IFT313 Introduction aux langages formels

Slides:



Advertisements
Présentations similaires
Les Systèmes de Gestion de Bases de Données (SGBD) PL-SQL.
Advertisements

Cours n° 7 Standard Template Library II.
Cours n° 6 Standard Template Library I.
Traitement sémantique et grammaire dattributs Pr ZEGOUR DJAMEL EDDINE Ecole Supérieure dInformatique (ESI)
1 UMLV 1. Introduction 2. Hachage ouvert 3. Hachage fermé 4. Implémentation des fonctions Méthodes de hachage.
Chap 1 Grammaires et dérivations.
IFT313 Introduction aux langages formels
IFT313 Introduction aux langages formels
IFT313 – Introduction aux langages formels Eric Beaudry Département dinformatique Université de Sherbrooke Laboratoire 4 – JFlex Été 2010.
IFT313 Introduction aux langages formels
IFT313 Introduction aux langages formels
IFT313 Introduction aux langages formels Froduald Kabanza Département dinformatique Université de Sherbrooke planiart.usherbrooke.ca/kabanza/cours/ift313.
Analyse  Syntactique (Compilers, Principles, Techniques and Tools, Aho, Sethi et Ullman, 1986)
IFT313 Introduction aux langages formels Froduald Kabanza Département dinformatique Université de Sherbrooke planiart.usherbrooke.ca/kabanza/cours/ift313.
II. Chaînage, SDD séquentielles
Analyse lexicale Généralités Expressions rationnelles Automates finis
IFT313 Introduction aux langages formels Froduald Kabanza Département dinformatique Université de Sherbrooke planiart.usherbrooke.ca/kabanza/cours/ift313.
IFT451 Introduction aux langages formels Froduald Kabanza Département dinformatique Université de Sherbrooke planiart.usherbrooke.ca/kabanza/cours/ift313.
I.A. Session 2009/2010 E.P.S.I. Bordeaux – C.S.I.I – 2 ème Année – Cours n°3.
Module 4 : Parcours dans un graphe
IFT313 Introduction aux langages formels
IFT313 Introduction aux langages formels
IFT313 Introduction aux langages formels
IFT313 Introduction aux langages formels Froduald Kabanza Département dinformatique Université de Sherbrooke Révision de mi-session.
IFT313 Introduction aux langages formels Froduald Kabanza Département dinformatique Université de Sherbrooke JavaCC.
IFT313 Révision finale Département d’informatique
IFT313 Introduction aux langages formels
IFT313 Introduction aux langages formels Froduald Kabanza Département dinformatique Université de Sherbrooke Grammaires attribuées.
IFT313 Introduction aux langages formels
IFT313 Introduction aux langages formels Froduald Kabanza Département dinformatique Université de Sherbrooke planiart.usherbrooke.ca/kabanza/cours/ift313.
IFT313 Introduction aux langages formels Froduald Kabanza Département dinformatique Université de Sherbrooke Analyseurs récursifs LL (1)
IFT313 Introduction aux langages formels
IFT313 Introduction aux langages formels Froduald Kabanza Département dinformatique Université de Sherbrooke Automates à pile LR Notion de poignée.
IFT 702 – Planification en intelligence artificielle Transformations Froduald Kabanza Département dinformatique Université de Sherbrooke planiart.usherbrooke.ca/kabanza/cours/ift702.
IFT Complexité et NP-complétude
1 CSI3525: Concepts des Languages de Programmation Notes # 3: Description Syntaxique des Languages.
Chapitre 3 Syntaxe et sémantique.
Analyse lexicale et syntaxique
Partie II Sémantique.
Séance d’introduction
Analyse syntaxique Pr ZEGOUR DJAMEL EDDINE
Analyse lexicale Pr ZEGOUR DJAMEL EDDINE
Introduction à Linda Béat Hirsbrunner References Nicholas Carriero, David Gelernter : "Linda in context", Communications of ACM, vol. 32 (n° 4, April 1989)
Rappel Modèle analyse-synthèse de la compilation
Structures de données IFT-2000 Abder Alikacem La récursivité Département d’informatique et de génie logiciel Édition Septembre 2009.
Paradigmes des Langages de Programmation
Dév. d’application interactive III Recherche de chemin.
LES PILES ET FILES.
Laboratoire des outils informatiques pour la conception et la production en mécanique (LICP) ÉCOLE POLYTECHNIQUE FÉDÉRALE DE LAUSANNE 1 Petri nets for.
D.E ZEGOUR Ecole Supérieure d’Informatique. Problèmes de décision Concepts de base Expressions régulières Notation particulière pour exprimer certaines.
ETNA – 1ème année Guillaume Belmas –
IFT313 Introduction aux langage formels
Warm up What type of public and private buildings and type of roads you might expect to see while traveling around a big city in France? How those structures.
Abdelkader Heni FUNDP Syntaxe et sémantique Abdelkader Heni FUNDP
IFT313 – Introduction aux langages formels Eric Beaudry Département d’informatique Université de Sherbrooke Laboratoire sur JFLEX Été 2010.
FRANÇAIS ANGLAIS. EX:3x5x(4- -6)+-9=? P* En premier, (de gauche à droite) on calcule la somme qui est entre la parenthèse, 3x5x(4- -6)+-9, alors, maintenant.
Miguel Garzon CrUise Lab - SITE CSI PROJET 2013 Symmetric Hash Join.
Chap 1 Grammaires et dérivations.
Chap 2. L'analyse descendante
Traversées (Parcours ) de graphes
IFT313 Introduction aux langages formels
IFT313 IFT313 Introduction aux langages formels Froduald Kabanza Département d’informatique Université de Sherbrooke planiart.usherbrooke.ca/kabanza/cours/ift313.
IFT313 Introduction aux langages formels
IFT313 Introduction aux langages formels
IFT313 Introduction aux langages formels
IFT313 Introduction aux langages formels
IFT313 Introduction aux langages formels
IFT313 Introduction aux langages formels
Transcription de la présentation:

