Francis Ponge ( ) et Jean Fautrier ( )

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Transcription de la présentation:

Francis Ponge (1899-1988) et Jean Fautrier (1898-1964) D’ailleurs… Francis Ponge (1899-1988) et Jean Fautrier (1898-1964)

« Note sur Les Otages, peintures de Fautrier », 1945

« […] chaque toile vous attire, vous amène à elle, provoque en vous un mouvement, vous incite à une action virile. […] Après Picasso : masculin, léonin, solaire, membre viril, érection, ligne se dressant, rugissant, offensif, s’extériorisant, conduisant à l’attaque, Fautrier représente le côté de la peinture féminin et félin, lunaire, miaulant, étalé en flaques, marécageux, attirant, se retirant (après tentatives de provocation). Attirant chez lui, appelant chez lui, à son intérieur. Pour vous griffer ? » (Francis Ponge, L’Atelier contemporain, Gallimard, 1977, p. 36. Désormais: A. C.)

« Des tableaux sont exposés dans une galerie « Des tableaux sont exposés dans une galerie. Le public ne vient pas, ou au contraire vient, regarde. ça ne lui plaît pas, ou ça lui plaît, il achète. Les tableaux sont décrochés (des billets de mille sont empochés), puis accrochés chez les amateurs qui les regardent à loisir. Voilà, c’est tout. On pourrait même, dans telle galerie, interdire toute parole, n’accepter que les billets de mille, et le geste d’emporter la toile. […] Voici le public à la galerie. On lui dit  : c’est bien, pour telle ou telle raison. On lui fournit des raisons pour s’expliquer cela à lui-même et à ses amis. Il faut cela. Nous sommes chez les hommes, après tout. Espèce à paroles. Espèce bavarde. Espèce qui change d’avis selon paroles. Espèce pas très sûre de ses désirs ou plaisirs. […] Écoutez donc ces messieurs littérateurs : gens de goût par définition, et qui ont fait leurs preuves. Car eux, ils ont emporté ces tableaux chez eux, les ont gardés un bon bout de temps. ça c’est une garantie. […] Eh bien ! prenons le comme un défi. […] Et puis cela doit nous rapporter quelque argent (bien utile l’argent, ne serait-ce que pour nous permettre d’écrire d’autres choses, des écrits d’une autre sorte). Quelque argent et une ou deux de ces peintures. Pour nous rincer l’œil ad vitam æternam. Allons ! Cela vaut bien la peine : J’aime les peintures de Fautrier. » (A. C., pp. 17-20)

« Fautrier a fait ces dessins très simplifiés qui sont aussi des têtes d’otages. Il est évident que c’est aussi O et T, c’est-à-dire les incipits du mot Otage. Je n’y peux rien, c’est comme cela. C’est une espèce de signe valable, et aussi imposant et aussi bien trouvé que simplement le signe de la croix. C’est autre chose, parce qu’il y a l’espèce de lacet qui entoure la croix et qui signifie aussi le drame de l’amputation des hommes. Mais tout ça n’est pas du tout voulu. » (Francis Ponge, Ponge inventeur et classique, U.G.E., 1977, p. 425.)

« Paroles à propos des nus de Fautrier » (non daté)

« Paroles à propos de Fautrier, comme notre naturel d’ailleurs nous y porte, tout ce qui se pouvait d’intelligent ayant été dit, nous nous rapprocherons de la bêtise. Constatons-le : chaque onde, ici, en premier lieu sourcille, et montre à quitter la place où surgit la sourde agitation de sa promesse, une lenteur extrême dans l’assentiment. Mais quelle source, nous dira-t-on ? Nous n’en dirons pas plus. […] Quelle source ? Motus. Sous le sceau de la rose, motus. » (A. C., p. 137)

« Voici, ma Conchita, aux lèvres de ta conque, c’est-à-dire à l’endroit où nos vagues déferlent, une belle occasion d’en finir. » (A. C., p. 138)

« Paroles, crevez ainsi comme des bulles, laissant un orifice, un cratère au sommet de votre gonflement muet, votre mamelon. O bouches, os, oris, oracles, orifices : Voilà encore une métaphore pour le rut du corps féminin. » (A. C., p. 138)

« Fautrier, d’un seul bloc fougueusement équarri » (non daté)

