Introduction à l’Éthique environnementale Photos: Mary Mattingly, Second Nature
Est-ce un devoir moral de sortir le bac vert? Amande de 160$ = devoir légal (rêglement municipal) ≠moral Pourquoi faut-il protéger l’environnement? Pour les générations futurs? Parce que tous les êtres vivants qui composent la nature méritent un certain respect? Parce que l’environnement possède une valeur morale intrinsèque? L’éthique environnementale est née dans les années 1970 d’une prise de conscience des risques environnementaux (nucléaire, pollution…) et de l’originalité des problèmes rencontrés (mondialisés + long terme). Sortir le bac vert = métonymie Marée noir ou nuage nucléaire= sans frontière. Réchauffement climatique ou déchet nucléaire = pour les générations futurs. «L’ironie de l’histoire veut que la nature se soit rappelée au bon souvenir des êtres humains et se soit imposée comme un enjeu moral central au moment précis où ces derniers – fiers comme Artaban des chiffres de la croissance industrielle et de ceux du développement économique – semblaient s’éloigner d’elle de plus en plus, au fur et à mesure que grandissait leur maîtrise des processus naturels et que s’accentuait la reconfiguration de l’environnement naturel à grands renforts d’innovations technologiques.» Homes Rolston « En plus des êtres humains, la nature (ou des partie quelconques de la nature) a-t-elle une valeur intrinsèque? Telle est la question théorique centrale en éthique environnementale. » J.B. Callicott
Introduction à l’éthique environnementale 1- L’éthique anthropocentrique 2- L’éthique biocentrique 3- L’éthique écocentrique
Qu’est-ce que l’anthropocentrisme? = l’homme est le centre (de la nature), la mesure de toute chose Il doit essayer « de se rendre comme maîtres et possesseur de la nature » (Descartes) Il doit « dominer sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel, les bestiaux, toutes les bêtes sauvages et toutes les bestioles qui rampent sur la terre » (Genèse I,26) L’anthropocentrisme est-il vrai ou faux? C’est plutôt un jugement de valeur adossé à une conception métaphysique Les religions non occidentales (non monothéistes?) sont moins anthropocentriques : animisme, boudhisme. Mais il y a aussi des courants environnementalistes bibliques.
Pourquoi l’anthropocentriste devrait-il se soucier de l’environnement? La pollution est mauvaise pour la santé, le réchauffement climatique va produire des inondations de zones habitées etc… = conséquentialisme (utilitarisme des intérêt ou des préférences humaines). = déontologisme: les hommes ont un droit à vivre dans un environnement sain. La nature n’a pas de valeur intrinsèque, mais une valeur instrumentale. Elle n’est pas non plus respectable. = écologie [éco = maison] humaniste ou superficielle
Justice et climat Externalité positive Externalité négative Acteur N’est pas compensé N’a pas à le supporter Tiers N’a pas à payer Externalités positives = économies externes. Ex. abeilles : service gratuit de pollinisation. Externalité négative = déséconomies externes. Ex. pollution; insecticide: - de pollinisation, - d’oiseaux Justice = partage équitable d’une ressource (gâteau) Devrait-on partager les émissions de GES? Si l’atmosphère était un gâteau: 1990-2050, + 2°C, 7 milliards d’humains… Au rythme actuel, les canadiens pourrait encore tenir… 5 ans!
Faut-il préserver la beauté de la nature? Faut-il empêcher ce barrage hydroélectrique au motif qu’il ‘défigurerait’ ce paysage? = anthropocentrisme conséquentialiste de la valeur esthétique. Les générations futures apprécieront-elles ce paysage naturelle (≠ sauvage)? Relativisme ou réalisme des valeurs esthétiques? + valeur cognitive = la nature est aussi une source de connaissance (argument pour la biodiversité)
Plan de la séance 1- L’éthique anthropocentrique 2- L’éthique biocentrique 3- L’éthique écocentrique
Qu’est-ce que le biocentrisme? La communauté morale doit s’élargir pour inclure tous les être vivants (animaux, plantes, mais pas les montagnes). Tout être vivant a une dignité propre, qu’elle que soit son utilité pour l’homme. il a « un droit égal à vivre et à s’épanouir » (A. Naess). = déontologisme. La biodiversité a une valeur intrinsèque. Peut-on prouver l’existence de cette valeur ? À quoi le Cyprinodon diabolis est-il bon? Edwin Pister: « Et vous, à quoi êtes-vous bon? » «Bien des gens souhaitent avoir une valeur instrumentale – souhaitent être utiles à leur famille. Mais lors même que nous ne serions bons à rien, nous continuons de croire, en dépit de cela, que nous avons encore quelques droits à l’existence, à la liberté, à la recherche du bonheur.(…) La dignité humaine et le respect qu’elle commande sont ultimement fondés dans le fait que nus revendiquions la possession d’une valeur intrinsèque.» J.B Callicott
Un arbre a-t-il une valeur (morale) intrinsèque? Il ne souffre pas. Mais il a des ‘besoins’ (eau, lumière, température, sol…) et une capacité à vivre. Il possède une sorte d’intérêt à s’épanouir. = un bien intrinsèque ou une simple métaphore? Principe de non malfaisance surérogatoire: il ne faut pas endommager un être vivant quand on peut l’éviter Arne Naess (1913-2009), fondateur de l’écologie profonde (≠écologie superficielle)
Les cercles de la moralité Hommes mâles, citoyens libres Êtres humains Êtres sensibles (zoosphère) Êtres vivants (biosphère) Environnement (écosphère)
Plan de la séance 1- L’éthique anthropocentrique 2- L’éthique biocentrique 3- L’éthique écocentrique
Qu’est-ce qui cloche avec le biocentrisme? Un acarien, une levure ou une bactérie ont-ils vraiment une valeur intrinsèque? Est-il mal de se brosser les dents? Faut-il couper un gros arbre pour favoriser des plus petits, la moisissure et les champignons? Un hêtre est-il un être? Une forêt peut être en fait un seul organisme (rhizome). La nature n’est pas une somme d’individus distincts: c’est une totalité unifiée (= principe holiste)
Qu’est-ce que l’écocentrisme (ou l’éthique de la terre)? « Une chose est juste lorsqu’elle tend à préserver l’intégrité, la stabilité et la beauté de la communauté biotique. Elle est injuste lorsqu’elle tend à autre chose. » Aldo Leopold, forestier américain, 1887-1948. Un écosystème a une valeur morale intrinsèque Car c’est une interconnexion entre des composantes biotiques et abiotiques solidaires (ex : un marécage). L’éthique environnementale doit élargir « le champ de considération morale tel qu’il a été délimité par la tradition afin d’y inclure le monde naturel (…). Dans cette mesure, le concept de valeur intrinsèque doit être tenu pour tout aussi important que celui de valeur instrumentale, sans oublier l’indispensable concept de valeur systémique. » Holmes Rolston III, (né en 1932).
Une montagne a-t-elle une valeur (morale) intrinsèque? Oui, pour les religions animistes (=valeur spirituelle). Mais elle n’a pas de sensibilité ni d’intérêt à vivre. Lien avec le passé : elle est là depuis très très longtemps. Principe «conservateur»: il faut respecter ce qui est vieux. Mais il s’agit probablement d’anthropocentrisme caché: nous « respectons » la montagne pour son « charisme », pour sa valeur esthétique (sublime).