Un poète parmi les grands. Jean Ferrat. Un poète parmi les grands. Une production de
Le chemin de toute une vie. Lorsque Jean Tenenbaum naît à Vaucresson dans les Hauts de Seine, le 26 décembre 1930, rien ne laisse présager un destin unique. Il est le dernier enfant d’une famille de quatre, fils d’un joaillier et d’une fleuriste. Après des études au lycée Jules Ferry de Versailles où sa famille s’est installée, il commence à se tourner vers la chimie. Mais pendant la guerre, son père est déporté. Tout change pour Jean qui est obligé de travailler pour aider sa famille à survivre. Déjà son goût pour l’art se fait sentir. C’est d’abord vers le théâtre que Jean se tourne en rentrant dans une troupe dans les années 50.
Jean Ferrat avec son ami Guy Thomas.
Les premiers pas vers la gloire. Ses premiers succès, il les doit à Aragon en adaptant Les yeux d’Elsa, poème de l’écrivain français que Jean Ferrat admire beaucoup. En 1957, ses débuts sur scènes ont lieu à La Colombe, en première partie de Guy Béart. Puis il chante au Milord l’Arsouille ou à L’Echelle de Jacob. Ce tremplin lui permet d’enregistrer en 1958 son premier 45 tours. Mais surtout, d’autres artistes commencent à interpréter ses titres, comme André Claveau ou Christine Sèvres, une jeune chanteuse qui, en 1961, deviendra son épouse.
Jean Ferrat rencontre Louis Aragon.
Ses premiers succès. En 1959, Jean rencontre Gérard Meys, qui deviendra son meilleur ami, et qui lui permet d’enregistrer en 1960, son premier quatre titres, Ma môme. C’est son premier succès personnel.Même si l’artiste ne cache jamais ses appartenances politiques et philosophiques (très à gauche), ce qui lui vaudra durant sa carrière quelques censures, il n’en reste pas moins un poète de l’amour et de la fraternité. Son premier album sort en 1961, et ses titres lui valent dès la même année, le Prix de la Sacem. De concerts en albums, Ferrat obtient un succès grandissant, jusqu’au troisième album Nuit et brouillard, dont le thème principal est l’extermination et la déportation des juifs durant la guerre, qui fera de lui un artiste à part.
Jean Ferrat avec son ami Gérard Meys.
De La Montagne à Potemkine. Ce sont surtout ces deux titres que sont La montagne (1964) et Potemkine (1965) qui propulse Ferrat au sommet. Mais l’homme sait rester humble, et tout en continuant sa carrière, de Bobino à l’Alhambra, il s’installe à Antraigues, au coeur de l’Ardèche, et s’isole pour vivre la vraie vie. Ses sorties sont lointaines: Mexique ou Cuba, d’où il ramène sa célèbre moustache et de nombreux titres tels que Guérilleros. Sa gloire est désormais internationale, et sa plume vengeresse égratigne le monde fort perturbé de cette époque (mai 1968 et les bouleversements d’Europe de l’Est font rage). Ce n’est pas la censure qui arrête Jean Ferrat.
Jean Ferrat en Ardèche avec son chien.
Un adieu à la scène. C’est à nouveau Aragon qui, au début des années 1970, va donner à Ferrat l’occasion de briller: Aimer à perdre la raison et son album Ferrat chante Aragon font un malheur.Ce disque reste encore aujourd’hui un des plus grands succès populaires français. Mais le chanteur, las de la vie de scène et de la notoriété, s’isole: il fait ses adieux à la scène à la fin de l’année 1972, et malgré la production régulière de nouveaux albums ou de reprises, il se fait plus rare. Profitant du rachat de la maison Barclay par Polygram, Ferrat réenregistre une grosse centaine de ses chansons et les publie en 1980 dans un coffret de douze disques, énorme travail qui lui vaudra de nombreuses récompenses et une notoriété grandissante.
