Culte de Pentecôte du 04 juin 2017 Église protestante unie de Belgique Paroisse de Gembloux, 23, rue Paul Tournay, Le culte y est célébré chaque dimanche à 10H30 Culte de Pentecôte du 04 juin 2017 présidé par le Prof. Jean-Christian Sombreffe. CANTIQUES : Proclamation de la grâce de Dieu et Louange : 151 : Je louerai l’Éternel… Confession des péchés et Annonce du pardon : 514 : Pour que le jour qui se lève… Confession de Foi : 243 : Grand Dieu nous te bénissons… Offrande : 424 : Entre tes mains j’abandonne… Lectures Bibliques : Ézéchiel 37 : 1 à 14 1 Cor. 12 : 3 à 13 Jean 7 : 37 à 39 Prédication et prière : 530 : Tous unis dans l’Esprit… Liturgie de la Cène : 589 Le Seigneur nous a aimés… Exhortation et Bénédiction : 524 : Béni soit le lien… THÈME DE LA PRÉDICATION : Ézéchiel 37 : 1 à 14 Vision d’Ézéchiel : Les ossements desséchés reprennent vie. Texte de la prédication pages suivantes : Clic pour avancer .

Prédication de Jean-Christian Sombreffe. 1 Prédication de Jean-Christian Sombreffe. Chers amis,  En ce dimanche de Pentecôte, au texte d'Ezéchiel, il est bien question de l'Esprit de Dieu. C'est l'Esprit de Dieu qui fait apparaître le prophète dans cette vallée d'ossements desséchés ; c'est l'Esprit de Dieu qui rassemble les ossements et reconstitue les squelettes, c'est l'Esprit de Dieu qui redonne vie aux ossements ; et c'est encore et surtout l'Esprit de Dieu qui donne le souffle, le souffle de l'espérance, du sens, au fond de l'intérêt de la vie elle-même,

2 Pour peu que l'on soit comme moi un peu visuel, et pour peu que l'on ait cette référence qui n'est sans doute pas de haute culture, la scène d’Ézéchiel fait un peu penser au premier abord au clip de la chanson Thriller de Michaël Jackson. C'est un peu comme des cadavres qui ressortent de leurs tombeaux et se remettent en mouvement, les chairs repoussent et dans un premier temps cela n'est pas très joli, mais l'atmosphère est lourde et sombre, et, au fond, l'analogie peut être pertinente car jusqu'au verset 12 au moins, il y a de la vie certes, mais contrairement à l'adage la vie biologique ne suffit pas à l'espoir ; il n'y a pas encore de souffle, pas encore de sens, pas encore d'espérance. Et c'est ce que l'Esprit de Dieu, en apothéose, vient promettre de faire émerger avec un projet pour Israël.

3 L'Esprit de Dieu déjà, agit de plusieurs manières différentes. Le président français François Mitterrand au crépuscule de sa vie, dans son dernier discours de vœux un an avant sa mort, et alors qu'il était déjà gravement malade, dit « Je crois aux forces de l'Esprit ». Cet homme d’État à ses heures bien cynique, n'avait jamais abjuré sa foi chrétienne, et au seuil de la mort ce n'est pas les esprits qu'il met au pluriel, il ne dit pas « je crois à la force des esprits » ; il ne prône pas une vague vision de forces de la nature ou de petits dieux qui viendraient nous titiller ou nous aider selon les cas ; François Mitterrand dit « Je crois aux forces » - au pluriel – de L'Esprit – dans son unicité.

4 Cette intuition ou cette pensée plus profonde, je n'en sais rien, correspond bien à notre texte d’Ézéchiel, l'Esprit de Dieu est unique, comme Dieu lui-même est unique bien sûr, mais il a des forces, des moyens d'action, des possibilités de nous interpeller et de nous faire changer, de nous relier aussi, que nous ne soupçonnons même pas. Et c'est bien, ce qui, au fond, rend à tout prendre, ce texte de l'Ancien Testament, bien moins sombre que le clip de Michaël Jackson auquel je faisais allusion. Et la tradition juive nous dit d'ailleurs que « les morts que ressuscita Ézéchiel montèrent en terre d'Israël, ils épousèrent des femmes et enfantèrent des fils et des filles ».

