : on pourrait aisément s'y tromper), A ces mots, le serpent, se laissant attraper, Est pris, mis en un sac ; et, ce qui fut le pire, On résolut sa mort, fût-il coupable ou non. Afin de le payer toutefois de raison, L'autre lui fit cette harangue : Symbole des ingrats, être bon aux méchants, C'est être sot, meurs donc : ta colère et tes dents Ne me nuiront jamais. Le Serpent, en sa langue, Reprit du mieux qu'il put : S'il fallait condamner Tous les ingrats qui sont au monde, A qui pourrait-on pardonner ? Toi-même tu te fais ton procès. Je me fonde Sur tes propres leçons ; jette les yeux sur toi. discours stupide Nuire = faire du mal

L'Homme et la Couleuvre Mes jours sont en tes mains, tranche-les : ta justice, C'est ton utilité, ton plaisir, ton caprice ; Selon ces lois, condamne-moi ; Mais trouve bon qu'avec franchise En mourant au moins je te dise Que le symbole des ingrats Ce n'est point le serpent, c'est l'homme. Ces paroles Firent arrêter l'autre ; il recula d'un pas. Enfin il repartit : Tes raisons sont frivoles : Je pourrais décider, car ce droit m'appartient ; Mais rapportons-nous-en. - Soit fait, dit le reptile. Une Vache était là, l'on l'appelle, elle vient ; Désir soudain et irréfléchi sincérité D’accord Allons chercher des témoins

L'Homme et la Couleuvre Le cas est proposé ; c'était chose facile : Fallait-il pour cela, dit-elle, m'appeler ? La Couleuvre a raison ; pourquoi dissimuler ? Je nourris celui-ci depuis longues années ; Il n'a sans mes bienfaits passé nulles journées ; Tout n'est que pour lui seul ; mon lait et mes enfants Le font à la maison revenir les mains pleines ; Même j'ai rétabli sa santé, que les ans Avaient altérée, et mes peines Ont pour but son plaisir ainsi que son besoin. Enfin me voilà vieille ; il me laisse en un coin Sans herbe ; s'il voulait encor me laisser paître ! Mais je suis attachée ; et si j'eusse eu pour maître Un serpent, eût-il su jamais pousser si loin Brouter (manger l’herbe) Subj. Imparfait de Avoir

L'Homme et la Couleuvre verdict L'homme, tout étonné d'une telle sentence, Dit au Serpent : Faut-il croire ce qu'elle dit ? C'est une radoteuse ; elle a perdu l'esprit. Croyons ce Boeuf. - Croyons, dit la rampante bête. Ainsi dit, ainsi fait. Le Boeuf vient à pas lents. Quand il eut ruminé tout le cas en sa tête, Il dit que du labeur des ans Pour nous seuls il portait les soins les plus pesants, Parcourant sans cesser ce long cercle de peines Qui, revenant sur soi, ramenait dans nos plaines Ce que Cérès nous donne, et vend aux animaux ; Que cette suite de travaux Pour récompense avait, de tous tant que nous sommes, Force coups, peu de gré ; puis, quand il était vieux, On croyait l'honorer chaque fois que les hommes Achetaient de son sang l'indulgence des Dieux. Personne qui se répète Ramper = se déplacer sur le ventre remâcher Déesse grecque de la fertilité et des moissons Beaucoup de gratitude

Subj.imparfait de savoir L'Homme et la Couleuvre orateur Ainsi parla le Boeuf. L'Homme dit : Faisons taire Cet ennuyeux déclamateur ; Il cherche de grands mots, et vient ici se faire, Au lieu d'arbitre, accusateur. Je le récuse aussi. L'arbre étant pris pour juge, Ce fut bien pis encore. Il servait de refuge Contre le chaud, la pluie, et la fureur des vents ; Pour nous seuls il ornait les jardins et les champs. L'ombrage n'était pas le seul bien qu'il sût faire ; Il courbait sous les fruits ; cependant pour salaire Un rustre l'abattait, c'était là son loyer, Quoique pendant tout l'an libéral il nous donne Ou des fleurs au Printemps, ou du fruit en Automne ; L'ombre l'Eté, l'Hiver les plaisirs du foyer. Que ne l'émondait-on, sans prendre la cognée ? De son tempérament il eût encor vécu. juge rejette pire décorait Subj.imparfait de savoir paysan cheminée hache Pourquoi tailler