La mort de son épouse… … En novembre 1981 le plonge dans un grand désarroi et une solitude volontaire. Il lui faudra des années avant de revenir sur le devant de la scène grâce à un album, Je ne suis qu’un cri en 1985. Chanté par les plus grands (Gréco, Aubret, Guichard (pour lequel Ferrat écrit Mon vieux…) écouté et aimé par de nombreuses générations de public, de 7 à 77 ans, Jean Ferrat reste un chanteur unique, à l’écriture remarquable, aux idées fidèles et humanistes, discret et humble. Un homme riche d’humanité et de beauté, un vrai poète en somme… Jean Ferrat décédera le 13 Mars 2010.
Pourtant, que la montagne est belle! (1964) Avec leurs mains dessus leurs têtes Ils avaient monté des murettes Jusqu'au sommet de la colline Qu'importent les jours les années Ils avaient tous l'âme bien née Noueuse comme un pied de vigne Les vignes elles courent dans la forêt Le vin ne sera plus tiré C'était une horrible piquette Mais il faisait des centenaires A ne plus savoir qu'en faire S'il ne vous tournait pas la tête Pourtant que la montagne est belle Comment peut-on s'imaginer En voyant un vol d'hirondelles Que l'automne vient d'arriver ? Deux chèvres et puis quelques moutons Une année bonne et l'autre non Et sans vacances et sans sorties Les filles veulent aller au bal Il n'y a rien de plus normal Que de vouloir vivre sa vie Leur vie ils seront flics ou fonctionnaires De quoi attendre sans s'en faire Que l'heure de la retraite sonne Il faut savoir ce que l'on aime Et rentrer dans son H.L.M. Manger du poulet aux hormones Pourtant que la montagne est belle Comment peut-on s'imaginer En voyant un vol d'hirondelles Que l'automne vient d'arriver ? Ils quittent un à un le pays Pour s'en aller gagner leur vie Loin de la terre où ils sont nés Depuis longtemps ils en rêvaient De la ville et de ses secrets Du formica et du ciné Les vieux ça n'était pas original Quand ils s'essuyaient machinal D'un revers de manche les lèvres Mais ils savaient tous à propos Tuer la caille ou le perdreau Et manger la tomme de chèvre Pourtant que la montagne est belle Comment peut-on s'imaginer En voyant un vol d'hirondelles Que l'automne vient d'arriver ? Retour au menu
Suivez les paroles avec les textes des tabeaux. Jean Ferrat en chanson. Cliquez sur l’image de votre choix pour écouter l’une de ses chansons . Pour sortir du diapo Suivez les paroles avec les textes des tabeaux.
Que c’est beau la vie (1963). Le vent dans tes cheveux blonds Le soleil à l'horizon Quelques mots d'une chanson Que c'est beau, c'est beau la vie Un oiseau qui fait la roue Sur un arbre déjà roux Et son cri par dessus tout Que c'est beau, c'est beau la vie. Tout ce qui tremble et palpite Tout ce qui lutte et se bat Tout ce que j'ai cru trop vite A jamais perdu pour moi Pouvoir encore regarder Pouvoir encore écouter Et surtout pouvoir chanter Que c'est beau, c'est beau la vie. Le jazz ouvert dans la nuit Sa trompette qui nous suit Dans une rue de Paris Que c'est beau, c'est beau la vie. La rouge fleur éclatée D'un néon qui fait trembler Nos deux ombres étonnées Que c'est beau, c'est beau la vie. Tout ce que j'ai failli perdre Tout ce qui m'est redonné Aujourd'hui me monte aux lèvres En cette fin de journée Pouvoir encore partager Ma jeunesse, mes idées Avec l'amour retrouvé Que c'est beau, c'est beau la vie. Pouvoir encore te parler Pouvoir encore t'embrasser Te le dire et le chanter Oui c'est beau, c'est beau la vie. Retour au menu
