Oraisons du père Eugène Prévost, c.f.s. sur la vie damour et dintimité avec Jésus Hostie 38. Lamour de compassion ***** Acte dadoration. – Adorons Jésus au très Saint Sacrement, Jésus isolé, silencieux, abandonné de la plupart des hommes et nen restant pas moins le Dieu de toute majesté, notre Sauveur, notre récompense éternelle. Acte daction de grâces. – Remercions Jésus du fond du coeur de ne pas cesser daimer lhumanité et de continuer de répondre par des bienfaits sans nombre à lingratitude des hommes. Acte dinvocation. – Supplions Jésus de nous faire part de ses douleurs, de nous associer à son état dimmolation et de nous apprendre à nous sacrifier pour expier avec lui les péchés du monde. *** Jésus veut être aimé, il est à la recherche dâmes compatissantes, il nous supplie de laimer et de lui donner une compensation à labandon quasi universel des hommes. Si Jésus est notre tout, si nous laimons de toutes nos forces, nous devons nous réjouir de ses joies et nous attrister de ses peines; nous devons chercher à laimer pour ceux qui ne laiment pas, et le nombre en est si grand! *** Jésus est là qui attend, qui supplie, qui met en oeuvre toutes les industries de son amour et tous les secours de sa grâce : et il reste abandonné, délaissé! Y a-t-il quelque chose de plus pénible à lamour que de se voir méprisé? Y a-t-il un affront plus vil infligé à la bonté et à la miséricorde, que de pousser lindifférence jusquà loubli et au mépris? En face de cette conduite de limmense majorité des hommes à légard de Jésus, nous ne sentirions point notre amour de compassion se raviver? Nous qui prétendons aimer Jésus et qui en réalité voulons laimer, nous néprouverions pas le besoin de nous attrister avec Jésus et de redoubler damour pour compenser celui que tant dâmes lui refusent; et ainsi

nous efforcer de lui faire oublier les mépris, les indifférences, les offenses dont il est lobjet? *** Notre Jésus nest pas seulement méconnu; mais il est maltraité, outragé, persécuté. Les péchés de faiblesse lui sont une grande peine, mais les péchés de malice latteignent en plein coeur! Cest lui, la divine Victime, qui reçoit tous les coups; ne voudrons-nous pas les lui épargner, ou tout au moins en atténuer la douleur par lardeur et la délicatesse de notre amour? Comment aimer Jésus, et ne pas souffrir avec lui de lingratitude et des outrages des hommes! Comment ne pas prendre notre part des expiations que réclament tant de péchés! Nous aimerions et nous ne saurions pleurer avec Jésus qui pleure? Nous hésiterions à verser notre sang, en le mêlant à celui de la divine Victime? Nous ne voudrions pas mourir avec Jésus donnant sa vie pour les ingrats et les coupables? La pensée que celui que nous aimons est ainsi maltraité, quil est universellement outragé et le jour et la nuit, que la multitude des hommes passe à côté de lui en branlant la tête, en lui jetant linsulte à la face, en méprisant son amour, ses souffrances et sa mort, nest-elle pas capable de nous faire fondre damour pour Jésus? *** Il ne peut suffire à notre amour de pleurer nos propres péchés; nous sommes tenus de compatir aux douleurs de Jésus et de laimer dans la mesure où les hommes labandonnent. Pensons quil sagit de Jésus, de celui qui nous a tant aimés, de celui qui ne cesse de nous combler, qui na pour nous que des bontés et des tendresses. Celui qui fait notre bonheur sur la terre et sera notre récompense au ciel, est indignement traité par les pécheurs; notre coeur doit en être douloureusement ému. Nous devons être prêts à toutes les peines, pour lui épargner de tels outrages. Notre amour doit nous pousser à tout sacrifier, pour lui donner quelque compensation. *** Nous qui connaissons le Coeur de notre Maître, nous savons toutefois quil est une douleur plus grande encore, parce quelle est plus délicate et plus intime, cest celle de se voir méprisé et outragé par ceux quil a choisis dans son amour pour se les consacrer, qui font profession dêtre à lui sans réserve et sans retour. À la pensée des péchés des âmes consacrées, des

vierges du cloître, des épouses de Jésus, des ministres de lautel, des prêtres du sanctuaire, comment notre coeur ne serait-il pas abreuvé damertume? Écoutons les battements du Coeur meurtri de Jésus, mêlons nos larmes aux siennes, acceptons la souffrance, offrons-nous à Jésus pour réparer ces inconcevables infidélités et faire contrepoids à tant dingratitudes. *** Oh! comme notre amour de compassion doit sans cesse se raviver en pensant à tout ce que Jésus subit dindifférence, dabandons, de mépris, doutrages de la part de ceux quil a le plus aimés! Que cela nous rende généreux dans la pratique des vertus, dans nos efforts pour nous corriger de nos défauts, dans les tentations qui nous assaillent, dans les luttes de tout genre que nous subissons, dans les sacrifices que réclame sans cesse Jésus, dans les immolations constantes inséparables de notre appartenance totale à Jésus. Chaque fois que quelque chose de pénible se présente, quun effort simpose, que nos devoirs détat réclament plus dénergie, de constance et de générosité, pensons à Jésus universellement offensé, délaissé dans tant de tabernacles, abandonné souvent par ses amis et ses privilégiés, et montrons-nous pleins dardeur pour lui donner des compensations par notre fidélité; laissons-nous émouvoir par tant doutrages dont il est lobjet, exprimons-lui notre amour par des marques renouvelées de compassion et de tendresse. *** Ne craignons pas de nous imposer des sacrifices et des pénitences volontaires. En cela nous ressemblerons davantage à notre divin Maître, qui na souffert et ne sest immolé que parce quil la voulu. Dans sa sagesse, il a choisi la souffrance comme manifestation de son amour; à son exemple, et parce que nous laimons, soyons heureux de souffrir pour lui et de réparer un peu par ce moyen les outrages et les ingratitudes des hommes. Quel honneur pour nous de souffrir avec Jésus! Quelle joie profonde de pouvoir le consoler! Quelle béatitude de mettre tout notre bonheur à laimer! ***

Invocation à Marie Demandons à la très Sainte Vierge, qui a su compatir si maternellement aux souffrances de son Fils, de développer dans notre âme cet amour de compassion qui nous unira plus intimement à Jésus, la divine Victime. Aspiration Ô Jésus, pour vous plaire et pour répondre à vos divins désirs, je vous servirai parce que je vous aime, et je penserai fréquemment aujourdhui aux outrages qui vous sont faits par les pécheurs, afin dy compatir et den prendre occasion de vous aimer avec plus de ferveur et de générosité. Jésus! Jésus seul!