IFT313 Introduction aux langages formels Froduald Kabanza Département d’informatique Université de Sherbrooke Analyseurs LL(1) non récursifs

Sujets Table d’analyse LL (1) Générateurs d’analyseurs LL(1) non récursifs Transformer les grammaires ambigües Éliminer la récursivité à gauche (left recursion) Factorisation à gauche (left factoring) IFT313 © Froduald Kabanza

Objectifs Pouvoir générer une table d’analyse LL(1) pour une grammaire donnée. Comprendre et pouvoir décrire et simuler l’algorithme d’analyse LL (1) non récursif. Pouvoir transformer une grammaire non LL(1) en une grammaire LL (1) Pouvoir transformer une grammaire ambigüe en une grammaire non ambigüe. Pouvoir éliminer la récursivité à gauche (left recursion). Pouvoir utiliser la factorisation à gauche (left factoring) IFT313 © Froduald Kabanza

Références [1] Sudkamp, T. A.. Languages and Machines. Third Edition Edition. Addison-Wesley, 2005. Sections 4.3 et 19.6 à 19.7 [2] Appel, A. and Palsberg. J. Modern Compiler Implementation in Java. Second Edition. Cambridge, 2004. Section 3.2 [4] Aho, A., Lam, M., Sethi R., Ullman J. Compilers: Principles, Techniques, and Tools, 2nd Edition. Addison Wesley, 2007. Section 4.3 et 4.4.4 à 4.4.5 IFT313 © Froduald Kabanza

Rappel : Algorithme Driver LL variables : stack (pile), x (symbole au sommet de la pile), a (symbole d’entrée courant), in (entrée) initialement la pile contient $S (le symbole départ S) et l’entrée contient w$ (chaîne de tokens w). while (true) { if (x = = $) && (a= = $) return true ; // on accepte la chaîne d’entrée comme étant correcte if (x = = a) && (a != $) // match transition { pop a from the stack; // dépiler le symbole de la pile a = in.read(); // lire le token (symbole) courant et avancer la tête de lecture continue;} if x is a nonterminal // predictive transition { find a production x  y1 … yk; // trouver une production dont la partie gauche est x // les essayer tous jusqu’à en trouver menant à l’acceptation (backtracking) exit with error if no such production exists; pop x from the stack; push yk on the stack; …; push y1 on the stack; continue; } exit with error; } IFT313 © Froduald Kabanza

Rappel : Nullable, First et Follow Nullable(X) est vrai si et seulement si X peut dériver la chaîne vide en zéro ou plusieurs étapes. First(a) est l’ensemble de terminaux qui peuvent commencer une chaîne dérivée de a. Follow(X) est l’ensemble de terminaux qui peuvent suivre X immédiatement, dans une forme sententielle. En plus, si X peut être le dernier symbole dans une forme sententielle, on ajoute $ à Follow(X). Étant donne une chaîne a, nullable(a) si et seulement si chaque symbole de a est annulable. Étant donne un symbole X et une chaîne g : First(Xg)=First[X] if not nullable[X] First(Xg)=Union(First[X], First(g)) if nullable[X] IFT313 © Froduald Kabanza