L’amour est cerise (1979). Rebelle et soumise Paupières baissées Quitte ta chemise Belle fiancée L'amour est cerise Et le temps pressé C'est partie remise Pour aller danser Autant qu'il nous semble Raisonnable et fou Nous irons ensemble Au-delà de tout Prête-moi ta bouche Pour t'aimer un peu Ouvre-moi ta couche Pour l'amour de Dieu Laisse-moi sans crainte Venir à genoux Goûter ton absinthe Boire ton vin doux O rires et plaintes O mots insensés La folle complainte S'est vite élancée Défions le monde Et ses interdits Ton plaisir inonde Ma bouche ravie Vertu ou licence Par Dieu je m'en fous Je perds ma semence Dans ton sexe roux O Pierrot de lune O monts et merveilles Voilà que ma plume Tombe de sommeil Et comme une louve Aux enfants frileux La nuit nous recouvre De son manteau bleu Rebelle et soumise Paupières lassées Remets ta chemise Belle fiancée L'amour est cerise Et le temps passé C'est partie remise Pour aller danser. Retour au menu
Que serais-je sans toi… Poème de Louis Aragon. Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre Que serais-je sans toi qu'un coeur au bois dormant Que cette heure arrêtée au cadran de la montre Que serais-je sans toi que ce balbutiement J'ai tout appris de toi sur les choses humaines Et j'ai vu désormais le monde à ta façon J'ai tout appris de toi comme on boit aux fontaines Comme on lit dans le ciel les étoiles lointaines Comme au passant qui chante on reprend sa chanson J'ai tout appris de toi jusqu'au sens du frisson Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre Que serais-je sans toi qu'un coeur au bois dormant Que cette heure arrêtée au cadran de la montre Que serais-je sans toi que ce balbutiement J'ai tout appris de toi pour ce qui me concerne Qu'il fait jour à midi qu'un ciel peut être bleu Que le bonheur n'est pas un quinquet de taverne Tu m'as pris par la main dans cet enfer moderne Où l'homme ne sait plus ce que c'est qu'être deux Tu m'as pris par la main comme un amant heureux Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre Que serais-je sans toi qu'un coeur au bois dormant Que cette heure arrêtée au cadran de la montre Que serais-je sans toi que ce balbutiement Qui parle de bonheur a souvent les yeux tristes N'est-ce pas un sanglot de la déconvenue Une corde brisée aux doigts du guitariste Et pourtant je vous dis que le bonheur existe Ailleurs que dans le rêve ailleurs que dans les nues Terre terre voici ses rades inconnues Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre Que serais-je sans toi qu'un coeur au bois dormant Que cette heure arrêtée au cadran de la montre Que serais-je sans toi que ce balbutiement Retour au menu
La paix sur la terre. (1980) Nous ne voulons plus de guerre Nous ne voulons plus de sang Halte aux armes nucléaires Halte à la course au néant Devant tous les peuples frères Qui s'en porteront garants Déclarons la paix sur terre Unilatéralement La force de la France c'est l'esprit des Lumières Cette petite flamme au cœur du monde entier Qui éclaire toujours les peuples en colère En quête de justice et de la liberté [Refrain] Parce qu'ils ont un jour atteint l'Universel Dans ce qu'ils ont écrit cherché sculpté ou peint La force de la France c'est Cézanne et Ravel C'est Voltaire et Pasteur c'est Verlaine et Rodin [Refrain] La force de la France elle est dans ses poètes Qui taillent l'avenir au mois de mai des mots Couvrez leurs yeux de cendre tranchez leur gorge ouverte Vous n'étoufferez pas le chant du renouveau [Refrain] La force de la France elle sera immense Défiant à jamais et l'espace et le temps Le jour où j'entendrai reprendre ma romance Dans la réalité de la foule chantant. Retour au menu
Fin. Création sous droits protégés contrat de droit d’auteur Chansons de Jean Ferrat. Source Wikipédia et Ramdam, Dédiées à Agnès Lauvray. Montage de Denis Hautot Voir les autres diapos en cliquant sur ce lien;