Intervention de Christian Saint-Etienne 5 septembre 2008

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Transcription de la présentation:

Intervention de Christian Saint-Etienne 5 septembre 2008 L’impact sur l’Europe de l’évolution économique de l’Asie et des Etats-Unis La situation de la France Intervention de Christian Saint-Etienne 5 septembre 2008

La crise financière de 2007 -2008 La crise financière liée aux prêts immobiliers subprime a débuté en mars 2007, avec les premières dépréciations d’actifs, avant de redoubler en août 2007 avec une crise de liquidités interbancaire qui s’est aggravée jusqu’au 16 mars 2008 avec la faillite de Bear Stearns. Le 16 mars 2008, la Fed a acheté pour 30 milliards de dollars du portefeuille d’actifs de Bear Stearns avant que JP Morgan Chase ne rachète l’établissement. En fournissant un plancher au prix des actifs, la Fed a cassé la psychose du trou sans fond. En effet, jusque là, on fournissait des liquidités à un marché qui ne voulait plus boire. En devenant détenteur d’actions en dernier ressort, la Fed a donné le signal du retour à la confiance.

Les trois éléments de la crise financière Il faut distinguer la crise de liquidités interbancaire, le credit crunch et la santé financière des entreprises non financières. Le pire de la crise de liquidités interbancaire et de défiance sur les marchés financiers est derrière nous. Mais il faut craindre de nouvelles difficultés portant sur les banques et institutions de financement aux Etats-Unis. Le credit crunch est en cours car les banques doivent reconstituer leurs fonds propres. Les entreprises non financières américaines et européennes vont bien, France exceptée, notamment pour les PME.

Le coût de la crise financière Le FMI a estimé, en avril 2008, le coût de la crise financière pour les institutions financières à 945 milliards de dollars, contre 800 milliards de dollars pour le coût actualisé de la crise financière japonaise des années 1990. La crise des subprime devrait coûter 565 milliards de dollars aux banques. Elle entraînerait des pertes supplémentaires de 380 milliards de dollars : 240 pour les produits dérivés du marché immobilier commercial, 120 sur les prêts aux entreprises et 20 sur le crédit à la consommation.

Croissance prévisible pour 2008-2009 Variations annuelles du PIB en % 2006 2007 2008 2009 Monde 5,4 4,7 3,9 3,8 G7 2,9 2,1 1,2 1,1 Asie en dév 9,4 8,8 7,8 7,6 Etats-Unis 3,3 2,3 1,3 1,0 Japon 2,4 1,7 1,2 1,3 Zone euro 2,6 2,6 1,4 1,0 All/Fr/It 2,4 2,3 1,3 1,2 France (*) 2,4 2,1 1,7 1,5 Source : FMI et IXIS Note : Croissance française : 0,9% en 2003, 2,1% en 2004, 1,4% en 2005 et 2% en 2006

Endettement des ménages et des entreprises fin 2007 Dette des ménages en pourcentage du RDB : Etats-Unis : 140% Zone euro : 95% Royaume-Uni : 170% Dette des entreprises en pourcentage du PIB : Etats-Unis : 45% (autofinancement 2004-2007 : 90%) Zone euro : 65% (autofinancement 2004-2007 : 75%) Royaume-Uni : 120% (autofinancement 04-07 : 105%). La montée de l’endettement est liée aux opérations de fusion-acquisition.

Répartition du PIB mondial en 2006 Part des pays ou groupements de pays dans le PIB mondial en PPA: 30 pays industriels : 52% dont : Etats-Unis : 19,7 % Zone euro : 14,7 % Allemagne : 3,9 % France : 2,9 % Italie : 2,7 % Espagne : 1,8 % et Royaume-Uni : 3,2 % Japon : 6,3 % 143 autres pays en développement : 48% Chine : 15,1 % Inde : 6,3 % Russie : 2,6 % Brésil : 2,6 % Mexique : 1,8 %

Note sur le marché pétrolier En 2008, la consommation pétrolière cumulée de la Chine, de l’Inde, de la Russie et du Moyen-Orient sera, pour la première fois depuis le début de l’ère industrielle, supérieure à celle des Etats-Unis, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), avec une consommation de 20,7 millions de barils chaque jour (contre 20,4 millions de barils pour les Etats-Unis ; un baril = 159 litres). Le prix du baril, qui a évolué entre 60 et 70 dollars de 1997 à 2003, a atteint 150 dollars au printemps 2008. L’Arabie saoudite produira 12,5 millions de barils par jour en 2008, sur une production de 85 millions de b/j.

