Réunion préparée avec Marie Clavière Différence(s) Réunion préparée avec Marie Clavière et Jean-Luc Lovéra. 1. Étymologie / Définitions 2. Notions / Concepts / Prise de vue: Différence et altérité / Différence et impermanence. 3. Questions / Discussion : 3 questions, 20 mn environ par question. 4. En guise de conclusion Choix des 5 prochains thèmes (jusque en décembre)

Étymologie et définitions Différence vient du latin differentia, de differere, être distinct ou temporiser. Définitions : Larousse internet : Absence d'identité, de similitude entre des choses, des personnes ; caractère qui les distingue l'une de l'autre ; dissimilitude : Je n'ai pas remarqué de différences entre les deux jumeaux. ii. Ce qui reste lorsque l'on soustrait une quantité d'une autre, résultat d'une soustraction. iii. Ce qui constitue un écart entre deux ou plusieurs personnes ou choses, entre deux grandeurs : Il y a vingt ans de différence entre eux. iv. Écart existant, pour un opérateur, entre le cours d'achat d'un titre et sa revente en Bourse. Synonymes : Contraste, discordance, disparité, dissemblance, dissimilitude, écart, hétérogénéité, opposition Contraires : Affinité, analogie, conformité, identité, ressemblance, similitude. Dictionnaire de philosophie Godin : Caractère d’une personne ou d’une chose qui fait qu’elle ne peut être identifiée à une autre. La différence est le contraire de l’identité. Ecart quantifiable entre deux données. Dans la pensée contemporaine issue de Nietzsche (1844-1900), catégorie générale permettant de penser l’absence d’unité et d’identité des forces, des énergies, des désirs, des individus, des pouvoirs et des instants- généralement perçus dans leur surgissement originel et créatif.

Notions / Concepts / Prise de vue Différence et altérité: L’altérité est le caractère de qui est autre, ou un autre. C’est le contraire de l’identité, comme l’autre est le contraire du même. En revanche, parler de différence suppose au moins une certaine ressemblance ou identité. C’est ce qu’indique Aristote «Différent se dit des choses qui, tout en étant autres, ont quelque identité, non pas selon le nombre, mais selon l’espèce ou le genre, ou par analogie. ». Ce qui revient à ne parler de différence que lorsqu’il ne s’agit pas de choses complètement différentes. La différence suppose la comparaison. Elle n’a de pertinence que dans la mesure où la comparaison elle-même en a. Si la différence suppose l’altérité, elle ne s’y réduit pas. Différence et impermanence L’impermanence, c’est la différence, le changement dans le temps. Différence dans l’espace et impermanence dans le temps ne vont-elles pas ensemble ? Tout n’est-il pas toujours différent, en changement continuel ? « Chaque grain de sable ou de poussière est différent de tous les autres » dit Prajnânpad. Le changement, c’est la différence dans le temps. Tout être n’est-il pas une double exception : Dans l’espace par rapport aux autres, Dans le temps, vis-à-vis de lui-même ? Tout change en permanence : la différence n’est-elle pas la règle d’or (la vérité) de l’espace et du temps ?

QUESTIONS La différence est-elle naturelle ? Différence(s) : richesse(s) ou handicap(s) ? Le droit à la différence est-il légitime ?

La différence est-elle naturelle ? Naturel / culturel ? Inné / acquis ? Matière / esprit ? La différence n’est-elle pas la règle fondamentale immanente de la nature ?

1. La différence est-elle naturelle ? Est naturel ce qui procède de la nature considérée dans son indépendance et son pouvoir spontané d’auto-production. Si ce qui est naturel procède de l’inné (de la matière), parallèlement, ce qui est culturel ne procède-t-il pas de l’acquis (de l’esprit). S’agissant des humains, il est commode de distinguer ce qui est naturel (transmis par les gènes) de ce qui culturel (transmis par l’éducation). Ainsi, par exemple, peut-on penser que la pulsion sexuelle est naturelle tandis que la façon de vivre cette pulsion est culturelle. Est naturel tout ce qui n’est pas culturel. Si ce qui est naturel dépend de la matière, ce qui est culturel ne dépend-il pas de l’esprit (des valeurs) ? Différence ? Comment pourrions nous parler d’identité individuelle si les hommes n’étaient pas entre eux tous différents ? L’identité ne suppose-t-elle pas l’unicité au sens d’unique ? Comment chacun pourrait-il ‘’se construire’’ s’il était définitivement figé dans son identité ? « Chaque grain de sable ou de poussière est différent de tous les autres » dit Prajnânpad. L’unicité dans l’impermanence, en un mot la différence, n’est-elle pas la règle absolue qui vaut à la fois : Dans l’espace, entre individus Et dans le temps, pour chaque individu ? Si pour chaque être, son impermanence dans le temps et son unicité dans l’espace sont ce qui le caractérise, n’est-ce pas précisément parce que rien ne serait plus naturel que la différence ?