Définitions formelles Une définition plus formelle de Nullable, First and Follow est que ce sont les plus petits ensembles pour lesquels les propriétés suivantes sont valides : If S is the start symbol, then Follow[S] contains $; For each terminal symbol a, First(a) = { a }; For each production X  Y1 … Yk If Y1 … Yk are all nullable or (if k = 0) nullable[X] = true; for each i from 1 to k, if Y1… Yi-1 are all nullable (or if i=1) First[X] = Union(First[X], First[Yi]); if Yi+1… Yk are all nullable (or if i=k) Follow[Yi] = Union(Follow[Yi], Follow[X]); for each j from i + 1 to k if Yi+1… Yj-1 are all nullable (or if i+1=j) Follow[Yi] = Union(Follow[Yi], First[Yj]); Pour obtenir les ensembles Nullable, First et Follow, on calcule le point fixe (ou la fermeture) de ces équations. IFT313 © Froduald Kabanza

Rappel: calculer Nullable, First et Follow Algorithme nullableFirstFollow initialize all entries of First and Follow to the empty set and those of nullable to false; set Follow[S] = {$}, where S is the start symbol and $ the end marker; for each terminal symbol a, First(a) = {a}; do { for each production X  Y1…Yk { if Y1…Yk are all nullable or (if k = 0) nullable[X] = true; for (i = 1; i <= k; i++) { if Y1…Yi-1 are all nullable (or if i=1) First[X] = Union(First[X], First[Yi]); if Yi+1…Yk are all nullable (or if i=k) Follow[Y1] = Union(Follow[Yi], Follow[X]); for (j = i+1; j <= k; j++) { if Yi+1…Yj-1 are all nullable (or if i+1=j) Follow[Y1] = Union(Follow[Yi], First[Yj]); } } while First, Follow or nullable is modified in the current iteration IFT313 © Froduald Kabanza

Rappel : comment prédire une production ? Voici les règles pour prédire une production: Si le sommet de la pile est A, et le prochain token est a, alors on prédit la production A  a telle que a est dans First(a). Ainsi le driver LL va appliquer A  a , en remplaçant A par a au sommet de la pile Lorsque a peut dériver la chaîne vide, on prédit la règle A  a si a est dans Follow(A) ou si le prochain token est $ (EOF) et $ est dans Follow(A). Avec ces règles, on peut générer une table d’analyse M, telle que M[A,a] contient la règle de production à appliquer lorsque A est au sommet de la pile et a est le prochain token. IFT313 © Froduald Kabanza

Génération de la table d’analyse LL (1) Algorithm generateLL1ParsingTable Entrée : grammaire G(V, T, P, S); Sortie : table d’analyse M[symbole non terminal, symbole terminal]; Pour toutes les règles de production A  a dans P { Pour tous les terminaux a dans First(a) // a est un élément de T Ajouter A  a to M[A, a]; // A est un élément de V Si nullable(a) // quand c’est annulable, il faut aller voir ce qui peut suivre Pour tous les terminaux a dans Follow(A) Ajouter A  a to M[A, a]; } Mettre error dans chaque entrée de de M non définie (ne contenant pas de règle); IFT313 © Froduald Kabanza

Exemple 1 Pour chaque a dans First(a) S X Y G = (V, A, R, S) : Ajouter A  a to M[A, a]; Si nullable(a) , Pour chaque a dans Follow(A) S X Y nullable false true true First {a, b, c} {b, c} {c} Follow {$} {a, b, c} {a,b, c} G = (V, A, R, S) : V = {X, Y, S} A = {a, b, c} R = { 1. S  a 2. S  X Y S 3. X  b 4. X  Y 5. Y  ε 6. Y  c} Table d’analyse LL(1) a b c $ S S  a S  X Y S S  X Y S S  X Y S X  b X  Y X X  Y X  Y Y Y  ε Y  c Y  ε Y  ε IFT313 © Froduald Kabanza

Exemple 2 Pour chaque a dans First(a) E E’ T T’ F G = (V, A, R, E) : Ajouter A  a to M[A, a]; Si nullable(a) , Pour chaque a dans Follow(A) E E’ T Nullable First Follow true false {(,n} {+} {*} {), $} {+, ), $} T’ F {+,*), $} G = (V, A, R, E) : V = {E, E’, T, T’, F} A = {(, ), +, *, n} R = { E  TE’ E’  + TE’ | ε T  FT’ T’  *FT’ | ε F  ( E ) | n } Table d’analyse ( ) n + $ * E E  TE’ E  TE’ E’ E’+TE’ E’ ε E’ ε T T FT’ TFT’ T’ T’ ε T’*FT’ T’ ε T’ ε F F n F(E) IFT313 © Froduald Kabanza

