Miser sur les moments plaisants au quotidien : une voie pour soutenir la présence des personnes significatives en CHSLD Hélène Carbonneau, Ph. D. en gérontologie, professeure titulaire Département d’études en loisir, culture et tourisme, Université du Québec à Trois-Rivières Responsable de l’axe Interaction et soutien social, Réseau québécois de recherche sur le vieillissement
Contexte Clientèle en CHSLD majoritairement avec des pertes cognitives importantes Importance pour leur qualité de vie de maintenir un contact avec des personnes significatives Trop souvent, les parents et amis éprouvent des difficultés à maintenir un lien avec la personne avec des pertes cognitives Soutenir la présence de personnes significatives fait partie de la mission des CHSLD
« Les moments de loisir associés au rôle d’aidant sont propices à favoriser la connexion avec le proche. » (traduction libre de Dupuis, 2000)
Qualité de vie au quotidien Les moments plaisants au quotidien, un élément déterminant du bien-être L’adaptation des activités aux capacités et aux limites des personnes atteinte de la MA ne va pas de soi Il importe d’accompagner les aidants dans la compréhension de la façon de susciter des moments plaisants avec leur proche atteint de troubles de mémoire
« Le soutien de l’engagement dans des activités significatives adaptées à leurs capacités est une composante fondamentale des soins aux personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer » (traduction libre de Fazio, Chavin et Clair, 1999) « … l’engagement dans des activités, c’est l’engagement dans la vie. » (traduction libre de Bowlby-Sifton, 2000)
Rôle du loisir en CHSLD Programmation de loisir traditionnelle de moins en moins adaptée à la nouvelle clientèle Besoin de revoir les approches pour devenir davantage un agent multiplicateur Responsabilité de trouver les sources de moments plaisants en lien avec l’histoire de vie et de les communiquer au plus grand nombre
Approche de loisir centrée sur le climat Mise sur deux aspects Confort psychologique Mémoire affective L’importance est le bien-être ressenti et non la performance dans l’activité Éloge des petits plaisirs au quotidien plutôt que des activités à grand déploiement
Confort psychologique Après avoir passé un moment agréable lors d’une activité, les résidents se sentent bien. Ils ne sont peut-être pas en mesure de dire pourquoi ils se sentent ainsi, mais leur bien-être demeure et c’est cela le plus important. La quiétude ainsi créée représente un déterminant important pour leur qualité de vie.
« Le bonheur n’est pas une question de mémoire, mais bien d’émotions ressenties ! »
Mémoire émotionnelle ou affective La mémoire affective persiste longtemps. Elle concerne les émotions liées aux événements, aux personnes. Par leur connaissance privilégiée de la personne, famille et amis ont la capacité d’identifier des activités porteuses d’émotions positives. Une chanson, une photo ou un mets peuvent avoir le potentiel de susciter une émotion positive chez la personne atteinte de troubles cognitifs.
« Il ne s’agit pas de réaliser des activités, mais plutôt de susciter des moments de bien-être. »
Maximiser les moments plaisants au quotidien Inclusion des parents et amis dans des activités adaptées aux capacités des personnes Sensibilisation à une approche de loisir adaptée (centrée sur le climat, approche sans erreur) Proposition de moyens propices à susciter des moments plaisants dans leur visite Formation et soutien Matériel mis à la disposition de tous
Formation et soutien aux personnes significatives Responsabilité partagée par tous (infirmières, préposés aux bénéficiaires, intervenants en loisir) Intervenants en loisir pour identifier les approches et outils (livres, jeux, musique, etc.) Transmettre l’information aux autres intervenants Soutenir les familles Infirmières et préposés aux bénéficiaires Généraliser l’utilisation de l’approche sur les 24 heures
« J’allais la reconduire et elle demandait beaucoup moins que je reste… Elle avait peut-être plus apprécié ça, être avec moi à faire des choses comme ça… et moi je me sentais probablement plus détendue plus ouverte. » (aidante projet 1) « Avant, j’étais pas certaine de faire la bonne chose… maintenant… je me sent plus adéquate pour elle et mieux avec moi-même aussi. » (aidante projet 3) « J’ai plus de plaisir à aller voir ma mère… Ça m’a apporté beaucoup de bonheur avec elle. » (aidante projet 3)
Nouvelle perspective de soins Approche traditionnelle basée sur le modèle fonctionnaliste Réduire des difficultés Rendre moins « accablés » Approche basée sur la psychologie positive Renforcer les potentiels Rendre plus heureux Pour en savoir plus: Seligman, M. E. P., André, C., & Vadé, B. (2012). S'épanouir : pour un nouvel art du bonheur et du bien-être. Paris: Belfond.
Conclusion Importance de permettre à nos aînés de terminer leur vie paisiblement en continuité de leur vie Nécessité de soutenir la présence des familles Importance de maximiser la présence de moments plaisants au quotidien avec la collaboration de l’ensemble de l’équipe