Cinéphilosophie
Faire de la philosophie sur grand écran à partir de quelques-unes des grandes œuvres que nous a léguées, depuis ses origines en 1895, le cinématographe – étymologiquement l’écriture du mouvement -, telle est l’ambition de cet atelier de cinéphilosophie, avec tout ce que le mot atelier comporte d’artisanal, d’expérimental, de tâtonnant. – Faire de la philosophie, oui, comme on pétrit la pâte ou forge le métal brûlant, voir se lever, dans l’atelier des images, les grandes questions que l’homme ne cesse de remettre sur le métier et dont nos élèves font l’âpre expérience, sans pour autant que le film soit réduit à une mise en scène caricaturale de la philosophie. - Se frayer un chemin dans l’épaisseur envoûtante des images, là où les concepts vibrent autrement, comme des sons, des couleurs, des intensités. – Donner donc à voir et à penser ce que l’immédiateté de la vie ne nous permet pas de percevoir, avec tout ce qu’une telle percée dans la forêt du réel peut charrier de sédiments, de blocs de sensations, d’usines à concepts, de complots amoureux, de plans sur la comète.
Le Mépris, tourné par Jean-Luc Godard en 1963, à partir du roman éponyme d’Alberto Moravia, avec, dans les rôles principaux, Brigitte Bardot, Michel Piccoli, Jack Palance et Fritz Lang lui-même, est l’histoire d’un film qui se fait et d’un amour qui se défait. Qu’aimons-nous au juste lorsque nous prétendons aimer quelqu’un? Comment pouvons-nous nous aimer et, lorsque l’on s’aime, cesser d’aimer? Qu’est-ce qui pousse à faire un film et quel rapport entretient-il avec nos existences ?
. Paul Javal est scénariste. Avec son épouse Camille, ils vivent à Rome. A la demande d’un producteur américain, Jeremy Prokosh, Paul accepte de reprendre et de terminer le scénario d’une adaptation de l’Odyssée que Fritz Lang réalise à Capri. Mais Camille, persuadée que Paul ne l’aime plus et qu’il l’instrumentalise pour l’avancée de sa carrière, se détache de lui et finit par lui avouer qu’elle ne l’aime plus – qu’elle le méprise. L’amour entre Camille et Paul, que rien ne semblait pouvoir fragiliser, s’écroule soudainement. Et le film que tout semblait empêcher, finira par se tourner. (1) (1) Présentation de Florent Guénard, Maître de conférences en philosophie à l’université de Nantes.
Jeudi 8 décembre 2016 de 18h30 à 21h00 (auditorium).
https://www.youtube.com/watch?v=h8_CxfgDBh8&t=16s https://www.youtube.com/watch?v=TIhlKhTpLpM
« Celui qui aime quelqu'un à cause de sa beauté, l'aime-t-il « Celui qui aime quelqu'un à cause de sa beauté, l'aime-t-il ? Non : car la petit vérole, qui tuera la beauté sans tuer la personne, fera qu'il ne l'aimera plus. Et si on m'aime pour mon jugement, pour ma mémoire, m'aime-t-on, moi ? Non, car je puis perdre ces qualités sans me perdre moi-même. Où est donc ce moi, s'il n'est ni dans le corps, ni dans l'âme ? et comment aimer le corps ou l'âme, sinon pour ces qualités, qui ne sont point ce qui fait le moi, puisqu'elles sont périssables ? car aimerait-on la substance de l'âme d'une personne, abstraitement, et quelques réalités qui y fussent ? Cela ne se peut, et serait injuste. On n'aime donc jamais personne, mais seulement des qualités. Qu'on ne se moque donc plus de ceux qui se font honorer pour des charges et des offices, car on n'aime personne que pour des qualités empruntées. » Blaise Pascal, Pensées, 323-688.