La question chinoise Depuis 1978, la Chine croît à près de 10% par an. Quelles causes de ralentissement peut-on envisager ? L’inflation ? L’inflation a un rythme de plus de 6%, mais hors alimentation et énergie, elle est de moins de 1% ; à ce propos, il serait souhaitable que la Banque de Chine relève ses taux d’intérêt. Une crise boursière ? La valeur des actions échangeables n’est que de 30% du PIB contre 180% aux Etats-Unis en 2000. Les actions ne représentent que 20% des actifs des ménages contre la moitié aux Etats-Unis. De plus, le financement par actions ne représente qu’un dixième du financement des entreprises chinoises. Le principal actif des ménages chinois urbains est leur maison dont ils sont propriétaires à 80%.

Chine (suite) Autres causes possibles de ralentissement : Les salaires ? Ils ont doublé de 2000 à 2006, mais la productivité a augmenté de 350%, ce qui a fortement réduit les coûts unitaires de production. Une crise des exports ? En 2007, la contribution des exportations nettes à la croissance ne sera que d’un quart. De plus, la Chine est de moins dépendante des Etats-Unis et exporte de plus en plus vers l’Europe. En cas de problème, le gouvernement peut pousser la demande intérieure, la dette publique n’étant que de 18% du PIB. Un choc sur le système bancaire ? Si les crédits non performants représentent 20% des bilans, la Chine peut facilement renflouer ses banques avec ses réserves de change qui dépassent 1600 milliards de dollars. Ceci ne veut pas dire que la Chine n’aura pas de problème. Elle devrait laisser le yuan se réévaluer plus vite et relever ses taux d’intérêt. Mais au cours des deux prochaines années, elle peut contribuer à tirer l’économie mondiale si l’économie américaine devait s’affaiblir significativement. Les problèmes graves de la Chine sont à moyen terme : dès 2007, elle est devenue le premier pollueur mondial avec des émissions de CO2 de 6,4 milliards de tonnes, contre 6,2 pour les Etats-Unis (et 4 milliards pour l’UE 27). Surtout, ces émissions augmentent de 11% par an en Chine, contre 2% aux Etats-Unis. La baisse de 8% des émissions de l’UE 27 attendue pour 2012 représentera un semestre de hausse des émissions de la Chine en 2008.

L’Europe ventre mou du monde Un espace économique ouvert, sans réciprocité, Pas de gouvernement économique de la zone euro, Pas de politique de change, en contradiction avec le traité de Maastricht, Pas de politiques stratégiques (énergie, espace, technologies de croissance propre, etc.), Pas d’accord sur les objectifs à long terme : Zone de libre-échange ou Etats-Unis d’Europe.

La question des exportations françaises En volume et sur une base 100 en 1992 : Le commerce mondial et les exportations allemandes passent de l’indice 170 en 2000 à l’indice 270 à fin 2007, Les exportations françaises passent de l’indice 170 en 2000 à 210 fin 2007, Les exportations italiennes passent de l’indice 165 en 2000 à 190 fin 2007.

Coût du décrochage des exportations nettes Le décrochage des exportations nettes nous a coûté 0,7% de croissance par an en 2003-2005 et 0,4% en 2006-2007. La supériorité de l’Allemagne n’est pas due à la structure des exportations par grands groupes de produits (biens de consommation, agro-alimentaire, biens intermédiaires, biens d’équipement, matériel de transport) ou par destination géographique.