Algorithme d’analyse LL(1) non récursif Nous pouvons maintenant mettre à jour l’algorithme LLDriver pour qu’il utilise une table d’analyse LL(1) pour prédire une production. Si la table d’analyse générée à partir d’une grammaire contient des entrées avec des productions multiples, la grammaire est dite non LL(1). Pour certaines grammaires qui ne sont pas LL(1), on peut définir des grammaires LL(1) équivalentes par de simples transformations. On en verra certaines plus loin : Éliminer l’ambiguïté Éliminer la récursivité à gauche Factoriser les productions à gauche IFT313 © Froduald Kabanza

Algorithme d’analyse LL (1) non récursif Algorithm LL1Parser Entrée : - table d’analyse de la grammaire; - chaîne d’entrée terminée par $ (fin de fichier). Sortie : - une dérivation de la chaîne d’entrée si elle syntaxiquement correcte; - sinon erreur. IFT313 © Froduald Kabanza

Algorithme d’analyse LL(1) non récursif Algorithm LLDriver variables : stack (pile), x (symbole au sommet de la pile), a (symbole d’entrée courant), in (entrée, suite fini de symboles, lexèmes) initialement la pile contient $S (le symbole départ S) et l’entrée contient w$ (chaîne de tokens w). while (true) { if (x = = $) && (a= = $) return true ; // on accepte la chaîne d’entrée comme étant correcte if (x = = a) && (a != $) // match transition { pop a from the stack; // dépiler le symbole de la pile a = in.read(); // lire le token (symbole) courant et avancer la tête de lecture continue;} if x is a nonterminal // predictive transition { if M[x,a] is error exit with error; let x  y1 … yk the production in M[x,a] pop x from the stack; push yk on the stack; …; push y1 on the stack; continue; } exit with error;} IFT313 © Froduald Kabanza

Exemple Table d’analyse G = (V, A, R, E) : V = {E, E’, T, T’, F} E  TE’ E’  + TE’ | ε T  FT’ T’  *FT’ | ε F  ( E ) | n } n + * E E  TE’ $ E’ E’+TE’ E’ ε T T FT’ TFT’ T’ T’ ε T’*FT’ F F n F(E) ( ) IFT313 © Froduald Kabanza

0. stack = ($S); a = in.read(); x=stack.top(); while (true) { + * E E  TE’ $ E’ E’+TE’ E’ ε T T FT’ TFT’ T’ T’ ε T’*FT’ F F n F(E) ( ) Entrée : n+n*n Algorithm LLDriver 0. stack = ($S); a = in.read(); x=stack.top(); while (true) { 1. if (x = = $) && (a= = $) return true ; 2. if (x = = a) && (a != $) { pop a from stack; a = in.read(); continue;} 3. if x is a nonterminal { if M[x,a] is error exit with error; let x  y1 … yk in M[x,a] pop x from stack; push y on stack; continue; } 4. exit with error;} Étape Règle Pile Entrée 0. 3. 2. 1. E  TE’ T  FT’ F  n T’  ε E’  +TE’ T’  *FT’ T’ ε E’ ε $E $E’T $E’T’F $E’T’n $E’T’ $E’ $E’ T+ $E’ T $E’T’F* $ n+n*n$ +n*n$ n*n$ *n$ n$ $ return true IFT313 © Froduald Kabanza

Quelques considérations pratiques L’algorithme LL1Driver produit une dérivation de l’entrée, plus précisément une séquence de règles de production qui dérivent la chaîne d’entrée. Cet algorithme est essentiellement un automate à pile LL déterministe qui simule la dérivation la plus à gauche. Pour obtenir un processeur de langage (interpréteur ou compilateur), on peut associer les règles de production avec des actions qui seront exécutées chaque fois qu’une production est appliquée. Ces actions s’appellent des routines sémantiques ou des actions sémantiques. Il faut ajouter aussi les gestions des erreurs. IFT313 © Froduald Kabanza

Quelques considérations pratiques Un générateur d’analyseur LL(1) non récursif prend comme entrée une grammaire avec des actions sémantiques et génère un parseur pour cette grammaire. Un tel générateur fonctionne comme suit. Il a comme coquille le code du driver LL(1), qui est indépendant de la grammaire. À partir de la grammaire, il génère une table d’analyse. Il combine ensuite le code du driver LL(1) avec la table d’analyse pour obtenir le parseur. Cela vous rappelle-t-il quelque chose ? Les générateurs d’analyseurs lexicaux bien sûr. Un tel générateur emploie une approche similaire: un scanner est obtenu en combinant un DFA driver avec une table de transitions d’un DFA obtenue d’une spécification d’expressions régulières avec des actions associées. IFT313 © Froduald Kabanza