« Fautrier est un des rares peintres qui puissent peindre non un ensemble, mais un seul objet ; et même un tronçon d’objet lui suffit, chaque tronçon de son œuvre sonnant comme la peinture, comme la lyre elle-même. Toutefois, pour bien marquer que ce que j’ai dit des limites s’applique plutôt à l’objet ou à la personne-peinture qu’à l’objet extérieur qui en fut le prétexte (ou le suscitateur, pour donner l’élan initial), lorsque je parle d’un épanouissement aux limites dans chaque œuvre de Fautrier, il faut bien remarquer que ces limites, fort abruptes puisqu’elles sont ici marquées par une différence de relief, ne correspondent nullement, en aucun cas, aux contours de l’objet prétexte. » (A. C., p. 144)

« A la gloire de Fautrier » (non daté)

« Voici le moment pour eux [les critiques] de baisser la tête, puisque voici, pour cette œuvre, le moment de son élévation. Et voici donc enfin dans le silence, un art à la mesure de nos goûts. Voici des ellipses grandioses et gracieuses. Voici nos dieux, nos paysages, nos objets. Enlevés, maintenus dans un enthousiasme rythmé. Probablement l’une des plus grandes œuvres que la France ait produites au monde, depuis Poussin (ou Racine). » (A. C., p. 199)

« Nouvelles notes sur Fautrier, crayonnées hâtivement depuis sa mort » (11-31 août 1964)

« Il était maigre, à la fin de ce printemps, comme un loup d’hiver quand il va sortir du bois, pour un grand saccage dans les poulaillers des Beaux-Arts. » (A. C., p. 254) « Patte de velours et tout à coup les griffes : il y aura (il y a eu) sensation aiguë, minces sillons ou ruisselets de sang, puis caillots, mottes, croûtes en relief et enfin, après plusieurs jours, cicatrices ton sur ton : stigmates. » (A. C., p. 256)

« Une torche perpétuellement alimentée par la bêtise et l’incompréhension ambiantes, et dont la passion passait par les mains ; Une torche aux mains adroites, précautionneuses, aux gestes soigneux et magistraux, qui travaillait debout et, peignant à plat, terminait à plat – saisie d’un vif sentiment de sa supériorité – des œuvres souvent inscrites dans un ovale allongé. » (A. C., p. 261) « Il est un moment où un grand artiste décide d’en finir, de couper court, de trancher. Cela confère à l’œuvre enfin délivrée, un aspect abrupt qui ajoute à l’impression de grandeur […]. » (A. C., p. 264)

« Fautrier, Body and Soul » (1975) « Franchement, j’aimerais qu’on me le dise, à quoi ça ressemble ! ça, quoi ? La peinture de Fautrier. » (A. C., p. 353)

« La touche, qu’est-ce que cela peut être, sinon l’effet d’un geste, où le corps tout entier – c’est à dire (n’est-ce pas ?) Body and Soul – se trouve impliqué […]. Car ne sent-on pas dans ces dessins de sculpteur que sont les dessins de nus féminins de Fautrier, si proches de ceux de Rodin, si éloignés de ceux de Matisse, ces accents qui tiennent du toucher (voire de la déchirure, de l’entaille) érotique […] ? » (A. C., p. 354)

« Puisque ma plume hic et nunc vient de nous y amener, voici bien l’instant pour moi d’en venir au très fameux homme de lettres, […] dont l’œuvre, beaucoup mieux qu’aucune œuvre de peintre, me paraît l’homologue de celle de Fautrier. A Racine. A celui qui, sur la séculaire dramaturgie, sur l’universel théâtre des passions, bref, sur la Tragédie, mit le sceau de la Qualité Française, imprima le cachet de la France. » (A. C., p. 355)   « Tous deux, à l’œuvre, jouant et jouissant en maîtres de l’épaisseur sémantique et charnelle du langage par chacun choisi, tous deux ont pétri l’ombre et la lumière, le clair et l’obscur, la chair et l’âme, la boue et les émaux – et resserré, circonscrit cette matière dans les strictes limites de l’unité de temps et de lieu. » (A. C., p. 356) « Lecteur, pour en finir comme il se doit tout bref, redonnant à médaille son sens figuré – celui de témoin permanent –, je nommerai l’œuvre de Jean Fautrier la médaille de notre Nation. » (A. C., p. 357)