Les coûts de la politique climatique Rémy Prud’homme La contre COP des climato réalistes Paris, 1-2 décembre 2016
Le contenu de la politique climatique 1) Réduire le réchauffement à moins de 2 degrés 2) —> 1 objectif général chiffré : réduire les rejets de CO2 de 50% d’ici 2050 (80% dans les pays pauvres, 30% dans les pays riches. En France: -75%. Pour les pays pauvres 30%/2012 = 67%/2050 3) —> 2 sous-objectifs spécifiques non chiffrés: Moins de camions (moins de mobilité) Moins d’électricité carbonée: des « renouvelables » (moins d’électricité)
Cette politique ignore les coûts En principe, une politique: des bénéfices attendus > coûts attendus. En pratique, ici, ignorance ou mépris des coûts Des mots, des objectifs physiques, pas de coûts. 2 exemples: Ministère de l’Ecologie, Chiffre-clés des énergies renouvelables PPI (Programmation Pluriannuelle des Investissements [dans les renouvelables]
Implique des changements drastiques CO2 = PIB x Productivité en CO2 1990 2012 2050 CO2 (Gt) 20 31 15 PIB (1000 G$) 31 55 167 Productivité (Prod/CO2) 1,5 1,8 11 Croissance prod (%/an) 0,8% 4,9% Des progrès possibles; un tel bond impossible
Approche globale Rejets « naturels » – rejets « prescrits » = rejets à éviter. Cumulés sur 2012-2050. Coût @ 200 $/t Pays: Riches Pauvres Rejets à éviter cumulés (Gt) 264 615 Coût cumulé (1000 G$) 53 123 PIB cumulé (1000 G$) 2500 1360 Coût/PIB (%) 2,2% 9% Le coût pèse surtout sur les pays pauvres
Coûts de « transition énergétique » Electricité décarbonnée, 2ème pilier de politique climatique = « renouvelables » = éolien + solaire 7 constatations Résultats modestes: 2007-2015 : 2200 G$ d’investissement 2015: 4,3% de la production d’électricité du globe. (Mme Lepage: PV: 10% en 2014, au lieu de 0,8%). 5 pays à plus de 10% (DK, Espagne, Allemagne, RU, Italie); France: 5%.
Coûts de « transition énergétique » 2) Renouvelables lourdement subventionnées: Obligation d’achat A des prix élevés Différence entre prix de marché et prix payés = taxe sur la consommation d’électricité, mise à la charge des consommateurs Pour des sommes considérables: 2016: 3,3 G€ (HT) en France, 20 G€ en Allemagne. En 2025: 11 G€.
Subventions rail et renouvelables EnR Rail (2015) (2014) Coûts de production (G€) 4,3 25,4 Utilité = ventes (G€) 1,1 10,0 Subventions (G€) 3,3 14,6 Subventions/coûts (%) 77% 57%
Coûts de « transition énergétique » 3) Entraine une hausse du prix de l’électricité
Coûts de « transition énergétique » 3) Entraine une hausse du prix de l’électricité (suite) Impacts du PPI sur nos factures (€/MWh): Réf. 2016 2025 Coûts hors ren. 111 111 111 CSPE renouvelable 0 11 33 Part du surcoût/prix 0 10% 27%
Coûts de « transition énergétique » 4) Hausses régressives par rapport au revenu Les dépenses d’électricité (ainsi que de carburants) augmentent moins vite le revenu. Le %age du revenu consacré à l’électricité (et au carburant) plus élevé chez le pauvre que chez le riche. La taxe au KWh (et au carburant) qui le frappe plus lourde chez le pauvre que chez le riche = définition de la régressivité.
Coûts de « transition énergétique » 5) Prospective des EnR: - Baisse des coûts importantes. Grâce au progrès technique. Se méfier des annonces. Prendre en compte coûts indirects, dus à l’intermittence des EnR: renforcement des réseaux, investissements de filets de protection, (tant que stockage inexistant), dérèglement des marchés de l’électricité. Des progrès technologiques toujours possibles
Coûts de « transition énergétique » 6) Cas particulier de la France: Dans un pays comme l’Allemagne, ces coûts contre-partie d’une réduction de CO2 (annulée par sortie du nucléaire). Mais pas en France. Electricité déjà décarbonée: 77% nucléaire + 11% hydraulique. Les coûts du PPI totalement injustifiés. Politique climatique un prétexte.
Coûts de « transition énergétique » 7) Cas des pays pauvres (Afrique, Inde) Empêcher, ou freiner, la production d’électricité carbonée = empêcher l’électrification = empêcher le développement Un crime: « Les gouvernements occidentaux sont hypocrites; eux qui se sont enrichis avec les combustibles fossiles, disent maintenant aux pays africains: vous n’avez pas le droit de construire des barrages, ni des centrales à charbon, contentez-vous de ces renouvelables hors de prix. Les pays africains ne les écouteront pas » D. Kaberuka, Pdt B Af D
La chimère de la croissance verte « Ô douces illusions, ô chimères, dernières ressources des malheureux! Ah! S’il se peut, tenez-nous lieu de réalité! » JJ Rousseau 1) Création d’emplois ? Enfantin. Les milliards créent bien sûr des emplois. Mais les impôts qui les financent en détruisent. L’effet net est faible et probablement négatif 2) Secteur moteur ? Les secteurs moteurs classiques étaient privés, pas publics; offensifs, pas défensifs; abaissaient les coûts, au lieu de les augmenter; 3) Comparable aux dépenses militaires ? Traits communs. Très étudié. Impact négatif sur la croissance. Du complexe militaro-industriel au complexe écolo-industriel.
Conclusion On peut/doit nourrir des incertitudes sur l’ampleur, les causes et les projections de l’évolution du climat; et donc sur le slogan «La réduction du CO2 ou la mort ». Mais pas sur le fait que la mise en œuvre de ce programme aurait un coût économique et social extravagant, en particulier pour les ménages pauvres, les pays pauvres, et plus encore les ménages pauvres des pays pauvres. Les arbres se jugent à leurs fruits.