Charles-Marie Leconte De Lisle Le désert Par Nanou et Stan
Quand le Bédouin qui va de l'Horeb en Syrie Lie au tronc du dattier sa cavale amaigrie, Et, sous l'ombre poudreuse où sèche le fruit mort, Dans son rude manteau s'enveloppe et s'endort,
Revoit-il, faisant trêve aux ardentes fatigues, La lointaine oasis où rougissent les figues, Et l'étroite vallée où campe sa tribu, Et la source courante où ses lèvres ont bu,
Et les brebis bêlant, et les bœufs à leurs crèches, Et les femmes causant près des citernes fraîches, Ou, sur le sable, en rond, les chameliers assis, Aux lueurs de la lune écoutant les récits ?
Non, par-delà le cours des heures éphémères, Son âme est en voyage au pays des chimères. Il rêve qu'Al-Borak, le cheval glorieux, L'emporte en hennissant dans la hauteur des cieux ;
Il tressaille, et croit voir, par les nuits enflammées, Les filles de Djennet à ses côtés pâmées. De leurs cheveux plus noirs que la nuit de l'enfer Monte un âcre parfum qui lui brûle la chair ;
Il crie, il veut saisir, presser sur sa poitrine, Entre ses bras tendus, sa vision divine. Mais sur la dune au loin le chacal a hurlé, Sa cavale piétine, et son rêve est troublé ;
Plus de Djennet, partout la flamme et le silence, Et le grand ciel cuivré sur l'étendue immense !
Charles Marie René Leconte de Lisle est un poète français, né le 22 octobre 1818 à Saint-Paul sur l’Île Bourbon (La Réunion) et mort le 17 juillet 1894 à Voisins . Il est connu sous son seul nom de famille Leconte de Lisle, sans mentionner de prénom, qu’il adopta comme nom de plume, et qui est repris dans les éditions de ses œuvres, dans sa correspondanc, ainsi que dans la plupart des ouvrages qui lui sont consacrés et dans les anthologies. C’est ce nom qui est utilisé dans la suite de l’article. Son prénom usuel, utilisé par ses proches, était « Charles ». Leconte de Lisle passa son enfance à l’île Bourbon et en Bretagne. En 1845, il se fixa à Paris. Après quelques velléités lors des événements de 1848, il renonça à l’action politique et se consacra entièrement à la poésie. Son œuvre est dominée par trois recueils de poésie, Poèmes antiques (1852), Poèmes barbares (1862) et Poèmes tragiques (1884), ainsi que par ses traductions d’auteurs anciens. Il est considéré comme le chef de file du mouvement parnassien, autant par l’autorité que lui a conférée son œuvre poétique propre que par des préfaces dans lesquelles il a exprimé un certain nombre de principes auxquels se sont ralliés les poètes d’une génération — entre la période romantique et le symbolisme — regroupés sous le vocable de parnassiens à partir de 1866. L’Empire s’était honoré en lui assurant une pension et en le décorant ; la République l’attacha à la bibliothèque du Sénat, dont il devint sous-bibliothécaire en 1872, et le nomma officier de la Légion d’honneur en 1883. …../…..
En 1886, neuf ans après une première candidature infructueuse à l’Académie française, Leconte de Lisle fut élu, succédant à Victor Hugo. Et ce fut une séance mémorable que celle du 31 mars 1887, où Leconte de Lisle fut reçu par Alexandre Dumas fils. Remarque. — Corrigeons plusieurs erreurs souvent rencontrées à propos du nom du poète : Leconte de Lisle n’était en rien un aristocrate : le "de" n’est pas une particule nobiliaire, pas plus que "Leconte" n’est une déformation de "Le Comte". Leconte de Lisle n’a pas cherché, par vanité, à faire croire à une prétendue origine noble, en ajoutant "de Lisle" à son nom "Leconte" : le nom complet "Le Conte de Lisle" était déjà le patronyme de sa famille paternelle. Et c’est même lui le premier qui a réuni "Le" et "Conte", « pour éviter le semblant d’un titre ». Le nom "Lisle" ne se rapporte pas, avec une écriture archaïque, à l’île Bourbon (La Réunion), son lieu de naissance : Lisle est en fait le nom d’une terre bretonne, située à Pleine-Fougères. Nanou et Stan le 31/03/2017