L'Homme et la Couleuvre L'Homme trouvant mauvais que l'on l'eût convaincu, Voulut à toute force avoir cause gagnée. Je suis bien bon, dit-il, d'écouter ces gens-là. Du sac et du serpent aussitôt il donna Contre les murs, tant qu'il tua la bête. On en use ainsi chez les grands. La raison les offense ; ils se mettent en tête Que tout est né pour eux, quadrupèdes, et gens, Et serpents. Si quelqu'un desserre les dents, C'est un sot. - J'en conviens. Mais que faut-il donc faire? - Parler de loin, ou bien se taire. frappa Ouvre la bouche

Exploitation du texte Morale de cette fable: Mais que faut-il donc faire? - Parler de loin, ou bien se taire. le symbole des ingrats Ce n'est point le serpent, c'est l'homme

Exploitation du texte I – QUESTIONS 1 - Du vers "Un Homme vit une couleuvre…" au vers "Mais rapportons-nous-en…", relevez les termes appartenant au domaine de la justice. Qui les utilise et pourquoi? 2 - Quelle est la thèse défendue par la vache, le bœuf et l'arbre? 3 - Comparez les discours de la vache et de l'arbre : quels sont leurs arguments ? 4 - Qui désigne le pronom "nous" du vers "Quand il eut ruminé tout le cas…" au vers « L'ombre l'été, l'hiver les plaisirs du foyer »? II – EXPRESSION ÉCRITE "Mais que faut-il donc faire ? - Parler de loin, ou bien se taire." Les mots sont-ils donc sans pouvoir contre la force ? Exposez votre point de vue dans un développement argumenté.

Exploitation du texte Q1 vers 9, 10 et 11 : " résolut, coupable, payer de raison, harangue " renvoient au vocabulaire de la justice. C’est l’homme qui les emploie pour légitimer sa décision " au nom de la justice " de tuer le serpent. toujours dans le discours de l’homme, vers 29 et 30: " droit ; rapportons-nous-en " qui montrent que l’homme est pris à son propre piège : il faut jouer le jeu de la justice jusqu’au bout (droit, procès, témoignages). Le serpent a recours lui aussi au champ lexical de la justice: " condamner " vers 15, " tranche-les ; ta justice " vers 20, " selon tes lois, condamne-moi " vers 21. On pourrait résumer son discours ainsi : " Je reconnaîtrai ma culpabilité à condition qu’elle soit prouvée ". L’appel à témoins permettra à La Fontaine de dénoncer l’arbitraire de la justice rendue par l’homme.

Exploitation du texte Q2 La même thèse est défendue par la vache, le bœuf et l’arbre. Ils donnent raison au serpent : « le symbole des ingrats/Ce n’est point le Serpent, c’est l’Homme. " (vers 25/26). On trouve  "ingratitude " au vers 46 dans le discours de la vache. La même thèse est contenue implicitement dans l’argumentation du bœuf et de l’arbre, qui repose dans les deux cas sur une opposition entre les bienfaits qu’ils ont donnés et l’attitude méprisante, cruelle, de l’homme en retour (exemples caractéristiques de l’ingratitude) Tous les trois défendent donc la thèse suivante : L’Homme est l’être vivant le plus ingrat.

Exploitation du texte Q3 Les arguments développés par la vache et l’arbre sont très proches. Ils mettent en évidence une contradiction entre les bienfaits qu’ils ont donnés aux hommes et l’attitude injuste et cruelle de ceux-ci en retour. Ainsi, la vache rappelle dans les vers 35 à 38 qu’elle a nourri l’homme : " Je nourris celui-ci depuis longues années ", qu’elle a permis de sauvegarder sa santé (vers 39 à 41) : " Même j'ai rétabli sa santé, que les ans /Avaient altérée ." et que pourtant, devenue vieille, elle est laissée à l’abandon et sans nourriture. L’arbre rappelle également ses nombreux bienfaits dans les vers 68 à 72 : " refuge/Contre le chaud, la pluie, et la fureur des vents ; ornait les jardins et les champs ; les fruits ". Cette fois la contradiction est rendue explicite par un connecteur logique d’opposition: " cependant " (vers 72) et on retrouve le comportement ingrat de l’homme : " Un rustre l’abattait ".

Exploitation du texte Q4 Le pronom " nous " , aux vers 54, 57, 59, 70, 74, désigne l’Homme en général. Par ce procédé de généralisation, La Fontaine implique chaque lecteur dans sa critique : il ne s’agit pas là d’un homme particulier mais bien de tous les hommes qui font ainsi preuve d’ingratitude envers une nature pourtant bien généreuse envers eux.