Dans nos versets de l’Évangile, l'Esprit, c'est l'eau vive, et même les fleuves d'eau vive qui viennent du Christ, mais auquel chacun n'a pas nécessairement accès, parce que cette eau vive n'est accessible qu'à ceux qui reçoivent le Christ glorifié. L'eau, dans cette région proche du désert, c'est en effet le symbole même de la vie, et de beaucoup de valeur, la sagesse, la vie éternelle auquel donne accès l'Esprit. Recevoir le Christ glorifié, c'est le recevoir comme envoyé du Père, unique envoyé du Père, depuis l'éternité, et envoyé du Père fait homme et ressuscité des morts au milieu des hommes par la puissance d'amour que Dieu peut générer et déployer. 5

A celui ou celle qui a soif des fleuves d'eau vive sont accessibles, ce n'est pas toujours la même eau, ce n'est pas de l'eau stagnante, c'est de l'eau qui coule, elle est pure, c'est toujours celle qui vient de Dieu, elle désaltère parfaitement, mais pour y accéder, il faut une fois au moins, avoir eu soif de cette eau-là, de cette eau de Dieu ! C'est le seul message de Jean qui fait aussi écho à l'eau qui sort du flanc de Jésus lorsqu'il est transpercé par la lance : cette eau c'est désormais l'image du Saint-Esprit, de la vie qui nous est donnée par la mort du Christ. Le salut est tout entier, indissolublement lié à la mort du Christ et à sa reconnaissance ; la foi de l'homme ne trouve son accomplissement et sa valeur que dans événement du salut par la résurrection du Christ. 6

Personne, parlant par l'Esprit, ne peut dire « Maudit soit Jésus » ou plutôt L'anathème soit sur Jésus. Le mot « anathème » désigne l'exclusion, la malédiction, le bannissement mais aussi à l'origine le terme désigne le sacrifice d'une victime expiatoire. Or, il est vrai que personne qui parle par l'Esprit ne peut dire « Que Jésus soit pris en sacrifice expiatoire » puisque déjà, il l'a été par le sacrifice de sa personne parfaite et sans tâche au soir du Vendredi Saint. Mais cela bien sûr c'est l'Esprit qui nous le dit, nous qui savons par lui le sens du matin de Pâques et de la pierre roulée. 7

8 Après le matin de Pâques, tout sacrifice devient inutile, et l'anathème du Christ déjà glorifié, déjà vainqueur de la mort ne peut que paraître stupide. Mais c'est aussi par l'Esprit et seulement par l'Esprit que celles et ceux qui ont compris cela peuvent dire « Jésus est Seigneur ». Selon la formule du philosophe Jankélévitch « le pardon rétablit surnaturellement le droit » ; c'est bien le cas du pardon du Christ qui est total, c'est le pardon de nos petites fautes personnelles, mais c'est le pardon global de toutes les fautes de l'humanité, personnelles et collectives, anciennes, mais aussi à venir, connues et inconnues.

9 Ce surnaturel-là, qui est le surnaturel de Pâques, il nous faut bien l'Esprit pour le reconnaître, Il ne fait pas disparaître les fautes et le mal comme par magie, il ne fait pas disparaître nos blessures et nos angoisses, nos cicatrices et nos tristesses, mais il les transcende selon ce que Calvin écrivait lui-même : « L'Esprit est vie en nous bien que nous portions en reliques de péché la matière de mort »

10 Calvin avait perçu ce que Freud expliquera quatre siècles plus tard comme la pulsion de mort. Nous sommes traversés par des tendances à la destruction, à la négativité, au mal, et cela depuis notre naissance, et donc depuis notre naissance nous portons la mort en nous à l'état de relique ou de résidus. Nous avons chacun et chacune, comme le dit Ringlet, un peu de mort sur le visage, mais l'Esprit de vie, le souffle de Dieu, le fleuve d'eau vive est en nous depuis Pâques. C'est un souffle d'amour, d'amour pur, celui inconditionnel du Dieu Vivant. Alléluia ! Bonne fête de Pentecôte. Amen.