Quelques considérations pratiques Il est possible de généraliser l’analyse LL(1) à l’analyse LL(k), pour un entier k fixé : un analyseur LL(k) prédit une production en se basant sur le symbole au sommet de la pile et les k prochains lexèmes (tokens). Plus k est grand, plus l’analyseur a une grande puissance d’expressivité, mais aussi plus il est compliqué à coder et souvent il est moins rapide. De plus, la table d’analyse est beaucoup plus volumineuse. Une grammaire est dite LL(k) si et seulement si le langage généré par la grammaire est analysable par un analyseur LL(k). Pour beaucoup de langages de programmation, l’analyse LL(1) suffit moyennant quelques extensions, comme l’ajout de règles de priorité. IFT313 © Froduald Kabanza

Transformer une grammaire ambigüe Nous avons vu que la grammaire suivante est ambigüe parce qu’elle produit deux arbres d’analyse différentes pour la même entrée. Donc on pourrait avoir deux dérivations les plus à gauche différentes pour la même entrée. G = (V, A, R, Exp) : V= {Exp} A = {(, ), +, *, num} R = { Exp  num Exp  ( Exp ) Exp  Exp + Exp Exp  Exp * Exp } Exp * + num Exp + num * IFT313 © Froduald Kabanza

Transformer une grammaire ambigüe La plupart des générateurs d’analyseurs syntaxiques permettent la spécification de « règles de priorité » qui assure que la chaîne d’entrée a une seule interprétation possible. Toutefois, dans d’autres cas, on n’a pas d’autres choix que de réécrire la grammaire en une grammaire équivalente acceptable pour une analyse LL(1) (ou, pour plus tard, LR(1)) . Cependant, il n’existe pas de méthode systématique pour une telle opération de transformation de grammaire ambiguë en une grammaire non ambiguë. Il faut se servir de l’intuition et de l’expérience. IFT313 © Froduald Kabanza

Exemple 1 1/2 Pour obtenir une grammaire non ambigüe équivalente à la précédente, intuitivement on aimerait spécifier que l’opérateur de multiplication (*) a une priorité sur celui d’addition (+), de sorte que num + num * num soit interprété comme num + (num * num). Deuxièmement, on voudrait spécifier que chaque opération est évaluée par l’associativité à gauche, de sorte que la seule interprétation possible pour num - num - num soit (num – num) – num (plutôt que num – (num – num)). Nous pouvons faire cela en introduisant de nouveaux symboles non terminaux et de nouvelles règle de production. Traditionnellement, les facteurs (F) sont les nombres qu’on multiplie et les termes (T) les nombres qu’on additionne; on introduit donc les symboles F et T pour réécrire la grammaire. IFT313 © Froduald Kabanza

Exemple 1 2/2 Grammaire équivalente non ambigüe: Grammaire ambigüe : G = (V, A, R, E) : V= {E} A = {(, ), +, *, n} R = { E  E + E E  E * E E  ( E ) E  n } Grammaire équivalente non ambigüe: G = (V, A, R, E) : V= {E, F, T} A = {(, ), +, *, n} R = { E  E + T E  T T  T * F T  F F  ( E) F  n } IFT313 © Froduald Kabanza

Exemple 2 1/3 Considérons la grammaire S  if E then S else S | if E then S | other E  c Cette grammaire est ambiguë que l’instruction if c1 then if c2 then s1 else S2 a deux arbres de dérivation. L’interprétation habituelle du « if then else » est que «chaque else est associé au plus récent if sans else correspondant». Cette interprétation correspond au premier arbre. S E then if c1 E then s1 if c2 else s2 S E then if c1 else s2 S pour Statement C pour condition S E then S1 if c2 IFT313 © Froduald Kabanza

Récursivité à gauche (left recursion) La nouvelle grammaire n’est pas ambigüe. Il y a toujours un seul arbre d’analyse possible pour une chaîne de lexèmes (tokens) du langage. Toutefois, la nouvelle grammaire n’est pas pratique pour l’analyse LL(1). Les productions E  E + T | T vont causer des entrées multiples dans la table d’analyse LL(1), vu que tout token dans First(T) sera aussi dans First(E + T). Le problème est que E apparaît comme premier symbole de la partie droite d’une production commençant par E. Ça s’appelle la récursivité à gauche (left-recursion). Plus précisément, une grammaire est dite récursive à gauche (left-recursive) si elle a un non terminal A tel qu’il est possible d’avoir une dérivation A => Aa. L’analyse descendante ne peut pas gérer la récursivité à gauche. Par conséquent, il nous faut une transformation permettant de passer d’une grammaire récursive à gauche à une grammaire non récursive à gauche. La nouvelle grammaire n’est pas ambigüe. Il y a toujours un seul arbre d’analyse possible pour une chaîne de lexèmes (tokens) du langage. Cela veut dire qu’il y a une seule dérivation la plus à gauche (ou une seule dérivation la plus à droite) pour une chaîne de lexèmes (tokens). IFT313 © Froduald Kabanza