Différence(s) : richesse(s) ou handicap(s) ? L’autre : richesse ou handicap ? Entre l’ego et l’éthique d’amour qui lui résiste, qui a raison ?

2. Différence(s) : richesse(s) ou handicap(s) ? Qu’ajouter à ce que nous disions au sujet de ‘’Féminin-masculin ’’ en février 2006 ? http://www.cafe-philo.eu/pps_files/feminin_masculin_diapo.pps Fécondité de l’altérité : Etrange et original, déjà mélangé des gènes de son père et de sa mère, en tiers entre eux, tout enfant n’évolue-t-il pas que par de nouveaux croisements ? Son esprit ne ressemble-t-il pas au manteau d’Arlequin ? A quel titre, ce qui fait la richesse de l’altérité sur le plan individuel ne vaudrait-elle pas aussi entre les hommes sur le plan collectif ? Handicap(s) ? Richesse de la différence ! N’est-on pas en plein angélisme du parfait ‘’bisounours’’ ? Quand on constate les difficultés d’intégration des émigrés, ne peut-on pas en effet le penser ? Mais, l’égocentricité, la conviction de chacune des parties de détenir la vérité, en fait le refus de la différence, n’en sont-ils pas les véritables causes ? Sans volonté de part et d’autre ‘’d’aller vers l’autre’’, comment ‘’la différence’’ pourrait-elle ne pas engendrer de conflits ? Comment, dans le cadre d’une éthique humaniste éclairée par l’amour, ‘’la différence’’ pourrait-elle ne pas être une véritable richesse ? Comment, dans le cadre d’une réalité humaine animée par l’ego, ‘’la différence’’ pourrait-elle ne pas être rejetée ? Entre ces 2 pôles, entre ‘’angélisme’’ et ‘’barbarie’’ dirait ACS, entre ‘’esprit’’ et ‘’matière’’,n’avons-nous pas toujours à trouver notre chemin ? 8

Le droit à la différence est-il légitime ? « Respect de la différence » et « droit à la différence » se confondent –ils ? Egalité ou inégalité de fait ? Egalité de droit ? L’égalité de droit se confond-elle avec le droit à la différence ?

3. Le droit à la différence est-il légitime ? Respect de la différence ? Comme nous le disions récemment ( http://www.cafe-philo.eu/pps_files/respect_diapo.pps ), n’est-ce pas la dignité que l’on reconnait à l’humanité qui fonde le devoir de respecter tout être humain ? Comme nous le disions en juin 2008 ( http://www.cafe-philo.eu/pps_files/egalite_diapo.pps ), n’est-ce pas l’inégalité de fait entre les hommes (autrement dit leurs différences) qui est la règle de la nature à partir de laquelle l’égalité de droits (au nom des valeurs) prend un sens ? Dès lors que les hommes sont par nature différents, respecter l’humanité n’est-ce pas du même coup respecter la différence ? Droit à la différence ? On ne confondra pas l’égalité des droits avec le droit à la différence : Si l’égalité des droits résulte du respect de l’humanité et débouche sur le respect des différences, la tolérance et l’ouverture Le droit à la différence ex abrupto, n’est-il pas d’abord une défense, une sorte d’intolérance et de fermeture à altérité ? Revendiquer le droit à la différence ne revient-il pas à défendre ce que l’on est, plutôt qu’à s’ouvrir à ce que sont les autres ? Contrairement à l’égalité des droits qui constitue une valeur humaniste d’ouverture à autrui, revendiquer le droit à la différence, ne conduit-il pas tout au contraire au repliement égocentrique d’autosatisfaction ? Si respecter la différence c’est respecter autrui, ce qui revient à s’ouvrir aux autres, revendiquer le droit de la différence, n’est-ce pas tout au contraire se replier sur soi ? Si le premier est légitime au nom des valeurs humanistes, le second n’y est-il pas opposé ?

En guise de conclusion « Le métis ici s’appelle Tiers-Instruit. Aime l’autre qui engendre en toi une troisième personne, l’esprit. » Michel Serres ‘’Le tiers-instruit’’ Si la différence règne en vérité, n’y-a-t-il pas que les valeurs éclairées par l’amour qui puissent les équilibrer ?

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Toutes les informations et documents sont disponibles sur : Prochaines réunions Maison des Savoirs (Agde) de 18h30 à 20h : • « Démocratie » mardi 15 mars (exceptionnellement 3 em mardi du mois) • « Sciences » mardi 12 avril Médiathèque A. Malraux (Béziers) de 19 à 21h : « La mort : dernier ou grand voyage ? » mercredi 23 février Toutes les informations et documents sont disponibles sur : http://www.cafe-philo.eu/ 13