Raisons du décrochage français C’est au moment de l’accélération de la demande dans certains marchés à l’export (Chine, autres émergents d’Asie, Europe centrale) que la France (et l’Italie) ne suivent pas. L’incapacité française (et italienne) à suivre l’accélération de la demande résulte d’un manque d’innovation lié à la faiblesse de la R&D et à celle de l’investissement productif. C’est notamment la faiblesse du tissu des grosses PME qui explique le décrochage français qui est particulièrement net en 2003-2005. La situation continue de se dégrader en 2006-2007. La profitabilité des entreprises françaises ayant l’essentiel de leur activité en France est inférieure d’un tiers à celle des entreprises américaines et allemandes. Suite à la baisse de la profitabilité des entreprises, et compte tenu de la progression de l’investissement productif qui tend vers 10,5% du PIB, le taux d’autofinancement des entreprises françaises est tombé à 50%, soit beaucoup moins que le taux correspondant dans les autres grands pays industriels.

Crise des finances publiques, 2008-2010 (I) La dette publique brute a atteint, en France, à fin 2005 : 66,2% du PIB, en définition Maastricht, puis 63,7% du PIB fin 2006. Elle a atteint 64% du PIB fin 2007, donnant une dette brute de 1 210 milliards d’euros fin 2007. Le déficit annuel permettant de ramener la dette brute à 60% du PIB en cinq ans est de 1,2% par an.

Crise des finances publiques (II) Pour ramener la dette brute à 60% du PIB en cinq ans, il faut réduire le déficit de 1,5 points de PIB (2,7% en tendance – 1,2% pour revenir à 60% du PIB). Le point sur la concurrence fiscale intra-européenne : évolution prévisible pour les quatre impôts clés affectant les facteurs mobiles de production (CAE, octobre 2005). Pour réaliser une réforme fiscale assurant notre compétitivité à moyen terme, il faut réduire les PO de 1% à 2% du PIB selon les scénarios.

Crise des finances publiques (III) Pour simultanément ramener le déficit à 1,2% du PIB et faire face à la baisse des PO de 1 à 2% du PIB, il faut réduire les dépenses publiques de 3% du PIB. En 2007, les dépenses publiques ont atteint 53,5% du PIB en France contre 47% du PIB dans la zone euro et 45,5% dans la zone euro hors France, soit un écart de 8% du PIB.

Crise des finances publiques (IV) Les engagements hors bilan au titre des retraites et de la santé entraîneront un déficit supplémentaire prévisible de 1,5% du PIB en 2020 et 2,5% du PIB en 2040, en supposant la durée de cotisation portée à 42 ans en 2020 (et stable ensuite). Pour ramener ce déficit prévisible à zéro, il faut, par exemple, allonger la durée de cotisation à 45 ans d’ici 2030 (43 ans en 2020, 44 ans en 2025 et 45 ans en 2030), et porter l’âge de départ à la retraite à 62 ans en 2020, 63 ans en 2030 et 64 ans en 2040, avec indexation des retraites sur les prix.

Répartition des PME France : Allemagne : De 0 à 9 salariés : 2 539 000 entreprises De 10 à 49 : 153 000 De 50 à 249 : 24 500 Plus de 250 : 5 100 Allemagne : De 0 à 9 salariés : 2 881 000 entreprises De 10 à 49 : 230 000 De 50 à 249 : 47 000 Plus de 250 : 10 200

Un besoin de corps intermédiaires L’Europe va être prise en sandwich entre un duopole sino-américain de plus en plus contraignant, Il y aura déconnexion de plus en plus forte entre un niveau d’entreprises globalisées et des entreprises territorialisées, Les entreprises territorialisées européennes seront soumises aux exigences des directives européennes et aux contraintes nationales : Il va y avoir un besoin de plus en plus criant de développement des corps intermédiaires capables de faire entendre la voix des entreprises territorialisées et de faire prendre en compte leurs objectifs et leurs contraintes.