Éliminer la récursivité à gauche Pour éliminer la récursivité à gauche pour les productions E  E + T | T , on les réécrit avec une récursivité à droite. Plus précisément, on introduit un nouveau non-terminal E’ et on écrit : E  TE’ E’  +TE’ E’  ε De manière plus systématique, chaque fois qu’on a deux productions X Xg et X a, cela veut dire qu’elle génèrent le langage décrit par l’expression régulière ag*, c’est à dire, un a suivi par zéro ou plusieurs g. On peut réécrire cette expression régulière par des productions récursives à droite comme suit : X  Xg1 X  a1 X  Xg2 X  a2 X  a1 X’ X  a2 X’ X’  g1 X’ X’  g2 X’ X’  ε devient IFT313 © Froduald Kabanza

Exemple Grammaire équivalente non récursive à gauche: G = (V, A, R, E) : V = {E, E’, T, T’, F} A = {(, ), +, *, n} R = { E  TE’ E’  + TE’ | ε T  FT’ T’  *FT’ | ε F  ( E ) | n} Grammaire récursive à gauche : G = (V, A, R, E) : V= {E, F, T} A = {(, ), +, *, n} R = { E  E + T E  T T  T * F T  F F  ( E) F  n } IFT313 © Froduald Kabanza

Factorisation à gauche Une situation un peu similaire à la récursivité à gauche est lorsque deux productions ayant la même partie gauche ont des parties droites ayant un préfixe commun. Cela conduit à des entrées multiples dans la table d’analyse LL(1). Cs-à-d., si la grammaire contient deux production A  1 | 2 , si l’entrée contient une chaîne non vide dérivée de , on ne peut pas savoir s’il faut dériver A vers 1 ou vers 2. Cependant on peut différer la décision, en dérivant A vers X, où X est un nouveau non-terminal. Une fois que nous avons scannée l’entrée dérivée de , on peut alors dériver X vers 1 ou vers 2. Autrement dit, peut factoriser la grammaire à gauche, en introduisant un nouveau non terminal pour représenter le suffixe sur lequel les deux productions diffèrent, comme suit : A  X X  1 | 2 IFT313 © Froduald Kabanza

Exemple de factorisation à gauche 1/3 Soit la grammaire S  if E then S else S | if E then S | other E  num Nous avons vu que cette grammaire est ambiguë. Nous avons vu aussi une grammaire non ambiguë équivalente. Au lieu de travailler avec la grammaire non ambiguë équivalente, on pourrait factoriser la grammaire à gauche, comme suit : S ® if E then S X | other X ® else S | ε Cette grammaire est équivalente. Elle est toujours ambiguë. Elle va donc générer un conflit dans la table d’analyse LL(1). Par contre, c’est un conflit plus facile à gérer comparé au conflit dans la grammaire d’origine. IFT313 © Froduald Kabanza

Exemple de factorisation à gauche 2/3 En effet la table d’analyse de la grammaire S ® if E then S X | other X ® else S | ε E  c est L’entrée [X, else] a un conflit reflétant l’ambiguité dans le choix de la règle de pruction à utiliser pour X lorsque le prochain token est else. other c else if then $ S S ® other S ® if E then S X X X ® else S X ® ε E E  num IFT313 © Froduald Kabanza

Exemple de factorisation à gauche 3/3 L’entrée [X, else] a un conflit reflétant l’ambiguité dans le choix de la règle de pruction à utiliser pour X lorsque le prochain token est else. On peut résoudre cet ambiguïté, en retant juste la règle X ® else S dans l’entrée [X, else]. Cela revient associer else avec le plus récent then. other c else if then $ S S ® other S ® if E then S X X X ® else S X ® ε E E  c Remarquer qui son choisisait X -> epsilon, ça aurait comme effet d’empêche else d’être jamais mis sur la pile ou lu comme prochain token. Ce qui suggère que ce serait définitivement un mauvais choix! (Voir Aho et al., page 191). IFT313 © Froduald Kabanza

Stratégies de recouvrement d’erreurs Une erreur apparaît lorsque la chaîne d’entrée n’est pas syntaxiquement correcte : Soit on a un token au sommet de la pile, mais il diffère de celui à l’entrée Soit on a un non terminal x au sommet de la pile et M[x,a] est vide. En pratique, on ne veut pas arrêter l’analyse à la toute première erreur. Aimeriez-vous un compilateur qui vous donne uniquement une seule erreur à la fois ? On veut continuer l’analyse syntaxique jusqu’à un certain nombre d’erreurs ou jusqu’à un certain niveau de sévérité d’erreur. Les stratégies de recouvrement typiques consistent à réparer la chaîne d’entrée pour que l’analyse continue. En particulier, on pourrait: Insérer des tokens supposément manquants. Supprimer des tokens supposément de trop. Remplacer des tokens supposément erronés. IFT313 © Froduald Kabanza

