AQUERES MOUNTAGNES
Les magnifiques photos de ce diaporama ont été prises par Régis Faustin, photographe de ma ville. Elles ont été publiées dans un livre envoûtant : « Estives », aux éditions Mon Hélios, route de l’Abreuvoir, à Gurmençon, un petit village à côté d’Oloron-Ste-Marie. Vous voyez, nous restons entre béarnais ! Mais Régis Faustin m’a aimablement donné l’autorisation de vous partager ces prises de vues. Je le remercie ici.
Il nous invite : on y va ?
Où ? Mais là, bien sûr, à l’estive ! Regardez le troupeau égayé autour du cayolar ! Imaginez le son des clarines dans l’air pur des sommets !
Alors, en route, au pas lent du troupeau ! Le départ est matinal…
Derrière suivent tranquillement les petits ânes dociles chargés de tout le nécessaire : l’été est long, et il faut vivre isolé, là-haut ! Mais surtout, ne croyez jamais ce que l’on vous dit au sujet des ânes ! Ce sont des animaux endurants et fidèles. Ils reconquièrent petit à petit leurs lettres de noblesse. Des circuits de plusieurs jours sont organisés dans nos montagnes, avec un gîte chaque soir, et un petit âne pour porter le barda du randonneur. On voit de plus en plus passer des pèlerins se rendant à Saint-Jacques-de-Compostelle accompagnés d’un âne trottinant gaiement à leur côté. Et je sais une institutrice de la région qui, comme cadeau de retraite, a demandé un âne ! « J’aime l’âne si doux… » nous disait déjà Francis Jammes. (Encore un qui est de ma région !)
On approche, on arrive ! Plus moyen de tenir le troupeau, qui s’éparpille sur les pentes des talus et savoure les herbes parfumées. Le berger les rappelle à l’ordre: « Taï ! Taï ! » ou par un sifflet strident. Un sifflet si strident, si spécial, que notre club du Troisième âge en goguette à Paris s’étant trouvé quelque peu éparpillé dans le métro , l’un des membres a lancé le célèbre sifflet des bergers aspois… Et tout le monde s’est retrouvé, malgré le brouhaha de l’heure de pointe ! Il faut dire qu’ils ont eu du succès ! Et ils avaient leur béret, bien sûr ! (enfin, les messieurs, évidemment…)
Après cette journée de transhumance (ou parfois ces journées, la distance ne pouvant se couvrir en un seul jour) bêtes et berger ont besoin d’un repos bien mérité. Mais la journée d’un berger est le plus souvent bien occupée ! D’abord, il y a les soins : les brebis sont fragiles. Elles sont guettées par beaucoup de maladies. Les pattes sont sensibles, leurs sabots doivent être entretenus. Et le soir, quand le troupeau est rentré et que tout devrait être calme, c’est la traite. Manuelle, bien sûr… Et il y aura ensuite la préparation du fromage…
Il peut arriver, pour rompre un peu la solitude, qu’un autre berger ou qu’un touriste passe par là. Pas de problème ! Le salon est prêt pour le recevoir. La bouteille de vin rafraîchit dans la cuve de la fontaine, et il y a toujours un verre de lait tiède et crémeux que l’on va traire pour le touriste assoiffé !
Le soir descend, la brume commence à tomber. Il faut rassembler le troupeau, et commencer la traite : « Taï ! Taï ! » Et elles arrivent, relancées par le chien qui est parti secouer les récalcitrantes.
« Moi, récalcitrante ? Répète-le, pour voir ? »
La principale arme de la gent ovine, ce ne sont pas les cornes. Avec ces cornes-là, pas moyen de se défendre ! Mais leur crâne est dur comme le roc, et, si l’un de ces animaux fonce sur vous tête baissée, vous comprendrez l’expression « coup de bélier » !
Et admirez encore !
C’est la fin du diaporama. Mais le livre contient bien d’autres photos, et le choix était bien difficile… D’autre part, le texte du livre, élaboré, documenté, est à lui seul un régal. Si vous avez l’occasion de vous le procurer, allez-y ! Vous ne le regretterez pas !
Photos : Régis Faustin, avec son aimable autorisation Texte : Jacky Musique : Aquères mountagnes, chant béarnais traditionnel. Jacky Questel – Mars 2007 Questel.jacky@gmail.com