La Préfecture du Rhône et la Caserne centrale de police « Molière »
La quête d’un véritable Hôtel de Préfecture (1800-1881) En l’an 8 (1800), le premier préfet du Rhône, Raymond de Verninac de Saint-Maur, s’installe tout naturellement à l’Hôtel de Ville de Lyon.
Vue de la façade de l’Hôtel de Ville par N. V. Fonville / Musée Gadagne
A partir de 1805, l’Hôtel de Ville est partagé entre la maire et le préfet. En 1807, le préfet Charles-Joseph-Fortuné d’Herbouville et le commissaire général de police, François-Louis-Esprit Dubois, transfèrent leurs bureaux dans l’Hôtel de Varissan, rue Sala.
Fonds Pointet/musée Gadagne
Fonds Pointet/musée Gadagne
Le bâtiment n’est guère fonctionnel et ne peut rivaliser avec l’Hôtel de Ville. Après plusieurs projets, l’ancien claustral des Jacobins est acquis par décret du 31 octobre 1810. La construction est confiée à l’architecte François Cavenne puis à Paul Chenavard.
Ancien claustral des Jacobins
Le préfet, Christophe Chabrol de Crouzol, en prend possession en 1816.
Ancienne préfecture place des Jacobins/musée Gadagne
Par décret du 22 avril 1855, le préfet, qui cumule ses fonctions avec celles de maire de Lyon, est autorisé à transférer la préfecture à l’Hôtel de Ville. En 1858, le préfet Claude Vaïsse s’y installe.
Musée Gadagne
La construction de l’Hôtel du Département et de Préfecture L’Hôtel de Ville « n’est plus qu’une résidence aussi incommode qu’insuffisante pour l’administration d’un grand département comme le nôtre »
Préfet C. Vaisse Musée Gadagne
Les travaux de la commission Département/Préfecture, présidée par le préfet Louis Oustry sont conclus par la délibération du Conseil Général du 30 avril 1879.
Le décret du 22 mai 1881, autorise la construction sur des terrains propriétés des Hospices Civils de Lyon (HCL), faisant partie du domaine de la Part-Dieu légué au Grand Hôpital de Notre Dame de Pitié du Pont du Rhône, devenu Grand Hôtel-Dieu de Lyon, par Mme Catherine de Mazenod, Dame de la Part-Dieu, veuve de Messire Amédée de Servient.
AD Rhône
La construction en est confiée à l’architecte départemental, Antoine-Georges Louvier.
Portrait de A-G. LOUVIER
La construction débute en 1883
Vues du chantier
Cour d’honneur et bâtiment rue Pierre Corneille
La cour intérieure
Escalier d’honneur
Petit perron Et Salle des pas perdus
Maîtres d’ouvrages et sculpteur
Les travaux, sont endeuillés par la chute mortelle, le 12 avril 1887, d’un ouvrier- charpentier suisse, employé par l’entreprise Debus.
Vue du chevalet de bois
Le préfet Jules-Martin Cambon l’inaugure le 18 août 1890.
Portrait de Jules-Martin CAMBON
Article du Progrès du 20/08/1890 relatant l’inauguration
La décoration et les aménagements se poursuivent jusqu’en 1892
Grands salons
Fresque représentant la fête de la Fédération Fresque représentant « Les Lyonnais »
En haut : Salle du Conseil de Préfecture A droite : Salle du Conseil Général
Depuis, l’Hôtel du département et de la Préfecture, a fait l’objet de nouvelles constructions portant essentiellement sur les surélévations du bâtiment « Corneille » et la restauration de sa façade.
La caserne Molière (1891-1982) En ce dernier tiers du 19e siècle, le préfet est plus que jamais un homme d’ordre. La préfecture est le symbole de l’Etat. Sa protection permanente est une évidence et une nécessité. Elle a incombé, selon les périodes, à la Compagnie de réserve départementale, à la Garde nationale, aux gardiens de la paix et à l’armée. Et à un piquet de sapeurs-pompiers
Musée Gadagne
Lyon est sous régime de police d’Etat depuis 1851. Les forces de police sont regroupées dans les casernes de Serin, des Brotteaux, de Perrache, Gambetta et de Lafayette ou de la Part-Dieu.
Caserne Serin fin 19e siècle-début 20e siècle/Musée Gadagne
C’est loin d’être satisfaisant C’est loin d’être satisfaisant. La protection doit être assurée par des effectifs importants casernés à proximité immédiate. Une parcelle est disponible, à quelques mètres de la préfecture, à l'angle des rues de Bonnel et Molière (ancienne rue Monsieur).
Plan de masse de la Préfecture et caserne Molière/AM Lyon
Un bail de 45 ans est signé, le 29 janvier 1891, entre le préfet et les HCL.
Hospices civils de Lyon
construction à Michel Durand, entrepreneur à la Guillotière. Par un « traité », du 18 octobre 1890 le ministère de l’Intérieur confie cette construction à Michel Durand, entrepreneur à la Guillotière. Ce dernier « construit à ses frais un bâtiment destiné à l’installation d’une caserne centrale de gardiens de la paix à pied et à cheval avec bureau de poste et de télégraphe, dépendances et commissariat de police, au prix de 629.750 F remboursables en 11 annuités ». La réception des travaux par l’architecte en chef est effective le 12 octobre 1891.