Stratégies de recouvrement Algorithm LLDriver variables : stack (pile), x (symbole au sommet de la pile), a (symbole d’entrée courant), in (entrée) initialement la pile contient $S (le symbole départ S) et l’entrée contient w$ (chaîne de tokens w). while (true) { if (x = = $) && (a= = $) return true ; // on accepte la chaîne d’entrée comme étant correcte if (x = = a) && (a != $) // match transition { pop a from the stack; // dépiler le symbole de la pile a = in.read(); // lire le token (symbole) courant et avancer la tête de lecture continue;} if x is a nonterminal // predictive transition { if M[x,a] is empty error(x,a); // recouvrement d’erreur let x  y1 … yk the production in M[x,a] pop x from the stack; push yk on the stack; …; push y1 on the stack; continue; } error(x,a);} // recouvrement d’erreur IFT313 © Froduald Kabanza

Insertion de tokens manquants Pour insérer un token manquant de l’input, on n’a pas besoin de l’ajouter explicitement à la chaîne d’entrée. Il suffirait de prétendre que le token est présent, imprimer un message approprié et continuer normalement. Pour ce cas, la fonction error(x,a) pourrait procéder comme suit : Si x, le symbole au sommet de la pile, est un token, afficher le message “Expected ‘x’ on the input”. Si x est un non terminal, afficher le message “Expected, ‘a1’, …, ‘an’ on the input”, tel que ‘ai’ sont les tokens pour lesquels l’entrée M[x, ai] est définie (l’entrée dans la table M est non vide). Dépiler et lire le prochain token : pop x from the stack; a = in.read(); IFT313 © Froduald Kabanza

Exemple 1 Entrée : n n*n Algorithm LLDriver + * E E  TE’ $ E’ E’+TE’ E’ ε T T FT’ TFT’ T’ T’ ε T’*FT’ F F n F(E) ( ) Exemple 1 Entrée : n n*n Algorithm LLDriver 0. stack = ($S); a = in.read(); x=stack.top(); while (true) { 1. if (x = = $) && (a= = $) return true ; 2. if (x = = a) && (a != $) { pop a from stack; a = in.read(); continue;} 3. if x is a nonterminal { if M[x,a] is error exit with error; let x  y1 … yk in M[x,a] pop x from stack; push y on stack; continue; } 4. exit with error;} Étape Règle Pile Entrée 0. 3. 2. 1. E  TE’ T  FT’ F  n T’  ε E’  +TE’ T’  *FT’ T’ ε E’ ε $E $E’T $E’T’F $E’T’n $E’T’ $E’ $E’ T+ $E’ T $E’T’F* $ n n*n$ n n*n$ n*n$ Error : expected +, *, ), or $  +n*n$ On suppose le + +n*n$ n*n$ *n$ n$ $ Ici, il y a plusieurs possibilités. Le parseur pourrait : abandonner, choisir la première possibilité, ou alors choisir la plus courrante à supposer qu’il maintient une table des fréquences des erreurs qui aboutissent à un parsing avec succès dans une telle situation. Report the error IFT313 © Froduald Kabanza

Exemple 2 Entrée : n+*n Algorithm LLDriver E  TE’ $ E’ E’+TE’ E’ ε T T FT’ TFT’ T’ T’ ε T’*FT’ F F n F(E) ( ) Exemple 2 Entrée : n+*n Algorithm LLDriver 0. stack = ($S); a = in.read(); x=stack.top(); while (true) { 1. if (x = = $) && (a= = $) return true ; 2. if (x = = a) && (a != $) { pop a from stack; a = in.read(); continue;} 3. if x is a nonterminal { if M[x,a] is error exit with error; let x  y1 … yk in M[x,a] pop x from stack; push y on stack; continue; } 4. exit with error;} Étape Règle Pile Entrée 0. 3. 2. 1. E  TE’ T  FT’ F  n T’  ε E’  +TE’ T’  *FT’ T’ ε E’ ε $E $E’T $E’T’F $E’T’n $E’T’ $E’ $E’ T+ $E’ T $E’T’F* $ n+*n$ +*n$ *n$ Error: expected n or (. n*n$ Si on suppose n. n*n$ *n$ n$ $ Report the error IFT313 © Froduald Kabanza

Exemple 3 . . . . Entrée : n+*n Algorithm LLDriver E  TE’ $ E’ E’+TE’ E’ ε T T FT’ TFT’ T’ T’ ε T’*FT’ F F n F(E) ( ) Exemple 3 Entrée : n+*n Algorithm LLDriver 0. stack = ($S); a = in.read(); x=stack.top(); while (true) { 1. if (x = = $) && (a= = $) return true ; 2. if (x = = a) && (a != $) { pop a from stack; a = in.read(); continue;} 3. if x is a nonterminal { if M[x,a] is error exit with error; let x  y1 … yk in M[x,a] pop x from stack; push y on stack; continue; } 4. exit with error;} Étape Règle Pile Entrée 0. 3. 2. . E  TE’ T  FT’ F  n T’  ε E’  +TE’ . $E $E’T $E’T’F $E’T’n $E’T’ $E’ $E’ T+ $E’ T $E’T’)E( $E’T’)E . n+*n$ +*n$ *n$ Error: expected n or (. (*n$ Si on suppose (. (*n$ *n$ Error: expected n*n$ Si on suppose n. . On constante que le langeur de la chaîne d’entrée oscille depuis la première erreur. On consomme le prochain token et plus tard on le rajoute sans avoir avancer plus loin dans la chaine d’entrée! Il y a donc des risques d’osciller sans fin. IFT313 © Froduald Kabanza

Recouvrement d’erreurs par insertion de tokens Le recouvrement d’erreur par insertion de tokens est à utiliser avec précaution parce que une cascade d’erreurs risque de mener à une situation où les tokens sont insérés (plus exactement, sont supposés présents) indéfiniment, de sorte que la chaine d’entrée n’est jamais vidée, c-à-d., menant à une boucle sans fin. IFT313 © Froduald Kabanza

Recouvrement d’erreurs par suppression de tokens Le recouvrement d’erreur par suppression de tokens est plus sécuritaire parce qu’il garantie toujours que la chaîne d’entrée va être vidée. Étant donné x, le symbole au sommet de la pile, la stratégie est, en cas d’erreur, de sauter (supprimer) les prochains tokens jusqu’au premier token x, si x est un token, ou jusqu’au premier token dans dans Follow(x) si x est un non terminal. Pour ce cas, la fonction error(x,a) va procéder comme suit : Si x, le symbole au sommet de la pile, est un token, afficher le message “Expected ‘x’ on the input”. Si x est un non terminal, afficher le message “Expected, ‘a1’, …, ‘an’ on the input”, tel que ‘ai’ sont les tokens pour lesquels l’entrée M[x, ai] est définie (non vide). Dépiler x; Si x est un token, avancer la tête de lecture juste après le prochain token x (c-à-d., a devient ce token). Si x est un non terminal, avancer la tête de lecture jusqu’au prochain token dans Follow(x) (c-à-d., a devient ce token). IFT313 © Froduald Kabanza

Exemple 4 Entrée : n+ *n Algorithm LLDriver E  TE’ $ E’ E’+TE’ E’ ε T T FT’ TFT’ T’ T’ ε T’*FT’ F F n F(E) ( ) Exemple 4 Entrée : n+ *n Algorithm LLDriver 0. stack = ($S); a = in.read(); x=stack.top(); while (true) { 1. if (x = = $) && (a= = $) return true ; 2. if (x = = a) && (a != $) { pop a from stack; a = in.read(); continue;} 3. if x is a nonterminal { if M[x,a] is error exit with error; let x  y1 … yk in M[x,a] pop x from stack; push y on stack; continue; } 4. exit with error;} Étape Règle Pile Entrée 0. 3. 2. 1. E  TE’ T  FT’ F  n T’  ε E’  +TE’ E’ ε $E $E’T $E’T’F $E’T’n $E’T’ $E’ $E’ T+ $E’ T $ n+*n$ +*n$ *n$ Error: expected n or (. *n$ Avancer jusqu’à au prochain terminal dans Follow de E’ $ Pour rappel (Slide 11), Follow(E’) = {),$} Report the error IFT313 © Froduald Kabanza

Résumé Nous avons vu un nouvel algorithme pour l’analyse syntaxique non récursive, LL1Driver. Il utilise une table d’analyse, générée à partir de la grammaire. Des transformations peuvent être nécessaires pour avoir grammaire LL(1). Au lieu du driver LL1 et de la pile, on peut écrire un analyseur syntaxique en considérant chaque règle de production comme un appel de fonction qui implémente une étape de dérivation et en « matchant » les tokens chaque fois qu’ils apparaissent dans une dérivation. Ceci donne lieu à un analyseur descendant récursif. La table d’analyse LL(1) demeure toujours nécessaire même dans ce cas. C’est l’approche utilisée par JavaCC. Nous la verrons à la leçon suivante. IFT313 © Froduald Kabanza