Musée Gadagne
Longtemps désignée comme « caserne de la Garde municipale », son plan est celui d’un quartier de cavalerie avec manège, écuries, sellerie, fenil…
En haut : la cour intérieure À gauche : anciens fenil et sellerie
A droite : poulie pour le fourrage En bas : anciennes écuries
Pour la décoration, le préfet avait obtenu du commandant de la place 8 bombes d’artillerie « hors-service », remplacées en 1913, par des massifs de fleurs.
Au-dessus : Portail principal Au-dessous : Plan d’élévation
Un passage souterrain entre la caserne et la préfecture est creusé Un passage souterrain entre la caserne et la préfecture est creusé. Il est destiné au passage de la cavalerie. Petit aléa, la hauteur sous voute initiale doit être revue par l’architecte pour permettre le passage des montures harnachées et portée à 2,40 m.
Coupe du tunnel et son descriptif AD Rhône
La cavalerie est utilisée comme force de rupture pour disperser les attroupements. Ce qui explique l’importance donnée à la construction de ce passage pour acheminer des renforts en toute sécurité et discrétion dans l’enceinte préfectorale. Ces gardiens de la paix à cheval ont aussi une fonction d’apparat.
Les trois brigades à cheval (32 montures) sont victimes de la Grande Guerre. En 1916, la sellerie est transformée en locaux pour les cabinets médicaux. Deux compagnies cyclistes sont créées.
Départ du cortège funèbre du Président Sadi-Carnot Présence de la garde municipale à cheval lors de l’arrestation de Caserio
Un poste de police, un poste militaire et un poste de sapeurs pompiers sont implantés dans le bâtiment « Corneille », avec en permanence des gardes municipaux à cheval et des dragons du quartier de cavalerie de la Part-Dieu.
Consignes du poste militaire AD Rhône
Le préfet poursuit le regroupement des services de police dans le quartier de la préfecture. L’hôtel de police de la rue Luizerne (rue de Tunisie puis du Major Martin dans le 1er arr.) à proximité de l’Hôtel de Ville est transféré le 10 octobre 1896, rue Desaix.
Le 31 décembre 1932, le « contrôleur des dépenses Lyon est la seule ville où les gardiens de la paix sont casernés. Le 31 décembre 1932, le « contrôleur des dépenses engagées » du ministère de l’Intérieur demande au préfet : « le régime en caserne à Lyon est-il toujours indispensable et pourquoi, puisqu’il n’en est pas ainsi ailleurs ? Si oui, pourquoi pas dans un immeuble domanial ? » Les effectifs des gardiens sont passés de 795 à 930.
En haut : cheminée d’appartement À droite : Passerelle reliant les différents corps du bâtiment
Le 25 décembre 1935, les bâtiments de Molière deviennent propriété de l’Etat, mais la Commission des Hospices Civils refuse de vendre le fonds à l’Etat. Après le rachat, il était prévu la démolition et la reconstruction d’un immeuble de quatre étages avec terrasse.
Plan de reconstruction après démolition de la caserne Molière AD Rhône
Les projets de 1936 de construction d’une caserne gardiens de la paix dans le quartier Jean Macé ou de 1937, d’un hôtel de police de sept étages dans le quartier Sévigné, n’aboutiront pas.
À gauche : Projet de 1937 du bâtiment À droite : Abri anti-aérien de la caserne Molière AD Rhône
Après la Libération, Molière devient le siège de services centraux ou territoriaux de la Police urbaine, des mutuelles, syndicats et associations de policiers.
Slhp
En haut à gauche : ancienne permanence de nuit En bas : armurerie râteliers mousquetons Au-dessus : porte de cellule de garde à vue
Molière, annexe de la Préfecture (1982-2008) Après le départ des services de police en 1982, les locaux sont occupés par des services de la Préfecture (directions du Patrimoine et de la Réglementation) et de la Zone de Défense, les organisations sociales et syndicales des personnels de la police et de la préfecture. En juin 1996, lors du G7 à Lyon, Molière est érigé en poste de commandement opérationnel préfectoral.
Accueil des étrangers
Les divers projets de réhabiliter le bâtiment ont été abandonnés Les divers projets de réhabiliter le bâtiment ont été abandonnés. En juillet 2003, est déposé un permis de démolir en vue de la construction du nouvel immeuble « Molière » destiné à reloger la direction de la Réglementation et le centre de réunions de la préfecture. Les HCL sont toujours propriétaires du sol et le bail de 99 ans court jusqu’en 2091.
Archives départementales du Rhône (AD Rhône) Archives municipales de Lyon (AM Lyon), Bibliothèque municipale de Lyon Part-Dieu (BML) dont Fonds SYLVESTRE Crédits photos Michel Salager, Slhp Musée Gadagne Société lyonnaise d’histoire de la police (Slhp) A. Lacassagne, l’Assassinat du Président Carnot, (24 juin 1894), Lyon, Paris, Bibliothèque de Criminologie, 1894 La Préfecture du Rhône, architecture Antoine-Georges Louvier : recueil de planches et héliogravures sur la Préfecture du Rhône, Paris, Libraire de la Construction moderne Aulanier, 1896, 53 pl : ill, 55 cms BML E 02260 Le Monde illustré du 30 juin 1894 « assassinat du Président Sadi Carnot » Indicateurs Fournier, lyonnais, Henry, Annuaire commercial, administratif et judiciaire de la ville de Lyon et du département du Rhône Réalisation diaporama : Société lyonnaise d’histoire de la police avec l’aimable concours de Roseline Agustin Slhp, droits réservés